Libye : vers une intervention terrestre ?

Hall GARDNER

Professeur et Directeur des Études internationales — American University of Paris.

3eme trimestre 2011

La montée des mouvements arabes « démocratiques » a conduit à penser que les jours de Kadhafi étaient comptés (de même que ceux des autres dictateurs arabes) après le renver­sement des alliés des États-Unis en Tunisie et en Égypte. Toutefois, comment remédier à l’échec des efforts pour un changement de régime en Libye ? L’origine de la présente crise en Libye est l’échec apparent de ces politiques de cooptation.

The rise of the arab « démocratie » movements led many to think that the days were numbered for Gaddafi (as well as those of other Arab dictators) after the overthrow of the U.S. allies in Tunisia and Egypt. However, the question remains as to how to find a solution for the failure of the efforts to change the regime in Libya? The origin of the crisis in Libya is the apparent failure of the western attempts to coopt the colonel and his country.

L’intervention militaire anglo-française en Libye, soutenue par les Etats-Unis et l’OTAN, légitimée par la Ligue Arabe et le Conseil de Sécurité de l’ONU, représente un retournement complet des efforts des Etats-Unis et de l’Eu­rope de coopter le régime de Kadhafi ainsi que cela avait été entamé entre 1997 et 1999 aboutissant à la reconnaissance par les Etats-Unis du régime libyen en 2006 sous George Bush Jr. Bien que justifiée en tant que mesure de protection des civils contre l’utilisation par Kadhafi de la force brutale, l’intervention militaire, décou­lant de la Résolution 1973 s’est métamorphosée en soutien aux insurgés politiques anti-kadhafistes, une possible étape vers le «changement de régime.»

Il est certain que ce « changement de régime » en Libye au moyen de sanctions internationales et par le soutien aux insurgés fut le but principal de la politique américaine et européenne depuis 1969 après la prise de pouvoir par le Colonel Kadhafi à travers d’un coup d’état contre le Roi Idris. Incapables cependant de renverser Kadhafi par des moyens clandestins, le Royaume-Uni, la France, et les Etats-Unis (ainsi que l’Afrique du Sud) se sont alors engagés dans une politique de cooptation dans la période de 1997-2010. Des négociations ont commencé avant la guerre de 2003 en Irak bien que George Bush Jr. ait prétendu que l’intervention militaire conduite par les Etats-Unis en Irak a également fourni des moyens de pres­sion contre Kadhafi pour forcer ce dernier à abandonner son programme d’armes de destruction massive ce qui permit alors à la Maison Blanche de reconnaître son régime en 2006. Cette même année, la Libye a également été rayée de la liste des états soutenant le terrorisme, mais cette mesure a en grande partie ignoré l’utilisa­tion de la terreur d’état par Kadhafi contre sa propre population. Néanmoins, le régime a commencé, tardivement, à envisager des réformes.

Cette politique américano-européenne de cooptation a été amplement poursui­vie jusqu’à la montée des mouvements du printemps arabe de 2011. Le renverse­ment des dirigeants autoritaires Ben Ali en Tunisie et Hosni Moubarak en Egypte a soudainement suscité l’espoir parmi les populations que d’autres régimes dans le monde arabo-islamique pourraient être pacifiquement renversés par l’insurrection populaire, y compris celui de Kadhafi.

Cependant, il y avait une différence fondamentale parmi ces régimes: les mi­litaires Tunisiens et Egyptiens sont restés sous la tutelle des Américains et des Européens, et par conséquent ces régimes ont été avertis par les Etats-Unis de ne pas réprimer les aspirations populaires aux droits démocratiques et à un minimum de justice. A l’inverse, les régimes Libyen, Syrien et Iranien, pays qui s’opposent généra­lement aux politiques étrangères américaines, se sont livrés à une répression violente contre les revendications populaires de réformes politiques. De façon assez compa­rable, l’Arabie Saoudite, que la manne pétrolière rend relativement indépendante des pressions américaines, a envoyé des troupes de maintien de la paix au Bahreïn (ce que Téhéran a appelé une «invasion») – afin de contrer ce que Riyad a interprété comme la montée d’un mouvement régional pan-chiite soutenu par l’Iran.1

L’échec des efforts pour un changement de régime

Lorsque Kadhafi arriva au pouvoir en 1969, il chassa les Américains de la base aérienne de Wheelus, la plus grande base aérienne des Etats-Unis dans la région. Kadhafi a nationalisé les concessions transnationales de pétrole américaines et européennes et a par la suite recherché le soutien diplomatique et les armes de l’ancienne Union soviétique. La Libye avait joué un rôle principal dans l’embargo arabe sur le pétrole de 1973 qui a mené à une hausse importante des prix du pétrole dans le monde. Il aurait, selon son ancien ministre de la justice2, personnellement planifié le crash du vol 103 de la PanAm sur Lockerbie le 21 décembre 1988, parmi beaucoup d’autres actions violentes. Kadhafi a également financé de nombreux organismes révolutionnaires et «terroristes» dans le monde entier, tels que l’armée républicaine irlandaise et plusieurs groupes palestiniens, ainsi que de nombreux assassinats contre ses ennemis domestiques ou étrangers. Au niveau régional, la France et la Libye ont soutenu les partis adverses engagés dans le terrifiant conflit pour le Tchad, parmi d’autres conflits dans l’ensemble de l’Afrique. Dans le monde arabo-islamique, Kadhafi a été généralement isolé (à cause de son opposition à l’Arabie Saoudite monarchiste) et a forgé des alliances avec la Syrie ainsi que l’Iran, et bien d’autres mouvements pan-africains et politiques, tous opposés aux intérêts américains, européens ou saoudiens selon le principe général, « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ».

En 1981, le Front National pour le Salut de la Libye (FNSL), soutenu par la C.I.A., l’Arabie Saoudite et les services de renseignement français, a été crée pour tenter de renverser Kadhafi. Le FNSL a lancé une série d’attaques militaires tout au long des années 80 et créé sa propre armée nationale libyenne (ANL). En 1981, au même moment, un commando d’hommes de main libyens aurait projeté une attaque terroriste contre la Maison Blanche. Peu de temps après que des attaques terroristes aient eu lieu dans les aéroports de Rome et de Vienne (le 27 décembre, 1985), le Président Reagan aurait approuvé une directive secrète selon laquelle les forces militaires des Etats-Unis soutiendraient l’Egypte en cas d’ « attaque préemp-tive » sur la Libye. L’Egypte, alors sous le régime de Hosni Moubarak, continuait avec les Etats-Unis à se préparer à cette éventualité tout au long de l’année1986. En avril de cette même année, une bombe a explosé dans une boîte de nuit à Berlin tuant deux soldats américains. L’administration Reagan a alors engagé des avions contre les chasseurs libyens pour le contrôle du Golfe de Sidra, et a bombardé l’abri de Kadhafi, tuant sa fille adoptive. Kadhafi aurait alors voulu se venger en abat­tant le vol 103 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, le 21 décembre, 1988. (Kadhafi aurait également agi en accord avec l’Iran, après qu’un un avion de ligne iranien ait été abattu par les Etats-Unis).3 En 1993, l’ONU avait appliqué des sanctions contre le régime après l’inculpation de deux présumés agents des services secrets libyens par des procureurs irlandais, pour l’attentat de Lockerbie.

Les étapes vers la politique de cooptation

A partir de 1997-99, cependant, la politique des Etats-Unis et de l’Europe ont commencé à s’inverser : à défaut de pouvoir renverser Kadhafi, coopérer avec ce dernier devenait la solution. Dans les années 1997-99, Nelson Mandela, Tony Blair, et Kofi Annan cherchèrent à convaincre Kadhafi de renoncer à ses programmes d’armes de destruction massive en échange de la levée des sanctions de l’ONU et de la reconnaissance européenne et américaine de son régime. Kadhafi a, par conséquent, cherché à négocier l’affaire de Lockerbie tandis que les Etats-Unis et l’Union Européenne cherchaient des concessions sur le pétrole.4 Kadhafi devait cesser de soutenir le terrorisme international. C’était dans son intérêt du fait qu’Al Qaeda et les Frères musulmans représentent une menace pour son propre pouvoir. De plus, l’UE a versé à Kadhafi des fonds afin qu’il renforce la sécurité de ses frontières dans le but d’empêcher les étrangers illégaux de passer en Europe par la Libye.5 Cependant, en dépit de ses promesses de réformes internes, la dictature et l’utilisation du terrorisme par Kadhafi contre ses adversaires politiques à l’intérieur de son pays sont en grande partie demeurées incontrôlées et incontrôlables.

Le 15 mai 2006, les États-Unis ont décidé de restaurer les relations diploma­tiques avec la Libye et de la rayer de leur liste noire. Ces mesures ont été prises après une normalisation progressive des relations au cours de laquelle la Libye a reconnu sa responsabilité dans l’attentat du le vol Pan Am 103 et a fourni un dédommage­ment. Le démantèlement des armes de destruction de masse libyennes a de même représenté une étape importante. Les politiciens américains et européens actifs entre 2006 et 2010, espéraient obtenir d’importants contrats du régime de Kadhafi; pourtant les réformes ont été très lentement mises en place. Il est vrai cependant que quelque chose semblait bouger avec le retour des hommes d’affaires libyens exilés (ceux qui n’étaient pas accusés de «crimes» économiques) et les promesses du fils de Kadhafi, ‘Al-Islam Sayf, d’entamer des réformes politiques et économiques, y compris un dialogue avec les Frères Musulmans persécutés, entre d’autres.6

La décision d’intervenir et le « devoir de
protéger »

La source de la présente crise est l’échec apparent de ces politiques de coopta­tion. Les avantages attendus de la reconnaissance de Kadhafi n’ont semble- t- il ap­porté aucun résultat rapide, tant au plan international qu’à l’intérieur du pays.Selon Wikileaks, les relations françaises avec la Libye ont été considérées «stables» mais les Français ont été néanmoins frustrés par l’incapacité des Libyens à tenir leurs pro­messes concernant les visas, les échanges professionnels, l’enseignement du français, et les accords commerciaux en cours, comme par exemple l’accord sur l’énergie nucléaire. Ces éléments ont semblé révéler un degré significatif d’incompétence et de corruption. Le Président Nicolas Sarkozy, qui a même invité Kadhafi à planter sa tente au cœur de Paris en juillet 2007, avait l’espoir de signer des contrats lu­cratifs, y compris un protocole d’accord sur la coopération énergétique nucléaire, en plus d’accords sur le pétrole et l’armement. En mars 2010, la France a invité la Libye et la Syrie, parmi environ 60 autres pays, à une conférence de deux jours sur l’accès à l’énergie nucléaire. Cette réunion aurait complété les entretiens tenus par les Etats-Unis sur la question nucléaire, visant à mettre en place des actions pour le désarmement nucléaire parallèle à des efforts en faveur du développement éventuel du secteur d’énergie nucléaire civile.

Contrairement à la France, l’Italie avait finalement obtenu les contrats impor­tants avec son ancienne colonie, y compris dans le domaine des missiles, de l’équi­pement électronique et de l’armement. La Russie et l’UE ont fourni à Kadhafi des ressources considérables en armements ce qui explique, en partie, sa capacité à résister aujourd’hui contre des insurgés pour la plupart non entraînés.7 La réouver­ture de la richesse pétrolière libyenne pour les Etats-Unis et l’Europe a également présenté une opportunité importante pour nombre de banques multinationales. Ces dernières auraient reçu un investissement des fonds souverains libyens estimés à environ 53 milliards de dollars8.

Alors que quelques rumeurs circulaient selon lesquelles Kadhafi aurait impo­sé des amendes significatives sur les intérêts pétroliers français avant le début du conflit, la réaction nonchalante des Européens face aux mouvements arabes pour les réformes démocratiques a été observée de très près. Le manque de réactivité française pour traiter immédiatement et efficacement l’affaire des insurrections populaires en Tunisie et l’Egypte, a conduit la France à reconsidérer sa politique envers la région entière. Le Président Sarkozy avait cherché à être à la tête de la future transformation sociale et politique, en grande partie dans l’élaboration d’un effort Euro-méditerranéen plus intégré. Ayant soutenu un certain nombre de dic­tatures pendant des décennies, la France a voulu être perçue comme l’état le plus intéressé à garantir une future transformation démocratique pour la région entière. L’hypothèse a été suggérée que si Kadhafi restait au pouvoir beaucoup plus long­temps, il pourrait déstabiliser les révolutions tunisienne et égyptienne. Qui plus est, si Kadhafi employait la force contre ses propres concitoyens, les militaires tunisiens et égyptiens risqueraient de l’imiter. De plus, en cas d’incapacité des Etats-Unis, de l’Europe et des états du Golfe à fournir l’aide politique et économique nécessaire, les extrémistes pourraient prendre le pouvoir en Egypte, en Tunisie et ailleurs. Les Français et les Britanniques ont réclamé l’emploi de la force militaire ce qui leur a d’abord été refusé lors de la réunion au sommet du G-8 avant que la même de­mande ne soit soumise au Conseil de sécurité de l’ONU par le Liban9.

Au plan de la politique intérieure française, la décision d’intervenir en Libye fut prise quand le Président Sarkozy a choisi de soutenir les demandes fortement médiatisées du philosophe politique français Bernard-Henri Lévy, qui, avec d’autres libéraux interventionnistes, exigeait une action militaire au nom du «devoir de pro­téger » la population civile. Lors de la réunion du Conseil de l’Europe qui a eu lieu du 10 au 13 mars 2011, les Français exigèrent d’une part, la reconnaissance du Conseil national de transition (CNT) comme représentant diplomatique unique de la Libye, et d’autre part, tout en cherchant l’accord du Conseil de Sécurité de l’ONU, que, dans l’intervalle, la France agisse unilatéralement même si d’autres pays étaient en désaccord. Le nouveau ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, n’était pas présent lors de cette réunion du Conseil de l’Europe. Le Conseil de l’Eu­rope décida, en conséquence, qu’il reconnaîtrait le Conseil national de transition (CNT) comme l’un des représentants des Libyens (mais pas le seul) et que l’action militaire devrait être décidée par le Conseil de Sécurité de l’ONU et les états de la région10.

Les requêtes pour obtenir une protection militaire de la population civile au moyen d’une zone d’exclusion aérienne, ajoutées aux mises en garde selon lesquelles un massacre beaucoup plus grand pourrait avoir lieu si la communauté internatio­nale n’intervenait pas tôt, servaient les intérêts du Président Sarkozy. Celui-ci était déterminé à bâtir une capacité de défense européenne plus forte et capable d’agir, s’il le fallait, en dehors du commandement de l’OTAN. Dès le début, le Président Sarkozy s’est opposé à l’insistance du Président Obama pour qui l’opération en Libye devrait se dérouler sous le commandement de l’OTAN. Cette opposition s’est justifiée, due en partie aux sensibilités arabes et à l’opposition générale contre la participation de l’OTAN, mais également à l’espoir que cette intervention pour­rait être menée en partie par la France au lieu d’être menée par les Etats-Unis.11 L’unilatéralisme français, avait été en partie prévu pour faire pression sur les Etats-Unis afin qu’ils acceptent les opérations militaires menées par les Européens.

Tandis que le Président Sarkozy reprit à son compte l’idéologie libérale inter­ventionniste promulguée par Bernard-Henri Lévy (en alliance tacite avec les néo­conservateurs américains), un certain nombre de dirigeants américains ont appelé à l’intervention militaire au nom du « devoir de protéger » insistant auprès d’un Pentagone réticent (et débordé). Alors que le secrétaire à la défense Robert Gates, le conseiller pour la sécurité nationale Thomas E. Donilon et le chef de la section anti-terroriste à la Maison Blanche John O. Brennan, se sont prononcés contre l’action militaire américaine en Libye, la secrétaire d’état Hillary Clinton, qui avait obtenu l’appui de la Ligue Arabe, a pu outrepasser leurs objections. Mme Samantha Power, du Conseil de sécurité nationale et l’Ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU Susan Rice, ont fait pression sur le Conseil de sécurité de l’ONU afin d’obtenir une majorité de dix voix contre cinq en faveur de la création d’une zone d’exclusion aérienne; elles ont de même plaidé pour le déploiement des forces armées.12 Le républicain John McCain, parmi d’autres néo-conservateurs et néo-conservatrices (comme Sarah Palin et Joe Lieberman), ainsi que les interventionnistes libéraux (John Kerry) ont également soutenu une action militaire américaine pour garantir une zone d’exclusion aérienne aux fins de protéger la population civile.

Tandis que le G-8 était d’abord opposé à l’action militaire de même que les Etats-Unis, la Ligue Arabe a soutenu la zone d’exclusion aérienne, ce qui était cru­cial pour obtenir un vote en faveur de l’application de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité (10 voix pour UNSC 1973 et 5 abstentions). La Ligue Arabe a par la suite contesté l’intervention militaire Franco-Américano-Britannique et a semblé renier son appui initial en faveur d’une action militaire. Quand les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et ensuite l’OTAN ont commencé à bombarder Tripoli et d’autres sites, son argument était qu’une zone d’exclusion aérienne devait viser «la protection des civils et non le bombardement d’un plus grand nombre de civils» selon les paroles prononcées le 20 mars 2011 par Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue Arabe.13 Du point de vue militaire, cependant, il n’était pas possible d’imposer une zone d’exclusion aérienne sans d’abord bombarder les principaux centres de défense aérienne situés près des centres d’habitation. Les «dommages collatéraux» doivent être réduits au minimum mais il est impossible de les éviter.

Le 7 Mars, le Conseil de Coopération du Golfe a soutenu une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye, après que l’OTAN ait suggéré qu’elle pourrait in­tervenir pour protéger la population. L’Arabie Saoudite a vigoureusement soutenu l’intervention militaire contre le régime de Kadhafi, bien que les Saoudiens n’aient pas joué un rôle militaire de premier plan comme le Qatar ou les Emirats Arabes Unis. Le Roi Abdullah d’Arabie Saoudite (pour qui la Libye est anti-monarchiste) et Kadhafi (qui s’oppose à l’Arabie Saoudite parce qu’elle est alignée sur les Etats-Unis) avaient échangé des insultes lors des sommets de la Ligue Arabe dans le passé et la Libye en fut expulsée lorsqu’elle commença à réprimer sa propre population. (En revanche, l’Union Africaine, dont la Libye est également membre, a refusé de prendre part aux sanctions ou de radier la Libye de ses rangs.)

Néanmoins, Riyad s’est fortement opposé à un certain nombre d’efforts améri­cains en faveur de la démocratisation tels que les pressions exercées afin de chasser Moubarak du pouvoir. Cette attitude était en partie due à la crainte que le pro­cédé de démocratisation pourrait amener au pouvoir des éléments plus radicaux en Egypte qui pourraient s’opposer à l’autorité monarchique pro-occidentale. L’Arabie Saoudite a, de plus, engagé des troupes au Bahreïn (invitées par les autorités sun­nites locales) afin de réprimer ce qu’elle a perçu comme un mouvement régional pan-chiite soutenu par l’Iran. Riyad a commenté qu’un tel mouvement pourrait chercher à déstabiliser les régions à majorité chiite de la province riche en pétrole de l’Arabie Saoudite orientale (les chiites représentant approximativement 15% de la population saoudienne), aussi bien que des régions chiites d’Irak, du Liban, et du Yémen qui allaient être livrées à une guerre civile. A l’inverse, les Etats-Unis ont fait pression sur les autorités du Bahreïn afin qu’ elles recherchent une solution politique, par opposition à une solution militaire, pour s’adapter à sa population chiite majoritaire. Tandis que l’Iran peut certainement essayer de tirer profit de la situation, ce n’est pas nécessairement le souci principal du conflit du point de vue américain.

La Russie et la Chine, qui se sont toutes les deux abstenues lors du vote sur l’autorisation de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité sur la zone d’exclu­sion aérienne (de même que le Brésil, l’Allemagne, et l’Inde), ont exprimé le re­gret que les puissances occidentales aient choisi d’être impliquées militairement en Libye.14 Il est intéressant de souligner ici que les nouvelles puissances émergentes, la Chine, le Brésil et l’Inde ont toutes cherché une position commune (peut-être que si Vladimir Poutine avait été président de la Russie, il aurait mis son veto à la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU).

La politique des Etats-Unis et de l’OTAN

Essentiellement pour des raisons de politique intérieure, les Etats-Unis ne pou­vaient justifier leur participation à l’intervention à moins que l’opération ne se déroule sous un mandat de l’OTAN, bien que ce soit des missiles de croisière amé­ricains Tomahawk qui ont principalement détruit les moyens de défense aérienne de Kadhafi. Ce problème a été crée en grande partie par la décision du Président Obama de soutenir l’intervention anglo-française, ce qui a été perçu par beaucoup d’élus du Congrès comme une violation de l’Arrêté de 1973 sur les pouvoirs en temps de guerre. Cette législation oblige les Etats-Unis à retirer leurs forces mili­taires après l’expiration d’une date limite de 60 jours si les hostilités n’ont pas été approuvées par le Congrès. D’ailleurs, pendant que le Président Obama cherche à se désengager de l’Irak et bientôt de l’Afghanistan, il a donné à la Libye l’apparence d’une affaire plutôt européenne, même si les Etats-Unis prédominent au sein de l’OTAN. Les Etats-Unis ont également dû se montrer prudents à l’égard des 5.000 Américains habitant en Libye, ces derniers ayant eu quelques difficultés à quitter le pays.15 Le souci principal des critiques américaines est que cette guerre repré­sente encore une autre guerre de «choix stratégique» par opposition à une guerre de «nécessité stratégique» ; or il semble que le choix même d’une stratégie n’a pas été complètement défini ou planifié.

Tandis que la France plongeait en avant en bombardant la Libye avec le soutien britannique, un certain nombre de membres de l’OTAN étaient peu disposés à l’usage de la force militaire. La Turquie et l’Allemagne se sont opposées, au début, à l’intervention militaire, alors que la France prônait un commandement européen, en partie pour ménager les sensibilités arabes, mais également afin d’»européaniser» l’effort de l’OTAN. La France sous le Président Sarkozy avait rejoint le commande­ment intégré de l’OTAN; pourtant, ce faisant, Sarkozy a cherché à mettre en place un système européen de sécurité et de défense qui créerait un parapluie européen déployé par les Français au-dessus de la Méditerranée, exigeant que les Etats-Unis restent en arrière-plan. Par la suite, un général canadien a été nommé à la tête des forces de l’OTAN, dans un effort de forger un compromis entre les membres de l’OTAN qui n’ont toujours pas convenu de la nature exacte du mandat de l’ONU.

Tandis qu’un accord général a été conclu entre les membres de l’OTAN sur le « devoir de protéger » il n’y avait cependant aucun accord pour savoir si les objectifs devraient in fine impliquer un changement de régime, un compromis politique avec Kadhafi, ou même la reconnaissance de l’opposition politique. Jusqu’ici, seu­lement la France, l’Italie, le Qatar, le Koweït, la Gambie, la Turquie, le Sénégal, les Maldives, et également la Russie, ont formellement reconnu le Conseil national de transition comme représentant diplomatique légitime. Les Etats-Unis ont invité le Conseil national de transition à installer un bureau à Washington. (Une déclaration des intentions du Conseil national est publiée dans le document « une vision de la Libye démocratique »17.)

Là par exemple, Moscou, qui s’est progressivement désengagé de son appui à Kadhafi (en dépit des promesses libyennes d’acheter des armes à hauteur de 4 mil­liards de dollars), ne considère pas le Conseil national de transition comme re­présentant unique du gouvernement libyen. Moscou a offert ses services comme médiateur entre les factions belligérantes en Tripolitaine et à Benghazi si les deux côtés l’acceptaient18. La Chine a suivi le pas en rencontrant l’opposition libyenne au Qatar.

Après avoir soutenu un certain nombre de dictatures arabes par une aide écono­mique et militaire significative, les Etats-Unis et l’Europe étaient lents à réagir aux révolutions sociopolitiques en Tunisie et en Egypte, en dépit de certains efforts très limités menés en coulisse par des diplomates américains pour encourager les deux gouvernements autoritaires à se réformer, comme cela a été indiqué par des sources du Département d’Etat sur Wikileaks19.

La montée des mouvements arabes « démocratiques » a conduit à penser que les jours de Kadhafi étaient comptés (de même que ceux des autres dictateurs arabes) après le renversement des alliés sûrs des Etats-Unis en Tunisie et en Egypte. La réaction de Kadhafi au mouvement arabe pour la démocratie fut une répression violente afin d’empêcher son éventuel renversement par des factions formées par ses propres concitoyens. Selon lui, ces factions étaient soutenues par des forces étran­gères (et des groupes tels qu’Al Qaida) qui avaient cherché à le renverser par le passé.

Tandis que les néo-conservateurs encore fort influents ont forgé une alliance tacite avec les interventionnistes libéraux en soutenant l’opération militaire, il est intéressant de noter comment d’autres « idéalistes moraux » et « réalistes tradition­nels » ont d’abord formé une coalition pour s’opposer à l’intervention militaire en Libye. L’avocat international et l’universitaire Richard Falk a dénoncé l’intervention comme illégale, immorale et hypocrite20. Falk a critiqué le fait que le Conseil natio­nal de transition libyen avait dupé l’administration d’Obama plus ou moins de la même façon que le Conseil national irakien avait trompé l’administration de Bush, Jr.21 Le réaliste traditionaliste et l’éditorialiste George Will a essentiellement com­menté le fait qu’il serait impossible d’établir une zone d’exclusion aérienne et d’évi­ter qu’une intervention militaire ne résulte de la mission de protection des civils22.

Le congrès américain lui-même a été partagé ; certains ont pensé qu’Obama n’avait aucun droit d’engager la force militaire sans approbation explicite du Congrès ; d’autres ont indiqué que l’intervention militaire était justifiée si c’était pour protéger des civils. Richard Lugar, le républicain au plus haut poste de responsabilité au sein de la Commission sénatoriale pour les affaires étrangères avait déclaré : « Etant donné le coût d’une zone d’exclusion aérienne, les risques majeurs qu’entraînerait notre participation, l’incertain accueil par la population arabe de toute intervention américaine dans un pays arabe, le risque de pertes civiles, l’imprévisibilité du dénouement, les contraintes auxquelles seront soumis nos militaires, et d’autres facteurs, il est douteux que les intérêts des États-Unis seraient servis en imposant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye »23.

La question ici est celle de la mission de protection des civils qui risque d’en dévier (ou de l’enlisement – « mission creep »). Une zone d’exclusion aérienne n’est pas suffisante : on ne peut pas entièrement protéger des civils sans armer l’opposi­tion; en outre, il semble douteux qu’un seul bombardement aérien puisse réduire un dictateur (la guerre « d’en haut » du Kosovo n’a pas soumis Slobodan Milosevic ; la zone d’exclusion aérienne et le bombardement anglo-américain de l’Irak de 1998 à 2003 n’avaient pas soumis Saddam Hussein).

Les Français et le Royaume-Uni ont récemment demandé aux Etats-Unis de fournir au moins huit avions d’attaque au sol AC-130 et les avions d’attaque A-10 nécessaires à l’appui aérien des forces terrestres au cas où les forces de l’OTAN intensifieraient leurs attaques contre les centres de pouvoir de Kadhafi à Tripoli. La France et la Grande-Bretagne ont voulu un appui aérien plus rapproché afin de déployer des hélicoptères d’attaque qui aideraient les forces de la résistance à gagner du terrain sur les forces de Kadhafi. La Grande-Bretagne a commencé à déployer des bombes «bunker buster» (bombes pénétrant les défenses fortifiées) pour détruire les équipements militaires souterrains. Or, en plus du déploiement de conseillers militaires et de l’utilisation supposée des forces spéciales24, ces demandes semblent être une étape de plus vers l’envoi de troupes sur le terrain. Ceci laisse présager un enlisement impliquant des pertes en augmentation, et de plus grandes responsabi­lités financières, politiques et militaires.

 

Vers un déploiement de troupes au sol ?

Par conséquence, la politique menée par la France est prise dans une spirale de tensions dans laquelle il ne semble y avoir aucune sortie, alors que l’administra­tion Obama semble céder aux demandes européennes, tout en espérant ménager la chèvre et le chou. Après l’échec en Irak, l’élargissement de la crise en Afghanistan, au Pakistan, en plus des efforts continuels pour endiguer l’Iran, les tensions grandis­santes entre l’Israël et la Palestine opposés à l’entente de Fatah-Hamas négociée par la nouvelle Egypte, ou la guerre civile au Yémen, les Etats-Unis et l’Europe ainsi que certains pays arabes ont refusé de déployer des troupes au sol en Libye, sauf pour les forces spéciales. Bien que la Ligue Arabe ait d’abord exprimé son opposition à ce que des troupes des Etats-Unis ou d’Europe foulent le sol libyen, la situation semble de plus en plus se diriger vers l’intervention terrestre. Mais avec les troupes de quelles nations ?

En dépit du bombardement des centres de pouvoir de Kadhafi (ce qui soulève des questions morales et légales au sujet de l’homicide volontaire d’un dirigeant avec lequel les Etats-Unis ne sont pas techniquement en guerre), le risque est, à court terme, que Kadhafi (et ses fils) ne se soumettent et que le pays ne puisse être divisé, avec des forces et des clans toujours fidèles à Kadhafi et à sa famille contrôlant la Tripolitaine. Ce scénario pessimiste pourrait devenir une réalité si Kadhafi, ses fils et les forces nationales de résistance du Conseil de transition à Benghazi refusent de se reconnaître mutuellement, ou si Kadhafi refuse de démissionner pour chercher asile en Ouganda ou ailleurs. Ou, au contraire, même si Kadhafi échoue par la suite, affaibli et isolé par le bombardement de l’OTAN et les sanctions internationales, en considérant les défections du personnel militaire et les manifestations civiles à Tripoli, il n’est pas certain que le Conseil de transition puisse nécessairement gagner la confiance de tous les Libyens. Ceci est dû aux divisions sociales et régionales par­mi les différents clans ; les divisions politiques entre « démocrates », « monarchistes constitutionnels » et les différents types d’islamistes, y compris ceux présumés être reliés à Al-Qaïda25.

Plus Kadhafi reste au pouvoir, même dans une position relativement faible, plus on peut craindre qu’il ne retourne à ses vieilles habitudes; ces craintes ali­mentant à leur tour les appels à le destituer ainsi que sa famille. On peut espérer, par conséquent, que la menace d’actions concertées et d’intervention militaire di­recte le poussera bientôt à accepter un cessez-le-feu total, comme ce fut le cas pour Slobodan Milosevic à la fin de la guerre du Kosovo, lorsque ce dernier se sentit com­plètement isolé sans le soutien de la Russie. Cependant, à la différence de Milosevic, Kadhafi peut continuer à défier l’OTAN, dans l’espoir que les populations arabes s’opposeront encore à une autre intervention militaire occidentale dans le monde arabo-islamique.

La situation pourrait être différente, cependant, si une intervention militaire, comme il en a été proposé, devait se composer de forces arabes, ainsi que l’avait envisagé l’administration Reagan, qui aurait espéré engager les forces égyptiennes contre le régime de Kadhafi au milieu des années 8026. Mais cette option dangereuse apparaît fort peu probable étant donné l’absence d’un gouvernement fort en Egypte et le véritable risque d’instabilité politico-économique qui pourrait déstabiliser la région entière27. D’autre part, une certaine forme de maintien de la paix déployée par la Ligue Arabe ou l’Union Africaine pourrait être nécessaire au lendemain du conflit si une solution politique doit être trouvée.

En dehors des risques stratégiques et politiques très importants et inhérents à toute intervention militaire sur le terrain, par des forces européennes ou arabes, il n’en demeure pas moins que l’option d’un coup d’état, action qui a déjà été tentée contre Kadhafi dans le passé, pourrait probablement réussir au vu des circonstances présentes, à savoir que Kadhafi semble de plus en plus isolé. Le 17 mai 2011, la Cour Pénale Internationale a publié une requête de mandat d’arrêt contre Kadhafi pour crimes contre l’humanité28. De manière probable et tout aussi importante, une fatwa a été prononcée contre Kadhafi par un théologien islamique égyptien très influent, qui a de plus appelé l’Egypte à soutenir les forces anti-Kadhafistes29. Le 28 mai 2011, le G-8 (y compris la Russie) a exigé de Kadhafi qu’il démissionne. Vers la fin du mois de mai, le Président sud-africain Jacob Zuma a déclaré que le président libyen était prêt à accepter une initiative de l’Union Africaine pour un cessez-le-feu qui arrêterait toutes les hostilités, y compris les attaques aériennes de l’OTAN assistant les forces rebelles. Les dernières options, cependant, ont été rejetées par l’OTAN et par les insurgés qui exigent avant tout la démission de Kadhafi30. Le principal dilemme, cependant, est que l’insistance de l’OTAN à demander la démission de Kadhafi pourrait entraîner un conflit de longue durée; à l’inverse, une formule politique est nécessaire afin que Kadhafi et ses fils finissent par se retirer après une période transitoire d’un commun accord31. Évidemment, les négociations ne seront pas faciles.

Plus le conflit dure longtemps, plus grandes seront les conséquences et l’instabi­lité sociale, et plus grande sera la difficulté à reconstruire politiquement et économi­quement la Libye (et la région). En dépit de sa richesse en pétrole, l’effondrement progressif du régime de Kadhafi pourrait creuser un fossé entre les clans rivaux et les régions du pays au niveau de développement fortement inégal. Les régions méri­dionales et orientales de la Libye ont pu être infiltrées par l’organisation d’Al-Qaida au Maghreb islamique ou d’autres groupes pan-islamistes.

L’effondrement du régime libyen pourrait également avoir comme conséquence des flots de réfugiés qui pourraient déstabiliser les économies faibles de la Tunisie et de l’Egypte. En effet, ces pays ont déjà emprunté jusqu’à 20 milliards de dollars : 10 milliards de dollars en prêts bilatéraux et 10 milliards prêtés par des états arabes cherchant à créer une nouvelle Banque d’Investissement du Moyen-Orient32. S’ajoutent à cela des aides financières promises par le G-8, la banque mondiale, le FMI et la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) pour les deux prochaines années. Ces préoccupations financières, qui peuvent ne pas être suffisantes ou capables d’empêcher l’instabilité politico-économique, ajoutent malheureusement un lourd fardeau à la crise financière générale aux Etats-Unis et en Europe.

Etant donné le fait que l’interposition libyenne représente une déviation coû­teuse d’un grand nombre de soucis géostratégiques pour les Américains (mais pas nécessairement pour les Européens), il y a un vrai danger que les interventions mi­litaires américaines et européennes en Afghanistan, en Irak, et en Libye ne puissent pas réparer les racines systémiques et structurelles plus profondes de ces conflits, laissant ces régions croupir dans l’instabilité sociale, politique et économique sans perspectives de véritable développement humain. Tandis que la doctrine « du devoir de protéger » peut sembler noble et juste voire efficace dans certaines situations, du moins en surface, l’exécution réelle de ces objectifs peut ne pas s’avérer réalisable ou efficace dans tous les cas. Le cas de la Libye pourrait devenir un exemple de l’échec de la doctrine si le conflit continue à traîner pendant de trop longs mois sans aucune forme de résolution politique, et en particulier, s’il faudra se résoudre à faire résonner le « bruit des bottes » de l’Otan sur le terrain.

Notes

  1. http://www.nytimes.com/2011/03/15/world/middleeast/15bahrain.html
  2. http://www.france24.com/en/20110223-kadhafi-ordered-lockerbie-bombing-ex-minis-ter-tells-paper#
  3. L’Iran avait prétendu que l’écrasement du vol 655 (IR655) de l’Iran Air, abattu par le Vincennes, n’avait pas été un accident.
  4. La décision de libérer Al-Megrahi Abdelbaset, le responsable de l’attentat de Lockerbie, aurait été influencée par le lobby défendant les intérêts commerciaux du pétrole britannique en Libye — une allégation niée par le gouvernement écossais.
  5. Blog de Dan O’Huiginn,http://ohuiginn.net/mt/2011/02/eu_libya_arms_press_review. html
  6. Christopher M. Blanchard, « Libya: Unrest and U.S. Policy » Congressional Research Service (April 25, 2011)http://www.fas.org/sgp/crs/row/RL33142.pdf
  7. « EU arms exports to Libya: who armed Gaddafi? », The Guardian, http://www.guard-co.uk/news/datablog/2011/mar/01/eu-arms-exports-libya. A propos de l’annu­lation des ventes d’armes russes à la Lybie, voir : http://english.aljazeera.net/news/ europe/2011/03/20113107287576160.html. Pour le detail des ventes annulées voir : http://theasiandefence.blogspot.com/2010/02/details-about-russian-arms-sale-to.html
  8. New York Times,http://www.nytimes.com/2011/05/27/world/africa/27qaddafi.htmlPsrc =un&feedurl=http%3A%2F%2Fjson8.nytimes.com%2Fpages%2Fworld%2Fafrica%2F index.jsonp. Goldman Sacks aurait perdu jusqu’à $1.3 milliards d’investissements libyens; la société aurait ensuite demandé à Kadhafi de lui acheter $5milliars en actions!
  1. http://www.msnbc.msn.com/id/42099059/ns/world_news-mideast_n_africa/t/libya-no-fly-resolution-offered-un/
  2. http://www.lepost.fr/article/2011/03/13/2433201_libye-quand-bhl-remplace-juppe-sarkozy-devient-il-une-menace-pour-la-diplomatie-mondiale.html
  3. http://www.guardian.co.uk/world/2011/mar/22/sarkozy-nato-libya-france
  4. « Obama Takes Hard Line With Libya After Shift by Clinton. », New York Times, http:// nytimes.com/2011/03/19/world/africa/19policy.html?_r=3&ref=us
  5. http://www.washingtonpost.com/world/arab-league-condemns-broad-bombing-cam-paign-in-libya/2011/03/20/AB1pSg1_story.html
  6. La Bosnie-Herzégovine, la Colombie, le Gabon, le Liban, le Nigeria, le Portugal, l’Afrique du Sud, et trois membres permanents — France, Royaume Uni et Etats-Unis — ont tous voté en faveur de la résolution.
  7. http://www.guardian.co.uk/world/2011/mar/22/sarkozy-nato-libya-france
  8. http://www.ntclibya.org/english/libya/
  9. Le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov avait affirmé que « le Conseil National de Transition ne veut pas être reconnu comme unique représentant légitime du peuple libyen mais veut être perçu comme un partenaire dans les négociations sur le futur de la Libye. », http://en.rian.ru/russia/20110524/164197576.html
  10. En identifiant le besoin de réforme économique politique, l’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, Robert Godec, a déclaré que « la corruption est l’éléphant dans la chambre; c’est le problème que chacun sait, mais que personne ne peut publiquement admettre. »
  11. Richard Falk,

http://english.aljazeera.net/indepth/opinion/2011/03/201138143448786661.html

  1. Richard Falk,

http://www.tahrirsquared.net/post/al-jazeera-obamas-libyan-folly-richard-falk

  1. George Willhttp://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2011/03/08/ html
  2. Le sénateur Richard Lugar a énoncé ce qui suit: «le samedi 12mars, dans une décision consensuelle, la Ligue Arabe a approuvé une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye imposée par les nations occidentales. Ce qui n’était pas inclus dans la décision de la Ligue Arabe était l’engagement à fournir des ressources pour assumer les coûts d’une zone d’exclusion aérienne. Une zone d’exclusion aérienne efficace exigera vraisemblablement la participation des Etats-Unis et des ressources militaires. Une telle opération pourrait coûter des millions de dollars aux contribuables américains, ou plus, selon la durée imposée et la profondeur de l’engagement américa… Si, cependant, l’administration d’Obama envisage de franchir cette étape, elle devrait commencer par une déclaration de guerre contre la Libye ce qui permettrait de lancer un débat sur la question au Congrès. En outre, elle devrait de­mander aux gouvernements de la Ligue Arabe et à d’autres gouvernements préconisant une zone d’exclusion aérienne de s’engager à fournir les ressources nécessaires pour payer une telle opération…. En conclusion, étant donné les continuels bouleversements au Moyen-Orient, nous devrions comprendre que la situation en Libye ne peut pas être la dernière à engendrer des appels à des opérations militaires américaines. Nous avons besoin d’un débat public plus large au sujet des buts et des limites du rôle des États-Unis au Moyen-Orient, particulièrement lorsqu’il s’agit d’interventions militaires éventuelles.»

http://www.politico.com/politico44/perm/0311/counterpoint_d3971f49-cfc1-4b97-aaef-52é6e1 bd771.html

  1. « Libya: SAS veterans helping Nato identify Gaddafi targets in Misrata », SAS Special Air Servicehttp://www.guardian.co.uk/world/2011/may/31/libya-sas-veterans-misrata-reb-els; « Downing Street denies British troops in Misrata » http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-13619347
  2. Même si Kadhafi et ses fils renoncent au pouvoir, le Conseil aura affaire aux anciens loyalistes de Kadhafi. Les différents groupes d’opposition en exil comprennent l’Alliance Nationale, le Mouvement National Libyen (LNM), le Mouvement Libyen pour le Changement et la Réforme, le Rassemblement Islamiste, le Front Libyen National du Salut (NLSF), et le Rassemblement Républicain pour la Démocratie et la Justice. Un contingent royaliste sou­tenant Mohammed al Rida al Sanusi fut basé à Londres pendant une certaine période. En février 2011, la Confrérie Musulmane Libyenne a fait bon accueil à la formation du Conseil par intérim mais a réclamé qu’à l’avenir, un gouvernement non-tribal «soit constitué par ceux qui ont mené réellement la révolution sur le terrain» et exclue les acteurs originels du coup d’état de Kadhafi ou les officiels impliqués dans des violations des droits de l’homme. Les groupes islamiques radicaux opposés à Kadhafi incluent le Groupe de Combat Islamique Libyen/Mouvement Islamique Libyen pour le changement — Libyan Islamic Fighting Group (LIFG)/Libyan Islamic Movement for Change (LIMC). Cf. Christopher M. Blanchard, La «Libye : Malaise et service congressionnel de recherches de politique des États-Unis » (avril 25, 2011),http://www.fas.org/sgp/crs/row/RL33142.pdf
  3. Les autres possibilités auraient pu être l’utilisation des forces armées de Jordanie, du Maroc, ou de Tunisie, ou bien d’Afrique. Une certaine forme de maintien de la paix déployée par la Ligue Arabe ou de l’Union Africaine pourrait être nécessaire au lendemain du conflit.
  4. La révolution égyptienne semble entrer dans une nouvelle ère avec la poursuite en justice de Hosni Moubarak. Le 27 Mai 2011, les manifestations de masse anti-libérales à tendance socialiste ont eu lieu dans tout le pays contre le gouvernement dirigé par les militaires. Ces manifestations n’ont pas été soutenues par les Frères Musulmans ou d’autres groupes isla­miques et semblent représenter un éclatement du mouvement en factions distinctes.
  5. Ce qui lui a laissé très peu de choix parmi les pays pouvant lui offrir l’asile, excepté peut-être l’Ouganda.
  6. Le 21 février 2011, moins d’une semaine après le début de l’insurrection libyenne. L’auteur de la fatwa qui réclamait en plus l’assassinat de Kadhafi était Cheikh Youssef al-Qaradâwî. http://www.scribd.com/doc/51219918/Qadhafi
  7. http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-13597702
  1. Crisis Group, « Popular Protest in North Africa and the Middle East (V): Making Sense of Libya » Middle East/North Africa Report No 1076 June 2011 http://www.crisisgroup.org/ en/regions/middle-east-north-africa/north-africa/libya/107-popular-protest-in-north-africa-and-the-middle-east-v-making-sense-of-libya.aspx
  2. Le FMI estime que les besoins en financements étrangers des états de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient pourraient s’élever jusqu’à 160 milliards de dollars au cours des trois années à venir,http://www.guardian.co.uk/world/2011/may/27/tunisia-and-egypt-pro-mised-g8-aid
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