COLLOQUE INTERNATIONAL : L’impact de la position géopolitique de l’Afghanistan sur la paix et la guerre dans la région

Quelles sont aujourd’hui les perspectives pour une paix durable en Afghanistan ? La guerre et la paix s’engendrent mutuellement, sont indissociables, et ce constat est plus que jamais d’actualité pour l’Afghanistan. Réalité géographique plutôt que politique, l’Afghanistan fut au cœur de diverses entreprises de « paix impériale » au cours des siècles. Au XIXème siècle, ce pays fut la victime collatérale du « grand jeu entre l’Empire britannique et l’Empire russe. Au XXème, de la compétition entre l’URSS et les États-Unis dans le contexte de la guerre froide. La guerre soviéto-afghane fut l’un des facteurs ayant précipité la dislocation de l’URSS. Aujourd’hui comme hier, les conflits locaux afghans sont magnifiés par les conflits internationaux ou transnationaux : retour des talibans, retraite américaine… Tous ces projets ont échoué, et le pays a gagné la réputation de « tombeau des empires ».

L’Académie de Géopolitique de Paris a le plaisir d’organiser un colloque international sur « L’impact de la position géopolitique de l’Afghanistan sur la paix et la guerre dans la région » le mardi 12 mars 2024, de 14h00 à 18h00. Spécialistes et praticiens des relations internationales, universitaires, diplomates et experts débattront et confronteront leurs points de vue divers, ouvrant la voie à de multiples pistes de recherche sur ce sujet actuel et complexe. Ils s’interrogeront sur le fait que pour parvenir à une paix durable, l’Afghanistan devra faire face à un certain nombre de défis, tels que les problèmes sociaux et la corruption, la capacité à maintenir l’ordre, de construire des institutions viables etc., indispensables pour maintenir l’unité nationale d’une société divisée par les allégeances tribales.

Ali RASTBEEN, Président de l’Académie de Géopolitique de Paris, « La paix en Afghanistan »

Quelles sont aujourd’hui les perspectives pour une paix durable en Afghanistan ? La guerre et la paix sont indissociables, la recherche de la paix est souvent à l’origine de la guerre, « soit pour la maintenir en imposent sa manière de vivre, soit qu’on cherche à établir au nom d’une religion ou d’une idéologie une conception universaliste de la paix ». Ce constat est plus que jamais d’actualité pour l’Afghanistan. Depuis des siècles, les interventions militaires des grandes puissances ont été faites au nom d’une certaine conception de la paix et de la sécurité.

L’Afghanistan est une réalité géographique plutôt que politique. Elle fut au cœur de divers projets de « paix impériale ». Au XIXe siècle elle fut la victime collatérale du « grand jeu » entre l’Empire britannique et l’Empire russe. L’expansion de l’Empire russe en Asie Centrale fut justifié par la nécessité de sécuriser les voies commerciales dans un espace instable, avec en prime les justifications civilisatrices.

Au XXe siècle dans le contexte de la guerre froide, elle fut l’objet de compétition entre l’URSS et les Etats-Unis. L’intervention soviétique en Afghanistan en 1979, plus motivée par la volonté de sécuriser la frontière sud de l’URSS que par la crainte d’un rapprochement de l’Afghanistan avec les États-Unis (crainte qui paraissait crédible après la « défection » de l’Egypte en 1976), et d’étendre la sphère du camp socialiste. La guerre soviéto-afghane qui prit fin en 1989 fut l’un des facteurs qui a précipité la dislocation de l’URSS, et discrédité la machine de guerre soviétique.

Aujourd’hui comme hier, les conflits locaux afghans sont magnifiés par les conflits internationaux ou transnationaux : le retour des Talibans, la retraite déshonorable des Etats-Unis présents sur le terrain depuis 2001 marque la fin symbolique d’un autre projet de « paix impériale » lancé par G.W. Bush depuis 2001 après les attentats du 11 septembre, visant à créer la paix démocratique par la force.

Tous ces projets de paix impériale ont échoué, et le pays a gagné la réputation d’être le « tombeau des empires ». En 2021, les Américains ont rendu le pouvoir aux Talibans en échange de garanties de sécurité que ces derniers appliquent à la lettre .  Quant à la Chine, puissance montante dans la région, elle se contente d’investir et de prospecter les métaux et terres rares, ayant elle aussi obtenu des Talibans la non-interférence dans sa politique répressive vis-à-vis de la minorité ouïghoure.

La conjoncture actuelle semble favorable à une certaine stabilité, une paix par le respect du rapport des forces et des équilibres, où la peur chaos engendre une sorte de consensus à minima chez des puissances aux intérêts divergents.

Avec les Etats-Unis la paix repose sur le respect des clauses de l’accord de Doha. Le Pakistan voisin, malgré ses visées hégémoniques, n’a pas non plus besoin d’un Etat en proie à l’anarchie et à la guerre à ses frontières.

Les Talibans, ayant réussi à établir leur domination à l’intérieur (« la charia et la sécurité »), le sont tout autant vis-à-vis des puissances extérieures dans le contexte d’un monde multipolaire de plus en plus instable. Contrairement à l’Etat islamique présent en Afghanistan, les Talibans paraissent avoir renoncé au jihad international au nom de la sécurité intérieure.  Ils ont aussi rassuré Téhéran en ménageant la minorité shiite persanophone. D’ailleurs, la constitution d’un bloc anti-occidental comprenant la Russie, l’Iran et la Chine offre aux Talibans une marge de manœuvre non négligeable. Talibans, Russes, Chinois et Iraniens se sont accordés dès octobre 2021 pour renforcer leur collaboration sécuritaire moyennant la promesse d’un gouvernement « inclusif ».

Le précédent syrien montre que la Russie est peu regardante concernant la nature du régime du moment où celui-ci est capable d’exercer la souveraineté sur son propre territoire et se montre disponible pour la négociation.  Pour la Russie, l’Afghanistan est un élément-clé du dispositif de sécurité de sa frontière sud.  Il semblerait par ailleurs que le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022 ait été motivé en partie par le spectacle de la retraite américaine et sa perception de l’Occident comme étant faible et inefficace.

Selon certains observateurs, la stratégie actuelle des Etats-Unis rappelle aujourd’hui celle du temps de la guerre soviéto-afghane : épuiser les ressources de l’adversaire sans engager ses propres troupes.  Quoi qu’il en soit, la guerre en  Europe et les développements inquiétants en Asie autour de Taiwan et au Proche Orient signifient que l’Afghanistan n’est plus aujourd’hui une zone prioritaire pour les grandes puissances.

Si le contexte régional et global semble favoriser la paix par l’équilibre, le maintien de la paix à l’intérieur dépendra de la capacité des Talibans à la fois de lever les taxes, d’administrer la justice et de maintenir l’ordre, de construire des institutions viables et de l’aptitude au compromis, indispensable pour maintenir l’unité nationale au sein d’une société divisée par les allégeances tribales.

La délégitimation du gouvernement précédent est due en grande partie à la corruption massive et à son incapacité à réduire la pauvreté et les inégalités sociales. Selon le World Values Survey qui étudie l’évolution des valeurs et des croyances autour du monde, l’Afghanistan fait partie de ces pays dans lesquels les valeurs de survie priment sur les valeurs d’expression de soi, et les valeurs traditionnelles, principalement issus des religieuses et du culte de l’autorité et priment également sur les valeurs séculières.  Pour l’instant, cette situation culturelle est favorable aux Talibans, mais la persistance des problèmes sociaux et le retour de la corruption pourrait saper les fondements de légitimité de l’islam politique, qui s’était présenté comme une solution et une alternative.

La culture est une arme à deux tranchants : elle permet à la société de fonctionner mais engendre aussi la violence ; l’impératif de survie économique peut entrer en tension avec les valeurs collectives et individuelles. Les normes sociales rigides conjuguées avec la pauvreté persistante engendre la frustration et minent la cohésion familiale ou clanique qu’elles avaient la fonction de préserver.   Les femmes et les filles apparaissent déjà comme les grandes perdantes de la « paix » talibane. Mais l’action de ces mêmes facteurs pourrait aussi engendrer une nouvelle génération d’extrémistes religieux encore plus radicaux.  Dans un tel cas de figure, la paix pourra-t-elle-être établie ?

Reza JAFARI, Président du mouvement Afghan Peace Dialogue, Directeur du Centre Culturel Franco-Afghan, « Quelles perspectives pour une paix durable en Afghanistan ? »

Afghan Peace Dialogue, notre mouvement, a été fondé après la chute de la République islamique d’Afghanistan et le retour au pouvoir des Talibans. Leur prise de contrôle du pays a immédiatement entraîné de nombreuses tragédies humaines. Suite à l’exil de la nouvelle génération afghane, ces tragédies continuent. Nous avons décidé d’examiner de manière continue et cohérente les problèmes liés à l’Afghanistan, d’aborder les besoins politiques, sociaux et en matière de droits humains dans le pays. En ce sens, collaborer ensemble pour trouver des solutions durables pour la réconciliation nationale, la reconstruction, la paix et la bonne gouvernance, ou encore pour la participation des femmes et les coopérations internationales. J’espère que cette conférence servira de plateforme aux échanges d’expérience entre les participants, et je suis convaincu qu’elle nous aidera à mieux comprendre les défis liés à la guerre et la paix en Afghanistan, ainsi que dans notre recherche de solutions pour atteindre une paix durable. Remerciements aux participants et à l’Académie de Géopolitique de Paris et son Président.

Recteur Gérard-François DUMONT, Professeur à la Sorbonne, vice-président de l’Académie de Géopolitique de Paris,« La géographie du peuplement de l’Afghanistan »

L’Afghanistan est d’abord un très vaste pays (superficie supérieure de 20 % à la France métropolitaine) dans un système de géographie physique extrêmement complexe, un système montagneux tout à fait particulier et finalement un pourcentage de terres arables relativement faible. Comme la plupart des pays du Sud, l’Afghanistan a connu une transition démographique, mais qui s’est trouvée fortement heurtée par les évolutions géopolitiques du pays. L’étude des taux de natalité/mortalité et d’accroissement naturel, mais aussi la courbe des migrations internationales, mettent clairement en lumière les différentes périodes géopolitiques de l’Afghanistan et montrent également l’importance des effets géopolitiques sur les dynamiques démographiques de l’Afghanistan. Malgré la baisse de la population durant la période de la guerre contre l’Union soviétique, il y a eu une augmentation significative de la population du fait de la transition démographique et la population est estimée à 40 millions d’habitants (densité inférieure de 50 % à celle de la France métropolitaine). En ce qui concerne l’évolution du peuplement, l’Afghanistan (très rural) a vu son taux d’urbanisation augmenter (bien que faible par rapport à d’autres pays développés) et, comme on le voit dans d’autres pays ayant connu des situations conflictuelles, la ville est l’enjeu principal de la guerre et dans ce contexte tout gouvernement veut contrôler la capitale politique, car qui la tient l’ensemble du pays (ce qui est inexact). Il y a eu une croissance très importante des villes les plus peuplées d’Afghanistan du fait des migrations rurales. En ce qui concerne la question des diversités ethniques, les ethnies les plus nombreuses seraient les Pachtounes, puis les Tadjiks, suivis des Hazaras et des Ouzbeks. Une grande majorité est sunnite, une minorité est chiite et essentiellement d’ethnie Hazara. Conséquences géopolitiques : seulement 2 ethnies peuvent revendiquer une place significative dans l’organisation politique du pays, mais en même temps aucune d’entre elles ne peut revendiquer un contrôle politique exclusif sur le territoire. La paix en Afghanistan signifie donc inévitablement un apaisement interethnique. Nous avons vu que mettre un groupe à l’écart n’est pas une solution et crée une division. La géographie de ces ethnies a également des conséquences géopolitiques : compacité du peuple Pachtoune lui donnant un point d’appui dans le sud, mais aussi le fait que ces derniers sont deux fois plus nombreux au Pakistan et les talibans ont pu utiliser leur son territoire lors de leurs opérations ; les tadjiks, au peuplement moins compact, mais qui ont une plus grande habitude à vivre dans l’altérité avec les autres ethnies dans leurs régions, et qui sont plus nombreux en Afghanistan qu’au Tadjikistan même dont la situation est moins unitaire ; les autres moins nombreuses et plutôt compactes. Cela signifie que la nature plus ou moins transfrontalière des ethnies a des effets géopolitiques variés selon chacune d’entre elles.

Il y a donc des dynamiques de peuplement très dépendantes des évolutions géopolitiques. Il faut qu’il y ait amélioration des conditions sanitaires dans ce pays pour le bien commun des populations, ce qui nécessite des conditions pacifiées. La diversité géographique et d’effectifs (ethnique) de l’Afghanistan maintient un risque d’interférences régionales, compte tenu du caractère transfrontalier de certaines ethnies. Cela m’amène à une réflexion certainement quelque peu utopique : peut-être que ce territoire pourrait s’organiser en confédération pour parvenir à la paix, tel un autre pays très montagneux : la Suisse. Entre l’utopie et la guerre civile, je vous laisse choisir… Merci de votre attention.

 

Mohammad Rasool, TEMORY Spécialiste militaire des questions liées à l’Afghanistan, « Les tensions internes en Afghanistan et leur impact régional » 

« …………. »

Zakia MOHAQIQ – activiste,

« L’impact de la lutte féminine sur la situation géopolitique en Afghanistan »

Merci de l’opportunité de nous réunir ici pour parler de la crise afghane et de la triste situation qui affecte son peuple oppressé, en particulier les femmes. Si cette crise n’est pas résolue dans un avenir proche, cela se produira certainement ailleurs dans le monde. Nous appelons la communauté internationale à régler le problème des Talibans aujourd’hui au pouvoir en Afghanistan d’une manière profonde et rationnelle, sans se laisser tromper par ceux qui souhaitent imposer ce groupe au monde et aux afghans pour une raison ou une autre. Je tente de jeter les bases d’une négociation inter-afghane entre le groupe au pouvoir et des représentants du peuple afghan afin qu’ils mettent fin à leurs violations barbares des droits humains et de la liberté du peuple aussi vite que possible, et qu’ils permettent aux femmes de retourner à leurs vies sociales d’une manière juste et appropriée. Ils doivent savoir accepter les réalités de l’Afghanistan, qui est le foyer de toutes les tribus afghanes. Personne ne devrait être supérieur à un autre en raison de sa race, sa langue, son sexe, ses croyances religieuses. À l’heure où nous parlons près de 18 % des filles afghanes (soit 2,5 millions d’étudiantes) se sont vues refuser le droit à l’éducation pour près de 2 ans. Une catastrophe humaine et sociale qui a fait de ces filles des prisonnières, les privant de leurs droits à une vie sociale et digne. Cette condition a créé d’innombrables pressions mentales sur elles et en a fait la propriété de l’homme, les exposant d’autant plus aux violences familiales et ce sans accès à la justice. Le groupe au pouvoir emprisonne et torture des innocentes sous des prétextes litigieux pour briser leur esprit de résistance par la terreur.

 

 Patricia LALONDE, Ancienne eurodéputée, Vice-présidente de Géopragma,« Quel avenir pour les femmes et leurs droits en Afghanistan ? »

À l’époque du roi Zaher Shah, les femmes afghanes avaient leurs droits : pas de burqas, pas de polygamie, accès des femmes à l’école, l’université, droit de vote, certaines étaient ministres, députées. Toutefois, dans les campagnes c’était assez attardé. Elles conservent ensuite ces droits sous le régime marxiste de Mohammad Dahoud Khan. Puis, ce fut l’invasion soviétique et la guerre civile de neuf ans durant laquelle les occidentaux ont armé les talibans et créé des camps d’entraînement pour lutter contre les soviétiques. Après la guerre civile terminée, les talibans ont pris le pouvoir et dès lors les femmes avaient perdu leurs droits. Nous avions fait une conférence au Tadjikistan avec plusieurs femmes courageuses qui étaient venues d’Afghanistan nous raconter ce qu’elles vivaient sous le régime taliban : pas le droit de sortir non-accompagnées d’un homme de leur famille ou leur mari, ou sans burqas, pas d’accès à l’éducation ou aux soins (car un homme ne peut pas regarder la femme d’un autre…). Nous, occidentales, étions choquées. Je pense que cela faisait partie des premiers témoignages sortant du pays, puisqu’ici les chancelleries expliquaient que les talibans avaient « finalement apporté la sécurité, ce qui était mieux que 9 ans de guerre »… Après le 11 septembre 2001 et la chute des talibans s’est ouverte une période d’espoir de 20 ans : intervention de la communauté internationale, 20 % de femmes parlementaires, des journalistes libres, plus de burqas obligatoires, universités et écoles pour filles au moins dans les grandes villes, etc. Cette période s’est terminée avec la fuite désespérée des troupes de la coalition, « virés » par les talibans retournés au pouvoir : on a l’impression d’être revenus à la case départ, tout a été mis à plat… Aujourd’hui, il est évident que la communauté internationale ne reconnait pas les talibans et ne peut le faire dans les modalités actuelles. Le rôle des pays de la région sera capital (Chine, Russie, Iran). Par exemple je me souviens que pour beaucoup de femmes afghanes, les iraniennes étaient un modèle. Depuis le retour des talibans beaucoup y ont immigré et y sont scolarisées (surtout celles qui sont chiites ou parlent le farsi). Tous mes amis occidentaux me disent « il faut virer les talibans ». Moi je pense que les afghans ne veulent pas d’une guerre de plus, recommencer le cycle infernal de la guerre. Cela me rend pragmatique et réaliste, même si c’est difficile à admettre… Peut-être peut-on avoir de l’espoir pour un avenir moins sombre ? Des déclarations récentes du gouvernement afghan qui me sont parvenues iraient dans le sens d’une levée de l’interdiction de l’école au-delà d’un certain stade pour les filles, et de l’enrôlement de certaines dans les instituts médicaux. Si c’était vrai, ça serait formidable et vital. Peut-être que c’est mieux que de repartir dans une guerre sans fin, surtout que j’ai rencontré des dizaines de groupes d’afghans résistants, tous en désaccords les uns avec les autres. Je ne sais pas quelle est la solution pour avoir la paix.

 Général Besmillah TABANAncien haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur en Afghanistan. « Menaces sécuritaires posées par les talibans dans la région et dans le monde, ainsi que contre les anciennes forces de sécurité et de défense afghanes »

Je crois fermement au dialogue comme principale option pour résoudre l’impasse afghane, mais l’efficacité de cette approche dépend du groupe au pouvoir. Deux problèmes sont particulièrement négligés : La facilitation d’une menace terroriste mondiale sérieuse, et le massacre impitoyable des anciennes forces de sécurité et de défense afghanes. Mettre en lumière ces deux problèmes ne signifie en aucun cas ignorer les autres atrocités perpétrées par les Talibans : apartheid de genre, génocide en cours des Hazaras, violations généralisées des droits de l’Homme ou encore les changements significatifs dans la production et le trafic de drogues (des drogues traditionnelles vers les drogues industrielles, comme la méthamphétamine)

L’Afghanistan est aujourd’hui devenu un refuge pour divers groupes terroristes qui auraient accès à des centres de formation, à un budget spécifique alloué par le régime et à un équipement logistique et militaire en plus d’y être respectées comme des alliés loyaux. ISIS s’est par exemple transformée en une force cohérente, avec une présence géographique claire dans l’Est et des capacités extraordinaires pour mener des attaques terroristes à l’intérieur du pays, ciblant notamment les Hazaras Chiites ou les Soufis… Le terrorisme et l’insécurité dans les pays voisins auraient considérablement augmenté, mais la communauté internationale ignore le phénomène et se limite à des déclarations. De plus des millions de dollars seraient versés aux Talibans chaque semaine via le détournement de l’aide humanitaire… Aussi, depuis le 15 août et le retour des Talibans à Kaboul, une stratégie de vengeance et de massacre contre les anciennes forces de sécurité et de défense afghanes a été poursuivie : des centaines d’entre eux auraient été arrêtés, torturés et tués par les Talibans malgré l’annonce par ces derniers d’une fausse amnistie pour tromper le monde. Ils infligent aussi de graves dommages physiques et mentaux à leurs familles et proches sous divers prétextes, saisissant de force maisons et biens personnels à des fins personnelles et organisationnelles. La communauté internationale est encore restée silencieuse… Réfugiés dans certains pays voisins, ces anciens membres des forces de sécurité risquent constamment l’expulsion de force et d’être remis aux Talibans, notamment par l’Iran, le Pakistan ou la Turquie (en violation du droit international). J’exhorte les partenaires internationaux à prendre des mesures conjointes et immédiates pour les protéger. Fermer les yeux sur la situation actuelle signifie offrir une opportunité au terrorisme international et le soutenir et financer involontairement. Les conséquences seront visibles dans un avenir proche. Je propose la prise immédiate de mesures internationales préventives : reconnaissance de l’apartheid de genre des Talibans et du génocide des Hazaras, interruption de toute forme d’interaction politique et financière avec les Talibans, intensification des sanctions contre les dirigeants de ce groupe et le soutien aux forces démocratiques anti-terroristes afghanes. Les citoyens afghans qui croient en la liberté et la démocratie doivent élever leur voix par tous les moyens légaux contre le terrorisme des Talibans

Gaisu YARI, Chercheuse en droits des femmes et des droits de l’hommeLes femmes afghanes dans la diaspora et leur impact sur la région et l’Afghanistan : Défis et opportunités »

 

Je pense que tout processus politique ou de paix en Afghanistan ne peut avoir lieu si nous ne donnons pas aux femmes afghanes la capacité d’action et la force politique nécessaire pour faire pleinement partie du processus. Au niveau international on parle surtout de victimisation et de comment les talibans d’hier et d’aujourd’hui contrôlent le corps des femmes. Si nous ne changeons pas ce narratif, je ne pense pas qu’on pourra entrer dans un processus politique dans lequel les femmes afghanes auront leur part. Je ne suis pas optimiste, et je pense que personne d’entre nous ne l’est malgré les informations reçues d’Afghanistan, que je n’ai pas aujourd’hui de capacité d’action dans quelque processus politique que ce soit. Faut-il avoir de l’espoir ? Non, nous avons besoin d’un processus politique et de paix incluant les femmes et reconnaissant leurs forces et leurs capacités construites ces vingt dernières années. Mon expérience durant ce temps m’a appris que nous avons la possibilité d’utiliser tous ceux de nos compatriotes qui ont quitté l’Afghanistan pour lancer un processus de paix hors de l’Afghanistan et qui pourra plus tard être utilisé à l’intérieur. Après deux ans, je pense que ces individus ont tous la capacité de se rassembler pour commencer le dialogue et réfléchir au futur de leur pays. S’il faut repartir de zéro, nous devons le faire, s’il faut nous battre en interne également. S’asseoir et discuter est nécessaire. Nous n’avons pas encore eu l’opportunité de guérir, discuter, rechercher des solutions. Aujourd’hui nous avons la capacité de nous rassembler pour décider d’un processus politique et de paix bénéfique pour les alliés, la région et le peuple afghan.

 Alain CORVEZ, Ancien conseiller du Général commandant la Force des Nations Unies au Sud-Liban et conseiller en stratégie internationale,« Vers la stabilisation de l’Afghanistan avec l’aide de la communauté internationale »

 

L’Institut Schiller avait présenté une pétition (plus de 400 signatures) remise solennellement à l’ambassadeur pour l’Afghanistan auprès de l’UNESCO, et qui demande la levée de toutes les sanctions économiques contre l’Afghanistan, et également la Syrie d’ailleurs, qui empêchent la coopération avec ce pays, notamment dans le domaine culturel. Étant sur cette ligne de pragmatisme, voilà une démarche que je trouve concrète et qui sera, je l’espère, suivie d’effet. Pour continuer dans le pragmatisme – et je pense que c’est important de s’y accrocher pour éviter la passion idéologique – je voudrais expliquer que l’importance des USA à certaines justifications vis-à-vis de certains pays européens ou du reste du monde, car ils représentaient le libéralisme, la liberté. Hélas, depuis une vingtaine d’années cela fut assorti de perversions qui ont fait décroître le respect que beaucoup pouvaient avoir pour eux et le monde qu’ils proposaient. La décadence des USA s’amplifie avec la période actuelle : on voit ce qui s’y passe dans le cadre de la campagne présidentielle, on a vu leur retrait honteux d’Afghanistan en août 2021 et ses conséquences, on voit qu’ils vont sûrement lâcher l’Ukraine et Zelensky, en Palestine on voit ce dont ils sont capables de faire, car ce sont eux qui arment et donnent les ordres à Israël… Donc les vertus morales qui s’attachaient autrefois au libéralisme incarné par les USA s’effondre et le monde se tourne en conséquence vers d’autres valeurs. Le rapprochement entre la guerre en Ukraine et le retrait américain d’Afghanistan est révélateur du basculement actuel de la géopolitique mondiale.

En Asie centrale, l’Afghanistan occupe une place stratégique fondamentale et c’est pour cela qu’elle a de tout temps attiré l’attention des grandes puissances du monde. Ses ressources énergétiques sont importantes et convoitées, le pays est enclavé et à besoin de couloirs pour les échanges avec la région et avec le monde. je vois 3 puissances qui risquent et devraient je pense jouer un rôle plus déterminant que l’Occident pour assurer une stabilité aux autorités politiques régnant en Afghanistan : la Chine, la Russie et l’Iran. Je suis d’une philosophie pragmatique en géopolitique et qui s’inspire en même temps des idées du Général de Gaulle : le respect de l’Homme en tant qu’être humain, et le respect des nations en tant que représentantes de l’organisation politique des Hommes, respect qui implique le respect des différences culturelles, religieuses, sociales etc. Ces 3 puissances sont différentes dans leurs structures, mais elles ont montré (y compris en Afghanistan) qu’elles sont capables de bien s’entendre pour avoir une action stabilisatrice sur la région, minée par les divisions et dissensions, pour aider à un processus qui mènera peut-être à une évolution du gouvernement des talibans, qui devra être concrétisée sur le terrain. J’espère n’avoir choqué la sensibilité de personne.

Général Mirza Mohammad YARMAND, Ancien Vice-ministre de l’Intérieur,     « Le régime des Talibans et ses effets sur l’instabilité régionale et internationale »

Ce qu’il se passe en Afghanistan, en Syrie, au Moyen-Orient est en réalité la répétition du nouveau paradigme de la Guerre froide moderne, avec de nouveaux mécanismes, qui amène le monde vers l’abîme d’une troisième guerre mondiale. Les stratégies ambigües des grandes puissances contre le terrorisme international ont amené à un embrasement plutôt qu’à un équilibre, et sont également à l’origine de la crise que traverse aujourd’hui l’Afghanistan (armement des forces belligérantes durant la Guerre froide). L’instrumentalisation de la terreur entre les mains de ces puissances pourrait contribuer à l’expansion de la crise et du chaos dans le monde. L’Afghanistan abrite aujourd’hui une partie des forces organisées du terrorisme mondial. La présence de 25 groupes terroristes régionaux, l’existence d’abris, de camps de formation de forces extrémistes, etc. sont des exemples alarmants pour le monde, puisque nous pourrions être confrontés demain à un terrorisme mieux organisé, muni de nouvelles technologies et de nouvelles armes de terreur. Les terroristes troqueraient également les ressources minières du pays avec certaines puissances en l’échange d’équipements avancés, selon certains rapports non-confirmés. De plus, l’existence d’une force arriérée, rétrograde et radicale produira une crise humanitaire et sécuritaire dans la région et le monde. Le maintien au pouvoir des Talibans aura pour conséquences : l’effondrement de la stabilité et de la sécurité en Afghanistan, crise humanitaire, développement du trafic de stupéfiants, expansion des mouvements terroristes à l’intérieur du pays, exportation de la crise et intensification du conflit dans la région, intensification des stratégies anti-occidentales, utilisation par certaines puissances de tels mouvements, voire utilisation de ces groupes les uns contre les autres. L’activité des terroristes consiste actuellement à la construction de madrasas destinées aux mineurs, des travaux de réparation de matériel militaire en panne, surtout un effort pour accéder à la fabrication d’armes tactiques nucléaires et biologiques et le développement du terrorisme dans tous les pays. Le trafic de stupéfiants, la traite des êtres humains et le trafic d’armes sont mis en œuvre pour financer ces activités et touchent jusqu’à l’Europe. Je pense que la continuation des conflits aujourd’hui ouverts (Ukraine, Palestine) profite au terrorisme car le monde est incapable de mener une guerre non-conventionnelle contre le terrorisme. L’impuissance des USA, d’Israël et de la Grande-Bretagne dans le détroit de Bab-el-Mandeb semble le confirmer. L’Occident possède la théologie, mais est dépourvu d’idéologie, alors que les terroristes ont les deux, ce qui devrait nous inquiéter. Nous devons agir de façon sage et intelligente. Les générations futures nous jugeront.

Que faire ? Il faut organiser une assemblée de savants en théologie pour décréter une fatwa de nature à proclamer la méconnaissance des règles de l’Islam par les Talibans, et pousser les musulmans du monde à prendre position contre ce mouvement terroriste ; Renforcer les forces de défense et de sécurité afghanes en leur apportant une aide militaire et financière internationale pour qu’elles combattent les terroristes ; Mise en place d’un gouvernement provisoire pour une durée de trois ans, qui devra élaborer la Constitution et les lois fondamentales (sur l’organisation de la justice et du parquet, sur l’armée, la police, la loi électorale) avant de transférer les pouvoirs à un gouvernement élu ; Retour des terroristes étrangers dans leurs pays d’origine dans le cadre d’une garantie internationale ; Participation des Talibans modérés à la direction du pays ; Justice transitionnelle pour les mouvements terroristes ; Égalité des droits entre les hommes et les femmes ; un régime de forme non-centralisée et des gouverneurs élus. Tout cela constituerait un pas décisif dans le sauvetage de l’Afghanistan et de son peuple. La conséquence de l’inaction sera l’expansion du terrorisme dans la région et le monde, jusqu’à ce qu’une telle crise devienne impossible à éliminer.

 Bruno DRWESKI, Maître de conférences habilité à diriger les recherches à l’INALCO, Historien, Politologue, Professeur à l’Académie de Géopolitique de Paris,« Afghanistan : « cimetière des empires  et carrefour stratégique »

L’Afghanistan a été le « cimetière des empires », mais il est aussi traditionnellement un pont culturel et commercial dont la position est absolument stratégique, puisque l’Afghanistan surplombe à la fois les plaines d’Asie centrale et la plaine de l’Indus. Sa place est centrale dans une région en phase d’intégration (Asie orientale-occidentale, et Eurasie-Asie méridionale). Foyer de déstabilisation pouvant toucher ses voisins directs (où l’on trouve également des foyers potentiels de déstabilisation : Baluchistans pakistanais et iranien, Kashmir, Xinjiang, Tadjikistan), ces derniers ont toutefois tous intérêt à sa stabilisation de l’Afghanistan, non pas à la guerre. Son potentiel minier, agricole et hydraulique est nécessaire à son avenir, mais offre aussi des opportunités à ses voisins. Vu comme le pays est enclavé, la déstabilisation (qui vient souvent de l’extérieur) ne pourrait plus y pénétrer si tous les voisins contrôlaient leur frontière. Kaboul et Kandahar sont les deux pôles de pouvoir en Afghanistan. Il existe aussi un clivage des générations, y compris à l’intérieur des générations entre les anciens et la jeunesse talibane, qui a fait partie du combat mais est plus soucieuse d’une certaine forme de modernité malgré les limites qu’on peut imaginer.

 

Les voisins directs ont intérêt à ce que la situation se stabilise. Les pays d’Europe aussi, car les possibilités d’intégration et de coopération économiques du Pacifique à l’Atlantique correspondent aux intérêts de l’Europe à long-terme. Le seul pays qui pourrait avoir des réticences au développement de l’Asie centrale et de l’Afghanistan est les États-Unis, car si l’Eurasie s’intègre économiquement dans un grand marché cela ferait automatiquement d’eux une puissance périphérique. On voit que le projet chinois de Nouvelles routes de la soie (OBOR) ou le projet irano-indien (avec l’association de la Russie) de Corridor de transport international nord-sud par exemple, sont en train de faire basculer le monde vers un autre axe de développement.  Dans cette situation, est-ce qu’ils vont accepter la multipolarité, quitte à voir leur statut d’hyperpuissance être dégradé, ou se battront-ils jusqu’au bout pour garder l’unipolarité et l’hégémonie sur le reste de la planète ? Dans ce cas on pourra s’attendre à des tensions en Asie centrale et ailleurs.

Les Talibans ont lancé le projet de canal de Qosh Tepa pour irriguer le nord du pays, ce qui a donné lieu à des négociations avec l’Ouzbékistan et le Turkménistan, malgré les problèmes politiques. Un accord a été conclu avec la Chine pour la mine de cuivre de Mes Aynak (pour faire une mine souterraine afin de sauver le plus grand site archéologique bouddhique du monde, ce qui tranche avec ce qui s’était passé à Bâmiyân lors des premiers Talibans). On voit donc une évolution. La Chine est le seul pays à avoir un ambassadeur officiel à Kaboul, mais les autres ont soit gardé un ancien ambassadeur, soit y ont un chargé d’affaires. Les relations diplomatiques et commerciales sont donc maintenues. Quel que soit le gouvernement au pouvoir en Afghanistan, son intérêt sera d’attirer des investissements, faire des coopérations internationales, négocier, etc. pour reconstruire et faire décoller son économie, et sans se passer de ses voisins, ce qui peut laisser penser que le pays évoluera dans des directions plus acceptables (régime politique et social, question des femmes, etc.)

 Dr Yahia BAIZA, Chercheur associé au Centre Aga Khan de l’Institut d’études Ismaïlien de Londres, « Énigmes de paix et réseaux de guerre : l’interaction géopolitique de l’Afghanistan dans le Contexte régional »

La situation actuelle est le produit d’une série d’interventions internationales complexes, de désaccords et rivalités internes, d’un héritage pas nécessairement bon car l’Afghanistan est devenu, dans le contexte de la Guerre froide, un échiquier. Sa position géographique (entre l’Asie centrale et l’Asie du sud) est la raison pour laquelle ce pays doit être maintenu instable : afin qu’on ne puisse pas traverser le « pont » afghan reliant le Nord et l’Asie centrale à l’Asie du Sud, ce qui menacerait les intérêts géopolitiques des États-Unis et leurs alliés. Bien sûr, à l’époque il y avait aussi le Pakistan, rival de l’Inde, qui craignait d’être pris en sandwich entre ses deux voisins et se cherchait donc une profondeur stratégique en Afghanistan. La Guerre froide a vu se succéder une série de guerres par procuration sur son territoire, entre États-Unis et Union soviétique, mais aussi entre Iran et Arabie saoudite, Inde et Pakistan, Pachtounes et non-Pachtounes, etc. et ces conflits ont eu lieu jusqu’au niveau tribal, au niveau des groupes religieux, etc. Désordonné, l’Afghanistan a énormément de mal à s’extraire du bourbier de tous ces conflits. La conséquence involontaire de l’invasion américaine en Afghanistan (grand « spectacle » d’armes, de technologies modernes et de précision et dont les commanditaires pensaient que ce serait rapide et facile) est que les États-Unis se sont empêtrés dans une guerre qui ne pouvait avoir de fin. Résultat : les conflits en Afghanistan sont entrés dans une phase d’autoperpétuation où la violence s’auto-génère, plus besoin du Pakistan, de l’Inde ou des USA.

 

Les Talibans ne sont pas pour moi la seule et la plus dangereuse menace. Aucun de ces pouvoirs n’est resté longtemps dans les dernières 45 années. Il n’est pas garanti que les Talibans y resteront. Ce qui est plus profond, qui va rester en Afghanistan, c’est les dizaines de milliers de diplômés éduqués dans les Madrasas, que j’ai décrit dans mes publications comme des « pipelines de la violence ». Au pire, cela contribuera à l’émergence du « Jihad global », au minimum à la constitution d’une société parallèle violente en Afghanistan. L’Afghanistan est un pays-mosaïque en termes d’appartenances ethniques, culturelles, linguistiques, religieuses, ce qui est source de force et de beauté, mais que les manipulations politiques ont transformé en sources de faiblesse et violence. Ces étudiants issus des Madrasas reçoivent aujourd’hui tous les commandements et ministères et les Talibans eux-mêmes nomment ces Madrasas « Jihadi Madrasas »… En Afghanistan, les dirigeants politiques, les chefs religieux et tribaux, n’ont jamais réussi à sortir des petites identités (définies par leurs familles, clans, tribus), à transcender leur vision des choses. De sorte que les dirigeants ont toujours échoué à apporter un minimum de pluralisme qui pourrait par exemple me permettre, moi, Hazara, Chiite et Ismaïlien d’avoir une conversation significative avec quelqu’un qui serait Pachtoune ou Tadjik, et sunnite ou de tout autre ethnie ou confession. Nous négligeons trop souvent cet échec. Il faut que nous parvenions à voir nos propres échecs, nos égos, comment cette volonté de puissance devient une source majeure de catastrophes pour nous.

Le pouvoir n’a jamais été vu comme un moyen de servir la nation, de travailler pour les zones les plus démunies. On parle d’éducation des filles, mais en Afghanistan il n’y a pas d’éducation des garçons non plus ! Sur la santé, les femmes en dehors des aires urbaines n’y ont absolument aucun accès… Un tremblement de terre de magnitude 3,5 sur l’échelle de Richter détruirait tout le pays, et trop de pluie causerait des inondations ! Nous parlons de guerre, de grands concepts, pas assez de comment améliorer la qualité de vie. Nous parlons de comment partager ce pouvoir, or cela ne fonctionne pas. Il n’y a pas de pouvoir ou d’État légitime, le pays est en marge de l’économie et de la diplomatie internationales, 80 000 (au minimum) auraient été kidnappées ou attaquées par les Talibans… Nous parlons d’espoir mais combien de lumières d’espoir s’éteignent chaque jour ? Avant de savoir quelles sont nos priorités, nous devons savoir qui nous sommes, bien comprendre notre situation. Certes les puissances étrangères se sont mêlées et ont gâché la situation de l’Afghanistan, mais d’un autre côté ils ont créé leurs bases dans le pays (Iran, USA, etc.) et s’ils parviennent à faire des compromis entre eux, alors ils pourront éventuellement influencer les détenteurs du pouvoir afghan. Cela constitue un espoir pour que la paix et la stabilité soient ramenées en Afghanistan.

 

« ….. »

Débat avec le public

Article précédentColloque La Femme et sa place dans la gouvernance à l’échelle mondiale
Article suivant« Quel bilan pour le nouveau concept de la politique étrangère de la Fédération de Russie ? »

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.