Les aspirations de la jeunesse algérienne

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Lyazid Benhami

Écrivain, vice-président du Comité de Mobilisation de la Journée Mondiale de la Culture Africaine, vice-président de l’Association des Amitiés Franco-Chinoises de Paris


La jeunesse est une caractéristique démographique de l’Algérie. La gestion rentière du pouvoir depuis 1962, aux graves effets de misère sociale, ne suffit pas à la volonté des jeunes algériens de voir être développés un enseignement au minimum de qualité, la capacité de s’investir dans le monde du travail moderne, le droit de disposer librement d’un capital culturel cruellement manquant aujourd’hui et enfin d’accéder au socle minimal des libertés, notamment politiques, dont l’Hirak porte la revendication.

Youth is a demographic characteristic of Algeria. The rentier management of power since 1962, with its serious effects of social misery, is not enough to satisfy the desire of young Algerians to see the development of a minimum of quality education, the ability to invest in the modern world of work, the right to freely dispose of a cultural capital that is cruelly lacking today, and finally, access to the minimal base of freedoms, particularly political freedoms, which the Hirak is demanding.


si l’explosion démographique des années 1960-1980 n’est plus la caractéristique de l’Algérie d’aujourd’hui, la jeunesse reste une force qui pèse et pèsera pour l’avenir de l’Algérie. 45 % de la population a moins de 25 ans. La croissance du pays lui a assuré tant bien que mal de meilleures conditions d’éducation, de santé, de logement. Mais l’ouverture du monde a donné de nouvelles dimensions à ses aspirations. Elles ne peuvent plus être satisfaites « à peu près » par l’exploitation en dents de scie de la rente pétrolière. Il faut des sauts qualitatifs qui vont dynamiser les structures politiques, économies et culturelles du pays.

Nous distinguons au moins quatre champs où s’expriment ces aspirations nouvelles. L’enseignement, et notamment l’enseignement supérieur, qui est la clé de l’entrée sur le marché mondial de l’emploi. L’accès au travail et à l’entrepreneuriat, avec une jeunesse qui rêve de start-ups numériques et d’emplois où l’on soit libre et autonome. L’élargissement du champ culturel, qu’il s’agisse de la redécouverte du patrimoine et de l’histoire algérienne, de l’approche des cultures du monde, de l’intégration dans le grand mouvement des jeunes du monde pour l’environnement. Et enfin, et sans doute au-dessus de tout, la jouissance de libertés politiques nouvelles, exacerbée par l’inachèvement du Hirak, ce mouvement de contestations et de manifestations populaires algériennes initié en février 2019. Autant d’aspirations, complexes mais pas inatteignables, qui agitent la jeunesse en Algérie et dans la diaspora.

La conquête de l’indépendance et la bases du développement

La jeunesse algérienne a toujours joué un rôle déterminant dans l’histoire contemporaine de l’Algérie. Elle fut souvent à l’initiative du destin national, et en fut parfois victime.

La guerre d’Algérie fut déclenchée par des jeunes qui refusèrent le dictat colonialiste mais aussi la vision et le chemin proposés par les anciens. Après l’indépendance algérienne acquise en 1962, ce sont à nouveau ces jeunes qui s’exprimèrent pendant le Printemps berbère d’avril 1980, durant les révoltes du 5 octobre 1988, pendant le Printemps noir d’avril 2001 (autant d’événements avec leurs lots de morts et de victimes), et enfin à partir du 22 févier 2019 au sein du Hirak.

Ils étaient six jeunes à avoir déclencher les événements d’Algérie, qui deviendront par leur force de conviction la « Guerre d’Algérie » : Krim Belkacem, Didouche Mourad, Larbi Ben M’Hidi Mohamed Boudiaf, Mostefa Ben Boulaid, Rabah Bitat. Ils seront rejoints par bien d’autres. Ils ont mené le destin de l’Algérie colonisée par la France depuis 132 ans vers la libération. Pourtant leurs ainés, Messali Hadj et Ferhat Abbas, avaient dans un premier temps proposé, l’un l’assimilation, l’autre l’autonomie envers la France.

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