Fin du service de formation des jeunes et arabisation de l’enseignement

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Guy Jourdain

Ancien officier de Marine puis membre du corps du Contrôle Général des Armées


Face à un maintien provisoire de l’usage de la langue française après l’indépendance, l’on vit l’arabisation de l’enseignement en Algérie tenter de s’imposer surtout soutenue par les islamistes lesquels s’opposent au bilinguisme. Par la confrontation linguistique, la question identitaire algérienne a ressurgi, ce d’autant plus que le système scolaire algérien n’a pas prolongé l’effort, certes incomplet, de formation des années 1957-1960. La première victime de cette faiblesse de l’enseignement en Algérie est la jeunesse avec tous les risques de déstabilisation que cela implique.

Faced with a provisional maintenance of the use of the French language after the independence, one saw the arabization of the teaching in Algeria trying to impose itself especially supported by the Islamists who are opposed to the bilingualism. By the linguistic confrontation, the Algerian identity question reappeared, all the more so as the Algerian school system did not prolong the effort, certainly incomplete, of formation of the years 1957-1960. The first victim of this weakness of education in Algeria is the youth with all the risks of destabilization that this implies


L’évolution linguistique en Algérie

Les Accords d’Evian signés le 19 mars 1962 mirent fin à la guerre d’Algérie. Ils contenaient des dispositions relatives à la coopération culturelle entre les deux pays. Il était précisé que « la France s’engage à mettre à la disposition de l’Algérie les moyens nécessaires pour l’aider à développer l’enseignement, la formation professionnelle et la recherche scientifique… Elle fournira le personnel enseignant, les techniciens, les spécialistes et chercheurs dont l’Algérie peut avoir besoin. » Ces dispositions permettaient à chaque pays d’ouvrir des établissements scolaires ou universitaires dans l’autre. Les programmes propres au pays concernés y seraient appliqués. Des accords particuliers devaient définir les équivalences de grade et de diplôme.

Il semble que l’arabisation de l’enseignement en Algérie ait compromis l’application de ces dispositions. Ce sujet n’était pas nouveau. Il avait fait l’objet de débats au sein de la Commission interministérielle des affaires musulmanes, dans laquelle œuvra Massignon, au cours des années Trente.

En effet, La constitution abrogée de 1963 disposa que « La langue arabe est la langue nationale et officielle de l’État ». L’usage de la langue française fut maintenu provisoirement. La constitution de 2016 (en vigueur) confirme que « l’arabe est la langue nationale et officielle ». Le statut du français est celui d’une langue étrangère comme l’anglais et l’espagnol.

Sur ce sujet, Georges Marion écrit : « Lors de la rentrée scolaire de 1963, l’Algérie démunie de tout, après huit ans de guerre avait besoin de douze mille maîtres d’école. Sollicité, Paris n’accepta de détacher Outre-Méditerranée que quatre mille de ses instituteurs et professeurs. Et c’est ainsi qu’aurait germé l’idée de l’arabisation… Il n’y avait pas d’autre solution que de faire appel à l’Égypte et à la Syrie qui ne demandaient qu’à aider leurs frères arabes… Avec la suppression de la mixité dans les amphithéâtres et les classes, cette arabisation est l’un des principaux chevaux de bataille des islamistes ».

Dans son Histoire de l’Algérie depuis l’indépendance 1962-1968, Benjamin Stora rappelle que « 11 000 instituteurs français viendront, au fil des ans apporter leur aide » mais précise que « dès l’indépendance la volonté d’arabisation s’affirme progressivement dans l’enseignement ».

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