QUEL AVENIR PEUT-ON ENVISAGER POUR LEDIT « PRINTEMPS ARABE » ?

Ahmad NAGHIBZADEH

Professeur de Science politique à l’Université de Téhéran – Iran

2eme trimestre 2011

Imaginons que l’Islam ne pose aucun problème pour instaurer une démocratie dans les pays arabes, est-ce que les conditions économiques et culturelles y sont présentes ? L’objectif de cette étude est de répondre à cette problématique qui secoue le monde arabo-musulman depuis la naissance des États arabes. Avec un regard iranien, l’auteur tente de comprendre les bouleversements du monde arabe revenant sur l’expérience de la révolution islamique iranienne et de la fracture culturelle Orient / Occident qu’elle a provoquée.

Imagine that Islam is not a problem for democracy in the Arab countries, but are the écono­mie and cultural conditions present? The objective of this study is to answer to this question that has shaken the Muslim world since the birth of the Arab States. From an Iranian view-point, the author attempts to understand the changes in the Arab world with a look back at the experience of the Iranian Islamic revolution and the cultural divide East / West the latter has generated.

Certains sont pessimistes en regardant le remplacement d’un dictateur comme Hosni Moubarak par son chef de la police secrète, celui qui a sûrement commis plus que n’importe qui des tortures et d’autres crimes à l’égard des protestataires. Certains d’autres y voient l’ombre des frères musulmans flotter sur le nouveau régime, il ne faut pas attendre une situation meilleure que celle du Pakistan ou de l’Iran. Si les « frères » gardent un profil bas pour l’instant, ils vont agir autrement une fois qu’ils se seront emparés entièrement de pouvoir. Le pouvoir doit être entier pour être à même d’appliquer la loi de la Sharia. Ils ne sont qu’une copie fraudu­leuse et compliquée d’Al Qaida. Il y a aussi des optimistes qui regardent les jeunes braves et libéraux, voire une nouvelle génération de Facebook. Mais moi je suis pessimiste pour une raison tout à fait différente en regardant la voie sinueuse, que­relleuse voire sanglante de la démocratie en Occident et cela malgré une base solide de pensée, de culture et de l’expérience historique qui constitue son soubassement. Rien ne montre un tel fondement dans les pays musulmans sauf si l’on se penche sur une éventuelle démocratie islamique que la ruse de l’histoire n’a jamais permis de réaliser. Je vais en conclure avec les adeptes de l’école de la sociologie historique que la démocratie libérale est un produit d’une histoire et d’une géographie propres à savoir la fin du Moyen âge et le nord-ouest de l’Europe. Cependant à la suite de la propagation des idées et des institutions européennes à travers le monde entier, une couche occidentalisée s’est créée partout et c’est seulement de cette couche que peut découler une démocratie à l’européenne, à condition que les moyens né­cessaires comme le niveau de vie socioéconomique et la culture publique soient présents.

Quelle référence historique pour la démocratie au Proche-Orient ?

Si la démocratie limitée de la Grèce Antique ou de la République de Rome peuvent garnir l’histoire de l’Occident il n’en est pas question pour les pays arabo-musulmans. Sauf la Perse Antique qui nous a fourni un exemple d’une démocra­tie tribale, non seulement on ne trouve pas le moindre signe de démocratie mais on trouve autant d’exemples despotiques sanglants qu’on veut de la Mésopotamie jusqu’en Afrique. Ces régimes sont qualifiés par Montesquieu de despotiques orien­taux. Bien que nous n’acceptions pas de classer la Perse antique dans la catégorie du despotisme oriental, nous n’avons aucun exemple qui puisse servir de référence pour la construction d’une démocratie quelconque qui soit propre aux peuples autochtones. Les exemples des rois cléments ou même des rois mages ou thauma­turges sont si rares qu’on ne les trouve que dans les contes de fées. Le courant in­tellectuel qui se déferla sur la société iranienne dans les années i960 et qui voulait iraniser toutes les institutions sociales et politiques en ne se référant qu’aux idées des penseurs iraniens n’a eu pour résultat qu’une banalisation des idées des savants et la présentation des phénomènes avatars et ridicules. Cette vague n’a abouti finalement qu’à la révolution islamique qui balaya toute idée dite iranienne et marginalisa ces intellectuels (sauf ceux qui ont accepté de se mettre au service du nouveau système) pour ne s’appuyer que sur des idées purement islamiques. Mais le paradoxe entre ce qui est islamique et ce qui est moderne bloque progressivement les institutions de la République islamique et les vagues de protestation qui se déferlent dans les rues de Téhéran ne sont qu’une de ses conséquences. S’appuyer sur la tradition et sur la religion vous immobilise et vous paralyse sur le terrain, tandis que la moder­nité vous pousse vers la nouveauté ; voilà la contradiction entre le régime fidèle à ses idéaux et la société qui pense autrement. Bientôt les mêmes contradictions et le même paradoxe apparaîtront à l’horizon dans les pays arabes. Le goût amer d’une telle expérience n’aura pour conséquence qu’une nostalgie du passé où les gens profitaient au moins des libertés sociales ; ce qui a été le cas pour une grande partie d’Iraniens dans les années qui ont suivi la révolution islamique.

L’Islam et la Démocratie

J’enseignais les sciences politiques modernes aux jeunes Mollahs à Qom (le Vatican d’Iran) il y a plus de dix ans alors qu’Iran se trouvait sous le règne de Khatami et les jeunes intellectuels pro-Khatami et religieux se chargeaient de ré­concilier l’Islam et la démocratie, l’Islam et la société civile, l’Islam et les droits de l’homme…….. Et moi, j’ai chargé un jeune mollah (Abdolvahhab Forati qui occupe aujourd’hui un poste important) de faire la critique du livre de Olivier Roy « La fin d’Islam politique » qui venait d’être publié. Son rapport était choquant : « Nous n’avons pas un Islam non politique et un Islam qui soit compatible avec n’importe quelle démocratie. Car la loi de l’Islam est parfaite et fournit pour toutes les situations des règles et des solutions convenables ». Il y a plus d’un siècle que certains islamolo-gues européens ont tiré une conclusion des débats concernant l’Islam à l’épreuve du développement politique ; qui s’est reproduite un siècle plus tard dans le livre Bertrand Badie, intitulé « Les Deux Etats » publié en 19861. La thèse développée dans ce livre est aujourd’hui violemment critiquée par certains sociologues comme Farhad Khosrokhavar qui a accusé Badie de « Néo-orientalisme de Badie »2. Selon cette thèse la démocratie libérale est propre au monde catholique, la religion qui, dès sa naissance a distingué ce qui est mondain, politique et satanique de ce qui est métaphysique, épiscopal et divin. Ainsi la politique y trouva ses propres sources et en se distinguant de la religion s’est progressivement développée vers la démocratie, une fois que les conditions objectives étaient présentes. Mais l’Islam n’a pas permis à la politique d’être indépendante et de trouver une forme mondaine et légitime. Ce qui en résulte c’est qu’en absence d’une forme politique légitime, toute sorte de pouvoir politique est considérée illégitime et digne à abattre. Or l’alternative « do­mination-révolte » s’est formée dans les sociétés musulmanes à la place de l’alterna­tive « demande-réponse » qui s’imposait progressivement à partir de l’ère moderne, aux rapports entre l’Etat et la société en Occident.

Bien que l’incompatibilité entre l’Islam et la démocratie soit évidente et indé­niable, dès le dix-neuvième siècle où les musulmans découvraient la grandeur de l’Occident, certains penseurs musulmans rêvaient de la réconciliation de l’Islam et de la modernité occidentale, de s’adapter à cette dernière, une adoption condition­née au sein de leur société ou au moins introduire la technologie occidentale tout en empêchant l’arrivée des aspects culturels européens pour ne pas endommager l’Islam. De Abdou en Egypte à Seyyed Djamaladdin en Iran, tous partageaient ce sentiment ambivalent à l’égard de l’Europe, l’envahisseur bien aimé ; un sentiment qui ressemble au sentiment d’une femme violée par un artiste envié. Ce sentiment et ces efforts zélés ont été répétés par une couche nouvelle de penseurs musulmans qui avaient poursuivi leur étude en Europe. La différence entre la première et la deuxième vague de ces penseurs provenait de connaissance plus profonde de ces derniers qui avaient vécu l’expérience européenne en y passant quelques années de leur vie. Mais, à l’inverse, ils se montraient plus complexés, avec la pensée plus hétéroclite, partagés entre le gauchisme intellectuel et l’Islam qui devrait être purifié avant d’être appliqué dans la vie sociale et politique. L’exemple le plus éminent de ces intellectuels erronés est Shariati en Iran, qui professait dans les années 1970. Son père était un mollah défroqué de force par Réza Shah en échange de quoi il devait devenir professeur à l’université mais finalement on ne lui avait accordé que le poste d’un instituteur. Il s’est installé à Paris – à Montparnasse – pour préparer son doctorat en sociologie sous la direction d’un marxiste convaincu Gurvitch. En revenant en Iran, il a choisi une mosquée comme son quartier général à partir duquel il commence à lutter à la fois contre le Shah et la monarchie et contre le clergé shiite considéré comme trop conservateur voire caduque et complice avec le régime. Il est mort à Damas deux ans avant l’avènement de la révolution islamique en Iran. S’il restait vivant il serait sûrement banni ou pire par le régime islamique à cause de sa pensée considérée trop erronée, comme c’était le cas de son adepte et successeur, Abdolkarim Sorouche. Ce dernier qui constituait avec ses homologues dans les pays arabe comme Mohammed Arkoun, Fazlur Rahman, Aminal Khûli, Nasr Hamed Abu Zayd et Farid Zakari, un courant critique à l’égard de l’Occident en citant les aspects progressistes de l’Islam, a souhaité dépasser l’Occident tout en se référant aux penseurs européens dont Kant qui occupe une place prééminente3. Sorouche qui faisait beaucoup d’éloge à l’égard de la révolution islamique et jouait pour certain moment le rôle de son idéologue, croyait que cette révolution allait non seulement instaurer une nouvelle ère dans laquelle la démocratie et la liberté atteindraient leur apogée, mais aussi qu’elle va donner des leçons aux Occidentaux qui se seraient perdus depuis que la raison et la croyance se seraient retirées de leur vie. Aujourd’hui il s’est exilé aux Etats-Unis pour sauver sa vie. Finalement, il a compris l’incompatibilité entre l’Islam et la démocratie et comme il a perdu sa place dans la hiérarchie du pouvoir il a pris le parti de la liberté et s’est évincé ensuite de tout ce qu’il avait obtenu par la révolution. Jusqu’où va continuer cette histoire et jusqu’à quand les penseurs musulmans veulent perdre le temps pour comprendre qu’entre Islam et liberté on doit choisir uniquement l’un et laisser l’autre ?

Cependant il est à mentionner que le régime d’Iran est l’incarnation d’un Islam modéré en comparaison avec le Talibanisme d’Afghanistan ou Wahhabisme saou­dien ou le salafisme de l’Afrique du Nord. En plus l’Etat en Iran est plus moderne qu’en n’importe quels autres pays musulmans. Il réprime les libres penseurs, il se montre vigilant pour défendre son idéologie islamique tout en profitant de la tech­nologie la plus avancée ; de nombreux chemins de fer, d’autoroutes, de métro chic, mais aussi de la multiplication d’universités et d’étudiants. De ce point et en ce qui concerne l’apparence et la visibilité urbaines, l’Iran n’est plus considéré comme un pays de tiers monde. En plus, la République islamique n’a pas inventé un modèle islamique propre à elle-même. A l’inverse, elle a importé4 de l’Occident toutes les institutions dont elle avait besoin, y compris le parlement, les élections et même les partis politiques qu’elle avait mis en veilleuse après les dégâts qu’a provoqué le mouvement réformateur pour le centralisme du pouvoir. D’autres aspects non souhaités de la vie Occidentale sont produits en constellation des aspects voulus, comme le mouvement féministe par exemple. Mais aujourd’hui le régime est en pleine difficulté avec ses propres produits. Cela montre que non seulement l’Islam est incompatible avec la liberté et avec la démocratie, mais aussi avec la technologie avancée, en d’autres mots, et avec tout ce qui est moderne. C’est ainsi qu’en os­cillant entre la modernité et l’Islam, beaucoup de responsables d’aujourd’hui et les croyants les plus fidèles d’hier se penchent vers la laïcité comme l’ultime solution pour toutes ces impasses qu’éprouve le régime. Toutes ces expériences peuvent se produire dans les pays arabo-musulmans.

Est-ce que d’autres conditions nécessaires sont présentes pour instaurer une démocratie valable et viable ?

Imaginons que l’Islam ne pose aucun problème pour instaurer une démocra­tie dans les pays arabes, est-ce les conditions économiques et culturelles y sont présentes ? Le peuple égyptien et le peuple yéménite soufrent de pénurie et les Tunisien sont fâchés du manque de justice et d’un développement non équilibré. Les Libyens ne peuvent plus supporter la discrimination entre les différentes tribus et les Syriens regardent d’un mauvais œil les privilèges dont profitent les Alawites (minorité chiite dont la famille Assad fait partie). Si on n’est pas naïf on sait que les nouveaux clans et partis se forment pour s’emparer de pouvoir et ils vont bel et bien profiter de cette situation économique avilissante. En plus, dans des cas pareils les discours démocratiques ne sont pas entendus ni écoutés et les gens affamés ne s’intéressent qu’à la rhétorique révolutionnaire et les charlatans haussent la voix en tant que protecteurs des opprimés. En ce qui concerne la culture démocratique il suffit de suivre les nouvelles en Egypte pour voir comment les Chrétiens Coptes et les Musulmans qui manifestaient hier main dans la main contre la dictature de Moubarak, aujourd’hui mettent le feu dans les lieux saints des uns et des autres. Bientôt, les clans et les partis politiques s’accusent mutuellement les uns les autres en utilisant tous les moyens légaux et illégaux pour s’emparer du pouvoir et une fois que l’un d’entre eux y arrive, il fait tout pour rester éternellement au pouvoir en éliminant tous ses rivaux ou par des amendements constitutionnels, etc. Ainsi le même cercle vicieux recommencera tout en revendiquant d’être un régime exem­plaire, le plus parfait du monde (ce qu’on revendique en Iran).

Finalement peut-on arriver À la démocratie tout en restant musulman ?

Même si on reste fidèle à l’école de la sociologie historique il faut se rappeler que l’occidentalisation des sociétés non européennes a commencé depuis près de deux siècles. C’est seulement par le renforcement de ce courant dont la laïcité fait aussi partie et par l’encouragement des partisans de cette démarche, tout en acceptant le dialogue entre les cultures et les civilisations, que l’on peut obtenir l’accès progressif à la démocratie. 120 ans se sont passés depuis qu’un intellectuel iranien et un des précurseurs de la révolution constitutionnelle de 1905 en Iran, a prononcé une phrase dont la justesse se démontre aujourd’hui tandis que les autres intellectuels l’insultaient et le critiquaient violemment depuis qu’il a proclamé cette phrase.. L’arménien Malkam Khan disait : « Il faut que nous nous occidentalisions des doigts de notre pied jusqu’aux derniers cheveux de notre tête ». Peut-être n’est il pas nécessaire de s’occidentaliser entièrement mais la défaite de cette même révolution constitu­tionnelle et par la suite celui de la démocratisation en Iran pour le siècle suivant, montrent que la couche occidentalisée n’était pas assez forte et devait reculer devant les traditionalistes. On sait bien que la démocratie n’est pas un objet qu’on possède ou non. Comme disait Gary Sick l’un des conseiller américains les plus concer­nés par le monde musulman, pendant la colloque organisée par l’Université de Columbia en 19935, la démocratie est un processus en expansion sans être jamais dans son état parfait. Pour que ce processus soit compatible avec l’Islam, il faut y travailler et faire des efforts. En critiquant le Roi Fahd qui disait « la démocratie que l’on pratique dans le monde ne nous convient pas car nous avons notre Islam qui est un système complet et une religion parfaite » et en mentionnant le discours de Ayatollah Khamenei qui disait, « comment vous pouvez nous accuser d’être opposés à la démocra­tie alors que nos institutions et tout ce que nous faisons sont approuvées par la voix du peuple » Gary Sick conclut que les avis sont différents là-dessus et que cela montre que si on veut on peut adapter l’Islam avec les normes de la démocratie. Une partie de cette conclusion est vraie mais il faut savoir que lorsque ce même Ayatollah s’est trouvé en 2009 en face d’une foule considérable qui réclamait une République iranienne à la place d’une République islamique, il prit le parti de l’Islam et délaissa la démocratie. Il est aussi vrai que la république Islamique pouvait être considérée comme un régime démocratique pendant les premières années de son avènement. Car la majorité des Iraniens le soutenait, mais la société se renouvelle de génération en génération. Et justement si la démocratie peut avoir une chance à s’établir, cela ne se fera que par cette nouvelle génération. De toute façon pour les islamistes et même pour les musulmans pratiquants l’essentiel est l’Islam et que si un jour l’expansion de la démocratie avance en dépit de l’Islam il faut la délaisser, et si né­cessaire la supprimer et si cela n’est pas suffisant il faut la bannir et excommunier sévèrement.

Le dernier mot

Ni l’islam ni la culture politique ni le niveau de vie ne sont favorables à l’avène­ment d’une démocratie bien fondée dans le monde arabe. Mais nous vivons à l’ère de la mondialisation dans laquelle chacun peut apprendre des autres notamment comment vivent ses homologues dans d’autres pays. Les jeunes devant une fenêtre appelée ordinateur y font un tour du monde, se trouvent des amis, etc. Cette génération est capable de renverser la situation dans laquelle elle vit. Cependant elle se trouve en face des institutions et des pensées traditionnelles plus un régime sanglant. Est-ce qu’on pouvait croire à la victoire des Egyptiens sans l’aide de la société internationale, sûrement non. Heureusement la même puissance qui sou­tenait les dictatures de l’Amérique latine et du Proche-Orient a changé de direction pour soutenir le peuple. L’avènement de la démocratie ne se réalise que si cette ou ces puissances soutiennent la nouvelle génération. L’erreur commise par G.W. Bush qui plaça l’Iran dans l’axe du mal juste au moment où les réformateurs iraniens avaient besoin d’un coup de mains de la société internationale. La conséquence fut deux mandats successifs des radicaux les plus extrémistes en Iran. La nouvelle géné­ration occidentalisée, libérale et cosmopolite est encore faible dans les pays arabes et a besoin d’aide, en plus, pour s’entendre avec elle il faut être sincère. Ce qui nous donne l’espoir c’est les discours du président des Etats-Unis Barack Obama qui comprend l’ensemble des problèmes de la région et surtout la nécessité de créer l’Etat palestinien. Sinon avec une politique ambiguë et contradictoire en soute­nant certains dictateurs et réprimant d’autres on ne renforce que le front terroriste. Malgré cet espoir nous ne sommes pas dupes pour croire que cette intervention or­chestrée de l’Occident au Proche-Orient n’a d’autre but que la démocratisation des systèmes politiques des anciens pays alliés. Du point de vue de l’Occident, trois élé­ments constituent l’importance de cette région : le pétrole, la sécurité d’Israël et la géopolitique. Comme les islamistes constituent toujours une force indéniable dans l’ensemble de ces pays surtout en Egypte avec ses frères musulmans, le risque plane sur leurs têtes et cela exige une grande prudence ; car ils peuvent gagner le pouvoir à travers des élections libres. Alors comment l’Occident va y renouer ses intérêts avec la démocratie ? En vérité le projet d’un « Grand Moyen-Orient» que G.W.Bush avait projeté, c’est Obama qui va le tisser. Voire « pax americana ». Ce qui s’avère avant tout très important dans ce projet, c’est les régimes pro-occidentaux qui doi­vent s’installer pour que le reste aille bien. C’est-à-dire tous les problèmes seront réglés sous la surveillance des Etats-Unis : un peu de démocratie, un peu de liberté, un peu de justice et de justesse avec le libre échange et la coexistence pacifique avec Israël et de bonnes relations avec l’Occident. Ca sera tout avec plaisir.

Notes

  1. Bertrand Badie, Les deux Etats, pouvoir et Société en Occident et en terre d’Islam, Paris, Fayard, 1986, ce livre est traduit en Persan par l’auteur de cet article, Téhéran, Baz, 2000.
  2. Farad .Khosrowkhavar, « Du néo-orientalisme de Badie : enjeux et méthodes », Peuple Méditerranéen, N° 50, Paris, 1990, pp, 121-148.
  3. Rachid Benzine, Les Nouveaux Penseurs de l’Islam, Paris, Albin Michel, 2004.
  4. L’expression de Bertrand Badie dans son livre intitulé, L’Etat Importé, l’occidentalisation de l’ordre politique, Paris, Fayard, 1992.
  5. Gary Sick, « Islam and norms of Democracy », in Richard W Bulliet, Under Siege: Islam and Democracy, Columbia University, 18-19 juin, 1993, pp, 32-40.
Article précédentLES ORGANISATIONS INTERNATIONALES ET REGIONALES ET LES REVOLTES ARABES
Article suivantLES RELATIONS ENTRE LES ETATS DE L’UNION DU MAGHREB ARABE ET L’UNION AFRICAINE : COOPERATION OU CONFRONTATION ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.