L'ingérence occidentale dans la société civile arabe

Par Majed NEHME, Chercheur, éditeur et Directeur de la revue »Afrique-Asie ».

PREMIER PANEL
Modérateur : Dr Ali RASTBEEN
COLLOQUE : LA SOCIÉTÉ CIVILE MOYEN ORIENTALE : UN REGARD EUROPÉEN
Actes du colloque
Le vendredi 15 janvier 2016
Organisation Internationale de la Francophonie

Au centre de toutes nos analyses, le rôle de la société civile, émergeait ; on n’a pas attendu que l’idée de société civile soit importée de l’Occident. Je vous rappelle qu’en Iran par exemple, le mouvement de Mossadegh a été élu démocratiquement et c’est l’Occident qui l’a cassé.

Les syndicats, les associations, les partis politiques, tout cela existe dans le monde arabe, c’est vrai qu’il y a des régimes autoritaires, et que la société civile dans certains pays est fractionnée, composée d’une multitude d’ethnies, de communautés, et que face à cela, il faut un état centralisateur, toute l’Europe est passée par là, au cours de son histoire. Lors d’un échange avec l’ancien président ghanéen, ce dernier me confiait : « Si je laisse la démocratie à l’occidentale s’instaurer dans la ville d’Accra, j’aurais une tribu qui va dominer toutes les autres et qui éliminera ses rivales ». N’empêche, même si on n’est pas conforme au concept européen, qui évolue régulièrement, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de société civile, qu’il n’y pas de contre-pouvoir même dans les pays présentés comme les plus dictatoriaux ou présentés comme tels par une certaine littérature occidentale. Que ce soit au Maghreb ou en Proche et Moyen Orient.

Je vais maintenant donner quelques exemples des Ingérences manifestes dans la fabrication des mouvements de déstabilisation de la société civile dans les pays qui ont vécu ces printemps arabes D’ailleurs je vous recommande la lecture d’un livre remarquable : « Arabesques, les révolutions made in USA ». Révélant comment les Etats Unis subventionnent des mouvements de déstabilisation dans nombre de pays qui tiennent tête à la politique américaine, et tour cela est voté, acté, officiel.

Dans nombre de pays ayant vécu le printemps arabe, pour la société civile, plus que le combat pour les Droits de l’homme, c’est le combat pour des réformes qui est prioritaire. Ainsi, en Tunisie, il y avait des syndicats sur le modèle allemand même sous la dictature de Ben Ali. Tout le problème, ce sont les ingérences extérieures, pour les pays qui refusent de se laisser dicter des politiques qui ne correspondent pas à leurs intérêts nationaux. Et cela concerne aussi bien, au-delà des pays arabes, la Russie de Poutine, une ancienne grande puissance.

Ici, Le concept même de société civile à l’occidentale s’est altéré sous l’emprise grandissante des media, y compris sur le Net, à travers la distribution et la production dominante. Est ce qu’on peut alors parler encore de pluralisme ? En France, même dans le service public, on a des exemples de censure, de tout ce que l’on reproche à ces pays que l’on qualifie de dictatures ? Voilà quelques pistes de réflexions que je livre, pour contribuer au débat de ce jour.

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