La crise yéménite au sein de l’échiquier arabe

Dr Ali Rastbeen
Président de l’Académie géopolitique de Paris
et Directeur de la publication de la revue Géostratégiques

Depuis quelques mois, le Yémen est tragiquement en proie à une invasion militaire abusive organisée et mobilisée par l’Arabie saoudite, en privant la communauté internationale de son juste respect. Hélas en 1990, le Yémen s’oppose à l’intervention militaire occidentale dans le Golfe, et soutient officiellement Saddam Hussain : les conséquences socio-économiques sont désastreuses
pour ce petit pays déjà pauvre – il s’y en suivit la guerre civile de 1994, qui ouvre la porte aux exploitations et invasions de l’extérieur. Alors dans tout ce chaos, où sont les instances internationales qui veillent à la justice, à la liberté et à la paix indispensables à la dignité et au développement humain ? Car c’est clair : le dialogue inter-yéménite est le seul moyen de sortir de la crise en formant un gouvernement d’unité nationale yéménite sans ingérence étrangère.
Since some months, Yemen is tragically prey to an abusive military invasion organized and
mobilized by Saudi Arabia, and in depriving the international community of its just respect.
Unfortunately in 1990, Yemen had opposed Western military intervention in the Gulf, and
officially supported Saddam Hussain: the socio-economic consequences were disastrous for this already impoverished country – the civil war of 1994 ensued, and this opened the way to exploitation and invasion from the exterior. So in all this chaos, where are the international instances watching over the justice, liberty and peace indispensable to human dignity and development?
Because it’s clear: inter-Yemeni dialogue is the only way to defuse the crisis and form a Yemeni government of national unity without foreign interference.
Depuis quelques années, le monde arabe est fragilisé par une forte vague
de violences politiques et religieuses provoquant instabilité, incertitude et autres
ravages. Les pays les plus touchés sont en proies à des invasions abusives en profondeur
par des puissances extérieures non arabes et parfois arabes, en privant la
communauté internationale de son juste respect.
Parmi ces pays ayant subi de tels bouleversements récents, l’Irak, la Syrie, la
Libye et le Yémen. Ce dernier se trouve aujourd’hui cas-de-figure d’encore une
guerre qui ne dit pas son nom.

Pour comprendre la situation géopolitique complexe de ce pays il faut l’appré-
hender au sein du jeu des puissances régionales et occidentales qui interfèrent plus
ou moins entre elles et influent directement ou indirectement sur le destin de la
région et du monde.
La géopolitique du Monde arabe
Il est intéressant, dans ce contexte, d’examiner les manœuvres stratégiques et les
outils employés par les puissances régionales et mondiales pour affaiblir et déstabiliser
les régimes en place au sein du monde arabe en vue de leur éclatement.
Le « monde arabe » tel qu’on le conçoit aujourd’hui s’est créé au déclin de
l’Empire ottoman à la fin du XIXe siècle, et avec la montée du nationalisme arabe au
milieu du XXe siècle 1 . Le discours nationaliste arabe appelant à l’unification de ce
« monde » n’a pas abouti à la naissance d’un « État-nation panarabe », mais à la mise
en place d’une organisation internationale appelée : la Ligue arabe. L’intérêt de cette
organisation est formel car ses membres composés de 22 pays le sont devenus grâce
au fait que leur langue officielle soit l’arabe. Ce monde arabophone s’étend sur une
superficie d’environ 13 millions de km², allant de l’océan Atlantique au Golfe persique.
Il est situé au carrefour de trois continents (Europe, Asie et Afrique)2.
Les villes historiques et pôles de civilisation et de puissance (Damas Bagdad et le
Caire) sont aujourd’hui en déclin, rongées par les conflits pour les deux premières et
supplantées par le dynamisme des pétromonarchies. La richesse pétrolière et gazière
a assuré le leadership de l’Arabie saoudite et permis la montée en puissance du
Qatar. Loin de servir l’intégration régionale, cette ressource se montre, au contraire
comme un vecteur de confrontations interarabes. Or les tensions inhérentes à la
quête de leadership expliquent en partie l’échec de la Ligue des États arabes dansl’atteinte de l’unité arabe3.
La représentation du monde arabe peut s’apprécier la à la fois de manière unitaire
et plurielle. Le monde arabe peut être présenté comme un espace géoculturel
et géopolitique cohérent, renforcé par une langue commune et une religion dominante.
Mais en dépit de cela, il n’est pas tout à fait homogène, tant d’un point de
vue culturel, ethnique, confessionnelle qu’économique et politique.
La majeure partie du monde arabe est gouvernée par des oligarques que le colonialisme
et le néo-colonialisme ont contribué à mettre en place et à soutenir afin de
garantir leurs propres intérêts. La longévité indéfinie des dirigeants en est la preuve,
car avant le Printemps arabe et les événements qui l’ont suivi, Kadhafi est resté au
pouvoir de 1969 à 2011, Hafez al Assad de 1970 à 2000 succédé par son fils Bachar
el-Assad, Moubarak de 1981 à 2011, Ben Ali de 1987 à 2011, Saleh de 1978 à
2012, sans aborder le cas des monarchies héréditaires.
Les problématiques qui secouent les politiques du monde arabe et leurs retombées
intérieures et extérieures se traduisent souvent en problèmes de frontières. Or,
les populations de la région sont mues par ce profond désir de droits de l’homme et
de démocratie, même si cette volonté se traduit différemment dans chaque pays. En
Égypte, en Tunisie, au Yémen et partout dans les autres pays arabes traversés par des
troubles populaires, c’est cette situation, commune à toutes les couches sociales, qui
a créé un mouvement unifié. Des jeunes défavorisés, des individus issus des classes
moyennes, des diplômés au chômage se rencontrent dans une même aspiration : «
la liberté et à la dignité ».
Les enjeux économiques, financiers et humains du monde arabe sont, de plus,
assez importants pour que la gestion des oppositions passe très souvent par des voies
de pressions diplomatiques, économiques, financières, et terroristes, s’exerçant par
des tiers plus ou moins intéressés, mais suffisamment puissants pour être à même
de venir prêter main forte à tel ou tel partie en vue de faire basculer les équilibres4.
C’est à travers une connaissance profonde des leaders et de leurs processus décisionnels
personnels qui sont fonction de leurs caractères propres, et de leurs divers liens
stratégiques que l’on puisse, en cas de déséquilibre, comprendre leurs différentes
démarches de recherche des alliances et appuis nécessaires, ou d’exercice de pressions
leur permettant d’atteindre un équilibre nouveau et, si possible, profitable.
Au-delà, les bouleversements du monde arabe s’inscrivent surtout dans une
logique de remodelage du Grand Moyen-Orient afin qu’un nouvel ordre mondial,
induit et subi, puisse voir le jour. Des zones conflictuelles majeures existent dans le
monde arabo-islamique :
– L’Afrique du nord :
Il s’agit des pays de l’Union du Maghreb Arabe, auxquels s’ajoutent l’Égypte et
le Sahara occidental.
– La zone persique :
À son extrémité orientale, le monde arabe se trouve confronté à son pire ennemi
: musulman certes, mais viscéralement anti-arabe. Là encore, et on a pu le mesurer
pendant dix ans, c’est plus au voisin iranien qu’au reste du monde que s’adressaient
les efforts d’armement et l’effort nucléaire irakien. L’écrasement de l’Irak
prive les Arabes d’un puissant bouclier mais ne résout en rien la problématique
d’affrontement régional. Celle-ci est au contraire compliquée par l’émergence du
fait kurde et par l’entrée en scène de la Turquie qui a aussi une vocation régionale à faire valoir5.
– La Corne de l’Afrique :
À cheval entre problèmes arabes et africains, certaines situations s’analysent en
problèmes de lisières du monde arabo islamique (Sud Soudan, Erythrée), d’autres
sont liées aux problématiques ethniques typiquement africaines (Somalie, Djibouti,
Ethiopie). Dans tous les cas, cependant, le fort taux d’islamisation de la zone implique
un interventionnisme de puissances arabes situées plus au nord (Égypte,
Libye, Arabie etc…) ou de rivaux des Arabes en quêted’alliances (Israël et Iran)6.
– Le levant :
Dans cette zone se pose le problème de la coexistence de minorités non musulmanes,
parfois non arabes avec l’Islam suivant des frontières souvent floues. Les
Chrétiens du Levant, les Druzes, les Alaouites de Syrie, les Kurdes, les Chiites du
Liban, d’Irak, du Yémen posent des problèmes similaires. Le comportement des
dirigeants syriens, le terrorisme, la faillite du pouvoir irakien et récemment la crise
au Yémen en sont des exemples.
Se pose aussi la question du contrôle des eaux et de la position géostratégique
qu’occupe le monde arabe à l’intersection de trois continents (Europe-Asie-Afrique)
et surtout du contrôle des importantes réserves pétrolières, un enjeu de taille dans
la rivalité entre Arabes, Persans et Turcs compliqué par les convoitises occidentales.
Le cas de la crise au Yémen.
Depuis le mois de mars de cette année, le Yémen est transformé en théâtre de
combats sanglants qui ont déjà causé de nombreuses victimes. Une guerre destructrice
illicite est menée par l’Arabie saoudite et ses alliés occidentaux et arabes contre
ce pays voisin, certes pauvre, mais important d’un point de vue géopolitique, ce
qui justifie à leurs yeux de porter atteinte à son intégrité territoriale, d’y bafouer les
principes élémentaires des droits de l’homme et de donner une occasion en or à la
prolifération du terrorisme au sein de ce pays meurtri et même dans toute la région.
Au Yémen, les avancées des forces de l’armée yéménite et du mouvement
Ansarallah, ainsi que le retrait des forces fidèles à Mansour Hadi, le Président démissionnaire
en fuite, auraient provoqué l’Arabie saoudite à déclencher en réplique, le
jeudi 26 mars, une opération baptisée « Tempête décisive » dont l’objectif déclaré
était l’anéantissement des Houthis et le retour du président démissionnaire Mansour
Hadi au pouvoir. Mais cet objectif peut-il en dissimuler un autre ?…
Parmi les pays de la Péninsule Arabique, le Yémen autrefois appelé « Arabie heureuse
», se distingue par plusieurs aspects importants. Tout d’abord il occupe une
position géographique stratégique au carrefour de trois continents : l’Asie, l’Afrique
et l’Europe et au carrefour sur la route commerciale entre l’Éthiopie et le monde
iranien, ainsi qu’entre l’océan Indien et la mer Méditerranée.
Pour une superficie de 527 968 km2, le Yémen compte presque autant d’habitants
– 26 052 966 – que l’Arabie Saoudite – 30 770 375 km².
Ce pays fut une région florissante, car l’agriculture y était fertile. Or aujourd’hui
les indicateurs de développement sont préoccupants et le Yémen serait parmi les
pays les plus pauvres non pas seulement de la région mais du monde tout en étant le
deuxième pays arabe le plus peuplé de la péninsule après l’Arabie saoudite. Sa population
comporte près de 50 % d’analphabètes, et au moins 35 % de la population
active est frappée par le chômage.
Les troubles politiques exacerbent la pénurie (rupture des approvisionnements
en tout genre, spéculation,…).
Encore, ses modestes revenus pétroliers qui assurent 70 % des ressources du
pays vont en s’amenuisant, au fur et à mesure que les gisements s’épuisent.
Toutefois le Yémen maintient par son attitude politique, l’unique démocratie de
la péninsule, permettant notamment aux femmes de voter depuis 1970, droit alors
inexistant dans les pays du Golfe.
Après l’unification de l’année 1990 du Nord et du Sud du pays, le multipartisme
politique est effectif, la liberté d’expression est totale, tout comme la liberté
d’association. Toutefois, la pratique démocratique est soumise aux initiatives du
président : la durée des mandats, les membres des cabinets, le commandeur des
armées,… En dépit de quoi la communauté internationale estime que le Yémen est
en train de réussir sa transition et sa démocratie, notamment par rapport aux autres
pays de la péninsule.
La récente offensive saoudienne contre les groupes Houthis, serait sous prétexte
que « le gouvernement yéménite leur a demandé d’intervenir contre les rebelles chiites »,
alors que le peuple yéménite toutes tendances confondues protestait massivement
contre ce gouvernement illégitime.
Qui sont les Houthis?
« Houthis » est une récente appellation désignant les partisans de Zaid Ibn Ali
(les Zaydites) qui gouvernaient le Yémen dès 898. Or une partie des enseignements
religieux dans lesquels s’inscrivent les convictions zaydites se trouve chez les
Sunnites et non chez les chiites. Car les Zaydites ne se conforment pas à tous les
grands principes chiites, par exemple ils ne croient plus au besoin de la présence
d’une autorité religieuse chiite centrale pour tous les chiites du monde, ils estiment
que chaque pays peut élire un imam pour sa propre communauté.
C’est avec la création de la république arabe du Yémen en 1962, que le pouvoir
de l’Imamat des Zaydites a connu sa fin, suivie éventuellement par l’appellation
« Houthis » désignant les partisans de Hussein Badreddin Al-Houthi.
Autrefois, les Zaydites combattaient les troupes égyptiennes de Nasser avec l’aide
militaire saoudienne et étaient les principaux alliés de la monarchie saoudienne
contre le nationalisme arabe de Nasser. Or les Houthis ont très peu changé depuis
les années 60 dans leurs croyances religieuses, alors que les intérêts et alliances saoudiens
ne sont plus du tout les mêmes, voilà un point de désaccord fondamental.
Hélas plus tard dans l’année 1990, le Yémen s’oppose à l’intervention militaire
occidentale dans le Golfe, et soutient officiellement Saddam Hussain : les
conséquences socio-économiques sont désastreuses pour ce petit pays déjà pauvre :
quelque 900 000 Yéménites installés dans divers pays du Golfe sont refoulés sur
leurs terres d’origine. L’équilibre politique fragile est maintenant brisé, facilement
exploitable de l’extérieur. Il s’en suivit la guerre civile de 1994.
Avec Al-Qaïda installé fermement dès les années 2000 au Yémen en y faisant
sa base arrière centrale pour toute la péninsule, depuis l’année 2001 ce pays fait
aussi l’objet d’une attention particulière de la part des États-Unis et de leurs alliés,
notamment du fait des attentats du 11 septembre 2001.
Ces éléments confondus par les convoitises de l’Arabie Saoudite et de leurs alliés
ont fourni les acteurs de la révolution yéménite de 2011, dont les buts étaient8 :
– la chute du régime oligarchique oppressif d’une famille unique,
– la construction d’un état civil démocratique,
– adapter l’enseignement national aux besoins et aspirations du peuple,
– une structure économique nationale n’écartant aucun citoyen,
– une armée nationale moderne qui serve la nation,
– et garantir l’indépendance et l’impartialité du pouvoir judiciaire.

L’attaque militaire récente par l’Arabie saoudite contre le Yémen suit celles perpétrées
en 2009 et 2010 et qui ont d’une part fait 1 600 000 victimes, d’autre part
abouti au retrait des troupes saoudiennes.
Cette guerre est devenue un cas de figure à part, aucun principe ni valeur militaire
international n’y trouvant son compte.
Mais au-delà des prises de positions diplomatiques et des déclarations verbales
des responsables politiques, qui sont les vrais antagonistes de la crise actuelle au
Yémen et quels sont leurs motivations ?
Dans cette récente offensive, l’Arabie saoudite a dès le début mobilisé
150 000 militaires et 100 avions de combat, les Emirats arabes unis ont engagé
30 avions de combat, Bahreïn et Koweït 15 appareils chacun et le Qatar, dix. En
plus de ces pays du Golfe, voisins du Yémen, l’opération mobilise d’autres pays
alliés de l’Arabie saoudite comme l’Égypte, la Jordanie, le Soudan, le Pakistan et le
Maroc. La Ligue arabe a exprimé son soutien total à la coalition.
À côté de cela, ce sont des centaines de milliers d’enfants yéménites qui subissent
les effets ravageurs de ce conflit. L’UNICEF confirme que durant la même période
de temps, au moins 140 enfants ont été recrutés par des groupes armés, tandis que
23 hôpitaux ont été attaqués et 30 écoles ont été endommagées ou occupées par les
parties au conflit.
La guerre au Yémen vise aussi à détruire les infrastructures du Yémen et surtout
son armée et ses alliances.
Cette guerre, de par la configuration géographique, est donc une guerre géopolitique.
L’Iran et l’Arabie saoudite, déjà en confrontation religieuse ouverte depuis
des siècles, s’opposent maintenant au Yémen, surtout que celui-ci peut inquiéter le
passage d’une partie importante du commerce mondial dont 40 % de l’exportation
pétrolière des pays du Golfe.
Les alliés de l’Arabie saoudite sont uniquement motivés par l’opportunisme
financier et géopolitique sans appréciation des droits des Yéménites. Ces alliés sont
la Jordanie, l’Égypte, les Emirats arabes unis, le Qatar, le Bahreïn, la Turquie, le
Pakistan, le Soudan, le Maroc et les différents mouvements de frères musulmans
derrière lesquels se trouvent évidement les États-Unis, qui aux cotés de certains
pays européens comme l’Angleterre et la France ont augmenté leurs ventes d’armes
dans la région.

Si l’on examine la situation, au Yémen, entre janvier et mars 2015, on observe
que le mandat du Président Mansour Hadi s’est achevé en février. Or, celui-ci dé-
missionna de son poste en janvier, avant de se réfugier à l’extérieur du pays : ce
serait alors un président contesté, démissionnaire et en exil qui aurait demandé une
intervention militaire étrangère… non pas à l’Organisation des nations unies dont
le Yémen est membre, mais à l’Arabie saoudite, pays répressif, en matière de droits
de l’homme et qui n’expose à ce jour aucun plan de paix clair pouvant prendre le
relais d’une intervention militaire.
L’objectif saoudien dans leur soutien au président Hadi est double : d’un côté,
prévenir l’arrivée au pouvoir yéménite d’un régime politique hostile à la politique
régionale de la monarchie saoudienne et, de l’autre, maintenir son voisin à l’arrière
de l’Arabie saoudite sur le plan géopolitique…
Si le droit international admet qu’un pays extrémiste et totalitaire vienne imposer
son « aide » à un autre pays en difficulté, il est pertinent de se demander sur quels
critères est fondée l’intervention militaire du Conseil de Coopération du Golfe et
de leurs alliés,au Yémen9.
Il est clair que le bien-fondé de la guerre imposée au peuple yéménite reste
encore à démontrer, de même que sur quelle résolution de l’ONU – en l’absence
d’un gouvernement légitime, à Sanaâ – Riyad, a pu mener ses frappes militaires
incessantes contre des cibles civiles, au Yémen, pays dont la situation nationale
relève alors d’une anarchie de seigneurs de guerre ! En fait, dès lors qu’il n’existe
plus d’administration, que l’armée est désorganisée, dans l’incapacité d’accomplir
sa mission de défense, qui, au Yémen, est, donc, habilité à prendre des décisions,au nom de l’État10 ?
Aussi, les autorités yéménites, ne contrôlaient plus le Yémen, ne représentaient
plus leur peuple, et donc n’avaient plus de légitimité, si ce n’est celle que lui accorde
le soutien des habituels, responsables directs et/ou indirects, des situations chaotiques,
en Libye, en Syrie, en Irak et ailleurs, avec le soutien multiforme – logistique,
renseignement, livraisons d’armes – par les États-Unis et certains pays occidentaux.
De fait, beaucoup d’incohérences sont relevées, dans la manière dont laquelle le
cas du Yémen a été traité, singulièrement, par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui
semble donner quitus à ceux qui veulent remodeler [par la force] le Moyen-Orient.
Alors, avant de tenter de trouver des solutions à cette crise depuis l’extérieur
au Yémen, qui ne promet que d’autres bouleversements pour le monde arabe, il
paraît clair, que le dialogue inter-yéménite est le seul moyen de sortir de la crise et
de rétablir la paix et la stabilité : la formation d’un gouvernement d’unité nationale
est nécessaire pour représenter le Yémen devant les instances internationales et sans
aucune ingérence étrangère.
Alors dans tout ce chaos, il convient de se demander où sont les instances internationales
qui veillent à la justice, à la liberté et à la paix, éléments indispensable à
la dignité humaine, au sein de toutes les nations ?
Notes
1. Jean-Christophe Victor, Mondes arabes – Le Dessous des cartes, 10 septembre 2011.
2. Assemblée nationale, rapport n° 2191.
3. Youssef Courbage, Emmanuel Todd, Le rendez-vous des civilisations, Éditions du Seuil, coll.
« La république des idées », 2007.
4. UNESCO, Les politiques culturelles au Maghreb, Paris, UNESCO, 2007.
5. Béligh Nabli, Comprendre le monde arabe, Armand Colin, 25 sept. 2013.
6. M’hamed Zriouli, Monde arabe: gouvernance démocratique et développement sociale durable,
Eds. Okad, 2003.
7. Faiçal Jalloul, Le mouvement Ansar Allah « El Houthiste » quel projet politique pour le Yémen ?
Géostratégiques, Juillet 2015 n° 45.
8. Maggy Grabundzija, Yémen : Morceaux choisis d’une révolution, mars 2011- février 2012,
L’Harmattan.
9. Ali AL-Yaqoobi, Y a-t-il une base constitutionnelle ou légitime à la demande, faite par Hadi,
d’intervention saoudienne au Yémen? Géostratégiques, Juillet 2015 n° 45.
10. Elie Hatem, Les aspects juridiques de l’intervention militaire au Yémen, Géostratégiques, Juillet 2015 n° 45.

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