ENNAHDA : LES MUTATIONS DE L’iSLAMISME

Jean-Michel SALGON

TUNISIEN

Politologue, spécialiste du Maghreb, coordinateur du Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, Bayard, 2009.

Le retour du parti islamiste Ennahda sur la scène politique tunisienne suscite un débat controversé. Le thème du danger islamiste est à nouveau évoqué par des intellectuels et une frange non négligeable de la société civile. Durant les dernières années du régime du président Ben Ali le mouvement Ennahda a tenté de se réorganiser, de remettre en place des réseaux clandestins. De très nombreux cadres, militants ont été relâchés entre les années 2002 et 2007, la plupart du temps dans le cadre de libérations collectives décidées au plus haut niveau de l’État.

The return of the Islamistparty Ennahda to the Tunisian political scene raises a controversial debate. Intellectuals and a significant fringe of the civil society discuss again the theme of the Islamist threat. During the last years of the regime of President Ben Ali, Ennahda tried to reorganize itself and to reinstall its secret networks. Numerous executives and militants were released between 2002 and 2007, mostly as part of a collective liberation decided at the highest level of the government.

dans une tunisie marquée par un climat délétère – des contestations sur la date de la tenue des élections, les premiers procès relatifs aux anciens caciques du ré­gime défunt et par des mouvements de protestations de tous ordres – le mouvement islamiste Ennahda, l’une des principales forces politiques du pays est au centre de nombreux débats.

Les déclarations fracassantes d’un ancien ministre de l’intérieur sur un éventuel complot militaire ont été à l’origine de troubles importants en mai 2011 comme de suspicions nouvelles. Farhat Rajhi, lors d’une interview a évoqué en effet un « gouvernement de l’ombre » et fait état de l’existence d’un projet de coup d’Etat fomenté par Rachid Ammar, le chef d’état-major inter-armés, dans l’hypothèse d’une victoire électorale du parti Ennahda.

En dépit de démentis des manifestations violentes ont été organisées dans plu-
sieurs villes (Tunis, Kairouan, Gafsa, Sfax). Le thème du danger islamiste est à

nouveau évoqué par des intellectuels et une frange non négligeable de la société civile.

20 ans de répressions

Durant plus de vingt ans de 1990 à janvier 2011, le parti Ennahda a été l’ob­jet d’une répression incessante, impitoyable. 30 000 personnes au total auraient été inquiétées pour appartenance ou soutien à cette organisation : des cadres, des militants, des sympathisants mais aussi des proches soupçonnés d’apporter une as­sistance ponctuelle.

Pour simple délits d’opinions, des peines de prison souvent très élevées ont été prononcées par des tribunaux. Entre avril et juillet 1991, près de 250 militaires (officiers supérieurs, officiers, sous-officiers et hommes de troupes) ont été arrêtés. Accusés, en liaison avec l’organisation Ennahda, de préparer un complot afin de renverser le régime, ils ont été détenus et pour la plupart condamnés à des peines de prison. Une fois libérés, ils ont été privés de leurs pensions et surveillés par la police politique. Certains d’entre eux dénoncent aujourd’hui un « complot monté de toutes pièces par les services spéciaux de la sûreté de l’Etat. »1. Ils demandent une réhabilitation et s’adressent aux autorités pour exiger des explications.

Durant les dernières années du régime du président Ben Ali le mouvement Ennahda a tenté de se réorganiser, de remettre en place des réseaux clandestins. De très nombreux cadres, militants ont été relâchés entre les années 2002 et 2007, la plupart du temps dans le cadre de libérations collectives décidées au plus haut ni­veau de l’Etat. Soumis à des régimes de liberté surveillée, les militants ont éprouvé des difficultés pour s’impliquer à nouveau dans des actions militantes ou contacter simplement des anciens partisans. Certains responsables, comme Sadok Chourou, ont été à nouveau arrêtés puis incarcérés pour avoir tenté de reprendre une activité politique ou exprimer publiquement une opinion. En milieu universitaire, la mou­vance isl amiste a créé en 2004, un courant sous la dénomination de « courant des étudiants indépendants » qui a progressivement entamé des actions collectives à Tunis, Sfax et Bizerte. A partir de l’année 2007, ledit courant a exercé ses activités en liaison avec des représentants du mouvement Ennahda. Des étudiants ont été arrêtés, d’autres ont été expulsés un temps de l’université.

Le retour, la renaissance

Lors des émeutes de janvier 2011 aucun slogan islamiste n’a pourtant émaillé les rassemblements de protestation. La direction en exil du parti s’est contentée de manifester son soutien aux manifestants sans lancer d’appel explicite à renverser le régime.

Après la fuite du président Ben Ali le 14 janvier 2011, le dirigeant historique du mouvement Rached Ghannouchi annonce son retour prochain en Tunisie, les anciens prisonniers politiques réapparaissent en public dans les manifestations. Rapidement des réunions sont organisées pour préparer un retour sur la scène po­litique officielle. L’arrestation le 12 mars 2011 de l’ancien ministre Abdallah Kallel a été pour le parti un signe très important de normalisation. Cet ancien dirigeant, trésorier du parti présidentiel, sous l’ancien régime, a été à deux reprises ministre de l’intérieur notamment lors des années de répression impitoyables (de février 1991 au 24 janvier 1995). Sous son autorité les services de sécurité ont décapité le mouvement Ennahda en procédant à des milliers d’arrestations et ont autorisé un recours à la torture.

Le 30 janvier 2011, Rached Ghannouchi a pu se rendre à Tunis des milliers de militants et sympathisants se sont déplacés à l’aéroport pour l’accueillir. Rapidement une demande d’agrément a été déposée le 1er février, par une délégation de sept per­sonnes. Le parti a décidé de mettre en place une direction provisoire.

La presse a été convoquée : la composition des nouvelles structures a été révélée publiquement le 7 février.

Président : Rached Ghannouchi

Secrétaire général : Hamadi Jebali

Comité constitutif : 33 membres dont 4 femmes

Président du comité constitutif : Ali Larayedh

Bureau exécutif (13 membres chargés de domaines spécifiques : planification,
éducation, formation, justice)

Noureddine Birhi, Abdelhamid Jelassi, Samir Dilou, Mohamed Ben Salem, Karim Harouni, Ridha Saidi, Sahbi Attig, Walid Bennani, Farida Abidi, Monia Ibrahim, Ajmi Lourimi, Kamel Ajjam et Abdallah Zouari.

Tous les dirigeants du parti ont été victime, à des degrés divers, de persécutions sous l’ancien régime. Rached Ghannouchi, avant son départ en exil, a subi deux périodes de détention de 1981 à 1984 puis de 1987 à 1988. Hamadi Jebali, le secrétaire général ancien responsable de la publication Al Fajr, a été détenu durant quinze années (1991-2006). Le président du comité exécutif Ali Larayedh a effec­tué une détention d’une durée de quatorze ans.

La nouvelle configuration des sphères dirigeantes témoigne d’une volonté de renouvellement en confiant des responsabilités importantes à des cadres du mou­vement ayant dans la clandestinité exercé un rôle durant la décennie précédente comme les avocats Samir Dilou et Nourredine Bhiri ou l’enseignant en sciences islamiques Sahbi Attig. Le 1er mars 2011, le parti est agréé, une nouvelle ère débute.

Le refus de la violence, des appels à la tolérance et à l’ouverture politique

Dès sa réapparition sur la scène politique le parti Ennahda a émis, par le biais de ses dirigeants, des déclarations apaisantes dans un contexte trouble marqué par des violences. Dans un communiqué Rached Ghannouchi condamne les manifes­tations organisées, durant les premières semaines faisant suite à la fuite du président Ben Ali, par une partie de la mouvance islamiste notamment l’organisation Hizb Al Tahrir (parti de la libération). Ces rassemblements prenaient notamment pour cibles des débits de boissons alcoolisées et des maisons closes. L’une de ces mani­festations organisée devant la synagogue de Tunis a été émaillée d’incidents et de slogans antisémites.

Le parti a affirmé à cette occasion son attachement « aux valeurs d’ouverture et de tolérance dont le peuple tunisien, toutes catégories confondues, est imprégné ». Quelques jours plus tard, la direction du mouvement Ennahda a condamné le meurtre d’un prêtre polonais égorgé le 18 février 2011 dans la localité de Manouba.

Dès la fuite de Ben Ali, le mouvement a multiplié par ailleurs les contacts avec les représentants des différents partis présents sur la scène politique non liés au régime défunt.

Ainsi on a pu constater qu’alors que le gouvernement dirigé par Mohamed Ghannouchi était confronté à des démissions puis à des manifestations de protes­tation, Ennahda participait à la création, en lien avec d’autres organisations dont l’UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) et le CPR (Congrès pour la république), d’un conseil national de la protection de la révolution.

L’acte le plus important du parti, depuis l’instauration d’un processus démocra­tique, a été de soutenir clairement le principe d’une parité hommes-femmes pour la composition des listes à l’occasion du scrutin devant désigner les membres de la future assemblée nationale constituante. En adoptant cette position, les dirigeants islamistes ont tenté d’apporter une réponse cinglante à leurs détracteurs sur un thème hautement symbolique. Quelques semaines auparavant, le jour de la journée de la femme, Nourredine Bhiri, membre du bureau exécutif, avait affirmé à la presse que son mouvement soutenait « les acquis de la femme tunisienne » y compris l’interdiction de la polygamie instituée par le code de statut personnel. Il déclarait par ailleurs : « nous ne trouvons rien dans le code de statut personnel qui soit en contradiction avec nos convictions, nos principes et nos valeurs »2.

Al Fajr, une publication atypique

Cette volonté d’ouverture apparaît de manière évidente dans le contenu et la stratégie éditoriale de l’organe du parti Al Fajr (l’aube), hebdomadaire diffusé à par­tir du 9 avril 2011. Cette publication est ancienne et a été marquée par une histoire tumultueuse. Autorisée à paraître une première fois en février 1989, sa rédaction a été l’objet de tracasseries répétées. Certains numéros ont été interdits de parution. Elle a cessé de paraître le 24 janvier 1991. Ces journalistes ont été arrêtés et détenus, dont Abdallah Zouari (actuel membre du bureau exécutif du parti Ennahda) qui a cumulé dix-huit années de prison.

Après plus vingt années d’interdiction, Al Fajr a pu reparaître. Son contenu, sa ligne éditoriale ont surpris maints observateurs. La rédaction a marqué sa volonté de s’adresser à de larges pans de la population tunisienne et de ne pas concevoir une publication à vocation strictement politique.

Aucune page n’est consacrée à la religion. Dès le premier numéro, l’actualité culturelle est l’objet d’une attention toute particulière, avec des articles consacrés à des rappeurs tunisiens (El General, PsycoM), un entretien est accordé au dra­maturge et réalisateur Fadhel Jaibi pourtant connu pour ses opinions politiques peu favorables au courant islamiste. Une page célèbre le spécialiste d’arts martiaux Moncef Ouerghi. Des rubriques spécialisées sont également consacrées à d’autres thèmes : l’actualité internationale, les femmes, la jeunesse, l’humour. Les respon­sables du parti interviennent régulièrement dans les rubriques opinions ou actualité internationale. Depuis sa parution, la rédaction s’est refusée à attaquer frontale-ment et en des termes agressifs leurs détracteurs et adversaires politiques.

Cette volonté de retenue tranche singulièrement avec l’attitude adoptée par toutes les formations islamistes, durant les trente dernières années au Maghreb, lorsqu’elles conçoivent une nouvelle publication.

 

Une place singulière dans l’échiquier politique

Le discours modéré des dirigeants comme les engagements réitérés du parti sur le respect du jeu démocratique ont été salués par nombre d’acteurs politiques. Récemment la direction du Forum Démocratique du Travail et des Libertés (FDTL), membre de l’internationale socialiste, réaffirmait dans son organe de presse Mouatinoun sa position en des termes explicites : « Le FDTL entretient de bonnes relations avec Ennahda, qui se dit comme étant un parti civil et non religieux, dont les dirigeants ont affirmé leur engagement en faveur des acquis de la femme, de l’interdiction de la polygamie. » Interrogé sur un possible double langage du parti islamiste, Abdellatif Abid, membre du bureau politique, déclare dans les colonnes du même organe : « S’ils dévient par rapport à leurs engagements, nous serons contre eux (…) Le référentiel islamique d’Ennahda pourrait revêtir un caractère moral, c’est-à-dire rappeler les valeurs de l’islam en termes de justice, d’égalité, de tolérance, voire une religion qui n’impose à personne. Il n’y a donc aucune raison pour empêcher Ennahda d’être présent sur la scène politique »3.

Cette position n’est pas toujours comprise par nombre de personnalités poli­tiques en Europe. L’homme politique français Arnaud Montebourg en déplacement en Tunisie pour soutenir la cause du FDTL en tant que socialiste affirme pour sa part dans l’hebdomadaire Réalités à propos du parti Ennahda : « Je considère que ce sont des ennemis de la révolution du jasmin (.) Le parti islamiste, sous des attraits customisés ou repeints n’a pour raison d’être que de mettre des principes religieux au cœur de son action politique et donc de détruire la citoyenneté, les droits per­sonnels et l’égalité homme-femme. C’est sa mission. »4.

L’appréciation somme toute assez conciliante portée par les dirigeants du FDTL est pourtant partagée par des responsables politiques d’autres formations comme Hamma Hamami du Parti Ouvrier Communiste de Tunisie (POCT) ou Moncef Marzouki du Congrès pour la République (CPR). Elle s’est forgée dans les années 2000 à la suite de contacts répétés. Solidaires face à la répression menée par le régime du président Ben Ali, des représentants des différents mouvements se sont rencontrés régulièrement notamment en France.

Les 23, 24 et 25 mai 2003, Ennahda a participé à des rencontres de l’opposition organisées à Aix en Provence durant lesquelles est évoqué un projet « démocratique pour l’après dictature ».

Ces convergences ont débouché sur une plate-forme politique, à la suite d’un mouvement de grève de la faim spectaculaire qui débute à l’occasion de la tenue en octobre 2005 en Tunisie du sommet mondial de la société de l’information.

Huit opposants de diverses obédiences, dont Me Nejib Chebbi responsable du Parti Démocrate Progressiste (PDP), Hamma Hamami (POCT) et Abderraouf Ayadi pour le CPR ont mené une grève de la faim pour attirer l’attention de l’opinion sur la situation des droits de l’homme en Tunisie. Deux islamistes Mohamed Nouri et Samir Dilou se sont associés au mouvement désormais connu sous l’appellation de 18 octobre, date de départ de la grève. Peu après, un cadre d’action commune est élaboré et un « collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés en Tunisie » est créé. Ennahda a adhèré au collectif et a élaboré avec d’autres formations (FDTL, CPR, PDP, POCT et Unionistes nasséristes) une plate-forme politique.

Les membres dudit collectif ont définis à cette occasion des « principes fonda­mentaux intangibles » notamment « le principe d’égalité complète et effective de tous les citoyens sans discrimination ou préjudice sur la base de l’origine sociale, du sexe, de l’orientation intellectuelle ». En signant cette plate-forme les représentants du parti Ennahda ont également scellé les bases d’une future alliance.

Les prises de position actuelles des formations politiques tunisiennes précitées sur le statut à accorder au parti de Rached Ghannouchi ont donc des racines his­toriques.

 

Quelles alliances pour quel avenir ?

Dans un jeu politique fondé sur un mode de scrutin à la proportionnelle pour la prochaine élection à l’assemblée nationale constituante, le recours à des alliances est vital.

Sans jusqu’à présent contracter de pacte comme d’autres formations, le parti ménage des partenaires potentiels. Ennahda pourrait également rechercher l’appui de formations récemment légalisées, adoptant une ligne politique et idéologique presque similaire, par le biais d’alliances ponctuelles dans certaines circonscriptions.

Certains anciens membres ou sympathisants du parti Ennahda en rupture de ban sont à l’origine de la création de nouvelles organisations comme M. Khaled Traouli responsable du RRD (Rencontre Réformatrice Démocratique) un mouve­ment créé en 2005 et présent dans plusieurs régions du pays. D’autres partis, qui défendent l’identité arabo-musulmane de la Tunisie comme le Parti de la justice et du développement pourraient être également contactés.

Les opposants à Ennahda militent dans plusieurs partis et associations très actifs comme le parti Ettajdid, de l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2009 Ahmed Brahim, qui tente avec un certain succès de fédérer un vaste « pôle progres­siste et démocrate » présenté comme un rempart contre « le danger islamiste ». A la veille du retour d’exil de Rached Ghannouchi, des milliers de femmes ont manifesté dans le centre de Tunis à l’appel de l’Association des femmes démocrates (AFD) dirigée part la juriste Sana Ben Achour.

Aujourd’hui l’incertitude règne, la multiplication des revendications comme la persistance des menaces sur le plan sécuritaire sont de nature à conduire les diffé­rents acteurs à adopter des stratégies privilégiant l’attentisme et le pragmatisme.

Des unions, des pactes peuvent naître de convergences programmatiques. Dans l’attente des futures échéances électorales, chaque parti a créé en son sein des comités de réflexion chargés de mettre en place les bases d’un programme devant être soumis aux votes des militants. Force est de constater, l’existence de nombreuses convergences apparentes comme le flou des déclarations de principes des dirigeants des partis politiques tunisiens. Identiques célébrations des libertés collectives et individuelles, des principes démocratiques, de la séparation des pouvoirs, de la défense de l’indépendance du pays, du nécessaire développement des régions déshéritées du sud, de la cause palestinienne..

Il paraît somme toute difficile pour tout citoyen tunisien soucieux de son devoir de citoyen de son droit à l’information de distinguer les lignes de fronts claires entre toutes ces formations politiques agréées en quelques semaines.

Le parti Ennahda, par l’intermédiaire de ses dirigeants a fait part de quelques orientations générales qui devraient fournir les bases d’un programme politique. Si, comme la plupart des mouvements islamistes, Ennahda célèbre le libéralisme économique, la nécessaire dimension sociale de toute politique équitable est mise en avant. Le développement des régions du sud du pays, « mères de la révolution », est considéré comme une priorité nationale. En ce qui concerne la réforme consti­tutionnelle, les instances du parti privilégient un régime de type parlementaire pour éviter « un retour de l’autocratie » et insistent sur la nécessité d’une stabilité politique qui doit être favorisée par l’adoption d’un mode de scrutin adapté. En matière de politique étrangère Ennahda fait valoir sa volonté de réaliser pleinement « l’union du Maghreb arabe » comme « l’intention de soutenir les mouvements de libération partout dans le monde et de les encourager dans leur quête de liberté et de dignité ».

Le principal défi à relever pour l’organisation est désormais d’élargir son ancrage social. Les cadres, les permanents se recrutent à ce jour comme par le passé, dans les strates modernistes de la société, ils sont bien insérés du point de vue profes­sionnel (enseignants, médecins, ingénieurs, avocats.). Il faut désormais séduire de plus larges pans de la société tunisienne. Les résultats obtenus, lors des prochaines élections, dans les circonscriptions rurales, dans le sud du pays, dans des villes de tradition ouvrière, comme Gafsa, permettront de fournir des premiers indicateurs sur la popularité des thèmes du parti.

N’oublions pas qu’au Maroc, comme en Algérie, les partis islamistes ont pu se heurter à d’amères désillusions par le passé en considérant cette adhésion populaire comme acquise.

 

Notes

  1. Lettre ouverte du lieutenant-colonel Mohamed Ahmed, Réalités, semaine du 12 au 18 mai 2011, n° 1324.
  2. Agence France Presse (AFP), le 8 mars 2011.
  3. Mouatinoun, le 10 mai 2011, n° 148.
  4. Réalités, semaine du 12 au 18 mai 2011, n° 1324.

Sources

Entretien avec Mohamed Ben Salem (membre du bureau exécutif du parti Ennahda), Tunis, le 11 mai 2011

Entretien avec Lotfi Hidouri (journaliste à la rédaction de la publication Al Fajr), Tunis, le 13 mai 2011.

Entretien avec Oussama Ben Salem (dirigeant du courant des étudiants indépendants), Tunis, le 10 mai 2011.

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