Al-Nadjaf Al-Ashraf et les défis du monde contemporain

Abas Ali Hussein AL-FAHHAM

Vice-recteur de l’Université de Kufa.

Quand on m’a demandé de participer en France à une étude sur Al-Nadjaf et sa culture, j’étais très heureux par cette bonne opportunité qui permettra des échanges de connaissances et non pas une simple présentation de notre culture nadjafie. C’est pourquoi, j’ai tenu que ma contribution soit sous forme d’autocritique de ma ville natale. « Al-Nadjaf et les défis du monde moderne », il semble que le sujet n’est pas facile à cause de l’exem­plarité de la sacralité de ce lieu saint dont nous avons reçu une éducation spécifique. Cette exemplarité de la sacralité pourra nous mettre à l’abri des changements qui se passent autour de nous, mais qui peuvent nous toucher un jour. C’est pourquoi, j’ai essayé par tous les moyens d’être objectif, en retenant quatre défis essentiels, classés en ordre de gravité :

  • Premier défi : La globalisation.
  • Deuxième défi : L’ouverture sur l’autre.
  • Troisième défi : Les traditions face aux sciences modernes
  • Quatrième défi : La construction et le fondement de la prospérité

J’ai exposé dans un préambule la nature universelle de cette ville sainte chez les musulmans puisqu’elle abrite le mausolée d’un homme bien aimé, le quatrième calife. D’une part, les chiites l’adorent, il est leur guide et leur Imam. D’autre part, tant de fidèles choisissent d’être enterrés auprès de lui à Nadjaf.

Dans l’espoir que cette étude soit objective, mais si je ne suis pas arri­vée à me détacher complètement de mon aliénation éducationnelle, Je me contente au moins d’avoir essayé, et j’appelle Dieu miséricordieux à l’aide.

La nature universelle de Nadjaf et sa culture

Le Nadjaf est une colline élevée entourée de l’ouest par la mer, et de l’est par la terre. Il est au centre ouest du bassin de l’Euphrate (Fûrat). Étymologiquement c’est une colline ou presque. Al-Zoubeîdi dans son dic­tionnaire Taj Al-Ârous écrit : « Al-Nadjaf et Al-Nadjafa est un mont dans la banlieue de Kufa, c’est un obstacle au ruissellement de l’eau pour ne pas atteindre ses cimetières et ses habitations… Et Nadjaf est un village à la porte de Kufa. Ishâq Ibn Ibrahim Al-Maôusali disait : Les gens de montagne ou de plaine ne trouveront pas un air plus propre et plus vif. Sa terre est parfumée au musc ou d’ambre gris extrait des cachalots par un parfumeur »}

Les recherches scientifiques entreprises révèlent que Nadjaf était bien le port de l’arche de Noé.2 Cette ville arabe, irakienne, présentent des racines très profondes dans l’histoire de l’humanité. Ses diverses nominations dévoi­lent un passé glorieux. Son ancien nom est Banqia comme dit Al-Hamaoui et signifie 100 brebis en Nabatéen : (Ba signifie 100 et Naqia signifie brebis).

En effet, le Prophète Abraham en route vers La Mecque pour la construc­tion de la Kaâba, a passé la nuit dans ce lieu. C’était une très bonne nuit, calme, sans secousses, alors la population demanda à Abraham de demeurer parmi eux. Mais il était en mission, il ne pouvait pas s’attarder. Cependant, il s’est racheté par 100 brebis en demandant que ce lieu soit une demeure aux passants et aux voyageurs3. Et parmi ses noms « Adhakawat Al-Bëid » et « KhadAl-Adraa » qui signifie : la joue de la vierge. Avant l’Islam, cette ville a été intégrée à la civilisation de Hira. Ils y avaient plusieurs monastères et des abbayes dont les noms sont gravés sur les vestiges.

Au début du christianisme, La population de Nadjaf était des pures Arabes de Nastoria et leur monastère Marte Marie se situait au sommet qui dominait les environs4. Plusieurs poètes ont composé de grands poèmes qui témoignent de la beauté de ces monastères. Al-Tharwani a été un pen­sionnaire aux abbayes et aux monastères. Il a été aussi un poète insolent qui exprimait des images de la vie quotidienne et des fêtes dans ces monastères5 :

A la Grande Marte Marie, arrête-toi dans l’ombre Le Ksar d’Abî Al-Khassib supervise tout le Nadjaf Des airs de jeux sont protégés par des plantes Sur des palmiers bien gardés, les pigeons recoulaient

Abû Nawas décrivait le monastère Hinna à Héra qui était le refuge des vulgaires :

Ô Monastère Hinna qui pourra être lucide En ton sein, moi, je ne le serai jamais6

Le Cheikh Al-Waîli, un poète plus récent chantait Al-Nadjaf :

Au monastère de Hind, les jeunes filles étaient de passage Elles avançaient par coquetterie avec le désir de plaire En cortège, leurs poitrines étaient gonflées vers le ciel 7

À l’époque islamique, Al-Najaf est devenu un cimetière et fut appelé le cimetière de Kufa ou le dos de Kufa. Et quand le Calife Ali a fait de Kufa sa capitale, alors tous ses fidèles l’ont pris pour résidence malgré les crises intenses. Sans doute Kufa est devenue la ville musulmane la plus impor­tante. Son université s’est ouverte aux sciences arabes, au Fiqh, au droit, aux sciences expérimentales, à la chimie. Elle a accueilli plusieurs érudits et des sommités sont arrivées du monde entier. Ce qui a donné aux élèves une solide formation très approfondie dans les diverses sciences. Dans sa der­nière volonté, l’Imam Ali a souhaité être enterré très discrètement à Nadjaf. Ce n’est que plus tard à l’époque de Harûne Al-Rachid que le tombeau de l’Imam Ali a été authentifié. Ainsi, Nadjaf est devenu une ville sainte par la présence du mausolée de l’Imam Ali. Alors les gens venaient effectuer le pèlerinage et souhaitaient être enterrés auprès de l’Imam.

Le Cheikh Al-Tusi s’est implanté à Nadjaf en 1020, (460 A.H.) pour créer Al-Hawza Al-Îlmiyya, école du Fiqh (droit Jaâfarite). Depuis cette époque, le Nadjaf est devenu un centre d’études prépondérant pour la dif­fusion des sciences chiites de Ahl Al-Bayt (Famille de l’Imam Ali). Donc la présence du mausolée de l’Imam et la création de Al-Hawza ont été des atouts pour que Nadjaf devient un centre très attractif, dont le rayonnement est très fort à travers le monde musulman. Actuellement, Nadjaf est qualifié par un Islam modéré du juste milieu, loin de l’extrémisme et l’obscuran­tisme, car, de tous les temps l’école de Nadjaf a toujours suivi la méthodolo­gie de Ahl Al-Bayt. Un discours religieux rationnel qui s’ouvre au dialogue scientifique, à la concertation, à la liberté de l’expression et à l’ouverture aux autres religions. L’essentiel, c’est d’être à l’écoute des besoins et des malaises des communautés. Donc, cette universalité se résume en 6 points :

  • – Le mausolée de l’Imam Ali un patrimoine commun à tous les musul-

mans, chiites et sunnites.

  • – Al Hawza Al-Îlmiyya est un organe de référence pour toute la communauté chiite.
  • – Le cimetière De Oued Al-Salam est le plus ancien et le plus grand panthéon musulman où se trouvent les tombeaux des rois et des no­tables du monde entier.
  • – C’est un grand Forum pour la culture, la poésie, la littérature, la linguistique et le droit à travers l’histoire pour un rayonnement in­ternational permanent.
  • – L’esprit de la tolérance doit être une règle fondamentale du discours religieux pour régir les relations entre les décideurs et les citoyens de cette ville.
  • – Assurer la durabilité du tourisme religieux et l’ouvrir davantage pour faire bénéficier plus de monde.

Premier défi : la globalisation

La globalisation en toute simplicité c’est un phénomène pour globaliser l’économique et le culturel que le monde rencontre aujourd’hui, sans négli­ger pour autant les autres domaines politiques, sociale, mais la globalisation culturelle et économique reste en premier plan. Car la dernière révolution technologique, ou la troisième révolution de l’histoire humaine, dans le do­maine de la communication et de l’information a fait de cette globalisation plus que jamais un phénomène très visible aux yeux de tout le monde8.

Sans doute, la globalisation est le fruit du savoir pour couronner l’effort humain afin d’abolir les distances et rapprocher les populations des unes aux autres9. Cette proximité est utile pour le monde sur le plan commer­cial, politique, financier, des affaires, du savoir et des connaissances. Afin de consolider des liens internationaux. Ce qui m’intéresse à notre sujet, c’est la globalisation pour le savoir et les connaissances avec les problèmes de la mo­dernité et ses spécificités particulières. Et je ne m’arrêterais pas au problème de l’idéologie du capitalisme international qui projette peut-être un nouvel ordre mondial pour imposer sa suprématie ou les soupçons contre la globa­lisation qui cherche à faire avaler les petits pays par les superpuissances afin qu’elles aient un marché à ses produits. « Le monde est un marché global. »10 En tout cas, ce sujet est polémique et ce n’est pas le moment de le traiter.

La globalisation présente aujourd’hui une organisation ouverte à la com­munication de la connaissance et de l’humanisme sur plusieurs niveaux entre les villes du monde sans frontières au détriment des idéologies conser­vatrices et des organisations nationalistes surtout au Moyen-Orient. La glo­balisation permet de faire passer l’information sans censure. Elle adopte une philosophie sur le principe d’un village planétaire pour un seul espace11. Chaque citoyen a le droit de s’informer et de communiquer librement via les réseaux Internet. Ainsi la globalisation a fait ses preuves en instaurant le principe de la liberté de l’information et de la communication ce qui va permettre d’avancer sur le plan de la transmission du savoir et du dialogue des cultures. Ce qui va assurer un progrès évident pour les connaissances et les civilisations dans le monde, comme il va permettre une concurrence loyalement légitime des courants de pensées évolutives.

Il est possible d’avoir des réticences en ce qui concerne l’identité cultu­relle. C’est un défi pour notre monde moderne ! Et la question qui se pose, Où sommes-nous, face à ce changement ? Est-ce qu’on s’est bien préparé pour confronter ces nouvelles exigences ? Est-ce que nous sommes prés pour faire face ? Ou bien, on va tout accepter sans défense. Auront-nous la possi­bilité de défendre nos convictions et nos spécificités ?

Tels sont les défis qui se posent à Nadjaf qui est resté un moment à la marge de la modernité à cause des guerres et des vicissitudes politiques. Les nouvelles générations n’ont pas encore acquis un fondement critique néces­saire leur permettant d’être consciemment bien assurés dans leur identité pour s’ouvrir sur le monde. Les statistiques démontrent que les jeunes géné­rations trouvent une facilité d’obtention de connaissances larges par le biais de l’Internet, mais elles ne prennent pas le temps pour approfondir le savoir dans le domaine historique et des croyances. Donc, il est possible de dire aujourd’hui que nous sommes des consommateurs d’un progrès importé et nous restons étrangers à l’extérieur du cycle de production. Ce qui va causer aux jeunes des perturbations, voir même des déchirures par manque d’assise et d’orientation. Désormais, ils sont une proie à la peur du passé et de l’ave­nir à la fois. Ils reçoivent des quantités d’ordres sacrés au nom de la religion, de Dieu, de l’histoire et ils devaient absolument s’incliner aux ordres malgré tout. Bon nombre de personnes savent bien que nous avons un patrimoine très riche à Nadjaf. C’est un véritable trésor, très important par sa diversité, car il se rapporte à toutes les branches des connaissances : droit, littérature, poésie, astronomie, philosophie… Il pourra devenir une source pour des études aux nouvelles générations et il sera une preuve que l’esprit arabe a été autrefois de haut niveau. Et pour reprendre le flambeau, il faut se remettre au travail.12

Mais ce patrimoine accumulé à travers les époques a besoin d’un travail énorme pour le remettre à jour, le codifier, le numériser pour le rendre acces­sible, à la portée des nouvelles générations. Ce patrimoine ne pourra devenir une dynamique pour un progrès d’avenir que s’il est travaillé, entretenu, dégagé de ses poussières par une critique constructive. C’est un véritable Océan riche par ses pierres précieuses en attente des joailliers. Il est possible de mentionner les travaux de Mohammed Baker Al-Sadr Falsafatûna (Notre Philosophie), Iqtisadûna (Note Economie) ou les jurisprudences de Sistani, ou encore Mohamed Hussein Al-Saghir, également les actes du colloque de l’Université de Kufa en trois tomes sur les défis de la langue arabe de 2010 ou le colloque sur le Coran de 2011 (Le Coran et les Question contempo-raines)13.

Deuxième défi : l’ouverture sur l’Autre

Il apparaît de ce défi un danger par la vision stéréotype sur la nature religieuse de Nadjaf qui l’accuse par l’excès du conservatisme et d’extré­misme chiite. Cette opinion toute faite en opposition à la culture d’une ville construite sur la tolérance et l’acceptation de l’autre. L’origine de ses directives vient directement de Ahl Al-Bayt. Une source bienveillante qui considère l’égalité et la fraternité pour l’humanité entière. Tous les Hommes sont égaux comme des dents d’un peigne. « Ô vous les Hommes, nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et grand Connaisseur. »14

Dieu nous accorde le libre choix : « A vous votre religion, et à moi, ma reli­gion »15. Sans doute l’ancien régime autoritaire a beaucoup travaillé dans un sens de ternir l’image de marque de la culture de Nadjaf. Il a coupé la ville de son environnement en accusant les opposants de soutenir financièrement le chiisme. Sans cesse, Nadjaf a été ballotté entre le bâton et la carotte !

L’essentiel est de se poser la question, est-ce que nous sommes vraiment des extrémistes sans le savoir ? Est-ce que nous avons vraiment des points faibles qui légitiment ces accusations ? Est ce que nous avons besoin des pro­grammes d’enseignement scientifiques qui vont nous rapprocher des autres et nous font bénéficier des ouvertures ?

Il faut apporter des réponses objectives à ces questions ! Il faut procéder à l’autocritique et remettre en cause notre situation. La loyauté, les yeux fermés, aux principes est insuffisante pour le bon sens. Il faut agir, quelle que soit la ligne de conduite quotidienne. Parfois un désavantage apporte le meilleur. Je pense que Nadjaf a beaucoup appris des années de révoltes en 1991 et après 2003. Malgré l’hémorragie qu’il a subi, les séries des assas­sinats des grands dignitaires chiites comme Mohamed Baker Al-Hakim et Azzedine Selim, Nadjaf se relève et se fait une santé en rejetant toute forme de violence. Le discours religieux de Sistani est rationnel, modéré préconi­sant une résistance non violente pour que le pays recouvre sa liberté et sa dignité. Tout en refusant les guerres des clans. Il a appelé à l’instauration des relations pacifiques et durables entre les chiites et sunnites ainsi que les autres communautés.

Ainsi nous pensons qu’il va falloir travailler davantage dans le sens du rapprochement et de consolider la culture de la paix et de la tolérance. Il est possible que le projet de Nadjaf capitale de la culture islamique soit béné­fique pour tous. La ville de Nadjaf sera heureuse d’accueillir des investisseurs pour entrer véritablement dans la modernité, la liberté, la démocratie et le respect des Droits de l’homme.

Troisième défi : les traditions face aux sciences modernes

Je voulais dire par les traditions ce système monotone et médiocre qui régit les institutions de l’enseignement et les autres institutions administra­tives. Je précise que ce système s’oppose toujours aux réformes et à l’émer­gence d’une culture post moderne16(16). Quoique les théoriciens contempo­rains réaffirment que la culture est devenue aujourd’hui plus importante que l’économie pour conduire le changement social. Il faut absolument trouver des entrées pour pénétrer l’espace malgré le verrouillage et assurer un chan­gement positif qui tient compte de toutes les idées aussi bien anciennes que modernes.17

Nadjaf est bien connu par son caractère classique qui soutenait les tradi­tions et ne favorisait pas facilement les réformes. Par exemple l’opposition à l’ouverture d’une école de filles en 1929. Des personnalités religieuses pré­tendaient à l’époque que cet acte est illicite et immoral. Pourtant la société nadjafie réaffirmait solennellement le besoin de la réalisation d’un tel pro­jet. Le grand poète de Nadjaf Mohamed Mahdi Al-Jawahiri a composé un poème à cet effet18 :

Instruisez là, l’exemple de Channara vous suffisez Rien ne sert de considérer la science un déshonneur Ça suffit à la régression, on ne peut même plus Résoudre les petits problèmes. Voilà notre situation et l’Occident se développe L’Orient considère la femme un déshonneur Et elle enfantait un aviateur

Dans le monde des femmes présidaient des Parlements, Et les femmes en Irak sont interdites De tracer un trait ou lire des livres

Dans d’autres poèmes Al-Jawahiri appelait aux réformes positives et à l’ouverture objective en refusant de prendre la religion comme prétexte pour l’immobilisme et l’archaïsme. Ainsi, il a été classé d’opposant et pourtant son grand père le Cheikh Hassan Nadjafi était une grande référence religieuse. Sans doute il existe à Nadjaf des personnalités qui ont réussi à prendre une position cohérente en s’ouvrant totalement vers la rationalité des réformes sans rejeter totalement les traditions utiles. En fait, il est nécessaire de faire un tri pour garder ce qui est bon et rejeter le mauvais. Mais pour arriver à ce stade il faut une formation de l’esprit critique et assurer une liberté d’expres­sion et d’information en créant des paraboles non alignées.

Ce qui est non dit, c’est le grand fossé qui sépare les religieux et les académiciens à Nadjaf. Les premiers pensent que l’enseignement dans les Académies se focalise essentiellement sur la vie terrestre et l’instruction religieuse est tout à fait secondaire. Par conséquent, cet enseignement est trop limité. Un autre problème épineux c’est celui de la mixité. Il semble que la majorité des femmes optent surtout pour les études académiques, ce qui présente un vrai problème.

Quatrième défi : la construction et le fondement de la prospérité

Les défis antécédents ont été classés en ordre de gravité, surtout sur le plan moral qui concerne le fonds du sujet et qu’il est difficile de changer cette approche. Mais, ce dernier défi concerne l’aspect extérieur de la ville pour la construction et le fondement de la prospérité. Cette problématique nous oriente vers la guerre contre la corruption et la bassesse qui se développent au sein de la nouvelle administration irakienne. Le dossier de la corruption administrative et financière est très long. Il n’est pas un nouveau né, il a déjà une histoire lointaine qui débute dans les deux décennies 1980-1990 au mo­ment de l’embargo. Il semble que la culture de la corruption est une concep­tion du défunt régime comme bombe à retardement dessinée à bruler le pays et tout détruire en cas de malaise. S’il est acculé à céder le pouvoir alors, il dé­truira tout l’héritage. Ainsi la perte sera généralisée. La nouvelle commission de transparence a évalué les séquelles financières avec des chiffres faramineux. Donc, il semble très difficile de lutter contre ce phénomène.

Ce qui m’a conduit à parler de la corruption, c’est le fondement de la prospérité à Nadjaf. Cette ville commerciale où se développe un tourisme religieux qui ne s’arrête jamais au cours de l’année a été marginalisée ex­près durant l’ancien régime par ce qu’elle est la capitale chiite et le berceau du mausolée de l’Imam Ali. La plus grande personnalité religieuse après le Prophète Mohammed. La ville est dépourvue de toutes commodités presti­gieuses et modernes comme : grands hôtels, grands avenues, grands stades, centres culturels. Cependant la population de Nadjaf a réussi à détourner ce manque considérable par la cohésion sociale et la solidarité endogène pour développer la culture arabe et les sciences islamiques. Ainsi Nadjaf se présente aves quatre quartiers comme une cité universitaire internationale dont l’épi-centre est le mausolée de l’Imam qui lui donne une dimension spirituelle.

Actuellement Nadjaf connaît une nouvelle ascension pour sa reconstruc­tion et la rénovation de son patrimoine. C’est une véritable ruche, où le travail est intense pour la construction du nouveau Nadjaf. Mais il manque encore une concertation rationnelle pour une planification des projets à long terme.

Nous souhaitons préconiser Nadjaf comme capitale culturelle du monde musulman en 2012, mais nous ne pouvons pas se contenter de la situa­tion actuelle. Pour que Nadjaf soit à la hauteur d’une capitale culturelle du monde musulman, il va falloir travailler mille fois plus. Il faut avoir une prise de conscience générale pour réussir le projet. Ce nous souhaitons, non pas une capitale virtuelle mais une capitale réelle sur le terrain. Ce n’est pas impossible, nous pourrons construire ensemble cette capitale. Mais, nous avons besoin surtout d’une volonté pour la construction.

Ce qu’il faut retenir pour conclure est que Nadjaf possède des atouts lui permettant d’être une capitale culturelle du monde islamique :

  • – La tolérance de son discours religieux et une compétence de compréhension et d’acceptation de l’Autre.
  • – Nadjaf apporte des réponses aux quatre défis : la mondialisation,

l’ouverture sur l’autre, les traditions face aux sciences modernes et la reconstruction et le fondement de la prospérité.

3 – Le projet de Nadjaf Capitale de la Culture islamique est une oppor-

tunité pour le rapprochement des religions, comme il est aussi une bonne occasion pour confirmer son identité nadjafie de tolérance sous l’égide du pardon de Ahl Al-Bayt.

 

 

 

Bibliographie

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Békoïn 1411 H. Notes

  1. Mohamed Mortathi Al-Zoubeîdi, Taj Al-Aroûs min Jawahir Al-Nûfous,Dar Al-Fikr, Beyrouth 1994. pp. 350-56. Voir également Al-Hamawi, Mûâjam Al-Buldane.
  2. Le passé de Nadjaf et son présent par Jaâfar Mahbouba. Études de Sami Al-Badri 1 à 13
  3. Yaqût Al-Hamawi. Mujam Al-Buldane, cit.
  4. Mohamed Ali Jaâfaf Al-Tamimi, La ville de Nadjaf.
  5. Muâjam Mastâjam Dictionnaire, Bekri, 579 p.
  6. Explication du Recueil d’Abî Nawas. Établi par Iliya Al-Hawi. Société International Beyrouth. 1987.
  1. Recueil de poésie de Cheikh Ahmed Walli. Sans date ni lieu.
  2. La culture arabe à l’époque de la globalisation par Turki Al-Hamad.
  3. Jon Tomlinson, La Mondialisation et la culture, notre expérience sociale à travers le temps et le lieu. Traduction Ihab Abd Al-Rahim Mohamed. Collection le Monde du Savoir. 2008.
  4. Hans-Peter Martin et Harold Schumann, Le Piège de la Mondialisation. Traduction par Adnan Abas Ali. Collection le Monde du Savoir. 1998.
  5. Ibid
  1. Ali Jaâfar Al-Tamimi, La Ville de Nadjaf, Dar An-Nacher wa Al-Taâlif. Nadjaf, 1372 (A.H.).
  2. La langue arabe et les défis de l’époque. Université Kufa. Faculté de l’Éducation Fondamentale. Imprimerie Organisation Sadoc Oman. 2010.
  3. Coran Sourate Al Hujurats, Les appartements. Verset 13.
  4. Coran sourate Al Kafirune, Les infidè Verset 6.
  5. Timmons Roberts & Amy HiteFrom Modernization to Globalization : Perspectives on Development and Social Change. Wiley- Blackwell, 2000. 388 p. Traduction Samar Chichkly. Révision Mahmoud Majed Omar. Collection Le Monde du Savoir. 2004.
  6. Turki Al-Hamad, La Culture arabe à l’époque de la Mondialisation, .Édit. Dar Al-Saqi, Beyrouth 1999.
  1. Recueil de poésie de Mohamed Mahdi Al-Jawahiri. 2ème Édit. Dar Al Houriya. Bagdad 2001.
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