La stratégie algérienne d’indépendance : la « révolution armée » et la « révolution diplomatique »

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Arezki Ighemat

Ph.D en économie et Master of Francophone Literature de Purdue University (USA)


Pour certains analystes politiques et historiens, l’Algérie a conquis son indépendance uniquement par la lutte armée (la « guérilla révolutionnaire »). Pour d’autres, elle l’a fait surtout grâce au plaidoyer qu’elle a fait au niveau international pour faire prendre conscience aux nations de la « Question Algérienne » (la « guérilla diplomatique »). D’autres, comme nous, pensent que l’Algérie a conquis son indépendance par la combinaison judicieuse des deux stratégies. C’est cette dernière thèse que nous analyserons dans le présent article.

For some political analysts and historians, Algeria conquered its independence solely through the armed struggle (the “revolutionary guerrilla”). For others, it did so mainly through its advocacy at the international level to make nations aware of the “Algerian Question” (the “diplomatic guerrilla war”). Others, like us, believe that Algeria gained its independence through a judicious combination of the two strategies. It is this last thesis that we will analyse in this article


« Nous [les Algériens] gagnerons parce que nous représentons la force d’un futur prospère, et vous [les Français], vous serez battus parce que vous voulez arrêter la roue de l’histoire qui vous écrasera, et vous voulez préserver un passé pourri que l’ère du temps a condamné à périr » (Larbi Ben M’Hidi, avant son exécution le 5 mars 1957).

L’épigraphe ci-avant indique que, lorsqu’un peuple est déterminé à se libérer du joug colonial, rien ne peut l’arrêter. C’est cette détermination qu’évoque le moudjahid Larbi Ben M’Hidi avant son exécution le 5 mars 1957 : « Nous [Algériens], nous gagnerons parce que nous représentons la force d’un futur prospère, et vous [les colonisateurs français] vous serez battus parce vous voulez arrêter la roue de l’histoire et vous voulez préserver un passé pourri que l’ère du temps a condamné à périr. » L’histoire lui a totalement donné raison : l’Algérie a reconquis sa souveraineté et le colonisateur français a perdu son « ex. colonie », prénommée illégalement « Algérie française ». La question qui est toujours en débat est celle de savoir si l’Algérie a conquis son indépendance uniquement par la lutte armée étant données les forces non asymétriques en présence entre la toute puissante armée française et l’armée algérienne aux moyens rudimentaires. Le débat continue encore, soixante ans après l’indépendance.

Certains analystes politiques et historiens pensent que l’Algérie a arraché son indépendance essentiellement sur le plan de la lutte armée à l’intérieur du pays, ce qu’ils appellent « Revolutionary Guerrilla » ou « guérilla révolutionnaire » ou encore « guérilla armée ». D’autres soutiennent, à l’opposé, que l’indépendance de l’Algérie a été gagnée surtout sur le plan diplomatique et au niveau international, ce qu’ils appellent « Diplomatic Guerrilla » ou « guérilla diplomatique ». Un troisième groupe de chercheurs – auquel nous adhérons – pensent que la guerre d’Algérie a été gagnée grâce à l’application simultanée et coordonnée de ces deux types de guérillas. C’est pourquoi nous diviserons cet article en deux parties. Dans la première partie, nous parlerons des circonstances dans lesquelles s’est déroulée la « guérilla révolutionnaire ». Dans la seconde partie, nous aborderons le combat de l’Algérie au plan international : la « guérilla diplomatique ».

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