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Ali Rastbeen
Président de l’Académie de géopolitique de Paris
Les pays du Proche et Moyen-Orient ont été et sont toujours pour la plupart en proie à de graves crises sécuritaires, économiques et sociales. Cet article vise dans un premier temps à en dresser les causes, de l’échec du panarabisme et du panislamisme à l’intégrisme religieux, en passant par le néo-colonialisme des puissances occidentales. Il tente ensuite de souligner certains éléments qui pourraient mener à la pacification et au développement de la région.
The countries of the Near and Middle East have been and still are for the most part in the grip of serious security, economic and social crises. This article first aims to identify the causes, from the failure of pan-Arabism and pan-Islamism to religious fundamentalism, via the neo-colonialism of Western powers. It then tries to highlight some elements that could lead to the pacification and development of the region.
Les territoires du proche et du moyen-orient sont les plus disposés à connaître des crises. Quelle en est la cause ? On peut classer ces pays selon différents critères : ethnique, religieux, national.
La difficulté de la question nationale dans ces pays réside dans le fait qu’ils sont issus des vestiges de l’empire islamique désintégré depuis des années.
Or, l’intégration de la langue arabe et de l’Islam les a séparés de leur histoire pré-islamique, les dotant d’une identité « arabe » avec une structure tribale.
Jusqu’à aujourd’hui, ils n’ont pu surmonter ces difficultés et n’ont pas réussi à faire disparaître les insoumissions et créer un peuple unique.
Les efforts entrepris, depuis plus d’un siècle, par les dirigeants dans le but de mettre en place une « unité islamique » et une « union arabe » face au colonialisme, sont restés vains1. Ce ne sont que des stratégies inutiles, ne servant plus qu’à remplir l’histoire de la région2. Le point commun des pays de la région réside dans leur retard social3. La structure de leurs sociétés et leurs relations avec les événements revêtent un caractère tribal. Si l’on ôte du Caire, d’Alexandrie, de Beyrouth ou de Bagdad leur apparence, on retrouve immédiatement les vestiges de l’ancien système du califat4.
La religion, non en tant qu’attrait vivant, mais comme principal facteur de retard, sévit sur la conscience sociale5.
Une situation similaire existe en Asie centrale, en Afghanistan et au Pakistan6. Le califat religieux a disparu depuis des siècles, mais les systèmes basés sur le modèle tribal qui régit la société se sont maintenus7. L’Islam politique en Afrique du Nord qui, au début, joua un rôle principal dans l’indépendance de ces pays, a par la suite démontré son incapacité pratique à instaurer un système de gestion stable8. Très rapidement, les gouvernements de ces pays tombèrent entre les mains des militaires.
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Notes
1. « L’Islam et l’État dans le monde d’aujourd’hui », Presses universitaires de France (réédition numérique FeniXX) par Olivier Carré, 1982.
2. « Les Arabes ou l’Histoire à contresens : Le monde arabe aujourd’hui » . N.p. : Albin Michel, 2017. Djalili, Mohammad – Reza.
4. « Les Arabes ou l’Histoire à contresens : Le monde arabe aujourd’hui » . N.p. : Albin Michel, 2017. Djalili, Mohammad – Reza.
5. Georges Comm, « Pensée et politique dans le monde arabe. Contextes historiques et problématiques, xixe -xxie siècle », Paris, La Découverte, 2015, 340 p., ISBN : 978-2-7071 8293-7 Rizk, Charles.
6. Bayram Balci – « Islam et politique en Asie centrale vingt ans de recomposition » – Novembre 2011. http://www.ceri-sciences-po.org
7. Kodmani Darwish Bassma et Chartouni-Dubarry May (dir. ), « Les États arabes face à la contestation islamiste », Paris, IFRI, 1997 ; 320 p.
8. « L’échec de l’islam politique », Paris, Le Seuil, 1994.