L’EUROPE À LA DÉRIVE

Général (2S) Henri PARIS

Président de DÉMOCRATIES.

1er trimestre 2012

L’Europe est à la dérive, car la crise qu’elle subit, importée des Etats-Unis, est structurelle et non circonstancielle. La crise est celle du néolibéralisme à tous crins qui laisse libre cours à une écono­mie financière marquée, par construction, de spéculation. L’économie réelle en souffre. C’est ce même libéralisme, traduit par le libre-échangisme qui permet aux Etats émergents de coloniser les pays industrialisés et développés au détriment de leur propre main d’œuvre, sous payée et réduite à la misère. La solution est dans une confédération européenne basée sur une politique commune, avec intervention de l’Etat déterminant et contrôlant les grandes options, dont la principale est la séparation rigoureuse entre banques de dépôts de d’affaires.

Europe adrift.

Europe is adrift, because the crisis it is undergoing, imported from the United States, is structural and not circumstantial. The crisis is that of wild neoliberalism that allows anarchy to a financial economy markedby construction and spéculation. Thereal economy is sufferingas a resuit. It’sthis samelibe-ralism, imnslated by free-exchangr, whichpeymim the devehaing Staresto mhnise indusirialued and devtla>ped counériesto their dnreCment oftheir own labour thatisunderiaidand ridIcaa tomisery. The solution is in a European confederation based on a common policy, with State intervention deter-mining and controlling the main options, of which the principal one is the rigorous separation between business deposit banks.

L’EuROPE-PUISSANCE ARMEE, l’Europe de la Défense est morteetenterrée dans lessablesdeLibye. Le17mars2011,larésolution 1973 duConseilde sécuritéde l’ONUconfiait,entreautres,auxFrançais, lemandatd’uneinterventionmilitaire. Le19mars,lesFrançaisportaientunepremièrefrappe,aprèsavoirœuvréavec les Britanniques à rassemblerunecoalitionde16pays, dontdeuxarabes.Durantdix jours, les Français se sont débattusvisantàplacerlacoalition sous égidedel’Union européenne. L’Europe de la Défense, enfin, verrait le jour ! La ministre de la Défense européenne in partibus,labaronneAshton, balbutiaunevague recommandation, sans plus.EnbonneBritannique,elles’étaitmontréefidèle servantedesAméricains en lamatière. LesAllemandsserefusaient àtoute action.Les otanistesdelacoa-lition s’effrayaient de nuire àl’Oncle Sam.De surcroît, audécomptedes moyens militaires, l’UE ne faisait pas le poids. Le 29 mars, il fallut se rendre à l’évidence et passerle commandementduthéâtre d’opérationsà l’OTAN. L’Europe-puissance militaire était morte. Le 31 mars, l’OTAN prend effectivementlecommandement. L’Europe-puissancemilitaireétaitenterrée.

Reprenant la phrase d’Henry Kissinger, la recherche de l’Europe aboutit à un téléphone qui égrène la litanie de l’abonné absent.

Se tourner vers l’Europe de l’armement ? L’Agence européenne de Défense : une compilation de bonnes intentions ! Pour armer qui ? L’Europe sociale est un songe, si ce n’est une utopie. Un appareil législatif européen qui tient séance, certes ! Mais dans quel but ? En revanche, prospère une bureaucratie sérieuse et sévère à Bruxelles, une bureaucratie sans débouché ! Des états-majors civils et militaires sans troupes !

Alors, que reste-t-il du rêve européen ? Une Europe économique et un marché, peut-être, et on en revient à l’origine, à la construction fondamentale de l’Europe parachevée qui devait être celle du traité de Maastricht de 1992, transformant une communauté en union. Le pacte de stabilité et de croissance de 1997 est le faîte de l’édifice. L’Union européenne dans sa version économique, très logiquement, devait promouvoir une monnaie commune aux termes du traité de Maastricht. C’est cette construction qui est en crise, plus que menacée d’effondrement parce que l’œuvre de destruction a déjà commencé. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour s’en apercevoir à l’aurore de 2012.

L’alternative est simple. Le premier terme consiste à laisser filer. Fuit Europa ! Resquiescat in pace ! Les géants américain et chinois n’ont plus qu’à continuer leur entreprise colonisatrice. Le deuxième terme invite à la défense de l’acquis européen, au refus de la colonisation.

En ce cas, afin d’élaborer un plan de reconstruction, de chercher une sortie de crise, il convient de s’interroger sur les raisons de la crise. En tout premier lieu, en préambule, il s’agit de définir la crise : est-elle circonstancielle ou structurelle ?

Les fondements de la crise européenne

La crise commença en 2008 par une déroute financière américaine qui gangrena le monde. La crise financière engendra une crise économique. La contagion améri­caine fit sauter le maillon faible européen en s’attaquant à lui, à plusieurs reprises, la Grèce. Les États-Unis opérèrent une sortie de crise par une intervention massive de l’État fédéral. La Grèce succomba en 2011 : un effondrement financier complet.

En préalable, le monde avait sursauté lors de la chute des bourses asiatiques en 1997. C’était une première alerte qui fut traitée par le mépris des Occidentaux, puisque les Chinois avaient réglé le problème.

La crise américaine, à sa source, est celle des subprimes, d’une bulle immobilière qui crève. Ce qui est en cause là, est typiquement américain : les Américains achè­tent leur logement, quitte à le revendre sans difficulté, lorsqu’ils changent d’emploi et donc, très souvent, de lieu de travail. La société américaine est ainsi en état de nomadisme permanent, en contrepartie d’une très forte mobilité. Très normale­ment, l’acquisition d’un logement demande un investissement obtenu par un cré­dit. Entrent dans la logique du marché des fonds spéculatifs, les hedge funds.

À bien noter qu’en France, les gouvernements, adeptes de l’économie de marché à tous crins, ont poussé à une politique d’achat massif des logements. L’idée pro­fonde des gouvernants était de faire de tous les Français des petits capitalistes avec la sanction électorale qui en découle en droite ligne. Et il se serait produit en France ce qui s’est produit aux États-Unis.

La crevaison de la bulle immobilière provoquée par des défauts de paiement en cascade des biens immobiliers, de leur hypothèque ne trouvant pas preneur et de leur mévente même à perte ne trouvant pas d’acheteur, a entrainé la mise au rancart des hedge funds qui avaient placé leurs disponibilités dans le secteur florissant des habitations. De là, a découlé une nouvelle cascade de faillites en tout genre, conta­minant le système bancaire américain dans son ensemble.

À fini par être atteinte une banque d’affaires et de dépôts de renom, Lehman Brothers. Le secrétariat d’État aux Finances pas plus que la Maison Blanche n’ont bronché. Que la loi d’airain du libéralisme s’accomplisse ! Morte la bête pourrie qu’était Lehman Brothers, mort au venin ! Tant pis pour les petits possesseurs ! Tant pis pour eux comme pour les assurés médicaux de sociétés d’assurance qui déposent leur bilan pour avoir placé leurs fonds dans des hedge funds en déconfiture ! Cela touche l’ensemble de la population américaine. La faillite de Lehman Brothers, maison mère, s’étend à toutes les filiales implantées à l’étranger. Et voilà l’étranger atteint par la maladie, d’autant plus que la cascade des dépôts de bilan continue et touche désormais une institution grandiose et prestigieuse dans laquelle ont fait leurs armes de nombreux dirigeants américains : l’établissement bancaire Goldman Sachs qui a trop d’actifs pourris, c’est-à-dire des actifs dont le montant nominal ne représente plus rien, à la suite de spéculations aventureuses. Les États-Unis revi­vaient la crise de 1929 et, globalisation aidant, le monde occidental vacillait.

Le libéralisme n’était plus de mise dans sa patrie. La Maison Blanche prit la dé­cision de passer outre au dogme. La Réserve fédérale, la FED, renfloua en masse les établissements bancaires. Il en fut de même dans l’ensemble du système monétaire international gangréné.

Rivalisant d’impudence, les établissements bancaires américains et européens fêtèrent leur rétablissement, rétablissement opéré aux frais du bon peuple
contri­buable !

On dansait sur un volcan.

Depuis une dizaine d’années, les États-Unis avaient versé dans un déficit per­manent de leur budget fédéral comme de plusieurs États, la Californie en tête, mais aussi de leur balance des paiements extérieurs. Les Américains financent leur déficit grâce à leur monnaie. En effet, le dollar est monnaie de réserve internatio­nale et sert donc d’instrument de règlement à l’échelle de la planète. Entre autres, le prix du pétrole est libellé en dollars. Les Américains émettent donc de la mon­naie, en inondent la planète et exportent ainsi leur déficit. L’aspect le plus criant du système est la dette publique américaine qui, au 15 novembre 2011, atteignait 15.033,6 milliards de dollars, soit sensiblement le niveau du PIB.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que les agences de notation aient baissé la note oc­troyée à l’entreprise que sont les États-Unis, ce qui élève le taux de l’emprunt. Grâce au statut de leur monnaie, les Américains peuvent continuer à exporter leur déficit. Un autre moyen, d’ailleurs employé, est la création de monnaie, quitte à ce que le dollar subisse une dépréciation, ce qui revient à organiser une inflation supportée par le reste du monde.

La crise grecque et sa répercussion sur la zone euro

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, à peine la crise mondiale de 2008 absorbée, la même crise se reproduit en 2010 et 2011. C’est donc le maillon faible de la chaine qui cède le premier, à savoir la Grèce et il y a menace de gangrène, étendue à l’ensemble de la zone euro.

En avril 2010, il s’avère que la situation financière de la Grèce avoisine la catas­trophe. Le déficit public annuel atteint 13,6 % du PIB : on est loin des critères de Maastricht portant de ne pas dépasser 3 %. Le montant de la dette atteint 115 % du PIB.

Pour accéder à l’euro, la Grèce a truqué ses comptes, avec l’accord implicite d’Eurostat et des agences de notation. Goldman Sachs a trempé aussi dans l’affaire. La crise grecque est en soi une péripétie. La Grèce est coutumière de la banque­route. Son État a fait faillite, s’est retrouvé en cessation de paiement, quatre fois au xixe siècle et une fois au xxe siècle. La raison est toujours la même, en l’occur­rence un déficit excessif du budget dont la couverture est obtenue par une émission inconsidérée de papier-monnaie. Faute de pouvoir continuer, car la Grèce n’est pas les États-Unis, le recours est dans l’endettement, la fuite en avant avec un taux d’emprunt qui atteint 8 % et creuse encore plus le déficit. L’impossibilité de rem­boursement devient une évidence.

Cependant, c’est la zone euro qui est atteinte, d’autant plus qu’il s’avère en 2011 que le Portugal, l’Espagne et l’Italie sont en voie de prendre le même chemin. L’Irlande a déjà été touchée.

Les raisons de la contamination par la Grèce n’ont rien d’inattendues. Ce sont les mêmes causes qui ont déterminé la crise américaine de 2008 et 2009. Les banques de la zone euro détiennent des créances sur l’État grec. Or, ces actifs sont donc pourris. La cascade s’amorce.

Le remède est une politique de rigueur pour faire cesser l’augmentation du dé­ficit et, à court terme, renflouer les caisses de l’État pour arrêter la spéculation à la baisse.

De difficiles négociations sont entamées en 2010 et se prolongent en 2011, mettant aux prises Français et Allemands. L’Allemagne est prospère, sa balance des paiements extérieurs est excédentaire, sa dette souveraine est parfaitement accep­table. De surcroît, l’Allemagne a mené une politique économique interne équi­librée. La consommation et les dépenses de l’État n’ont pas dépassé les limites de l’équilibre. L’Allemagne ne veut pas payer pour les États déficitaires.

La Grèce, dans un premier temps, s’est adressée au Fonds monétaire interna­tional (FMI) qui a accordé les prêts, mais en échange d’un plan de rigueur. En outre, le FMI met en place des mécanismes de contrôle. En découle une perte de souveraineté.

Face à la rigueur, la population grecque gronde, d’autant plus que la Banque centrale européenne (BCE) sera mise à contribution. L’interdiction statutaire faite à la BCE de prêter des fonds à un État, mais à des banques, est tournée. La BCE accorde des prêts au système bancaire qui rétrocède à l’État grec. De plus, différents mécanismes sont actionnés qui se résument par des prêts étatiques ou bancaires en provenance de l’Allemagne ou de la France.

Un aspect stupéfiant provient d’une velléité du gouvernement grec se proposant de faire accepter le plan de rigueur par voie référendaire. L’Allemagne, suivie par la France s’y refuse. En effet, si le referendum est négatif, la construction s’effondre. Le sauvetage de la Grèce ne peut être réalisé qu’au prix d’un plan de rigueur accrue. Faute de pouvoir dissoudre le peuple, le gouvernement Papandréou démissionne.

La sortie de la Grèce de la zone euro n’est pas prévue par les traités. Néanmoins, l’abandon de l’euro est évoqué, entre autres, par la société de bourse Global Equities et par la très sulfureuse Goldman Sachs. Ces établissements ne sont d’ailleurs pas les derniers à spéculer contre l’euro.

Finalement, un accord est intervenu, le 26 octobre 2011, au niveau de l’UE, et non de la zone euro, selon le souhait exprimé fortement par l’Allemagne. La zone euro est donc dépossédée. Les raisons qu’a l’Allemagne d’impliquer l’UE plutôt que la zone euro se perdent dans les méandres de sa diplomatie.

Aux termes de cet accord, le traité de Maastricht doit être modifié, soit intrinsè­quement, soit par un autre traité. Ces ajouts concernent l’instauration d’un système de contrôle du budget des États. D’autres mesures doivent être mises au point afin de contrer la spéculation.

Un Fonds européen de stabilité financière (FESF) et un Mécanisme de soutien européen (MSE) sont mis en place et sont distincts de la BCE. Ce fonds est abondé par des contributions des États de la zone euro. Comme son nom l’indique, il est destiné à lutter contre des accidents. Le mécanisme européen de stabilité est prévu pour entrer en vigueur en juillet 2012.

En mesure immédiate, les établissements créanciers de l’État grec abandonnent quelque 50 % de leur créance. L’abandon est volontaire afin de ne pas laisser prise à la spéculation. Il est consenti, certes, avec des grincements de dents, mais ration­nellement, l’autre terme de l’alternative était une sortie de la Grèce de la zone euro et, alors, les créances sur la Grèce étaient réduites à néant.

La crise est ainsi jugulée, mais les raisons qui ont conduit à cette crise subsistent intégralement.

Les Allemands, à très juste titre, s’opposent à ce que le fonds soit créateur de monnaie, autrement la tentation d’une sortie de crise par une inflation échevelée serait trop forte.

À quand le prochain accès de fièvre ? La maladie est toujours présente. On peut même avancer que le 26 octobre 2011, le thermomètre a été cassé, sans plus !

 

Le redressement en profondeur

Selon l’adage populaire, tiré d’ailleurs, de la Bible, il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, comme pire aveugle, celui qui ne veut pas voir. La crise financière débouchant sur une crise monétaire, économique et sociale, telle qu’elle s’est manifestée de 2008 à 2011, n’est pas circonstancielle mais structurelle.

Est en cause le néolibéralisme instauré avec fureur par les Américains au tournant de la chute de l’URSS et déteignant sur les institutions européennes de Bruxelles. C’est sans vergogne que les tenants américains et européens du Tea Party hurlent au libéralisme à tous crins, refusent toute emprise étatique sur un quelconque secteur de l’économie, hormis les dettes provenant de spéculations malheureuses. Vive le libre renard dans le libre poulailler !

La règle d’or, mise en avant par l’accord du 26 octobre 2011, prévoit un budget public « à l’équilibre ou en excédent », faute de poursuites par la Cour de justice de l’UE. Cette règle d’or, selon l’impératif allemand doit être transcrite dans les Constitutions.

L’Allemagne, par la voix de sa Chancelière, Angela Merkel, a voulu un traité intergouvernemental, au niveau donc de l’UE, alors que n’est intéressée que la zone euro, donc 17 États sur les 27 que compte l’UE. De fait, il y a marginalisation de la cohésion de l’UE et de ses institutions.

Le Royaume-Uni a mis son veto à un traité, le 9 décembre 2011, le Premier ministre David Cameron se faisant le porte-voix de la Chambre des Communes. Les Britanniques sont effarés par la tournure que donnent aux évènements les Allemands et les Français. Le traité intergouvernemental, plaident les Français, ne concerne que la zone euro à 17. Or, elle est déjà trop large avec l’entrée de l’Estonie en 2011. L’UE meurt de boulimie et la zone euro tout autant.

Les Britanniques sont soucieux de conserver l’industrie financière de leur City. Or, c’est bien là que le bât blesse. La City avec Wall Street sont les temples de la spé­culation d’une économie financière dictant sa loi à un système monétaire, politique et social. En bref, le libéralisme est l’antithèse de la démocratie, en hissant la finance à un rôle dirigeant.

L’une des réformes à adopter est de renouer avec le Glass-Steagall Act qu’avait fait adopter Roosevelt aux États-Unis, le 16 juin 1933, l’un des moyens appelés à résoudre la crise. Aux termes de cette loi, était instaurée une stricte frontière entre banque de dépôt et banque d’affaires. Les banques de dépôt, en dehors de leur vocation inscrite dans leur dénomination, avaient pour objet de promouvoir l’économie réelle en accordant des prêts à l’entreprise, mais en s’interdisant toute opération spéculative, a fortiori du type de la titrisation. Evidemment, Wall Street n’eut de cesse que de faire abroger la loi et y parvint en 1999, après qu’elle eut été tournée au point de tomber en déchéance. La City ne peut être en faveur d’une telle loi qui s’impose, pourtant. En effet, un système qui promeut une économie financière se place en antagonisme d’une économie réelle. Les Français militent en faveur d’une taxe sur les transactions financières. Le concept de la taxe Tobin refait surface. Les Britanniques sont horrifiés : que va devenir la très noble City ? La Grande Bretagne, l’Oldglorious country comme la dénomment les nationalistes sourcilleux à la recherche d’un empire financier, souhaitait et souhaite un espace de libre échange, sans plus. Or, l’Europe si l’on veut qu’elle existe, y compris dans un marché commun, ne peut que se doter d’une gouvernance politique. Faut-il encore que l’État soit viable et fonctionne pour le bonheur des citoyens. La formule est dans une confédération européenne, rejetant toute boulimie. Il est souhaitable que la Grande Bretagne se retire de la construction européenne. Celle-ci doit s’appro­fondir plutôt que s’élargir.

Le veto britannique ne peut être transgressé : les règles adoptées sont ainsi. Une Europe à 17 et même à moins, est susceptible de fonctionner correctement et non de se diluer.

Au bilan, l’Europe ne peut concurrencer en équité les pays émergents qui condamnent leur main d’œuvre à la misère, au profit d’une croissance économique. Certes, le fossé doit à la longue s’amenuiser, mais ce trop long délai dépasse le sup­portable. D’une manière ou d’une autre, la forteresse Europe doit s’établir et offrir à sa garnison des défenses valables. Il est impossible qu’il en soit autrement. L’UE ne peut accepter d’être une terre de colonisation. Juste retour des choses, rétorqueront certains. Peut-être ! Mais les peuples de l’UE ont des capacités et des moyens de révolte que les anciens colonisés n’avaient pas ! D’autant plus que ces colonisés là sont exploités par leur propre oligarchie.

Plus d’État ne signifie, en aucun cas, s’orienter dans la direction d’une économie planifiée à outrance, telle qu’elle a été mise en œuvre en Union soviétique et telle qu’elle a fait faillite.

Cependant, il y a lieu de considérer que seul l’État est capable de réguler l’éco­nomie, de lui donner les impulsions nécessaires dans les voies choisies. À rejeter l’État au prétexte que sa promotion conduit à une dictature, on aboutit à l’effet inverse, à la dictature de la finance.

Les tenants du néolibéralisme agitent à n’en plus finir l’épouvantail du marxisme et de la défunte Union soviétique, en rejetant en bloc jusqu’à la caricature tout ce qui pourrait la rappeler. La réflexion marxiste, ne pas s’en cacher, est une valeur de progrès à condition de ne pas en être prisonnier. Marx n’est pas plus responsable du goulag que Nietzche ne l’est des camps de concentration nazis.

En revanche, le Veau d’or est bien responsable des désordres conduisant à la guerre et à l’appauvrissement des peuples au profit d’une oligarchie restreinte de financiers qui, de plus, se désintéresse totalement de l’Europe, entité politique, alors que c’est son avenir.

Article précédentLe monde en attente d’une évolution L’idéal infructueux de la création des États-Unis d’Europe
Article suivantEurope, Union européenne et société civile Une question géopolitique aussi

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.