L’EMERGENCE VUE DE L’INDE : VISIONS ET POINTS DE VUE DES MÉDIAS DU SOUS-CONTINENT

Jean-Baptiste COTREUIL

Avril 2008
DEPUIS QUELQUES TEMPS DÉJÀ il est régulièrement question dans nos médias du fameux réveil de l’Inde qui, en pleine croissance économique, finira par rat­traper les pays industrialisés avant peut-être de devenir l’un des nouveaux maîtres de la planète. C’est loin d’être une première pour cette région du monde dont les civilisations de l’Indus communiquaient déjà jusqu’en Mésopotamie il y a plus de 4000 ans. Les Indes étaient un mythe pour tous les voyageurs et c’est en partant à leur recherche que des hommes tels que Christophe Colomb ou Vasco de Gama changèrent fondamentalement l’histoire de l’Humanité. Jusqu’au XVIIème siècle, où les empereurs Moghols étaient à l’apogée de leur puissance, l’Inde rayonnait culturellement par ses arts et par sa science et économiquement par, entre autres, le commerce des épices. Bien entendu, le renouveau de ce phénomène trouve un certain écho au pays de Gandhi, et nous allons essayer d’en rapporter quelques points de vue par le biais notamment des médias indiens et d’observations faites sur place. Il serait parfaitement illusoire dans le cadre d’un article de donner une vision exhaustive de toutes les opinions qui ont cours dans le sous-continent. Dans ce pays de contrastes et de diversités, la moindre minorité se compte en millions d’indivi­dus et entre la vision d’un paysan du Bihâr et celle d’un ingénieur de Bangalore, on compte sans doute des centaines de variantes. Par ailleurs, l’impossibilité de traiter tous les médias en langue vernaculaire limite encore la portée de l’analyse ; si la presse éditée en ourdou, tamoul, ou autre se focalise plus généralement sur les évènements locaux, on ne peut pas pour autant leur prêter une absence d’opinion sur la mondialisation et la place de l’Inde dans le monde, bien au contraire. Nous nous bornerons donc aux vues qui dominent le débat, et nous verrons à travers les différents types de médias, les conceptions indiennes de cette entrée dans le troi­sième millénaire.

 

Il n’a échappé à personne que le XXIème siècle verrait, sinon une nouvelle apo­gée, du moins un renouveau du sous-continent indien. Pourtant, il semble que, du point de vue européen, la capacité de l’Inde à émerger et à acquérir un statut de puissance politique et économique a été longtemps sous-évaluée. Il est vrai que, dans l’imaginaire des Occidentaux et des Français en particulier, l’Inde fut long­temps associée à une idée de pauvreté, de famine, de catastrophe naturelle. Ces représentations, côtoyant néanmoins d’autres perceptions populaires telles que le passé glorieux des maharajas ou plus proche de nous le paradis pour hippies, de­meurent cependant bien présentes encore aujourd’hui. En effet, les médias pendant de longues années nous rapportèrent des images1 de moussons dévastatrices, de sécheresses, de cyclones et de populations touchées par toutes sortes de cataclys­mes… Nous avons finit par relier l’Inde à la misère, aux lépreux, aux intouchables qui meurent dans la rue, ou encore à Mère Teresa, âme charitable et sans doute fu­ture sainte, dont la médiatisation contribua largement à populariser cette image de pauvreté endémique. Par conséquent, l’Inde, longtemps considérée comme faisant partie du tiers-monde, a seulement acquis lors de ces dernières années son statut de pays en voie d’émergence, quand quittant naturellement sa politique étatique et bureaucratique à outrance, elle ouvrit en 1991 son économie au monde2.

Il est aussi une autre raison qui fait que l’on oublie parfois l’importance de la résurgence du géant indien. En effet, on peut difficilement énoncer cette nouvelle donne dans l’équilibre économique de la planète, sans nommer le colosse voisin qui, a lui seul, symbolise le nouvel ordre mondial. La Chine est présentée, non sans raisons, comme la future grande puissance qui absorbe tout : emplois, dollars, pétrole… Elle voile, ou du moins elle atténue, par la force de son réveil et les in­nombrables superlatifs qui accompagnent son développement économique, l’éclat de la croissance indienne. Cette dernière tourne pourtant en moyenne autour des 9% pour ces trois dernières années soit les trois quarts de la croissance chinoise, ceci bien entendu, à condition qu’aucune crise ne vienne perturber ponctuellement ces avancées. Dans ces conditions, il n’est pas anormal de penser en tout premier lieu à l’Empire du Milieu lorsque l’on évoque l’avenir économique (et politique par la même occasion) de la planète. Mais négliger l’Inde s’avère cependant une erreur qu’il convient de ne pas commettre, en écourtant une visite présidentielle par exemple…

L’Inde, nous l’avons vu, n’est donc pas seule à emprunter l’autoroute de la crois­sance, cependant, étrangement, elle n’entre pas directement en concurrence avec la Chine. La principale raison est sans doute le peu de structures industrielles dont elle est pourvue au regard de son voisin. En effet, on peut grossièrement résumer le dé­veloppement économique d’une nation par trois étapes : le développement agraire tout d’abord, puis le développement industriel avant d’arriver à une économie de services3. Il semblerait que l’Inde soit passée de la révolution verte initiée dans les années 60 à l’économie de services lancée par Rao en 1991. Quelles furent les rai­sons de cet « oubli » ? D’après de nombreux observateurs, la faute en revient aux lourdeurs bureaucratiques de l’administration et à la corruption quasi-systématique des fonctionnaires, ce qui, quand on connaît un peu l’Inde, n’est pas une surprise. D’après Gurcharan Das, la politique de Nehru poursuivie par sa fille Indira Gandhi a amené le pays dans une impasse où l’état est « rapace et dominateur »4. Résulte de ce phénomène une nouvelle alliance entre l’Inde et la Chine qui, plutôt que de s’affronter l’une l’autre, semblent se partager chacune une part du gâteau. Oubliés, donc, les différents frontaliers qui depuis des années en faisaient des ennemis et qui, bien que non encore résolus, sont remisés dans les placards du passé. Ce der­nier, lui, n’est évoqué que pour montrer les liens qui unissent les deux pays depuis des siècles. Ainsi Sonia Gandhi dans un discours prononcé le 27 octobre 2007 à l’université de Tsinghua en Chine rappelait : « Lndian travelers made their way into China over the centuries. They came as messengers of peace, understanding and toler­ance […] This was a flourishing centre of learning with internationalscholars resident, at a time when the great universities of Europe hadyet to be even conceived’. Avec la visite le 14 janvier dernier du premier ministre Manmohan Singh en Chine, furent signés de nombreux documents d’alliance politique et économique dont l’un inti­tulé « A shared vision for the 21st century of the Republic of India and the People’s Republic of China » qui montre la volonté commune de Singh et de Wen Jiabao de construire un avenir qui sera profitable aux deux pays. S’adressant à un groupe d’hommes d’affaires, Manmohan Singh ajoute : « Lt is a historic necessity for the two great neighbours to work together. There will be areas of competition, and there will be areas for cooperation. There is enough space in the world for both countries to continue to grow and address development aspirations of theirpeoples»^.

Mais revenons à la place de l’Inde dans le monde. Comme nous l’évoquions pré­cédemment, la contribution du sous-continent au niveau international a longtemps été avant tout régionale et son influence s’est limitée à l’Asie du Sud. Les tensions avec le Pakistan ou le conflit tamoul au Sri Lanka ont été et sont encore à l’origine des préoccupations principales (j’entends au niveau international) des Indiens et, cause ou conséquence, de la presse également. De même, les émeutes au Népal, les inondations au Bangladesh et autres événements majeurs se produisant dans les pays voisins sont naturellement systématiquement rapportés dans les premières pages des journaux. Dorénavant, l’Inde, nation émergente, intéresse le monde en­tier qui vient courtiser sa croissance. Inversement, afin d’alimenter cette croissance, elle négocie tous azimuts cette énergie dont elle a tant besoin. L’Inde s’intéresse au monde, le monde s’intéresse à l’Inde : c’est le début d’une nouvelle ère.

Le monde étant à présent à l’aube d’un véritable bouleversement économique, les Indiens voient avec plaisir les grandes puissances occidentales les traiter avec déférence. Pour une société aussi hiérarchisée que le pays des castes, ce changement est loin d’être anodin. En effet, c’est comme si tous les Indiens étaient en passe d’acquérir un statut supérieur à celui qu’ils occupaient encore hier. Les médias re­layant copieusement chaque information, montrant la nouvelle place qu’occupe l’Inde dans le monde, même ceux qui n’ont rien, et dont le sort ne risque pas de s’améliorer dans les années à venir, s’enorgueillissent de ce nouvel état de fait. A ce stade, il n’est pas inutile de faire une parenthèse sur le système hiérarchique qui prévaut en Inde. Bien qu’officiellement aboli en 1950 par Nehru, le système des castes n’en continue pas moins de perdurer, et les quotas dans la fonction publique ou les universités parviennent à peine à modifier cette civilisation de plus d’un mil­liard d’êtres humains. Si le principe d’égalité pour tous est communément admis (il serait particulièrement politiquement incorrect de le nier), les moyens mis en œuvre pour l’appliquer, dont la discrimination positive, sont davantage sujets à caution, voire la cause de nombreuses violences. L’Occidental qui se rend en Inde, a, lui, l’immense privilège d’être automatiquement considéré comme faisant partie de l’élite, bien qu’étranger aux castes. Il est riche, ou considéré comme tel, sa peau est blanche, critère de beauté par excellence et également signe d’appartenance aux hautes castes. Bref, si l’Inde est en train d’acquérir une nouvelle aura, l’Occident n’a pas pour autant perdu tout son éclat. Au contraire, il devient enfin accessible pour un grand nombre. Car l’une des grandes mutations qu’a connue l’Inde ces dernières années, c’est l’émergence de la classe moyenne. Aussi, si les classes aisées avaient accès depuis longtemps à l’Occident, ses universités et son mode de vie, les classes moyennes, du fait notamment de leur nouveau pouvoir d’achat, profitent depuis peu de ces nouveaux acquis ; le premier des acquis justement, c’est l’accès aux universités occidentales. La Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Australie sont les destinations privilégiées des étudiants indiens, avec Singapour et la Malaisie. Ces pays qui ont bien compris l’intérêt de tels partenariats, sont également pour­voyeurs d’emplois pour une grande partie des étudiants ayant achevé leurs études. Aujourd’hui, 30% de ceux qui travaillent dans le domaine médical et paramédi­cal en Grande-Bretagne sont issus de la diaspora indienne, tandis que les Indiens représentent un tiers de la masse salariale qui travaille sur le programme spatial américain6. Il est toujours plus glorieux de travailler à l’étranger, en témoignent les annonces matrimoniales qui paraissent dans les journaux : si les métiers comme médecin ont une cote particulièrement élevée, les expatriés sont très recherchés et ceux-là n’hésitent pas à étaler leur salaire en roupies dont le nombre de zéros n’est pas négligeable vu du sous-continent. Cet étalage contribue à donner une image luxueuse de l’Occident, mais bien sûr la représentation de celui-ci ne serait rien sans le raja des médias : la télévision.

Si l’on excepte le statut social dû à la caste, la meilleure mesure du rang que l’on tient dans la société, c’est le véhicule. Pendant longtemps, en deuxième po­sition, venait la télévision, qui comme dans toutes les sociétés où elle est apparue, sert d’abord à rassembler les populations chez les illustres possesseurs du dit objet, avant de se démocratiser7. Depuis quelques années, et avec l’aide de la concurrence fabriquée en Chine (« best in India »), les téléviseurs se sont multipliés dans toutes les agglomérations jusque chez les plus pauvres, à l’exception encore des campagnes les plus reculées. En 1997 déjà, j’avais été invité dans une famille de sept personnes qui vivaient dans sept mètres carrés dans un quartier de Calcutta, et mon hôte m’avait montré une à une, non sans fierté, les quatre-vingts chaînes qu’il était en mesure de recevoir. Aujourd’hui le soir, on aperçoit par la porte ouverte des maisons, des fa­milles entières endormies à même le sol, au pied de leur guru cathodique qui répand sa bienveillante lumière bleue et ses messages publicitaires. Tout le monde se doit de posséder un téléviseur, et les gens s’endettent s’il le faut pour parvenir à cette fin, tandis que les enfants font l’école buissonnière devant les chaînes de dessins animés. Les vieillards qui rendent, comme il se doit, la télévision responsable de tous les maux, n’en sont pas moins captivés par le petit écran. C’est donc par ce biais que la plupart des Indiens ont accès au reste du monde, c’est-à-dire principalement par les séries et les blockbusters américains. On peut donc aisément concevoir que leur vi­sion du monde occidental soit partiellement biaisée, personne il est vrai ne pouvant se targuer de bien connaître un pays sans y avoir jamais mis les pieds. Toujours est-il que la vision de l’occident est belle et bien à l’image de ce qu’en diffuse la télévision dans les foyers indiens. Or, celle-ci montre, sans nécessairement manquer de jus­tesse, une société qui, comparativement à la majorité des Indiens, est incontestable­ment plus riche. C’est donc avec une certaine fierté que les Indiens constatent leur nouvelle importance, quand, à travers les médias, ils voient leurs dirigeants discuter d’égal à égal avec les pays qui ont dominé le monde au siècle précédent, car ceux-là ont parfaitement conscience que l’avenir de la planète ne se fera pas sans eux.

L’Inde aujourd’hui a besoin avant tout de deux choses : de l’énergie et de la re­connaissance internationale. Pour la première, elle fait appel sans restrictions à tous les pays susceptibles de lui fournir pétrole, gaz, énergie nucléaire, et que ce soit le Myanmar pour le gaz, l’Iran pour le pétrole, les Etats-Unis pour le nucléaire civil ou encore la Russie pour chacune des énergies citées, aucun ne voit d’inconvénients à signer des contrats faramineux et ce, quelles que soient leurs divergences politiques. Avec la croissance économique et les arrangements lucratifs qui accompagnent les tractations vient la reconnaissance politique. L’Inde, longtemps peu considérée sur la scène internationale sinon dans les conflits régionaux s’avère particulièrement avide de reconnaissance. En effet, il existe en Inde une grande fierté d’appartenir à la nation indienne et un patriotisme auquel nous ne sommes pas habitués en France. Ce dernier ne se manifeste guère chez nous en dehors des stades et en tout cas plus modestement : il paraîtrait saugrenu de voir un adolescent de quinze ans envoyer des sms « j’aime la France » ou « la France avant tout » à ses amis un qua­torze juillet, mais tout cela est très naturel au pays de Nehru. Par ailleurs il suffit de jeter un œil sur les manuels scolaires indiens pour saisir d’où leur provient ce patriotisme exacerbé, attisé par des années de protectionnisme et de nationalisme plus ou moins radical8. Au niveau médiatique, cette soif de reconnaissance se ma­nifeste par un engouement parfois démesuré pour tout ce qui apporte un semblant de légitimité sur la scène internationale. Ainsi la joueuse de tennis Sania Mirza est connue par les spécialistes pour avoir atteint en 2005 le deuxième tour d’un tournoi du grand chelem. Sa renommée internationale est donc toute relative, mais en Inde c’est une véritable star dont l’image est abondamment exploitée par la publicité. Il est vrai que le fait qu’elle soit musulmane et joue en mini-jupe a largement contri­bué à sa notoriété tant par les polémiques que par l’exemple de liberté dont veulent s’inspirer les jeunes. Dans un autre genre, Kalpana Chawla, astronaute américaine, fait l’objet d’une bande dessinée du simple fait de ses origines indiennes : là encore, la fierté s’étend jusque dans la diaspora, et ceux qui réussissent en dehors des fron­tières demeurent des exemples pour tous. Avec l’acquisition de cette nouvelle légi­timité, les Indiens souhaitent au niveau économique une place au G8 et, au niveau diplomatique, une place de membre permanent à l’ONU.

Si les pays occidentaux restent un modèle de développement économique, les Indiens ne sont pas pour autant prêts à tout accepter, notamment l’»invasion» de la culture occidentale qui est régulièrement dénoncée, entre-autres par le biais de l’industrie cinématographique locale. Ainsi, il n’est pas rare de voir des familles qui vivent « à l’occidentale », c’est-à-dire en se croisant à peine et en mangeant de la pizza pour le déjeuner, finir par se rassembler autour de la grand-mère et de bons chappatis, montrant par la même occasion la valeur principale que représente la famille pour tous les Indiens. Car bien entendu, une société qui rassemble leurs personnes âgées dans des maisons de retraites leur paraît totalement opposée à leur conception de la famille. Par la même occasion, les valeurs culinaires de l’Inde sont elles aussi mises en exergue dans bon nombre d’articles qui dénoncent les méfaits de la culture « hamburger », l’obésité et les maladies cardio-vasculaires qui en décou­lent. Mais revenons au média qui, plus que partout ailleurs dans le monde, repré­sente la culture populaire par excellence : le cinéma. Car avant que la télévision ne se démocratise et encore aujourd’hui, le cinéma, accessible à toutes les couches de la population car peu onéreux, bénéficie en Inde d’une popularité sans équivalent. L’industrie bollywoodienne est la première au monde suivie par celle de Chennai (Madras), et les films sont tournés à la chaîne, générant le culte de véritables icônes parmi les acteurs et actrices. Par conséquent, le meilleur moyen de faire passer un message reste à priori le cinéma. Néanmoins ce dernier traite généralement de sujets susceptibles de plaire au plus grand nombre. Aussi, les histoires d’amour impossi­ble assorties de luttes entre gentils et méchants restent privilégiées, car les chances de succès demeurent plus grandes au box-office tant en Inde qu’à l’export, pour des fictions qui peuvent s’avérer universelles. Si Bollywood depuis quelques années produit des films qui prennent leurs distances avec le cinéma traditionnel indien et se rapprochent des critères occidentaux, l’émergence de l’Inde et la géopolitique en général – et on peut facilement le comprendre – restent absentes des divers scena-rii. Cependant on assiste à la sortie de films de plus en plus violents qui portent la marque incontestable d’une influence américaine.

L’éventuelle menace de la mondialisation sur les valeurs indiennes reste tout de même préoccupante pour un certain nombre de personnes, en témoignent les différents débats organisés sur le sujet. Dès 2005, s’élevaient des contestations alors que l’écrivain Kannada Na. D’Souza inaugurait un séminaire sur les crises culturel­les contemporaines9. Celui-ci affirmait que le concept de mondialisation menaçait de ruiner la culture indienne aux multiples facettes. La diversité fondant l’unité de cette culture, il était du devoir des personnes éclairées de se battre pour sa préserva­tion. Dans un article intitulé « Impact of globalisation on value system debated »10, le journal The Hindu faisait état de deux tendances qui s’affrontent. La discussion organisée autour du titre éloquent « Greed for globalisation is killing India’s soul » (la cupidité de la globalisation tue l’âme de l’Inde), rassemblait un groupe d’in­tellectuels qui grossièrement se scindait en deux. Les premiers considèrent que la mondialisation accentue les inégalités et ne peut qu’aboutir à la marginalisation des plus pauvres. D’après certains d’entre eux, un nouveau dieu émerge des marchés et ne laisse aucune place à la justice sociale et économique. Les seconds estiment que la liberté politique n’a aucun sens sans liberté économique, et que plutôt que de crain­dre de perdre ses valeurs, c’est le reste du globe qui devrait avoir peur devant l’Inde et la Chine qui vont conquérir le monde. Dans un article du 2 novembre dernier11, ce même quotidien rapportait les propos de Chris Patten, président de l’université d’Oxford et ancien gouverneur de Hong Kong, qui disait : « globalisation that trigge-red theflow of investments and growth in the developing nations brought millions out of poverty, particularly in Lndia and China ». D’après lui, le niveau de pauvreté du pays a décliné avec la mondialisation. Cependant, il tempère ces propos en évoquant les éventuels problèmes que peut causer cette mondialisation comme l’accroisse­ment des disparités entre citadins et ruraux, entre ceux qui bénéficient d’une bonne éducation et ceux qui n’y ont pas accès, entre ceux qui possèdent et ceux qui n’ont rien : « Lf the economicprocess of globalisation continued to alienatepeople and increase social disparity, problems across the globe wouldgrow further. Lf globalisation increased competition, it also promoted protectionism and increased the divide between theyoung and the old. » Il en déduit que les bénéfices de la mondialisation doivent être équita-blement répartis de manière à ce que la croissance soit profitable pour tous. Cette inquiétude vis-à-vis de la mondialisation se retrouve chez de nombreuses person­nes. Ainsi, dans un échange avec l’éditeur en chef du journal The Economist, John Micklethwait, rapporté dans Indian Express12, le journaliste indien affirmait : « there is a persistent feeling, in Lndia especially, that somehow, reforms, despite their obvious benefits, are still anti-poor ». Ces derniers temps, on assiste à une nouvelle forme d’appréhension vis-à-vis de la mondialisation avec la crise actuelle qui affecte l’éco­nomie mondiale. Cette récente crainte est de voir s’écrouler l’économie indienne du seul fait d’un crash ou d’une récession qui trouve sa source à Wall Street ou ailleurs13. Si la chute du dollar par rapport à la roupie indienne donne à certains l’occasion de se réjouir, ce n’est bien sûr pas le cas des exportateurs qui voient le prix de leurs produits augmenter et par conséquent la demande baisser14.

Bien sûr, ces inquiétudes sont exploitées par l’opposition politique lorsque par exemple le leader du CPI(M) affirme que la politique de libéralisation, de priva­tisation et de mondialisation menée par le gouvernement se fait au détriment des intérêts du pays. Il ajoute : « The neo-liberal economicpolicies beingpursued by the Congress-led UPA government have resulted in inflation andagrarian crisis in the coun-try »15. Il faut dire que depuis l’Indépendance et durant des années, les Indiens reçu­rent le même message des classes dirigeantes qui appliquèrent la politique « mixte » de Nehru. L’idée était que l’Inde devait devenir auto-suffisante et que pour cela l’état devait contrôler la plupart des grandes entreprises. Des années après que cette politique fut remise en cause (non sans de nombreuses difficultés pour la faire ac­cepter par la majeure partie de la population), les réticences sont encore nombreu­ses notamment de la part des fonctionnaires qui voient progressivement disparaître tous leurs pouvoirs (certains ajouteront « de nuisance »). Les Indiens étant très politisés, adhérant à des partis ou formant des groupes de pression très virulents, les changements ne s’effectuent pas sans heurts. Aussi, les opposants à la politi­que d’ouverture n’ont-ils pas attendus pour manifester leurs critiques. En 2002, un article du Telegraph, journal édité à Kolkata (anciennement Calcutta, qui est, précisons-le, une ville communiste), faisait état de la face négative de la mondialisa-tion16. L’Inde y est présentée comme un pays riche qui fut ruiné par la colonisation britannique avant de se redresser lentement pendant la phase socialiste entre 1950 et 1990, avant de s’effondrer à nouveau entre 1991 et 2002 suite aux réformes économiques, dénonçant une manipulation des chiffres par le gouvernement. Dans ces milieux d’extrême gauche, le terme « modernité » est péjoratif et s’apparente aux dérives de la culture américaine :  » The good Americans spend their weekend either thronging the stadium or stayingglued to the television screen »17. Nombreux sont ceux qui dénoncent l’« invasion » mercantile occidentale, non sans une certaine violence, comme par exemple en février dernier lorsque plusieurs magasins furent la cible de manifestants pour avoir fait référence à la saint Valentin. Le nationalisme s’exprime parfois dans des endroits inattendus comme au Karnataka. Bangalore a beau être une vitrine de la réussite économique de l’Inde, cela fait quinze ans que l’enseigne­ment de l’anglais est interdit à l’école primaire18. Bien évidemment, les lecteurs du magazine économique Businessworld n’ont pas le même point de vue que ceux du Telegraph. Ils leur rappellent que la mondialisation n’est pas un phénomène nouveau, et que la culture indienne est issue du mélange de différentes influences, depuis les grandes invasions aryennes, grecques ou mogholes, jusqu’au piment im­porté du Mexique par les Espagnols et les Portugais et qui figure pourtant en bonne place dans la culture culinaire indienne19.

Cependant, l’émergence de l’Inde est avant tout un phénomène politico-éco­nomique. Ce n’est pas un hasard si l’actuel premier ministre est un économiste et, qui plus est, le principal artisan des réformes de 1991. Si ces changements mar­quèrent un véritable tournant dans l’économie indienne, ils permirent d’accélé­rer un processus d’émergence déjà présent depuis une quinzaine d’années, tout en empruntant une voie originale dans le capitalisme asiatique : « Plutôt que d’adopter la stratégie asiatique classique, qui consiste à exporter vers l’Occident des produits ma­nufacturés à faible coût mais nécessitant beaucoup de main-d’œuvre, lLnde se repose sur son marché intérieur plutôt que sur ses exportations, sur la consommation plutôt que sur l’investissement, sur les services plutôt que sur l’industrie et sur la haute technologie plutôt que sur la production peu qualifiée »20. C’était vrai avant 1991, ça l’est encore aujourd’hui, même si les choses ont largement évoluées. Malgré les protestations de l’extrême gauche, et un ralentissement des réformes à la fin des années 90, la politique actuelle continue à faire route vers davantage d’ouverture. Même le parti nationaliste hindou BJP, qui fut au pouvoir au début des année 2000, n’a pas remis en cause cette politique et a poursuivi les privatisations.

Comme nous l’avons déjà évoqué, l’une des principales conséquences de la ré­cente croissance économique de l’Inde est l’émergence de la classe moyenne. Celle-ci devrait représenter en 2025, 583 millions de personnes, soit 41% de la popu­lation indienne estime une étude21. Les classes moyennes en Inde, ce sont avant tout des consommateurs. Ils roulent dans des Tata Indica ou en Maruti ; ces petites voitures, lancées à la fin des années 90 ont supplanté en quelques années les vieilles Ambassador, et prolifèrent dorénavant dans les rues congestionnées des grandes villes. Conséquence de cette ruée : l’augmentation des voitures est estimé à 20% par an dans les années qui viennent22. Les membres de cette nouvelle «middle class» dépensent sans compter : ils font du tourisme, achètent des vêtements, possèdent un ordinateur, ont l’air conditionné et mangent en famille des pizzas dans les cen­tres commerciaux climatisés. L’expansion de la classe moyenne est due à toute une catégorie de la population qui a obtenu des diplômes dans des secteurs tels que l’informatique, mais aussi dans un grand nombre de sociétés de services. Jusqu’aux années 90, l’idéal pour ceux qui faisaient des études était d’obtenir un emploi de fonctionnaire. Comme il n’y avait pas de place pour tous, un certain nombre de ces diplômés se retrouvaient sans emploi ou bien vivaient de petits boulots pour les moins chanceux, tandis que d’autres allaient tenter leur chance à l’étranger. Puis vint la révolution informatique avec les entreprises de logiciels qui s’installèrent dans des villes comme Bangalore, Pune ou Hyderabad. Les écoles d’ingénieurs se mirent à pousser un peu partout dans les campagnes, tandis que l’essor d’inter­net accentuait le mouvement. Dans des états comme le Tamil Nadu, les écoles de ce type se multiplient constamment, pratiquant des mesures incitatives pour que les futurs étudiants s’inscrivent chez eux plutôt que chez le voisin : une véritable concurrence a vu le jour entre les établissements, avec publicité dans les journaux pour annoncer les résultats (avec les photos et les noms des lauréats) ou encore en offrant des réductions pour les filles. L’Inde forme donc des ingénieurs à tour de bras, et les conditions pour trouver un emploi s’améliorant, un grand nombre d’expatriés envisagent de rentrer au pays. Cette dernière tendance inquiète quel­que peu le gouvernement qui voit d’un bon œil les émigrés revenir à condition qu’ils créent des entreprises avec leurs capitaux et non pour prendre la place d’un jeune diplômé. On peut d’ailleurs penser que le marché des écoles d’ingénieurs va se réguler avec la disparition dans quelques années des établissements les moins performants. Certains de l’ancienne élite qualifient de «parvenus» ces nouveaux consommateurs et dénigrent leur façon de parler dont les accents trahissent le bas niveau social dont ils sont issus. Ils entretiennent un certain mépris pour ceux dont ils considèrent qu’ils bafouent les valeurs indiennes. Il est vrai que l’on constate une certaine tendance à imiter, de façon tout de même encore marginale (en dehors des métropoles en tout cas), certaines mauvaises habitudes occidentales. Ainsi, un phénomène nouveau, l’obésité, touche dans des villes comme Mumbai (Bombay) une part de plus en plus importante de la classe moyenne :  » The incidence of obesity in the last sixyears has jumped from 3.5per cent to 15.3per cent among the general po­pulation of the upper and middle classes in Mumbai »2^. De même, les jeunes dans les grandes villes fument et boivent de plus en plus tôt24. Cependant, on peut penser que le véritable changement opéré dans la société indienne est désormais une plus grande facilité pour ceux issus des basses castes à s’élever socialement. Ils seraient 275 millions à espérer rentrer dans cette catégorie dans les prochaines années25. Parmi eux, un certain nombre d’intouchables et de basses castes qui bénéficient des quotas dans les universités et surtout d’un changement de mentalité qui fait que l’on privilégie dorénavant les plus compétents plutôt que les «pistonnés» comme ce fut longtemps l’usage.

 

Pour finir, on ne peut évoquer l’Inde sans prendre en compte l’extrême ferveur religieuse qui y règne et ce malgré -ou peut-être à cause de- la grande diversité de religions. Le pays a beau être laïc par ses institutions, il faut croire que leur définition n’est pas la même que chez nous, car il serait inconcevable d’interdire le foulard à l’école par exemple, sans créer des émeutes. La difficulté réside encore une fois dans le système des castes : traditionnellement, les brahmanes, qui sont de la caste des prêtres, méprisent les vaishya qui sont des commerçants. Dans un pays ou l’on prône l’ascétisme, on peut se demander qu’elle est l’attitude face à l’in­citation au consumérisme que provoque la mondialisation. Cependant, le fait de devenir un sanyasin, c’est-à-dire un renonçant qui abandonne ses biens et la société, constitue la quatrième étape de la vie d’un hindou. Autrement-dit, le religieux peut s’accorder quelques années de plaisir avant d’en arriver là. Mais plus que le fait de consommer, c’est le fait de produire qui est en cause : « Productive culture was defined as impure and the ritual-consumerist culture constructed as pure and great. Even the concept of knowledge was defined in relation to a consumerist culture; while the produc­tive knowledge was no knowledge »16. Il est difficilement imaginable qu’un pays aussi mystique que l’Inde abandonne peu à peu ses croyances au profit du capitalisme. La solution est encore de concilier les deux, et cela aboutit a de nombreux séminai­res de réflexion pour adapter la mondialisation à la religion (et non l’inverse). En janvier dernier eut lieu à Pune un symposium international pour rendre la mon­dialisation plus humaine27. On pouvait y entendre des phrases telles que celle-ci : « Unfortunately, globalisation has made the rich richer and poor poorer which would trigger tension and violence. But a meaningful dialogue between the science and religion will humanise globalisation and remove the ill-effects of globalisation » qui, bien que peu concrètes, remportèrent l’unanimité. Toutefois certains évènements sont nette­ment plus sensibles. L’affaire des caricatures danoises qui représentaient le prophète Mohammed est présentée comme un excès de mondialisation : « Lf globalisation is a sharing across the world bypeople inpursuit of their dreams, this is a nightmare. At one level, it is turning out to be a clash of values — newspapers in societies that fiercelypro-tect their right offreedom of expression clashing with the values of people who see it as an assault on their religious values »28. Il n’y a pas en Inde de séparation entre la sphère religieuse et la sphère profane comme l’on pourrait avoir en occident. Les deux sont intimement imbriqués. Aussi, les bouleversements dus à la mondialisation ne sont pas sans agir sur certains aspects culturels comme les notions fondamentales du pur et de l’impur. Le végétarisme par exemple est lié à la pureté mais est de moins en moins pratiqué chez les Indiens, y compris dans les hautes castes :  » Hinduism is the world’s only major religion with a streak of vegetarianism. But globalisation is changing that, as Lndian foodhabits move in tune with a meat-eating world […] Strict vegetarians will eat a cake with egg in it but will recoil from a fried egg. Experimenting vegetarians will eat a meat kebab or mutton curry but not a meatpiece. Lakhs of north Lndians will eat mutton but not fish or buffalo meat. More men than women eat meat. People dont eat meat on religious days and when they grow old »29. Cependant, un certain nombre d’Indiens issus des basses castes deviennent végétariens alors qu’ils étaient « non-veg », afin, par leur pureté rituelle, de pouvoir s’élever socialement dans cette vie, par le respect qu’ils inspirent en observant les préceptes de l’hindouisme, ou bien dans leur prochaine existence en se réincarnant dans une caste plus élevée. Il est fort probable que l’on n’appréhende pas la mondialisation si l’on est sikh ou musulman, hindouiste ou chrétien etc. Cependant, la vision de chacun sur l’émergence de l’Inde est sans doute davantage la conséquence d’une opinion po­litique plutôt que d’une religion, encore que, comme nous l’avons dit, le religieux tient partout une place importante.

C’est donc un véritable bouleversement que subit l’Inde actuellement. D’une année sur l’autre, les changements sont manifestes et l’émergence, «the rise of India», n’est pas un vain mot employé par les économistes et les politiques. Si les Indiens sont très fiers de leur production et de leur nouveau niveau de vie, ils continuent de percevoir la mondialisation comme une occidentalisation. C’est avant tout pour eux, l’accès à un certains nombre de produits qui leur étaient inaccessibles à l’épo­que pas si lointaine des barrières douanières. Ils saisissent plus difficilement l’impact de leur pays sur le reste du monde. Bien entendu les succès de l’actrice et ancienne miss monde Aischwarya Rai qui tourne à Hollywood ou des géants de la finance comme Mittal ou Tata sont largement rapportés, mais les modes, les influences mu­sicales ou vestimentaires qui sont très présentes en France et sans doute davantage à Londres, et qui sont de véritables produits culturels issus de la mondialisation, tout cela reste ignoré de la plus grande partie des Indiens. Evidemment, la globalisation trouve en Inde un grand nombre de détracteurs que l’on peut séparer en deux clans : tout d’abord les communistes qui pour les raisons que l’on connaît s’opposent au capitalisme mondial, et deuxièmement les nationalistes qui souhaitent revenir à la politique de Nehru qu’ils estiment trahi. Les premiers sont généralement athées, les seconds hindous, et beaucoup de radicaux (en Inde, les minoritaires sont toujours nombreux) de ces deux tendances tentent d’imposer leurs vues par la violence. Les tensions avec le Pakistan, bien qu’atténuées ces dernières années, n’en demeurent pas pour autant absentes, le problème du Cachemire n’étant pas résolu. Les conflits entre Hindous et Musulmans continuent de faire des morts dans les états du Bihâr et du Gujerat, dans de régulières explosions de violence. Les indépendantistes maoïstes poursuivent leur guérilla de l’Arunachal Pradesh à la frontière (contestée) chinoise jusqu’à l’Andhra Pradesh dans le sud. Tous ces conflits internes qui durent depuis des dizaines d’années dans le sous-continent ne distraient cependant pas la plus grande démocratie du monde de la voie qu’elle s’est désormais tracée : celle de l’ouverture économique, de la croissance et de la légitimité internationale.

 

* Chercheur à l’Université de Paris X, il travaille depuis sept ans sur les cultes populaires d’Inde du Sud.

 

Bibliographie

 

Gurcharan Das

  • 2007 Le réveil de l’Lnde. Buchet-Chastel. Paris. 491p. Luce Edward
  • 2006 Ln Spite of the Gods : The strange rise of modern Lndia. Little, Brown Book Group. London. 400p. Mira Kamdar
  • 2007 Planet Lndia : How the fastest-growing democracy is transforming America and the

world. Scribner. New York. 336p. Baldev Raj Nayar

  • 2007 « Social stability in India under globalization and liberalization » in Lndia Review.

Vol 6 n°3. juillet-septembre 2007. p133-164. Manjeet S. Pardesi

  • 2007 « Undestanding the rise of India » in Lndia Review. Vol 6 n°3. juillet-septembre
  1. p209-231.

 

Notes

  1. Les images ne sont bien entendu pas les uniques sources d’information, mais elles contribuent davantage, plus qu’aucun autre moyen médiatique, à forger les représentations du monde qui nous habitent et nous possèdent.
  2. Manjeet S. Pardesi (2007:217)
  3. Gurcharan Das (2007:15)
  4. Gurcharan Das (2007:30-31)
  5. Times of India,14 janvier 2008 : «Warm up to China, PM tells India Inc»
  6. The Hindu, 2 novembre 2007. «Globalisation helps India attack poverty : Chris Patten»
  7. Ces dernières années, on a vu un nouvel instrument (et nouveau média) remplir ce rôle : le téléphone portable. Mais, signe des temps, il n’aura fallu que trois ans pour le voir se répandre parmi la plupart des couches de la population.
  8. Une violente polémique eut lieu lorsque le BJP était au pouvoir et que le parti de Vajpayee voulut réviser les programmes scolaires, faisant entre-autre passer, semble-t-il, les empereurs musulmans pour des obscurantistes, tandis que les hindous étaient tous éclairés et le 25 février dernier, une dizaine de personnes ont saccagé le département d’histoire de la faculté de sciences sociales de Delhi pour obtenir une révision du programme. On ne retrouve pas cette animosité lorsque ces manuels racontent les souffrances que subit «Mother India» sous le joug des Anglais. En revanche, lorsque Manmohan Singh fit en 2006 un discours à Oxford où il évoquait les bénéfices de la civilisation britannique en Inde, les protestations furent nombreuses et les débats houleux ne cessèrent que plusieurs semaines après.
  1. The Hindu, 25 septembre 2005. «Globalisation is harming Indian culture, says Na.
    D’Souza »
  2. The Hindu, 28 janvier 2008.
  3. The Hindu, 2 novembre 2007. «Globalisation helps India attack poverty : Chris Patten»
  4. Indian Express, 18 mars 2007. «Losers in globalisation are those held back by the lack of it (globalisation)»
  5. The Times of India, 28 janvier 2008. «Can we cope with a global crash? »
  6. The Times of India, 2 janvier 2008. «Bharat could save India from US recession »
  7. Daily News and Analysis, 8 février 2008. «CPI (M) will strive for third alternative at Centre: Karat»
  8. The Telegraph, 24 décembre 2002. «The downside of globalization»
  9. The Telegraph, 18 janvier 2008.  » The colonial hangover- Whatever successful expatriates say is worth its weight in gold »
  10. Gurcharan Das (2007:23)
  11. Businessworld India, 04 janvier 2008. «Modern globalisation»
  12. Gurcharan Das (2007:13)
  13. Times of India, 20 février 2008. «Consumers to flex muscle »
  14. Times of India, 24 juin 2005. «Alive and kicking: The great Indian middle class »
  15. The Times of India, 7 mars 2005. «The great fat Indian middle class »
  16. The Times of India, 14 novembre 2002. «The smoke screen»
  17. The Hindu, 22 mai 2005. „Who is this middle class ? »
  18. The Hindu, 22 février 2003. «Cultural globalisation»
  19. Express India, 06 janvier 2008. «Globalisation with human face, path to progress: Experts»
  20. The Hindu Business Line, 20 février 2006. «Talk about globalisation»
  21. Times of India, 25 octobre 2005. «The flesh-eaters of India »

 

 

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