La Méditerranée des Solutions

Le Conseil scientifique de l’Académie de Géopolitique de Paris a organisé, mardi 14 novembre et avec le concours de l’Institut de recherche, d’innovation et de prospective méditerranéen, un colloque sur la Méditerranée, le berceau de nos civilisations, aujourd’hui au centre de toutes les conflictualités.

Parce que nous refusons que de berceau civilisationnel, notre « mère » Méditerranée devienne un tombeau ! Parce que cet univers aux horizons multiples et sans commune mesure doit renouer plus que jamais avec le mouvement, le brassage. Parce que cette mer d’entre les terres a depuis longtemps refusé les frontières pour mieux propager et diffuser ses lumières.

Enfants des rivages légendaires, héritiers des mythologies fondatrices, fiancés des fonds marins éblouissants, nous en appelons à la renaissance de ce continent aux multiples facettes.

Cible permanente de la bêtise des hommes, de leurs appétits prédateurs et de leur soif de pouvoir, la Méditerranée doit renouer avec son histoire et se forger un nouveau destin. Pour ce faire, elle doit valoriser et brandir les atouts dont elle dispose, les recettes dont elle regorge. Les alternatives sont nombreuses, les solutions en son sein sont pléthores.

Humaniv est née de ces indignations, de ces espérances. Fort de son triptyque : Biodiversité, Méditerranée et Démocratie, elle souhaite incarner et montrer une nouvelle voie. Institut de recherche, d’innovation et de prospective méditerranéen, Humaniv s’engage en appelant à de nouvelles formes de gouvernance, de nouveaux modes de dialogue et de partenariats. À rétablir la confiance, facteur de Liberté. À installer des critères fondés sur le respect, et l’équité. Dans ce chemin, Humaniv met en route les Universités de la mobilité, les résidences culturelles, les gouvernances partagées, de nouvelles formes de financement, la diversité et la multi-latéralité, présidant au dialogue et à l’échange

L’émergence de nouveaux acteurs, de nouvelles formes d’engagement, doivent permettre de mieux lutter contre les pollutions et le réchauffement climatique, de réellement prendre en considération les dimensions migratoires. En un mot, prendre soin de ce bien commun que représente notre mèr(e) Méditerranée.

Le colloque a démarré à 14 heures,

Nacer Kettane, le Secrétaire général de Humaniv, membre honoraire du CESE et Président de Beur FM est intervenu sur le sujet : « Intégration des gouvernances existantes et proposition de nouvelles formes ».

Cette réunion n’est pas une réunion de plus sur la Méditerranée. Il y a quelques années ce sujet n’intéressait personne. Chris Patten, commissaire européen, faisait tous les dix ans un grand papier dans le monde pour dire qu’il fallait être méditerranéen, puis on a des colloques, réguliers, notamment au niveau de l’Euromed (Euro-méditerranée) qui tantôt font des vacances à Barcelone avec l’Union pour la Méditerranée en convoquant des députés européens, et quelques libyens et égyptiens… Tout récemment, Emmanuel Macron a organisé le Sommet des deux rives, où les participants ont sillonné toute la Méditerranée, toutes les capitales pour essayer de mettre en avant la société civile. Ce fut compliqué, et on a fini, après les réunions de Tunis et Marseille, avec les engagements de Marseille signés par dix ministres des Affaires étrangères de la rive occidentale de la Méditerranée, soldée par plusieurs dizaines voire centaines de projets devant avoir lieu. Aujourd’hui il n’en reste que quelques petits projets et détenus par des gens ayant quelque peu pignon sur rue tels que Patricia Ricard, ou le grand port de Marseille déjà en route et qui a validé quelque peu son action. On a en tout cas le sentiment que la Méditerranée est en panne.

La rencontre d’aujourd’hui n’est pas un colloque de plus, car nous allons faire des propositions. Nous considérons que la Méditerranée aujourd’hui n’est pas spécialement en danger mais a des ressorts en elle, humains et naturels, qui peuvent laisser espérer des choses.

La Méditerranée recèle les dix villes les plus chaudes du monde avec le réchauffement climatique, c’est l’endroit où vous avez des réfugiés, des harragas, des gens qui prennent le bateau, d’Afrique ou de partout, qui meurent en Méditerranée. Pour nous, la Méditerranée ce sont ces gens-là, parce qu’ils ont renoué avec cette idée, cette volonté de libre-circulation. Ils incarnent aussi la démocratie, en danger mais que nous pouvons revivifier. À Humaniv, on s’inscrit dans cette tradition de libre-circulation, de mobilité, et c’est le sens de cette réunion.

Pour paraphraser Fernand Braudel, les nouvelles routes de la Méditerranée ce sont les routes de l’énergie, mises en valeur et à la disposition des peuples de la Méditerranée. Aujourd’hui on assiste à des attitudes de prédations, de conquêtes territoriales, et avec Humaniv nous avons recensé près de quarante conflits… Pour donner un ordre d’idée, l’empreinte carbone d’un conflit comme l’Ukraine est équivalente à celle d’un pays comme la Tunisie, de dix millions d’habitants ! C’est pourquoi nous sommes dans une tartufferie monumentale : des grandes puissances font des réunions de Paris, des COP, des Sommets pour la Paix, des déclarations sur la fonte des glaciers, etc., mais de l’autre côté ils sont en guerre…

Aujourd’hui nous nous réunissons pour la « Méditerranée des solutions », et nous comptons bien faire de moins en moins de colloques, et de plus en plus de pratique. L’ensemble des intervenants vous éclairera en fonction de son expertise sur des éléments inhérents à ce que nous souhaitons pour la Méditerranée.

suite à l’intervention du Professeur, expert international, Docteur d’État  et ancien ministre, Abderrahmane Mebtoul  :

« Les enjeux et les perspectives géostratégiques de l’espace méditerranéen : favoriser le dialogue des cultures par le combat contre tout extrémisme ».

Contrairement aux discours extrémistes haineux, le conflit actuel au Moyen-Orient et qui s’est répercuté au niveau de bon nombre de pays à travers tous les continents, sujet très sensible, n’est pas une confrontation entre la vision judéo-chrétienne et arabo-musulmane du monde. L’histoire millénaire a montré que la symbiose des apports du monde musulman et de l’Occident – Islam, Judaïsme et Christianisme et toutes les autres religions comme le Bouddhisme, pour ne citer que ces grandes religions – ont favorisé le dialogue des cultures à travers la tolérance bien que paradoxale, puisque durant certaines périodes nous avons assisté à des guerres de religion à travers l’inquisition, la persécution des juifs ou les conflits entre protestants et catholiques avec des milliers de morts au nom de la religion.</p

Dans ce cadre, comment ne pas rappeler les actions de l’Émir Abdelkader , fondateur de l’État algérien, musulman, et l’une des plus grandes figure mystique du XIXème siècle ? Lors des massacres massifs de chrétiens en 1860 en Syrie, ce dernier s’interposa par la force et sauva des milliers de chrétiens, les abritant dans son domicile, ce qui lui avait valu une reconnaissance mondiale dont celle du pape Pie IX, du grand cordon de la légion d’honneur de Napoléon III, de la reine d’Angleterre tout comme bien d’autres distinctions venant de Russie, Allemagne, États-Unis

Pour revenir à l’actualité, nous devons combattre le racisme sous toutes ses formes et tolérer ceux qui ne croient pas, comme je viens de le rappeler dans une Tribune parue au début de novembre 2023, point de vue partagé par bon nombre d’amis de toutes les tendances, épris de paix et de tolérance, musulmans, chrétiens, juifs. Un consensus se dégage à travers toute la communauté internationale – ONU, USA, Russie, Chine, bon nombre des pays émergents et la Ligue arabe via l’Autorité Palestinienne – selon qui une paix durable au Moyen-Orient, berceau des civilisations où israéliens et palestiniens sont désespérés depuis de longues décennies de cohabitation, passe par deux États garantis par les Nations Unies. L’Histoire millénaire montre que Juifs et Musulmans ont toujours tissé des relations fécondes.

C’est que l’Histoire montre un cycle des civilisations, où aucune civilisation n’est supérieure à l’autre, chaque pays devant concilier son authenticité et la modernité, et chacune des civilisations ayant apporté un plus à l’humanité, d’où l’importance du dialogue des cultures. Avec les actuelles tensions géostratégiques, il faut évoquer le poids économique croissant des BRICS – passés de 5 à 11 membres avec les dernières adhésions et qui représentent maintenant plus de 30 % du PIB mondial et 50 % de la population mondiale – qui nous oriente vers une nouvelle reconfiguration des relations internationales et un monde multipolaire, où l’enjeu majeur du siècle sera le continent africain – qui comptera entre 2030 et 2040 le quart de la population mondiale à lui seul, d’où les rivalités des grandes puissances et de certains pays émergents, y compris les pays de la Méditerranée pouvant servir de pont entre l’Europe, qui perd pied et doit changer de logiciel, et l’Afrique. D’une manière générale, assisterons-nous dans les prochaines années à l’intensification des conflits ou bien à plus de coopération au profit de toute l’humanité ?

En conclusion, dans ce monde turbulent, instable, en perpétuel devenir et conditionnant notre conscience commune,  s’impose la tolérance, loin de la culture de la haine et devant respecter le droit à la différence, le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir.  C’est que l’ère des confrontations n’a eu cours pendant des siècles que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Or, Connaître l’Autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre et mieux le connaître, et cela afin de favoriser le dialogue de civilisations. Et c’est là que l’on retrouve le dialogue des civilisations, qui a forgé la civilisation méditerranéenne.

Le Président de l’Académie de Géopolitique de Paris, le Dr. Ali Rastbeen, est également intervenu en ouverture de ce colloque, pour évoquer le rôle de berceau des civilisations et de lieu de passages et d’échanges joué par la mer Méditerranée depuis l’Antiquité. Dans un second temps il plaide pour une véritable politique méditerranéenne de développement. « Pour la création d’une expertise méditerranéenne ».

Europe, Occident, monde Arabe, Moyen-Orient, Afrique du Nord… sont des conceptions qui ont leur raison d’être, mais qui sont toutes liées entre elles par l’Histoire, la culture et la géographie, via la Mer Méditerranée. Nous sommes tous issus de ce même cercle de civilisation très ancien.

Aucune civilisation méditerranéenne ne s’est développée en vase-clos, et chacune a emprunté à ses prédécesseurs et voisins, contrairement à ce que voudrait nous faire croire un certain ethnocentrisme occidental persistant, selon lequel on serait passé directement de l’Antiquité romaine à la civilisation européenne, faisant de la civilisation « gréco-romaine » ou « judéo-chrétienne » une sorte d’isolat développé par lui-même sans rapports avec les autres, occultant ainsi l’apport culturel considérable du cercle arabo-islamique (arabes, persans, turcs) sans lequel la Renaissance italienne serait impensable, et par extension la modernité occidentale aujourd’hui répandue sur toute la planète. Ce phénomène s’est produit à la faveur d’une lente remontée de la civilisation méditerranéenne vers le Nord (Angleterre) puis vers l’Ouest (Atlantique et États-Unis d’Amérique), et on parle désormais de civilisation occidentale d’un côté, de monde Arabe de l’autre, sans doute à cause d’une vision théologique opposant particulièrement Chrétienté occidentale et Islam. La dette culturelle européenne vis-à-vis du cercle arabo-islamique a été oubliée…

Les échanges constants et nombreux entre les peuples méditerranéens sont ce qui rend impossible la définition de frontières territoriales et temporelles entre les différents foyers civilisationnels de la Méditerranée. Ces échanges sont allés bien au-delà des du rivage méditerranéen, atteignant l’Afrique (subsaharienne), le Moyen-Orient ou encore les Indes et la Chine par l’historique Route de la Soie. Ce rapprochement (voire cette unification) des peuples méditerranéens par le commerce, l’économie, le développement des techniques, les échanges culturels et les mélanges de populations est certainement ce qui a permis son unité au sein de l’Empire Romain. Disparu après des siècles d’existence, cet État a laissé derrière lui un riche héritage commun à tous ses enfants des rives de la « mare nostrum », et que chacun fructifiera à sa façon.

Lieu de tensions et de passages (fructueux ou tragiques) entre pays, peuples et continents, cet espace géographique est aujourd’hui au centre de toutes les conflictualités et contradictions du monde contemporain. Les peuples méditerranéens ont trop souvent souffert de conflits importés et ne répondant pas à leurs intérêts fondamentaux, ceux du rivage Sud se sont développés inégalement par rapport aux riverains de l’Atlantique Nord, et aujourd’hui il est peut-être temps de relativiser le pôle qui a dominé le monde durant trois à quatre siècles. Il faut reprendre le contact avec la Méditerranée et sa périphérie lointaine, avec pour objectif un monde en paix et de droit au développement. Pour ce faire, il n’existe en fait pas d’alternative à une politique de coopération entre pays et peuples de la Méditerranée, mais il nous faudra surtout sortir d’une vision de blocs culturels invariables et essentialisés, ainsi que des visions rigides produites par la période coloniale, afin de reprendre conscience de notre immense et riche héritage commun, produit par l’Histoire, la géographie et la culture.

La France, fille de la civilisation méditerranéenne à laquelle elle est liée par des contacts immémoriaux et indestructibles tout en étant atlantiques, a tous les atouts pour réconcilier les deux pôles de la Méditerranée (monde Atlantique et monde arabo-musulman). C’est même l’une des conditions de sa propre existence et de son propre développement.

Monsieur Louis Bachoud, Président de Humaniv, a ensuite pris la parole . Sa contribution, intitulée « Pourquoi la démocratie participative réticulaire ou écosystémique ? », portait sur les droits des autres et les droits du vivant au service de l’humanité :

La démocratie ne peut être autrement que participative, car la vie n’est pas partout la même. Les variables sont le climat, les odeurs, les couleurs, l’eau, l’oxygène dans l’air, la densité de population, le type de famille, l’éducation et la culture.

Il ne faut pas rechercher l’égalité mais l’unité.

« La vérité est fille du temps » (Aulu-Gelle), et les vérités ne sont jamais absolues. Il faut rechercher l’unification dans l’interprétation des textes.

La démocratie participative ne peut être qu’écosystémique et doit rechercher l’équité, et non l’égalitarisme. Tous les hommes sont différents, toutes les régions sont distinctes, et toutes les actions ont des répercussions dissemblables. Chaque écosystème a ses propres nécessités, donc son parlement, et c’est donc tous ceux qui constituent une nation qui élisent leurs représentants pour former l’État et son exécutif.

L’État n’est responsable que de la défense, des grands ouvrages qui traversent ou intéressent plusieurs écosystèmes, de la politique étrangère, de la justice et du contrôle de tous les écosystèmes dans leur quotidien, et n’agit que sur le principe de subsidiarité. Cela signifie que l’instance étatique ne doit intervenir que lorsque les autorités situées hiérarchiquement en-dessous ne sont pas en mesure d’agir pour l’objet concerné.

Chaque personne est régie par le droit des autres, les droits du vivant et les règles locales

L’Écrivain Myassa Messaoudi est intervenu sur le sujet : « La précarité, les économies défaillantes, inversement proportionnelles à la place et à la valorisation des femmes ».

On dit souvent que la paix est une valeur féminine. Mais la paix n’a pas de sexe. C’est un choix conscient et intelligent qui évite le désordre et  le malheur. Les femmes dans le conflit israélo-palestinien sont impliquées dans la guerre. Les israéliennes sont soumises au service militaire obligatoire. Et les palestiniennes, quand il s’agit de combattre, sont autorisées à s’y investir. Il est intéressant aussi de mentionner qu’à l’instar des palestiniennes,   les lois sur   le statut personnel, sont régis en Israël par les religieux. Et que la cour suprême, menacée ces derniers mois par la poussée ultra-orthodoxe et xénophobe du gouvernement, reste le dernier garant de l’égalité femmes hommes dans le pays. Le conflit israélo palestinien qui vire dangereusement  au conflit religieux, menace les libertés et les droits des femmes  des deux pays.

Les femmes conscientes de cette menace essaient, des deux côtés, de se rapprocher et d’œuvrer pour la paix. On peut citer à titre d’exemple Jerusalem Link, qui fédère Bat Shalom du côté israélien et Jerusalem center for Women côté palestinien. Et aussi Coalition of Women for Peace, une organisation qui regroupait des féministes pacifistes et des organisations luttant pour les droits de l’Homme. Elle réussit à réunir près d’une dizaine d’associations. Incluant dans leurs revendications, le droit de retour des palestiniens. Et dénonçant aussi l’implication des entreprises israéliennes et internationales dans l’occupation.

En conclusion,  il n’existe pas d’autres moyens de parvenir à la paix que le dialogue et le consensus. La solidarité internationale, quand elle est juste et sincère,  aide aussi à favoriser  la paix. Même si le soutien toxique qu’apporte le camp occidental à l’extrême droite israélienne et aux fondamentalistes religieux, déçoit et affaiblit. D’une part,  le camp de la paix israélien et ses authentiques démocrates. Et d’autre part, les palestiniens, qui, par désespoir et déception, n’auront d’autres choix que la radicalité. Sans parler de la crédibilité même des pays dit démocratiques qui part en fumée, et les profondes fissurations qui se dessinent doucement et durablement dans leurs sociétés.

Kacem Ait Yalla, Président d’honneur de Cluster Numérique Africa a pris ensuite la parole pour intervenir sur le sujet : « En quoi le numérique est-il une solution pour la Méditerranée ? Comment réduire la fracture numérique entre le Nord et le Sud ? ».

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Alain Aboukinane, Président du Cabinet de conseil Akadium, est intervenu sur le sujet : « Processus et mise en place de nouvelles structures, plateformes, intégration des connaissances ».  

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L’intervention du sociologue et Docteur en sciences politiques Christophe Bertossi, fondateur de l’Institut de la Démocratie, s’intitule : « Y-a-t-il une citoyenneté méditerranéenne ? En quoi la démocratie est une solution pour régler les défis économiques et réguler ou ralentir les flux et reflux des réfugiés et des migrants ? ».

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C’était ensuite au tout de Jean-Pierre Mariaccia, Président de Convergence International SAS, de s’exprimer sur le sujet des migrations. Son intervention s’intitule : « La migration au cœur de la mondialisation : droit humain ou épouvantail brandi par le consumérisme ? ».

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L’intervention suivante, celle de l’enseignant-chercheur Saddek Sellam, a porté sur la Conférence méditerranéenne de 1958.

(…)

La parole est ensuite allée à Mostafa Bouaziz, Professeur à l’Université Hassan II Ain-Chokh de Casablanca, et portait sur le conflit au Sahara occidental et les perspectives d’un « Maghreb des citoyens ».

(…)

La dernier intervenant avant le passage au débat fut Monsieur Aïssa Kadri, Professeur honoraire à l’Université de Paris 8, pour parler du « modèle méditerranéen à l’épreuve des transformations post-Covid-19.

Le « modèle » socio-économique méditerranéen qui a prévalu jusqu’ici correspond à la division internationale du travail, fondée sur une spécialisation Nord-Sud divisant les pays. Ceux du Sud sont caractérisés par une faiblesse des activités manufacturières et par le fait qu’ils sont pourvoyeurs d’énergie et de produits agricoles, et ceux du Nord par le fait qu’ils sont porteurs d’investissements, de produits manufacturés et de nouvelles technologies.

Cette spécialisation ou division n’a pas eu de résultats probants, aggravant la situation des pays de la rive Sud tout en rendant dépendante des aléas politiques l’approvisionnement des ressources minières de la rive Nord. Ainsi, il y a eu de fait et jusqu’à aujourd’hui une dilution de la Méditerranée dans la mondialisation.

L’opportunité offerte par le contexte post-Covid19 pourrait-elle permettre une recomposition des processus productifs ainsi qu’une plus forte intégration régionale ? Dans cette contribution nous tracerons des pistes pour voir comment penser la place de la Méditerranée dans la dynamique de ces transformations, à l’échelle du monde et de la région.

Autour de 17 heures 45, les intervenants ont commencé à prendre les questions du public, et un débat s’en est suivi. Après avoir remercié tous les intervenants et participants pour leur active et riche participation, et pour leur présence, le Dr. Ali Rastbeen, Président de l’Académie de Géopolitique de Paris, a conclu le colloque par quelques mots avant d’y mettre fin.

Le début du 21ème siècle marque le grand retour de la Méditerranée sur la scène internationale en tant qu’espace majeur de manifestation, d’illustration et d’expression des grands enjeux géopolitiques contemporains. Cette centralité retrouvée se manifeste à plusieurs niveaux, et sur plusieurs plans : militaire, stratégique, sécuritaire, géoéconomique, idéologique, économique, commercial et diplomatiques, démographique, migratoire et alimentaire.

Sur tous les plans, l’avenir de la Méditerranée est incertain, et l’on voit mal ce qui pourrait empêcher la survenue de catastrophes majeures, qu’elles soient humanitaires, alimentaires, migratoires ou sécuritaires, voire militaires. Plus que jamais, la Mer Méditerranée semble appelée à redevenir un espace de conflictualité : il est temps pour nous d’ouvrir une démarche de réflexion sérieuse, en vue de dégager des solutions concrètes ou des explications aux blocages rencontrés jusque maintenant dans la réalisation d’une politique de développement commun harmonieux entre les peuples méditerranéens.

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