Général Elias FARHAT
Général des armées libanaises
Avril 2016
Le royaume d’Arabie Saoudite joue plusieurs rôles importants sur la scène politique Arabe, régionale et internationale, notamment avec les pays islamiques. Israël est conscient que s’il réussit à établir des relations normales avec l’Arabie Saoudite, il verra s’ouvrir devant lui les portes du monde arabe et musulman.
Récemment, des informations ont circulé relatant des contacts officiels et des rencontres publiques, entre l’Arabie Saoudite et Israël dont les faits sont rapportés par les mass media. Considérées par les uns comme un début d’ouverture entre les deux pays ennemis, qui prélude à des contacts officiels, ces rencontres sont interprétées par d’autres, comme un contact sans lendemain, parce qu’elles n’aboutiront jamais à développer des relations de rapprochement politique entre les deux états. D’autres encore, considèrent que les rencontres israélo-saoudiennes nécessitent beaucoup d’efforts et une longue marche vers la normalisation des relations entre ces deux pays. Pendant son assistance au Forum économique mondial à Davos, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré à CNN : « Dans ces derniers temps, il y a eu un changement radical dans les relations étrangères d’Israël, et entre Israël et ses voisins arabes. L’Arabie Saoudite, comme d’autres états, nombreux dans le monde arabe, considère l’Israël comme un allié et non pas comme une menace ».
La plus importante de ces réunions est la rencontre en Israël, entre Yair Lapid qui a œuvré pour l’initiative de paix en tant que chef du parti future, et le prince Turki al-Faisal, ancien chef des renseignements, ancien ambassadeur à Washington et à Londres, fils du défunt roi Faisal binAbdul Aziz, et frère du ministre des Affaires étrangères Saud al-Faisal.
Les rencontres entre chercheurs appartenant à des centres de recherche divers dans les deux pays. La plus importante de ces rencontres a réuni le chercheur et ancien militaire saoudien AnwarAl Ochqui, et Dori Gold, conseiller auprès du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. L’Arabie Saoudite ne fait pas partie des pays arabes qui avaient ouvert sur leurs territoires des bureaux de représentation israéliens ; elle n’a non plus annoncé des réunions officielles avec Israël.
Le Royaume d’arabie Saoudite joue plusieurs rôles importants sur
la scène politique arabe, régionale et internationale, notamment avec les pays islamiques. Dès la création de l’État d’Israël, en 1948, et à l’instar des autres pays arabes et musulmans, le Royaume avait aussitôt refusé de reconnaitre le nouvel État, tout en le considérant comme un État ennemi ; et cela, compte tenu de la politique d’Israël, et de ses législations. En plus, le royaume d’arabie Saoudite s’est attaché aux décisions du comité de boycott d’Israël, appartenant à la Ligue arabe.
De son coté, Israël est conscient que l’arabie Saoudite le considère toujours comme État ennemi et n’a établi avec elle aucune représentation politique ou diplomatique ; il n’a également mené avec elle aucune rencontre officielle. Néanmoins, Israël ne cache pas son ambition pour normaliser ses relations avec le Royaume, en raison du rôle arabe et islamique de celui-ci, sachant que la plupart des pays arabes ne reconnaissent pas l’Israël, et que des pays musulmans importants, comme le Pakistan, l’Indonésie, la Malaisie et le Bangladesh, s’interdisent toujours de reconnaître Israël, ou d’établir avec lui des relations officielles, bien que certains d’entre eux entament avec l’État israélien des liaisons commerciales. L’Israël est également conscient que s’il réussit à établir des relations normales avec l’arabie Saoudite, il verra s’ouvrir devant lui les portes du monde arabe et musulman.
Récemment, des informations ont circulé relatant des contacts officiels et des rencontres publiques, entre l’arabie Saoudite et l’Israël dont les faits sont rapportés par les mass media. D’autres informations, relatent aussi des rencontres secrètes entre les deux pays. Les interprétations au sujet de ces rencontres sont contradictoires : considérées par les uns comme un début d’ouverture entre les deux pays ennemis, qui prélude à des contacts officiels, ces rencontres sont interprétées par d’autres, comme un contact sans lendemain, parce qu’elles n’aboutiront jamais à développer des relations de rapprochement politique entre les deux États. D’autres encore, considèrent que les rencontres israélo-saoudiennes nécessitent beaucoup d’efforts et une longue marche vers la normalisation des relations entre ces deux pays.
En tout état de cause, les cercles officiels saoudiens restent désireux d’ignorer les nouvelles informations, et de ne pas les commenter, même de ne pas les publier dans leurs médias, tant publiques que privées. Tandis que la partie israélienne et ses médias ont mis en évidence ces réunions. Les journaux et les sites d’information sont allés même jusqu’à inviter des responsables saoudiens. En revanche, le site saoudien Ilaf a reçu des politiciens et des militaires israéliens.
Pendant son assistance au Forum économique mondial à Davos, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré à CNN : « Dans ces derniers temps, il y a eu un changement radical dans les relations étrangères d’Israël, et entre l’Israël et ses voisins arabes. L’arabie Saoudite, comme d’autres États, nombreux dans le monde arabe, considère l’Israël comme un allié et non pas comme une menace ». De tels propos n’ont pas été émis par de sources saoudiennes, et de telles positions n’ont pas été prises par de personnalités saoudiennes. Seulement quelques réunions informelles et officieuses ont eu lieu, dont nous examinons ici quelques-unes pour entrevoir leurs effets sur les relations israélo-saoudiennes.
La plus importante de ces réunions est la rencontre en Israël, entre Yair Lapid qui a œuvré pour l’initiative de paix en tant que chef du parti futur, et le prince Turki al-Faisal, ancien chef des renseignements, ancien ambassadeur à Washington et à Londres, fils du défunt roi Faisal bin Abdul Aziz, et frère du ministre des Affaires étrangères Saud al-Faisal, qui a présidé quarante ans à la diplomatie saoudienne. Cette réunion qui a eu lieu au domicile de Mr Lapid peut être qualifiée d’officieuse, (semi officielle/semi privée) les deux personnalités israélienne et saoudienne n’étant pas représentant de leurs gouvernements, mais n’étant pas, également et en même temps, loin des postes de décision dans leurs pays respectifs. Or, il est possible que cette réunion soit politiquement, la plus importante, parmi les autres rencontres sporadiques qui ont eu lieu entre d’autres personnalités saoudiennes et israéliennes.
Les rencontres entre chercheurs appartenant à des centres de recherche divers dans les deux pays, se limitaient à briser la glace entre les deux parties, et à s’échanger des points de vue sur le processus de paix arabo-israélien, sans entrer dans des positions formelles et gouvernementales. La plus importante de ces rencontres a réuni le chercheur et ancien militaire saoudien Anwar Al Ochqui, et Dori Gold, conseiller auprès du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. D’autres rencontres se sont tenues avec Amos Yadlen ancien chef du renseignement militaire en Israël. À cela s’ajoutent des conversations que Faisal et Al Ochqui ont tenues avec des journaux et des sites d’informations israéliens. Les auteurs saoudiens de ces rencontres n’ont pas été poursuivis par les autorités saoudiennes ; par contre, ces autorités leur ont laissé toute la liberté d’agir. En témoignent les rencontres qui ont eu lieu en marge de la récente Conférence de Munich, en particulier la poignée de main du ministre de la Défense Moshe Ya’alon et le prince Turki al-Faisal.
Il semble, de ce qui put être dégagé de ces réunions, qu’elles avaient toutes affaire avec le processus de paix israélo-arabe, en particulier l’initiative de paix arabe lancée par feu le Roi Abdullah bin Abdul Aziz de l’arabie Saoudite, et adoptée par le sommet arabe de Beyrouth en 2002, reprise et confirmée par le sommet de Riyad en 2007. En d’autres termes, les rencontres ne comprenaient pas le dossier des relations bilatérales des deux pays. Aussi ces réunions interviennent à un moment où deux pays arabes, à savoir l’Égypte et la Jordanie, entretiennent avec Israël des relations diplomatiques, et une normalisation limitée. Quelques autres pays arabes, comme le Maroc, la Tunisie, l’Oman, les Émirats arabes unis et le Qatar, se sont contentés, à ce jour, à créer, dans leurs capitales, des bureaux de représentation israélienne. Ces pays cherchent à démarrer, après les accords d’Oslo entre l’OLP et Israël, ce qu’ils pensaient être un futur accord de paix israélo-arabe.
Avec un processus de paix qui se trouve au point mort, la multiplication des attaques israéliennes (notamment sur la mosquée Al-Aqsa, sacrée pour les musulmans) et le soulèvement du peuple Palestinien, les pays arabes se voient contraints de fermer ces bureaux de représentation. En même temps leur contact avec Israël diminue considérablement, pour se limiter à quelques sporadiques réunions avec des responsables israéliens. L’arabie Saoudite ne fait pas partie des pays arabes qui avaient ouvert sur leurs territoires des bureaux de représentation israéliens ; elle n’a non plus annoncé des réunions officielles avec Israël.
L’Arabie Saoudite, Israël et le dossier Iranien
Au cours des cinq dernières années, est apparu un croisement des positions saoudiennes et israéliennes sur la question du programme nucléaire de l’Iran, et à propos de l’ingérence de l’Iran dans la région arabe. L’arabie Saoudite considère que l’Iran représente un danger aussi bien pour elle que pour d’autres pays arabes. Elle accuse l’Iran de s’immiscer dans les affaires intérieures des pays de la région, et de soutenir les Chiites et la foule populaire en Irak, mais aussi le régime en place, en Syrie, Hezbollah au Liban, et les Houthis au Yémen. Quant à l’Israël, il a toujours considéré que l’arme nucléaire Iranienne constitue une menace pour son entité et pour sa sécurité nationale. L’Israël a œuvré activement auprès des États-Unis et du groupe 5+1 afin d’arrêter les négociations avec l’Iran, et de recourir à l’option militaire.
L’Israël a également considéré que le soutien de l’Iran au Hamas et au Hezbollah, est une véritable menace pour son État. C’est pourquoi il n’a pas hésité de déclarer à plusieurs reprises, qu’il est prêt à envoyer ses missiles balistiques, et annonce la capacité de ses aéronefs équipés de bombes bunker-buster, pour effectuer cette tâche.
L’Israël et l’arabie Saoudite se partagent les mêmes anxiétés et les mêmes soucis vis à vis de l’Iran. Mais aussi, les deux parties savent que leur coopération sur ce dossier ne pourra pas réaliser leurs buts respectifs. Au contraire, cette coopération ajouterait des problèmes à chacun des deux pays : au Royaume, État religieux conservateur, qui trouve difficile d’établir des relations publiquement annoncées avec l’État israélien ; et à Israël qui estime que la coopération avec l’arabie Saoudite exige des concessions qu’il considère douloureuses, et dont la moindre, ce qui est indiqué dans l’initiative de paix arabe, notamment un État palestinien, avec sa capitale Al Qods.
C’est pourquoi les deux États se sont tournés vers les États-Unis et l’Europe, et usaient de leur influence politique et économique, afin de faire pression, et empêcher de parvenir à un accord avec l’Iran.
La position saoudienne à l’égard d’Israël, peut être comprise dans ce contexte, c’est-à-dire dans le cadre du croisement des intérêts des deux pays. Ces intérêts consistent principalement en l’empêchement de la montée en puissance de l’Iran et surtout empêcher celui-ci de devenir la puissance régionale principale qui pourrait rivaliser avec l’arabie Saoudite, et fait d’Israël l’ennemi principal. Mais ces intérêts ne peuvent être considérés comme étant le début de normalisation, ou la fin de l’état de belligérance entre les deux pays, et que ceux-ci verront bientôt instauré un état de paix entre eux, à la manière de Jordanie/Israël, ou Égypte/Israël, qui met fin à un état de guerre épuisante.
Concernant la crise syrienne, la situation est différente ; Israël traite celle-ci moyennant une perspective stratégique militaire. Plusieurs préoccupations contribuent à constituer l’objectif d’Israël qui consiste en l’épuisement de l’armée syrienne et la désactivation de ses capacités, les restrictions sur le Hezbollah, et l’interruption de l’arrivée des armes jusqu’à lui, et probablement, l’élimination de ses capacités militaires. À plusieurs reprises l’armée israélienne est intervenue en bombardant des cibles jugées par lui des sites militaires appartenant au Hezbollah.
Du coté saoudien, le Royaume a publiquement exprimé son soutien à l’opposition syrienne, tout en réclamant le départ du président Al-Assad. Il a également reçu dans sa capitale l’opposition syrienne, et n’a jamais caché qu’il la soutient en matière de financement et d’armement.
Israël a accepté la coordination militaire avec la Russie, et est conscient du fait que l’intervention russe vise à frapper les organisations terroristes de l’opposition, et à consolider l’autorité du régime. Quant à l’arabie Saoudite, elle s’est opposée ouvertement au rôle de la Russie en Syrie. Elle l’a stigmatisé publiquement par les médias ; mais parallèlement, elle a recouru à des réunions politiques avec la Russie. Alors, vis-à-vis de la guerre en Syrie, on trouve donc des positions israéliennes correspondantes à celles saoudiennes, surtout pas une victoire de l’Axe de L’Iran Hezbollah.
Dans la crise au Yémen, l’arabie Saoudite a lancé une guerre surprise pour frapper les Houthis, et les soumettre. Elle visait par cela contrecarrer l’influence Iranienne sur son voisin yéménite.
Pour Israël, géographiquement distant du champ de bataille, le plus important dans cette guerre, est de préserver la libre navigation à Bab al-Mandeb ; cette préoccupation israélienne est partagée par d’autres pays de la mer Rouge, à savoir L’arabie Saoudite et l’Égypte. Aussi, les États-Unis cherchent à protéger la libre navigation maritime des dangers qui menacent le commerce mondial. Dans ce but, et pour d’autres fins aussi, les États-Unis ont créé une force de frappe siégeant au Camp Amon-yi à Djibouti.
L’anxiété d’Israël et celle des autres pays se trouvent actuellement apaisées et limités, compte tenu du nouveau déploiement américain dans la région. D’autre part, les Houthis, de leur côté, ont déclaré qu’ils ne toucheront pas à la navigation dans ce détroit. D’où la position de spectateur qu’adopte Israël envers cette guerre qui a commencé il y a un an, et qui continue toujours. Toutefois, Israël a exprimé son inquiétude d’une victoire probable des Houthis, ceux-ci étant les alliés de l’Iran.
Quels horizons pour les relations israélo-saoudiennes ?
Au niveau international, il est bien connu, que de nombreux pays cherchent auprès d’Israël un soutien, dans le but d’améliorer leurs relations avec les États-Unis, en usant de l’influence du lobby israélien au Congrès et à l’administration américaine.
Cela ne concerne pas le Royaume d’arabie Saoudite, qui a des liens étroits avec les États-Unis, depuis que les bases de ces relations ont été instaurées par le fondateur du Royaume Abdul Aziz et le président Roosevelt, lors de leur réunion à bord de la barge Quincy dans les lacs Amers à Suez, en février 1945.
Alliée stratégique des États-Unis, l’arabie Saoudite est un partenaire important dans le domaine de l’énergie et des hydrocarbures. Souvent, l’arabie Saoudite est en parfait accord avec les États-Unis sur la question des prix du pétrole, lorsqu’il s’agit de hausser ou de baisser ces prix, pour servir des intérêts américains, tant sur le plan économique que sur celui politique.
L’arabie Saoudite a soutenu fermement les moudjahidines afghans qui avaient contribué à la chute de l’Union Soviétique. Par conséquent, l’arabie Saoudite n’attache à l’Israël aucune importance pour améliorer ses relations avec les États-Unis. Elle n’a non plus besoin d’Israël pour consolider sa position internationale, les relations américano-saoudiennes étant bien solides, comme nous l’avons mentionné. C’est plutôt l’Israël qui a souvent besoin de l’arabie Saoudite pour l’aider à sortir de son isolement au niveau des pays arabes, et des pays musulmans. C’est que l’arabie Saoudite supporte la plupart des pays islamiques, et leur offre des aides directes d’assistance et d’emplois dans le Royaume. Elle les aide à travers les projets de la Banque islamique de développement, et le soutien des associations islamiques dans le cadre de l’Association du monde islamique. Par contre, l’Israël a grand besoin de l’arabie Saoudite, pour l’aider à rompre l’état d’isolement dans lequel il se trouve vis-à-vis des pays arabes et musulmans. D’autre part, l’Arabie se trouverait dans l’embarras, si elle affiche ouvertement ses relations avec l’Israël, d’autant plus que celui-ci reste cantonné sur ses positions ignorant totalement la justice de la cause du peuple Palestinien.
Il est difficile pour le leadership du Royaume de mener la normalisation avec Israël, car l’établissement religieux allié avec l’établissement politique, ne peut pas permettre une telle action. Toute décision de normaliser les relations avec l’Israël provoque la colère des clercs saoudiens, et produit des réactions violentes.
N’oublions pas que le Wahhabisme puritain incarné par l’organisation des «Frères de celui qui obéit à Dieu» a rejeté la décision que le Roi Abdul Aziz avait prise, pour arrêter l’expansion en Irak et en Syrie. Ils avaient mené contre lui une guerre qui s’est soldée par leur défaite, dans la bataille de Sabilah en 1928.
Mais ce puritanisme est réapparu avec le mouvement de Juhayman Otaibi en 1979 qui a occupé la Grande Mosquée mecquoise, protestant contre l’occidentalisation du Royaume. Ce puritanisme est également apparu, dans les années quatre-vingt-dix, et plus dangereusement encore, avec Oussama ben Laden, suite à l’entrée dans la terre du Royaume, d’une force occidentale « chrétienne », au cours de l’opération « Bouclier du Désert » en 1990. Il est réapparu aussi en Irak avec Abu Musab al-Zarqawi et Abu Bakr al-Baghdadi comme une protestation à l’opération Iraqi Freedom.
En brève conclusion, on peut dire que le Royaume n’a pas intérêt à développer ses contacts avec Israël, car cela provoque d’une part le puritanisme Wahhabite mobilisé différemment que l’establishment dit wahhabite qui participe actuellement au gouvernement, d’autre part les pays n’acceptant pas l’oppression israélienne des Palestiniens. En plus, l’Israël voit dans la relation avec l’Arabie une coopération obligatoire dans le règlement de la cause palestinienne, mais selon des conditions purement israéliennes.