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Laurent Gounelle
Le réveil
Paris, Calmann-Lévy, 2022, 193 p.
C’est un roman mais tellement proche de la réalité en ce qui concerne le sujet et son traitement que le genre romancé échappe très rapidement au lecteur. Ce n’est pas la moindre des qualités de cet ouvrage expliquant la majeure partie des procédés de la fabrique du consentement collectif.
À la question, « Si l’on parvenait à comprendre le mécanisme et les ressorts de la mentalité collective, ne pourrait-on pas contrôler les masses et les mobiliser à volonté sans qu’elles s’en rendent compte ? », l’auteur répond par une étonnante capacité à multiplier les exemples quotidiens que subissent nos contemporains, sans être ni accablant, ni adopter un style volontariste ou militant.
Des procédés d’Édward Bernays, de la manipulation des foules américaines pour qu’elles acceptent l’entrée en guerre, à l’utilisation des émotions au service des multinationales, de leur lobbying auprès des relais politiques publics, États, Congrès, Union européenne, ou des projets globalistes type Forum de Davos, l’auteur entraîne son lecteur à la réflexion de fond sur notamment la manipulation des masses, le trilemme de Rodrik, le contrôle et l’influence des sociétés par la soumission volontaire, l’infantilisation et la terreur, la gouvernance de l’Union européenne et même sur les Éoliennes. La volonté de l’auteur d’amener son lecteur à la réflexion sans contrainte sur la faculté de jugement ni de discernement, se reflète également dans la légèreté de l’écriture.
Cet ouvrage est une sorte de pendant à celui de José Saramago sur la démocratie moderne, La Lucidité (Paris, Seuil, 2006) en ce sens qu’il ouvre la voie aux réflexions de fond sur la société de contrôle, la manipulation de masse, les techniques de fabrication du consentement, notamment par la propagande de la terreur.
Roger Pontus
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