LES SERVICES DE RENSEIGNEMENTS EN AFGHANISTAN ET DANS LA REGION

Roger TEBIB

Professeur des universités,sociologie, Reims

Trimestre 2010
On peut faire, dans ce domaine, les constatations suivantes :

  • La mission première des services de renseignements est surtout de protéger les régimes en place et donc d’acquérir la totale confiance des dirigeants.
  • Renseignements militaires et renseignements politiques vont de pair, avec une prééminence donnée aux responsables de l’un ou l’autre service, selon l’histoire du pays.
  • Pour les services secrets de chaque pays, les pays frères constituent un pôle d’intérêt important.
  • Ajoutons le rôle joué par les exilés politiques, à l’intérieur des communautés immigrées, en particulier en Europe et aux États-Unis.
  • Il est évident queles nomsdesservices peuventchanger,maisles structures restent en général les mêmC

Essai historique Afghafdstan

Dans ce pays, les services de renseignements ont été mis sur pied avec l’aide de l’ancien KGB et du Ministerium fur Staatssicherheit de l’ancienne Allemagne de l’Est, également connu sous le nom de Stasi.

On en connaît actuellement un seul, officiel, constitué en 1986 : le Wâsârât-é Ettelâhat-é Dawlati, WAD, qui, au fond, a remplacé l’ancienne police secrète du président. Ses effectifs sont énormes, près de cinquante mille agents.

Activités

  • Les opérations de ce service de sécurité sont influencées évidemment par l’in­terminable guerre civile qui ravage le pays et par l’implication des puissances extérieures dont la politique varie selon les besoins du moment.
  • Le Pakistan craint la constitution d’un axe Kaboul-New Delhi, susceptible de le prendre à revers et de réduire sa profondeur stratégique face à la menace in­
  • L’Iran se présente comme le défenseur légitime de la minorité chiite afghane (environ 20 % de la population). Il aidait la principale formation chiite, le Hizb-e-Wahdat-e Islami, Parti unifié de l’islam mais, depuis quelques années, il a plus ou moins réduit ses livraisons d’armes et son financement à cause de l’intrusion des « talibans » et des revers enregistrés par ce mouvement (Éric Bachelier, « L’Afghanistan en guerre », dans Conflits contemporains, PUF, 1992).
  • L’Arabie Saoudite, pour contrecarrer l’Iran, continue à aider l’Ittihad e-Islami, l’Alliance islamique, une fraction dissidente du Parti unifié de l’islam.
  • L’Inde intervient dans la politique intérieure de l’Afghanistan et finance les op­posants au régime, leur fournit du matériel, des pilotes, etc. (Philippe Frison, « L’Afghanistan postcommuniste », dans Problèmes juridiques et sociaux, n° 701, 1993).
  • Il semble que les services secrets de l’Afghanistan continuent à aider les merce­naires musulmans arabes qui avaient combattu contre les Soviétiques puis lutté pour le pouvoir. Ces « Afghans » (El-Afghani) sont essentiellement des vo­lontaires recrutés à travers l’organisation d’Oussama Ben Laden, le milliardaire terroriste. Les chefs du Groupe islamique armé (GIA) en Algérie sont presque tous des « Afghans ».

Des spécialistes impliquent la CIA dans ce phénomène. « En « inventant » les Afghans, les services américains n’ont pas fait que répondre à une situation d’urgence commandée par la grande confrontation engagée avec l’URSS mais ils ont ouvert le grand chantier du désordre international… Si l’empire du désordre

s’imposait durablement à l’alliance de l’Amérique et de l’Ancien Monde, le désordre en Méditerranée et dans l’ensemble du monde islamique ne serait pas l’échec de la politique américaine actuelle, mais précisément l’effet recherché. Le désordre en effet créerait entre le Nord et le Sud cette ligne de feu autogérée qui remplacerait utilement le rideau de fer et permettrait la survie de l’OTAN en tant qu’alliance du Nord » (Alain Joxe, L’Amérique mercenaire, Stock, 1992).

Pakistan

Depuis des décennies, surtout à la suite des conflits avec les États voisins et des crises gouvernementales, les services pakistanais de renseignements ont été plusieurs fois restructurés.

Les spécialistes ont défini le Pakistan comme un « État prétorien en voie de dé­mocratisation ». Il doit tenir compte de la confrontation permanente avec le puis­sant voisin indien et son cortège de tensions, de guerres et de courses à l’armement.

Structures

Le pays dispose de plusieurs services de renseignements tournés vers la sur­veillance des frontières, des minorités et des partis politiques. Les plus importants sont au nombre de deux :

  • l’Intelligence Bureau, IB, chargé des renseignements civils et dépendant direc­tement du Premier ministre ;
  • l’Inter-Service Intelligence, ISI, service de renseignements militaires, qui est le plus ancien. Madame Benazir Bhutto, Premier ministre, l’a modifié plusieurs fois car elle reprochait surtout à ses chefs de trop aider la résistance afghane et les terroristes indiens du Pendjab et du Cachemire. Depuis cette époque, les responsables de l’ISI sont limogés et remplacés pratiquement tous les deux ou trois ans.

Activités

Les services pakistanais ont une série de tâches à accomplir :

  • Surveiller les frontières avec l’Afghanistan et l’Inde, pour éviter que le Pakistan devienne la base arrière traditionnelle et le lieu de transit des moudja­hidine de la région.
  • Essayer d’éradiquer la violence, de moins en moins politique, entre les diverses communautés ethniques, surtout sindhis et mohajirs : des bandes de « dacoïts », hors-la-loi surarmés constituant des sortes de grandes compagnies, agissent sou­vent pour le compte des grands propriétaires terriens, désireux de perpétuer, par la terreur, l’exploitation des masses paysannes.
  • Lutter contre les mouvements terroristes islamistes (chiites contre sun­..). En effet le Pakistan est surchargé de ces partisans du « jihad », dont les trois groupes les plus importants sont :
  • Mouvement pour l’application du rite jafarite (Tehrik Nifaz-e-Fihgah-e-Jafria, TNFJ de tendance chiite,
  • Soldats des compagnons du Prophète (Sipah-e Sahaba Rasul Allah), fraction radicale issue du parti fondamentaliste sunnite Jamaat-Ulema-i-Islam, JUI,
  • Mouvement pour l’application de la charia (Tehrik Nifaz-e-Shariat-i, TNS), sunnite et renforcé par des guerriers afghans et pathans.
  • Réagir contre le trafic des stupéfiants, à la suite de fortes pressions internatio­nales (Alain Labrousse, « La culture du pavot dans le district de Dir (Pakistan) », dans Revue du tiers-monde, tome XXXIII, n° 131, juillet-septembre 1992).
  • Lutter contre la violence, à Karachi plus particulièrement, où « la police es­time à plus de cent mille le nombre de kalachnikovs en circulation, tandis qu’il est devenu banal de dévaliser un train, d’attaquer une mosquée ou de harceler une patrouille de forces paramilitaires, souvent moins bien armée que ses agres­seurs » (François Sergent, « Karachi, nouvelle cité de la peur », dans Libération, 20 décembre 1994).

Bangladesh

Dans cet État, il existe officiellement deux services de renseignements :

  • Le Department of National Security Intelligence, DNSI.
  • Le Defence Forces Intelligence, DFI.

Ils ont été formés sur le modèle anglo-saxon mais ils dépendent tous deux des institutions militaires.

 

Activités

Coups d’État, conflits religieux et ethniques constituent de graves problèmes, d’autant plus que les services de renseignements sont également très influencés par les partis politiques luttant pour s’emparer du pouvoir.

Ce sont les ethnies tribales indiennes qui sont les plus remuantes : Marmars et Chakmas ont créé des groupes violents depuis 1972.

Le plus important est le Shanti Bahini, Force de la paix, qui s’est lancé dans la lutte armée depuis 1976. Il est la branche militaire d’un parti, la Parbatya Chattagram-Jana Sanghati Samiti (PC-JSS) ou Association de coordination du peuple.

Les Chakmas disposent d’antennes à l’étranger (Assam et Arunachal Pradesh, État de l’Inde du Nord-Est, limitrophe de la Chine), dont la World Chakma Organisation, qui plaide pour leur cause auprès de l’opinion publique internatio­nale.

 

Pays de l’ancien monde communiste

Dans la Fédération de Russie – qui compte 21 républiques, 6 territoires, 49 ré­gions, 1 région autonome juive, 10 districts autonomes, 2 villes fédérales (Moscou et Saint-Pétersbourg), soit au total 80 « sujets » -, les services de renseignements sont très nombreux et difficilement répertoriables.

Mais, compte tenu de l’actuelle guerre en Afghanistan, il paraît intéressant de répertorier les services de renseignements des pays proches de cette région en crise, où les Russes étaient installés et dont les populations gardent des relations avec leurs voisins, sur les plans culturel et religieux en particulier.

Dans les pays de l’ex-bloc communiste, les services de renseignements avaient pris comme bases les structures du KGB, avec l’aide, parfois, des spécialistes de l’Allemagne de l’Est.

En 1991, à l’issue du putsch manqué des conservateurs, dirigé par le Comité d’État pour l’état d’urgence (CEEU), plusieurs républiques suppriment leurs ser­vices dépendant du KGB ou les modifient. Toutefois, au-delà de l’aspect formel, les structures, les techniques et le personnel n’ont pas changé.

 

Kazakhstan

Cette République possède un service dirigé par les militaires, le Comité de la sé­curité nationale (Komitet Natsional’noï Bezopasnosti, KNB). II fonctionne comme le KGB, s’occupe de la sécurité intérieure et de la garde des frontières. Le Parlement, normalement, peut le contrôler à l’aide d’une Commission de la sécurité nationale et de la défense.

Azerbaïdjan

On y trouve les mêmes structures que celles du KGB, mais l’appellation a été changée en ministère de la Sécurité.

Tadjikistan

Il y existe également un Comité de sécurité nationale, intégré à l’armée. Turkménistan

On y trouve le même nom : Comité de sécurité nationale, KNB, issu du KGB et dirigé par des militaires.

Ouzbékistan

Cette République a un Comité de sécurité nationale mais, dans un livre paru il y a quelques années, son président a dit qu’il allait être « libéralisé » (Islom Karimov, Ouzbékistan, Carte Segrete, 1996). Il a repris les mêmes idées dans un autre ou­vrage : L’Ouzbékistan à la veille du xxf siècle. Les menaces à la sécurité. Éditions Ouzbékistan, Tachkent, 1997).

Kirghizie

On y trouve encore un Comité de sécurité nationale, issu du KGB.

Pays du golfe Persique

Dans cette région, malgré les tentatives d’implantation des services russes, l’in­fluence anglo-américaine a été et reste très grande. Les structures des services secrets des différents pays ont été organisées, en gros, sur le modèle anglo-saxon, avec les interventions continues de la CIA.

En voici quelques exemples. Arabie Saoudite

Le Bureau des liaisons extérieures, qui a toujours été dirigé par des parents du roi Fayçal, fonctionne plus ou moins en symbiose avec les services américains. Il existe aussi un service de renseignements chargé de lutter contre les opposants au régime, en particulier :

  • Munadhamat al-thawra fil jazira al arabiya (Organisation de la révolution islamique dans la péninsule Arabe), organisation clandestine chiite, aidée par l’Iran.
  • Hizb-allah fil Hijaz (Parti de Dieu au Hedjaz), également d’obédience chiite.

Ces groupes ont des filiales à l’étranger, Londres, Bruxelles, Beyrouth, etc., d’où l’aide apportée à l’Arabie par les services anglais et américains qui mettent, entre autres, des écoutes à la disposition des agents saoudiens.

Bahreïn

Dans ce pays, il y a un service de renseignements stratégiques, mis en place par les Anglais et appelé Security and Intelligence Service (SIS). Ajoutons que l’an­glais est compris par près de 70 % de la population.

Émirats arabes unis

La situation est la même : les sept émirats (Abou Dhabi, Dubaï, Sharjah, Fujaïrah, Ajman, Umm al-Qaïwain, Ras al-Khaima) disposent de services com­muns de renseignements, avec l’aide occidentale, mais les dissensions internes ne permettent pas toujours de bons résultats. Des rondes discrètes sont régulièrement effectuées sur les places et dans les piscines ouvertes aux femmes, où l’alcool est to­léré. Lors de la guerre du Golfe, le système d’écoute et de renseignements a été, bien sûr, pris en charge par les USA. L’université El Aïn, connue pour son intégrisme exacerbé, est également surveillée.

Oman

Ses services de renseignements ont été mis en place et dirigés jusqu’en 1992 par du personnel britannique. Ils continuent à employer des militaires anglais venus du MI 6 Spécial Air Service et détachés pour deux ans pour le service du sultanat.

 

L’Oman Intelligence Service (OIS) a été créé en 1971. Son nom et ses struc­tures ont évolué. D’abord Oman Research Department (ORD) puis Internal Security Service (ISS), il a toujours été dirigé par des militaires. En 1992, on a pourtant nommé pour la première fois un directeur civil, mais le service reste tou­jours intégré à l’armée.

Une de ses visées concerne l’Arabie Saoudite, à cause de sa politique anti-ira­kienne.

Yémen

Cet État possède trois services :

  • l’Organisation de sécurité nationale (Al-Amn al-Watani) qui est – fait étrange – responsable des renseignements extérieurs ;
  • la Sécurité politique (Al-Amn al-Siyassi), qui s’occupe de la protection des dirigeants et de la recherche des renseignements politiques ;
  • la Sécurité centrale (Al-Amn al-Markasi), tournée vers la protection des po­

Une activité importante de ces services est le renseignement en Arabie Saoudite et en Érythrée, adversaires potentiels. De plus, le Yémen soutient d’importants mouvements terroristes, entre autres l’organisation Abou Nidal, qui bénéficie de l’asile depuis les années 1970, ainsi qu’Al-Islah (La Réforme), Al-Jihad, Hizb-al Haqq (Parti de la Justice).

Il existe trois camps connus d’entraînement pour terroristes (Hauf, Al Mukalla, île de Karaman) qui bénéficient de l’aide des services secrets yéménites, d’écoutes électroniques, etc. Mais, avec la chute de l’URSS, l’aide soviétique a disparu et le Yémen essaie de renouer le dialogue avec l’Occident et le monde arabe : par exemple, il ne délivre plus de passeports aux Palestiniens. D’ailleurs, en 1990, le Yémen s’était opposé à la résolution de la Ligue arabe, condamnant l’invasion du Koweït, mais sa position politique paraît changer.

Qatar

Dans ce pays à faible population, avec des ethnies différentes (Arabes, Indiens, Pakistanais, Palestiniens, Égyptiens, Libanais, Bangladais, Philippins, etc.), il existe un Conseil des ministres et un Conseil consultatif qui gèrent les questions poli­tiques avec l’autorité de l’émir, choisi dans la même famille (Thani) et dont le pou­voir est soumis aux jalousies intestines, se traduisant par exil, abdication, destitu­tion… Le Service de renseignements dépend directement de lui et a deux tâches :

  • protection du chef d’État et de ses collaborateurs ;
  • lutte contre le Bahreïn et l’Arabie Saoudite, avec lesquels le Qatar a des diffé­rends frontaliers.

Depuis l’installation, en 1935, de l’Anglo-Iranian Oil Company, la Grande-Bretagne regarde attentivement ce pays, d’autant plus que cette compagnie est, depuis les années 1950, en concurrence avec Shell et surtout Qatar Oil Company, qui dépend du Japon.

Koweït

Sa Constitution est partiellement suspendue depuis le 16 novembre 1976 et il n’y a pas de partis officiels, interdits par l’émir ; on autorise seulement des « réu­nions » (diwaniyas).

En octobre 1992, lors des premières élections législatives depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, les opposants au régime ont obtenu 23 sièges sur 50, tandis que les parents de l’émir n’ont avec eux que 15 députés inconditionnels du régime (« Les limites du tribalisme politique au Koweït », dans Maghreb-Machrek. Monde arabe, n° 142, 1993).

Dans ces conditions, le Bureau de sécurité politique (Idarat a1-Mukhabarat al-Amma) a pour missions de protéger les membres du pouvoir en place et, en même temps, de lutter contre les exilés politiques dans les pays environnants et de démanteler les groupes d’opposition. Les plus importants sont les suivants :

  • Rassemblement islamique du peuple (Al-Tajammu al-Islami al-Cha’abi), ré­clamant l’application stricte de la chari’a.
  • Coalition islamique nationale (Al-I’tilaf al-Islami al-Watani), de tendance chiite et, en principe, opposée à la lutte armée.
  • Mouvement islamique constitutionnel (Al- Harakat al-Islamiya al-Dustu-riyya), affilié aux Frères musulmans et prônant l’orthodoxie sunnite la plus stricte.
  • Association pour la réforme sociale (Jamaa al Islah al-Ijtima’i), fraction des Frères musulmans mais plus ou moins tolérée par le pouvoir en place car elle a condamné fermement l’invasion du Koweït par l’Irak.
  • Les glorieux ancêtres (Salafiyyin), faisant auparavant partie du Rassemblement islamique du peuple (Al-Tajammu al-Islami al-Cha’abi).

 

Un avenir difficile

La solution de la crise afghane ne paraît pas possible pour demain. En ce qui concerne les services de renseignements, il faut, en particulier, tenir compte des implications des pays et des clans : avec les techniques ultramodernes de commu­nication, les transferts d’information font partie des méthodes d’espionnage des voisins. Ajoutons l’influence des grands États comme les États-Unis, l’Angleterre, la Russie et également l’Inde et la Chine, qui interviennent dans les marasmes que connaît actuellement la région.

On a écrit, à ce sujet : « Actuellement, plus de treize États du Moyen-Orient sont à la veille de connaître un problème de succession… Désormais, la commu­nauté internationale porte toute son attention sur l’Afghanistan des « talibans » et le « nouveau grand jeu » qui se noue en Asie centrale, région de toutes les convoi­tises, de toutes les utopies et de toutes les crises du prochain millénaire » (Richard Labevière, Les dollars de la terreur, Grasset, 1999).

Actuellement, toute une diplomatie du gazoduc se développe dans les pays li­vrés à l’anarchie et oublie la recherche d’un nouvel ordre mondial fondé sur une démocratie.

Quelques lectures

  • Baud J., Encyclopédie du renseignement et des services secrets, Lavauzelle, 2e édition, 1998.
  • Charnay J.-P., L’islam et la guerre, Fayard, 1986.
  • Faure J.-P. et d’Aumale G., Guide de l’espionnage et du contre-espionnage, Le Cherche-Midi, 1998.
  • Kerr M.H., La guerre froide arabe, New York, 1971.
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