Ahmet YAVUZ
Il est né en 1955 à Osmaniye (Adana). Il est terminé ses
études à L’Ecole Militaire en 1975 (lieutenant), à l’Académie Militaire
en 1985 (capitaine d’état-major). Il était attaché-militaire à Paris (1997-
2000) et il a été+ retraité en 2012 suit au prétendu procès de coup d’état
(Balyoz) pendant qu’il était le chef d’état-major des Académies Militaires
(général de division).
Résumé : Cette étude se focalise sur le terrorisme contemporain. Tout d’abord, elle définit, identifie et situe le phénomène. Ensuite elle expose les circonstances qui permettent ainsi les acteurs qui exploitent le phénomène à partir du Moyen Orient. Enfin elle se penche précisément sur le financement du PKK (Parti des Travailleurs Kurds), de Daesh et de FETÖ (Organisation terroriste de Fethullah GULEN).
L’analyse expose la nécessité prioritaire que les pays membres de l’Organisation des nations unies renoncent activement à nourrir et/ou exploiter des organisations terroristes. Donc il faut absolument minimiser les différences et failles qui nourrissent les différends et conflits entre civilisations, d’autre part déraciner les vrais ennemis qui sont les promoteurs de terreur, les invasions ethniques, religieuses, économiques,…
Summary: This study focuses on contemporary terrorism. First, it defines, identifies and situates the phenomenon. Then it exposes the circumstances that permit and the actors that exploit the phenomenon as from the Middle East. Finally it aims precisely at the financing of the PKK (Kurdish workers’ party), of Daesh and of FETÖ (Fethullah GULEN terrorist organisation).The analysis exposes the priority need of United Nations member States to actively renounce exploiting terrorist organizations. Then one must absolutely minimize the differences and flaws that nourish conflicts between civilizations, and on the other hand uproot the real enemies who are terror-promoters, ethnic, religious and economic invasions,…
Cette présentation est constituée de trois parties principales.
La première partie contient les renseignements généraux sur le terrorisme.
La deuxième partie cherche une réponse à la question « Qu’est-ce qui se passe au Moyen Orient? »
Elle souligne les recherches géopolitiques et le soutien apporté par les comportements des Etats envers les groupes terroristes.
La troisième partie étudie les ressources financières du PKK (Parti des Travailleurs Kurds), de Daesh et de FETÖ (Organisation terroriste de Fethullah GULEN)
La présentation sera complétée par une conclusion résultant de l’analyse effectuée.
La première partie: Les sujets généraux
Les groupes terroristes se forment et s’enracinent habituellement quand une idée politique basée sur les axes ethniques, religieux et sectaires gagne une dimension idéologique…
À la suite de la transformation idéologique quand cette idée commence à exploiter la violence en dehors des normes du droit elle devient un groupe terroriste et nous rencontrons alors le terrorisme.
Les hommes gagnés à ces idéologies et la lutte pour les richesses mondiales se trouvent au centre de cette affaire.
La Notion de « lutte pour les richesses » est l’équivalent de l’impérialisme. Le livre intitulé « Le Grand Echiquier » de Zbigniew Brzezinski raconte suffisamment les points de vue de l’impérialisme sur la région. Il est impossible de comprendre ce qui s’y passe sans percevoir ces calculs, ce qui nous amène à voir le système.
Hasan-i Sabbah, l’un des héros du roman « Samarkand » d’Amin Maalouf et les Haschischin sont de bons exemples qui nous expliquent la notion de l’homme gagné à une idéologie. Le livre intitulé « Croyants absolus » d’Eric Hoffer aussi contient des particularités très intéressantes qui nous permettent de mieux comprendre ce qu’est un individu convaincu par une idéologie.
De nos jours le terrorisme est une méthode de guerre asymétrique qui est devenu l’un des problèmes le plus importants. Il est évident qu’on va en souffrir énormément si on ne le combat pas avec conviction au niveau mondial.
Venons-en à ses ressources financières
Au début, les groupes terroristes se montrent comme des organisations non gouvernementales contre la violence.
À ce stade, elles peuvent récolter des dons auprès du peuple qui soutient le financement de l’organisation terroriste sans le savoir.
Ce sont des ressources légales.
Les ressources illégales apparaissent sous forme de dons, de contributions, des revenus de la contrebande, revenus qu’elles continuent à récolter auprès du peuple après s’être transformée en organisation terroriste.
Deuxième Partie: Le Moyen Orient et les comportements des Etats
Dans son livre intitulé « En quête de l’Orient Perdu » Olivier Roy raconte comment il est allé en Afghanistan à plusieurs reprises en utilisant des moyens de voyages très différents y compris l’auto-stop à partir de 1969. Un français courageux pourrait-il faire la même chose aujourd’hui? Peut-être il oserait de le tenter. Mais cet essai ne suffira pas pour expliquer le caractère du changement qui s’est réalisé dans cette région depuis 1970. Même s’il veut aller en Afghanistan il aura du mal à voyager librement pendant la nuit au sud-est de La Turquie.
Et surtout quand il s’agit de la Syrie et de l’Iraq, il serait impossible de le réaliser.
Tout cela est la conséquence des interventions extérieures effectuées dans cette région. Ce qui est aussi une considérable source de la terreur dont on parle.
S’il n’y avait pas eu l’intervention américaine juste après celle des soviétiques, nous aurions connu une autre vie de nos jours en Afghanistan et au Pakistan. Est-ce qu’El-Kaida serait devenu aussi fort? Je ne le pense pas.
Si les Etats-Unis n’étaient pas intervenus en Iraq et s’ils n’avaient pas essayé de changer le régime en Syrie, pourrions-nous parler aujourd’hui de la présence de Daesh? Même Trump a affirmé pendant la vivacité de la campagne électorale que Daesh a été créé par Hillary Clinton et Barack Obama.
Le lien entre les interventions impérialistes et la géopolitique du pétrole et du gaz naturel est claire et net.
Si les Etats-Unis n’avaient pas mis en œuvre la géopolitique de prolonger vers la Méditerranée l’Autonomie Kurde qu’ils avaient fondée au nord de l’Iraq, la Syrie n’aurait pas couru le danger d’être divisée et peut-être le PKK n’aurait pas essayé de transformer cette situation en occasion.
Si les Etats-Unis n’avaient pas dit que ce serait le tour de la Turquie après l’Iraq, les pays d’Afrique du Nord et la Syrie avec son Grand projet du Moyen Orient, les Gülenistes n’auraient pas osé le coup du 15 juillet.
Le livre de Mine Kırıkkanat « Personne » met en évidence l’anatomie d’un meurtre commis à Paris aussi bien que les ressources financières du PKK: dons, trafic de stupéfiants, etc… Aucune de ces ressources n’était inconnue de l’Etat Français.
La Turquie est devenue l’un des responsables du drame de Syrie en s’y occupant du changement de régime avec ses alliés occidentaux. On connait le soutien accordé aux opposants du régime mais on ne sait pas exactement combien de ces aides d’armes accordées aux opposants sont passées aux mains d’El Nusra ou de Daesh.
Dans son article Seymour M. Hersh parle de l’histoire des armes d’origine libyenne données aux opposants en Syrie. Il faut lire le procès des poids-lourds de l’Institution Nationale de Renseignement Turc (MİT).
On voit que les Etats soutiennent les organisations terroristes d’après leurs intérêts nationaux et/ou politiques.
Nous voyons la naissance de Daesh et d’El-Kaida dans ces conditions.
PKK et FETÖ présentent des particularités semblables.
Troisième partie: Les ressources financières de FETÖ, de Daesh et du PKK
Les revenus des organisations terroristes peuvent provenir de sources légales et d’autres illégales.
Les dons, les revenus des associations, des fondations et des organisations non gouvernementales, de la presse, des activités culturelles, le commerce, les activités de lobby font partie des sources légales…
Tandis que le trafic de stupéfiants, le vol du pétrole et des produits miniers, les taxes illégales, le blanchiment de l’argent sale, les revenus d’opérations cachées, font partie des sources illégales.
Les sources de revenu de FETÖ
Non seulement en Turquie mais à chaque coin du monde, cette organisation crée des écoles pour gagner de l’argent et pour recruter militants et idéologues.
Des subventions et sources monétaires versées aux écoles de FETÖ par les bureaucrates au sein de l’Etat et les hommes d’affaires soutenus par le milieu politique ont été des sources importantes. On sait aussi que les ministères et les mairies lui ont fait des dons de terrains publics.
L’organisation assure un service d’information auprès d’hommes d’affaires pour le commerce extérieur. Ce sont des revenus qui ne sont pas taxés par l’Etat Turc.
Les écoles spéciales (dershanes) qui préparent les élèves aux concours nationaux des lycées, des universités et des examens des institutions de l’Etat, étaient les sources de revenu les plus importantes jusqu’à ces derniers temps: elles intéressaient 1 millions d’élèves. Ces dershanes ont été fermés il y a peu de temps.
On sait que l’organisation a commencé à convaincre un député Fédéral des Etats-Unis pour fonder une école de sciences positives dans un lieu stratégique en utilisant des fonds fédéraux. On sait qu’ils recrutent des professeurs avec un salaire minimal dont ils paient seulement la moitié, se gardant l’autre moitié. Une enseignante américaine mariée avec un professeur turc s’est adressée au procureur en racontant le système de dons à la suite de son licenciement et sa déposition a été publiée lors du programme américain 60 minutes. Actuellement, plus de 1000 écoles FETÖ existent dans le monde entier dont 130 dans 26 différents états des Etats-Unis.
L’organisation a plus de 100 000 maisons de commerce.
Actuellement l’Etat turc saisit les biens de ces sociétés en Turquie.
Les sources de revenu de Daesh
Quand Daesh a occupé Mossoul, elle a saisi 429 millions de dollars qui se trouvaient dans les caisses de la banque centrale de Mossoul. On ignore la quantité d’argent qu’elle a saisie dans les autres banques et établissements de la région.
Daesh a saisi aussi des milliers de voitures, des armes, des outils, des biens publics.
L’organisation terroriste a aussi obtenu des revenus en vendant à Barzani le pétrole des puits qu’elle a saisis. Il est fortement prétendu que ce pétrole est exporté en Israël via la Turquie.
Le pétrole volé est vendu en construisant des pipelines clandestins, lesquels ont été détruits par les forces de sécurité turques (d’après le bulletin de presse des Forces Armées de septembre 2014, 2,8 km de pipelines clandestins ont été détruits en 20 jours).
On prétend que le pétrole est transporté par les poids-lourds sur les frontières turques.
Le revenu annuel de pétrole est estimé entre 1 et 2 millions de dollars pour les années 2014-2015. On estime que ce chiffre a baissé de façon importante en 2016.
D’après certaines sources, le trafic de stupéfiants est la source de revenu la plus importante, atteignant un chiffre annuelle d’1 milliard de dollars ; le centre de ce trafic est la ville de Ninive.
Elhekim, ambassadeur de l’Iraq auprès des Nations-Unies a déclaré que dans les fosses communes, on a trouvé des cadavres dont les reins et d’autres organes avaient été enlevés par des interventions chirurgicales. On prétend que plusieurs médecins étrangers travaillaient dans un hôpital à Moussoul.
Les sources de revenu de PKK
Les dons récoltés en Europe et en Turquie pour le PKK occupent une place importante dans ses revenus.
PKK rackette auprès de la population sous le nom de taxe.
PKK met la main sur les biens de la population.
Le trafic de stupéfiants est sa source de revenus la plus importante. Lice-Diyarbakır et Başkale-Van sont des lieux de production de haschisch. Les frontières Iran-Iraq-Turquie sont des lieux importants pour le trafic de stupéfiant vers l’Europe.
On sait que le PKK fait aussi le commerce d’armes.
Conclusion
La nécessité la plus importante c’est que les pays membres de l’Organisation des Nations-Unies renoncent définitivement à se servir d’organisations terroristes.
Le multiculturalisme est une richesse commune; l’approche principale doit être de minimiser les lignes de faille créées par les façons de vie, de croyances et de culture au lieu de les agrandir.
À ce propos, il est évident que l’on doit lutter avec persévérance contre les dangers apportés à notre monde actuel par la thèse du « conflit des civilisations » de Samuel Huntington. Cette thèse montre l’Islam comme ennemi alors que les vrais ennemis sont la terreur, les interventions impériales, l’exploitation des divisions ethniques, religieuses et sectaires par quelques-uns, le micro-nationalisme,….
Quand on mène un combat contre les organisations terroristes, l’exploitation de systèmes juridiques et commerciaux dotés de moyens spéciaux doit être sujet de nouvelles discussions et études.
Comme dit Albert Einstein «On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré.»