Jean-Michel Vernochet – Ecrivain, politologue
Face à l’horreur qui saisit depuis quelques mois le Yémen, les occidentaux laissent faire – et sous
une censure honteuse et d’une extrême gravité – la coalition arabe approuvée par les Etats-Unis.
En effet, le Yémen, déjà piégé par sa guerre civile idéologique mais prétextée confessionnelle qui
perdure, est aujourd’hui le théâtre d’une part du conflit qui oppose les milices chiites houthis
d’Ansar Allah aux troupes wahhabites de Daech et d’Al-Qaïda, d’autre part l’exploitation de cette
guerre chaotique par des puissances extérieures que l’on méconnaît à cause de la censure. Aucune
possibilité de joyeux dénouement n’est exposée de part ou d’autre.
In the face of the horror that for some months grips Yemen, the Western nations – exploiting a shameful
censorship of extreme gravity – leave in charge the Arab coalition approved by the United States. In
effect, the Yemen, already trapped in its ideological civil war though some claim it’s confessional, is
today the scene, on the one hand of the conflict opposing the Houthi AnsarAllah Shiite militia against
the Daech and Al-Qaida Wahhabi troops, and on the other the exploitation of this chaotic war situation
by external powers remaining unidentified because of censorship. None of the sides has yet exposed
any possibility of a joyous outcome.
Comme l’exprimait l’en-tête du colloque organisé par l’Académie géopolitique
de Paris, « Le Yémen subit une guerre effroyable qui ne dit pas son nom.
La majeure partie de l’Armée et de la population yéménite subit actuellement les
effets dévastateurs de bombardements de grande ampleur et de tous les effets d’un
embargo économique et stratégique. Le rationnement en nourriture, médicaments
et biens de première nécessité est une réalité quotidienne pour les civils des grandes
villes et des villages du pays. La censure de ces faits d’une extrême gravité ».
Le silence des occidentaux… Géostratégiques n° 45 • Juillet 2015
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Une chape de silence couvre la guerre du Yémen
Comme cela est si bien dit dans les quelques lignes qui précédent, « le Yémen subit
une guerre effroyable qui ne dit pas son nom » ! Guerre d’autant plus effroyable
que ces événements sont l’objet dans la presse internationale, comme de la part
des chancelleries occidentales, d’une « censure d’une extrême gravité ». Censure
implicite qui ne dit pas non plus son nom. En conséquence de quoi, c’est toujours
avec un peu d’émerveillement que l’on relèvera à propos des guerres qui font rage
au Proche-Orient, les différences de traitement de l’information selon les cas. Ainsi
avons-nous tous été témoin de l’émoi qui s’est emparée des médias quand les troupes
de l’État islamique, Daech, se sont approchées puis emparées des élégantes ruines
de Palmyre. Ou lorsqu’il s’est agi d’Hatra, au sud de Mossoul, ou du monastère de
Mar Benam à proximité de Karakosh au nord de Mossoul (Mar Benam contenait
l’une des plus riches bibliothèques syriaques au monde), détruit à la mi-mars par
l’État islamique…1
ou encore du sanctuaire arménien de Deir Ez-Zor dépositaire
des archives de l’holocauste de 1915, mémorial annihilé un mois plus tard, en
avril, dans l’indifférence la plus absolue. Il faut d’ailleurs chercher longtemps sur
le site Google pour trouver trace de ces exactions principalement révélées par le discret
truchement des réseaux sociaux. Dans la pratique ces informations n’ont fait
qu’effleurer les couches les plus superficielles et les plus averties de l’opinion. Et il
en va de même au Yémen où les équipes occidentales de télévision ne se bousculent
pas. Car nous avons, à l’évidence, avec le conflit yéménite, une sorte d’angle mort
de la géopolitique, une zone d’ombre à peine imperceptible aux yeux non avertis,
toujours en marge des péripéties affectant la Fédération mondiale de football… un
point aveugle dont ni le traitement par les médias, ni le volume ne peuvent à aucun
moment se comparer à ceux consacrés aux naissances princières.
Pour illustrer les carences de l’information – défaillances la plupart du temps
assurément délibérées – nous avons pris trois exemples significatifs parmi beaucoup
d’autres dans les zones de conflit d’Irak et de Syrie, mais c’est parce que ces
exemples sont a priori caractéristiques d’une attitude générale… L’omerta n’est en
effet rompue que lorsque des actes criminels affectent le domaine archéologique
et patrimonial universel. Faits dont la gravité exclut d’être intégralement passée
sous silence. De la même façon le conflit yéménite – autrement oublié – a été
fugacement évoqué ces jours derniers en raison des bombes que l’aviation de Riyad
a larguées sur un quartier de Sanaa inscrit à l’inventaire de l’Unesco parmi les trésors
architecturaux de l’humanité2
. Un épisode déplorable qui a traversé l’espace médiatique
à la vitesse d’un météore. Fait qui a fortiori n’a suscité aucune indignation
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intempestives chez ceux qui s’effrayaient hier encore de l’avancée de l’État islamique
au milieu des champs de vieilles pierres. Il est vrai qu’un voile pudique – ignorant
les morts et les dévastations – entoure les événements du Yémen depuis l’ouverture
de ce nouveau front de guerre.
La guerre oubliée
Reste à dire ce que la presse tait avec beaucoup de constance. À chacun, autant
que faire se peut, de reconstituer les parties manquantes du puzzle, de trouver les
pièces absentes pour cause de défection médiatique. A minima, il suffit de prendre
un peu de hauteur, d’élargir l’horizon critique à l’ensemble des champs de batailles
du Proche Orient et à partir de là des lignes directrices commencent à se dessiner
assez nettement.
En premier lieu notons que la dynastie des Séoud est engagée – avec des armes
et des équipement américains – simultanément sur plusieurs champs de bataille :
Irak, Syrie, Yémen, y poursuivant des objectifs géopolitiques qui lui sont propres,
mais qui doivent cohabiter et se concilier avec ceux plus spécifiques de ses alliés
américains et israéliens. Sous cet angle le Yémen est un magnifique cas d’école mettant
crument en évidences les forces géopolitiques à l’œuvre dans la Péninsule arabique.
Alors que voyons-nous après avoir écarté l’habillage médiatique travestissant
et trahissant sans vergogne la triviale réalité… ne serait-ce que par omission, défaut
d’information ? Nous constatons que l’intervention séoudite ne vise qu’à briser la
résistance anti Daech et anti al-Qaïda. Un tâche qu’accomplit de la même manière
la Turquie au nord du Croissant fertile. Ceci revient à dire qu’au Yémen comme sur
le front de guerre syrien, le parrain officiel – cependant caché aux yeux des opinions
occidentales – des mouvements et des armées takfiristes n’est autre que Riyad allié
de Washington, de Tel-Aviv3
… et de Paris. La boucle est bouclée. Remarquons que
ce ne sont ni le ministre de la défense séoudien, le prince Mohammed ben Salmane,
ni le Roi Salman Ben Abdel Aziz qui ont annoncé l’entrée en guerre de Riyad au
Yémen, mais le représentant de la monarchie à Washington. Un fait parlant en soi.
Une guerre internationale présentée comme une guerre civile
Bref, que dissimule le travestissement et pire, l’occultation de ces événement
par la presse euratlantiste. Le Yémen est aujourd’hui le théâtre d’une guerre qui
opposent les milices chiites houthis d’Ansar Allah aux troupes wahhabites de Daech
et d’Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA)… dont les médias – toujours
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eux – évitent prudemment d’évoquer trop précisément les exploits sanguinaires et
surtout, les soutiens logistiques ! Parce qu’enfin il faut regarder les choses en face : le
potentiel offensif de l’État islamique surpasse de loin, de très loin celui dont devrait
normalement disposer des milices combattantes même abondamment nanties des
pétrodollars tirés des trafics illicites de brut via la Turquie4
.
Aujourd’hui Daech contrôle de vastes territoires couvrant plusieurs de dizaines
de milliers de kilomètres carrés, la moitié du territoire syrien et un tiers de l’Irak.
Zones qu’il parvient non seulement à défendre militairement, tout en disposant
des moyens nécessaires à une efficace administration des zones occupées ainsi que
de leurs populations, et cela tout en poursuivant par ailleurs des offensives à large
échelle. Dans ces conditions comment Daech assure-t-il la satisfaction de ses besoins
logistiques, tant civils que militaires ? Des questions sans réponse qui ouvrent
d’intéressantes perspectives transposées au conflit yéménite. Or celui-ci devrait
s’éclairer d’un jour nouveau si l’on précise que les ravitaillement logistiques en Irak
et en Syrie proviennent de deux côtés : au Nord, de la Turquie islamo-kémaliste,
pilier oriental de l’Alliance atlantique, et au sud-ouest, via la Jordanie et l’Arabie,
ces deux grands alliés des États-Unis5
. Il est loisible d’imaginer l’importance des
convois quotidiens requis pour maintenir le niveau de belligérance des troupes de
Daech et d’al-Nosra à un tel étiage depuis un an. Notons au passage que de fortes
quantités d’armes ont été acheminées vers les lignes de front qui ont été prélevées
dans les arsenaux de l’ex Jamahiriya libyenne ou abandonnées par l’Otan après la
chute du régime en octobre 2011, armes expédiées en Turquie puis en Syrie pour
enclencher l’actuel conflit international sous couvert de guerre civile6
. La guerre
contre Kadhafi aura au moins servi à cela : faire la guerre à Damas7
.
Une guerre idéologique et non confessionnelle
Maintenant, a contrario de ce que déclarent les grande presse occidentaliste officielle
et officieuse, précisons que les rebelles houthis ne sont pas mus a priori par des
mobiles confessionnels, mais seraient davantage motivés par l’intérêt national. Les
chiites houtis, autrement appelés zaïdites8
, représentent environ 33 % des 25 millions
de yéménites et se veulent en effet d’abord panarabes, ce qui leur permet de
bénéficier du soutien ou de la sympathie d’une forte portion de l’armée nationale,
de la Garde républicaine et de certaines tribus sunnites. Fait qui explique en outre
leurs succès militaires. Nous devons à ce sujet observer que le régime séoudien
s’efforce de partout d’effacer les derniers vestiges du nationalisme arabe qu’incarne
encore peu ou prou au Yémen l’Ansar Allah, au Liban le Hezbollah et en Syrie, le
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Baas. Le Proche-Orient étant le théâtre d’une confrontation où depuis 1945, deux
idéologies, le sionisme et le wahhabisme, se sont liguées pour venir à bout des
nationalismes arabes9
. Ce à quoi elles sont déjà parvenues en Irak et en Libye, et
partiellement aujourd’hui en Syrie et au Yémen.
Dans cette occurrence, le royaume séoudien a, au cours de l’histoire récente,
souvent témoigné du souci constant d’isoler et de brimer, les zaïdites, autant pour
leurs tendances nationalistes que pour leur confession jugée mécréante au regard
du fanatisme wahhabite. L’Arabie a ainsi financé au cours de ces dernières années la
construction de quelque 5 000 mosquées à travers le pays. Lieux de cultes où se sont
développées l’intolérance religieuse et une défiance intercommunautaire inconnue
jusqu’alors au Yémen.
Toujours dans le même ordre d’idée, lors des « Printemps arabes », les Séoud
par le truchement de l’Initiative du Golfe, s’étaient employés à organiser un renouvellement
du pouvoir, lequel devait s’accompagner et justifier d’un redécoupage
administratif du pays. Restructuration dont la finalité était la marginalisation politique
des zaïdites. Ceux-ci se sont donc insurgés contre le projet et c’est seulement
lorsque la situation a évolué en leur faveur, que Riyad s’est vue contrainte de se
démasquer et d’entrer en lice [lorientlejour.com7mars15].
Il est clair que l’« Opération Tempête décisive » lancée par Riyad le 26 mars
2015 avait pour objectif principal d’écraser les zaïdites d’Ansar Allah [Ansarullah]
afin notamment de les empêcher d’atteindre Aden et le détroit stratégique de Bab
el-Mandeb. Détroit qui, à l’instar de celui d’Ormuz sur le Golfe, constitue l’un des
points ultra névralgique du transit pétrolier mondial [opex360.com23mars15]. Car
si Bab el-Mandeb tombaient aux mains d’Ansarullah, une lourde hypothèque se
mettrait alors à peser à la fois sur les flux pétroliers et sur la production du royaume
soit 10 millions de barils/jour. Surproduction qui a eu pour effet de casser les cours
mondiaux du brut et dont on sait les effets délétères sur les économies de la Russie
et de l’Iran. Nous commençons ici à entrevoir que les enjeux liés au conflit yémé-
nite débordent largement le cadre strictement régional et vont jusqu’à s’inscrire
dans le cadre d’une nouvelle confrontation Est/Ouest.
Une guerre contre l’Iran et la Russie
En ce qui concerne l’Iran, il est effectivement question de réduire son influence
régionale et la lutte contre Ansar Allah en est l’un moyen… Au même titre que la
prise de Mossoul par Daech le 10 juin 2014, il s’agit de briser l’arc chiite et d’abord
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l’axe reliant Téhéran à Beyrouth via Bagdad et Damas. Ajoutons que de ce point de
vue le Yémen peut être considéré comme la première victime de l’accord relatif au
programme nucléaire iranien en cours de négociation entre Washington et Téhéran.
Accord qui doit, ou devrait, être finalisé avant le 30 juin. Un accord dont évidemment
ni Riyad ni Tel-Aviv ne veulent à aucun prix.
Pourtant à la veille du Jeûne du ramadan, les dirigeants séoudiens, malgré leur
puissance de feu et leur suprématie aérienne, se voyaient contraints d’admettre
l’échec de leurs opérations « Tempête décisive » et « Retour de l’espoir », cela malgré
trois mois de pilonnages intensifs et de destructions massives. Pour sauver la face des
dirigeants wahhabites, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a dû voler au
secours de Riyad en réunissant à Genève une seconde conférence de dialogue inter
yéménite… Sans qu’au départ Ansar Allah y ait été invité sous la pression des séoudiens
qui considèrent la milice houthie comme « négligeable »… quoique celle-ci
ait conquis la majeure partie du pays, soit six provinces du sud et du centre du pays
et qui avancent au centre-est dans les sanctuaires d’Al-Qaïda… après avoir accessoirement
abattu trois aéronefs de la coalition, un hélicoptère de combat Apache, et
deux chasseurs bombardiers, l’un soudanais, l’autre marocain10. Au final Les pourparlers
de Genève organisés sous l’égide des Nations unies sont achevés le 19 juin
[Reuters] sans qu’aucun accord n’ait été trouvé.
Une dernière remarque. Cette conquête par les Houthis de la presque totalité
du territoire yéménite aurait dû en principe permis, en l’absence d’intervention
de la coalition conduite par Riyad, d’éradiquer al-Qaïda particulièrement actif au
Yémen. Une ingérence par voie de conséquence, éminemment révélatrice des véritables
buts de guerre séoudiens, ceux-ci apparaissant comme étant en totale contradiction
d’avec la participation du royaume à la prétendue coalition anti État islamique
pilotée par Washington. Une intervention au Yémen au demeurant soutenue
par une Résolution du Conseil de sécurité du 14 avril 2015 à l’initiative du Conseil
de coopération du Golfe (CCG)11, mais présentée par la Jordanie [R2215/16 –
Chapitre VII de la Charte des Nations Unies], qui a rendu licite au regard du droit
international des bombardements massifs et ravageurs sous couvert « d’un arrêt
des combats applicable à toutes les parties » leur enjoignant fermement de cesser
« toute nouvelle action unilatérale ». On voit immédiatement le danger que repré-
sente ce type de situation et la facilité avec laquelle se trouve désormais détournée
la légalité internationale depuis le précédent libyen, au profit de jeux et d’enjeux
géopolitiques régionaux et globaux, cela sans que les médias ne daignent en souffler
mot. Le silence en pareil cas devenant une arme de guerre parmi beaucoup d’autres.
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Notes
1. The Indépendant 21 mars 2015.
2. nytimes.com/2015/06/13
3. Une rencontre entre responsables israéliens et saoudiens, sur la menace du nucléaire iranien, s’est
tenue jeudi 4 juin à Washington, quelques semaines avant la date butoir des négociations entre
Téhéran et les 5+1, [i24news.tv4juin15]. La rencontre israélo-séoudienne intervient alors que
l’Iran a évoquait le même jour de « progrès importants » dans la rédaction de l’accord final.
Plusieurs sources diplomatiques indiquent que depuis l’accès au trône de Salman Ibn Abdelaziz,
cinq rencontres auraient eu lieu sur le sol américain entre séoudiens et israéliens. Selon la
chaine israélienne “Channel 10” le Roi Salman entendrait établir des relations permanentes
avec l’État sioniste. L’armée israélienne apportant son appui à Ryad dans la guerre du Yémen
ainsi qu’en Syrie et au Liban où les séoudiens soutiennent ouvertement les groupes salafowahhabites
[jeune-independant.net6juin15].
4. Le pétrole de Daech est destiné au marché international, selon l’agence turque Anadolu news, ce
que confirme Jana HybasKova, ambassadrice de l’Union européenne en Irak en déclarant lors
d’une session du Comité des Affaires étrangères du Parlement européen que certains pays de
l’Union européenne achètent du pétrole à « l’État islamique ». Jordanie, Turquie et Kurdistan
seraient les premières filières par lesquelles le pétrole de Daech serait revendu à des pays tels la
France [leblogfinance.com2sept14]. De façon cocasse, l’information a mis en peu plus d’un an
à atteindre les parlementaires hexagonaux dont certains demandaient récemment [12juin15] la
création d’une commission d’enquête parlementaire, « une instance à caractère judiciaire », pour
que toute la lumière soit faite quant nos achats de ce pétrole mêlé de sang humain.
5. New York Times 24 mars 2013 « Arms Airlift to Syria Rebels Expands, With Aid From C.I.A ».
Environ 20 % des munitions utilisées par Daech proviennent de fabricants liés aux États-Unis.
En sus d’importantes quantités d’armes usinées en Russie sous la marque Wolf sont en fait
distribuées par les Américains aux pays alliés du Proche Orient [huffingtonpost.fr10oct10]. “Les
combattants du PKK l’avaient dénoncé sans être pris au sérieux par la communauté internationale.
À ce jour, la preuve est là : des photos de livraison d’armes à Daech par la Turquie viennent d’être
publiées” [mediapart.fr30mai15]. Le quotidien turc «Cumhuiyet» sur des livraisons d’armes
aux rebelles islamistes organisées par les Services de renseignements en 2014 a déclenché en
Turquie une violente polémique… d’après l’Institut des statistiques turc [TÜIK], Ankara
aurait livré 47 tonnes d’armes à la rébellion syrienne entre juin et mi-décembre 2013. Pourtant
selon le Directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement, Alain
Rodier dès 2013 « ce sont 400 tonnes d’équipements militaires qui sont entrés en Syrie depuis
le territoire turc ». On peut imaginer la suite.
6. wordpress.com/2015/06/12
7. Le 12 août 2012 un rapport de la DIA [Défense Intelligence Agency] – récemment publié –
avait anticipé et inclus dans leurs prévisions géopolitiques la création d’une “principauté
salafiste” s’étendant de la Syrie à l’Irak : « L’Occident, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent
l’opposition …[et] la possibilité d’établir un émirat salafiste officiel ou pas, dans l’est de la Syrie
(Hasaka et der Zor), et c’est exactement ce que veulent les forces qui soutiennent l’opposition,
ceci afin d’isoler le régime syrien »… envisageant de cette manière le futur Daech comme un
atout stratégique américain.
Le silence des occidentaux… Géostratégiques n° 45 • Juillet 2015
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8. Les Zaïdites ne se rencontrent plus de nos jours qu’au nord Yémen où ils sont majoritaires.
Ils sont l’un des rameaux du chiisme pour lesquelles Zaïd est le Cinquième et dernier Imam
à la différence des chiites duodécimains qui attendent le retour du Douzième Imam [souvent
identifié au Christ] à la fin des Temps. En matière de théologie et de droit leur doctrine se
rapproche de celle des sunnites malékites, leur fiqh [jurisprudence chariatique] étant proche du
rite hanafite. En quelque sorte ce sont les plus sunnites des chiites.
9. Thèse développée dans Les Égarés, Sigest, 2013.
10. lorientlejour.com23mai15.
11. Le Conseil de coopération des États arabes du Golfe Arabique, créé en 1981 à l’initiative de
Washington et présidé par les Séoud, regroupe les six pétromonarchies du Golfe persique :
Arabie, Oman, Koweït, Bahreïn, Émirats arabes unis et Qatar.
Géostratégiques N° 45 Le silence des occidentaux face à la guerre de l’Arabie Saoudite et...