Le processus de la société civile dans les pays moyen-orientaux

Propos introductifs par Ali RASTBEEN :
Organisation Internationale de la Francophonie
Académie de Géopolitique de Paris
Le vendredi 15 janvier 2016

L’interprétation du concept de société civile varie selon les époques et lieux, en explicitant des usages propres, des traditions, des institutions, des valeurs et des critères. Ces éléments peuvent être indépendants et refléter les points de vue des citoyens, mais relient l’Etat et le peuple par la liberté d’expression tout en permettant la détection et la suppression de l’injustice.
L’identité sociale et civile libre crée de divers mouvements tels : le droit de vote des femmes, les partisans de la fin de l’esclavage, les antiracistes, les syndicats ouvriers, les protecteurs de l’environnement, les démocrates…. En somme, la société civile a besoin de liberté de pensée, de parole et de rassemblement – toutes les libertés garanties par la déclaration universelle des droits de l’homme.
Dans les sociétés autoritaires, autocratiques, et répressives, la démocratie institutionnalisée n’a pas encore vu le jour. Ces sociétés sont aujourd’hui proies aux extrémismes intégristes et rétrogrades. Les répressions, les différentes discriminations, l’absence de justice sociale et l’incapacité des gouvernements ont été à l’origine de la corruption financière, de la misère et des divergences profondes, par exemple dans la plupart des sociétés arabes, y provoquant une résistance identitaire au sein des différentes couches sociales.
Voilà l’émergence de groupes dits terroristes comme :
Ansar al-charia, en Tunisie. Ansar dine au Sahel,
Al-qaïda au Maghreb islamique en Algérie en Afghanistan, à l’Emirat du Caucase, dans la péninsule arabique et au Yémen.
Les Talibans en Afghanistan.
Boko Haram au Nigéria au Tchad et au Cameroun.
Jematol islamiya, en Malaisie en Thaïlande, à Singapour, en Indonésie, aux Philippines. Chebabs en Somalie.
Mouvement islamique d’Ouzbékistan dans l’Asie centrale entre la mer caspienne et le xinjiang dans l’ouest de la Chine, et mène des actions terroristes au Pakistan, au Tadjikistan, et au Kirghizstan.
le Mouvement islamique du Turkestan oriental.
Ansar Beït al-Maqdess (« les partisans de jérusalem »).
Le Front Al-nosra, branche d’al-qaïda en Syrie et Daech, en Irak et le projet du califat islamique associé à la manipulation des tensions entre chiites et sunnites, sont les manifestations d’une mobilisation identitaire intrinsèque au nom de religion. En principe et par définition, le terrorisme n’a ni religion ni frontière ni conscience, or le terrorisme contemporain a un prétexte religieux par le sectarisme wahhabite et salafiste. Hélas actuellement l’Occident observe dans le silence et dans l’apathie 47 décapitations dont des défenseurs reconnus des droits de l’homme et du pluralisme. Il est évident que dans ces conditions, la société civile, dont le composant principal réside dans son indépendance à l’égard du pouvoir, disparaît en même temps que le développement durable.
Par contre, en comparaison avec la Tunisie, la Jordanie, le Yémen, la Libye, le Bahreïn et l’Arabie Saoudite, où la possibilité de créer des partis, des médias, de la presse, des syndicats et d’autres symboles de la société civile n’a jamais été institutionnalisée, l’Egypte a toujours été le porte-drapeau de l’intelligentsia arabe notamment au cours des dernières décennies.
Au sein de la société égyptienne, différents groupes politiques ont toujours été actifs. Or, durant les trois dernières décennies, sous prétexte de lutter contre les groupes terroristes et en vue de la sécurité nationale, la société civile reste réprimée d’office.
En conclusion : Le monde d’aujourd’hui est celui de la démocratie, des droits de l’homme, de la multiplicité des partis, des élections libres, de la liberté de la presse, des syndicats ouvriers, de la pensée, de l’idéologie, de la religion et de l’égalité entre les hommes et les femmes en tant qu’êtres humains. Les régimes qui acceptent ces principes font partie du monde d’aujourd’hui et de demain, et ceux qui les rejettent sont automatiquement voués à disparaître.
Une société civile doit incarner une culture, un état d’esprit favorisant le pluralisme, l’équilibre, le dialogue entre les forces constitutives. Ces principes démocratiques fondamentaux constituent un fonds de valeurs communes que l’on peut qualifier de patrimoine commun de l’humanité.

 

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