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Jean-Pierre Vettovaglia
Ancien Ambassadeur de Suisse, Ancien Représentant personnel du Président de la Confédération suisse pour la Francophonie, Membre du Conseil d’administration d’une Banque genevoise de trading. Il a notamment dirigé Prévention des crises et promotion de la paix, 3 vol., coll., Bruxelles, Bruylant, 2013.
Résumé : Cet article se propose d’exposer d’abord les principaux éléments du narratif occidental pour étudier ensuite la question de la responsabilité de l’OTAN dans les hostilités actuelles et leur déclenchement. La responsabilité de l’Ukraine elle-même est étudiée ainsi que l’incompréhension de ce qui motive la Russie. Enfin, au-delà de la guerre en Ukraine, deux éléments viennent à être révélés par cette crise : le discrédit de la classe politique dirigeante en Occident et une désinformation s’apparentant aux mécanismes de la fabrique du consentement.
Mots clefs : Dirigeants, droit international, Narratif, Non-provoqué, OTAN, Provocation, Responsabilité, Russie, Ukraine.
Abstract: This article proposes to expose first the main elements of the Western narrative and then to study the question of NATO’s responsibility in the current hostilities and their outbreak. The responsibility of Ukraine itself is studied as the misunderstanding of what motivates Russia. Finally, beyond the war in Ukraine, two elements come to be revealed by this crisis: the discredit of the ruling political class in the West and a disinformation akin to the mechanisms of the factory of consent.
Keywords: Leaders, International Law, Narrative, Unprovoked, NATO, Provocation, Responsibility, Russia, Ukraine.
Le narratif occidental
Ce narratif peut être brièvement résumé comme suit : Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine le 24 février 2022 et violé le droit international. Il est seul responsable. Rien ne l’y obligeait. Rien n’a été fait pour le provoquer. « Unprovoked » est l’expression essentielle de référence à laquelle même Charles III a recours. Mais à le répéter si souvent, il y a fatalement anguille sous roche.
L’OTAN est une alliance exclusivement défensive. Rien dans son attitude ne peut être à l’origine de cet acte de guerre inadmissible.
Vladimir Poutine est un fou, ivre de conquêtes et nostalgique de la Russie des Tsars et de l’URSS de Staline. En plus, il est malade. La Russie doit être rejetée dans son ensemble. Il n’y a plus qu’une seule attitude qui tienne : une russophobie débridée et irréfléchie.
L’une des grandes prêtresses de l’anti-Poutinisme virulent en France, avec Françoise Thom, s’appelle Laure Mandeville. Voici ce qu’elle écrit à titre d’exemple du politiquement correct obligé d’aujourd’hui : « La Russie poutinienne, cet étrange dragon qui conjugue les méthodes criminelles du national bolchévisme avec un désir de revanche impérial teinté de mysticisme messianique aussi destructeur que maladif »… Colosimo fait dans la boursouflure : « Poutine réactive le mythe du meurtre originel massifié du XXe siècle en massacre refondateur ».
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