LA QUESTION DES VENTES D’ARMES À TAIWAN

Hall GARDNER

Septembre 2007

DANS L’EFFORT DE « RENFORCER » TAIWAN, l’administration américaine avait proposé 15 à 18 milliards de dollars de ventes d’armes à Taipei en avril 2001. Ces systèmes incluent huit sous-marins diesel-électriques, quatre anti-missile gui­dés, et une patrouille de douze P-3C et d’avion anti-sous-marin, ainsi que des mor­tiers de 155 millimètres, des hélicoptères de dragage de mines, des torpilles, des missiles Harpoon anti-navires, et des véhicules d’assaut amphibies.

Pendant que l’affaire soulevait l’interdiction des sous-marins, elle a été consi­dérée comme particulièrement provocatrice par les Chinois, et semblait indiquer le renforcement du soutien américain de Taiwan, alors qu’en vertu des promesses précédentes, les Américains étaient engagés envers la Chine à réduire leurs ventes d’armes dans l’île. Les ventes d’armes proposées avaient représenté une autre étape significative dans la politique américaine de défense précédente et qui semble en­core une fois très provocatrices dans la perspective chinoise. Car le communiqué commun des États-Unis et de la république populaire de Chine du 17 août 1982 où les deux Etats avaient mis en place la base de travail de leurs relations bilatérales et où Pékin contraignait Washington de « réduire graduellement ses ventes d’armes à Taiwan. » Mais en 1992, le président Bush père avait contourné cet accord en acceptant de vendre à Taiwan 150 avions de chasse F-16 malgré les protestations virulentes de la Chine. Les États-Unis avaient justifié cette vente par la Loi de 1979 régissant leurs relations avec la Chine, et par la législation interne américaine a pour priorité le maintien de la paix et la stabilité des détroits de Taiwan. Ensuite, en 2003, l’administration de George W. Bush, Junior, a signé dans la loi sur la Défense nationale, selon laquelle Taiwan est un allié extérieur important de l’Otan, une de­cision qui permet à Taiwan d’acheter les systèmes d’armes avancés des Etat Unis. Les États-Unis avaient encourage plus tard Taiwan à acheter le système antimissile Patriote PAC-3, radars au sol et par satellite avancés, réseau de C.4ISR (command, control, communications, computers, intelligence, surveillance and reconnaissance)

un réseau qui permettrait aux forces armées de Taiwan d’acquérir et d’exploiter des données en temps réel.

En janvier 2007, dans un effort de pousser par le bras la dernière affaire d’armes, le Président taïwanais Chen Shui-bian (du Parti démocratique progressif) déclarait que Pékin avait déployé presque 1000 missiles contre Taiwan- en plus des 160 mis­siles balistiques en place depuis 1996. Selon le Général major Wang Cheng-hsiao, « les communistes chinois ont stocké 880 missiles balistiques et plus de 100 missiles de croisière, mettant ainsi tout Taiwan sous leur contrôle »1.

Pour le mois de mars 2007, la Chine a annoncé une augmentation de son bu-djet de la défense de 17,8 % afin de consacrer difficilement 2 milliard de dollars annuels pour des acquisitions auprès de l’industrie de défense russe. D’une part, les Etats-Unis concluent du fait que Pékin a essayé de jouer un profil bas et sous-esti-mer sa force militaire croissante afin de réduire au minimum les préoccupations de sécurité de ses voisins asiatiques. D’autre part, la Chine argumente par le fait que les Etats-Unis exagèrent la puissance militaire chinoise afin de justifier leurs dépenses importantes pour la défense et leurs efforts de soutien en faveur de Taiwan2.

En réponse à la couverture militaire de la Chine, le Pentagone a déclaré que la Chine peut développer des capacités pour lancer des frappes de préemption sur des cibles (Bâtiments de guerre américains) loin de ses territoires périphériques. Les Etats-Unis ont alors approuvé la vente possible de missiles pour $421 millions de missiles au profit de Taiwan pour l’usage de ses avions de combat F-16.

Le Président taïwanais Chen Shui-bian a déclaré le 4 mars que l’île devrait pour­suivre sa voie vers son indépendance et changer son titre officiel, « de République de Chine. » Cette déclaration a été dénoncée par Pékin comme « une provocation délibérée » et « une étape dangereuse. »

En dépit des pressions américaines, la vente principale d’armes proposée par l’administration américaine de Bush, a été jusqu’ici marquée par les luttes interne de puissance entre le parti démocratique progressif taîwanais (qui soutient la vente d’armes) contre le parti nationaliste chinoise (KMT) et le premier parti populaire qui s’opposent tous les deux à la vente d’armes. Ces deux derniers partis soutien­nent le fait que le référendum tenu en 2004 en même temps que les élections pré­sidentielle (dont la participation au vote était de moins de 50 %) a rendu «illégal»

l’achat par le gouvernement de trois batteries antimissile du Patriot PAC-3 améri-cains.3 Généralement les groupes qui s’opposent à la vente (et qui cherchent une réunification certaine) voient la vente proposée comme trop chère et provocatrice. D’un point de vue militaire, les critiques taïwanais soutiennent que les missiles destructeurs KIDD classe-guidés ne sont plus d’usage, ils préféreraient les missiles équipés des systèmes d’AEGID. Encore d’autres préfèrent les bateaux armés de missiles plus légers qui sont plus adaptés avec la « révolution des affaires militaires » et la guerre asymétrique.

Les dernières critiques sur le déploiement américain des croiseurs porteurs de missile et les destroyers ainsi que des porte-avions nucléaires armés avec les missiles standards 3s (prévu pour abattre des missiles balistiques chinois à courte portée visant Taiwan) sont eux-mêmes vulnérables et devraient être défendus par de plus petits systèmes de missile antibalistique. Le dernier serait nécessaire pour protéger les bâtiments de guerre américains contre les missiles chinois construits comme le « Ver à Soie» et le russe « Coup de soleil », pour embarquer ou soutenir des em­barquements de missiles tactiques qui peuvent porter des ogives de 500 unités par livre ou des armes nucléaires tactiques4. En pressant Taiwan d’acheter de nouveaux systèmes d’armes, la prétention américaine n’est qu’un habillage important d’armes, couplé au théâtre des opérations aux initiations des missiles de défense de (TMD), découragerait les Chinois d’attaquer, alors qu’un maintien taïwanais d’une posture de défense encouragerait une attaque chinoise. La perspective chinoise est tout à fait le contraire. La poussée américaine représente une innovation militairo-techno-logique menaçante pour la perspective chinoise, la poussée des Américains vers un commandement militaire augmente réellement les chances de Taiwan d’encourager de jure son indépendance qui, pousserait la Chine vers l’intervention militaire pre-clusive. La Chine invoque le fait de multiplier les possibilités de défense, augmente les chances de la guerre parce qu’elle encourage Taipeh pour son indépendance – cela ne laisserait à la Chine aucun recours mais une action militaire.

Dans sa conférence de presse au Camp Smith à Honolulu – Hawai, le secrétaire de la Défense Robert Gates, a déclaré qu’il énumérerait les activités américaines et initiatives dans la région de l’Asie du Pacifique : « Il est tout a fait clair que restons profondément engagés, que nous sommes activement engagés, que nous avons été une puissance asiatique – une puissance Pacifique – pour un très long terme et nous prévoyons de continuer à être une »5.

À cet égard, les Etats-Unis ont cherché à renforcer le commandement américain du Pacifique et à étayer ses alliances avec la Corée du Sud, le Japon (les défenses de missiles de bâtiments) aussi bien qu’avec la Thaïlande (en tant qu’allié extérieur important à la zone de l’OTAN) et les Philippines, pour ne pas établir des attaches plus étroites avec la Mongolie et le Vietnam en suivant l’approbation diplomatique américaine sous le Président Clinton6.

Les quartiers généraux de l’armée américaine à Hawaï devient une commande de combat de guerre ; la 13ème division de l’armée de l’air est également établi dans ces quartiers généraux Un porte-avions nucléaire, l’USS George Washington (CVN 73), va remplacer le vieux Falcon de 46 ans des USA Kitty en 2008, qui a été la pièce maîtresse et historique du plus grand porte-avions CSG) dans la Marine américaine7.

En même temps, les Etas-Unis renforcent également leurs positions en avant vers Guam (déplaçant la 3ème force expéditionnaire de soldats de marine de la ville politique sensible du Japon Okinawa) comme tête de pont préventive au potentiel de conflits en Asie de l’Est.

Tout en accumulant son naval, les possibilités militaires, et de BMD pour parer la crainte de la « finlandisation » de l’Asie sous l’hégémonie nucléaire potentielle de la Chine, les Etats-Unis espèrent de même améliorer des communications avec Pékin afin de réduire les chances de l’« erreur de calcul ».

En cherchant de ce fait à ouvrir des canaux de communication, et en plus grande

transparence exigée dans la référence aux buts de Pékin, le secrétaire de la Défense
Gates indiquait : « dites-nous davantage au sujet d’où vous êtes dirigés. Quelles
sont vos intentions ? C’est la vraie question_______ »8.

Le problème est que la Chine pourrait indiquer la même chose…

* Cet article est basé sur le prochain livre à paraître de Hall Gardner, Averting Global War: Regional Challenges, Overextension, and Options for American Strategy (New York: Palgrave, December 2007).

** Professeur de Relations Internationales et Directeur des Etudes Internationales à l’Université américaine de Paris. Auteur de plusieurs ouvrages et publications sur la politique internationale américaine dont le dernier intitulé, American Global Strategy and « War on Terrorism », Burlington,

Ashgate, 2005.

Notes

  1. http://www.taipeitimes.com/News/taiwan/archives/2007/01/29/200334675
  2. http://news.yahoo.com/s/ap/20070601/ap_on_go_ca_st_pe/us_asia
  3. http://www.taipeitimes.com/News/taiwan/archives/2007 /01/29/200334675
  4. Kurt M. Campbell; Jeremiah Gertler The Paths Ahead: Missile Defense in Asia CSIS (March 2006)http://www.csis.org/media/csis/pubs/0603_pathsahead.pdf
  5. See press conference by Robert Gates in support of a strong American military presence in Asia. http://www.defenselink.mil/transcripts/transcript.aspx?transcriptid=3974
  6. See Hall Gardner, « Those Stumbling Blocks to Recognizing Vietnam Don’t Have to Trip U.S. Now » Op. Ed., A. Times, March 14, 1989, Section II, 7.
  7. http://www.news.navy.mil/search/display.asp?story_id=27642 Xuetang Guo, in Sujian Guo, ed., Chinais « PeacefulRise »in the 21st Century (Burlington, VT: Ashgate, 2006) p. 174
  8. See press conference by Robert Gates in support of a strong American military presence in Asia. http://www.defenselink.mil/transcripts/transcript.aspx?transcriptid=3974
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