La puissance américaine face aux cycles hégémoniques : l’hypothèse wlcht

Christophe RÉVEILLARD

Université Paris-Sorbonne (Paris-IV), directeur de séminaire de géopolitique au Collège interarmées de Défense (CID – École militaire)

Trimestre 2010

Nous ASSISTONS ACTUELLEMENT chez nombre d’observateurs à une sorte de réactualisation de la théorie des cycles hégémoniques en raison de l’évolution appa­remment conforme à crcadre d’analyse de la puissance mondiale américaine sous lr triptyque ascension/domination/déclin. L’extrême difficulté de nos contemporains à assimiler les notions d’espace civilisaticnnel, de temps long, cour rpprécier l’am­pleur des phénomènes historiques (et leurs leçons pour le présent), les entraîne à ne oonsidérer la question que sous l’angle très individualiste, voire égotiste, de savoir à quel moment de l’évolution du cycle ils se situent eux-mêmes d’une part, et, devant le gouffre d’anxiété que cette question et sr réponce éventuelle lrur révèient, de contester la pertinence de cette théorie, de l’autre. L’étude dr la théorie des cycles hégémoniques, entremêlant l’économie, la politique et las conflits qui s’y rappor­tent, a donc pris la forme, à l’épooue qui est la nôtre, d’une radiographie de la puissucce américaina relativemenu au reste du monde, pour paraphraser Zbigniew Brzezinski[1].

Une éhéorie macrohistorique et les rythmes de longue durée

Bernard Wicht, dans un précédent ouvrage[2], avait magistralement resitué le débat par une sorte de synthèse historiographique et conceptuelle complétée d’analyses fines et originales. Or, ce spécialiste d’histoire militaire et de science politique vient de récidiver à partir de l’exemple européen avec un article très intéressant résumant son travail de recherche le plus récent[3].

Mais revenons d’abord à son premier ouvrage pour étudier ensuite ses der­niers développements, notamment à l’aune de la crise systémique révélée à partir de l’année 2008. Wicht situait son étude historique dans le temps long, notam­ment en sollicitant les analyses de la longue durée d’économistes comme Nicolas Kondratieff, Joseph Schumpeter ou plus récemment Immanuel Wallerstein, tout comme celles d’historiens comme Fernand Braudel, Arnold Toynbee et Immanuel Wallerstein. Ce dernier, dans L’Après-libéralisme^, résume bien sa méthode : « Les événements ne prennent sens que si nous les insérons dans les rythmes des conjonc­tures et les tendances de la longue durée ». Spécialiste d’histoire militaire et de science politique, Wicht « cherche à comprendre la dimension stratégique et po­litique de la mondialisation en dépassant le caractère purement événementiel de l’actualité, en tentant de déceler les mouvements de fond, les grandes tendances qui configurent notre monde contemporain et en essayant de faire des projections pour l’avenir. » Le résultat de ce travail est extrêmement éclairant et la vue d’ensemble nous fait rentrer de plain-pied dans la compréhension du « système-monde » et notamment en ce qui concerne la formation, l’affirmation puis la contestation des empires. Wicht nous rappelait les travaux antérieurs de la discipline historique sur les cycles et les évolutions du leadership mondial, les cycles hégémoniques ainsi que ceux économiques du capitalisme ; le tout formant le « temps-monde ». Kondratieff affirme par exemple que, entre une phase d’expansion et une phase de dépression se trouve régulièrement une crise socio-économique ou une grande guerre entre les États du centre pour la domination du « système-monde ». Dans ce cadre, le 11 septembre pourrait se situer à la fin d’une de ces phases, et les guerres récentes pourraient incarner la manifestation d’un changement de dimension des luttes entre États de l’« empire mondial ».

Aux guerres pour la conquête du leadership mondial qui ont vu y accéder successivement dans l’histoire du XVe siècle à nos jours le Portugal, les Provinces-Unies des Pays-Bas, la France et la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, qui leur ont succédé, ont tenté de transformer cette hégémonie en une fusion à leur profit de la tête de l’« empire-mondial ». Les cycles de vie et de transformation des empires, étudiés notamment à la lumière des travaux de Paul Kennedy, ont conduit Wicht à analyser justement les forces et faiblesses des systèmes de puissance. L’auteur inaugurait également un thème qui devrait connaître un développement croissant : l’affrontement instance/substance. En effet, on peut se poser la question du temps et de la capacité de résistance d’un système hégémonique quel qu’il soit, fondé sur l’instance, l’autorité, la maîtrise de la violence, la puissance, etc., si la substance, le peuple, lui échappe. L’exemple d’Israël, vainqueur incontesté et incontestable de l’opération « Paix en Galilée » à Beyrouth même au début des années 1980 et se retrouvant vingt années plus tard à faire face à des contestations multiformes et des actes de terrorisme au cœur même de Jérusalem et de Tel-Aviv, pourrait interpeller les tenants, et le principal d’entre eux, de l’« empire-mondial », et leur rappeler l’opposition entre le corps solide, un État constitué face au corps fluide « apparaissant successivement sous des formes différentes dans des endroits différents et obtenant à chaque fois la surprise ». Le corps fluide peut également faire penser au lent mais sûr débordement des limes de l’Empire par les Barbares. La nature de plus en plus asymétrique des conflits actuels étant venue valider cette vision tant dans le rapport de force existant que dans le mode opératoire des belligérants. Selon Wicht, la séquence contemporaine révélait la manifestation d’un changement de dimension des luttes entre États de l’« empire-mondial ». Aux guerres pour la conquête du leadership qui avaient vu y accéder les grandes puissances tout au long de l’histoire, les États-Unis qui leur ont succédé tentaient de transformer cette hégémonie en une fusion à leur profit de la tête de l’« empire-mondial » : « […] Réalisant l’union de tous les grands États autour de lui, faisant un usage intensif de la force et de la violence pour asseoir son propre ordre international global, frappant de ce fait où il veut, quand il veut et n’importe où sur la planète. Cet empire n’a aucun concurrent sérieux mais doit, en revanche, affronter la réaction des périphéries […]. Or, le système-monde occidental se caractérise précisément par l’absence d’empire-mondial et, au contraire, par la compétition sans merci entre les États du centre pour accéder au leadership^. » Le pic de puissance américaine se serait donc situé au moment de la formation proprement dite de cet empire mondial, avec les réactions des périphéries qui lui étaient liées, car le rôle de la guerre comme vecteur des grandes mutations sociopolitiques est évidemment essentiel.

En dehors de la tendance de Bernard Wicht à donner un caractère légèrement mécaniste aux cycles de développement des hégémonies dans le processus histo­rique, son travail magistral, dressait à partir du prisme de la longue durée, le constat de la transformation profonde du monde.

Le contexte

Avec la fin de la guerre froide, les États-Unis étaient devenus la seule superpuis­sance et, à la politique du containment de l’URSS, avait succédé dès 1990, avec l’administration Bush père et ses conseillers, l’idée de l’imposition d’un « nouvel ordre mondial ». Si, au niveau stratégique, les premiers biais choisis pourront se manifester successivement par la première guerre du Golfe, la lutte contre la pro­lifération des armes nucléaires, biologiques et chimiques, l’extension du domaine de compétence et de l’aire géographique d’intervention de l’OTAN et la multipli­cation conséquente des projections[4] tant de forces armées que de puissance, etc., c’est la « lutte contre le terrorisme », voire l’« hyperterrorisme », qui obtiendra les meilleurs résultats en la matière avec les deux mandats Bush fils. Emmanuel Todd[5] l’avait ainsi décrit : « L’élévation du terrorisme au statut de force universelle insti­tutionnalise un état de guerre permanent à l’échelle de la planète : une Quatrième Guerre mondiale. » L’une des conséquences les plus notables en sera pour les seuls États-Unis d’être responsables de près de la moitié des dépenses militaires dans le monde et un quasi-monopole de la conquête militaire de l’espace, leur permettant une sophistication et une capacité de frappe d’une précision inégalée dans l’histoire militaire.

La prééminence stratégique se doublait d’une supériorité économique en termes de PIB, de la hiérarchie mondiale des multinationales, des banques, de la maîtrise de la recherche et développement, des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et d’une monnaie qui reste la première du monde en terme d’échanges. Yves-Henri Nouailhat pouvait écrire que le rayonnement culturel des États-Unis « est aussi largement établi et reconnu aujourd’hui que leur puis­sance économique et militaire. Ce phénomène massif et durable depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale concerne tous les continents et presque tous les pays du monde. Il est à la fois global et multiforme, affectant un très grand nombre de secteurs de la vie culturelle de nombreuses nations. Il touche au premier chef les produits audiovisuels, mais aussi des secteurs plus classiques : la presse, l’édition, le contenu de l’enseignement de nombreuses disciplines, les domaines artistiques.

La suprématie américaine s’étend aux nouveaux réseaux de circulation : satellites, ordinateurs. La culture matérielle américaine s’étend peu à peu au monde entier. [.] La culture populaire américaine s’impose de plus en plus à l’échelle planétaire. Cinéma et télévision sont le second secteur de l’exportation derrière l’agroalimen-taire[6] ». C’était l’américanisation des pratiques culturelles à l’échelle de la planète. La « géopolitique mondiale des États-Unis est doublée d’un modèle civilisationnel dont la diffusion dans les comportements politiques, sociaux et culturels des na­tions est de plus en plus forte[7] », telle une sorte de politique universaliste.

Les États-Unis ont élaboré deux stratégies de domination et de conquête succes­sives sur vingt années. D’abord la mondialisation heureuse, ou la fin de l’histoire, puis celle du choc des civilisations, comprise comme nécessitant l’inféodation stra­tégique de leurs alliés à leur propres objectifs face aux autres aires civilisationnelles.

La première manifestait une maîtrise inégalée de la puissance puisqu’elle s’appliquait à l’échelle globale sans être ressentie comme telle par ceux sur qui elle s’appliquait. Elle était constitutive d’une véritable hégémonie américaine au sens gramscien, de domination non ressentie comme telle par ceux qui la subissent, parce que considérée comme légitime par eux[8]. Elle avait pour nom globalisation, transnationalisation et gouvernance mondiale : « Il a semblé, l’espace d’une décennie, que l’organisation des relations économiques et financières internationales pouvait être pensée indépendamment de toute réflexion sur les enjeux politiques de la mondialisation[9]. » Prenaient ainsi rétrospectivement toute leur dimension les théories développées justement lors de la décennie suivant la fin de la guerre froide et dont l’objectif était de démontrer la « fin de l’histoire » pour la plus simple et la supériorité définitive du système libéral démocratique ayant pour fondements principaux le matérialisme et le relativisme pour la plus franche. La thèse de la supériorité absolue du système libéral démocratique constituant la fin de l’histoire avait cette franchise désarmante de désigner les intérêts qu’elle servait. Elle avait aussi cette force de conviction selon laquelle les faits, semblant tous aller dans le même sens, s’inséraient en réalité dans une trame irrésistible. Cette « mondialisation heureuse » recouvrait en fait une globalisation économique et financière modélisée par le système dominant, celui qui avait vaincu la guerre froide. La mondialisation n’était donc assurément ni anarchique ni multilatérale, mais obéissait à un processus sinon dirigé, du moins encadré, celui de l’achèvement de l’américanisation de l’aire occidentale entendue comme monde développé[10]. En effet l’économie globalisée servie par la déréglementation qui marginalisait le rôle de la plupart des États était un moyen d’accroissement de la puissance du pôle dominant de la triade économique du monde développé. D’autant que ce dernier régule le système des grandes enceintes internationales, Fonds monétaire international, Banque mondiale et Organisation mondiale du commerce.

Le volontarisme hégémonique manifeste un déclin de la puissance

La faillite de cette tentative, qui se voulait indolore puisqu’elle était censée ins­taller la prospérité en plus du modèle, conduit les tenants de l’idéologie transnatio­nale à revenir à plus de volontarisme politique et à définir une nouvelle théorie. En effet, avec la mort de cette invraisemblance, « la problématique de la gouvernance mondiale va devoir intégrer […] une réflexion sur les conditions d’une soutenabilité politique de la mondialisation. Vont ainsi s’inviter au débat les questions d’équité et de légitimité qu’une vision trop étroitement économique avait voulu évacuer ». Le traumatisme du nine eleven avait imprimé sa marque. La tentative d’instaurer une culture transnationale est apparue essentiellement comme un élément stratégique du nouveau contexte de puissance, et le fait indiscutable de l’internationalisation croissante des échanges n’avait donc pas rendu caduc le caractère concurrentiel du positionnement stratégique des États en quête de compétitivité globale. Mais en même temps que la stratégie de puissance de l’acteur américain devenait volontai­rement visible pour accroître son effet, un certain volontarisme politique devenait nécessaire à la globalisation dans la phase plus active suivant celle de la « fin de l’histoire ». L’obligation de passer à l’offensive révélera effectivement que le proces­sus était encadré par la puissance globale du moment et qu’il était général, celui de l’américanisation du monde développé avec ses moyens, ses œuvres et ses armes. Ainsi Dario Battistella énonçait que, « lorsqu’une puissance prédominante pratique la Realpolitik du divide et impera, la stabilité du système dépend de sa prépondé­rance en ressources matérielles, et notamment démographiques, économiques et technologiques, qui sont à la base de sa force militaire[11] », et sollicitait ainsi les théo­riciens des cycles de puissance tant de l’école des cycles hégémoniques, tel Robert Gilpin, que de celle des transitions de puissance, comme Kenneth Organski, Jacek Kugler et Douglas Lemke. L’obligation d’affirmer la puissance était déjà une pre­mière régression par rapport à la situation antérieure où, sans être nommée, l’hy-perpuissance régnait sous couvert de globalisation ; du verbe clintonien en 1993 : « Nous sommes, après tout, la seule superpuissance du monde. Nous devons donc y jouer un rôle prédominant », à celui du secrétaire d’État Colin Powell : « Dans le monde de plus en plus interdépendant où nous vivons, la prospérité et le bien-être américains sont plus que jamais liés à la diffusion de la croissance et à la stabilité dans le monde. C’est pourquoi un leadership fort des États-Unis au sein du FMI, de la Banque mondiale et de l’OMC est si essentiel à l’avenir de l’Amérique et du monde[12]. » À la faiblesse générale de l’affichage occidental face au processus américain de globalisation, répondait en revanche aux États-Unis la prégnance de l’influence néoréaliste, avec une profusion des études outre-Atlantique tournant sans tabou autour de la stratégie de puissance américaine. L’énonciation des intérêts nationaux semblait faire l’unanimité : « Le consensus paraît se faire, aux États-Unis, sur une stratégie qui consiste à prévenir la constitution ou la reconstitution d’une puissance qui se poserait en concurrent immédiat des États-Unis[13]. » Ainsi Éric Le Moulec insistait sur « l’influence des écrits de Kenneth Waltz, Zbigniew Brzezinski et Henri Kissinger[14] dans les discours et la doctrine des présidents des États-Unis et ceux de leurs secrétaires à la Défense et d’État. Elle s’est affirmée sans discontinuité dans les documents de stratégie nationale au cours de la décennie 1990 et a pris une dimension très hégémonique avec le rapport sur la stratégie de sécurité nationale présenté au Congrès en septembre 2002 par le président George W. Bush[15] ». Le florilège peut être complété par D. Rumsfeld pour qui la « victoire » était censée acquise « le jour où le monde entier accepterait de ne plus s’en prendre au mode de vie américain », ou Kurt Campbell, énonçant le processus implacablement simple et à fondement déterministe : « Le danger que représente le terrorisme pour le mode de vie américain ne laisse aux États-Unis d’autre choix que celui de la pré­dominance. » Cela tombait bien : cette prédominance était déjà décrite comme une dominance informationnelle – pour résumer : supériorité cognitive et maîtrise des nouvelles technologies -, « paradigme » central de la stratégie américaine[16]. Finalement, Alvin Toffler avait déjà révélé ce que nous ne cessions d’observer dans un cadre de « sidération » mentale – et physique par les moyens de communication qui nous projettent dans l’abrutissement de la violence et de l’immédiateté, écrans de télévision, photographies chocs et titres de presse aux accents apocalyptiques[17] -, c’est-à-dire que les contraintes technologiques et médiologiques étaient intimement liées – évidemment – aux choix idéologiques et stratégiques.

 

Les guerres

Le fait américain est celui de l’« accumulation de moyens coercitifs et de dis­suasion globaux et englobant [pour] intégrer la conscience qu’ont les autres de la suprématie américaine, afin d’en faire une catégorie dominante de la pensée in­ternationale de la réalité stratégique[18] ». L’administration Bush a donc revendiqué une nouvelle doctrine de la guerre préemptive, « basée sur l’idée d’une menace que représenterait l’Irak, directement par ses armes de destruction massive, ou indi­rectement par ses soutiens divers aux nébuleuses terroristes ». Sur l’évolution du multilatéralisme à l’unilatéralisme, empruntons leur intéressante typologie à Justin Vaïsse[19] et Eugène Wittkopf[20] : « L’unilatéralisme réaliste, synonyme de Machtpolitik offensive ; l’unilatéralisme libéral, source de croisades messianiques ; le multilatéra­lisme libéral à l’origine d’un leadership bienveillant ; et le multilatéralisme réaliste, fondement d’une Realpolitik défensive. » Avec Liberté en Irak, l’administration Bush abandonne le principe « multilatéraux quand nous le pouvons, unilatéraux si nous le devons » en faveur du nouveau credo : « Unilatéraux tout le temps et multilaté­raux si le reste du monde veut bien nous suivre » (R. Gephardt) en faveur d’une conception hobbienne de l’action internationale.

Une fois resitués le fondement historique, la perspective théorique et l’irruption d’un nouvel unilatéralisme délibéré conforme à certaines des valeurs de l’anarchie hobbienne, se posait donc, à travers l’interrogation logique sur sa longévité ou son caractère éphémère, la question des véritables causes de ce renversement de ten­dance. Il faut maintenant évidemment écarter l’hypothèse du dilemme de la sécu­rité ressenti par les États-Unis en raison de la menace qu’aurait fait peser l’Irak sur eux. En l’occurrence, l’agression américaine contre Bagdad relevait d’un « expan­sionnisme opportuniste favorisé par la fenêtre d’opportunité qui s’offre aux États-Unis du fait de l’écart de puissance dont ils bénéficient face à l’Irak[21] », mais égale­ment d’une guerre impérialiste, « du fait de la localisation des causes immédiates de son déclenchement au sein [du] processus politique interne américain ». Ainsi, selon Snyder, si « de nombreuses grandes puissances ont une tendance à la surexpansion impériale souvent dommageable à leurs intérêts à long terme », il faut qu’elle soit justifiée par les « « mythes de l’empire », ensemble de représentations articulées au­tour de l’idée principale selon laquelle la sécurité d’une puissance ne saurait in fine être assurée que par une politique d’expansion », laquelle impliquait, par le contrôle des opinions publiques[22] et la concentration des groupes d’intérêt favorables à l’in­tervention en Irak dans l’entourage immédiat de G. Bush à la Maison-Blanche, la rhétorique des guerres défensives[23]. Mais il faut en réalité donner le plus d’effet à la cause la plus profonde et qui s’inscrit dans la perspective du temps long[24], l’évolu­tion du cycle des puissances, dont l’analyse par les décideurs américains a conduit au recours à la force avant le déclin de leur hégémonie. D. Battistella évoquait le cas de figure selon lequel « l’autorestriction d’une puissance prépondérante prend fin lorsqu’elle estime que sa primauté en ressources est sur le déclin […] il n’est plus dans son intérêt de diriger un ordre durable en y faisant participer les autres États, tant ces derniers sont perçus par elle comme profitant davantage qu’elle-même du-dit ordre », ce qui, s’appliquant aux Etats-Unis, expliquait leur transformation de « hégémon bienveillant » en « hégémon prédateur ». Mais comme le souligne Xavier Raufer[25], « le Nation building des années Clinton a laissé la place au State Building du président Bush, puis Obama régnant, au modeste capacity building ». Cette nou­velle présidence inexperte freine l’élaboration et la mise en œuvre de toute stratégie planétaire.

Avec la poursuite de la politique expansionniste impérialiste américaine, nous en arrivons actuellement à la conséquence la plus visible que sont l’épuisement du centre lui-même en termes stratégiques et économiques, conforme au cycle de puis­sance, et l’hypothèse d’un conflit avec la Chine.

 

La crise économique et financière

De même, les changements de cycles économiques sont généralement marqués par une crise d’envergure mondiale. Wicht était tenté d’expliquer en quoi la der­nière phase du cycle des hégémonies devait dorénavant s’appliquer à la puissance américaine, notamment en raison de son épuisement dans le cadre de la civilisation matérielle, de la loi des échanges, de l’économie et des outils de production, « plus que jamais auparavant, semblant façonner les comportements et les valeurs[26] ».

Dans une analyse publiée avant l’irruption médiatique de la crise financière, l’économiste Daniel Cohen[27] avait tenté de poser la problématique d’une sépa­ration du social et de l’économique provoquée par la société postindustrielle. Au fur et à mesure de l’enchaînement des étapes de son raisonnement, couvrant les phénomènes de tertiarisation, la révolution de l’information, les ruptures techno­logiques, sociales, les transformations de l’organisation du travail, des mécanismes financiers et l’émergence d’une économie-monde, enfin l’incapacité pour l’Europe de dégager un modèle stable, multilatéral et désarmant les conflits d’un monde multipolaire, l’auteur concluait à l’achèvement d’un processus de distinction so­ciale, de succession de mondes clos, où le social séparé de l’économie avait l’impé­rieuse nécessité d’assurer sa survie dans la redécouverte d’hypothétiques « identités collectives structurantes ». Au sein des nombreuses évolutions relativement récentes de l’économie-monde, celle principale qui va marquer la visibilité de la crise se caractérisait par la rupture du lien entre richesse et biens matériels produits. Ainsi le grand bouleversement de la révolution financière lancée par les États-Unis avait incité les managers à rechercher essentiellement la plus-value boursière au profit des actionnaires dont, par les stock-options, ils avaient adopté les objectifs. C’était la dissociation fondamentale de la logique de la firme industrielle avec la financiari-sation de l’économie-monde et l’un des décrochages avec la logique de production capitaliste. Ce qui caractérise principalement la révolution financière, c’est le dépla­cement, dans les objectifs des entreprises, de l’efficacité productive vers la création de la valeur pour les actionnaires, notamment sous la pression des gestionnaires de fonds pour le compte de tiers très majoritairement américains. De même la finance américaine a très largement inspiré à son profit la tertiarisation devenue une ten­dance lourde de l’économie mondiale, non seulement parce qu’elle en représente le secteur dominant, mais également parce que, au sein du secteur industriel, les tâches de conception et de commercialisation progressent au détriment de la fa­brication stricto sensu. Toujours dans le même ordre d’idées, le commerce mondial a été appelé « vertical » en raison du démantèlement de la chaîne de production, découpée selon des étapes de plus en plus fines. Ce n’était pas une spécialisation sectorielle de la production mais une spécialisation de la tâche effectuée par chacun pour fabriquer un produit donné, une désintégration mondiale de la production qui voyait les centres riches monopoliser la conception en amont et la prescription en aval, et considérer comme inessentielle l’étape de la fabrication, laquelle deve­nait de plus en plus externalisée au profit des biens immatériels et assurant l’avance technologique de ces centres sur les périphéries. La finance américaine, dont les objectifs étaient comme toujours intégrés aux stratégies des États-Unis (cf. la guerre en Irak, en Afghanistan, le projet du Grand Moyen-Orient, etc.), est à l’origine de la rupture faisant passer la société industrielle à celle postindustrielle, essentielle­ment financière, marquant un nouvel ascendant de la finance sur la marche des affaires. Or, dans cette société postindustrielle, la fabrication du bien lui-même était devenue marginale, inessentielle pour les pays riches qui monopolisaient la conception en amont et la prescription en aval, c’est-à-dire les segments de pro­duction où les rendements d’échelle étaient les plus forts, la vente des biens imma­tériels. Ce processus a consacré la désintégration verticale de la production[28]. La maîtrise de l’innovation technologique et l’immatériel ont accentué la domination américaine mais en même temps sa dépendance aux profits spéculatifs détachés de la production réelle. En effet, la nouvelle économie ne pouvait s’accommoder de ce que les économistes appellent la concurrence pure et parfaite, au regard des coûts exorbitants de recherche et de développement que représentait pour les firmes de la nouvelle économie, essentiellement américaines, la production de la première unité du bien fabriqué. Or, la maîtrise de la recherche et du développement représentait l’activité première de ces opérateurs, qui devaient impérativement ne pas être mis en concurrence et donc acquérir une situation dominante quasi monopolistique, laissant loin derrière les entreprises européennes de la technologie de l’information et de la communication. La crise révélera avec la violence que l’on a pu constater les conséquences lourdes et les effets de la désindustrialisation des États-Unis et du Royaume-Uni, plus marqués que dans le modèle rhénan ou même dans les écono­mies latines. Pour de nombreux observateurs, la crise est durable, systémique et tou­chant au cœur du capitalisme, avec des répliques échelonnées dans le temps après la forte secousse initiale en raison du lien très concret entre économie spéculative et économie réelle, notamment pour les entreprises[29].

Concrètement, la mondialisation remise en cause est d’abord celle d’une hé­gémonie traduite par l’américanisation du monde[30] qu’elle induisait : la crise « vi­sible » pourrait n’être que le moment intermédiaire du passage entre deux hégé­monies, bien que, par exemple, tout comme l’UE, la Chine soit sans volonté ni moyens de proposer ou d’imposer un modèle de substitution. La crise « visible » pourrait également déboucher sur de nouvelles formes de conflits, eux-mêmes créant à terme une nouvelle forme d’organisation sociale, mais les conflits les plus nombreux constatés aujourd’hui ont pratiquement tous un mode connu et ancien, infra-étatique ou asymétrique[31] et dont la finalité n’est pas la contestation de l’État mais l’appropriation de l’autorité étatique.

Dans sa nouvelle étude, Wicht confirme que la crise financière actuelle « ren­voie, en termes de longue durée, à une période de transition hégémonique marquée par le chaos et l’incertitude ». Reprenant la grille de lecture d’Arrighi, Wicht met en évidence deux étapes caractéristiques dans la succession des cycles hégémoniques : celle du capitalisme marchand suivie par celle du capitalisme financier, « la seconde indiqu[ant] l' »automne » d’un cycle hégémonique annonçant l’événement d’un nouveau apte à lui succéder [d’autant que] toute transition passe également par deux phases successives : la crise hégémonique et l’effondrement hégémonique ». La première se caractériserait notamment par des conflits sociaux et la seconde cor­respondrait à un « chaos systémique », c’est-à-dire la « période au cours de laquelle l’économie-monde cherche sa nouvelle régulation ». Wicht précise que le chaos si­gnifie d’abord la désorganisation et le dysfonctionnement du système, chaque État ayant tendance à sauvegarder son intérêt national sans se préoccuper des problèmes à l’échelle systémique. L’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003 ayant inau­guré cette longue période de chaos systémique. Wicht resitue cette période dans les rythmes de la longue durée braudéliens et y associe naturellement, à la crise écono­mique, la crise militaire. La guerre potentielle (Wicht développe ses arguments à partir de l’étude de la multiplication des SMP) ayant pour effet, comme la guerre de Trente Ans, d’où le titre éponyme de son article, de « nettoyer les anciennes structures » et d’accoucher d’un « nouvel ordre institutionnel ». Mais comme aucun challenger ne soutient la comparaison de la puissance militaire avec les États-Unis même en situation de déclin, l’hypothèse émergente serait celle d’une vacance hégé­monique prolongée, avec une situation de chaos systémique prolongée, que Wicht appelle un « nouveau Moyen Âge global », dont le phénomène d’accélération de l’Histoire pourrait accélérer l’évolution.

 

 

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[1]Zbigniew Crzezinsui, Le Grand Échiquier- L’Améritj^ et le feste du monde, Paris, Fayard, 0997.

[2]Bernard Wicht, « Une nouvelle guerre de Trente Ans ? Réflexion et hypothèse sur la crise actuelle et ses suites possibles », Catholica, n° 109, automne 2010, p. 34-48.

[3]Bernard Wicht, « Une nouvelle guerre de Trente Ans ? Réflexion et hypothèse sur la crise actuelle et ses suites possibles », Catholica, n° 109, automne 2010, p. 34-48.

[4]Somalie, Haïti, Rwanda, Bosnie, Kosovo, etc.

[5]Emmanuel Todd, Après l’empire, Paris, Gallimard, « NRF », 2002, réédité avec une postface inédite en Folio, « Actuel », 2004.

[6]Yves-Henri Nouailhat, « Les États-Unis au XXe siècle », in Arnaud Hurel et Christophe Réveillard (dir.), Conflits actuels, VIIe année, n° XIII, 2004-1, Paris, Centre d’études et de diffusion universitaires.

[7]Aymeric Chauprade, François Thual, Dictionnaire de géopolitique- États, concepts, auteurs, Paris, Ellipses, p. 147.

[8]Antonio Gramsci, Quaderni delcarcere, t. 3, cahier 13, 1932-1934, Turin, Einaudi, 1975,

  1. 1636-1638 et 2010-2011.

[9]Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry, Laurence Tubiana, « Rapport de synthèse. Les institutions économiques de la mondialisation », in Conseil d’analyse économique, Gouvernance mondiale, Paris, La Documentation française, 2002, p. 10.

[10]Voir notamment, pour l’Europe, Dominique Barjot et Christophe Réveillard (dir.), L’Américanisation de l’Europe occidentale auXX siècle. Mythes et réalités, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne (Paris IV) coll. « Roland Mousnier », 2002, et D. Barjot, Isabelle Lescent-Giles, Marc de Ferrière Le Vayer (éd.), L’Américanisation en Europe au XX siècle. Économie, culture, politique, vol. I et II, Centre de recherche sur l’histoire de l’Europe du Nord-Ouest, université

Charles-de-Gaulle (Lille III), 2002.

[11]Dario Battistella, Retour de l’état de guerre, Paris, Armand Colin, 2006.

[12]In discours aux représentants des États lors de la réunion annuelle des institutions de Bretton Woods, Washington, district de Columbia, 27 avril 2001, cité in P. Allard, « Les États-Unis et la gouvernance mondiale », in Conseil d’analyse économique, Gouvernance mondiale, op. cit., p. 266.

[13]Éric Le Moulec, « Le concept de puissance est-il anachronique ? », Revue de Défense nationale.

[14]Par ex., Diplomatie d’Henri Kissinger, publié en 1996, et Le Grand Échiquier. L’Amérique et le reste du monde, de Zbigniew Brzezinski, en 1997.

[15]Le PE en tient compte dans son rapport sur la stratégie de sécurité nationale des états-Unis et ses conséquences pour l’Europe de la défense, document A/1824 du 4 juin 2003.

[16]Voir Didier Lucas et Alain Tiffreau, Guerre économique et Information, Paris, Ellipses, 2001, et Christian Harbulot et Didier Lucas (dir.), La Guerre cognitive. La guerre de la connaissance, Paris, Lavauzelle, 2002.

[17]Jusqu’aux essais de géopolitique qui en empruntent les accents millénaristes caricaturaux ; voir par ex. Frédéric Encel, Géopolitique de l’apocalypse, Paris, Flammarion, 2002.

[18]Jean-Michel Valantin, « « Shaping the mind », stratégie globale et colonisation de la sphère des idées » in La Guerre cognitive. La guerre de la connaissance, op. cit., p. 92.

[19]Justin Vaïsse, « Les États-Unis sans Wilson. L’internationalisme américain après la guerre froide », Critique internationale, n° 3, printemps 1999, p. 99-120.

[20]Eugène Wittkopf, Faces of Internationalism, Durham, Duke University Press, 1990.

[21]D. Battistella, op. cit.

[22]John Hobson, Imperialism. A Study (1902), Londres, Allen & Unwin, 1938.

[23]Joseph Schumpeter, « Contribution à une sociologie des impérialismes » (1919), in J. Schumpeter, Impérialisme et classes sociales, Paris, Flammarion, « Champs », 1984.

[24]Notamment B. Wicht, op. cit.

[25]Xavier Raufer, « États-Unis : l’enlisement inaperçu », Nouvel Économiste, 21 octobre 2010.

[26]Bernard Wicht, « Une nouvelle guerre de Trente Ans ?… », op. cit., p. 34.

[27]Daniel Cohen, Trois Leçons sur la société post-industrielle, Paris, Seuil, « La République des

idées », 2006.

[28]Voir E. Maurin, D. Thesmar, M. Thoenig, « Mondialisation des échanges et emploi », CREST, 2001, et Robert Feenstra, « Integration of trade and disintegration of production in the global economy », Journal of Economic Perspectives, AEA, 1998, vol. 12 (4).

[29]Alain de Benoît, « Capitalisme, crise conjoncturelle, crise systémique ? », Le Spectacle du monde, novembre 2008, n° 550, p. 44-45.

[30]Voir D. Barjot et C. Réveillard (dir.), L’Américanisation de l’Europe occidentale au XX siècle. Mythe et réalité, op. cit.

[31]C. Réveillard, « Les conflits de type infra-étatique en Afrique », Géostratégiques, n° 25,

octobre 2009, p. 193 sq.

 

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