La problématique énergétique de la Chine

André PERTUZIO

Consultant pétrolier international et ancien conseiller juridique pour l’Energie à la Banque mondiale.

4eme trimestre 2011

  • Depuis 1978, la Chine est engagée dans une révolution économique et industrielle de nature capitaliste tout en gardant un régime autoritaire communiste, le système étant connu comme un « socialisme de marché ». Ce remarquable développement exige toutefois une consommation d’énergie de plus en plus importante au point qu’aujourd’hui la Chine consomme annuellement 2 400 millions de tonnes de tep (tonne équivalent pétrole) et a dépassé les Etats-Unis comme premier consommateur mondial. Toutefois, si le charbon produit dans le pays représente 70 % de la consommation d’énergie, la Chine dépend des importations pour le pétrole (430 millions de tonnes, bien qu’elle en soit le cinquième producteur mondial avec 190 millions de tonnes/an, ainsi que par le gaz naturel (aujourd’hui 3,75 %) tandis que l’énergie nucléaire ne représente que 15 millions de tep. La Chine est d’autre part le premier producteur mondial d’hydroélectricité avec 150 millions de tep/an. Elle a donc une politique très active de diversification géographique de ses importations.

Elle conserve enfin une marge assez grande de consommation pour l’avenir par rapport à sa population, soit 1,8 tonnes par habitant contre 8 tonnes/an aux USA et 4,2 à 5 pour les pays de l’OCDE.

  • Since 1978 China has undergone an économie and industrial révolution of a capitalistic nature whilst keeping an authoritarian communist regime, this system being entitled « market socialism ». This remarkable development all the same demands increasing energy consumption to thepoint that, today, China consumes about 2 400 million petrol-equivalent tons per year, overtaking the United States as first consumer in the world. However, if locally produced coal accounts for 70% of that consumption, China depends on importation for its petrol (430 million tons, even if she is 5th producer in the world, with 190 million tons/year), and whereas naturalgas accounts only for 3,75%, and nuclear energy production accounts for 15 million petrol-equivalent tons (pet). Furthermore, China is the first world producer of hydro-electricity with its 150 pet. She therefore has a very active geographic diversification policy for her imports.

Finally, she conserves a sujficiently wide consumption margin for the future with regards to her popu­lation, in other words 1,8 tons per inhabitant, compared to 8 tons/annum in the USA, and 4,2 to 5,0 for the OECD countries.

« Qu’lMPORTE LA COULEUR DU CHAT pourvu qu’il attrape les souris ». Cette réflexion de bon sens toute confucéenne est prêtée à Deng Xiao Ping qui fut l’ini­tiateur du réveil de la Chine, éveil que prédisait dès 1973 Alain Peyrefitte dans son

fameux ouvrage « Quand la Chine s’éveillera ». La Chine s’est donc éveillée et ce pays de vieille civilisation et de puissants Empires est aujourd’hui passée sans encombre de la dictature communiste, toujours en place d’ailleurs, à un système de « socialisme de marché », remarquable oxymoron que seule cette vieille civilisation habile à marier le salé et le sucré puisse concevoir. Il s’agit en fait d’un système capitaliste à l’image des autres puissances, la preuve ayant été fournie par l’URSS qu’un système qui supprime les échanges, c’est-à-dire le marché et donc l’économie elle-même, ne peut pas plus fonctionner que le catoblépas ne puisse marcher

Cette économie, alors embryonnaire, s’est développée, on le sait, d’une manière qui suscite l’admiration des uns et l’effroi de certains, à un rythme effréné qui se manifeste extérieurement par une modernisation éclatante, une industrialisation confondante et un développement immobilier assez extraordinaire que reflètent toutes les grandes et moyennes villes chinoises. Bien entendu également la circula­tion automobile a bondi et le marché chinois est aujourd’hui le premier du monde tant est forte la demande dans un pays qui s’enrichit considérablement et parti de très bas. Il est aussi devenu le premier producteur mondial avec 14 millions de vé­hicules annuels et des perspectives d’avenir qui ont attiré les constructeurs étrangers car il n’y a en Chine aujourd’hui que 7 pour cent de véhicules en circulation par rapport au nombre d’habitants, 1 milliard 300 millions et peut-être plus.

La Demande énergétique

Il va de soi qu’un tel développement économique exige une consommation d’énergie de plus en plus forte année après année. Quelques statistiques vont per­mettre de montrer l’évolution et le panorama énergétique de la
Chine :

Depuis l’ouverture de la Chine à l’étranger en 1978, sa consommation d’énergie est passée de 488 millions à 2 400 millions de tep (tonne équivalent pétrole) au­jourd’hui. La Chine est ainsi devenue premier consommateur mondial, dépassant ainsi les Etats-Unis avec 20 % de la demande mondiale d’environ 12 milliards de tonnes. C’est ainsi que la consommation chinoise a doublé au cours des 8 dernières années alors que la demande mondiale passait de 8,7 à 9,6 millions de tep hors Chine. Remarquons au passage que la Chine et les Etats-Unis ensemble consom­ment 40 % de l’énergie produite dans le monde laissant loin derrière eux les autres grands consommateurs Russie, Japon et Inde (ensemble 15 %).

Nous allons voir maintenant les différents aspects et les conséquences non seu­lement dans ce domaine énergétique propre mais dans le contexte géopolitique et géostratégique mondial.

Relevons cependant que, si en termes bruts, la Chine est devenue le premier consommateur mondial d’énergie, la relation au nombre d’habitants permet de cerner de plus près la réalité car si les Etats-Unis consomment près de 8 tep/an par habitant, la Chine dépasse à peine 1,8 alors que la moyenne OCDE oscille entre 4 et 5 (la France est à 4,2 tep/an par habitant).

Sans doute la Chine au cours des ans augmentera encore cette consommation qui va de pair avec le développement économique mais elle atteindra difficilement le niveau américain en raison des différences fondamentales de nature et d’activités entre les deux peuples bien qu’aujourd’hui le développement et l’importance d’une classe moyenne aux caractéristiques occidentales en manière de vie soit à prendre en considération. Il est vraisemblable que la Chine atteindra vers 2030 le double du niveau moyen actuel de 1,8 tep.

De la sorte, le bilan énergétique de la Chine d’aujourd’hui se présente ainsi : une consommation annuelle d’environ 2 400 millions de tep se répartissant comme suit :

  • 1 700 tep de charbon
  • 430 tep de pétrole
  • 90 tep de gaz naturel
  • 180 tep d’électricité primaire

En regard de ces chiffres assez impressionnants qui représentent un bond de 11,2 % en 2 ans, il convient de placer la production par la Chine de ces différentes matières énergétiques :

Pour le charbon, c’est à peu près la totalité de cette consommation qui est d’origine locale. La Chine est en effet le premier producteur mondial de charbon quoique disposant seulement de la troisième réserve après les Etats-Unis et la Russie (115 milliards de tep).

En ce qui concerne le pétrole, la Chine est certes l’un des principaux produc­teurs dans le monde (cinquième place) mais, d’une part les réserves ne lui assurent que la douzième place avec 2 800 millions de tonnes et, d’autre part, ses importa­tions vont en augmentant de manière constante.

En matière de gaz naturel, la production chinoise est de 82 milliards de m3 pour une consommation de près de 100 milliards de m3. Ses réserves sont de 2 350 mil­liards de m3.

Sa consommation d’électricité est d’environ 2 700 TWh, soit 2 700 milliards de KWh (en France 550 pour une population vingt fois moindre) mais les besoins tant de la société civile que de l’industrie croissent régulièrement et l’on dit que chaque semaine une centrale thermique au charbon est mise en chantier.

La production d’électricité primaire (hydraulique, nucléaire et autres) est éga­lement en augmentation et la Chien se situe au premier rang mondial en hydroé­lectricité avec une production de 586 TWh soit environ 150 tep/an. L’électricité d’origine nucléaire ne représente encore que 2 à 3 % de la consommation chinoise mais de vastes projets sont à l’étude.

La Politique énergétique

L’équation à résoudre est simple dans son principe mais fort compliquée quant à son application. Non seulement en effet l’importation d’énergie représente, en pétrole seulement, environ 4,8 milliards de barils/jour, au prix moyen de 100 USD le baril pour assurer la continuité et la croissance de sa production tous azimuts y compris des dépenses militaires en augmentation de 15 % l’an. La Chine en effet se doit de représenter une force militaire en adéquation avec son poids international.

Comme tout pays dépendant de ses importations pour une part importante de sa consommation énergétique, la Chine doit sécuriser autant que faire se peut ses approvisionnements car elle peut difficilement augmenter ses ressources propres sous peine de raccourcir la durée de leur utilisation compte tenu de l’importance relative des réserves. Cette politique concerne au premier chef le pétrole, mais aussi, on va le voir, le gaz naturel et enfin développer le nucléaire en dépit de la catastrophe de Fukushima laquelle, il est vrai, n’a pas pour origine le fait même de la production nucléaire, mais le tsunami d’une puissance inédite qui l’a frappé. Résumons :

1) Développement des ressources propres compte tenu des limites ci-dessus rappelées. Nous avons déjà évoqué l’utilisation du charbon qui représente 50 % de la consommation charbonnière mondiale, rythme qui ne pourra être soutenu sans dommage sur une longue période. C’est pourquoi, entre autres, la Chine se tourne vers l’Australie et s’associe à l’Inde pour exploiter en Australie une très importante mine de charbon. Elle s’oriente aussi vers l’utilisation maximale des ressources hy­drauliques pour l’exploitation desquelles la Chine a déjà construit plus de 17 500 grands barrages dont le célèbre barrage des « Trois Gorges » sur le Yang-Tsé qui produit environ 85 TWh/an soit 85 milliards de KWh et donc l’équivalent de 22 millions de tep. Il représente ainsi à lui seul 14,5 % de la capacité de production chinoise en électricité. Ainsi, non seulement cette dernière se substitue à d’impor­tantes quantités d’énergie fossile mais constitue aussi un facteur important de dé­veloppement régional.

En ce qui concerne le pétrole, on a vu que les réserves de la Chine représentent environ 15 années d’exploitation au rythme actuel. Même en tenant compte des efforts de recherche, la tendance sera d’économiser cette ressource.

De la sorte, le développement de l’énergie nucléaire s’impose quelles que soient les réticences qui pourraient se faire jour en la matière. Il est très intéressant à ce sujet que la Chine semble s’orienter vers une solution différente de l’utilisation courante de l’uranium comme combustible des réacteurs au profit du thorium qui produit mille fois moins de déchets. Il en existe de grandes quantités alors que les réserves d’uranium représentent une vie de 72 ans mais il est vrai que les surgéné­rateurs permettraient de multiplier par 100 cette durée. Le thorium offre pour sa part une bien plus grande sécurité d’emploi. Sa capacité énergétique est 200 fois plus grande que celle de l’uranium et ne produit presque pas de plutonium (ce qui est sans doute un inconvénient pour une puissance qui veut se doter d’armes thermonucléaires).

2) Diversification des sources d’approvisionnement en pétrole : c’est en effet une simple constatation que l’importation de quantités très importantes de pé­trole est inéluctable. Or, le déficit pétrolier croissant qui dépasse désormais 50 % rend la Chine dépendante de façon massive. Or, la source d’approvisionnement la plus proche est évidemment le Moyen Orient. Il est aussi évident que cette région est sous le contrôle des Etats-Unis qui n’ont pas épargné les efforts pour ce faire et notamment en ce qui concerne les voies d’acheminement. D’un point de vue géostratégique, les chinois ont naturellement choisi de diversifier leurs sources. La Chine s’est ainsi tournée vers l’Afrique productrice de 10 millions de barils/jour, notamment vers l’Angola dont elle importe 30 % de ses importations pétrolières mais aussi vers le Nigeria et vers le Soudan. Elle fait de grands efforts d’implanta­tion via les investissements et les appuis diplomatiques vers des pays avec lesquels, on le verra par ailleurs, elle entretient depuis longtemps, et singulièrement depuis 1990, des relations suivies et ciblées. Cette volonté d’influence et d’implantations se traduit aussi par la construction de routes et d’usines, d’écoles et de chemins de fer et d’envoi de nombre d’ingénieurs et de techniciens sur place. Il semble que cette activité commencerait à soulever quelques réticences en Afrique et il faudra toute la proverbiale souplesse diplomatique des chinois aidée par leurs possibilités financières pour les vaincre.

Toutefois, l’une des plus importantes initiatives chinoises fut de s’intéresser, non loin de chez eux, au nouveau grand producteur qu’est devenu le Kazakhstan et, no­tamment, à son champ géant de Kashagan dans « l’offshore » de la Mer Caspienne orientale qui est exploité par un consortium mené par l’AGIP italienne, British Gas, Exxon Mobil, Shell, Total, Conoco, Philips et Impex. Ce champ devrait, en principe, entrer en exploitation en 2012 avec une production de 150 000 barils/ jour pour atteindre 600 000 barils, soit 30 millions de tonnes/an vers 2015. Le Kazakhstan est d’ailleurs un terrain d’affrontement pétrolier et stratégique entre la Russie et les Etats-Unis. La Chine s’est invitée dans ce concert et, dès le 4 Juillet 2002, signait un accord avec le Kazakhstan en vue de la construction d’un oléoduc de 3 000 kms afin de transporter en Chine 210 000 barils/jour initialement et des­tinés à augmenter, ajoutant ainsi à l’imbroglio car le BTC, oléoduc construit par les Américains vers la Turquie pour éviter le passage par la Russie sera partie prenante du brut de Kashagan, ainsi que le russe CPC qui contourne la Caspienne par le nord vers le Mer Noire, tous pour des volumes de production importants !

De plus, la CNPC (China National Petroleum Company) a conclu des contrats et investi pour l’exploration au nord-est du pays. N’oublions pas enfin que la Chine achète du pétrole en Russie qui, transporté par rail aujourd’hui, le sera lors de la construction, déjà bien avancée, de l’oléoduc Kazakhstan-Chin, par une bretelle de ce dernier.

Il faut enfin ajouter l’Amérique Latine aux entreprises chinoises tendant à né­gocier des accords avec des pays producteurs. Il s’agit évidemment et d’abord du Venezuela, sixième producteur mondial mais détenteur d’importantes réserves dues notamment aux pétroles extra-lourds de la « Ceinture Pétrolifère de l’Orénoque ». Le Venezuela est certes un grand fournisseur des Etats-Unis avec le Mexique mais sa part, en partie en raison de la politique d’Ugo Chavez, a décru jusqu’à 11-12 % et incité ce dernier à se rapprocher de la Chine. Il faut également compter avec le Brésil lequel, grâce au champ géant de Tupi est devenu exportateur de pétrole ainsi que les importants gisements mis au jour en Colombie. L’on ne s’étonnera donc pas de voir la Chine s’intéresser très fortement à ce continent où, naturellement, elle se heurtera aux intérêts américains.

3) Les actions en amont : il s’agit non pas d’une diversification des importa­tions mais de prises de position dans la recherche et l’exploitation à l’étranger, soit par des associations, soit par des fusions-acquisitions. Il s’agit en somme d’interna­tionaliser les sociétés pétrolières pour obtenir un accès direct aux sources d’hydro­carbures.

Depuis plusieurs années, la Chine s’est ainsi efforcée de nouer des alliances et de faire des investissements dans le secteur de la recherche par l’intermédiaire de trois sociétés toutes liées à l’Etat, la CNPS (China National Petroleum Company), la SINOPEC (China Petrochemical Corporation) et CNOC (China National Offshore Corporation). Nous allons le voir de façon non exhaustive :

C’est déjà le cas, nous l’avons vu, de la CNPC au Kazakhstan à quoi il faut ajouter des investissements en Algérie, en Angola et en Equateur, au Tchad et au Niger. Elle a également acquis 45,5 % de la Singapore Petroleum Company. De son côté, la SINOPEC investit en Azerbaïdjan et en Arabie Saoudite (pour le déve­loppement) et elle a racheté en 2009 le Groupe Addax de Genève, multinationale pétrolière active en Afrique de l’Ouest et au Moyen Orient. Quant à la CNOOC, active en Indonésie et surtout au Nigéria avec l’acquisition de 45 % du gisement offshore d’Akpo dont Total est l’opérateur, avec la Société Nationale Nigériane et Petrobras, elle a également réalisé une fusion-acquisition de la société norvégienne Avilco Offshore. Notons même une tentative d’acquisition de Union Oil grande société pétrolière américaine mais qui a été bloquée par les Etats-Unis !

Ainsi, ces investissements, même s’ils sont souvent de taille modeste témoi­gnent de la volonté pétrolière chinoise de tisser une toile d’intérêts internationaux renforçant son poids géostratégique en même temps que la recherche de ressources pétrolières.

  • Les Investissements Etrangers : La Chine est donc entrée, et pas seulement en matière pétrolière, dans le grand jeu international et les entreprises étrangères y investissent dans toutes les branches de l’industrie. En matière d’hydrocarbures, les grandes sociétés internationales sont également présentes, généralement dans des activités en aval (pipelines, pétrochimie, raffinage, distribution) et des prises de participation financière notamment dans SINOPEC. Tel est le cas pour Exxon-Mobil, Shell, BP et Total. Il semble cependant que leur intérêt ne s’étende pas ou peu au domaine de l’exploration et de la production quoique, et c’est un souci pour les autorités chinoises, la production pétrolière peine à suivre le croissance de la consommation et que, notamment, le principal gisement producteur, celui de Daqing, paraisse être en déclin.
  • Le Gaz Naturel : Une mention spéciale doit être réservée à cette activité et à cet hydrocarbure dont la Chine est, on l’a vu, un relativement modeste pro­ducteur et qui jusqu’alors ne semblait pas à la hauteur des efforts faits par ailleurs. Ses réserves de 2 350 milliards de m3 sont assez importantes et, contrairement à ses voisins japonais et coréens, elle importe peu de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) encore que la construction de terminaux de regazéification peut amener ces importations à représenter 8 % de la consommation. Cependant, la politique chinoise en la ma­tière s’oriente vers l’importation à partir des grands pays producteurs, la Russie qui détient près du tiers des réserves mondiales, le Turkménistan et le Kazakhstan.

En ce qui concerne la Russie, il s’agit essentiellement de projets concernant le gaz naturel des îles Sakhaline dont l’exploitation a, en principe, pour objet l’im­plantation d’une usine de liquéfaction pour exporter du GNL. En ce qui concerne le Kazakhstan, il s’agit des investissements chinois déjà signalés, mais le plus impor­tant projet en voie de réalisation concerne le Turkménistan dont les réserves de gaz naturel sont très importantes pour une production annuelle de 80 milliards de m3, ainsi que son voisin l’Ouzbékistan avec une production de 66 milliards de m3. A ce propos, la société chinoise CNPC a conclu avec Uzbeknaftogaz un partenariat pour le développement de ses gisements de gaz dont une partie de la production sera transportée vers la Chine en se raccordant au gazoduc Turkménistan-Chine qui a fait l’objet d’une inauguration le 14 Décembre 2009 en présence du Président Hu Jintao. Ce gazoduc de 1883 kms est prévu pour amener annuellement 40 milliards de m3 de gaz vers la Chine (XinJiang), en partenariat avec la CNPC, Turkmengaz et, on l’a vu, Uzbeknaftogaz. Ce grand projet, en voie de réalisation, fait le pendant en gaz naturel de l’oléoduc Kashagan-Chine.

De plus, la Chine a prêté au Turkménistan 2 milliards d’euros pour financer le champ de gaz de Yolotan près de la frontière afghane. Ainsi la Chine s’est-elle im­posée comme un acteur important dans le jeu pétrolier et gazier de l’Asie Centrale jusqu’ici sous contrôle russe malgré les efforts américains.

Considérations générales

Ces interventions, projets et investissements chinois à travers le monde sont tout sauf désordonnés. Ils obéissent à une politique qui résulte de l’absolue nécessité de doter la Chine des ressources nécessaires à son développement industriel et à son économie. L’Agence Internationale pour l’Energie ne prévoyait la consommation d’énergie actuelle de la Chine que vers 2014 et elle prévoit une augmentation ré­gulière jusqu’à plus de 3 300 millions de tonnes à l’horizon 2030. D’ici là, certes, beaucoup d’évènements peuvent ainsi que de paramètres bouger. Quoiqu’il en soit la Chine est aujourd’hui un acteur dominant dans le grand jeu international où son poids financier est également considérable.

Au plan géostratégique, le centre de gravité mondial se déplace inévitable­ment vers l’Asie et le duo Russo-Chinois réuni notamment dans l’Organisation de Coopération de Shanghai (qui comprend d’autres membres comme les pays d’Asie Centrale et l’Iran comme observateur), y joue un rôle essentiel.

En définitive, la Chine s’est remarquablement éveillée mais, selon le deuxième terme de la réflexion de Napoléon reprise par Alain Peyrefitte pour le titre de son livre, le monde tremblera-t-il ? L’avenir nous le dira.

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