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Nacer Kettane
Membre Honoraire du Conseil Économique, Social et Environnemental, Président Fondateur de BEUR FM, Secrétaire Général Fondateur de l’Institut de recherche, d’innovation et de prospective méditerranéen
La Presse algérienne et plus généralement les Médias furent parfois considérés comme des alliés objectifs, et par moments des adversaires. Durant toute la guerre d’Algérie les journalistes ont contribué efficacement à rendre compte des « évènements d’alors » et en internationalisant le conflit. Pendant la décennie noire de 1990, le lourd tribu consenti par la profession fut important. Réduire au silence ce corps de métier fut aussi primordial pour les protagonistes sanguinaires et obscurantistes que pour le pouvoir en place. Enfin quelle est ou quelle sera la place des journalistes dans la société algérienne encore en devenir ?
The Algerian Press and more generally the Media were sometimes considered as objective allies, and sometimes opponents. Throughout the Algerian war, journalists contributed effectively to report on the «events of the time» and by internationalizing the conflict. . During the black decade of 1990, , the heavy toll taken by the profession was important. Silencing this profession was also important for the protagonists of the bloodthirsty and obscurantist protagonists as for the power in place. Finally, what is or what will be the place of journalists in the futur algerian society ?
longtemps considérée comme une exception dans le monde « dit » arabe, la presse algérienne fût et demeure à l’image d’un pays bousculé en permanence, subissant les soubresauts d’une société en constante ébullition : créative, revendicative, celle-ci aspire à la normalité. Un quotidien débarrassé des lourdeurs administratives, des queues interminables, des gabegies financières, des passe-droit devenus monnaie courante.
Tantôt portés aux nues, tantôt voués aux gémonies, les journalistes, la presse, les médias de façon générale demeurent paradoxalement les mal-aimés d’un système soucieux de sa survie, de sa pérennité et qui orchestre une normalisation à son image ; à l’affût de la moindre dérive, guettant le moindre écart d’une feuille de route basée sur l’omerta et l’accord tacite, le système consultant le miroir telle la Reine veut s’entendre répondre qu’il est le plus beau, le plus gentil !
Pourtant, les journalistes algériens ont payé le prix lourd dans leur contribution à la fois pour combattre l’hydre colonial ainsi que la barbarie islamiste des années plus tard. L’Algérie, debout, l’Algérie avant tout a longtemps été le leitmotiv de ces amoureux de la démocratie, de ces pourfendeurs de la haine et des injustices, de ces défenseurs, des orphelins, de ces promoteurs du dialogue de la paix.
Comment en est-on arrivé à toutes ces tentatives de mise au pas ? Comment et pourquoi la diabolisation de ceux qui furent souvent en première ligne s’est mise en place ? Aux sources de l’engagement très tôt, le mouvement national trouve des relais dans la presse.
Messali Hadj comme Ferhat Abbas trouvent un écho favorable à travers Alger Républicain en 1937, qui déjà soutient les républicains espagnols, dénonce la misère en Kabylie (sous la plume de Camus qui n’a alors que 25 ans) et soutient les mouvements indépendantistes pacifistes algériens. Résolument anticolonialiste, Camus déclare le 31 août 1944 dans « Combat » : « un pays vaut souvent ce que vaut la presse ». Il rappelle la place essentielle de la morale, de la vigilance et de la vérité dans l’activité journalistique.
Quant à Jean Sénac, lui déclarera tout de go dans le même journal dès le déclenchement de la lutte armée, que « la justice a pris les armes » et Camus de rajouter, au côté de Jean Daniel et de Albert Memmi : « l’issue de la guerre ne peut être que l’indépendance de l’Algérie ».
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