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Jean-André Galeyrand
PhD, UNCR University. Vice-président du Cercle de Réflexion des Nations (CRN), Colonel de Gendarmerie (hon.), ancien auditeur de l’IHEDN, 54ème session nationale
De l’Israël à l’État d’Israël, du rêve de Sion colline de Jérusalem au sionisme. Des alyoth au Keren Kayemeth Leisraël et aux premiers achats de terre en Palestine. De la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917 au Malcolm MacDonald White Paper du 17 mai 1939. De la proclamation de l’État d’Israël à la résolution 181 de l’ONU du 29 novembre 1947. Les engagements contenus dans ces trois documents ne furent pas honorés : la raison d’État, les intérêts en cause et le réalisme politique peuvent-ils l’expliquer ? Cette situation pire que mille refus à laquelle s’ajoute une politique d’extension territoriale continue de l’État hébreu est à l’origine de la souffrance de deux peuples. La rupture géopolitique introduite par les récents Accords Abraham reléguera-t-elle au second plan le règlement de la question palestinienne ? La solution politique qui repose sur le respect et l’application du droit international doit également s’accompagner d’une évolution des règles de fonctionnement de l’ONU.
From Israel to the State of Israel, from Zion’s dream Jerusalem hill to Zionism. From alyoth to Keren Kayemeth Leisrael and the fi rst land purchases in Palestine. From the Balfour Declaration of November 2, 1917 to the Malcolm MacDonald White Paper of May 17, 1939. From the proclamation of the State of Israel to UN resolution 181 of November 29, 1947. Th e commitments contained in these three documents were not honored: can the reason of State, the interests in question and political realism explain it? Th is situation worse than a thousand refusals, to which is added a policy of continuous territorial extension of the Jewish State, is at the origin of the suff ering of two peoples. Will the geopolitical rupture introduced by the recent Abraham Accords relegate the settlement of the Palestinian question to the background? Th e political solution based on respect and application of international law, must also be accompanied by changes in the rules of operation of the UN.
Un rêve de retour bimillénaire
Comment parler de l’Israël (plus de 2 000 ans), évoquer les conséquences de la création de l’État d’Israël et un conflit long et complexe, où un État puissant et un peuple sans État s’affrontent pour une même terre ? Comment traiter des rivalités entre pays du Proche et du Moyen-Orient et d’une situation en prise directe avec la géopolitique mondiale ?1
Mon propos sera limité à la période 1916-1947, celle des premiers engagements, ceux qui orientent et déterminent et qui, lorsqu’ils ne sont pas tenus, sont pires que mille refus2.
Et si mon optimisme m’incite à penser que « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve »3 il est tempéré par le rappel des nécessités politiques sachant que « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » Charles de Gaulle (1890-1970)4.
Le Rêve de Sion, colline de Jérusalem, est né de l’exil et de la dispersion du peuple juif.
Ce retour (Aliya plur. Aliyot i.e. montée), rappelé dans la religion juive par la formule « l’an prochain à Jérusalem » est répété lors des Fêtes de Pâques et du Nouvel An.
Le messianisme des Écritures juives évoque la venue d’un messie libérateur qui ramènera le peuple juif en Terre Promise, mais les différentes tentatives d’immigration en Palestine seront rejetées par les milieux religieux, du moins dans un premier temps.
Au-delà de cette nostalgie, l’idéologie sioniste en tant que volonté de former un État juif, se nourrit des revendications égalitaires de l’idéologie des Lumières du XVIIIe siècle, de la révolution industrielle du XIXe siècle, de la difficulté à s’assimiler pour les Juifs d’Europe vivant dans des ghettos, des discriminations leur interdisant l’accès à certains métiers ou limitant leurs droits à la propriété, des pogroms de 1881-1882 après l’assassinat du Tsar Alexandre II etc.
Pour Leo Pinsker (1821-1891) fondateur des Amants de Sion et Théodore Herzl auteur de l’ouvrage Der Judenstaat, l’avenir du peuple Juif est lié à la création d’un État5.
Et si l’objectif de ce mouvement laïc est la prise en main de son destin par le peuple juif pour organiser ce retour, le lieu du futur État n’est pas fixé : la Palestine serait idéale, cependant Théodore Herzl songe également à l’Argentine ou à l’Ouganda actuel.
Cette décision est concrétisée lors du 5ème Congrès sioniste réuni en décembre 1901 à Bâle par le Fonds pour la création d’Israël ou Keren Kayemeth LeIsraël en vue de procéder à l’achat de terres avec les sommes collectées dans la diaspora sur la proposition de Tzvi Herman Shapira (1840-1898), l’auteur de cette proposition datée de 1847 étant Rav Yehuda Alkalaï (1798-1878).
Durant la période ottomane puis britannique, les terres sont achetées aux propriétaires arabes.
L’arrivée en Palestine d’environ 30 000 immigrants juifs d’Europe orientale entre 1881 et 1903 (1ère alyah)6 déclenche un conflit communautaire.
Entre 1904 et 1914 la 2ème alyah qui concerne des migrants d’Europe orientale porte la population juive en Palestine à 80 000 personnes réparties dans environ 50 colonies agricoles.
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Notes
(1) Une définition du Moyen-Orient ou Orient arabe englobe la Syrie, le Liban, Israël, la Palestine, la Jordanie, l’Irak, l’Égypte, l’Arabie Saoudite, le Koweït, les Émirats Arabes Unis, le Qatar, Bahreïn, Oman et le Yémen.
(2) « Mieux vaut mille refus qu’une promesse non tenue. » Proverbe chinois
(3) Friedrich Höderlin (1770-1843).
(4) “We have no eternal allies, and we have no perpetual enemies. Our interests are eternal and perpetual, and those interests it is our duty to follow.” Henry John Temple. “Henry John Temple, 3rd Viscount Palmerston, known as Lord Palmerston, (born Oct. 20, 1784, Broadlands, Hampshire, Eng.-died Oct. 18, 1865, Brocket Hall, Hertfordshire), English Whig-Liberal statesman whose long career, including many years as British foreign secretary (1830-34, 1835-41, and 1846-51) and prime minister (1855-58 and 1859-65), made him a symbol of British nationalism.” Encyclopedia Britannica
(5) Le sionisme est un « Mouvement politique et religieux né de la nostalgie de Sion, permanente dans les consciences juives depuis l’exil et la dispersion, provoqué au XIXe siècle par l’antisémitisme russe et polonais, activé par l’affaire Dreyfus, et qui, visant à l’instauration d’un Foyer national juif sur la terre ancestrale, aboutit en 1948 à la création de l’État d’Israël. » Centre de Ressources Textuelles et Lexicales, https://www.cnrtl.fr/definition/sionisme.
(6) Les terrains acquis par le KKL deviennent propriété nationale. « “Les juifs du monde entier devront constituer un fonds pour le rachat du sol de la Palestine. Tout juif, jeune ou vieux, pauvre ou riche, devra contribuer à ce Fonds National Juif… La terre rédimée sera la propriété inaliénable du Kéren Kayémeth et ne sera pas revendue à des particuliers, mais affermée à ceux qui la mettront en valeur pour une période n’excédant pas 49 ans.” Ce projet, présenté au premier Congrès Sioniste de Bâle convoqué par Théodore Herzl et ses amis en 1897, s’est en partie réalisé. » Jean Daltroff, Le Fonds National Juif (Keren Kayemeth Leisrael) en 1921, Extrait de l’Almanach du KKL, 5756-1996.