Droit des travailleurs égyptiens en Arabie Saoudite

AïCHA Abdel GHAFFAR

Directeur de la rédaction, Al – Ahram

3eme trimestre 2012

Les Égyptiens qui tentent d’aller travailler en Arabie Saoudite sont confrontés à de nombreux dangers :

  • la police frontalière les arrête et les détient dans des conditions précaires le temps de réaliser des enquêtes ;
  • des groupes de voleurs, de truands et d’imposteurs cherchent à les voler, pendant leur périlleux voyage pour se rendre en Égypte, car le voyage qu’ils doivent effectuer pour rentrer chez eux en Égypte est pénible.

Selon une enquête réalisée par le quotidien Al Ahram, le consul général en Arabie Saoudite déploie tous ses efforts pour protéger les Egyptiens à travers des contacts officiels avec :

  1. le « Kafil » que l’on appelle « gardien » en Arabie Saoudite, c’est une sorte de garant dutravailleur égyptien ;
  2. les fonctionnaires saoudiens des Ministères (Affaires étrangères, du Travail, etc.).
  • Même s’ils ont réussi à trouver un travail correct, les travailleurs égyptiens rencontrent d’autres problèmes : ils sont licenciés arbitrairement ou séquestrés sans être jugés par un tribunal, ils sont souvent accusés de déstabiliser la sécurité du pays parce que certains d’entre eux critiquent sur internet l’Arabie Saoudite ; même le travailleur égyptien innocent peut être accusé par l’employeur ou par les autorités d’entretenir des liens avec « Al-Qaïda » ou avec des terroristes ; de nombreux travailleurs migrants égyptiens ne font pas enregistrer leur séjour ou leur statut au consulat égypt
  • La question du Kafil (soit Gardien (« The Guardian ») ou du garant saoudien) est le problème le plus important. En effet, le Kafil peut confisques le passeport du travailleur dès son arrivée qui ne peut, par conséquent, plus quitter le territoire égyptien sans son autorisation et ne peut obtenir d’autorisation de séjour en Arabie Saoudite qu’avec son consentement. Le « garant » ou « Kafil » intervient alors dans toutes les questions d’ordre privé. Le Kafil signe un accord avec l’employé ou l’ouvrier, il est donc présent sur le lieu de travail. Le Kafil représente 90 % des problèmes auxquels est confronté l’ouvrier égyptien en A.S. qui est tributaire de ce garant car il n’y a pas de droit du travail en A.S. qui protège le citoyen étranger. Si un problème survient entre le Kafil et l’ouvrier, ce dernier ne peut pas travailler dans un autre organisme… et si cela se concrétise ou arrive, le travailleur finira en prison. Lorsque les employés sont dans une situation d’impasse ils se rendent dans des pays limitrophes de l’A.S. et essayent de retourner en Égypte.
  • Le système du garant est une des causes de ces importants problèmes. S’il y a le moindre incident avec le travailleur, le Kafil a recours aux services de police et le fait inculper pour délit de fuite. Dans certains cas, il est arrêté et risque d’être emprisonné.
  • Le procès est parfois long et peut durer de nombreuses années. L’employé ne peut pas quitter le pays puisque son passeport est détenu par le Kafil et la plupart du temps il ne peut pas travailler puisque la loi le lui interdit et qu’un procès est en cours.
  • L’Arabie Saoudite voudrait éradiquer le système du garant et étudie actuellement des solutions autres que le système du Kafil mais elle est malheureusement confrontée à une résistance de la part des hommes d’affaires de ce pays.

Le rapport souligne le fait que l’État efface souvent le contenu des ordinateurs de certaines sociétés quand un problème surgit entre la société et l’État. Les ouvriers et les employés égyptiens ne peuvent donc pas faire respecter leurs droits.

L’Emir de la région intervient parfois et ordonne l’examen des ordinateurs des sociétés afin de protéger et défendre les droits des ouvriers, d’autant plus que la main-d’œuvre du Royaume est représentée par différentes nationalités : chinoise, indienne, syrienne, jordanienne, soudanaise, égyptienne ainsi que des employés du Bangladesh et des Philippines…

Le cas de détenus dans des procès concernant la sécurité est la chose la plus grave car ils ne sont pas représentés devant les tribunaux et certains Egyptiens sont détenus emprisonnés depuis des années. Cependant, pendant le mois du Ramadan et à l’occasion de fêtes religieuses ou saisons spécifiques, le consulat sollicite une grâce royale pour certains prisonniers qui ont une mauvaise santé.

Le rapport détaille les efforts déployés par les Egyptiens pour garantir le droit des ouvriers en A.S. et présente précisément le projet concernant le fonds qui protègera les Egyptiens à l’étranger ainsi que l’organisation générale du fonds de protection des Egyptiens à l’étranger. L’idée de création du fonds émane des Affaires étrangères qui se sont inspirées de l’expérience de certains pays asiatiques dans ce domaine comme le Pakistan, le Bangladesh et les Philippines dont un nombre très important d’ouvriers travaillent à l’étranger.

Le rapport met l’accent sur l’activité du fonds concernant les Egyptiens à l’étranger. et qui est, à l’origine, l’idée de Monsieur l’ambassadeur égyptien Mohammad El Meneiss.

Selon les statistiques officielles, 1 600 000 employés et ouvriers égyptiens sont en Arabie Saoudite, chiffre qui peut aisément atteindre les 2 000 000. 37 Égyptiens sont accusés d’entrave à la sécurité du pays, autrement dit dans le Royaume d’Arabie Saoudite : ce chiffre concerne des professeurs, des médecins, des ouvriers ordinaires auxquels il a été intenté des procès politiques pour avoir, entre autres, avoir entretenu des contacts avec des groupes terroristes.

Le président de la République arabe d’Égypte, lors de sa dernière visite officielle au Royaume d’Arabie Saoudite, a engagé des pourparlers avec le Roi Abdallah Ben Saoud concernant le grave problème du système du « Kafil » ou Garant. Le Ministère des affaires étrangères déploie d’importants efforts conjointement avec ceux du Ministère du travail, afin de résoudre le problème que pose le système du Kafil et afin de sécuriser les bases et structures de la protection de la main-d’œuvre égyptienne.

L’Égypte s’attelle, à présent, à a protection des droits de la main-d’œuvre égyptienne et des ouvriers en Arabie Saoudite, notamment lorsque des conflits du travail surgissent. La stratégie en la matière consiste donc à créer un fonds de protection des Egyptiens à l’étranger, tout en essayant de mobiliser des ressources financières pour alimenter ce fonds, de diverses manières :

-a- en augmentant le prix des visas pour les étrangers qui affluent vers l’Egypte VIA les différentes frontières, ainsi que pour les visas délivrés par les délégations, ambassades et consulats égyptiens de par le monde ;

-b- en créant un timbre financier qui sera rajouté aux opérations consulaires réalisées à l’étranger, à l’occasion par exemple de l’émission d’une procuration ou d’un certificat de naissance ou de décès ;

-c- à travers une participation financière destinée au Fonds des Egyptiens vivant à l’étranger ;

-d- grâce à des donations venant d’organismes tels la Banque Nationale d’Egypte « El Bank el Ahly » qui vient de déclarer qu’elle est prête à accorder une contribution de plusieurs millions de livres égyptiennes au Fonds dès sa création ;

-e- l’État égyptien est également disposé à apporter son assistance et son aide ; le Ministère des affaires étrangères égyptien assure que la création de cet organisme général que sera le Fonds d’assistance aux Egyptiens à l’étranger a pour but d’assurer l’entière protection des Egyptiens à l’étranger. Parallèlement, cela permet aux délégations diplomatiques de signer des contrats mobilisant par là même les organismes législatifs des pays d’accueil afin de résoudre les problèmes des citoyens égyptiens et pour sécuriser leurs droits face à la loi et par-devant les instances judiciaires, tout en permettant aux citoyens égyptiens en situation régulière de pouvoir assumer les frais engendrés par les procès sans s’endetter.

Si les ressources financières du Fonds augmentent, il pourra donc créer des services d’ordre social destiné aux ouvriers, aux immigrants égyptiens à l’étranger, en finançant par exemple des associations privées, des écoles spécifiquement à l’intention des catégories sociales concernées afin d’enseigner la langue arabe, la religion musulmane, la religion chrétienne. Enfin, il pourra installer des centres médicaux de soins gratuits dispensés aux Egyptiens à l’étranger et un suivi social gratuit pour les malades, les infirmes et les personnes en détresse. Des espaces touristiques, de loisirs et culturels à l’intention des enfants des Egyptiens travaillant à l’étranger pourraient être organisés, afin de maintenir des liens avec la Mère Patrie.

Le Roi Abdallah, selon certaines sources d’informations, devrait, prochainement, accorder sa grâce à un bon nombre de prisonniers égyptiens.

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