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Inès Le Bot
Étudiante, titulaire d’un Master en Relations Internationales
Le 5 juillet 2022, le Quai d’Orsay a annoncé le rapatriement de trente-cinq enfants et seize femmes du camp de Roj, au nord-est de la Syrie. La fin de l’État Islamique a été annoncée en 2019 et pourtant les retours restent un sujet sensible. On peut se poser la question de la raison de cette particularité et quel a été le parcours de ces femmes et de ces enfants avant leur rapatriement.
Revue de la création de l’État Islamique
En avril 2013 Abou Bakr al-Baghdadi rompt définitivement avec Al-Qaida pour créer « l’État islamique en Irak et au Levant » (EIIL). À travers cette appellation, il y a une ambition territoriale et un but : devenir le guide universel de la communauté musulmane. Objectif relativement atteint puisque l’armée irakienne est en détresse et le régime syrien fortement contesté ; le résultat en sera l’accumulation de succès militaires et territoriaux de l’EIIL comme à Falloudja (Irak) et à Rakka (Syrie). Les djihadistes, au fil des victoires en viennent ainsi à abolir la frontière entre l’Irak et la Syrie, à lancer des offensives contre les forces gouvernementales et les villes clefs de l’Ouest irakien.
C’est en juin 2014 que Abou Bakr al Baghdadi décide de renommer l’organisation en tant qu’« État islamique » (EI) et de se proclamer Calife lors d’un prêche à Mossoul. L’idéologie de l’EI attire, s’implante, et diverge de son prédécesseur Al-Qaida : « Alors qu’Al-Qaida et sa branche syrienne, Jabhat Al-Nosra veulent faire triompher le jihâd global en exportant leur vision de l’islam, de manière à inverser le rapport de force en leur faveur, ce qui seul permettra l’établissement d’un califat définitif et rédempteur ; d’autres, comme Daech aujourd’hui, visent l’établissement d’un califat « ici et maintenant » sur un territoire donné à partir duquel est censé se répandre le jihâd global », notamment en instaurant la Charia. Simultanément, les premières vagues de migrations d’autres pays arrivent sur le territoire, attirées par les ressentiments envers l’occupation étrangère ou l’idéologie religieuse présentée.
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