Le tourisme religieux : Le cas du pèlerinage à La Mecque

Safaa AL SATARI-ALHAMAYDEH

Organisatrice des Pèlerins Musulmans de France

Avril 2015

« Les bénéfices tirés de l’ouverture internationale sont précisément liés à la capacité des individus de prendre des risques pour se construire un avenir plus stable. L’investissement et l’innovation sont fondamentalement des prises de risque. En d’autres termes, plus la propension à innover (donc à prendre des risques) est forte, plus les gains tirés de la mondialisation seront élevés. » Jean-Paul FITOUSSI, communication « Globalization and the twin protections » au Shadow G8 (New York, 2007)

Le contexte international du tourisme religieux, dans une époque où les individus cherchent un sens à accorder à leur existence, connaît une forte croissance. Le développement des tech­nologies ayant un impact sur nos consciences, le spirituel échappe à tous les modèles classiques de management. Le pèlerinage à La Mecque, rite cultuel de la religion musulmane, n’est pas exempt de ces formes nouvelles d’adaptations modernes. Enjeu vital, les voyagistes du secteur s’efforcent à répondre à la demande toujours de plus en exigeante des pèlerins. La France, premier pays comprenant la plus forte communauté musulmane d’Europe, doit répondre à ces attentes, à travers les acteurs économiques agréés par le ministère saoudien du Hadj. Dans le cadre d’un marché international concurrentiel aux multiples particularités, une stratégie inno­vante mutualisée d’achats des composants du pèlerinage s’avère plus que nécessaire pour la pé­rennité des entreprises. Le passage d’un mode individuel d’organisation à une centrale d’achats regroupant les tour-opérateurs permet de bénéficier des avantages de procédures et minimiser les risques propres à l’activité du secteur.

Le pèlerinage musulman, un segment de marché en croissance du tourisme religieux

Introduction, problématique et finalité de l’étude

Le but recherché de la présente synthèse du stage effectué en agence de voyages spécialisée dans le tourisme religieux du pèlerinage musulman ne se limite pas aux exigences académiques. Ce travail, à notre sens, dépasse le protocole de validation de l’INSEEC Business School, bien qu’il soit né en son sein, pour répondre à un véritable projet économique attendu par la société française. En même temps qu’il consiste en une demande sociale forte parce que jusqu’à présent inexistante, ce mémoire de recherche appliquée a pour ambition de formuler une solution innovante pour un secteur méconnu, très porteur, et qui mérite d’être porté davantage par les décideurs politiques et commerciaux. C’est donc un espoir, autant qu’un devoir, qui aura ani­mé cette initiative de propositions, afin qu’elle devienne une ébauche d’un projet pionnier en France dans le domaine du Hadj.

La concrétisation de l’ensemble de l’explication du sujet et des préconisations correspondantes pour améliorer sa mise en œuvre applicative est une étape iné­luctable d’une part dans le contexte international du développement des centrales d’achats et d’autre part dans le cadre d’une double-attente des pèlerins français de confession musulmane et des autorités franco-saoudiennes. Il est donc très souhai­table que ces pistes de réflexion, qui sont le fruit d’un principe de réalité du terrain, deviennent en quelque sorte un laboratoire d’expérimentation de la question fran­çaise des voyagistes du Hadj. Sujet épineux, presque tabou en raison du fait que le fait religieux « islam » suscite une défiance et une absence de commande politique, il n’en demeure pas moins qu’il revêt un substrat économique particulièrement puis­sant au regard des chiffres en constante croissance. Ainsi, présenter un tel projet novateur de propositions de regroupement d’entités voyagistes à la toute récente coordination des organisateurs agréés Hadj de France (CHF) est un tournant majeur dans l’histoire de ce secteur, qui a vu ses premières autorisations réglementaires en 1951[1]. D’autant plus que les pouvoirs publics[2] français accueilleraient pour des raisons d’image un assainissement de la profession compte tenu des problèmes qui durent depuis une vingtaine d’années. Inciter les agences à se regrouper en centrale d’achats est une conduite du changement, culturel, social, économique, en vue de se constituer en structure juridique (association, GIE, SA ou SAS), avec pour finalité d’améliorer le pouvoir d’achat et la rentabilité financière des entreprises qui propo­seront ensuite des packages et des produits de meilleure qualité et à des tarifs encore plus compétitifs. Naturellement, la réduction des risques de modification de prix de la part des fournisseurs et des prestataires avec le regroupement des voyagistes sous la bannière « France » imposera de facto le désir de fidélisation de celui-ci, et c’est en ce sens que la force compétitive en sera accrue.

Le projet dispose également d’une dimension de justice sociale et économique évidente. Premièrement en direction des petites agences dotées d’une faible tréso­rerie. Ainsi, par le renfort des grandes agences puissantes qui, tout en augmentant leur marge bénéficiaire, soutiendront par le mécanisme proposé leurs concurrentes plus fragiles au sein d’un dispositif où elles seront, le temps de l’achat groupé, leurs consœurs, dans une posture de business intelligence. En effet, dans le but de promou­voir la création d’une centrale d’achats constituée, toutes les agences qui en seraient membres seraient partenaires à parts égales, indépendamment du nombre de quotas dont elles sont dotées dans le cadre de l’agrément qui leur est octroyé par le ministère saoudien du Hadj.

La plus-value pour la petite agence de voyages réside dans un gain financier cer­tain, l’entrée dans la cour des grands, en raison de l’obtention des mêmes prix que la grande agence. La plus-value pour cette dernière est similaire dans un gain financier encore meilleur que si les achats demeuraient isolés et indépendants, le maintien dans la cour des grands et même une élévation en son sein, ainsi que le soutien du secteur par la solidarité avec l’ensemble des agences de plus petit format. Car il est nécessaire de rappeler que dans les conditions actuelles de procédures individuelles, si une agence est touchée pour des raisons de mauvaise gestion, c’est la totalité du secteur français qui est impacté, et dans une configuration de regroupement d’achats internationaux, la logique symétrique du grand qui sauve le petit et inversement prend alors tout son sens.

Par exemple, si une grande agence achète individuellement à un point d’indice 10, elle pourra acheter à une hauteur de point à 8 ou 7 par l’intermédiaire d’une cen­trale d’achats, et la petite agence achètera non plus à 12 mais également à 8 ou à 7 : moralité, il n’y a aucun obstacle économique pour la grande agence à ce que la petite achète au même prix qu’elle, puisque sans le regroupement elle aurait acheté à 10…

Par ailleurs, l’entité juridique à constituer serait naturellement distincte de chacune des agences et elle ne doit pas être une entité extérieure ni au segment (pèlerinage à La Mecque) ni au secteur du tourisme, afin de garantir une cohésion interne en terme d’optimisation du dispositif et une sécurisation du fonctionne­ment de la centrale par des pairs. Elle se veut au contraire le prolongement d’une suite logique, celui d’un premier palier de confiance construit à travers l’instance du CHF, qui a reçu une approbation double de la part des autorités publiques fran­çaises et saoudiennes, tant l’expression d’un corps est plus facilement appréhensible que la somme de plusieurs entités indépendantes parlant d’une voix individuelle et autonome. À ce jour, entre 5 à 7 sur 40 des agences membres du CHF sont plei­nement convaincues de la pertinence du dispositif d’une centrale d’achats et sont prêtes à l’initier afin d’entraîner le reste des agences encore frileuses devant cette équation inconnue qui ébranle les pratiques usuelles inscrites dans les habitudes. Tout l’enjeu réside donc dans la capacité à convaincre du bienfondé sur tous les plans de participer à la mise en commun des quotas de places de pèlerins propres aux agréments accordés par les autorités saoudiennes, afin d’opérer la fonction glo­balisée des achats et en aval retrouver sa libre pratique tarifaire et commerciale propre à chacun des voyagistes. Cette mise en phase collégiale d’entreprises apparte­nant à un même secteur concurrentiel nécessite de dépasser le nœud psychologique qui consiste à perdre momentanément la maîtrise de son processus d’achats, pour une mutualisation des quotas et engendrer un levier de compétitivité commerciale face aux fournisseurs et prestataires. Une fois les contrats à moindre coût obtenus pour le bénéfice de la centrale, celle-ci revendrait de manière équitable à chacune des agences et non au prorata des dotations de quotas, ce qui assure en tous les cas une marge bénéficiaire supérieure à la fonction isolée des achats.

Il est à noter que cette réflexion n’a rien d’extraordinaire. Elle anticipe tout simplement ce qui interviendra tôt ou tard de la part ministère saoudien du Hadj qui se rationalise de plus en plus depuis une décennie. Il s’agit d’anticiper la future configuration et de s’ancrer d’ores et déjà dans des pratiques avant-gardistes et mo­dernes d’un marché en forte expansion. Bien que la méfiance culturelle du système politique saoudien envers tout groupement, action collective ou corps parce que sa nature de type syndicale, de groupe de pression et d’intérêt s’oppose avec la monarchie de la péninsule arabique, il est incontournable que la technologie au service du business s’imposera pour amener le marché vers un tel système apuré.

Le CHF existe depuis un peu plus de deux années seulement, il a donc d’abord suscité une méfiance puis a ensuite reçu ses lettres de noblesse, une fois la crispation passée. L’état des relations est donc au beau fixe, et il ne reste plus qu’à enclen­cher la partie opérationnelle des achats en mode centrale, avec l’appui des autorités françaises envers leurs homologues saoudiennes, pour vendre une vitrine de la per­formance française en termes d’image de bonne structuration.

Le soutien favorable du cabinet des affaires religieuses (CAR) du quai d’Orsay et du bureau central des cultes (BCC) de la place Beauvau sont des atouts consi­dérables pour accompagner la réussite de la constitution d’une centrale d’achats, du point de vue des répercussions sur le pèlerin français, qui disposera de formules plus compétitives en rapport qualité/prix. Ils sont donc en attente d’interlocuteurs voyagistes en posture de proposer ce dont ils porteront dans le cadre de leurs rela­tions bilatérales comme un facteur de consolidations de celles-ci. Les saoudiens gagneraient en solidité des voyagistes : ils veulent des acteurs et interlocuteurs forts, sécurisés, et non pas des frileux, fragiles, volatiles compte tenu qu’il n’existe pas pour les pays non musulmans d’organisme étatique (donc relevant du ministère public) de coordination du pèlerinage qui a pour fonction notamment d’assurer une coercition et un contrôle sur les pratiques des voyagistes, contrairement à la dotation privée des organisateurs de pays non musulmans. C’est en sens qu’il est fortement pressenti que l’Arabie Saoudite s’engage vers un lissage mondial des pro­cessus et la France doit répondre avec ténacité à cette configuration que l’on sent inéluctablement poindre. Les pouvoirs publics français se verraient ainsi déchargés des nombreuses plaintes reçues par leurs ressortissants pèlerins dont la prestation achetée n’était pas conforme en un ou plusieurs points, pour lesquels elle n’a pas vraiment de marge d’intervention, l’administration étant régie par la non interven­tion dans les cultes pour des raisons de laïcité, bien qu’il s’agisse juridiquement de prestation sécularisée de tourisme qui propose des séjours cultuels et non l’inverse.

Le règlement du regroupement en centrale d’achats a pour force qu’en cas de sortie d’une agence de celui-ci, il ne peut bénéficier des prix avantageusement négo­ciés et obtenus. Les Saoudiens se verraient allégés de la superposition des pratiques, dont certaines peuvent rencontrer des difficultés à l’endroit des pèlerins, et qui ne peuvent subir une sorte de police qualitative et de sanction en cas de défaillance et de manque de rigueur professionnelle.

Nombre de pèlerins France pour l’année 2015[3] :

Nous avons pu obtenir un document interne au secteur qui permet d’appuyer la nécessité de constituer une centrale d’achats parmi les voyagistes mentionnés ci-dessous, ce qui nous permet d’avoir une photographie juste, au pèlerin près, des volumes qui peuvent être réellement envisagés en vue de négocier les prix auprès des fournisseurs et des prestataires.

Quotas minorés de 20% (travaux) Quotas Par le ministère du Hadj Nom du voyagiste agréé
360 450 AUTRE VOYAGE
128 160 ASSOCIATION CULTURELLE DES MUSULMANS
360 450 ORAN VOYAGES SARL
273 341 SALI VOYAGES OSCAR TOURISME
360 450 ZOOM PLANÈTE
360 450 MAGHREB VOYAGES
176 220 EXCELL VOYAGES
360 450 EL-DJAZAIR
360 450 STAR TRAVEL INTERNATIONNAL
358 448 DAMAS VOYAGES
130 163 ASFAR FALHI VOYAGES ET TOURISME
360 450 KEOPS VOYAGES
298 373 ÉTOILE D’AFRIQUE VOYAGES
120 150 ASSOCIATION MUSULMANE DE CACHAN
152 190 FTF VOYAGES
1728 2160 AMEN VOYAGE INTERNATIONAL SARL
360 450 DOGAN VOYAGES
720 900 COMMUNAUTÉ ISLAMIQUE DU MILLI GORUS DE FRANCE
1200 1500 CARNOT VOYAGES
360 450 SARL ARIANE VOYAGES
280 350 NORD – SUD VOYAGES
8804 11005
120 150 KISSIVOYAGES SARL
347 434 SOLAIR VOYAGES

 

Quotas minorés de 20% (travaux) Quotas Par le ministère du Hadj Nom du voyagiste agréé
360 450 AKDESVOYAGES
240 300 ANAS VOYAGES BEL HORIZON
236 295 MERIDIANIS VOYAGES
120 150 ORENT SERVICE
392 490 YATI VOYAGES SARL
360 450 SOCIÉTÉ DES HABOUS ET LIEUX SAINTS DE LISLAM
316 395 SARL ITPM VOYAGES
182 227 MC TRAVEL (YATHREB VOYAGES)
184 230 HELOÏSE VOYAGES
134 168 TOURS 51
560 700 THE TRAVELLERS CLUB
168 210 DJEMILA VOYAGES
662 827 ATLAS TOURS
276 345 ANDALOUS TOURS
80 100 SARL ALFADL
206 258 DEPARTMENT OF RELIGIOUS AFFAIRS  OF THE FRENCH ARMED FORCES
260 325 FRANCE VOYAGE (BLUE SKY TRAVEL)
5203 6504
14007 17509 TOTAL

 

Les clients du processus

Pèlerins, voyagistes, motawaff et oukala al mouhaddoune (prestations terrestres bus), hôteliers, compagnies aériennes, aéroports de Paris, assureurs.

Fournisseurs aériens

Compagnies régulières : SV (Saudia Airlines), MS (Egypte), TK (Turquie), RJ (Jordanie) qui obtiennent les slots des instances d’aviation, autorisations permet­tant aux compagnies de desservir les aéroports saoudiens de Djeddah et Médine.

Vols affrétés : assurent une plus grande marge de bénéfices pour les voyagistes qui maitrisent complètement l’avion. Raison pour laquelle la Saudia Airlines a annulé les affrètements et a instauré des pénalités pour changement de nom de pas­sager, de date de vol, pour siège non pourvu faute de visa et de non présentation à l’embarquement (non show pour 360 €, 280 € par changement de nom ou de date pour 190 € et par pèlerin).

La Turkish Airlines (TK), une aubaine pour les voyagistes français et mondiaux

Avec la création bureau à Paris, et d’un guichet au sein même de l’aéroport de Roissy, la compagnie turque s’avère être un puissant partenaire économique des voyagistes. La flotte étant considérable à travers le monde, la France est très bien desservie. Les pénalités sont moindres qu’avec la Saudia Airlines, avec plus de 36 000 pèlerins par jour qui transitent par Istanbul pour l’Arabie, et plusieurs vols quotidiens au départ de Paris et même des aéroports de province, ce qui fait de TK une vraie compagnie à dimension mondiale en raison de sa capacité immense d’achat de slots aériens. La compagnie est presque intouchable même en cas de crise politique, monétaire, de quotas… Les Turcs ont cette force sans doute symbolique, indépendamment de leur puissance financière, dans leur rapport à l’histoire de la gestion des Lieux Saints de l’islam, puisque l’empire ottoman en avait la charge pendant de nombreux siècles avant l’émergence du pouvoir monarchique saoudien en 1932. Il est donc aisé de comprendre que ce dernier souhaite maintenir des rela­tions cordiales avec son prédécesseur. Il faut rappeler qu’un affrètement d’avion en gestion complète permettrait à un GIE de réaliser entre 10 et 15 % de réduction du coût avec des conditions plus souples en termes de pénalités et de procédure et une bonne marge d’autonomie.

Risques monétaires : La chute de l’euro est une menace trop lourde pour les voyagistes du pèlerinage car les Saoudiens ne se font payer que par leur monnaie, le riyal saoudien. Les voyagistes sont donc des importateurs de produits, et non des importateurs. L’euro étant indexé sur la variation du dollar, un euro faible rend les coûts élevés au regard des tarifs saoudiens. Certaines agences ont frôlé la faillite lors de déflation de l’euro. Une entité de regroupement sous forme de centrale pourra plus aisément opter pour des produits financiers qui sécurisent leurs achats par des assurances spécifiques afin de protéger leur euro au moment des transactions.

Dans le domaine de la finance islamique, développée en France, il existe notam­ment parmi un panel de produits financiers :

  • le contrat Islamic Forward Exchange (contrat à terme de change) permet de vendre une monnaie contre une autre, pour un règlement à date de l’expiration du contrat, il élimine le risque de fluctuation des taux de change en fixant un taux à la date du contrat pour une transaction qui aura lieu à l’avenir.
  • Les options sur devises : instrument de couverture, similaire à une police d’assu­rance qui garantit, moyennant le paiement d’une prime, d’échanger une mon­naie contre une autre, à une date future, à un taux de change préétabli, sans aucune obligation d’exécution. Les options sur devises permettant d’éliminer le risque du marché au comptant pour des transactions futures sans se priver de bénéfices tirés d’une évolution favorable du taux de change.

Faire dans un premier temps un état des lieux du tourisme religieux dans le monde, permet de déboucher sur la spécificité du pèlerinage à La Mecque dans lequel il s’inscrit. Après avoir inventorié le fort développement du secteur, on ana­lysera l’expérience actualisée de la situation française, pour dégager des préconisa-tions de regroupement des services achats. Le diagnostic débouchera sur la nécessité impérieuse et vitale pour la pérennité des entreprises d’opter pour une centrale d’achats mutualisée.

Le tourisme religieux

Depuis toujours, les religions poussent les hommes à voyager. Mais c’est au cours des dernières décennies, grâce au développement des transports et à l’expan­sion de l’hébergement hôtelier, que les voyages à motivations religieuses se sont surtout multipliés. Si la différence entre tourisme religieux et pèlerinage est subtile, il convient toutefois de distinguer les deux concepts. Le tourisme religieux com­prend les voyages à motivations religieuses vers des lieux, villes, villages ou régions. Le pèlerinage a, quant à lui, pour seul objectif final de se rendre à un sanctuaire sacré (comme le Vatican ou La Mecque) pour l’accomplissement d’une promesse, la demande d’aide ou le remerciement d’une faveur reçue.

Le tourisme religieux est fondé sur la foi : il sous-entend une motivation reli­gieuse et se base sur la dévotion. Il se développe de manière croissante, à l’échelle du monde, dans un 21e siècle en recherche de valeurs. Il s’internationalise, passant d’un tourisme national, pour les pays judéo-chrétiens, à un tourisme où se retrouvent différentes. Le développement remarquable des destinations du tourisme religieux, ces dernières années, a permis à des pèlerinages de retrouver leur notoriété passée dans le monde judéo-chrétien. Le pèlerinage est certainement la configuration la plus fréquente du tourisme religieux et spirituel. C’est un voyage entraînant un séjour d’une nuitée ou plus, effectué par un croyant vers un lieu de dévotion ou un endroit sacré selon sa religion et où ses diverses activités (prières, célébrations, etc.) favorisent une réflexion spirituelle.

Le pèlerinage d’aujourd’hui a changé, même si les lieux sont restés les mêmes. Les pèlerinages sont une des plus vieilles formes de migration touristique qui se produit encore de nos jours. Le tourisme religieux fait partie intégrante de l’indus­trie du tourisme. Vu l’importance du pèlerinage et du tourisme religieux actuelle­ment, des agences de voyage spécialisées pour ce genre de tourisme, organisent des voyages. Devant cette grande montée du tourisme dans le monde, des pays sont devenus primordiaux par l’attraction des flux religieux. Chaque année, des millions des musulmans se dirigent vers la Mecque pour vénérer Dieu. De même, des mil­lions de chrétiens partent à Lourdes et à Medegorieh pour vénérer la Sainte Vierge.

Des religions intègrent le pèlerinage dans leur pratique. Juifs, catholiques, protestants, orthodoxes, bouddhistes, hindouistes, shintoïstes et musulmans sont concernés[4].

Les destinations religieuses les plus visitées dans le monde

Au niveau mondial, certaines destinations sont des incontournables du tou­risme religieux. On peut mentionner notamment La Mecque (Arabie Saoudite), Le Vatican (Italie), la Terre sainte (Israël)[5], Fatima (Portugal), Lourdes (France) et Guadalupe (Mexique).

Asie

Selon l’OMT (organisation mondiale du tourisme) en 2012, plus de 50 % des voyages liés à la spiritualité dans le monde sont réalisés en Asie.

Ainsi, en 2013, l’OMT a tenu sa première conférence internationale sur le tou­risme spirituel à Ninh Binh, au Vietnam, témoignant de la tendance grandissante du tourisme spirituel en Asie[6].

Europe

En 2014, selon l’OMT, 40 % des 600 millions de voyages pour motifs religieux, nationaux et internationaux dans le monde sont effectués en Europe.

Selon le Religious Travel Planning Guide[7], les 10 sites de pèlerinages parmi les plus fréquentés en Europe sont :

  1. Fatima, Portugal Altôtting, Allemagne
  2. Camino de Santiago, Espagne Luther Country, Allemagne
  3. Lourdes, France Czestochowa, Pologne
  4. Armagh, Irlande du Nord Medugorje, Bosnie-Herzégovine
  5. Einsiedeln, Suisse Assises, Italie

Israël

En 2011, 28 % des 3,4 millions de touristes en Israël voyageaient dans un contexte religieux. Le gouvernement israélien a implanté une stratégie en 2011, visant à attirer 5 millions de touristes par année dès 2015.

En 2014, le marché touristique basé sur la foi est estimé à 3 millions de dollars en Israël.

En 2008, Israël a reçu la visite du pape Benoît XVI. Arabie Saoudite

La Mecque et Médine sont les deux villes saintes de l’islam. En 2013, 6,9 mil­lions de touristes ont visité l’Arabie Saoudite pour des raisons religieuses, soit près de 41 % de l’ensemble des touristes du pays[8].

Pour l’Arabie Saoudite, le tourisme religieux représente la deuxième plus impor­tante source de revenus derrière le pétrole, selon Géopolis[9].

Les sites religieux les plus visités dans le monde

En 2012, le Travel and Leisure Group[10] présente les sites religieux les plus visités dans le monde :

  1. Temples Meiji-jingù (Meiji Shrine) et Sensoji, Toky : 30 millions de visiteurs
  2. Temple Kashi Vishwanath, Varanasi, India : 21,9 millions
  3. Basilique Notre-Dame-de-Guadalupe, Mexico City : 20 millions
  4. Temple Tirumala Tirupati Devasthanams, Andhra Pradesh, Inde : 18,25 millions
  5. Cathédrale Notre-Dame de Paris : 13,65 millions
  6. Basilique Sacré-Coeur, Paris : 10,5 millions
  7. Temple Naritasan Shinshoji, Prefecture de Chiba, Japon : 10 millions
  8. Sanctuaire shinto Tsurugaoka Hachimangu, Prefecture de Kanagawa, Japon : 10 millions
  9. Temples Kiyomizu-dera et Kinkaku-ji, Kyoto, Japon : 10 millions
  1. Mosquée du Haram, La Mecque, Arabie Saoudite : 9 millions
  2. Sanctuaire d’Ise (Ise-jingù), Ise, Japon : 8,5 millions
  3. Basilique Saint-Pierre, Vatican, Rome : 7 millions
  4. Sanctuaire Dazaifu Tenman-gù, Japon : 6,6 millions
  5. Cathédrale de Cologne, Cologne, Allemagne : 6 millions
  6. Sanctuaire de Lourdes, Lourdes, France : 6 millions
  7. Sanctuaire de Padre Pio, San Giovanni Rotondo, Italie : 6 millions
  8. Basilique Saint-Marc, Venise, Italie : 5,6 millions
  9. Basilique Saint-François d’Assise, Ombrie, Italie : 5,5 millions
  10. Cathédrale Saint-Patrick de New York, New York City : 5,5 millions
  11. Mur des Lamentations, Jérusalem : 5 millions
  12. Mosquée Sultanahmet Camii (Mosquée Bleue), Istanbul, Turquie : 5 millions
  13. Temple Ginkaku-ji (Pavillon d’argent), Kyoto, Japon : 5 millions
  14. Temple Musashi Ichinomiya Hikawa, Saitama, Japon : 5 millions
  15. Temple du Lotus, New Delhi, Inde : 4,5 millions
  16. Chapelle Sixtine, Vatican, Rome, Italie : 4 millions
  1. Église du Saint-Sépulcre, Jérusalem, Israël : 4 millions
  2. Temple de Ikutsushima, Miyajima Island, Hiroshima Bay, Japon : 3,4 millions
  3. Monastère de Po Lin et le Grand Bouddha, Hong Kong : 3,24 millions
  4. Trinity Wall Street, New York City : 3 millions
  5. Aya Sofya (Sainte-Sophie), Istanbul, Turquie : 2,95 millions
  6. Basilica de la Sagrada Familia, Barcelona : 2,3 millions
  7. Basilique de l’Annonciation, Nazareth, Israël : 2,25 millions
  8. Mont des Béatitudes, Galilée, Israël : 2,25 millions
  9. Chapelle Notre Dame de la Médaille Miraculeuse, Paris : 2 millions
  10. Paul’s Cathedral, London : 1,89 million
  11. Mont du Temple, Jérusalem : 1,5 million
  12. Westminster Abbey, London : 1,39 million
  13. Temple et Jardins Baha’i, Haifa, Israël : 1,25 million
  14. Sanctuaire Mariazell, Mariazell, Autriche : 1 million
  15. Cathedral of St. John the Divine, New York City : 1 million
  16. Temple Jokhang, Lhasa, Tibet : 700 000

Il est à noter que La Mecque est classée en 10ème place.

Aujourd’hui le pèlerinage évolue, d’une part il se massifie de manière très ra­pide, et certains pèlerinages battent chaque année des records d’affluence, comme par exemple Lourdes et La Mecque. De même, il inclut des éléments de dévotion et d’abandon qui répondent aux attentes existentielles des populations du 21ème siècle, en particulier des jeunes.

La mondialisation a donc transformé le tourisme religieux à un processus de mise en marché le mutant en une forme de « produit marchand » qui diffère de ses origines. Le pèlerin des siècles derniers était dispensé de taxes et de droits d’entrée, car les « maisons de Dieu » étaient gratuites. La composante démographique est aussi considérable. Nous avons ainsi affaire avec une nouvelle prise de conscience des potentialités du tourisme religieux, tout aussi récente que sa « mise en marché » naissante, ce qui laisse ouvertes de prodigieuses possibilités de croissance pour ce segment de l’industrie du tourisme. Ainsi, la montée en popularité du tourisme religieux s’explique pour une première raison par la croissance de l’industrie du tourisme en général. Et par une seconde raison qui est l’augmentation du nombre de croyants et de personnes intéressées par la spiritualité dans le monde. Ces gens trouvent de nouvelles façons d’intégrer leur croyance à leur quotidien, notamment en consommant des produits et services reliés à leur religion, tels que les pèlerinages.

Parce que le tourisme religieux se développe sur une base marchande de manière très rapide et qu’il correspond à des motivations profondes pour l’humanité toute entière, il doit faire face à une série de problèmes opérationnels qui peuvent avoir un impact négatif sur la qualité des prestations de voyage et de séjour proposées aux clients pèlerins. Il existe en effet une capacité certaine, en forte expansion, de géné­rer des plus-values financières, et par conséquent de produire un développement et une rentabilité économiques, par des activités des pèlerinages présentant un attrait de caractère religieux.

Données statistiques et budgétaires du tourisme religieux

82.    OMT (10 décembre 2014) – http://media.unwto.org/fr/press-release/2014-12-11/le-tourisme-peut-proteger-et-promouvoir-le-patrimoine-religieux

83.    Isabelle de Foucaud (7 avril 2012) – http://www.lefigaro.fr/conso/2012/04/06/05007-20120406ARTFIG00697-la-france-seduit-les-adeptes-du-tourisme-religieux.php

84.    Peter Tarlow (2 octobre 2014) – http://www.eturbonews.com/50998/importance-religious-tourism-market

 

  • Le tourisme religieux est l’une des plus anciennes formes de tourisme, alors que les croyants effectuent des pèlerinages vers les sites sacrés depuis des milliers d’années.
  • En 2014, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le tourisme reli­gieux totalise de 300 à 330 millions de touristes annuellement dans les princi­paux sites religieux à travers le monde, ce qui représente plus de 18 milliards de dollars en impact économique.
  • La moitié de ces touristes, soit 150 millions, seraient chré
  • En 2014, on estime à 600 millions environ le nombre de voyages nationaux et internationaux à motifs religieux, dans le monde.
  • En 2012, l’OMT déclare que plus de la moitié des voyages à motifs religieux dans le monde sont réalisés en Asie et 40 % en Europe828384.
  • D’ici 2020, les experts affirment que le marché du tourisme religieux devrait doubler.
  • Le marché mondial du tourisme religieux est l’un des segments du voyage qui exprime la plus haute hausse actuellement.
  • Parmi les sites touristiques religieux les plus reconnus, on observe notamment la Mecque, Rome, Jérusalem et Lourdes.
  • La Mecque est l’une des plus grandes destinations de tourisme religieux. En 2012, elle a attiré 12 millions de pèlerins musulmans, représentant des dépenses touristiques de 16,5 milliards de dollars.

Le tourisme religieux commence à susciter de l’intérêt depuis les dernières années, notamment à cause de sa stabilité, résistant aux crises géopolitiques. Les fluctuations économiques ont effectivement un impact beaucoup plus faible sur le tourisme religieux que sur les autres types de tourisme. En effet, le touriste religieux voyage pour des motifs plus profonds (obligations religieuses, remplir une mission spirituelle, appuyer une cause, etc.). Une autre raison motivant l’intérêt pour le tou­risme religieux est qu’il est grandement lucratif par rapport au tourisme généraliste, c’est-à-dire que les marges commerciales sont plus importantes. L’augmentation du nombre de touristes religieux dans le monde s’explique par la progression glo­bale de la masse de touristes, mais également par l’accroissement du nombre de croyants. En outre, les fidèles trouvent maintenant de nouvelles façons d’intégrer leur croyance à leur vie de tous les jours. Le tourisme religieux touche tous les âges et tous les secteurs économiques. Il attire des individus de partout à travers le monde et de toutes nationalités.

Fondements théologiques :

Sourate 3, Verset 97

« Là sont des signes évidents, parmi lesquels l’endroit où Abraham s’est tenu debout ; et quiconque y entre est en sécurité. Et c’est un devoir envers Dieu pour les gens qui ont les moyens d’aller faire le pèlerinage de la Maison (la Kaaba). Et quiconque ne croit pas… Dieu se passe largement des mondes »

Sourate 2, Verset 196

« Et accomplissez, pour l’amour de Dieu, le grand (Hadj) et le petit pèlerinage (Omra) »

Sourate 22, Verset 26

« Et quand Nous indiquâmes pour Abraham le lieu de la Maison (La Kaaba) [en lui disant]: « Ne M’associe rien; et purifie Ma Maison pour ceux qui tournent autour, pour qui s’y tiennent debout et pour ceux qui s’y inclinent et se prosternent » ».

Coran.

Le pèlerinage annuel (Hadj) à la Mecque est une obligation, une fois au cours de leur vie, pour ceux qui sont physiquement et financièrement capables de le faire. Près de deux millions de personnes, provenant des quatre coins du monde, se rendent chaque année à la Mecque. Bien qu’il y ait toujours de nombreux visiteurs à la Mecque, le Hadj annuel doit être fait au douzième mois du calendrier islamique, entre les 8 et 13 du mois lunaire de Dhu al-h.ijja, celui du pèlerinage). Les pèlerins de sexe masculin portent un vêtement spécial d’une grande simplicité (deux étoffes blanches) qui élimine toute distinction de classe sociale ou de culture afin que tous soient égaux devant Dieu.

Parmi les rites du Hadj, il y a l’obligation de tourner sept fois autour de la Kaaba et de faire sept fois l’aller-retour entre les collines de Safa et Marwa, comme l’avait fait Hagar, épouse d’Abraham, lorsqu’elle cherchait de l’eau. Ensuite, les pèlerins se rejoignent à Arafat (lieu des retrouvailles d’Adam et Eve sur terre) où ils prient Dieu et lui demandent pardon. La fête de XAïd Al-Adha, qui est célébrée avec des prières, marque la fin du pèlerinage.

Le Hadj constitue le cinquième pilier de l’islam. L’Arabie Saoudite

L’Arabie Saoudite s’étend sur un territoire grand comme quatre fois la France et a une population de 30 millions d’habitants. C’est un pays en partie désertique, mais en majeure partie steppique et les montagnes du sud-ouest sont vertes et arro­sées.

La Mecque

Considérée comme le centre du monde musulman, La Mecque est la première ville sainte de l’Islam. Lieu de naissance de l’islam et de son Prophète Mohamed, La Mecque abrite la Kaaba, édicule de 15 mètres de haut environ, recouvert d’une tenture noire et or et vers lequel se dirigent tous les musulmans pour les cinq prières quotidiennes. Considérée comme la maison symbolique de Dieu sur terre, la Kaaba, qui signifie édifice cubique, aurait été construite, par Adam à qui l’Archange Gabriel aurait apporté la pierre angulaire du Paradis. D’une blancheur originelle éclatante, celle-ci se serait noircie avec le temps. La Pierre Noire enchâssée dans la Kaaba en est l’élément le plus sacré.

Toujours selon la tradition, la Kaaba terrestre serait la réplique d’une Kaaba céleste, au Septième Ciel, où les anges se consacrent à l’adoration de Dieu. Détruite lors du Déluge, la Kaaba aurait été reconstruite par le Prophète Abraham et son deuxième fils Ismaïl, ancêtre généalogique des Arabes et de la tribu dont est issu le Prophète Mohamed, les Qoreich. Abraham est considéré comme un prophète de l’islam. Rappelons que « musulman » veut dire « soumis » (à Dieu), c’est-à-dire croyant en un seul Dieu : il va donc dans la logique de l’islam de révérer des monothéistes comme Abraham, Moïse ou Jésus comme des prophètes. Abraham aurait lui-même accompli le pèlerinage à la Mecque après avoir rebâti la Kaaba sur ordre de son Seigneur. Endommagée à la suite de plusieurs catastrophes historiques (inondations, incendies, effondrements), la Kaaba n’aurait conservé que deux coins d’origine.

Aujourd’hui abritée au cœur de la Mosquée du Haram, la plus grande du monde, la Kaaba est le centre d’un dispositif de sites sacrés situés à quelques mètres, parmi lesquels le Maqam Ibrahim où sont révérées les traces des pieds d’Abraham, le tombeau du Prophète Ismaïl, le puits de Zemzem et la galerie de procession entre les roches de Safa et de Marwa. Les pèlerins doivent exécuter sept fois le trajet entre ces deux points, en commémoration de l’errance d’Hagar et de son nourrisson Ismaïl, abandonnés par Abraham sur le site actuel de la Mosquée, sur ordre de Dieu.

Hors du Haram, les environs de La Mecque abritent plusieurs sites sacrés faisant partie des étapes obligatoires du Grand Pèlerinage annuel de La Mecque, appelé Hadj. Ainsi, l’itinéraire du pèlerin s’articule autour des trois sites d’Arafat, Mina et Muzdalifa, où se déroulent les principaux rites du Hadj, ouverts et conclus par des circumambulations autour de la Kaaba. Le Hadj a lieu chaque année du 8 au 13 du mois lunaire de Dhul Hijja. Beaucoup de pèlerins se rendent en plus sur le Mont de la Lumière (Jabal al-Nur), où le Prophète Mohamed reçut le début de la révélation coranique, dans la grotte de Hira.

Cinquième pilier de l’islam, le Hadj rassemble chaque année de 5 à 6 millions de pèlerins, ce qui en fait de loin le principal rassemblement humain de l’histoire. Il faut y ajouter un nombre équivalent de visiteurs dans le cadre du « petit pèleri­nage », l’Omra, qui peut être réalisé à n’importe quel moment de l’année. Considéré comme l’étape finale dans la vie spirituelle du musulman, le Hadj confère à La Mecque et, par extension, à l’Arabie Saoudite et à son souverain, un prestige et un statut uniques. Le titre officiel du roi est celui de « Serviteur des deux Lieux saints » (La Mecque et Médine, où est situé le tombeau de Mohamed).

Métropole de près de deux millions d’habitants, La Mecque est demeurée à travers les siècles un important centre commercial de la région du Hedjaz. Le pèle­rin moderne arrivant à La Mecque est frappé de prime abord par le gigantisme des tours, hôtels de luxe et centres commerciaux environnant la Mosquée du Haram.

Depuis une décennie, La Mecque est en pleine mutation. En effet, le projet de développement en cours de réalisation métamorphose le centre de la ville, autour de la grande Mosquée, en la dotant de nouvelles voies de communications routières et ferroviaires et en multipliant ses capacités d’accueil de pèlerins, sans cesse mises à l’épreuve au fil des ans.

Données clés

  • Population : 26,5 millions habitants
  • Superficie : 2,1 millions de km2
  • Nombre d’hôtels : 11 023 hôtels en 2013
  • Arrivées touristiques : 13 millions
  • Principaux marchés émetteurs : les pays du Conseil de Coopération du Golfe
  • L’Arabie Saoudite n’est pas seulement la première puissance économique du Moyen-Orient, mais également le pays le plus aisé du monde arabe. Reposant lar­gement sur l’industrie du pétrole, avec 22 % des réserves mondiales, sa situation économique et financière évolue au rythme de l’augmentation continue du prix du baril et ne cesse de progresser depuis plusieurs années. En 2012, le PIB du pays atteignait les 25 700 dollars par habitant, contre 23 500 en 2010, et son taux de croissance s’approchait des 7 %. Mais le Royaume ne se repose pas sur ses acquis et œuvre pour s’assurer un avenir prospère, avec notamment la récente mise en place d’une politique de diversification de ses activités économiques pour réduire sa dépendance à l’industrie pétrolière. En 2012, le secteur représentait 41 % du PIB, 87 % du revenu des exportations et 91 % des recettes budgétaires. Si les secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’industrie sont aujourd’hui devenus une priorité pour les autorités saoudiennes, le tourisme fait également partie du pro­gramme de diversification.

Nettement dominé par le tourisme, le secteur des services pèse pour près de 38 % dans le PIB de l’Arabie Saoudite. L’industrie touristique est d’autant plus im­portante pour la prospérité du Royaume qu’elle est actuellement le deuxième sec­teur économique du pays en termes d’emploi pour ses habitants, faisant travailler près d’un millions de Saoudiens au total. Selon le président de la Saudi Commission for Tourism andAntiquities, le Prince Sultan Bin Salman, le secteur devrait devenir le premier employeur national au cours des prochaines années.

Les pèlerins en marche pour le tourisme culturel

L’Arabie Saoudite s’apprête à accueillir plus de 15 millions de visiteurs d’ici l’année 2016, avec un rythme de croissance de 6,7 % par an. Cette progression annoncée de la fréquentation du Royaume est notamment à mettre sur le compte du dynamisme de son tourisme religieux, constituant aujourd’hui le principal motif de voyage pour les visiteurs domestiques comme étrangers. Sur la période de 2012 à 2014, quelques 12 millions de fidèles chaque année se sont rendus dans le pays pour effectuer le pèlerinage annuel de La Mecque et celui de la Omra (tout au long de l’année), générant 16,5 milliards de dollars de recettes touristiques. Ces chiffres augmentent d’année en année et plus de six millions de pèlerins, locaux pour la plupart, ont déjà fait le déplacement pour la Omra depuis début 2013, soit 10 % à 20 % de plus que l’an qui précède. « L’activité touristique et hôtelière de l’Arabie Saoudite est sur une courbe croissante, le tourisme domestique poursuivant sa progres­sion au sein du Royaume. On ne peut pas ignorer le poids du tourisme religieux dans l’industrie, étant l’un des piliers du secteur. Les villes saintes de La Mecque et Médine connaissent des développements massifs pour accueillir un nombre croissant de visiteurs, dont la fréquentation résiste aux difficultés économiques régionales et internationales du monde actuel. », témoigne Elie Milky, directeur chez Business Development, Moyen-Orient & Afrique pour le groupe Rezidor.

Aujourd’hui, le dynamisme du tourisme religieux en Arabie Saoudite repose principalement sur les déplacements des clientèles domestiques. En effet, le gouvernement ne délivre pas de visa touristique mais uniquement des visas « Omra-Plus » aux étrangers résidant dans les états du Conseil de Coopération du Golfe, soit le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar et les Emirats Arabes Unis. Une récente décision des autorités d’assouplir les règles, très strictes, d’obtention de visa pourrait néanmoins changer la donne et faire exploser les chiffres du tourisme religieux. La Commission Saoudienne pour le Tourisme et les Antiquités a notamment annoncé sa volonté de délivrer des visas « Omra-Plus » aux étrangers résidant hors du Conseil de Coopération du Golfe s’ils participent aux visites de lieux saints islamiques. La mise en place d’une telle mesure pourrait révolutionner le tourisme dans la destina­tion en ouvrant son accès à toutes les nationalités et en permettant aux pèlerins du monde entier de visiter le pays au-delà des lieux saints traditionnels, pendant une période pouvant s’étendre jusqu’à un mois.

Jusque-là, seuls les voyageurs d’affaires pouvaient adresser une demande de visa aux autorités du Royaume Saoudien. La mesure annoncée n’est pas pour déplaire aux professionnels du tourisme d’affaires, qui y voient un premier pas vers une ouverture de la destination aux visiteurs étrangers, donc vers un développement plus accru de leur activité, déjà en expansion depuis quelques années. « Il y a une demande croissante sur le secteur du tourisme d’affaires, les entreprises nationales et internationales se bousculant dans le pays pour y conclure des contrats et autres affaires », explique Elie Milky. De manière générale, le gouvernement saoudien a récemment redoublé d’efforts pour devenir une véritable destination touristique, via le renfor­cement de ses infrastructures. D’importantes sommes ont ainsi été investies pour augmenter la capacité des 27 aéroports du Royaume, au cours des trois prochaines années, et rénover 30 musées et attractions sur le thème de l’Islam dans les princi­pales villes du pays. Le tourisme religieux est le premier concerné par l’amélioration des infrastructures, puisque les autorités ont décidé cette année de réduire tempo­rairement le nombre de fidèles autorisés à effectuer le grand pèlerinage du mois d’octobre (de 20 % pour les étrangers et de 50 % pour les Saoudiens) afin de réaliser des travaux d’extension de la Mosquée de La Mecque. Cette rénovation devrait per­mettre d’étendre le site de 400 000 mètres carrés et de porter sa capacité d’accueil à 3,2 millions de personnes, contre 2 millions aujourd’hui. L’objectif du gouverne­ment est de pouvoir accueillir 88 millions de personnes au total d’ici l’année 2020.

L’un des plus grands marchés hôteliers du Golfe

Avec les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite dispose du plus grand marché hôtelier de la région du Golfe. Au vu du nombre grandissant de visiteurs qui se rendent chaque année dans la destination, et des prévisions à la hausse en termes de fréquentation du pays pour les années à venir, l’offre hôtelière doit sans cesse s’adapter à la demande. Entre les années 2004 et 2012, le nombre de chambres dans le Royaume a grimpé de plus de 50 %, selon le vice-président de l’Investment and Tourism Development de la General Authority for Tourism and Antiquities. Le ministère du Tourisme parle d’un parc hôtelier de 951 hôtels en 2011, représen­tant 157 430 chambres. La majorité de cette offre se concentre dans la ville de La Mecque, soit 61 319 chambres, suivie par Khobar (12 186 chambres), Jeddah (11 500 chambres), Riyadh (10 514 chambres) et Médine (7 890 chambres). Malgré le renforcement de son offre, l’industrie hôtelière saoudienne reste en me­sure de faire progresser ses indicateurs d’année en année. Selon les données récoltées par MKG Hospitality[11] (service de MKG Group886, cabinet d’expertise en hôtellerie et tourisme), la tendance est à la hausse pour l’évolution des performances du sec­teur sur les neuf premiers mois de l’année 2013 : les taux d’occupation et les prix moyens ont progressé de respectivement 0,1 point et 6,1 % sur la période, pour atteindre une hausse de 6,3 % du revenu par chambre disponible des hôteliers. Outre le déséquilibre entre l’offre et la demande hôtelière, qui créé un manque de chambres dans certaines régions du pays à plusieurs périodes de l’année, l’une des lacunes actuelles du secteur est la faiblesse des niveaux de services proposés dans un grand nombre d’établissements. Pour y remédier, les autorités ont élaboré un plan de promotion et de développement de l’hébergement touristique dans le pays. Il se penche ainsi sur le manque de services de haute qualité en tentant d’attirer davan­tage d’investissements et de combler le fossé existant entre les prestations proposées et leur prix. Les projets hôteliers seront donc examinés de près au cours des trois prochaines années par un certain nombre d’entreprises locales en coopération avec des groupes internationaux.

Une nouvelle offre en construction

86.  http://mkg-group.com/mkg-group-expert-hotelier/

Il faut dire que les projets de développements hôteliers sont nombreux dans le Royaume, qui est actuellement témoin d’un changement sans précédent en termes de volumes d’investissements[12]. « L’Arabie Saoudite est une locomotive pour le reste du monde, étant l’une des économies les plus riches et au développement soutenu. Une large offre de chambres est nécessaire dans le Royaume pour répondre à la demande croissante de tourisme. Il paraît actuellement logique de faire de l’Arabie Saoudite une priorité pour notre développement et de saisir les opportunités qu’elle offre aujourd’hui », explique Elie Milky. Les autorités du pays parlent de 50 000 chambres supplémentaires pour les trois prochaines années, dans les villes majeures et les centres économiques du pays. La Mecque et Médine sont les principales terres d’investissements du Royaume et leur offre hôtelière devrait augmenter de respectivement 18 % et 14 % au cours des prochaines années, en nombre de chambres. Avec 10 tours en cours de construction, le parc hôtelier de La Mecque devrait prochainement s’agrandir de 24 480 chambres, avec des investissements estimés à près de 4 milliards d’euros[13]. Plusieurs projets ont des dimensions pharaoniques, comme le JabalAl Kabah Hotel qui comptera 8 500 chambres réparties dans six tours. Un second complexe hôtelier Jabal Omar s’étalera sur 15 hectares avec 38 hôtels de catégories différentes sur le même site, totalisant 13 000 chambres. Le montant total des investissements prévu dans l’industrie pour l’année 2020 est estimé à 144 milliards de rials saoudiens (environ 28 milliards euros).

Au vu des opportunités qu’offre le marché touristique et hôtelier de l’Arabie Saoudite, un grand nombre de groupes hôteliers internationaux ont fait, ou pré­voient de faire, leur entrée dans la destination. L’hôtellerie de chaînes compterait ainsi plus de 85 projets en cours de développement sur le territoire saoudien, repré­sentant l’ajout de plus de 27 000 chambres au parc hôtelier du Royaume : dont plus de 30 établissements à Riyadh, plus de 17 à Jeddah, ou encore plus de 16 à La Mecque. Parmi les groupes hôteliers déjà présents dans la destination, Carlson Rezidor y dispose d’un réseau de six hôtels pour 1 200 chambres en opération. « Au vu de la fréquentation grandissante de la destination, quelle soit étrangère ou nationale, les autorités, investisseurs, consultants et opérateurs observent un besoin crois­sant de répondre à la demande en développant des hôtels, pas seulement dans les villes principales comme Riyadh, Jeddah, La Mecque ou Médine, mais également dans les villes secondaires comme celle de l’Est du pays : Jizan, Taif, Yanbu… Nous souhaitons également diversifier notre offre avec plus d’établissements moyens et haut de gamme, mais également avec des produits allant des hôtels traditionnels, aux résidences et re­sorts. », explique Elie Milky, directeur Business Development Moyen-Orient & Afrique pour Rezidor. Le groupe souhaite renforcer sa présence sur le marché et a annoncé le développement de deux nouveaux établissements : le Park Inn by Radisson Riyadh de 170 chambres, prévu pour l’année 2016, et le Radisson Blu Hotel Jeddah Al Salamah de 142 chambres, prévu pour l’année 2015. Ces deux nouveaux développements viennent compléter un pipeline de neuf hôtels, repré­sentant 1 700 chambres.

Surfant sur la vague du tourisme religieux et des développements pharaoniques, le groupe InterContinental a également entrepris de renforcer sa présence dans la destination, en annonçant notamment l’ouverture d’un hôtel Holiday Inn dans la ville de La Mecque pour l’année 2016. Il ne s’agit cependant pas de n’importe quel établissement mais du plus grand de l’enseigne dans le monde avec pas moins de 1 238 chambres à lui seul. À ce jour, l’Arabie Saoudite est le deuxième marché de Starwood Hotels & Resorts au Moyen Orient, après les Émirats Arabes Unis. Le groupe a d’ailleurs récemment signé un accord avec la société Jabal Omar Development pour le développement de trois établissements en Arabie Saoudite, sous enseignes Sheraton, Westin et Four Point by Sheraton. Avec ces trois nouveaux hôtels, prévus pour ouvrir leurs portes dans la ville de La Mecque en 2015, le groupe disposera d’un réseau de 1 496 chambres dans la ville et plus de 3 000 chambres dans la région.

La pénétration française du marché mecquois du Hadj

Parmi les autres groupes hôteliers ayant fait de leur développement en Arabie Saoudite une priorité, le groupe français Accor prévoit d’ouvrir son troisième hôtel Sofitel dans le pays en 2015, à Jeddah avec 189 chambres, et Melià Hotels International a annoncé la signature d’un accord pour le développement de son premier établissement dans le pays, le Grand Melià Riyad de 252 chambres.

Si plusieurs défis sont encore à relever par les professionnels du tourisme sur le marché saoudien, comme « le processus de saoudisation, l’emploi de plus de citoyens saoudiens dans l’industrie du service, et l’amélioration des procédures de visa au fron­tières (pour le travail comme pour le tourisme) », les autorités sont sur la bonne voie. Elles ont « réalisé des efforts considérables ces dernières années, comme la simplification des procédures administratives ou la mise en place d’une politique d’encouragement à destination des Saoudiens pour les pousser à travailler dans l’industrie hôtelière », explique Elie Milky. En 2013, le conseil des ministres du pays a approuvé une nouvelle loi sur le tourisme, dont l’objectif est de donner plus de pouvoir à la Saudi Commision for Tourism andAntiquities. Elle aura ainsi à sa charge la gestion de tous les centres touristiques publics du Royaume et plus de marge de manœuvre pour développer le secteur. Son principal objectif sera d’offrir aux consommateurs de meilleurs services à des prix abordables, soit d’être transparent sur les tarifs hôte­liers, les installations d’hébergement touristique, ou encore la qualité des services.

Tout récemment, en octobre 2015, Accord vient de signer un contrat record avec l’Arabie Saoudite, qui devient le projet le plus important de l’enseigne française[14].

Cas pratique : l’aumônerie musulmane aux armées françaises

Il nous a apparu intéressant de relater un cas unique au monde, celui de la direction de l’aumônerie militaire du culte musulman rattachée à l’état-major des armées françaises[15].

En 2009, suite à une sollicitation de cette dernière au Consul général de France à Djeddah, le ministère du Hadj l’a informé que le ministère de la défense saoudien autorisait, à titre dérogatoire, la délivrance de 257 visas supplémentaires au minis­tère de la défense français. Il s’agit d’une première du genre. Le ministère du Hadj a envoyé des instructions au consul général d’Arabie Saoudite à Paris aux termes desquelles les 257 visas seraient mis à la disposition d’une des agences agrées, en plus des visas que cette agence aurait obtenu normalement.

Du point de vue de l’État français, les participants remarquent que ce méca­nisme n’est pas acceptable. En effet, aucune des agences en question n’acceptera de délivrer les visas à titre gratuit à la défense. Il sera quasiment impossible de trouver une agence qui satisfasse aux critères qui pourraient permettre à l’institution mili­taire de satisfaire aux exigences d’un marché public et d’un appel d’offres. En tout état de cause, l’agence retenue aurait bénéficié en tant que fournisseur de l’État d’un avantage et d’une publicité qu’il n’était pas souhaitable de lui conférer.

Une démarche a donc été faite auprès de l’ambassade d’Arabie Saoudite à Paris pour expliquer le point de vue français et le fait que la responsabilité directe de l’État dans ce pèlerinage assumé par le ministère de la défense ne lui permet pas de suivre la procédure proposée par le ministère du Hadj. Au cours de cette démarche, il a été tenté d’obtenir l’accord de l’ambassade sur la délivrance à Paris des visas à l’aumônerie musulmane aux armées.

Les 257 visas ayant été accordés au ministère de la défense, ils doivent profiter à des personnels militaires ou civils de celui-ci, en activité ou à la retraite. Seuls ces personnes, leurs conjoints, leurs ascendants pères et mères pourront bénéficier des visas. La liste nominative des pèlerins devra être contresignée par l’autorité mili­taire. Aucun visa sur ce contingent de 257 ne pourra être rétrocédé à des tiers ou des entités non couverts par les conditions énoncées ci-dessus.

Il est clair pour lui que ce geste du ministère de la défense saoudien à son homo­logue français ne relevait pas dans son application pratique des mécanismes clas­siques par lesquels les pèlerins français se rendent au pèlerinage à la Mecque.

Il rentrait plutôt dans l’intérêt bien compris des deux parties de se montrer « exemplaires » dans l’accomplissement de ce pèlerinage des forces armées françaises qui, selon lui, n’avait pas d’équivalent dans le monde. Cette affaire avait un contenu pédagogique à la fois pour l’Arabie Saoudite mais également pour la France où le comportement des agences ne permettait en aucune manière de traiter avec elle dans un cas qui relevait des relations d’État à État.

Attache a été prise de la part des autorités à Riyad et a été établi un mécanisme selon lequel les visas seraient directement délivrés à Paris par ses services.

Dans le cadre de notre sujet, il est important de souligner la présence d’un tel acteur atypique, devenu voyagiste, comme facteur de consolidation du CHF, et pouvant face office de vitrine dans les négociations commerciales entreprises au nom de la centrale d’achats.

Activité en entreprise

Israa Voyages : missions et responsabilités en achats de prestations de voyages et négociation commerciale

  • Analyser régulièrement le marché des prestations et outils de gestion des voyages afin de proposer les solutions les plus adaptées et au meilleur prix.
  • Rédiger les appels d’offres relatifs aux prestations de voyages.
  • Négocier les conditions tarifaires avec les différents opérateurs de voyages.
  • Analyser les chiffres de consommation par typologie de voyages et type de voya­geurs, et suivre l’évolution des conditions commerciales en intégrant la notion de coût complet.
  • Contrôler la bonne application des accords (tarifs négociés, prestations prévues contractuellement).
  • Mettre en place la politique de suivi et d’évaluation des différents prestataires : réunions de pilotage, audits, contrôles ponctuels, enquêtes de satisfaction…
  • Proposer et rédiger des procédures internes visant à fluidifier et contrôler la chaîne de commande des voyages depuis la demande de déplacement jusqu’au paiement.
  • Proposer et participer à la mise en place de l’ensemble des dispositifs contribuant à la sécurité et à la santé et couvrant les risques des voyageurs de l’entreprise au cours de leurs déplacements (assurances, assistance, formation aux risques pays, solution de traçabilité des voyageurs…).

Variabilité des activités : l’acheteur de tourisme est aussi Travel Manager.

En fonction de la taille et de l’organisation de l’entreprise, le poste de Travel Manager peut varier :

  • dans une PME, il pourra être affecté à d’autres tâches en plus du Travel Management.
  • dans une entreprise de taille plus importante, le Travel Manager occupe un poste à part entière.

Son rattachement dans l’entreprise peut varier. Lorsqu’il est rattaché à la direc­tion des achats, le Travel Manager peut élargir son périmètre d’intervention en par­ticipant à l’achat de prestations diverses. S’il est rattaché à une autre direction, il organise la politique et les règles de voyages, la gestion de l’activité, mais peut aussi être sollicité par la direction des achats pour prendre part aux négociations avec les fournisseurs du domaine.

L’achat de prestations circuits demande des connaissances multiples et particu­lières et exige de préférence une formation sur le terrain.

Selon l’entreprise, un acheteur assure tout ou partie des missions suivantes :

  • la mise en œuvre de la stratégie marketing (online et offline) pour la zone : études de concurrence, analyse et suivi des ventes, push commercial, opérations promotionnelles (ventes privées, MDD), lobbying et recherche de partenariats, plan de communication
  • la définition de l’offre sur les différentes lignes de produits
  • les négociations et achats auprès des fournisseurs (contrats, stocks, ..)
  • la gestion des appels d’offre : sourcing via les réseaux, l’expérience ou les connais­sances en salons
  • la rédaction du cahier des charges partenaires
  • l’adaptation et le suivi des contrats
  • la préparation des brochures
  • la préparation des budgets
  • le suivi opérationnel : audit qualité des réceptifs, enquêtes de satisfaction clients, formations aux agences, outils d’aide à la vente, gestion de crises.

Recommandations et préconisations

Développer la prestation du pèlerinage à La Mecque

Le Hadj et la Omra prennent aujourd’hui des formes diversifiées dans l’offre. Il y en a pour tous (couples, familles, grands-parents avec leurs petits-enfants, céli­bataires), pour toutes les sensibilités (en fonction de l’accompagnateur, qui peut être imam, guide, directeur d’agence, théologien.) et pour tous les budgets (de 1290 euros pour dix jours en formule Omra jusqu’à 8000 euros pour 3-4 semaines en formule Hadj. De même, de nouvelles formules apparaissent de manière in­novante en proposant des combinés Hadj+ (Malaisie/Dubaï/Jordanie/Turquie etc.). Le traditionnel pèlerinage musulman revêt désormais des formes infiniment plus variées qu’autrefois, à la lumière des produits proposés par les voyagistes. Néanmoins, les pèlerins concrétisent toujours une démarche individuelle inscrite dans une démarche collective. Une expérience de foi personnelle requiert un certain encadrement humain et logistique, d’où la complémentarité entre le voyagiste et l’accompagnateur français et le réceptif local saoudien.

Le marché du séjour religieux

Les opérateurs

Pour optimiser l’adéquation entre l’offre proposée et la demande en évolution, la nécessité d’une meilleure organisation et d’une professionnalisation de l’activité s’est fait jour. La logique économique s’est imposée petit à petit : mieux acheter pour mieux vendre. Une bonne stratégie d’achats avec des procédures claires per­met donc d’obtenir des produits finaux dans une logique compétitive en termes de qualité, prix, performance etc.

Loffre

Malgré le positionnement propre de chaque agence, nombreux sont les points communs entre elles, du fait même de la destination similaire qu’elles proposent. La vraie différence des prestations proposées, par rapport à d’autres formes de tou­risme, réside dans la recherche, par leurs clients, d’un combiné confort, proximité des lieux saints et coût du séjour. Les attentes des pèlerins ne sont pas uniquement de l’ordre de la dévotion et de la spiritualité, mais aussi de l’ordre d’une apprécia­tion critique du rapport qualité/prix des différentes solutions.

Pour eux, la foi est une expérience qui se vit tous les jours et qui a besoin d’être nourrie et renouvelée. Le voyage du pèlerinage peut être un moyen pour cela. Tous les croyants en font un jour l’expérience. Ce qui définit cette démarche est l’état d’esprit de la personne qui s’y engage. Il va donc optimiser toutes les conditions en amont de son projet d’effectuer son pèlerinage. Cet enrichissement profond et durable repose, pour une large part, sur la qualité de l’accompagnateur, acteur essentiel de création de la valeur ajoutée de ce type de voyage.

La demande

La clientèle pour ces voyages spécifiques est assez hétérogène. C’est pourquoi il est difficile d’en dresser un portrait type. Les différents milieux sociaux y sont repré­sentés : des plus modestes, qui effectuent un projet spirituel à titre ponctuel, voire à titre exceptionnel, aux plus aisés, qui voyagent plus fréquemment à La Mecque et en sont à plusieurs pèlerinage, Hadj et Omra. Il est difficile néanmoins de mesurer leur fidélité, puisque aucun programme n’est réellement mis en œuvre dans cette optique-là.

Les défis d’avenir

Au regard du marché cultuel musulman français dans son ensemble, les tour-opérateurs sont des agences de petite taille, ce qui leur confère des avantages et des handicaps liés à leur compétence particulière, mais leur impose également des défis spécifiques à relever pour continuer d’exister et de se développer… Bien entendu, toutes les agences n’en sont pas au même stade de développement, compte tenu de leur histoire et de leurs stratégies.

L’élargissement de l’offre

Le premier défi auquel sont confrontés les voyagistes du pèlerinage musulman consiste à élargir leur offre. Cela passe, afin de fidéliser leurs clientèles, par l’élargis­sement de la gamme de produits, afin aussi de capter une clientèle plus large.

La qualité

Proposer une offre de grande qualité est le deuxième défi auquel sont confron­tés les voyagistes du Hadj et de la Omra. Eu cet égard, il est important de relever que malgré le caractère local des classifications hôtelières saoudiennes en deçà des normes internationales, on observe progressivement un nivellement des premières sur les secondes. En effet, ils ne peuvent toujours pas, individuellement, jouer sur la quantité (le volume de clients), puisque leurs prestations dépendent des quotas attribués par entité voyagiste. Ils ne peuvent donc, dans le contexte actuel, avoir une stratégie de niche, avec des prix relativement élevés, en agissant de manière solitaire. Car la stratégie qui viserait à tirer les prix systématiquement au maxi­mum, sous prétexte que le voyage proposé est une obligation religieuse, n’est très vraisemblablement pas viable à long terme. Miser sur la qualité permet de satisfaire les participants et, par conséquent, de les faire revenir et d’en faire revenir d’autres grâce au bouche à oreille (le meilleur canal de communication dans la communauté musulmane).

Il en est de même des relations avec les correspondants locaux en Arabie Saoudite : il est préférable de rechercher « ensemble » le rapport qualitatif confort/ coût, pour que les deux parties (pèlerin et voyagiste) en profitent, plutôt que de vouloir individuellement « jouer dans la cour des grands » sur des volumes diffici­lement atteignables.

Le pèlerinage à La Mecque obéit à deux types d’organisations décidées par le ministère du Hadj saoudien :

Pays musulmans                                 Pays non musulmans

Système étatique                                       Système privé

(Habous, Awqaf) (Voyagistes)

Depuis 2012                                          Depuis 2004

Quotas variables                                        Quotas fixes

1 pour 1000 habitants                 selon la population musulmane
1 Hadj tous les 5 ans                   Périodicité libre

Priorité à l’âge avancé                           Pas de conditions d’âge

Loterie                                                  De droit

La tendance qui est perçue de France et des pays non musulmans est une orien­tation vers une généralisation du fonctionnement du Hadj sur le modèle des pays musulmans, bien que les pèlerins des deux catégories n’aient pas la même culture.

Le roi précédent avait acté cette homogénéisation mais les processus d’exécution semblent suspendus officieusement suite aux travaux de construction qui ont pour conséquence une réduction du nombre de quotas octroyés aux pays (20 % pour les non saoudiens, 50 % pour les pèlerins locaux) ce qui explique la présence de deux colonnes dans le tableau ci-avant, l’une mentionnant les quotas officiels, l’autre les quotas circonstanciés à la durée des travaux.

État du marché en France

La France, pays non musulman, se situe dans le deuxième cas, celui du secteur privé des voyagistes organisateurs du pèlerinage à La Mecque.

L’Arabie Saoudite, à travers son ministère du Hadj, développe une relation très personnalisée avec les voyagistes musulmans européens.

Les agréments délivrés aux agences de voyages se font par l’attribution d’un quota de nombre de pèlerins. Ce nombre était très variable pendant les années 1980 et 1990, en raison d’une absence de structuration forte du secteur et une moyenne pratique religieuse qui connaissent aujourd’hui une croissance exponentielle.

En 2009, devant la recrudescence chaque année de problèmes de gestion, de mécontentement des pèlerins, les autorités saoudiennes ont fait évoluer leur po­litique d’agrément et le nombre de délivrance de quotas. Ainsi, la configuration actuelle repose sur l’année n-1 des données pour les agences qui avaient fourni la prestation du Hadj.

C’est donc un parcours individuel de combattant, chaque année, pour chaque agence, qui tente de tirer son épingle du jeu, en composant avec tous les paramètres du système qui entourent le produit du pèlerinage. Rappelons que pour les pays musulmans, des organismes religieux étatiques nommés Habous, Awqaf, ont auto­rité de gestion et de coordination et demeurent l’interlocuteur unique des autorités saoudiennes pour chaque pays. À l’inverse, ces dernières ont autant de relations qu’il existe d’agences de voyages dans chaque pays non musulman, ce qui s’avère être une lourde gestion également pour les détenteurs des lieux saints.

Les agences du secteur privé des pays non musulmans ont donc pour tâches :

A/ la préparation préalable du dossier du pèlerin. B/ l’achat de la prestation de transport aérien. C/ l’achat de la prestation d’hôtellerie. D/ l’accompagnement des pèlerins par des guides.

  • A et D, ainsi que B et C, représentant 50 % de coût du pèlerinage.
  • Le point névralgique étant D, qui coûte très cher.
  • La visée du projet de la centrale d’achats étant de baisser le coût B+C pour absorber le coût de A+ D.

La coordination des organisateurs agréés Hadj de France (CHF)

Pour la première fois en France, en 2013, un groupe d’acteurs économiques s’est réuni pour rédiger une charte de qualité et de bonne conduite pour l’organi­sation du pèlerinage à la Mecque. Une telle union fédérative autour d’un même objectif transcendant les identités individuelles constitue un évènement sans pareil dans le secteur, la particularité de celui-ci ne facilitant pas l’adhésion aux multiples instances nationales et internationales syndicales, lobbyistes et politiques dans le tourisme.

« Par un vote unanime, en date du 13 juin 2013, la majorité des opérateurs agréés par le Ministère du Hadj Saoudien, se sont regroupés autour de la Coordination des Organisateurs Agréés Hadj de France, association à but non lucratif.

Relevant la pluralité des nations représentées lors du pèlerinage, la Coordination sou­haite mettre en avant ses origines françaises et le savoir-faire et la culture de la France, par des prestations de qualité. Pour ce faire, un partenariat avec les pouvoirs public est mis en place.

L’organisation du Grand Pèlerinage à la Mecque (HADJ) doit garantir aux pèlerins des conditions d’accueil et des services de qualité. Cette charte de qualité s’inscrit dans une démarche d’optimisation de l’organisation du pèlerinage en France et en Arabie Saoudite.

La présente charte de qualité engage les signataires, agences de voyages et associations agréées par le Ministère du Hadj Saoudien, et définit les dispositions prises par ces opé­rateurs.

La Coordination des Organisateurs Agréés Hadj de France organise un dialogue régulier avec les pouvoirs publics représentés par le Ministère du Tourisme, le Ministère des Transports, le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère de l’Intérieur.

Par ailleurs, la Coordination établit autant que de besoin une communication avec toute autre institution pouvant contribuer à la bonne organisation du pèlerinage et à améliorer la qualité des prestations proposées aux pèlerins musulmans de France[16]. »

38 agences sur 42 ont voté la charte, ce qui montre une forte cohésion autour d’un partage de valeurs communes. La charte du CHF, reconnue et validée à la très grande majorité de ses membres a été présentée en mai 2014 au cabinet aux affaires religieuses (CAR) du Quai d’Orsay (ministère des affaires étrangères) et bureau central des cultes (BCC) du ministère de l’intérieur avec une attention par­ticulièrement favorable. Il est important qu’est membre du CHF la direction de l’aumônerie musulmane aux armées françaises du ministère de la défense, qui assure l’organisation du Hadj à l’endroit des militaires français de confession musulmane et leurs familles depuis 2008. Ce service public d’une institution régalienne comme l’armée est un soutien de taille pour les relations avec les pouvoirs publics et donne un gage supplémentaire de sérieux à la fois pour les parties prenantes françaises et saoudiennes (en raison des liens militaires entre les deux pays).

C’est donc sur ce substrat du CHF que pourra se déployer l’organisation d’une centrale d’achats, en abandonnant d’emblée la forme juridique du GIE, méconnue et suscitant une certaine inquiétude en raison de la non maitrise des rouages.

Modélisation

Sur une proportion de 40 % de la totalité des quotas agrégés pour le marché français, dans le cadre d’une démarche progressive sur 2 à 3 années, il est donc envisageable d’espérer réduire les coûts en regroupant plus de 10 000 Pax (pèlerins), laissant une marge de 60 % de leurs quotas aux agences en libre gestion afin d’ob­server les impacts sur la proportion affectée au pot commun de la centrale créée.

Il s’avère que dans le cadre d’un regroupement envisagé pour réaliser une meil­leure compétitivité et mettre en pratique les dispositions que nous venons d’évo­quer, plusieurs formes juridiques existent : association, GIE, SA, SAS.

« Le groupement d’intérêt économique (GIE), dont l’objectif est « la mise en œuvre de tous les moyens propres à faciliter ou à développer l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à accroître les résultats de cette activité » se prête assez bien à l’activité de groupement d’achat car il associe plusieurs entreprises autour d’un même but écono­mique. Il ne répond pas, en revanche, aux objectifs d’une centrale, laquelle n’a pas pour dessein d’associer ses membres. Au surplus, il présente un lourd inconvénient: chaque membre est tenu individuellement des dettes que le groupement contracte avec les tiers. Ainsi, si un GIE ne paie pas l’une de ses dettes, n’importe lequel de ses membres peut être poursuivi en paiement par le créancier.

En définitive, les structures juridiques les plus adaptées aux achats groupés sont les sociétés commerciales et, plus précisément, la Société à responsabilité limitée (SARL) et la Société par actions simplifiée (SAS). La première offre de nombreux avantages, tels que la faiblesse du capital, la limitation de responsabilité des associés, le contrôle de la cession des parts.

Son principal désagrément réside dans son manque de souplesse statutaire et la limi­tation du nombre d’associés à cinquante.

La SAS présente à l’inverse une souplesse remarquable qui laisse à ses associés une liberté contractuelle dans la rédaction des statuts. Elle permet ainsi une libre réparti­tion du pouvoir et offre la possibilité de prévoir l’exclusion d’associés. En ce sens, elle peut être facilement adaptée selon les besoins. C’est d’ailleurs une structure couramment rencontrée en pratique. Comme vous l’aurez compris, les possibilités qui s’offrent aux commerçants désireux de s’unir pour rationaliser et renforcer leur puissance d’achat sont nombreuses et variées. Compte tenu de l’incidence des choix, le recours à un spécialiste s’avère fortement souhaitable avant de vous

[1]Journal officiel de la République française du 3 mars 1951.

[2]Les ministères des affaires étrangères et de l’intérieur, le premier dédié à l’international, le second aux cultes.

[3]Ministère du Hadj, royaume d’Arabie Saoudite.

[4]Michelle Baran (20 juin 2012) – http://www.travelweekly.com/Travel-News/Tour-Operators/ Survey-Agents-lagging-in-growing-faith-based-travel-market/?cid=eltrdb

[5]Véronique Chemla (6 janvier 2015) – http://www.veroniquechemla.info/2010/07/le-tourisme-vers-israel-toujours-plus.html

[6]OMT (29 nov. 2013) – http://media.unwto.org/fr/news/2013-12-02/le-viet-nam-accueille-la-premiere-conference-internationale-sur-le-tourisme-spiritue

[7]Religious Travel Planning Guide – http://religioustravelplanningguide.com/10-top-pilgrimage-sites-in-europe/

[8]Madjid Zerrouky (22 septembre 2015), Le Monde, http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/ article/2015/09/22/milliers-de-policiers-millions-de-pelerins-milliards-de-benefices-le-pelerinage-de-la-mecque-en-chiffres_4766928_4355770.html

[9]Michel Lachkar (22 septembre 2015) — Geopolis – http://geopolis.francetvinfo.fr/pelerinage-a-la-mecque-2e-source-de-revenus-apres-le-petrole-pour-le-royaume-81589

[10]April Orcutt (4 janvier 2012), Travel and Leisure Group, http://www.travelandleisure.com/ slideshows/worlds-most-visited-sacred-sites/34

[11]http://mkg-hospitality.com/

[12]http://www.huffingtonpost.fr/2015/05/27/arabie-saoudite-la-mecque-construit-plus-grand-hotel-du-monde_n_7448370.html

[13]http://immobilier.lefigaro.fr/article/le-plus-grand-hotel-du-monde-va-ouvrir-a-la-mecque_640ea226-0439-11e5-a339-96d301418ce8/

[14]http://hospitality-on.com/actualites/2015/10/29/accorhotels-signe-un-contrat-record-en-arabie-saoudite/, et http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/les-saoudiens-ouvrent-un-peu-plus-les-portes-de-la-mecque-a-accorhotels-925752.html

[15]Entretien accordé par monsieur l’aumônier en chef Abdelkader Arbi, aumônier en chef du culte musulman, état-major des armées.

[16]Charte de qualité du CHF, 21 janvier 2014, Paris.

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