Ali ALAHMED
Directeur de l’Institut pour les Affaires du Golfe – The Institute for Gulf Affairs — Washington D.C. États-Unis.
Sommaire exécutif
Le Royaume d’Arabie Saoudite est la plus grande monarchie absolue dans le monde aujourd’hui. L’Article 5 de la Loi Basique promulguée en 1992 précise que le règne sur le royaume est réservé aux enfants et petits-enfants mâles du Roi AbdulAziz, fondateur de l’Arabie Saoudite. Le gouvernement saoudien interdit tous les partis politiques ainsi que tout mécanisme permettant une participation publique dans les processus politiques ou dans l’élaboration de la politique publique.
Des organisations internationales des droits de l’homme telles que Amnesty International et Human Rights Watch ont longuement exprimé leurs soucis à propos de la situation sans cesse dégradante des droits de l’homme en Arabie Saoudite. Selon plusieurs rapports, le « royaume » reste un pays de « souci particulier » lorsqu’il s’agit de liberté religieuse et se classe parmi les pires violateurs des droits fondamentaux de l’homme. Les abus relevés incluent la torture et l’arrestation arbitraires, la discrimination religieuse, raciale et sexiste, et les condamnations judiciaires inéquitables.
La famille régnante Al-Saoud maintient le monopole complet du pouvoir en plaçant ses « princes » et « agents » dans des positions stratégiques au gouvernement, afin de s’assurer de la loyauté envers la monarchie absolue. Les Al-Saoud contrôlent l’armée et les forces de sécurité et les déploient afin de supprimer toute dissidence dans le Royaume, fréquemment par des moyens violents.
Les forces spéciales saoudiennes ont tué et blessé des douzaines de manifestants pacifiques dans la région de Qatif après des manifestations en faveur de la liberté, la justice et la fin de la politique répressive et sectaire du gouvernement. Parmi ceux abattus en 2012 figuraient deux enfants : Abdullah Lajjami et Husain AlQalaf.
La monarchie saoudienne dispose du contrôle absolu sur la vie politique du pays et interdit même la création d’organisations sociales ou civiques. Plusieurs activistes qui avaient demandé la création de telles organisations ont été soumis à des arrestations, interrogations et détentions.
L’équivalent saoudien d’une Constitution nationale est la Loi Basique qui a été créée par décret royal en mars 1992 alors que le peuple réclamait depuis longtemps une Constitution nationale régissant les relations entre les citoyens et le gouvernement. Cependant, la Loi Basique n’apporte aucune garantie claire et efficace quant aux droits et libertés humains de base, par contre elle attribue au Roi et à ses frères un rôle sans restrictions pour définir et mener les affaires de l’Etat.
L’absence de mécanismes formels établissant les responsabilités permet au gouvernement d’agir sans expliquer ses démarches et donc éviter toute appréciation publique. Les membres de la famille régnante jouissent de l’immunité judiciaire et sont officiellement exemptés d’avoir à agir selon les lois en vigueur — très sévères pour « les citoyens saoudiens ».
L’image soigneusement présentée du Roi Abdullah Bin Abdul-Aziz, comme un réformateur ne correspond pas à la réalité. Depuis sa montée sur le trône en 2005, celui ci a instauré de sévères restrictions sur les libertés politiques, réprimé encore plus vigoureusement les partisans des réformes et concentré encore plus fermement le pouvoir entre les mains de la famille régnante. En 2007 le Roi Abdullah a établi la « Commission successorale » pour confirmer et consolider davantage le pouvoir des Al-Saoud en tant que force politique unique du pays, refusant aux citoyens tout rôle dans le choix du successeur d’un monarque quelconque.
Les seules élections en Arabie Saoudite furent tenues en 2005 et en 2011 pour la moitié des sièges des conseils municipaux sans pouvoir réel. Le gouvernement avait déjà interdit aux femmes de se présenter soit pour être candidate soit pour voter — ainsi 52 % de la population était effectivement exclus des élections. De surcroît, tous les membres de la famille régnante, dont le Roi, boycottèrent ces élections.
Le gouvernement saoudien refuse au peuple son droit de changer pacifiquement de gouvernement ou de tenter de réformer une politique domestique ou étrangère quelconque. Le roi Abdullah dirige et contrôle toutes les branches du gouvernement. Les pouvoirs législatif et judiciaire ne sont pas indépendants, puisque le roi nomme les juges ainsi que les membres de l’impuissant Conseil consultatif (« shura »).
Le gouvernement saoudien interdit toute forme de dissidence, y compris les partis politiques et les groupes. Le gouvernement arrête de manière habituelle des citoyens pour le fait d’avoir exprimé un simple point de vue politique ; les dissidents sont systématiquement soumis à la détention et à la torture arbitraires. Le grand académicien, Docteur Matrook Al-Faleh a été incarcéré à répétition en cellule solitaire pour avoir exprimé une critique modérée du traitement des prisonniers politiques.
La liberté d’expression et de la presse en Arabie Saoudite est sévèrement limitée par l’intervention directe du gouvernement et l’autocensure qui en résulte des journalistes et éditeurs. Les médias indépendants ne sont pas autorisés, et ceux qui exploitent des sites web sont harcelés par des blocages systématiques des échanges par le web et par des menaces, et sont même poursuivis en « justice ». Ceux qui critiquent le gouvernement doivent faire face à des sanctions au travail et sont souvent ciblés pour être arrêtés et détenus par les « autorités » voire par la police secrète nommée al-Mabahith.
L’Arabie Saoudite est championne mondiale en matière de discrimination contre les femmes et demeure le seul pays à pratiquer à ce jour l’apartheid sexiste. Les femmes sont considérées comme la propriété des maris gardiens, donc légalement incompétentes pour décider de leurs propres actes. Le gouvernement saoudien n’autorise pas que les femmes votent, conduisent des véhicules, étudient (dans la plupart des domaines scientifiques), travaillent en public, pratiquent des sports, tiennent des postes de cadres supérieurs, voyagent seules, fréquentent des hommes ou assistent aux réunions publiques.
Contrairement à son image de « réformateur », le Roi Abdullah soutient quelques unes des formes les plus sévères de discrimination contre les femmes. Par exemple en 2002, le Roi Abdullah a mis en garde les infirmières et doctoresses de l’Hôpital King Fahd pour la Garde Nationale à Ryad, contre la conduite de voiturette de golf favorisant la circulation plus aisée à l’intérieur des locaux hospitaliers, au risque de punitions sévères. Encore, des filles âgées de sept ans sont toujours contraintes par ordre gouvernemental à se marier avec même des homme âgés et ce malgré les « déclarations officielles » faites par les ambassades et légations saoudiennes visant à confondre la critique internationale.
La liberté religieuse n’existe pas en Arabie saoudite. Les non musulmans n’ont pas le droit de célébrer leur foi ou même d’en posséder les symboles et objets rituels. Le gouvernement impose de même des restrictions sévères sur les indigènes, notamment ceux qui ne souscrivent pas à la version wahabbite de l’Islam officiellement « recommandée ». La politique religieuse du gouvernement saoudien a encouragé l’essor de l’extrémisme et des groupes terroristes de par le monde, dont Al-Qaeda, et des rassemblements similaires. Des Saoudiens associés au gouvernement sont les premiers contributeurs d’argent et d’autres soutiens aux groupes terroristes internationaux. Les Saoudiens constituent le groupe le plus nombreux des terroristes suicides dans le monde, les attentats pouvant survenir sur approbation tacite ou directe des autorités saoudiennes.
Le système éducatif saoudien construit un fondement idéologique pour la violence et les extrémistes futurs. Les textes scolaires actuellement utilisés dans les écoles saoudiennes, y compris les écoles saoudiennes à Paris et dans d’autres capitales européennes, prêchent ouvertement la haine contre les Chrétiens, les Juifs et d’autres religions dont même la plupart des branches minoritaires du sunnisme et du chiisme. En dépit des promesses faites par les fonctionnaires saoudiens alors que plusieurs enquêtes indépendantes avaient exposé la nature haineuse des dits enseignements, le langage de la xénophobie et de la violence est resté inchangé. Ceci apparaît clairement dans une revue récente de l’Institut pour les affaires du Golfe des textes scolaires actuellement utilisés.
Manque de démocratie
Le Royaume d’Arabie Saoudite est gouverné par la tribu Al-Saoud qui maintient un monopole du pouvoir à travers la Basic Law, la Loi Basique régissant les relations civiles, administratives, … et promulguée — non pas par une assemblée nationale représentative mais par un décret royal de la Maison Al-Saoud en mars 1992 ! Cette « loi » confère à la Maison Al-Saoud le droit à un pouvoir totalitaire sans opposition et au contrôle des trois branches (exécutive, judiciaire et législative) du gouvernement. Cette tribu domine la vie publique en monopolisant le pouvoir et en nommant ses princes aux postes-clés de l’armée, des administrations et des forces de sécurité dont l’unique mission semble être de réprimer violemment son propre peuple où qu’il se trouve.
Le peuple d’Arabie Saoudite ne peut intervenir que peu dans la manière dont il est gouverné ou plutôt exploité par les princes Al-Saoud qui, au contraire, bénéficient « légalement » d’exemptions de toute responsabilité, même dans le cas des princes qui ne tiennent aucune responsabilité ni fonction. Ceci veut dire que le gouvernement cultive le secret de ses démarches, limitant ainsi les critiques possibles.
L’établissement en 2007 de la Commission successorale (Hai’at al-Bai’a) par le Roi Abdullah a démontré davantage que le pouvoir en Arabie Saoudite est réservé seulement aux membres de la famille Al-Saoud, d’autre part le peuple n’a aucun rôle dans le choix des monarques futurs. Les élections sont rares en Arabie Saoudite, et lorsqu’elles ont lieu, les femmes, qui en fait, composent 52 % de la population nationale, sont exclues de toute participation. Cette incapacité de plus de la moitié de la population rappelle la triste mémoire du régime apartheid d’Afrique du Sud jusqu’aux premières années ’90. La seule différence ici est que l’apartheid et la ségrégation sont basés sur le sexe et non la race. Les élections de 2005 et de 2011 ne visaient que des postes sans pouvoir au niveau municipal.
Le gouvernement maintient l’interdiction des partis et groupes politiques, et quelque forme de dissidence que ce soit. Cette politique a encouragé le développement des cellules clandestines, favorisant de la sorte l’environnement idéal pour les groupes violents qui poussent incognito. Certains fonctionnaires du gouvernement , partisans des réformes ont été licenciés, certains ont été incarcérés. Le gouvernement arrête systématiquement les citoyens qui expriment leur point de vue politique ; ces dissidents sont soumis à la détention et des tortures arbitraires.
Suppression de Dissidence
Pendant les sept années qui viennent de passer sous le règne du Roi Abdullah, celui-ci a mis en œuvre de plus grandes restrictions sur les libertés politiques et réprimé plus sévèrement les partisans des réformes. Le nombre de prisonniers politiques est estimé à plus de 20 000 alors que le gouvernement prétend qu’il n’y en a que 5 000. Le gouvernement a amplifié la pression sur les partisans des droits de l’homme et sur les réformateurs politiques dans le pays — ils doivent constamment faire face aux harcèlements et peines par les forces de sécurité saoudiennes qui veulentt empêcher la libre expression des points de vue sur les droits de l’homme ainsi que sur d’éventuelles réformes des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif. Des activistes tels le Docteur Mohamad AlQahtani et Waleed AbulAlkair sont interdits de voyager et leurs procès se poursuivent, alors que d’autres restent détenus sans nouvelles depuis plusieurs années. Le gouvernement utilise à fond l’arrestation, la torture, les menaces de violence et de mort, les harcèlements, les interdictions (de voyager, ou de s’adresser au public), et la rétrogradation, afin de maintenir son pouvoir et écraser la dissidence.
Malgré les tentatives par la monarchie Saoudienne de présenter le Roi Abdullah comme un roi réformiste, en fait le dirigeant actuel du royaume est un despote classique. L’Arabie Saoudite sous le Roi Abdullah est restée tout aussi dictatoriale et sanguinaire, pratiquant le massacre des manifestants pacifiques et réprimant impitoyablement les libertés politiques et les réformistes qui, en particulier, continuent de souffrir des brutalités sans bornes du gouvernement. En réalité, le Roi Abdullah a abandonné toute notion de réforme depuis sa montée sur le trône en août 2005 et demeure un monarque absolu de la moule des despotes de l’antiquité.
En 2002 le gouvernement Saoudien a lancé une campagne de relations publiques pour tromper ses alliés occidentaux en revendiquant que l’action sincère du gouvernement pour mettre en œuvre des réformes était bloquée par des groupes peu instruits ou ultra conservateurs. En réalité, des milliers de citoyens dont des centaines d’intellectuels de diverses tendances politiques et sociales ont, depuis quelques annéesdéjà, signé plusieurs pétitions pour des réformes politiques sérieuses et substantielles, dont l’établissement d’un parlement élu pour superviser le fonctionnement du gouvernement, surveiller la répartition et la distribution des revenus pétroliers, et évaluer le pouvoir de la tribu dirigeante dominante. Le gouvernement saoudien a répliqué en faisant arrêter et licencier les organisateurs auxquels il fut aussi interdit de voyager, de travailler, de faire des conférences, d’éditer ou de diffuser des écrits, et ainsi de suite. En même temps le gouvernement saoudien a bloqué l’ouverture des bureaux d’organisations humanitaires ou civiques internationales dans le pays — même celles qui n’avaient aucun intérêt politique et ne s’occupent que des droits de l’homme. En plus, le gouvernement a interdit aux activistes indigènes de percevoir de l’assistance financière venant d’organisations internationales ou de gouvernements étrangers. Au mois de mai cette année, la police secrète saoudienne a arrêté l’activiste des droits de l’homme Fadel AlManasef, pour la deuxième fois. Il est détenu sans aucun procès. Plus tôt cette année, l’activiste Waleed AbulKhair fut interdit de voyage aux États-Unis pour assister à un séminaire sur la démocratie. D’autres activistes arrêtés incluent Mohamad AlBijady de Qasim, Kamil AlAhmed de Safwa, et Saleh AlAshwan de Qasim.
Le gouvernement effectue assez souvent des rafles « anti-terroristes » musclées, uniquement pour arrêter des réformistes, des critiques ou des activistes pro-démocratiques, ou pour restreindre encore les libertés publiques, surtout la liberté d’expression. Le gouvernement vise ainsi à atteindre simultanément deux objectifs : faire mine de combattre le terrorisme et solliciter le soutien international — mais c’est uniquement pour réprimer une opposition assez patiente et pacifique jusqu’à présent. Le gouvernement limite aussi la liberté de réunion des citoyens afin que ceux-ci ne puissent pas former un « groupe subversif ». Depuis janvier 2009 à ce jour, l’activiste réformiste Khalid Al-Omair est enfermé dans la prison à haute sécurité al-Hair de Ryad, car il avait annoncé son intention d’organiser une manifestation assise pacifique en centre-ville de Ryad afin de protester contre l’attaque par Israël à Gaza en décembre 2008. Le 11 mars 2010, l’enseignant Khalid AlJuhani a été arrêté parce qu’il avait parlé à la BBC le jour de l’outrage national à Ryad. Il n’a été remis en liberté qu’il y a un mois, sans jamais avoir connu de charges formelles ou même un début de procès.
Le gouvernement du Roi Abdullah refuse même d’écouter les groupes qui demandent des changements modérés dans le pays. En 2004 alors qu’Abdullah était Prince héritier, il avait refusé de s’entretenir avec un groupe de réformistes pour une monarchie constitutionnelle ; le groupe a dû rencontrer le prince Naif, ministre de l’intérieur, qui a ordonné leur arrestation et emprisonnement pendant de longues années. Bien que Abdullah, accédant au trône ait pardonné les dissidents détenus, son gouvernement leur a interdit de voyager, de donner des conférences, de s’entretenir avec les médias ou de se faire publier dans les journaux contrôlés par le gouvernement. Le bureau d’informations saoudien estime que le nombre de saoudiens qui ne peuvent voyager à l’étranger suivant leur condamnation pour raison politique s’élève à environ 14,000.1
Une requête au Roi a aussi mené à l’arrestation de nombreux autres activistes : les agents du gouvernement ont arrêté le célèbre leader fatimide Cheikh Ahmed Turki Al-Saab en mai 2008, alors qu’il venait de transmettre une requête au Roi Abdullah lui demandant de remplacer le gouverneur de Najran, le prince Michaele bin Saoud pour sa politique sectaire sévère contre les Ismaïlis fatimides de Najran. Al-Saab avait déjà été emprisonné pendant un an en 2002 et torturé car il avait accordé un entretien au Wall Street Journal. Il a encore été détenu, jusqu’en septembre 2009 soit presque dix-huit mois ex communicado et sans procès, et a encore été arrêté par la suite plus de deux ans durant.
Les Droits de l’Homme
L’Arabie Saoudite est championne en matière de violation des droits de l’homme dans le monde. Les droits fondamentaux des citoyens y sont violés quotidiennement. La torture et les arrestations arbitraires y sont fréquentes. Le gouvernement y interdit toute organisation indépendante des droits de l’homme — les seules organisations pour les droits de l’homme sont créées par le gouvernement à des fins de relations publiques, il s’agit de la Commission des droits de l’homme saoudienne, et la Société nationale pour les droits de l’homme, tous deux s’activant pour d’une part masquer les abus et excès commis par le gouvernement et de l’autre pour désinformer la communauté internationale.
La Déclaration universelle des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies affirme : « Tous les êtres humains sont nés libres et égaux en dignité et droits. Ils sont dotés de raison et de conscience et devraient se comporter les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » L’Arabie Saoudite est bien loin de ces aspirations qui datent déjà de bien des années.
Les droits des femmes, des minorités religieuses, des travailleurs immigrés, des détenus et d’autres continuent à être violés en toute impunité.
Le gouvernement autorise la torture pour obtenir des confessions ou pour punir. La torture est exploitée avec la connaissance et la complicité des fonctionnaires comme outil d’interrogation ou de punition, parfois dans le cadre judiciaire. L’un de ces fonctionnaires est le prince Salman bin Abdulaziz, actuellement prince héritier, ministre de la défense et le frère du Roi. L’utilisation de la torture est connue par le public et a été confirmée dans de nombreux rapports sur les droits de l’homme et diffusés par des organisations internationales et par certains gouvernements étrangers. Les citoyens saoudiens ainsi que les étrangers sont soumis à la torture, dont la sévérité varie selon les données raciales, tribales, religieuses, nationales et socioéconomiques. Mohamad AlShumasi, âgé de 22 ans, et Saleh AlMohwas, 35 ans, ont été victimes de tortures saoudiennes. Ils ont été remis en liberté avec des séquelles permanentes résultant de la torture : l’incapacité de parler, fonctionnement mental défectueux. Tous les deux étaient en parfaite santé physiquement et mentalement avant d’être incarcérés.
Les détenus politiques et religieux sont les victimes de choix de la torture. Depuis cinq ans, plusieurs détenus ont été torturés à mort en Arabie Saoudite. Les morts attribués à la torture pendant une enquête officielle ne sont jamais enquêtés tout au moins publiquement, et de toutes manières rien n’intervient pour réparer ou corriger la situation.
En même temps, les autorités saoudiennes ne s’arrêtent pas avec la torture : plusieurs formes de discrimination dérogatoire et de racisme impliquant tout aussi bien les minorités, les non-musulmans, les non-arabes, et les Saoudiens sans trace d’origine tribale. En Arabie Saoudite, les gens de peau dite noire ainsi que les Chiites sont interdits de fonction judiciaire, sous prétexte de secte, de race,. Les tribunaux saoudiens divorcent de force les couples saoudiens contre leur gré, sous prétexte que les époux sont trop éloignés tribalement ou manquent d’affiliation tribale claire et manifeste.
Pendant l’été de 2006, le citoyen saoudien Mansour Al-Timany et sa femme Fatima Al-Azaz ont été divorcés de force par un tribunal supérieur saoudien qui a proclamé que quelqu’un qui n’avait pas l’appartenance tribale bien définie ne devrait être autorisé à épouser un membre de la tribu. En février 2010, après près de quatre ans de séparation forcée, Al-Timany a été réuni avec son épouse, devant un abri de femmes, grâce à l’intervention de Yakin Erturk, l’ancien Rapporteur Spécial de l’ONU sur lesViolences contre les Femmes avait visité le pays en février 2008 et avait fait de l’affaire une priorité à l’occasion de ses discussions avec des fonctionnaires saoudiens. Un citoyen chiite Abdullah Al-Mahdi fait à présent face à un jugement de divorce forcé de son épouse sunnite Sameera Al-Hazmi pour motifs de différences sectaires. Al-Mahdi est interdit de voyager en dehors du pays et fait l’objet de harcèlements par les fonctionnaires de la sécurité qui insultent sa démarche religieuse. Nos chercheurs estiment que plusieurs centaines de divorces forcés ont lieu chaque année, mais sont masqués pour ne pas faire l’objet d’information publique.
La police religieuse saoudienne « le Comité pour la promotion de la vertu et la prévention des vices » encore une agence gouvernementale et dirigée par un ecclésiastique musulman extrémiste sous les ordres du Roi Abdullah, commet par routine de sévères violations des droits de l’homme contre des citoyens tout comme contre des expatriés. En juillet 2012, la police religieuse a provoqué la mort de Abdulrahman AlGhamdi, l’amputation du bras de sa femme, et des blessures sur leurs enfants, en forçant leur véhicule de sortir de la route et de tomber dans un ravin. En mars 2008, quatre citoyens ont été tués lors d’une chasse à l’homme en voiture par des membres de la police religieuse (Mutawa’een) dans la ville sainte de Médine. Le même mois, un jeune homme et une femme ont brûlé à mort à Tabuk lorsque leur véhicule poursuivi par la Mutawa’een a heurté un camion.
Pendant l’été 2009, les Mutawa’een ont tué trois personnes pendant leurs rafles pour « sécuriser la morale ». Les victimes incluent une jeune femme qui est morte en tombant d’un immeuble pris d’assaut par les Mutawa’een. Ahmed Al-Abalawi, dans la cinquantaine, a péri dans les bureaux de la Mutawa’een à Tabuk.2 Les autorités ont prétexté que l’homme était interrogé pour avoir embarqué dans son véhicule une femme qui n’avait pas de lien de parenté avec lui. Cinq membres des Mutawa’een avaient alors été brièvement entendus par leurs supérieurs, qui les ont totalement disculpés. Des centaines de citoyens ont été battus par la police religieuse saoudienne, qui apparemment dispose d’immenses pouvoirs. En mai 2007, un homme noir Suliman Al-Huraisi a été mis à mort par dix membres de la police religieuse chez lui à Ryad, alors que ceux-ci hurlaient des insultes raciales à lui et à son entourage. Les agents de police utilisaient des mots tels que « sales esclaves », le père du malheureux a rapporté à Reuters. Dans cette affaire aussi, les autorités ont disculpé les assassins.
L’état des droits de l’homme en Arabie Saoudite est lugubre et paraît devoir continuer surtout si la communauté internationale n’y oppose que le silence qui vaut consentement.
Les Femmes : des sous hommes
L’Arabie Saoudite mérite le titre du « Pire Violateur dans le Monde des Droits de la Femme », en discriminant tellement sévèrement contre les femmes que cela ne peut que s’appeler l’apartheid de sexes.
Il y a deux enjeux fondamentaux sur lesquels sont soutenues les indignités et limitations rencontrées quotidiennement par les femmes saoudiennes. Le premier c’est le point de vue propagé par l’établissement religieux du gouvernement et attribué aux lois religieuses. L’établissement religieux officiel saoudien ne considère pas les femmes comme des individus capables de gérer leurs propres affaires. Donc le gouvernement saoudien est le seul dans le monde à estimer que les femmes ne sont pas des citoyennes à part entière mais doivent rester dépendantes de leurs proches mâles. La loi saoudienne requiert que toutes les femmes doivent chercher et obtenir le consentement de leurs gardiens mâles pour la plupart des décisions de la vie quotidienne.
Le deuxième enjeu est la ségrégation quasi-totale des hommes et des femmes imposée par le gouvernement dans toutes les dimensions de la vie publique, y inclus au travail, à la banque, dans les hôpitaux, dans les rues, les mosquées et les centres commerciaux — bref, partout en dehors du domicile personnel. L’accès des femmes aux services et facilités publics n’est permis qu’exclusivement dans des endroits réservés uniquement aux femmes, ce qui en pratique veut dire le déni ou la restriction sévère de la plupart des services publics, car peu d’établissements peuvent disposer de deux séries d’équipements et d’installations équitablement accessibles.
Une Saoudienne ne peut assister à un établissement éducatif, depuis l’école élémentaire jusqu’au doctorat, sans consentement préalable de son gardien mâle sous la forme d’approbation expresse selon les formules légales pour exprimer le consentement qui peut à tout instant être révoqué, dans toute démarche officielle. De surcroît, puisque l’éducation des femmes en Arabie saoudite n’est pas obligatoire, un gardien mâle peut empêcher les membres féminines de sa famille de s’instruire. Un exemple en est le cas de l’activiste wahhabite religieux Suliman Al-Duwaish qui a empêché ses filles d’aller à l’école. L’enseignement du niveau universitaire pour les femmes est limité à des branches désignées « convenables aux femmes », telles l’enseignement ou le métier d’infirmière. Les femmes sont interdites dans les spécialisations d’ingénierie, d’architecture, des sciences, de la technologie informative et d’autres matières qui risqueraient de fournir aux femmes un contact avec des mâles en dehors de leurs familles.
Une saoudienne, sans égard à son âge, ne peut subir une intervention chirurgicale ou autre traitement médical majeur sans le consentement exprès de son gardien mâle. En termes pratiques, cela peut vouloir dire qu’une mère peut dépendre de son fils encore adolescent, pour un consentement vital. Les femmes enceintes non accompagnées d’un gardien mâle ne peuvent être admises à l’hôpital. Les clubs de santé pour femmes sont très rares, coûtent très cher et sont découragés par l’établissement ecclésiastique officiel.
Les femmes ne peuvent pas voyager sans la permission de leurs gardiens mâles qui doivent signer le formulaire officiel pour autoriser leur femme dépendante à voyager non accompagnée. Il est interdit aux femmes de conduire un véhicule, donc un manque de transport public veut dire que les femmes ne disposant pas de moyens pour se faire transporter sont alors assignées à résidence. Les femmes ne peuvent demander la délivrance d’un passeport avant d’avoir la permission régulièrement établie de leur gardien mâle.
Les femmes font face à des défis spéciaux dans les tribunaux déjà archaïques qui s’embourbent dans des restrictions religieuses conflictuelles. Le système judiciaire saoudien, qui s’inspire des normes médiévales, considère que les femmes sont incompétentes et incapables de se représenter devant les instances judiciaires. Les avocates autorisées théoriquement à pratiquer leur profession, ne peuvent être présentes activement ou même physiquement durant la procédure légale, mais peuvent formuler des questions et consignes écrites pour qu’un employé mâle interroge les témoins et présente des observations. Les femmes incarcérées ne sont libérées de prison que lorsque leurs gardiens mâles viennent les chercher.
De nos jours, les universités saoudiennes éduquent autant de jeunes hommes que de jeunes femmes, or les femmes ne constituent que 5 à 10 % du marché de l’emploi — à cause des restrictions sociales, légales et religieuses qui leur sont imposées. La ségrégation par sexe est de stricte rigueur au lieu de travail, et la plupart des femmes qui travaillent le font dans des secteurs et entreprises assez rares qui leur sont réservés . Le gouvernement se dit soucieux de l’insuffisance des opportunités pour les femmes au travail, et a affirmé son engagement d’augmenter l’implication féminine sur les lieux de travail, mais jusqu’à présent presqu’aucune mesure convenable n’a été proposée.
Les femmes en Arabie Saoudite possèdent des richesses considérables en fonds et propriétés immobilières. Toutefois leurs opportunités de gestion et de création sont embrouillées par les mêmes exigences ravageuses de tutelle et de contrôle mâles et de ségrégation par le sexe. Les femmes ont besoin de permission mâle pour demander une licence commerciale. A l’exception des femmes employées par le gouvernement, les femmes en général ne peuvent demander des prêts bancaires pour acheter leur maison ni acquérir un téléphone mobile, sans contresignature par un mâle.
Chaque année, plus de 5 000 femmes meurent à cause de l’interdiction décrétée par la monarchie saoudienne sur la participation des femmes aux sports. La monarchie interdit aux femmes le droit humain basique de recevoir une éducation physique en milieu scolaire ou académique, et même de s’impliquer dans la vie culturelle. Elles sont interdites d’accès aux arts dramatiques, aux théâtres et à l’éducation dans ces derniers domaines.
En un mot, les femmes en Arabie Saoudite n’ont presqu’aucun droit légal, et il leur y est même nié certains droits garantis par la théorie islamique. En l’occurrence, une femme saoudienne n’est pas considérée comme une personne à part entière, mais plutôt comme une subordonnée, un élément de propriété dont l’existence est strictement contrôlée aussi bien par les membres mâles de sa famille que par les autorités. La situation générale des femmes reste tragiquement arriérée et tristement épouvantable malgré les déclarations et campagnes publicitaires des services de relations publiques du gouvernement saoudien promettant au moins d’améliorer l’image reçue en Occident en expédiant des délégations de « femmes loyalistes du régime » aux États-Unis, en France, et ailleurs.
Liberté de la presse
Le gouvernement saoudien maintient un contrôle serré sur les médias de masse du pays et place immédiatement sous surveillance tout individu ayant exprimé un avis dissident dans quelque domaine que ce soit. Les critiques visant le gouvernement sont suspendus pendant longtemps et interdits d’écrire. La persécution de la dissidence inclut l’arrestation d’intellectuels même notoires qui critiquent l’établissement religieux ou ses principes promus par l’Etat. Tel fut le cas du Cheikh Mikhlif binDahham al-Chammari qui fut arrêté le 15 juin 2010 car il avait critiqué sur internet les dirigeants religieux du gouvernement. Ces cinq dernières années du règne d’Abdullah, des centaines de journalistes et d’écrivains sont interdits d’écrire ou de voyager — par exemple le grand Abdullah Al-Toraiqi (interdiction à vie de publier ses articles), Wajeha Al-Huwaider,
Khalid Al-Dakhil, Ali Al-Domaini, Mohamed Saeed Tayeb, Mohamed Al-Hodaif et
des douzaines d’autres.
Dans son rapport de 2009, l’organisation de surveillance de la liberté de presse, basée à Paris Reporters without Borders (Reporters sans frontières — RSF) a désigné l’Arabie Saoudite comme le pire pays arabe en matière de liberté de la presse, la classant 161e sur 168 pays dans les domaines exposés dans le reportage. Cette ONG a affirmé que la situation générale en matière de liberté de la presse ne s’améliorait pas, le régime étant accusé même d’avoir arrêté des journalistes, des bloggeurs et d’avoir censuré Xinternet.
Les journalistes étrangers basés en Arabie Saoudite, tels Andrew Hammond de Reuters et Ulf Laessing ont été expulsés du pays pour avoir écrit des reportages sans avoir obtenu l’approbation du gouvernement. Hammond fut expulsé en 2008 après avoir cité un diplomate européen qui avait affirmé que le Prince héritier Sultan était atteint d’un cancer. Sultan est effectivement mort d’un cancer en 2011. Tous les journalistes étrangers, le quotidien AlJazeera, la BBC, SkyNews et autres doivent obtenir le laisser-passer sécuritaire, seulement le vrai problème est les restrictions persistantes qui démoralisent les journalistes et les font se sentir marginalisés de manière à nuire à l’épanouissement des médias.
Les menaces en provenance de la tribu régnante contre les médias sont fréquemment publiques. Par exemple le 17 janvier 2009, les journalistes sportifs de la chaîne Al-Riyadiyya ont reçu des menaces en direct du Prince Sultan bin Fahd bin Abdulaziz — les commentateurs d’un match de foot avaient critiqué l’équipe saoudienne et sa gestion, suivant sa défaite face à l’équipe d’Oman dans la Coupe du Golfe. Le Prince a menacé les commentateurs de « bien se tenir » parce qu’il ne pouvait plus « tolérer leur attitude » : il a de même dit aux journalistes « Nous allons vous apprendre les bonnes manières, car vos parents ont manqué de le faire. » Le prince Sultan bin Fahd est ministre des sports et chargé de l’équipe de foot nationale.
Quant à Y internet, les autorités bloquent de manière habituelle les sites web « offensifs », empêchant le public de les consulter. Le gouvernement a réalisé de lourds investissements dans les logiciels de contrôle des émissions internet dans le royaume. Un nombre inconnu de bloggeurs ont été arrêtés, y compris Munir Baqir Ebrahim Al-Jassas qui fut arrêté en novembre 2009 sans accusation formelle et sans procédure judiciaire régulière en vue, soit plus de dix-huit mois derrière les barreaux sans avoir été présenté devant magistrat, que l’on sache. Le Mufti saoudien Cheikh AbdulAziz Al-Cheikh a délivré une fatwa le 11 mai 2000, pour approuver le cyber-terrorisme par le hacking, le piratage de données et l’infiltration destructrice par virus dans les sites web et messageries « exploités à des fins immoraux !?».3
Le gouvernement du Roi Abdullah interdit les pièces de théâtre et les concerts de musique dans tout le pays, au nom de l’Islam. L’Arabie Saoudite ne dispose d’aucun théâtre publique accessible de quelque genre que ce soit. Quoique généralement autorisées dans tous les autres pays musulmans, le gouvernement saoudien interdit strictement la reproduction ou la représentation de la forme tridimensionnelle de l’homme et des animaux. Et puisque le gouvernement interdit l’enseignement et les enregistrements de musique, les musiciens saoudiens sont forcés d’aller enregistrer à l’étranger, pour la plupart en Égypte. Cheikh Saleh Al-Luhaidan, ancien président du Conseil suprême de la Magistrature et actuel membre du Conseil officiel des ecclésiastiques, a émis une fatwa en septembre 2008 exigeant la mise à mort des propriétaires de stations satellites destinées au divertissement et traitant ceux ci de « corrompus » – un terme généralement utilisé dans les déclarations officielles faisant état d’exécutions capitales.
Les stations de télévision et de radio privées n’ont pas le droit d’émettre au Royaume, et les journaux sont autorisés par décret royal seul. Leurs éditeurs doivent être approuvés et/ou nommés par un Comité de sécurité gouvernemental. La plupart des journaux domestiques sont contrôlés soit directement ou indirectement par la tribu régnante Al-Saoud. Les quotidiens étrangers, lorsqu’ils sont disponibles, sont aussi assujettis à une censure impitoyable. Les journaux en général suivent les pistes élaborées par les agences d’actualités de l’Etat — telle l’Agence de presse saoudienne (Saudi Press Agency, SPA) dans la prise de décision concernant les sujets à traiter et la manière de les traiter.
Manque de liberté religieuse
Il n’y a pas de liberté religieuse en Arabie Saoudite. C’est le principe appliqué à l’ensemble de la citoyenneté non royale, sans égard à leur secte musulmane ou rang social. Les non musulmans n’ont pas le droit de pratiquer leur foi ou même d’en posséder les symboles et objets rituels. De surcroît, le gouvernement pratique une discrimination officielle et une officieuse sur tout musulman qui ne suit pas la version wahhabite d’Islam — notamment sur les chiites de la Province de l’ Est, les Ismaïli Fatimides de Najran, et les Soufis du Hejaz.
En fait, tout individu qui faillit de suivre la religion d’état officielle en Arabie Saoudite doit faire face à un harcèlement musclé, à l’emprisonnement et éventuellement à la torture. Abjurer l’Islam est un acte puni par la mort, sous la loi saoudienne. Ceux qui sont nés dans les religions non approuvées, y compris les Chrétiens (résidents ou de passage), Juifs et musulmans non-wahhabites tels que les Chiites ou autres sectes sunnites sont soumis systématiquement à un traitement sévère par le régime saoudien.
Le gouvernement saoudien interdit aux Chrétiens, Bouddhistes et autres travailleurs expatriés (au total il s’agit de plusieurs millions) de célébrer leurs fêtes religieuses et culturelles, y compris leurs fêtes sociales et nationales. Il s’agit du seul pays dans le monde qui interdise à ses résidents de célébrer le Nouvel An grégorien ou le Saint-Valentin ainsi que les autres fêtes nationales des expatriés.
Le gouvernement saoudien interdit les symboles du christianisme, du Judaïsme et des autres religions. Ceci inclut les Bibles, les crucifix, les croix et autres symboles religieux, même pour l’usage personnel. Le gouvernement interdit la construction d’églises même provisoires. Les non musulmans ne peuvent être enterrés en Arabie saoudite, puisqu’il s’agit de non croyants, et donc des impropres, selon l’établissement religieux saoudien officiel. La loi saoudienne interdit en outre la naturalisation dans la nationalité saoudienne des non musulmans.
Les adorateurs chrétiens sont souvent soumis à des arrestations et même détentions par les forces armées saoudiennes, même s’ils se réunissaient en privé. Certains de ces prisonniers de conscience ont été refoulés voire déportés par les autorités, uniquement pour des pratiques de croyances. Les prisonniers chrétiens, juifs et non musulmans n’ont pas le droit de recevoir un conseil religieux compatible avec leur foi, de surcroît les chrétiens ou membres d’autres religions mourants qui demandent leurs derniers rites sont frustrés dans leur dernière volonté.
En même temps, l’Arabie saoudite profite pleinement des libertés et droits religieux disponibles de par le monde, afin de financer la propagation de ses propres intérêts, dont la construction des centaines de mosquées dans les capitales des autres
pays : Washington DC, Londres, Dublin, Vienne
Des imams sponsorisés par le gouvernement saoudien disposent de la liberté totale pour prêcher dans ces mosquées et disséminer leur doctrine par la voie des écoles financées à l’étranger par l’état saoudien.
L’Arabie Saoudite suit de très près ses ecclésiastiques nationaux. L’accès à la télévision d’Etat, à la radio d’Etat et aux médias officiels est réservé strictement aux ecclésiastiques wahhabites financés par le gouvernement saoudien ou la tribu régnante. Le gouvernement n’emploie pas les ecclésiastiques chiites dans ses institutions religieuses, et ne les autorise non plus à paraître à la télé ou à la radio.
Les cas de blasphème ou d’apostasie
L’Arabie saoudite est le pays qui poursuit et condamne le plus au monde en matière d’apostasie ou d’hérésie. Les personnes ainsi ciblées sont typiquement des musulmans chiites, des sunnites non wahhabites, ou des Saoudiens séculiers et libéraux. Le système judiciaire est véritablement contrôlé par l’établissement religieux wahhabite qui considère les autres confessions comme hérétiques.
Le seuil de sensibilité des tribunaux saoudiens en matière de condamnation est très bas, ceci veut dire des condamnations faciles et rapides, parfois sans évidence. La majorité des cas d’apostasie ont été motivés par des accusations rarement vérifiées venant de la police religieuse ou de fanatiques wahhabites.
Cette année, Hamza Khashgari, âgé de 23 ans, a été arrêté et refoulé par le gouvernement malaysien alors qu’il fuyait l’Arabie saoudite craignant pour sa vie. Khashgari avait tweeté un dialogue avec le Prophète Mohamad, ce qui avait été qualifié par les autorités religieuses étatiques de blasphème. L’intéressé demeure derrière les barreaux et risque la peine de mort.
D’autres victimes de tels procès incluent : le musulman chiite Sadeq Mallallah exécuté en 1992, Mohsen Al-Turki qui a été incarcéré et fouetté en 2007, Hadi Al-Mutif qui doit attendre depuis 1993 la mort, Ali Al-Misaad détenu huit mois durant en prison, Mohamad Al-Wail qui a dû passer encore dix-huit mois en prison après que le Roi Fahd ait annulé sa peine de mort… Récemment deux Chiites turcs alavites qui attendaient leur exécution ont été remis en liberté car le président turc Abdullah Gul et le premier ministre Rajab Taib Erdogan sont intervenus directement auprès le Roi Abdullah en leur faveur.
Les Fatimides ismaïlis
Les Chiites fatimides (lignée des Ismaïlis) de la Province Najran sont une ancienne communauté indigène d’environ 1 million de membres, soit environ 8% de la population nationale, ayant une histoire datant de plus de 13 siècles. Cette communauté est ciblée incessamment et brutalement pour des mauvais traitements par le gouvernement monarchique du pays. Plus de 3 000 membres de la communauté ont été « transplantés » de force dans d’autres régions du pays. Pire, en septembre 2008 l’organisation Human Rights Watch a établi un rapport faisant état des menaces par le gouvernement monarchique à la survie de cette communauté. Le prisonnier religieux le plus célèbre du pays est un musulman fatimide ismaïli nommé Hadi Saeed Al-Mutif qui avait été arrêté en novembre 1993, incarcéré dans des conditions atroces dans la prison Al-Mabahith et depuis attend d’être mis à mort à tout instant.
Al-Mutif avait été arrête à l’âge de dix-huit ans à la suite d’un commentaire qu’il a fait lors de la prière. Etant membre d’une minorité religieuse souvent persécutée par l’Etat saoudien, il fut tout de suite condamné à mort — sans avoir pu se défendre ou se faire défendre.4 Il était incarcéré en cellule solitaire, avec pratiquement aucun droit de visite. Il est tombé malade, mais n’avait pas le droit d’être soigné. Il a fait la grève de la faim, et a dû être hospitalisé à plusieurs reprises. Progressivement, son cas a attiré l’attention des organisations des droits de l’homme internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ainsi bien que la Commission des droits de l’homme des États-Unis, et la Commission pour la liberté religieuse internationale (USCIRF, États-Unis). Notre Institut pour les affaires du Golfe, qui a découvert son cas en 2006 et l’a exposé à travers le monde, a nommé son Bureau des droits de l’homme d’après Al-Mutif. Cependant, l’intéressé reste en prison à ce jour et fait face à la mort par décapitation. En avril 2010, Y USCIRF a émis un appel urgent pour sa remise en liberté sans condition, et a critiqué le gouvernement saoudien pour avoir manqué à sa propre promesse de libérer Hadi. Ce qui a rendu pire l’affaire, c’est que Ford Fraker, ancien ambassadeur américain à Ryad a empêché une délégation d’ USCIRF de se rendre à Najran, un lieu fort des Fatimides ismaïlis, pour ne pas embarrasser le gouvernement saoudien pour son atroce oppression des Ismaïli. Si la visite avait eu lieu, Hadi pourrait possiblement être libre aujourd’hui.
Le gouvernement construit la majorité des mosquées du pays, mais même les mosquées construites dans le privé doivent être soumises à ses contrôles. Il y a plus de 50 000 mosquées dans le pays, toutes doivent être conformes aux exigences sécuritaires et administratives du gouvernement. C’est pourtant impossible pour les Chiites et les musulmans sunnites non-wahhabites de construire leurs propres mosquées,sauf par dérogation exceptionnelle et très rare. Il y a aussi eu des refus par les autorités saoudiennes de délivrer des permis de construire pour des mosquées, et des coupures d’eau et d’électricité là où une mosquée n’a pas recueilli l’approbation des autorités. Pour ces raisons, il y a très peu de mosquées chiites officielles, d’ailleurs le premier permis de construire pour une mosquée chiite en Arabie Saoudite date de l’année 2001, avant quoi les mosquées étaient construites sans autorisation et les rites célébrés même dans des demeures privées, ce qui est encore le cas de nos jours.
Plus tôt cette année, le ministre saoudien de l’intérieur Naif Bin Abdul-Aziz a ordonné la fermeture de toutes les mosquées chiites et fatimides dans les régions de Khober, Dammam, Khafji et d’autres villes. Naif a déclaré que ces mosquées seraient fermées « pour des raisons de sécurité non explicables ».
Musulmans soufis
La communauté musulmane soufie est encore un groupe qui doit subir la discrimination par le gouvernement saoudien qui la décrit souvent comme hérétique. Jusqu’à très récemment, cette communauté devait encore survivre dans la clandestinité. L’état saoudien et ses polices harcèlent souvent les Soufis, endommagent leurs demeures et commerces et détruisent leurs lieux de culte. Il est interdit aux Soufis d’organiser des prières ou d’enseigner leur religion sous quelque forme que ce soit, aussi la presse saoudienne n’est pas autorisée à effectuer des reportages sur les musulmans soufis. Le gouvernement saoudien a administré et surveillé la prise en charge par les ecclésiastiques wahhabites des mosquées dans la région du Hejaz, dont à Makkah et Jeddah, lieux forts traditionnels des Soufis.
Le gouvernement interdit encore à ce jour la publication de la littérature soufie, par conséquent, les intéressés doivent recourir à l’Égypte, à l’Inde et au Liban pour faire imprimer leur matériel religieux. Les Soufis se font discrets pour organiser leurs rassemblements en lieu secret, tel les fermes aux alentours de Makkah et de Médine.
Les arabes chiites
Le gouvernement saoudien a gagné le titre douteux du gouvernement le plus antichiite du monde. Les arabes chiites qui composent plus de 20 % (soit plus de quatre millions) de la population d’Arabie Saoudite connaissent de sévères discriminations, étant considérés comme hérétiques par l’établissement religieux saoudien officiel. Ils sont marginalisés et exclus du pouvoir, n’ayant droit à aucun rôle politique, social ou religieux au niveau national. Ils n’ont pas le droit d’effectuer le service militaire ou de travailler dans les milieux sécuritaires, même comme officier subordonné voire de rang subalterne. Le gouvernement maintient l’interdiction de tous ouvrages chiites, même leur éducation, leur musique et leurs beaux arts. Le témoignage d’un chiite n’est pas admis dans un tribunal saoudien, sauf quand la partie adverse est aussi chiite.
Par conséquent, les Chiites n’ont aucun accès aux postes de cadres des administrations en Arabie Saoudite, selon les consignes de la Division Experte, un bureau du Conseil des ministres chargé de nommer et confirmer les fonctionnaires cadres du gouvernement. Il n’y a aucun ministre chiite, aucun ambassadeur chiite, aucun diplomate chiite, aucun pilote chiite dans l’aviation nationale, aucun juge chiite, aucun maire chiite, aucun imam chiite officiel, aucun conseiller chiite à la Cour royale, aucun président, directeur ou fonctionnaire chiite dans le secteur public de ce royaume au xxie siècle,
Ouvrages scolaires saoudiens
Le système éducatif saoudien établit un fondement idéologique de haine et consitue de formation de base pour d’éventuelles violences extrémistes. Les ouvrages actuellement utilisés dans les écoles saoudiennes du Royaume comme à l’extérieur, prêchent la haine extrême envers les Chrétiens, les Juifs, les autres religions, ainsi que la plupart des musulmans puisque ceux-ci ne pratiquent pas l’Islam officiellement reconnu en Arabie Saoudite.
Une enquête en 2006 menée parallèlement par l’Institut pour les affaires du Golfe et le Centre de liberté religieuse de la Freedom House, a trouvé que le message basique et constant des dits ouvrages est que ceux qui ne suivent pas ,au mot et à la lettre, l’Islam enseigné par les ecclésiastiques salafistes/wahhabites ne peuvent être respectés.
Les académies saoudiennes à Paris, Washington DC, Berlin, Bonn, Rome, Madrid et Ankara entre autres utilisent les mêmes ouvrages scolaires pour enseigner aux élèves saoudiens et locaux la haine des « autres », donc contrairement aux valeurs et à la morale progressistes que les pays « développés » utilisent pour l’éducation des enfants. Les enseignements saoudiens se trouvent même en conflit avec les codes civil et pénal occidentaux en matière de xénophobie, racisme et intolérance violente. En fait, les ouvrages scolaires saoudiens enseignent que les « bons » musulmans sont d’office en guerre permanente contre les Chrétiens et les Juifs jusqu’au Jour du jugement dernier … le terrorisme est donc formalisé et reconnu sans appel.
Un exemple de la haine mobilisée actuellement dans les ouvrages scolaires saoudiens contre les Juifs et leur foi, est que ces ouvrages enseignent les anciens Protocoles des dirigeants de Zion comme relevant de faits historiques documentés permettant l’esclavage des non-croyants. En même temps, ces ouvrages destinés aux enfants encouragent l’anéantissement des Juifs, par exemple dans l’infâme récit de l’arbre parlant :
Raconté par Abu Hurayrah : – Le Prophète a dit « L’heure [du jugement] ne viendra que si les Musulmans combattent et tuent les Juifs. [Elle ne viendra que] si les Juifs se cachent derrière les rochers et les arbres. [Elle ne viendra que] si les rochers ou arbres proclament : « Ô Musulman ! Ô serviteur de Dieu ! Il y a un juif derrière moi. Viens et tues-le ! » A l’exception du gharqad, qui est un arbre juif. » (9e Classe, ouvrage scolaire saoudien sur les Hadisth)
Un ouvrage scolaire de la classe 10e sur le monothéisme (Tawhid) contient une longue décision condamnant comme « répréhensibles et polythéistes » les traditions islamiques qui interprètent le Qu’ran différemment des Wahhabites : cette condamnation s’étend aussi à tous les autres sunnites, aux chiites et aussi aux soufis — ce qui veut dire la majorité des musulmans en Arabie Saoudite mais aussi dans le reste du monde ! Les adeptes de la doctrine Asharite (des musulmans sunnites qui se trouvent dans tous les pays du monde) et de la doctrine Maturidite (musulmans sunnites pour la plupart en Inde et au Pakistan), au total plusieurs centaines de millions de musulmans sunnites de par le monde, sont traités de « polythéistes » et d’adorateurs d’idoles, par les ouvrages scolaires saoudiens. Bref, le système éducatif saoudien traite la majorité des musulmans dans le monde ainsi que les adeptes des autres religions, comme indignes de respect et de droits basiques.
Oppression religieuse : champ de prédilection pour la culture du terrorisme
La politique d’intolérance religieuse systématiquement exploitée par le gouvernement saoudien a contribué à la montée de l’extrémisme et à la prolifération des groupes dissidents dits terroristes dans le monde, dont Al-Qaeda et d’autres. Les Saoudiens sont parmi les plus grands financiers des groupes terroristes internationaux, dont par ailleurs les rangs regorgent de citoyens saoudiens : c’est le groupe qui a contribué le plus aux attentats suicide dans le monde, ces attentats ayant lieu dès l’obtention du soutien direct ou de l’ approbation tacite des autorités saoudiennes.
Les fonctionnaires religieux officiels saoudiens délivrent de routine des fatwas motivant violence et haine envers les musulmans « non orthodoxes hérétiques » et les autres religions. En juillet 2007, il était de connaissance publique que les Saoudiens contribuaient la majorité des combattants étrangers en Iraq et y perpètraient la plupart des attentats les plus effroyables. Le gouvernement saoudien n’a pris aucune mesure pour empêcher le flux de combattants saoudiens vers l’Iraq.
Voici quelques exemples de l’implication du gouvernement saoudien dans les réseaux terroristes de par le monde :
- des ecclésiastiques cadres officiels du gouvernement nommés par le Roi Abdullah, tel le Cheikh Aleh Al-Luhaidan, président du Conseil suprême de la magistrature d’Arabie Saoudite jusqu’à une date récente, a conforté le transfert de combattants et de fonds saoudiens destinés au leader d’Al-Qaeda Abu Musab Al-Zarqawi
- en avril 2005, l’Institut pour les affaires du Golfe (appelé jusque là l’Institut Saoudien) a fourni à l’agence NBC l’enregistrement d’Al-Luhaidan instruisant les saoudiens d’envoyer de l’argent et des hommes en Iraq pour aider Zarqawi à combattre « notre ennemi » ; NBC a confirmé l’authenticité de l’enregistrement en s’entretenant par téléphone avec l’ecclésiastique lui-même ; quoique Al-Luhaidan ait conservé son poste jusqu’en 2009, et fut nommé par le Roi à une position cadre dans le clergé national officiel
- pendant une conférence de presse tenue le 17 mai 2010, Qasim Atta, le porte-parole du Commandement de Baghdad a annoncé l’arrestation de Abdullah Azzam Al-Qahtani connu aussi comme « Sinan le Saoudien » ; Al-Qahtani est ancien officier militaire saoudien qui est devenu l’adjoint du chef de sécurité d’Al-Qaeda en Iraq et y a commandité plusieurs attentats mortels ; Mansour Al-Turki, porte-parole du ministère saoudien de l’intérieur a rapporté au journal Al-Watan (La Patrie) le 18 mai 2010 qu’un citoyen saoudien du même nom avait quitté le pays en 2004 et n’était plus rentré
- le 17 juillet 2007, Ned Parker journaliste au Times de Los Angeles a cité un commandant militaire américain haut-gradé ainsi que plusieurs parlementaires d’Iraq que le plus grand nombre de combattants étrangers et commandos suicides provenaient de l’Arabie Saoudite ; selon le dit journal, 50 % des combattants étrangers en Iraq sont des citoyens d’Arabie Saoudite qui se sont rendus dans le pays déchiré par la guerre, ce expressément pour commettre des attentats suicides ; le Times a aussi cité un officier militaire américain haut-gradé qui avait prétendu que « presque la moitié des 135 étrangers dans les établissements de détention américains en Iraq sont des saoudiens. »
De surcroît, une étude test du Sinjar qui regroupe des dossiers et données sur 595 combattants étrangers capturés en Iraq, révèle que 250 d’entre eux soit 42 % étaient des saoudiens. Plus important, ce nombre est le double de la deuxième nationalité sur la liste, la Libye.
Cette trouvaille a été confirmée par Mowaffaq Al-Rubaie, Conseiller national irakien pour la sécurité, qui a affirmé que les saoudiens composent la moitié des commandos suicides en Irak. Aussi cette estimation est-elle consistante avec celle d’un conseiller militaire américain en Irak, interdit de déclaration publique mais qui a informé Parker que « L’Arabie Saoudite est le moteur de tout le Jihad ». Ceci a été reconnu par le Prince Naif, ministre saoudien de l’intérieur qui, en s’adressant à un meeting avec des imâms et d’autres prédicateurs a affirmé que « Les saoudiens qui se rendent en Irak servent aux attentats suicides ».
La raison principale pour le nombre élevé de saoudiens en Irak est dans la politique saoudienne officielle d’y maintenir l’instabilité.La politique étrangère saoudienne influe directement sur la participation des citoyens saoudiens dans les mouvements de dissidence, de résistance et de violence de par le monde.
La corruption officielle
L’Arabie Saoudite est l’un des pays les plus corrompus dans le monde, étant classé 80e sur 180 pays dans le Rapport 2009 de l’agence Transparency International. La corruption pénètre tous les niveaux et institutions du gouvernement. D’après un article de la revue Forbes publiée le 20 octobre 2007, le Roi Abdullah est le chef d’Etat le plus riche du monde, possédant plus de 22 milliards de dollars en avoirs. Cela vaut la peine de noter que le gouvernement saoudien a interdit l’édition en question qui détaillait les avoirs du Roi et d’autres chefs arabes.5 Le 22 février 2007, United Press International a cité plusieurs économistes et avocats saoudiens qui avaient trouvé que la corruption et le gaspillage avaient coûté plus de 800 milliards de dollars au Royaume.
Les frères, neveux et nièces du Roi possèdent des fortunes évaluées à des dizaines de milliards de dollars, malgré le fait que la loi saoudienne interdit aux fonctionnaires de gérer ou de posséder des entreprises privées. La famille Al-Saoud domine l’économie nationale et contrôle des corporations majeures dans les finances, le commerce et les médias dans le pays et au-delà.
Les membres de la famille régnante ont été impliqués dans le siphonage des dizaines de milliards de dollars de revenus pétroliers par an, dans le monopole illégal de contrats publics, dans l’expropriation abusive de propriétaires privés, et dans le contrôle direct des compagnies internationales par agents intermédiaires dans le pays. Par exemple, lorsqu’une compagnie internationale souhaite faire des affaires en Arabie Saoudite, la loi requiert la présence d’ un agent local mandaté à cet effet et qui contrôle 51 % de la compagnie. Mais c’est la famille régnante qui contrôle ce secteur d’activité, et donc encaisse de gigantesques sommes d’argent associées à de multiples avantages. Encore, les propriétés privées des citoyens ainsi que les propriétés censées être publiques ont été expropriées comme de routine par les membres de la famille Al-Saoud. Une estimation récente trouve que plus de 20 % des terres d’Arabie saoudite ont été expropriés de force par les Al-Saoud, dans les mains de citoyens saoudiens ou d’agences publiques saoudiennes.
Les membres cadres de la tribu régnante ont aussi perçu des milliards de dollars en dessous-de-table grâce aux contrats publics signés avec des compagnies internationales. Il est aussi bien établi que le Prince Bandar bin Sultan, président du Conseil de sécurité nationale et fils du ministre de la défense et Prince héritier, a perçu environs deux milliards de dollars de British Aerospace and Engineering Systems (BAE) à l’occasion de l’Accord Yamamah d’une valeur de 60 milliards de dollars, signé en 1985. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a interrompu l’enquête de corruption visant Bandar, lorsque ce dernier a menacé de ne plus partager les renseignements secrets saoudiens sur le terrorisme ciblant le Royaume Uni et ses alliés.
Les membres de la famille régnante possèdent de nombreux palais et demeures de luxe dans le monde. Le dit Prince Bandar bin Sultan possède des palais à Dallas (Texas), Aspen (Colorado), Washington (DC), Surrey (Angleterre), au Maroc et à Jeddah et Ryad. Les membres de la famille régnante saoudienne possèdent plus de 2 500 palais et maisons de campagne dont la plupart à Ryad et à Jeddah. Beaucoup se trouvent en Europe, aux États-Unis, au Maroc.
Le public saoudien ainsi que d’autres ont accueilli chaleureusement l’établissement d’une commission nationale anti-corruption en vue d’élaborer une stratégie nationale contre la corruption et annoncé le 18 février 2007 par le Conseil des ministres. Cependant, cette commission a prouvé son incompétence après les inondations en novembre 2009 à Jeddah lors desquelles plus de six cents citoyens ont péri. Ces inondations, reprises en 2010 ont placé les fonctionnaires saoudiens dans l’attention mondiale, surtout parce que les désastres ont révélé le manque d’infrastructures basiques du pays, telles le traitement des eaux usées, le drainage des dégâts des eaux, les ponts, tunnels et routes. Le 10 mai 2010 un journaliste ddAl-Jazeera sur le Web à Jeddah a cité Osama Fagih, chef du bureau des inspections générales saoudien, qui avait annoncé que 400 projets d’une valeur globale de six milliards de Rials saoudiens (1,6 milliards de dollars) n’avaient jamais été mis en chantier, et il avait promis d’en « fournir rapidement les détails ». La clé du mystère est que le dit Bureau des inspections générales est une agence gouvernementale qui se réfère uniquement au Roi qui en nomme le directeur.
La corruption financière et administrative présente des défis majeurs pour les réformes politiques et économiques. Le 28 mai 2010, le quotidien Asharq Alawsat a rapporté que le stade de foot King Abdallah à Jeddah allait coûter 37 milliards de Rials (10 milliards de dollars) pour le budget national, faisant de ce stade le plus coûteux dans l’histoire de l’humanité.
Le problème de la pauvreté
La pauvreté au royaume d’Arabie Saoudite est galopante et source de profonds soucis pour la majorité de la population. Le problème prend racine dans les conditions de vie qui se détériorent, les taux de chômage croissants et la négligence expresse de la classe régnante saoudienne en ce qui concerne la plupart des problèmes fondamentaux pour la vie de la population, compromettant gravement le bien-être des citoyens.
Plusieurs études ont révélé des statistiques dérangeantes sur l’augmentation de la pauvreté dans le pays et placé le nombre de citoyens en-dessous du seuil de pauvreté à cinq millions soit plus d’un quart des saoudiens — ce qui correspond aux populations combinées des autres pays membres du Conseil de coopération du Golfe.
La pauvreté a même été discutée au Conseil Shura saoudien à la fin de l’année 2007, où plusieurs membres ont affirmé que le nombre de familles percevant des avantages sociaux avait atteint 700 000. Les membres en ont conclu que le total des pauvres peut atteindre plus de 3,8 millions de personnes. Ceci a aussi été la conclusion des experts et économistes au colloque organisé par le journal Al-Watan pour examiner le problème de la pauvreté au royaume en mai 2009.
Malgré ses revenus pétroliers astronomiques et son vaste territoire, l’Arabie Saoudite affiche le plus bas nombre de propriétaires de logements parmi les Etats du Conseil de coopération, et l’un des plus bas dans le monde. Au moins 78 % des saoudiens ne possèdent pas de maison, alors que 91 % aux Émirats arabes unis en possèdent, et 86 % des Koweitis sont propriétaires !6
Le docteur Abdullah Al-Maghlouth, membre du Comité de la propriété foncière à la Chambre de commerce de Ryad, a affirmé le 16 avril 2010 que le pourcentage de Saoudiens qui sont propriétaires de leur logement est le plus bas au monde, même parmi les pays du Tiers Monde. En août 2009 ceci avait aussi été affirmé par le Dr. Mohammed Al-Qahtani, professeur de sciences économiques à l’Institut des études diplomatiques.
La revue International Living a placé l’Arabie Saoudite au 169e sur 190 pays dont le niveau de vie a été vérifié en 2010. La Tunisie était 83e, et l’Irak 170e.
Abus d’enfants
Le gouvernement saoudien tolère l’exploitation sexuelle des enfants, sanctionnée préalablement par le mariage de l’adulte avec l’enfant. Nos chercheurs estiment que plus de 1 100 jeunes filles sont poussées au mariage avec des hommes adultes. Les tribunaux saoudiens approuvent ces mariages, et le 12 janvier 2009 le mufti gouvernemental Cheikh AbdulAziz Al-AlSheikh a émis une fatwa confortant la validité de la pratique qui avait fait l’objet d’attention dans les medias puisque de jeunes filles avaient été épousées par des vieillards. La légitimité de ces mariages est incorporée dans le système éducatif saoudien. Par exemple, en classe 12e l’ouvrage éducatif indique : « Le consentement du couple : les deux parties doivent apporter leur consentement. Si l’une ou l’autre des parties a été forcée, le mariage est nul et non avenu, conformément à toutes les études contractuelles. L’exception concerne la partie qui a une infirmité psychologique, ou serait un jeune garçon ou une fillette : le père ou gardien mâle peut autoriser le mariage sans leur consentement qui de toutes manières ne serait pas valable. »
Les mariages doivent aussi être approuvés par le ministère saoudien de la santé, qui effectue des tests hospitaliers sur les couples, par rapport à la compatibilité génétique et délivre un certificat officiel d’éligibilité.
Le tribunal de la province Qaseem a maintenu la validité du mariage d’une fillette de 8 ans, Sharooq Ahmad Al-Manea, au fiancé âgé de 55 ans Mohamed Al-Ghashaam, en réponse à une plainte déposée par la mère. Le juge Cheikh Habib Abdallah al-Habib a rejeté la plainte de la mère, l’avocat ayant plaidé que le père a dû consentir au mariage car il devait rembourser une dette envers « un vieil ami ». Le juge a toutefois demandé que le mari de la fillette signe une promesse de s’abstenir des relations sexuelles en attendant la puberté de l’enfant.7 Il y a aussi des cas de fillettes âgées de cinq ou six ans qui sont mariées par-devant les instances judiciaires. Bien sûr, le risque à la santé psychologique, émotive et physique est manifeste.
En plus des mariages d’enfants, des centaines de fillettes sont soumises à la mutilation génitale qui est encore légale dans le royaume et même encouragée par l’établissement religieux officiel à travers des fatwas et sermons, bien que la plupart des Saoudiens et expatriés s’abstiennent de cette pratique.
Deux enfants ont été abattus par les forces de sécurité saoudiennes à Qatif (région chiite) pendant des manifestations paisibles pour les libertés politiques. Abdullah Lajami, 17 ans a été abattu en juillet 2012, et Husain AlQalaaf, 17, a été abattu le 3 août, par les « Forces spéciales saoudiennes ».
Des enfants africains et asiatiques âgés de six ans sont exploités en tant que jockeys dans les courses de chameaux organisées par la famille régnante, dont le Roi Abdullah en personne. Ces enfants sont recherchés pour leur poids léger, mais n’ont pas droit à l’équipement de protection et sont assez souvent gravement blessés ou meurent.
Un enfant africain âgé de neuf ans a été abattu à la Ville de Tabuk le 01 janvier 2007 en tombant d’un chameau lors de l’entraînement avant la course organisée par le Prince Fahad bin Sultan, gouverneur de la province.8 La fête culturelle annuelle Janadriya célébrée sous le patronage du Roi Abdullah exploite formellement les courses de chameaux auxquelles sont invitées les ambassades et légations occidentales.
Conclusion
Notre Revue ci-dessus de l’état du Royaume d’Arabie Saoudite depuis les sept dernières années du règne d’Abdullah révèle des développements dramatiques, la plupart négatifs, en matière de droits humains de base et des libertés sur les fronts politique, social, culturel et des médias.
Les problèmes que traverse le Royaume, où le niveau de vie se détériore sans cesse, les droits religieux et culturels des citoyens sont bafoués sans scrupules et le déclin des libertés de la presse et des droits politiques se poursuit , indiquent que l’Arabie Saoudite est au bord d’une chute calamiteuse imminente. Cette situation influe directement sur la stabilité politique et sociale interne et menace l’unité du pays.
Notes
- Saudi Information Agency, « Saudi Reformers Still Banned from Travel, Work » http://www.arabiaradio. org/english/article.cfm?qid=191&sid=2
- http://news.bbc.co.uk/2/hi/middle_east/6720091.stm
- Al-Dawa Magazine issue 1741, 11 mai 2000
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