Par Hall Gardner, Professeur et Directeur des Etudes Internationales, Département des Affaires Internationales, Université Américaine de Paris.
L’éclatement du monde bipolaire a fait surgir des nouveaux pouvoirs régionaux et des mouvements politiques alors inconnus, qui commencent à exercer des formes nouvelles et diverses de stratégie en se démultipliant pour affirmer leurs intérêts essentiellement régionaux et géopolitiques à l’encontre des frontières généralement établies par les Etats-Unis ou l’Union soviétique pendant la Guerre froide bipolaire. L’effondrement soviétique, suivie de l’unification accidentelle de l’Allemagne, a abouti à un nouveau système poly-centré mondial dans lequel les Etats entre eux possèdent des capacités de puissance fortement inégales. Ainsi, des nouvelles fissures eurasiennes de probabilité de conflits ont vu le jour, entre des états potentiellement contradictoires ainsi que des entités politiques et géo-ethniques historiquement conflictuelles qui s’étendent des états baltes et de la Finlande en ex-Yougoslavie et au Caucase pour s’étendre jusqu’en Asie Centrale et aboutir en Afghanistan. Ce nouvel axe géopolitique aux intérêts divergents (qui ne correspond pas à proprement dit à la conception de Samuel Huntington de « fault Line » potentiellement dangereuse de civilisations conflictuelles) s’est en conséquence étendu en Turquie et sur les traces des anciennes influences ottomane au Caucase et en Asie Centrale, et se lient de plus en plus avec le Moyen-Orient/Golfe persique et par ce biais avec le littoral asiatique.
Tandis que Moscou a perdu son statut de superpuissance tridimensionnelle (positions géostratégiques globales, terre, air, mer) passant à celui d’un Etat essentiellement sans littoral semi-périphérique, la Chine elle, a commencé à se positionner comme une puissance indépendante qui politiquement, économiquement et militairement se trouve être en pleine ascension, en conséquence, Pékin cherche maintenant à se déplacer du statut de puissance continentale à celui de puissance tridimensionnelle dans un effort d’affirmer son hégémonie régionale en Asie. La monté en puissance de la Chine a, en partie, amené le Japon à étendre ses capacités insulaires, militaires navales et de haute technologie point par point en renforçant son entente avec l’alliance bilatérale contractée avec les Etats-Unis. En même temps, Tokyo reste très circonspect des intentions russes. L’écroulement soviétique, ajouté à l’unification allemande, a refait surgir les demandes japonaises de réintégration des îles Kouriles ainsi que les territoires du nord-ouest annexés par l’Union soviétique à la fin de la deuxième guerre mondiale. En ce qui concerne les rivalités entre la Chine et l’Inde, on ne peut pas laisser échapper le fait que le soutien de la Chine au Pakistan ait fortement influencé la décision du dernier d’opter pour une stratégie nucléaire.
Ironiquement la disparition de l’Union Soviétique comme l’absorption par les Etats-Unis des sphères d’influence et de sécurité britanniques et françaises après la deuxième guerre mondiale, a déclenché de la par celui-ci l’intégration des anciennes sphères soviétiques d’influence et de sécurité, comme un des aspects essentiels de la nouvelle type de stratégie » du double endiguement » post-guerre froide en ce qui concerne l’ Allemagne et la Russie (et l’implication d’une stratégie de démenti vis-à-vis du dernier). Les Etats-Unis ont aussi choisi d’intervenir dans les régions qui furent en grande partie stables pendant la guerre froide en raison de l’accord tacite ou formel américano-soviétique (comme l’ex-Yougoslavie autrefois neutre avant que ce dernier ne soit déchiré par des factions séparatistes s’engageant dans « la purification ethnique »). Washington s’est en conséquence trouvé militairement engagé dans de nouvelles régions mais aussi dans un risque « d’overstretch impérial » pour emprunter l’statement de Paul Kennedy, et ceci sans établir, au préalable, les ententes diplomatiques mutuelles et nécessaires avec la Russie, l’Europe, la Chine et le Japon, aussi bien qu’avec les nouveaux pouvoirs naissants comme l’Inde, qui est un élément essentiel à la construction d’un nouvel équilibre mondial.
Avec l’écroulement de l’ancien ordre bipolaire mondial, les pouvoirs principaux et mineurs, avec des capacités fortement inégales en matière de politique, économique et militaire, sont engagés dans un nouveau, encore risqué, processus de rééquilibrage, impliquant des stratégies de nouvelles formations d’alliance et de nouvelles menaces d’encerclement et de contre-encerclement. Une nouvelle polarisation potentielle du monde dans deux alliances rivales semble être en cour d’établissement, si une stratégie alternative pour la paix mondiale ne peut pas bientôt être mise en oeuvre.
De même que les Etats-Unis et l’OTAN ont opté pour s’étendre en Europe centrale par le biais d’un nouvel agrandissement de leurs sphères d’influence, qui s’étendra probablement jusqu’aux Etats de la mer Baltique, ils ont simultanément décidé de renforcer leur alliance bilatérale avec le Japon comme un des moyens de résistance à n’importe quelle menace potentielle russe d’une Russie instable ainsi que pour être prêts à contrecarrer une alliance éventuelle de celle-ci avec la Chine et ses nouvelles capacités dans les différents domaines, navals, nucléaires et militaro-technologiques. Moscou a de même eu tendance à considérer les liaisons américaines ainsi que celles de L’OTAN avec la Turquie comme une menace hypothétique de sa zone molle turco-islamique. Les Etats-Unis ont aussi recherché un « double endiguement » de l’Iran et de l’Irak, tout en essayant de contenir l’Afghanistan, le Pakistan et, indirectement par voie de conséquence, la Russie.
Enfin, à Moscou on a cherché à consolider l’alliance bilatérale avec la Biélorussie et à placer, jusqu’à présent sans succès, l’Ukraine sous pression. Moscou a aussi cherché à renforcer ses relations avec une Chine en plein développement ainsi qu’avec l’Inde et le Pakistan qui entre-temps ont obtenu le statut de puissance nucléaire. Cependant, une telle alliance entre la Russie, la Biélorussie, la Chine et l’Inde ainsi que potentiellement avec l’Ukraine, apparaît problématique en raison de la continuation des mésententes historiques entre l’Ukraine et la Biélorussie, l’Ukraine et la Russie, la Chine et la Russie, la Chine et l’Inde. Un tel regroupement d’alliances n’aurait pas en réalité la nécessité de coordonner une stratégie unitaire pour se situer dans l’alternative, d’être en position de contrecarrer les moyens militaires américains et européens. Ce serait en particulier vrai si la Russie, la Chine et l’Inde ou bien séparément, ou bien combiné, continuent à soutenir les prétendus « Etats voyous » ou « Etats dévoyés » comme la Corée du Nord, l’Irak, l’Iran et la Libye qui dirigent leur politique dans le sens contraire des intérêts politiques de la stratégie américaine. L’effondrement de la dialectique bipolaire et géostratégique a formaté ce que l’on peut appeler : « les guéguerres » ou guerres régionales d’usure entre les nouveaux pouvoirs multipolaires avec des Etats moindres et surtout avec des mouvements politiques de type terroriste.
Pendant la guerre froide, ces conflits régionaux furent maîtrisés ou supprimés par les deux « superpuissances » mais depuis les années 1989-91, ces conflits ont retrouvé un nouvel essor et se répandent de façon illimitée, rompant ainsi avec les anciennes données géostratégiques de la réalité bipolaire en voie de passage vers une autre réalité pour le moment indéterminée. Ainsi le danger serait que le double rapport traditionnel de traction-poussée d’interaction des principales puissances avec les puissances secondaires dans ces conflits régionaux puisse en fin de compte, entremettre et ceci de manière répétitive, les pouvoirs principaux avec des stratégies et des alliances qui aboutiraient sur le long terme à des supports et formations d’alliances antagonistes à leur vision du monde fondatrice, et de ce fait, entraîneraient la perte de leurs intérêts fondamentaux, et ceci dans le cas ou ces déchirements régionaux ne pourraient pas en fin de compte se résoudre par diplomatie irénique.
En effet, la période post-guerre froide est devenue plus dangereuse que le temps de la guerre froide. À cette différence que pendant la guerre froide dans laquelle l’Union soviétique tenait le rôle de puissance tridimensionnelle, la nouvelle Russie est maintenant devenue une puissance essentiellement sans littoral qui jalousement (férocement en ce qui concerne la Tchétchénie) recherche à sauvegarder son intégrité territoriale. De plus, comme la nouvelle Russie post-soviétique ne fut pas décisivement défaite pendant la guerre froide, la possibilité de surgissement d’une Russie fortement instable et extrêmement revancharde n’est pas à exclure. Le risque consiste ici en ce que, en termes historique et stratégique, exposant le fait que ce qui n’a point été indéfectiblement vaincu dans une guerre de relation de force peut, à tout moment, être capable d’un resurgissement non maîtrisé, ce risque est d’autant plus fort en supposant que la Russie ne peut pas être positivement réintégrée ni dans un nouveau système international, ni à court et moyen terme, dans une nouvelle communauté euro-atlantique.
D’autre part, il est possible que ces guerres d’usure puissent aider à la concertation entre puissances principales (c’est-à-dire les Etats-Unis, l’Union européenne et la Russie et probablement la Chine dans l’avenir) pour rechercher une solution à la résolution de ces conflits, ou essayer au moins de limiter les conséquences de ces luttes une fois qu’ils commencent à toucher plus directement leurs intérêts nationaux. Mais cette possibilité dernière, d’un rapport conciliatoire entre puissances concertées, intègre le fait que ces puissances trouvent assez d’intérêts significatifs en communs ainsi que des menaces partagées mettant en danger leurs intérêts vitaux pour agir en concert et s’engager dans une stratégie commune pour la paix mondiale suivant ainsi l’exemple du début du 18ème siècle ou celui encore plus réminiscent du milieu du 19ème siècle, lors de l’après guerre de Crimée : « le concert de l’Europe ».
L’après-guerre froide.
Le fait que la stratégie des Etats-Unis fut construite en grande partie pour provoquer un retrait soviétique de l’Europe de l’Est, Washington ne s’attendait pas et certainement n’a pas souhaité l’effondrement brutal de l’Union soviétique en quinze républiques séparées, dans lesquelles au moins quatre au commencement possédaient des capacités nucléaires significatives (la Russie, l’Ukraine, le Kazakhstan et la Biélorussie). Ainsi anticiper le scénario cauchemardesque d’une diffusion d’armes nucléaires tactiques et ce qui est pour Washington le plus terrifiant, la diffusion du savoir-faire technique nucléaire aux « Etats voyous » ne suffisait pas, il vient se rajouter à cela le fait que le territoire de la Russie semble voler en éclats sous l’effet des nombreuses discussions régionales et ethno-politiques qui eurent lieu à cette époque.
Dans ce domaine, cependant, Washington et Moscou, au moins au commencement, ont su trouver des intérêts en commun en s’opposant à la diffusion d’armes nucléaires aux anciens Etats soviétiques travaillant en tandem pour détruire les armes nucléaires présentes dans ces Etats ou bien pour les restituer à l’Etat russe. Moscou veut rétablir son hégémonie sur l’ancienne Union soviétique (et empêcher ainsi l’Ukraine de consolider une force de dissuasion nucléaire dans l’entente de l’accord trilatéral américano-russe-ukrainien de 1994) Ironiquement cependant, le fait que l’on permit en Russie de consolider son monopole nucléaire sur la rupture des républiques de l’ancienne Union soviétique, a aidé celle-ci à réaffirmer son hégémonie sur ces mêmes Etats nouvellement indépendants sinon indirectement, et dans les années plus récentes, pour réunifier ou éliminer les tendances centrifuges à l’intérieur de la Fédération de Russie..
Les Etats-Unis ont alors continué à étendre leur propre appareillage de sécurité dans les anciennes sphères d’influence soviétique. Bien qu’ils aient promis à Gorbatchev, qu’ils n’ étendraient « la juridiction » de L’OTAN seulement en l’Allemagne de l’Est, ils ont par la suite pris des mesures pour agrandir l’OTAN en Europe centrale et sont actuellement dans un processus d’étude d’une nouvelle vague d’agrandissement. De plus, Moscou a exprimé des craintes envers Kiev qui semble rechercher une alliance anti-russe avec les membres de l’OTAN et la Pologne à travers une « association stratégique, » en plus de la résistance aux intérêts russes dans la région de la Mer Noire, et ceci en coopération avec la Turquie. Moscou s’est par conséquent opposé à une « alliance Baltique-Mer Noire » et s’est employé à utiliser le pétrole comme une arme de négociation dans un effort de pression sur l’Ukraine, aussi bien que pour influer sur d’autres Etats pour qu’ils suivent une politique pro-russe et ainsi par voie de répercussion faire pression sur Kiev pour l’amener à déclarer publiquement qu’elle n’a aucune intention d’intégrer l’OTAN.
L’élargissement de L’OTAN, combiné avec les pressions russes, ont par voie de conséquences, menacé de briser l’unité de l’Ukraine, qui se retrouve actuellement balancée entre des appels de mise en accusation et les charges de corruption qui pèsent sur son Président Leonid Kuchma, qui est généralement considéré comme un homme de tendance pro-russe par les factions nationalistes. D’autre part, celles-ci ont recherché un rapprochement coopératif avec la Russie et la Communauté des Etats Indépendants, et en appelant à une coopération plus militaro-technologiques sur les missiles balistiques, entre la Russie et l’Ukraine. En même temps, l’incapacité de l’Ukraine à reformer son économie désastreuse a mis en danger des liens de rapprochement avec l’Union européenne et les Etats-Unis. Cependant, pour de nombreux stratèges, l’Ukraine est maintenant considérée comme un état tampon stable entre l’OTAN et la Russie, et ainsi comme une clef de voûte à un nouvel équilibre européen de l’après-guerre froide. Cependant, ils existent de nombreux facteurs intérieurs et internationaux qui semblent travailler contre la formation à long terme d’une Ukraine neutre et indépendante. Néanmoins, si des changements importants pouvaient s’effectuer en Ukraine, ceux-ci la pousseraient probablement plus en direction de Moscou que vers l’OTAN ou l’Union Européenne. En conséquence, c’est le rôle de l’Union Européenne et des Etats-Unis de travailler en concert pour soutenir l’indépendance de Kiev sans essayer de la déstabiliser.
Les Neufs Etats.
Une fois que l’OTAN avait opté de s’agrandir de manière sélective en Europe centrale, ceux qui ne furent pas admis lors du premier tour commencent à réclamer à corps et à cris leur admission lors du second tour (l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Slovénie, la Slovaquie, la Roumanie, la Macédoine et l’Albanie) ont tous fait pression pour entrer dans l’OTAN. Cependant, ces états ont commencé à s’affaiblir sur « l’extérieur-interieur », affaiblissement causé par l’idée que leur pays n’est pas intégrable au sein de l’OTAN et ceci à cause: « d’une incapacité structurelle d’intégration ».
Bien que les rapports conflictuels aient été atténués jusqu’à présent par le Partenariat pour la Paix (PpP), il n’est pas du tout évident que l’OTAN (ou l’Union Européenne) sera capable d’empêcher les tensions entre ces pays débouchant sur une production à la chaîne de nouveaux conflits. Les rapports nerveux entre la Hongrie et la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie, la Pologne et la Biélorussie, la Roumanie d’Ukraine (basées sur des disputes historiques territoriales, commerciales, d’immigration et des discussions ethniques, ou des revendications irrédentistes) apparaissent latents et pourraient, dans un proche avenir surgir au premier rang des préoccupations malgré des efforts apparemment sincères de la direction prise par les négociations actuelles pour mutuellement reconnaître les frontières de chacun, et améliorer des rapports de tensions. En prenant en considération les rapports de tensions internes, les Etats baltiques craignent que s’ils ne soient pas bientôt acceptés dans l’OTAN, ils seront alors laissés pour compte, et par voie de conséquence refoulés dans le camp russe. Ainsi par exemple, la Roumanie craint d’être forcée de re-nationaliser son potentiel de défense contre les membres de l’OTAN, la Hongrie et l’Ukraine. De leurs côtés, la Macédoine et l’Albanie craignent la possibilité d’instabilité continue et la guerre civile après les guerres en Bosnie et au Kosovo.
Kaliningrad.
J’ai déjà discuté dans mon précédent article, publié dans la premiere revue « Géostratégique », de possibles crises pouvant, soudainement éclater en Europe et pas non plus inopinément que l’on pourrait le penser. La plus saillante de toutes est celle de Kaliningrad qui se profile actuellement, pareille à celle de Berlin en 1948, mais en ordre inversé. La Russie a jusqu’à présent accepté tant bien que mal, l’agrandissement de L’OTAN en Europe Centrale, ainsi que la guerre de l’OTAN au Kosovo, mais elle a, à de nombreuses reprises, averti les Etats du bloc occidental que la pleine intégration des états baltiques dans les commandes de l’OTAN représenterait un casus belli particulier pour la perspective russe.
Le fait majeur est que, l’adhésion à l’OTAN combinée à celle de l’Union Européenne placerait les Etats baltiques dans le possibilité d’éliminer le droit de transit russe et ainsi coupant la Russie de son accès déjà limité à la mer ainsi qu’à la haute technologie du monde occidental. (La Lettonie et les autres états Baltiques sont toujours pour la plus grande partie à la charge du commerce et du pétrole russe). De plus, les activités de L’OTAN sont apparues menaçantes et ceci même avant l’élargissement. Le chef de la zone de défense aérienne de Kaliningrad, le Général Principal Fédor Krisanov, avait déclaré en septembre 1999 que son service de défense fut très inquiet des activités de l’OTAN aux abords de la frontière russe juxtaposant Kaliningrad, déclarant qu’il y a eu plus de 560 vols de combat et des vols de reconnaissance par des avions étrangers incluant des Polonais, Allemands, Danois, Suédois et Britanniques qui n’hésitent pas à s’approcher dans un périmètre de 2-3 kms de la frontière russe. La Russie a par conséquent menacé de résister à l’élargissement de L’OTAN en renforçant son système balistique et ses capacités de missiles de croisière dans la péninsule Kola, et probablement à Kaliningrad.
Le prétendu déploiement d’armes tactiques nucléaires à Kaliningrad a apparemment été détecté en 1998, mais l’information fut accessible au public une fois seulement que l’administration Bush eu commencé à exercer le pouvoir. Selon des sources russes, une inspection récente, menée par des inspecteurs Polonais semblerait indiquer qu’aucune arme nucléaire n’a été stockée dans cette région. Des porte-parole russes ont écarté toutes les allégations d’un déploiement d’armes tactiques nucléaires dans une stratégie de désinformation conçue pour s’obtenir l’appui du public dans le cadre de l’affaire du système BMD (Ballistic Missile Défense).
En janvier 2001, la présidence suédoise de l’Union Européenne faisait part de sa volonté de concentrer ses efforts diplomatiques sur la région de la mer Baltique et d’engager une diplomatie préventive. Un sommet Russie-Union Européenne aura lieu pendant le printemps 2001. Cependant la question d’un accord diplomatique entre la Russie et l’Union Européenne pour déterminer le statut à long terme de Kaliningrad et de la région des Etats baltes ne sera concrètement réalisable que si l’OTAN établie une collaboration étroite avec les deux parties.
La Turquie, le Caucase et l’Asie Centrale.
Bien que les rapports de tensions entre la Grèce et la Turquie semblent s’être atténués par l’initiative de « la diplomatie du tremblement de terre » ainsi que de la décision de l’Union Européenne d’accepter la demande de candidature de la Turquie dans le cadre de son adhésion à la Communauté Européenne. Cependant la Turquie membre de l’OTAN, a développé de nouveaux intérêts géostratégiques au Caucase et en Asie Centrale, qui peuvent se heurter avec ceux de l’Iran et de la Russie. Dans le cadre de « la guéguerre » continuelle avec l’Irak, elle tient de par son statut de membre de l’OTAN, une position d’avant-garde. Les opérations punitives ont commencé à s’intensifier causant à la fin 1998, l’expulsion de Bagdad des équipes d’inspection et de contrôle d’armement de l’ONU, suivie des bombardements anglo-américains des avant-postes militaires dans les zones d’interdiction aérienne de survol. La Turquie est toujours en guerre depuis 1984 avec les mouvements d’indépendance kurdes qui sont considérés par Ankara comme étant soutenus par la Syrie, l’Irak, l’Iran et probablement Moscou.
Moscou a, pour sa part, prétendu qu’une « conspiration du Caucase » a été formaté entre les différents membres de l’OTAN, la Turquie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie directement à l’encontre de la Russie, de l’Iran et de l’Arménie. En même temps, les Russes prétendent que les Talibans en Afghanistan, qu’ils pensent être renforcés par le Pakistan et l’Arabie Saoudite, ont soutenu la résistance tchétchène. Moscou pense que la Turquie cherche officieusement à rétablir une espèce de « Commonwealth » pro-turque entre l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizstan et le Turkménistan; et de cette base cherchant aussi, à moyen terme d’inclure l’Iran et l’Ukraine. La politique américaine a de même, cherché à patronner-le « GUUAM » à la jonction de la Géorgie, de l’Ukraine, de l’Ouzbékistan, de l’Azerbaïdjan et de la Moldavie. La réaction des Russes fut de faire pression sur ces Etats pour les rétablir dans la ligne de remorquage russe.
La Turquie, cependant, prétend que sa politique est construite pour résister aux mouvements pan-islamiques et le séparatisme Uighur que « les cinq de Shanghai », la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan sont pour le moment incapables de contenir. En août 1999, les cinq de Shanghai se sont promis d’établir ensemble une coopération de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues, la contrebande d’armes, la migration illégale, la séparation nationale et l’extrémisme religieux. La Turquie a aussi fait part de son intention de lutter contre des mouvements pan-islamiques de type Taliban afghan ainsi que contre l’Iran et le Mouvement Islamique d’Ouzbékistan. À cet égard, la Turquie a signé un accord de coopération militaire avec le Kirghizstan et en direction d’ Ouzbek (qui jusqu’à présent refuse les appuis logistiques russes contre le Mouvement Islamique d’Ouzbékistan qui a déjà lancé de nombreuses incursions dans Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Kirghizstan). De plus, la Turquie a aussi signé un accord « anti-terroriste » avec la Russie et a promis à celle-ci qu’Ankara ne fournirait plus aux blessés des factions rebelles tchétchènes un traitement médical.
Lié aux efforts de forger des nouvelles alliances géopolitiques de la part de Moscou et Washington sur de nouvelles propositions d’ itinéraires pétroliers de la mer Caspienne, la Russie s’est opposée aux propositions américaines de renforcer le projet d’oléoduc de la Mer Caspienne allant de Baku à Ceylan en passant par la Turquie et la Géorgie. Récemment la Géorgie, par exemple, a subi des pressions de Moscou pour accepter un statut « de neutralité » (plutôt que d’intégrer l’OTAN). Le Président Edouard Chevardnadzé, qui a promis lors des élections de 1999 que la Géorgie joindrait l’OTAN en 2004, et ainsi, espère toujours faire valoir le rôle de la Géorgie dans l’alliance de partenariat pour la Paix. Cependant dans cette perspective, en bloquant les différentes alternatives au pipeline Baku-Ceyhan, les Etats-Unis ont par mégarde affaibli, dans la région, des Etats comme la Géorgie qui pourrait profiter d’itinéraires alternatifs, et qui autrement seront forcés de se tourner vers la Russie et ceci suite à « l’effet boomerang » de la politique américaine qui peut aussi avoir comme conséquence non-anticipée, le rapprochement politique entre Téhéran et Moscou.
Ceci en plus de la possibilité d’un heurt entre la Turquie qui supporte l’Azerbaïdjan et la Russie alliée de l’Arménie. Ces possibilités restent malheureusement de l’ordre du réel, malgré le cessez le feu de 1994 conséquent à ce que les pourparlers de paix sont restés acculés dans une impasse. (la Turquie et l’Iran avaient essayé de négocier ensemble l’arrêt du conflit). Il est devenu clair que le Caucase fut surestimé comme un intérêt de sécurité « essentiel » par la stratégie américaine et que le prétendu « double endiguement » de l’Irak et de l’Iran représente en réalité une situation quadruple, si ce n’est un quintuple, incluant l’Afghanistan et indirectement la Russie ainsi que le Pakistan. Les sousdites questions exigeront que l’administration du Président Bush s’engage dans un processus de négociations sérieuses avec la Russie et l’Iran.
Le Moyen-Orient : l’Irak et l’Israël.
La première initiative de la politique étrangère de l’administration Bush commence littéralement par le « s’en va-t’en guerre » après les bombardements britanniques et américains des installations irakiennes militaires à Bagdad et au sud, à l’extérieur des zones d’interdiction de pénétration aérienne, confirmant ainsi une volonté d’augmentation des interventions d’attaques militaires, prise sous la législature précédente du président Clinton depuis 1988. Les raids aériens ont été justifié en raison du fait que les nouvelles capacités de défense de Saddam Hussein donnent à l’Irak la capacité d’abattre des avions américains et anglais mais aussi pour confiner les capacités militaires de l’Irak dans un état de délabrement total. L’Irak est accusé d’ avoir créé des nouvelles capacités militaires, en utilisant la politique onusienne du « petrol for food » pour acheter des armes avec l’aide et l’assistance de la Russie, la Chine, l’Allemagne et la Corée du Nord. Les attaques aériennes furent incidemment planifiées, afin de frapper les ouvriers chinois qui aidaient les irakiens à installer des câbles de fibres optiques souterrains dans le cadre de l’amélioration du potentiel de défense aérienne de l’Irak. (Ayant frappé l’ambassade chinoise à Belgrade pendant la guerre du Kosovo, Washington n’a pas voulu faire la même erreur à Bagdad!).
Ces actions ont eu lieu pendant que le conflit israélo-palestinien semblait s’intensifier et tandis que des négociations israéliennes avec la Syrie furent mise en attente. L’Irak a appelé les Etats arabes à s’unifier pour soutenir » l’Intifada » palestinienne, en partie dans un effort d’influencer le prochain sommet de la Ligue arabe. La belligérance irakienne représente aussi un effort d’établir une nouvelle tension des relations entre le nouveau premier ministre israélien Ariel Sharon et le leader de l’OLP Yasser Arafat et ainsi gagner l’appui populaire des arabes.
L’Irak, l’Iran et la Libye ont été dénommé et considéré par Washington comme des « Etats voyous » capables d’acquérir des armes de destruction massive, en même temps qu’il fut présumé, mais rarement exposé et démontré publiquement que, Israël possèderait une capacité atomique significative. En plus du fait que la nouvelle administration de George Bush junior désavantage certains en rapport avec la décision de son père de ne pas avoir poussé jusqu’ à Bagdad, et surtout l’incapacité du père d’éliminer une fois pour toutes Saddam Hussein, un raisonnement complémentaire inexprimé par la nouvelle administration Bush et la décision récente de prendre comme cible l’Irak pour empêcher Israël d’agir unilatéralement. Israël avait agi seul dans sa décision de bombarder le réacteur nucléaire d’Osirak en 1981 pour ralentir le programme irakien nucléaire (un facteur qui a pu en réalité avoir des conséquences contraires entraînant l’accélération des efforts de l’Irak dans l’acquisition d’ armes nucléaires). Avant la Guerre du Golfe, les Etats-Unis ont été capables de construire une coalition contre l’Irak sous l’égide de l’ONU, qui incluait des Etats arabes, mais a exclu Israël, de peur que sa participation vienne saper la coalition engagée contre l’Irak.
Le risque consiste aujourd’hui en ce que les attaques unilatérales du Royaume-Uni et des Etats-Unis destinées à détruire l’infrastructure irakienne pour contenir Israël dans une stratégie de « double endiguement », pourraient aboutir à enflammer le monde arabe. (L’Egypte, la Jordanie et la Turquie ont déclaré qu’ils n’ont pas été informés des raids aériens). Ce serait particulièrement réel, si la crise palestinienne ne trouve pas de résolution. Il y a un fort potentiel de danger qu’Israël, en fin de compte, opte pour la » solution » de l’engagement militaire.
Maintenant, les Etats-Unis constatent amèrement qu’il est presque impossible de reconstruire une nouvelle coalition de forces contre l’Irak comme cela fut le cas pendant la guerre du Golfe à moins bien sûr qu’ils ne trouvent une façon de gagner l’appui de la France, la Russie, la Turquie, si ce n’est pas la Chine, lesquels ont tous critiqué l’action du Royaume-Uni et des Etats-Unis. La nouvelle Administration Bush a promis de soutenir entièrement le Comité Unifié Irakien National (INC) dans son effort d’essayer de renverser le régime irakien, mais des représentants de cette administration sont déjà divisés quant à comment et jusqu’à quel niveau soutenir l’INC. Le voyage du secrétaire d’Etat Colin Powell au Moyen-Orient est conçu pour gagner l’appui des gouvernements arabes pour déterminer ce que pourrait inclure le nouveau concept de « sanctions intelligentes » à l’égard du régime qui sont destinées à permettre le retour des contrôleurs de l’ONU (sous la Résolution 1284 du Conseil de Sécurité de l’ONU) et ainsi essayer d’améliorer les conditions du peuple irakien et atténuer la critique populaire arabe de la politique américano-onusienne, qui pourrait de cause à effet déstabiliser les pouvoir arabes en place. Un casse-tête à venir.
L’Afghanistan.
Les Etats-Unis et la Russie semblent être tacitement, sinon manifestement, coopérants contre les Talibans sunnites en Afghanistan, qui contrôlent actuellement environ 95 % du territoire. Une telle alliance, couplée avec les sanctions de l’ONU à l’encontre de l’Afghanistan, serait conçue pour supprimer les forces du millionnaire saoudien Osama bin laden que Washington accuse d’avoir orchestrer le bombardement de deux ambassades américaines à Nairobi et à Dar es Salaam en 1998, aussi bien que l’attentat suicide le 12 octobre 2000, que celui de Cole au Yémen. En conséquence de ces actions, la décision d’employer le missile de croisière « la diplomatie » fut prise contre les camps militaires de Ben Laden en Afghanistan (pour ne citer que les attaques de missiles de croisière au Soudan). Le conflit ininterrompu en Afghanistan peut fournir une occasion pour une coopération de L’OTAN avec la Russie par le biais du PpP bien qu’il y ait des risques que celui-ci soit entraîné dans un conflit qui ne lui était pas destiné. En assumant que les trois partis ne soutiennent pas des factions rivales, la coopération de l’OTAN avec la Russie pourrait aussi aboutir à une coopération chinoise, la Chine pourrait alors déclencher des actions collectives contre des séparatistes Uighur basés en Afghanistan.
L’Inde.
La rivalité géopolitique et nucléaire de l’Inde avec le Pakistan, couplée de heurts continus sur le Cachemire, a indiqué que les armes nucléaires ne servent pas nécessairement comme une force de dissuasion efficace dans une guerre conventionnelle : les États peuvent continuer leurs guerres d’usure et jouer peut-être aux jeux de la guerre froide de type « brinksmanship ». Le projet Indien de missile Agni est, en partie, en réponse au programme intermédiaire de missiles à longue portée balistique de la Chine. A New Delhi comme en Chine, semble s’étendre une dynamique tridimensionnelle par l’acquisition d’une marine de haute mer; il apparaît aussi que l’Inde compte créer des liens de collaboration avec le Viêt-Nam et la Corée du Sud (et probablement aussi avec le Japon) en réponse à la précédente stratégie chinoise qui à consisté à établir des liens avec le Pakistan et l’Iran. Pékin et New Delhi semblent aussi fortement rivaliser dans le contrôle de la mer Andaman sur la côte ouest de Mynamar menant au Détroit de Malacca.
La Fédération de Russie sous Boris Eltsine a en grande partie renforcé la position de l’Inde sur le Cachemire. Vladimir Poutine semble s’engager aussi avec le Pakistan, mais supporte l’appui russe avec l’Inde. Moscou a même essayé de pousser du coude la Chine pour résoudre ses conflits de frontière avec l’Inde. (Ces rapports tendus ne s’étaient déclarés dans la guerre sino-indienne, qui a éclaté en octobre 1962 en même temps que la crise des missiles cubains. En ce temps-là, Washington et Moscou ont soutenu New Delhi tout en s’affrontant sur Cuba!).
En soutenant fortement le Pakistan pendant la guerre froide, la Chine a, au moins à titre d’essai, commencé à faire marche arrière de son appui à Islamabad après le retrait soviétique de l’Afghanistan et la victoire des Talibans radicaux sunnites (à qui l’Iran s’opposa). En effet, la Chine craint une radicalisation de la situation dans laquelle l’Inde et le Pakistan se menacent maintenant par les armes nucléaires et continuent à engager des heurts sur la frontière du Cachemire. La nouvelle déstabilisation de la région pourrait desserrer les prises de positions géographiques de la Chine sur Xinjiang et du Tibet. De là, il est dans l’intérêt de la Chine de coopérer dans un effort d’aboutissement d’une solution politique dans le cadre de ces crises.
La crainte mutuelle des mouvements sécessionnistes a commencé à rapprocher ensemble la Russie, la Chine et l’Inde et cela, malgré leurs contestations géo-historiques et bien qu’entre eux les doutes persistent . Xinjiang, le Tibet et Taiwan sont les premières préoccupations de la Chine, l’Inde est principalement inquiétée par le Cachemire ainsi que le Sri Lanka du fait des mouvements de militants Tamouls qui recherchent une forme d’indépendance au Sri Lanka. La Russie est directement impliquée en Tchétchénie et fortement concernée par la situation en Carélie, pour la république des Komis, ainsi qu’à Kaliningrad. La Russie, la Chine, l’Inde ont tous condamné l’intervention menée par les Etats-Unis et l’OTAN contre la Serbie dans la guerre au Kosovo en tant qu’ action en violation avec le principe « de souveraineté » territoriale d’un Etat. Ironiquement et malgré ses actions au Kosovo, l’OTAN apparaît actuellement comme un support de la nouvelle administration serbe contre les mouvements de séparatistes pro-albanais en Serbie du sud, ce qui semble être à priori une stratégie de » courtage honnête « .(« honest broker »). La Russie, la Chine et l’Inde ont tous craint que la politique américaine pourrait directement ou indirectement fournir un appui aux mouvements sécessionnistes régionaux.
Le Japon, la Chine et les deux Corée.
Comme il n’y a eu aucun traité de paix signé entre les trois antagonistes principaux, la Russie, le Japon et la Chine, la deuxième guerre mondiale ne s’est jamais officiellement terminée en Asie. Récemment, la Russie et le Japon semblent s’être déplacés vers un règlement négocié sur la base des intérêts mutuels géopolitiques, mais certains facteurs sont toujours présents pour bloquer un réel rapprochement. Le Japon, depuis 1996, a réaffirmé son obligation d’alliance avec Washington et a de plus en plus compté sur Washington après le tir d’essai de Pyongyang d’une gamme de missiles longue portée Taepodong, directement pointée au-dessus du Japon du Nord. Tokyo a en conséquence augmenté ses dépenses de défense et fut favorable à une coopération de défense de missiles avec les Etats-Unis. Les politiciens japonais ont ouvertement débattu de la constitutionnalité d’une défense unilatérale de prévention et les besoins pour former une capacité de riposte.
Les revendications japonaises sur les îles Kouriles (que le Japonais appelle les territoires du Nord) qui furent annexées par l’Union soviétique avant les bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki par les Etats-Unis, ont jusqu’à présent toujours subit le refus catégorique de Moscou au retour de l’archipel, malgré les précédentes négociations japonaises avec Khrouchtchev, Brejnev, Gorbatchev, Eltsine aussi bien qu’avec Poutine. La dernière rencontre avec le premier ministre japonais Mori en septembre 2000 ont vu les négociations ajournées en partie à cause du naufrage accidentel du sous-marin russe nucléaire le « Koursk ». Tokyo et Moscou ont l’intention de se rencontrer de nouveau au printemps 2001. En 1956, Moscou avait promis le retour conditionnel de deux des îles situées le plus au sud et stratégiquement de moindre importance, des îles cruciales; encore que peu disposée à se séparer des quatre îles. Moscou espère obtenir une plus grande aide commerciale de Tokyo; d’autre part, il craint qu’en abandonnant pour sa flotte de sous-marins son accès aux eaux profondes du Pacifique et que par la suite, Washington puisse utiliser ces îles pour suivre à la trace les mouvements de ses sous-marins nucléaires.
Engagé dans une guerre brutale en Tchétchénie, Moscou ne veut pas non plus créer de précédent pour une cessation des territoires restant russes après la désagrégation de l’Union soviétique. Moscou a ainsi espéré que les deux pays signeraient finalement un accord intérimaire de paix et laisseraient l’ archipel des Kouriles temporairement sous la juridiction russe pour des négociations postérieures. Tokyo, cependant, a jusqu’à un certain degré subi des pressions de l’intérieur par des groupes nationalistes pour la réintégration des îles (bien, qu’évidemment une partie seulement du Japon voit en cela une quelconque nécessité). En même temps, la pression pour regagner les Kouriles représente un jeu de stratégie démultipliant. D’une part, le Japon est inquiété par l’augmentation de l’aide militaire russe à Pékin et par conséquent d’une Chine plus affirmative. D’autre part, la Russie a besoin de l’aide financière japonaise pour aider à développer l’île de Sakhaline ainsi que l’Extrême-Orient russe, tandis que le Japon a besoin du pétrole de Russie et du gaz pour diminuer sa dépendance au Moyen-Orient et dans le golfe persique.
En concurrence avec les efforts américains d’incorporer le Japon dans le système BMD (Balistic Missiles Defense), il y a les craintes qu’une affaire séparée puisse aboutir à la rupture de pourparlers russo-japonais, si tout ceci n’est pas orchestré soigneusement. D’une part, Tokyo est concerné par le système BMD qui pourrait aliéner la Russie, d’autre part – il a compté sur Washington pour développer son potentiel de défense théâtre antimissile (TMD) même si, le Japon semble serrer son alliance avec les Etats-Unis en opposition avec les menaces potentielles de missiles balistiques de la Chine et de la Corée du Nord (malgré les efforts de la Chine de servir d’intermédiaire entre les deux Corée). En même temps, Tokyo espère faire dévier Moscou de soutenir trop fortement Pékin. En plus d’un nouveau rapport avec la Russie, le Japon pourrait probablement essayer de lier des relations avec l’Inde pour contrebalancer Pékin. Tokyo a espéré jouer le rôle de médiateur dans le cadre des rapports nucléaires tendus entre l’Inde et le Pakistan (comme pour rappeler au deux belligérants potentiels son propre passé fatidique), les relations indo-japonaises ont été tendu, bloquant jusqu’à présent les possibilités de rapprochement (le Japon ne veut pas totalement aliéner Pékin). D’une part, l’Inde et le Japon semblent prendre des contre-mesures en réponse à l’éclosion de la Chine dans son domaine politique et économique et sa nouvelle influence tridimensionnelle, d’autre part, Moscou semble essayer de rapprocher la Chine et l’Inde dans une vraie coopération, bien que les Russes préfèrent probablement traiter avec un Japon riche plutôt qu’avec la Chine. En même temps, Washington fut très réticent à encourager des relations de rapprochement russo-japonais, pareil à la crainte qu’ils ont de voir se former un rapport trop proche entre l’Allemagne et la Russie.
Les Deux Corée.
Malgré les missiles de la Corée du Nord et ses programmes nucléaires, les événements sur la péninsule coréenne ont pris une tournure positive, mais les résultats finaux ne vont pas dans le bon sens. La politique de prospérité et de paix de la Corée du Sud » sunshine policy » a ouvert la porte à un rapprochement avec la Corée du Nord. En même temps, l’échec Nord-coréen d’éliminer son programme nucléaire, couplé avec l’insistance américaine d’un déploiement du système BMD, le potentiel de défense pourrait interrompre la division du pays et peut-être anticiper la formation d’une confédération (par opposition à l’état unifié coréen le long des lignes allemandes) Le voyage du président Clinton en Corée du Nord a été annulé à cause de l’échec Nord-coréen de suspendre son programme de missiles (en même temps parce que le Président désigné, Bush junior lançait un appel en faveur du programme BMD) Malgré les craintes valables du Nord, la Corée du Sud n’est pas entièrement convaincue que l’appui de l’administration de Bush sur les différents programmes de type TMD ou BMD seraient dans ses intérêts les meilleurs. Les signes de dissentiment des dirigeants et des membres du Parti Démocratique Millénaire prouvent qu’ils craignent que les deux types de programmes puissent briser la détente inter-coréenne et créer des rapports militaires de tension, en particulier en raison de l’opposition apparemment inflexible de la Chine avec n’importe quelle forme de défense de missile balistique. (Voir la discussion ci-dessous) Une crainte complémentaire consiste en ce qu’un NMD pousse des troupes américaines à se retirer de la Corée du Sud. D’autres analystes coréens du sud soutiennent qu’il est trop tôt pour dire, mais Séoul sait, qu’elle devra s’engager dans des négociations bien pensées avec la nouvelle administration américaine.
La monté de la Chine.
Après des années d’aide secrète et manifeste des Etats-Unis en Chine (après l’ouverture Kissinger-Nixon vers la Chine), a commencé de se rompre le duo Russie/Etats-Unis perçu comme une stratégie de « double-endiguement ». D’une part, la Chine a estimé, qu’elle était en effet endiguée selon des « traités inégaux » signés avec la Russie depuis le 18ème siècle, d’autre part, elle a estimé être doublement endiguée par l’appui soutenu des Américains à Taiwan. Dans la période post-guerre froide, la Chine a essayé de forger une association stratégique (pas une alliance) avec la Russie. Cette dernière a semblé fournir à la Chine des appuis militaires pour son bénéfice en même temps qu’elle cherche à faire dévier des revendications chinoises au plus loin de l’Asie centrale et dans le nord-est vers le littoral asiatique. Les menaces chinoises pour contrôler Taiwan représente un défi aux lignes de communication maritime ainsi qu’aux itinéraires pétroliers allant du Golfe Persique au Japon.
Les objectifs chinois en ce qui concerne Taiwan semblent être :
(1) Empêcher le mouvement d’indépendance taiwanaise d’inciter les nouveaux mouvements d’indépendance dans la République Populaire sous l’effet des manifestations.
(2) Éliminer de la compétition à l’exportation Taiwan au profit de la République Populaire.
(3) Affirmer le contrôle des îles Spratly ainsi que d’autres réserves extraterritoriales pétrolières.
(4) Éliminer les menaces potentielles stratégico-militaires de l’île et être dans une meilleure position pour défendre la Chine des rivaux potentiels.
La Chine s’est réservée le droit d’employer la force contre Taiwan dans le cas des dernières tentatives d’indépendance. Le président Chen Shui-bian de Taiwan a déclaré qu’il était prêt pour des pourparlers de paix avec Pékin, mais ne concéderait pas à admettre la demande de Pékin de l’identification au principe « d’une seule et unique Chine ». Pékin a considéré l’appui américain de Taiwan comme une violation du deuxième communiqué 198 de Shanghai, qui a promis de réduire les ventes américaines d’armements à Taiwan. De plus, Pékin perçoit que l’administration du Président Bush planifie de déployer des systèmes BMD ou bien des systèmes TMD visant principalement la Chine. Elle a averti qu’elle augmentera son arsenal nucléaire de 16-20 missiles intercontinentaux balistiques (ICBM) à 200-250 ICBM si les Etats-Unis persistent.
En ce qui concerne la région dans l’ensemble, d’une part, la coopération contre la piraterie, par exemple, pourrait aider à l’établissement en Chine, au Japon, en Inde, en Indonésie, en Malaisie, à Singapour et en Corée du Sud de relations mutuellement coopératives. D’autre part, les revendications des îles Spratly par la Chine, Taiwan, le Viêt-Nam, la Malaisie, l’Indonésie et les Philippines, ont complètement bloqué une plus grande coopération.
Prescriptions politiques.
Qu’est-ce qui pourrait empêcher ce qui apparaît se présenter un jour ou l’autre comme une collision inévitable entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine ? Une stratégie de paix globale mondiale, peut-elle être réellement construite ?
Le Centre Nixon a offert ce qui semble être le conseil le plus pragmatique pour la nouvelle administration de Bush, des efforts de plus grande portée devront être mis en place pour aider une politique de paix mondiale. Le Centre de Nixon se donne comme première priorité d’empêcher la Russie de devenir » un voyou » » ou » spoiler state » en se servant de ses relations avec des Etats comme la Chine, l’Inde, l’Iran et ses anciens alliés soviétiques comme l’Irak et la Corée du Nord. En même temps, le soutien que l’inquiétude américaine trop visible d’une entente russo-chinoise pourraient aboutir à créer chez les différents protagonistes une envie partielle d’exagérer leur force de levier. Ce que nous avons essayé de faire ressortir ici est que l’approche « d’équilibre des forces » prétendument pragmatique de la politique américaine a échoué. Décrite de manière traditionnelle, cette dernier » l’équilibre des forces » n’a malheureusement mené nulle part et ne fournit pas une vision adéquate à long terme face à des circonstances contemporaines, pour empêcher la possibilité réelle des conflits globaux mondiaux.
Une alternative plus positive serait d’abord de forger une entente Russie-Union Européenne-Etats-Unis basée sur une entente mutuelle ou concertée. Une telle entente signifierait, en général, une entente Russie-Union Européenne-OTAN sur les Etats baltiques et en Europe centrale dans laquelle la Russie serait intégrée dans une nouvelle forme d’adhésion de l’Union Européenne et de l’OTAN. Deuxièmement, la Russie et le Japon rechercheraient une entente sur les territoires de l’archipel des îles Kouriles renforcées par des constructions sur mesures de confiance. Une telle entente ne serait pas conçue pour ne pas « contenir » une Chine naissante, mais chercher une nouvelle solution « confédérale » (qui éviterait la pression de l’Armée Populaire de Libération sur Taiwan) aux relations conflictuelles entre la République Populaire de Chine et Taiwan. Il faut imposer le concept basé sur le principe « une nation, deux Etats, plusieurs systèmes. » Une telle option pourrait alors assurer la place appropriée à la Chine dans un nouvel équilibre mondial. En même temps qu’une diplomatie concertée de paix qui vise à la prévention de crises futures et la décision de négociations pour prévenir les crises politiques et régionales (pareille à la politique de » prospérité et la paix » ou » sunshine policy « de la Corée du Sud » en ce qui concerne ses rapports avec la Corée du Nord) serait mise en oeuvre pour réduire les rapports de tension régionaux.
La stratégie américaine peut, manifestement ou par mégarde, aliéner la Russie au-delà de ce que le Centre Nixon veut indiquer par le terme « voyou » » spoiler » La finalité de la politique économique américaine et géopolitique en ce qui concerne la Russie, aussi bien que la stratégie présente d’agrandissement de L’OTAN qui va à l’encontre de la Russie, est généralement considérée comme un échec total, les Etats-Unis et l’Union Européenne doivent montrer à la Russie les bénéfices positifs qu’elle pourrait tirer en joignant la communauté euro-atlantique. L’alternative qui se fait de plus en plus sentir pour la Russie est celle d’une intégration véritable dans une plus grande communauté euro-atlantique, ou bien un rejet radical de cette possibilité.
L’échec du processus d’engagement d’Union européenne et de l’OTAN avec la Russie menace de créer un monstre en Eurasie, dont les actions peuvent devenir totalement imprévisibles et « irrationnelles » désespérant de bon sens et cherchant à employer des menaces et l’utilisation réelle de la force, pour l’obtention de ses objectifs. Ainsi, au lieu de créer un sentiment anti-russe qui pourrait probablement mener l’OTAN à faire un déploiement inverse d’armes nucléaires et de TMD dans la région (comme le rapport de Centre de Nixon le suggère tacitement), le problème du déploiement d’armes nucléaires à Kaliningrad doit servir de leçons pour stimuler le nouveau débat et le re-examen quant aux relations réelles de l’OTAN et de l’Union européenne avec la Russie et qu’elle est l’espoir pour des actions diplomatiques ainsi que le besoin immanent d’une stratégie diplomatique pour empêcher une crise réelle.
Le Centre Nixon suggère qu’un pas intermédiaire doit être fait pour que l’indépendance des Etats baltiques puisse être considérée et surtout garantie « une déclaration de l’OTAN en faveur de l’indépendance des Etats baltes, sur le modèle de la charte de l’OTAN établie avec l’Ukraine, sauf pour l’ Article V sans obligation réelle, mais une sécurité néanmoins garantie. » Encore que, proposées dans mon article précédent dans la revue « Géostratégiques », l’OTAN, L’Union européenne et la Russie doivent prendre des directions pour atteindre le plus loin possible vers l’établissement d’une sécurité centrale de L’Europe de l’Est, ainsi que la communauté de défense se renforce en chevauchant l’OTAN, l’Union européenne et les garanties de sécurité russes. Plutôt que de garantir la sécurité des Etats baltiques et leur indépendance seulement par l’OTAN, les trois pouvoirs peuvent également soutenir cette indépendance, de même la garantie par le déploiement euro-atlantique multinational des forces (PpP) par l’installation d’un quartier général euro-atlantique avec une centre de l’Union européenne et au sein de l’OTAN pour des opérations de type PpP à Kaliningrad qui aiderait la transition de la Russie dans la communauté euro-atlantique. Seulement une fois que la Russie s’estimera sécurisée dans ses relations avec la nouvelle Europe, pourra t-elle ensuite se concentrer sur le développement et la remise à neuf de son économie et sur son entrée dans l’Organisation du Commerce du Monde, l’OCDE et l’Union européenne (ou au moins provoquer l’adhésion adjoint dans cette dernière).
L’approvisionnement de la Russie dans un rapport plus proche avec l’OTAN et l’Union européenne dans les nouvelles formes d’adhésion en ce qui concerne le partage du pouvoir égalitaire doit se formater pour forger un rapport plus concerté en ce qui concerne l’Europe centrale et Europe de l’Est, mais aussi le Caucase, l’Asie Centrale et l’Extrême-Orient. La Chine peut craindre une combinaison Russie-Union européenne-l’OTAN, mais il n’y a aucun besoin réel d’aliéner Pékin si une nouvelle « confédéralité d’une nation, deux Etats et plusieurs systèmes » formule qui peut être appliquée directement au problème de Taiwan. La Chine pourrait, alors trouver ses propres intérêts à coopérer, en ce qui concerne les Talibans en Afghanistan, mais tant qu’elle revendiquera sa volonté d’annexion de Taiwan par la force, la Chine restera une menace régionale et pour la paix du monde.
La formation d’une entente Japon-Russie-Union européenne-OTAN peut apporter une pression diplomatique concertée sur la Chine. Autrement la Chine pourra facilement jouer avec les Russes, les Japonais ainsi qu’avec les intérêts européens contre ceux des Etats-Unis.
En ce qui concerne la stratégie de défense de missiles balistiques, il est important que cette dernière ne se heurte pas aux négociations complexes ayant lieu dans quelques pays affectés par la question. Le système BMD s’avérera t-il être un facteur de négociation important ? Ou juste ustensile de pression efficace malgré ses hautes dépenses et une efficacité douteuse ? Ou s’avérera t-il être tout juste un objet soutenu par les groupes de pression américains ? L’Union européenne, la Russie et les Etats-Unis sont-ils capables ensemble d’accepter une proposition de compromis impliquant les systèmes de phase théâtre d’augmentation des missiles balistiques limités ? La réponse de cela se déplace vers une possibilité de compromis que l’administration de Bush peut graduellement avoir à considérer à l’encontre de ses espérances de réaliser un système BMD entièrement national, et admettre qu’il y a beaucoup de défauts potentiels dans un tel système, que les dépenses peuvent être prohibitives et qu’il y a beaucoup de façons de neutraliser un tel système (comme cela s’est déjà fait à l’encontre de la technologie de ruse » stealth technology « ).
Cette approche aurait l’intention de développer une moindre tactique dans laquelle le système BMD ne violerait pas nécessairement le traité ABM ou bien permettrait une révision du traité ABM avec l’approbation russe. La diplomatie russe-Union Européenne-américaine chercherait alors à résoudre les prétendus « états de tension » au moyen d’une diplomatie pour la paix . De plus, les efforts par les alliances européennes comme l’Allemagne pourrait servir d’intermédiaire entre la Russie et les Etats-Unis, en particulier sur la question délicate du système BMD, ce type de diplomatie doit être impérativement soutenu par l’administration Bush ainsi que par les efforts européens de réaliser une politique étrangère commune de sécurité plus autonome. Ceci ne pouvant s’effectuer qu’à travers un renforcement de l’OTAN dans le sens qu’elle serait capable de se réformer dans une nouvelle direction de division des responsabilités en échange d’une division d’intérêts communs concertés, ceci, seulement en supposant que l’OTAN et l’Union européenne peuvent travailler ensemble pour forger un rapport concerté avec la Russie.
Une géostratégie de la paix peut-elle réussir ? La réponse est dans un compromis mutuel, est-ce que ce compromis est possible ? La réponse se trouve en grande partie dans comment concéder ces intérêts respectifs et trouver la volonté d’un compromis mutuel. Dans cette perspective, la Chine sera probablement plus difficile que la Russie. En tant que puissance naissante, la Chine s’imagine qu’elle peut rentrer en égalant les Etats-Unis, l’Union européenne, le Japon et les intérêts russes et ainsi jouer à l’un contre l’autre. La Russie, d’autre part, sait qu’elle a besoin de l’aide américaine et européenne ainsi que japonaise si elle doit redevenir une puissance significative. La Russie est principalement concernée par le fait d’atteindre, par un point interne et ensuite externe, la stabilité. La Chine, d’autre part, cherche à défier le statu quo. A l’opposé, les tournures américaines vers « l’intervention sélective » dans la défense de ses propres intérêts et pas nécessairement ceux de l’ONU ainsi que ses propres alliés et la Russie, risquent de provoquer une tendance générale au patronage et à l’intervention unilatérale ainsi qu’à la militarisation.
La question soulignée est la suivante : est-ce que seul un rapport concerté Japon-Russie/Union-Européenne-Etats-Unis peut aider à garantir et stabiliser la Russie et l’amener ensuite dans une nouvelle communauté euro-atlantique ? Seule une nouvelle concertation entre les Etats-Unis, l’Union Européenne, le Japon et le lien avec la Russie peut suffisamment faire pression sur la Chine pour que cela permette de reconsidérer ses ambitions régionales, et en fin de compte forger un nouveau rapport confédéral avec Taiwan qui ne provoquera pas d’incendie en Asie.
La nouvelle administration Bush a ainsi énormément de travail avec le potentiel des crises internationales. En espérant que sans trop de schismes internes et administratifs, elle pourra fournir le nécessaire « de vision mondial » » vision thing » pour traiter efficacement avec la gamme entière de ces crises–avant que cela ne soit trop tard.