Première table ronde – La Géopolitique du Terrorisme

Première table ronde
Modérateur : Ali RASTBEEN, Président de l’Académie de Géopolitique de Paris
Colloque; La Géopolitique du Terrorisme
Actes du colloque
Le jeudi 11 décembre 2014
Assemblée Nationale

Allocution introductive par Monsieur le Député Maire Jacques Myard,

La question du terrorisme ne fait pas l’unanimité ! C’est même un sujet très délicat.

Il est malaisé de définir le terrorisme : les Américains, en 1988, ont ainsi recensé une centaine de définitions.

Il faut s’interroger d’où vient le mot « terrorisme » ; eh bien, c’est une invention française ! Puisque la première appellation de « terroriste » remonte à novembre 1794 pour désigner par ce mot les partisans de la terreur, à leur tête Robespierre et Saint-Just. Cette étymologie est intéressante parce qu’elle souligne un facteur essentiel dans la logique du terrorisme, c’est la dissymétrie ou l’asymétrie du faible au fort.

A l’époque, en 1794, la révolution était menacée, et donc pour imposer, comme l’aurait dit Marx cent ans plus tard, le diktat de la révolution, il fallait recourir à la violence pour faire plier les ennemies de la révolution.

En réalité, quand on y réfléchit, on retrouve bien souvent ce qualificatif pour l’Autre, c’est- à- dire celui que l’on combat.

Il suffit de se reporter à l’Histoire de France : souvenons-nous, quand les Allemands placardaient sur les murs qu’ils avaient exécuté à Châteaubriant, à Lyon et dans le Vercors vingt ou cent terroristes, ils le faisaient savoir par des affiches, lesquels terroristes en 1944-1945 ont été rebaptisés héros de la résistance.

Est-ce que, comme l’aurait dit Sartre, finalement les terroristes ce sont toujours les Autres, le terroriste, c’est toujours le criminel de l’Autre ? Dans une crise que nous connaissons bien, celle du Proche-Orient, j’ai toujours été frappé par le fait que l’un est toujours le terroriste de l’Autre, il y a toujours une protohistoire dans ce conflit qui n’en finit point.

Sommes-nous aujourd’hui, avec l’affaire des dérives intégriste jihadistes, dans la même logique ? La même logique est à l’oeuvre pour imposer une idéologie, celle de l’intégrisme à un peuple qui n’en veut pas, et qui conduit à employer la terreur. Il y a certainement quelque chose de tout-à-fait comparable.

Le problème, c’est que le terrorisme fait mal et tue des innocents, il ne peut être acceptable.

La France le condamne comme beaucoup d’Etats au monde qui criminalisent l’action terroriste.

Je crois qu’en réalité, il faut dépasser cet état de fait qui n’est pas acceptable, car le terrorisme n’est pas seulement un constat d’impuissance, c’est une réalité qui révèle les crises de la scène internationale. Là où il y a du terrorisme indépendamment du fanatisme, c’est un révélateur de notre impuissance collective à assurer la résolution de conflits persistants qui poussent au désespoir certaines personnes. Sans vouloir se faire l’avocat du terrorisme, il faut comprendre que – y compris lorsque nous sommes face à des mouvements terroristes en Europe, je pense à l’Irlande du nord, c’est l’incapacité d’un Etat, même dans le cadre démocratique, à résoudre une question politique.

En cela le terrorisme, c’est-à-dire la violence aveugle et impersonnelle d’un mouvement infra-étatique, doit être certainement rejeté comme moyen politique mais il révèle notre impuissance globale à résoudre des crises qui n’en finissent pas.

Eh bien, aujourd’hui je salue votre courage à essayer de résoudre cette question qui n’est pas finie et qui montre que nous vivons dans un monde ô combien imparfait.

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