Par Mohammad Reza MAJIDI, professeur au département de droit et des sciences politiques à l’Université de Téhéran,ancien ambassadeur et représentant permanent de la République islamique d’Iran auprès de l’Unesco. Il apublié plusieurs ouvrages et articles dont l’ouvrage sur « le rôle de l’Islam dans le rapprochement des cultures » paru en 2011.
PREMIER PANEL
Modérateur : Dr Ali RASTBEEN
COLLOQUE : LA SOCIÉTÉ CIVILE MOYEN ORIENTALE : UN REGARD EUROPÉEN
Actes du colloque
Le vendredi 15 janvier 2016
Organisation Internationale de la Francophonie
Ces vingt à vingt-cinq dernières années après la Guerre froide et l’évolution politique des pays de l’Est des réflexions nouvelles ont vu le jour sur le rôle et le statut de la société civile. C’est l’un des concepts de base de la pensée politique dans l’Occident, qu’a bien abordé le Professeur Debré, et qui depuis deux ou trois siècles est sujet de débats dans le milieu académique, parfois même dans le foyer populaire.
Au sein de cette réflexion, un courant de pensée majoritaire s’est appliqué à mettre en avant le principe selon lequel la société musulmane, telle qu’elle se définie, n’a pas la capacité de produire des institutions ou des associations de contre-pouvoir, et d’introduire ainsi une forme de pluralisme démocratique.
Dans les pays islamiques, certaines caractéristiques d’une société civile se sont manifestées à certains moments de l’histoire, mais ce n’est que depuis les dernières décennies que l’on y développe ce sujet en tant que théorie politique. Ainsi se pose la question des rapports entre la société civile et l’Islam. Bien sûr, il faut rappeler que l’Islam est l’un des éléments-clé de la vie des musulmans des sociétés islamiques. Chaque phénomène, chaque question qui sort au niveau individuel, collectif ou social devraient être étudiés en rapport avec cet élément. Et la question : la société civile, on en est où ? Les intellectuels musulmans présentent-ils de différents points de vue concernant cette question ?
Cette intervention s’est proposée d’examiner ces diverses approches. Est-ce qu’on peut proposer ainsi de reconsidérer le rapport ambigu entre l’Islam et un modèle de société civile qu’il reste à définir ? Avant cela, il faut rappeler qu’il n’existe pas un Islam unique et homogène : presque un milliard et demi d’individus constituent le monde musulman d’aujourd’hui qui se caractérise par une diversité géoculturelle, une grande variété de niveaux de vie et de profils démographiques, et ceux-là ne permettent pas de mettre en avant un destin commun des populations musulmanes. Pour autant, il existe dans la société musulmane des éléments communs de définition de société civile spécifiques. L’amélioration des sphères civiques et religieuses est le point de départ de cette définition. De fait le rôle de la sharia ou loi islamique est un des éléments fondamentaux du débat.