Fereydoun KHAVAND
Décembre 2005
Commerce extérieur :
Durant l’année iranienne 1383 (mars 2004 – mars 2005), l’Iran a exporté 37,8 milliards de dollars de produits, dont 31 milliards de pétrole brut (82% des recettes en devise du pays). Quant aux exportations autres que le pétrole, leur valeur s’est élevée, durant la même année, à 6,8 milliards de dollars (ce qui correspond à peu près à la valeur des marchandises que la Turquie exportent durant un mois).
Le niveau relativement élevé du prix de pétrole, durant ces dernières années, a augmenté considérablement les capacités d’importation de l’Iran. Entre mars 2004 et mars 2005, la valeur des importations s’est élevée, pour la première fois dans l’histoire du pays, à 34 milliards de dollars. Le marché iranien est donc considéré comme un marché intéressant, ce qui donne, aux autorités de la République islamique, une certaine marge de manœuvre dans leurs négociations internationales.
Selon les données relatives aux cinq dernières années, les 5 premiers clients de l’Iran étaient, dans l’ordre : Le Japon, la Chine, l’Italie, la Corée et les Pays-bas. Les cinq principaux fournisseurs de l’Iran, toujours durant ces cinq dernières années, étaient : l’Allemagne, la France, la Chine, l’Italie et la Suisse. Cependant d’après les statistiques de ces deux dernières années, les Emirats arabes unis sont devenus le premier partenaire commercial de l’Iran.
Nous assistons également à la montée de la Chine dans les relations commerciales de la République islamique. D’une manière générale, la part de l’Asie dans le commerce extérieur de l’Iran ne cesse d’augmenter. A l’heure actuelle, 62% des exportations pétrolières de ce pays s’oriente vers l’Asie, 30% vers l’Europe et 8% vers d’autres régions.
Les investissements internationaux
Durant l’année 1383 (mars 2004 – mars 2005), le montant de l’IED en Iran s’est élevé à 350 millions de dollars (dans cette estimation on ne prend pas en considération les contrats de service dits Buy-back qui couvrent les domaines pétrolier et gazier). Comparé au montant de l’IED dans le monde (612 milliards de dollars) ainsi qu’aux potentialités d’un pays de 70 millions d’habitants comme l’Iran, ce dernier n’occupe qu’une position marginale dans la géographie des investissements internationaux dans le monde.
D’une manière générale, on peut affirmer que l’Iran n’a pas profité de l’évolution de la Division internationale du Travail (DIT) durant ces trois dernières décennies et qu’aujourd’hui, seul le pétrole lui permet d’échapper à une marginalisation extrême sur la scène économique internationale
Les relations avec les grandes puissances économiques
Les relations internationales économiques de l’Iran sont soumises aux choix politiques de la République islamique, sur le plan interne comme sur le plan international.
– La rupture avec les Etats-Unis pèse lourdement sur l’économie iranienne. Les exportations iraniennes ne peuvent pas accéder au marché américain (en dehors d’une faible quantité de produits échappant, par dérogation, aux interdictions américaines). D’autre part l’absence des capitaux et de la technologie américains en Iran frappe sérieusement plusieurs secteurs d’activités (pétrole, pétrochimie, transports aériens, etc..) Enfin et surtout, l’hostilité de Washington à l’égard de la République islamique réduit considérablement la marge de manœuvre de la diplomatie économique de l’Iran sur le plan régional (exemple : obstacles auxquels se heurte la coopération pétrolière iranienne avec les républiques issues de l’ex-URSS) ou multilatéral (exemple : accès à l’OMC)
– Pour briser l’isolement international dû essentiellement à son hostilité antiaméricaine, la diplomatie de la République islamique a accordé une place privilégiée aux relations avec l’Union européenne. Sur le plan économique, l’Iran a réussi à renforcer ses liens commerciaux avec l’Europe, et attirer également des capitaux européens (bien que l’IED en provenance de l’Europe demeure encore très limité). Durant les années 1990, l’évolution de l’approche politique de l’Union européenne à l’égard de l’Iran (du « dialogue critique » au « dialogue constructif ») offre de nouvelles perspectives aux relations entre les deux parties. Cependant, tout semble indiquer que les européens profitent de l’absence américaine sur la scène iranienne pour imposer à la République islamique leurs propres conditions. En d’autres termes, les sociétés européennes bénéficient d’une « rente de situation » et exigent, pour leurs activités, des conditions plus avantageuses. Mais au-delà des relations purement commerciales, la République islamique souhaite la conclusion d’un Accord de coopération avec l’Union européenne. Les européens, quant à eux, soumettent la conclusion d’un tel accord à l’évolution de la politique iranienne dans les domaines intérieurs et extérieurs.
Iran et la coopération régionale
L’Iran est membre de l’Organisation de Coopération Economique (ECO) qui, regroupe neuf autres pays de l’Asie occidentale et centrale (Turquie, Pakistan, Afghanistan, Azerbaïdjan, et les cinq République de l’Asie centrale). Mais l’ECO n’a pas réussi à libéraliser les échanges entre ses membres et elle peut difficilement échapper à son inertie.
* Fereydoun KHAVAND est Docteur d’Etat en Droit – Maître de Conférences à l’Université de Paris V.
Note
- Résumé condensé de la communication.