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Résumé : Alors que notre modernité tardive consacrerait inéluctablement le « désenchantement du monde » et « la sortie du religieux » au nom d’une vision sécularisée et techno-centrée du monde, nous assistons paradoxalement à un phénomène global de prolifération des radicalités religieuses qui, du Moyen-Orient et en passant par l’Inde, la Birmanie, l’Afrique et le continent américain, s’expriment sous des formes violentes à travers des religions politiques qui exploitent le fait religieux comme facteur identitaire. En effet, le sacré et le religieux, même s’ils sont souvent assimilés, ne se confondent pas et participent chacun à la construction des « représentations géopolitiques » c’est-à-dire à la perception que les communautés ont d’elles-mêmes et de l’autre. Dans le domaine géopolitique, cette « territorialisation du religieux » explique comment la culture religieuse et spirituelle fait partie intégrante des identités nationales. Face à l’expansion d’une géopolitique confessionnalisée, le nouveau défi du système international – souvent dépendant de l’héritage d’une vision séculariste des relations internationales – consisterait en une approche plus équilibrée renforçant davantage la reconnaissance et la protection du « sacré » et des lieux saints sur un pied d’égalité, tout en supposant une réelle volonté de condamner toutes les religions
politiques, quelles qu’elles soient, qui instrumentalisent le fait religieux à des fins géopolitiques.