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Dr Gracjan Cimek
Professeur à l’Académie de Marine de Guerre de Gdynia, Pologne. Dans ses recherches, il développe une analyse géopolitique de réalisme critique, qui suppose la possibilité de transformer le système international en tendant vers un paradigme basé sur le principe gagnant-gagnant. Actuellement, il concentre ses réflexions sur la question de l’évolution de l’ordre international et du rôle des puissances non occidentales dans la construction d’un modèle alternatif de développement de la civilisation humaine qui tend à remplacer le système hégémonique basé sur le capitalisme d’entreprise néolibéral. Il est l’auteur d’une soixantaine d’articles scientifiques publiés en Pologne et à l’étranger (en anglais, chinois, français et russe) et de trois livres. Son dernier ouvrage a pour titre Problèmes de fond de la géopolitique et de la mondialisation (2017).
Résumé : Cet article prouve que la crise ukrainienne transformée en confrontation militaire directe avec l’attaque russe contre l’Ukraine du 24 février 2022, constitue un élément de la compétition en cours pour la formation d’un monde multipolaire entre le vecteur eurasien en croissance et le vecteur euratlantique essayant de maintenir ses avantages acquis auparavant.
Mots clefs : BRICS, Chine, CTINS, dédollarisation, États-Unis, Eurasiatisme, Euratlantisme, Inde, Iran, Multipolarité, OCS, OTAN, Russie, « Nouvelles routes de la soie », Yuan.
Abstract: This article proves that the Ukrainian crisis, transformed into a direct military confrontation with the Russian attack on Ukraine on 24 February 2022, is an element of the ongoing competition for the formation of a multipolar world between the growing Eurasian vector and the Euro-Atlantic vector trying to maintain its previously acquired advantages.
Keywords: BRICS, China, INSTC, de-dollarization, United States, Eurasianism, Euratlantism, India, Iran, Multipolarity, SCO, NATO, Russia, BRI, Yuan.
Introduction
L’humanité vit actuellement une ère de changements de faits révolutionnaires. Leur contenu et leur forme seront déterminés par la nouvelle configuration de l’ordre international. La compétition visant à créer un monde multipolaire plus juste se poursuit, et dans ce contexte les « affres de l’enfantement » incluent également la crise ukrainienne transformée en confrontation militaire directe suite à l’attaque russe contre l’Ukraine du 24 février 2022. Dans le cadre de cette rivalité, le but est d’abolir le modèle de développement mondial qui a permis pendant des siècles la construction de la puissance économique des puissances coloniales au détriment des pays plus faibles.
La souveraineté et la compétitivité des puissances mondiales non occidentales et des dirigeants régionaux s’est depuis renforcée. La restructuration structurelle de l’économie mondiale est dès lors déterminée par un changement technologique qualitatif (y compris par l’introduction de l’intelligence artificielle, des dernières technologies de l’information et de la communication, de l’énergie, des technologies biologiques et des nanotechnologies), l’essor de la question l’identité nationale, de la diversité culturelle et civilisationnelle et d’autres facteurs objectifs. Le processus de redistribution du potentiel de développement en faveur de nouveaux pôles de croissance économique accroît leur influence géopolitique.
Pour endiguer le « fleuve qui coule » vers un changement qualitatif, les États-Unis se sont concentrés sur la double maîtrise de la Russie et de la Chine, ainsi que sur tous les acteurs qui remettent en cause leur primauté. L’architecture de la sécurité et de la coopération internationales est en train d’être démantelée. La Russie a été identifiée comme une « menace imminente » et la Chine comme un « concurrent stratégique ». Ce contexte permet d’identifier l’essence originelle de la guerre en Ukraine, qui forme un corrélat territorial de la lutte globale entre les vecteurs eurasien et euratlantiques.
Le premier comprend l’alliance sino-russe, les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai, le second les États-Unis, l’OTAN et l’Union européenne, l’AUKUS et le G 7. Les idéaux-types antinomiques ainsi esquissés permettent de proposer une réflexion correcte sur les causes de la guerre en Ukraine. Déjà Aristote soulignait qu’en plus des causes directement observables, il fallait également étudier les causes intentionnelles, révélant les motifs de l’action politique liés à des forces et des mécanismes qui ne sont pas directement observables, mais qui façonnent en fait les processus internationaux (Roy Bhasakar).
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