L’ASEAN (Association of South East Asian Nations) divisée face à la Chine conquérante

The Hung PHAM

Journaliste à Radio France Internationale (RFI).

4eme trimestre 2011

  • Dans le contexte où la Chine affirme de plus en plus fermement sa position de superpuis­sance en Asie, les pays de l’ASEAN ont du mal à parler d’une seule voix, vu leurs divergences politiques et économiques. D’autant plus qu’ils sont de plus en plus dépendants de l’économie Dans les disputes territoriales en mer de Chine du Sud (Biên Bông — Mer de l’Est pour les Vietnamiens ), l’ASEAN cherche en vain à imposer à la Chine un mécanisme efficace pour prévenir et résoudre les conflits. Leur espoir repose désormais sur les États-Unis, résolus à ne pas laisser la Chine dicter ses lois dans une région d’une telle importance stratégique.
  • In the context in which China asserts more and more firmly its status of superpower in Asia, the ASEAN countries are having difficulty speaking with one voice, considering theirpolitical and econo-mic differences; especially due to their increasing dependence on the Chinese economy. In their territo­rial disputes in the South China Sea (Bien Dong – East Sea for the Vietnamese), ASEAN has tried in vain to impose on China an effective mechanism for conflict prevention and resolution. Their hope now rests on the United States, resolved not to let China dictate its rules in such a strategic region.

Les Etats-Unis doivent aider l’ASEAN qui regroupe en 1967 à Bangkok ; Thaïlande les nations de l’Asie du Sud Est à savoir le Brunei, le Cambodge, le Laos, l’Indonésie, la Malaisie, le Myanmar (ex Birmanie), les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam ; à faire bloc face à la Chine. C’est une des recommanda­tions présentées par le sénateur John McCain le 20 juin 2011 lors d’un séminaire du CISI (Center for Strategic and International Studies), un think-tank très in­fluent basé à Washington D.C, Etats Unis.

Un conseil plein de bon sens, donné en pleine crise en mer de Chine du Sud (Biên Dông pour Le Viêt Nam), ou MCS-BD où Pékin cherche à s’imposer en seul maître en exploitant à fond la division au sein de l’ASEAN (Association des pays du Sud-Est Asiatique)

La crise a débuté fin mai 2011 quand le Vietnam a accusé Pékin d’avoir violé sa souveraineté lorsqu’un navire d’exploration de PetroVietnam, effectuant des re­levés sismiques sous-marins dans sa ZEE (Zone Economique Exclusive) en Mer de Chine du Sud-Biên Dông (MCS-BD), a été endommagé, exprès selon Hanoi, par des bateaux chinois de « surveillance maritime ». Un deuxième incident, très simi­laire, s’est produit début juin, quand — selon Hanoï — un bateau de pêche chinois a «intentionnellement percuté» et coupé les câbles d’exploration d’un autre navire du groupe public d’hydrocarbures vietnamien. Pékin a répliqué en accusant le ba­teau vietnamien d’avoir « mis en danger » la vie des pêcheurs chinois. De son côté, Manille a dénoncé les harcèlements chinois dont ont été fréquemment victimes des bateaux d’exploration sismique sous-marine philippins.

La crise a ensuite transformé cet espace maritime riche en ressources naturelles en un véritable champ de manœuvres navales avec, pour le Vietnam, des tirs à mu­nitions réelles au large de Quang Nam- Danang et pour les Philippines, des exer­cices conjoints avec les USA près des îles de l’archipel Spratly. Quant à la Chine, elle a envoyé son plus grand bateau de surveillance maritime traverser la mer de Chine du Sud- Biên Dông (MCS-BD) et mené ses propres manœuvres navales dans la région pour « défendre les îlots et protéger les voies maritimes ». (AFP 17/6/11)

Mais la plus inquiétante démonstration de force chinoise reste la sortie en mer de son premier porte-avion, le Shi Lang, acheté à l’Ukraine en 1998 et entièrement rénové et armé en Chine. Ses premiers essais ont eu lieu début août. Même si ce porte-avion est loin d’être complètement opérationnel, il est suffisamment mena­çant pour les pays voisins beaucoup moins équipés et inquiétant pour les Etat-Unis.

Cette nouvelle poussée de fièvre en MCS-BD a réveillé le patriotisme des Vietnamiens dont des centaines, voire des milliers, sont descendus dans la rue à Saigon-Hochiminh-ville et à Hanoi presque tous les dimanches pendant les 3 mois d’été (juin, juillet et août 2011) dans de rares manifestations dans ce pays commu­niste autoritaire, pour dénoncer les ambitions territoriales de la Chine en MCS-BD.

Washington à la rescousse

En provoquant et menaçant ses deux voisins (le Vietnam et les Philippines), la Chine a renforcé la détermination américaine de revenir dans cette région stra­tégique. Même si Washington affirme ne soutenir aucune partie dans ces disputes territoriales en MCS-BD, les Etats-Unis ont plusieurs fois déclaré que la libre na­vigation dans cette artère maritime vitale pour l’économie mondiale est pour eux une question d’« intérêt national ». Les Américains ont préconisé des négociations multilatérales pour régler ce différend international, ce qui a fortement irrité les Chinois qui préfèrent de loin traiter en bilatéral avec les autres parties individuelle­ment beaucoup plus faibles.

Liés par un traité de défense avec les Philippines, les Etats-Unis ont réaffirmé leur engagement de protéger Manille en cas d’attaques chinoises, mais surtout ils se sont rapprochés encore plus du Vietnam. Des « actions militaires communes » entre les deux forces navales se sont déroulées en juillet au port de Tien Sa à Da Nang (ex Tourane). A l’occasion des discussions entre les responsables de deux pays à Washington mi-juin, les deux anciens ennemis ont même sorti un communiqué commun appelant à une solution « diplomatique » à la crise en mer de MCS-BD, incluant toutes les parties concernées. (AFP 17/6/11).

Impuissance de l’ASEAN

L’engagement américain dans cette région a mis en évidence l’impuissance de cette organisation régionale, encore à la recherche de son identité et de sa cohésion, face à cette crise, potentiellement dangereuse. Le 19 juin, en appui à une demande préalablement initiée par les Philippines, six autres pays de l’Asean : l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam — appellent à la gestion pacifique des contentieux en MCM-BD et en mer des Philippines. Mais l’ASEAN est loin d’être un bloc uni.

Même au plus fort de la crise, on entendait rarement l’Indonésie, qui assume pourtant la présidence tournante de l’ASEAN pour 2011 et est considérée, de facto, comme le leader de l’Organisation régionale. En janvier 2011, le ministre indoné­sien des Affaires étrangères Marty Natalegawa a bien déclaré que la question des dis­putes territoriales en MCS-BD serait au cœur des efforts diplomatiques de Jakarta. Depuis, son attention a été portée sur la querelle armée entre le Cambodge et la Thaïlande sur une zone frontalière. Cette querelle a dominé le sommet de l’ASEAN en mai dernier à Jakarta, occultant du coup la question des disputes territoriales en

MCS-BD.

Mais cette question a refait surface à l’occasion de la réunion annuelle des mi­nistres des Affaires Etrangères de l’ASEAN, suivie du Forum régional de l’ASEAN (ARF), à Bali. La Chine et les pays de l’ASEAN se sont alors mis d’accord sur les directives pour l’application de la Déclaration sur la conduite des parties en MCS-BD (DOC).

Impasse de la DOC

Cette DOC a été signée en 2002 entre la Chine et les pays de l’ASEAN, susci­tant à l’époque un espoir de paix durable dans la région. Le problème réside néan­moins dans le fait que la DOC est purement une déclaration de bonnes intentions, dont l’application reste soumise au bon vouloir de chaque partie. Certes, l’idée c’est qu’à terme, la DOC sera transformée en COC ( Code de bonne conduite ), un texte vraiment contraignant. Sauf que les négociations ont trainé depuis des années, surtout à cause de l’attitude chinoise. En fait, la DOC est pour les Chinois une manière de maintenir le statu quo en MCS-BD, plus favorable pour eux. Ce texte ne règle pas la question de fond qu’est la souveraineté de la MCS-BD et des 2 archipels d’îlots Paracel et Spratly. L’accord obtenu à Bali a été salué par certains pays, dont la Chine, comme une percée considérable, mais d’autres partagent l’avis de la secrétaire d’Etat américain Hillary Clinton pour qui « c’est un pas important, mais seulement le tout premier pas et l’ASEAN et la Chine se doivent d’avancer rapidement vers un vrai code de conduite ». (Japan Times 1/8/2011)

une organisation disparate

Face à cette Chine conquérante, les pays de l’ASEAN ont toujours du mal à parler d’une seule voix, malgré des efforts considérables pour une intégration com­plète.

Fondée en 1967 à Bangkok, Thaïlande par l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande, en pleine guerre froide, pour contenir l’ex­pansion communiste en Asie du Sud-Est, l’ASEAN a successivement accueilli en son sein le Brunei (1982), le Vietnam (1995), le Laos et le Myanmar (ex Birmanie) (1997) et le Cambodge (1999). Le Timor-Leste, pays indépendant depuis 2002, pourrait y adhérer en 2012. Mais le rêve d’une Asie du Sud-est unie reste une pers­pective lointaine.

D’abord, cette organisation régionale rassemble des pays de régimes politiques fort différents allant des dictatures comme le Vietnam, le Myanmar, le Laos et à un degré moindre tel le Cambodge aux pays à structures plutôt démocratiques comme Singapour, les Philippines, la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie. Sur le plan économique, on y trouve la République de Singapour, une des grandes places financières mondiales et à l’autre extrémité, le Cambodge, un des pays les plus pauvres de la planète.

L’ASEAN totalise un PIB de USD 1.500 milliards et près de 600 millions d’ha­bitants. C’est une région riche en ressources naturelles et en main-d’œuvre bon marché. Pour accélérer les échanges commerciaux intra-ASEAN, les pays membres ont éliminé 95 % des barrières tarifaires et non tarifaires et sont en train de renfor­cer les liaisons de transport et de travailler sur un visa commun.

L’ambition de l’ASEAN est de parvenir à une intégration économique complète en 2015 pour en faire une Communauté. Mais plusieurs économistes pensent que cet objectif reste une perspective lointaine. Pour Hall Hill, professeur d’économies d’Asie du Sud-Est à Australian National University, Canberra « les économies de l’ASEAN sont de plus en plus ouvertes, mais les pays membres n’ont aucun moyen de parvenir à une intégration formelle ni à un marché commun sur le modèle de l’Union européenne ». (Reuters 21/7).

Dans un rapport publié récemment, la Banque Asiatique du Développement (ADB) a souligné que le libre échange au sein de l’ASEAN reste partiel en biens, services et capitaux et l’Association n’a toujours pas de politiques fiscale et moné­taire communes.

Sur le plan politique également, la crédibilité de l’ASEAN reste à prouver, car depuis son début, cette organisation pratique les principes du consensus et de non-interférence dans les affaires internes de ses membres. Ces principes ne lui laissent pas beaucoup de marge de manœuvre pour régler les disputes et conflits comme la guerre aux frontières du Cambodge et de la Thaïlande et les revendications territoriales en MCS-BD. L’ASEAN est d’ailleurs impuissante face à la lenteur du processus de démocratisation au Myanmar.

Les nouveaux membres de l’ASEAN comme le Cambodge, le Laos, le Vietnam et le Myanmar préfèrent maintenir le principe de non-interférence, refusent de discuter de la démocratie et ne tolèrent pas les critiques sur leur bilan des droits de l’Homme.

Influence chinoise

Ces divergences politiques font que certains pays membres de l’ASEAN sont plus ou moins tombés dans l’orbite chinoise pour y trouver soutien diplomatique et aide économique tels le Vietnam, le Cambodge et le Myanmar.

A commencer par le Myanmar dont le régime de dictature militaire (qui a de­puis peu laissé la place à un gouvernement civil peut être prometteur, espérons le !) bénéficie depuis longtemps d’un soutien sans faille de l’allié chinois. En contrepar­tie, ce soutien garantit d’abord à la Chine un approvisionnement important et sûr en énergie. En mars 2009, les deux pays ont signé un accord pour la construction d’un oléoduc qui devra transporter le brut du Moyen-Orient et de l’Afrique vers la province sud-occidentale chinoise de Yunnan en passant par la côte Arakan du Myanmar, contournant ainsi le long trajet actuel à travers le détroit de Malacca, situé entre la Malaisie et l’Indonésie (pour le moment, 80 % de l’importation de bruit chinois passe par le détroit de Malacca). Toujours dans le cadre de l’accord, un gazoduc pompera du gaz naturel birman (10ème réserve mondiale) pour alimenter la Chine, de plus en plus gourmande en énergie. Il est prévu que ces deux chantiers seront terminés en 2013.

En mai dernier, la Chine a annoncé qu’elle construirait un chemin de fer reliant la ville frontière Muse du Myanmar au port de Kyaukphyu que Pékin a l’intention de transformer en zone industrielle spéciale. (Xinhua 30/5/2011 )

La Chine occupe la place du premier investisseur au Myanmar avec au total USD 12,32 milliards en 2010, selon les statistiques du gouvernement chinois et elle en est aussi le deuxième partenaire commercial. (Xinhua 27/5/2011)

A peine élu premier président du Myanmar en mars 2011 lors des élections générales critiquées par l’Occident, U Thein Sein a choisi la Chine pour effectuer sa première visite à l’étranger en mai dernier avec l’intention de porter les relations bilatérales au niveau du « partenariat stratégique ». (Xinhua 27/5/2011)

Pékin cherche également à renforcer son influence au Cambodge, voisin du Vietnam. La Chine qui avait soutenu les Khmers Rouges dans les années 1970’s, est devenu le premier donateur du Cambodge. Depuis 2004, elle lui a accordé environ USD 800 millions de crédit pour y développer les infrastructures (ponts et routes d’un total de 1500 kilomètres). Le 4ème « pont d’amitié Cambodge-Chine » a été mis en chantier début juillet dernier sous la haute présidence du Premier ministre, en attendant le 5ème pont d’amitié dont le chantier s’ouvrira au début de novembre de

cette année. (AKP 7/7/2011)

Des dizaines de sociétés chinoises s’activent à construire 8 barrages hydroélec­triques dans le pays. Elles ont même transformé des régions entières dans la province de Mondulkiri (à l’est) en zones chinoises interdites à la police cambodgienne, « un pays dans un pays » selon les termes du ministre cambodgien de l’Intérieur, Sar Kheng dans une conférence de l’ année dernière. (Washington Post 20/11/2010)

Soutenu à fond par Pékin, Phnom Penh applique strictement la politique d’« une seule Chine », refusant la demande de Taiwan d’ouvrir un bureau commercial malgré la promesse des millions de dollars US d’investissements taïwanais. En décembre 2009, le Cambodge a même expulsé 20 Ouighours réfugiés vers la Chine, mal­gré l’avertissement américain. Phnom Penh a également suivi à la lettre la position chinoise sur la question de la MCS-BD à savoir le refus de toutes négociations mul­tilatérales.

D’autres pays de l’ASEAN comme l’Indonésie font également l’objet de l’offen­sive de charme chinoise. A l’occasion de la visite du Premier ministre Wen Jiabao à Jakarta fin avril 2011, la Chine a annoncé un prêt de 8 USD milliards à l’Indonésie pour des projets d’infrastructure. Cela juste avant le sommet de l’ASEAN en mai à Jakarta. Jusqu’à ce jour, l’Indonésie, marché émergent important et partenaire stra­tégique de poids, a suivi une politique de neutralité, se laissant courtiser à la fois par Washington et Pékin. Mais en ce moment, Jakarta a un besoin criant d’investisse­ments étrangers pour maintenir sa forte croissance économique. L’aide chinoise est tombée à pic. La neutralité indonésienne se maintiendra-t-elle encore pour long­temps ?

Même le Vietnam a du mal à résister au rouleau compresseur chinois. 90 % des projets importants y sont gagnés par les Chinois avec, pour certains, 100 % de main d’œuvre chinoise prévus au contrat. Les marchandises made in China, de mau­vaise qualité, mais au prix défiant toute concurrence, inondent le marché. Le déficit commercial du Vietnam envers la Chine a augmenté d’année en année à un niveau inquiétant (environ usd10 milliards pour 2010).

Sur le plan politique, malgré quelques gestes et déclarations résolument natio­nalistes sur fond de tension en MCS-BD, les dirigeants de Hanoi sont toujours soupçonnés d’être trop dépendants des chinois. Il est vrai que Hanoi cherche diffici­lement à contrebalancer l’influence chinoise en se rapprochant des Américains, des Indiens, des Japonais… mais l’instinct de survie du Parti Communiste Vietnamien ( PCV) trop inféodé au grand frère chinois le PCC (Parti communiste chinois) fait que le régime communiste ne pourrait jamais se passer du soutien du grand voi­sin du nord. La répression d’ Hanoi contre les manifestants anti- expansionnisme chinois, pourtant tolérés au début, en est la preuve.

Les pays de l’ASEAN dans l’ensemble dépendent de plus en plus de la Chine en investissement et en aide. Le marché chinois est devenu incontournable pour les économies sud-est asiatiques, surtout depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange Chine-ASEAN le 1er janvier 2010. L’année dernière, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’ASEAN avec un volume d’échanges commerciaux évalué à USD 230 milliards.

Une crédibilité à affirmer

Coincée entre les deux géants Chine et Inde qui se disputent l’influence en Asie du Sud-Est, le plus grand défi de l’ASEAN est donc de parvenir à une cohésion et une crédibilité en tant qu’organisation régionale majeure. Mais la trop grande différence génératrice de divergences entre ses Etats membres l’empêche de jouer pleinement son rôle. Déjà un autre casse-tête attend l’ASEAN : l’intention du Myanmar de prendre, coûte que coûte, la présidence tournante en 2014. Cette présidence lui a été refusée en 2006 en raison des pressions occidentales à l’encontre de la junte militaire, accusée de graves violations des droits de l’Homme. Aujourd’hui, cette junte a été remplacée par un gouvernement « civil » et le processus de démocratisation est en marche, quoique trop lentement aux yeux de la communauté internationale. Aux dernières nouvelles, le Président U Thein Sein a pris des initiatives audacieuses et heureuses pour se rapprocher de Mme Aung Sann Suu Kyi, de facto chef de l’opposition démocratique et du peuple birman (libération de 200 détenus politiques, promesse de mettre fin à la censure et d’autoriser la création de syndicats indépendants et le droit de grève.) Sur le plan extérieur, sa visite d’état en Union Indienne début Octobre 2011 lui a fourni l’occasion de revenir sur une politique d’indépendance nationale équilibrée, surtout à l’égard de la Chine. On espère que le Myanmar verra sous peu des jours meilleurs et qu’il pourra assurer sans trop d’encombres la présidence de l’ASEAN en 2014, évitant de diviser et gêner l’organisation régionale et lui permettant de s’affirmer davantage face à la Chine, toujours aux aguets !

De son côté, le conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge a une meilleure chance de trouver bientôt une fin heureuse depuis l’arrivée à Bangkok au mois de Juin 2011 du gouvernement de Mme Yingluck, a priori bien vue à Phnom-Penh.

Parallèlement, le Vietnam, malgré une crise économico-financière très grave que le gouvernement n’arrive pas encore à juguler a réussi d’un côté à obtenir de la part de la Chine un Modus Vivendi ( un peu bancal certes) pour faire baisser la tension en MCS-BD et de l’autre à ramener le pays un peu plus au centre en s’ouvrant fermement avec un certain succès sur les Etats Unis et ses alliés ainsi que sur l’Inde, son vieux, loyal et traditionnel partenaire depuis 1947.

Les Philippines sont de plus en plus convaincues du rôle de l’ASEAN dans son face à face risqué avec Pékin et ont pris des initiatives audacieuses mais intelligentes et opportunes pour consolider l’ASEAN. Exemples parmi d’autres : le renforce­ment de la coopération avec le Vietnam et l’Indonésie sur le dossier MCS-BD et la proposition de créer un organisme juridique Aseanien ad hoc pour les questions juridiques et stratégiques face à la RPC.

Quant à l’Indonésie, Président de l’ASEAN pour 2011, elle a pris conscience du risque de déstabilisation pour l’ASEAN que constitue l’expansionnisme agressif de la faction nationaliste dans le gouvernement à Pékin en MCS-BD et elle a renforcé sa coopération avec les Etats Unis.

Ceux-ci, par la voix de leur Ministre des Affaires Etrangères Mme Hillary Clinton inter alia, ont réaffirmé à maintes reprises leur ferme détermination de rester enga­gés dans l’espace Indo-pacifique pour y assurer la stabilité, la paix et la prospérité (cf Foreign Policy Nov 2011 : Asia-Pacific : America’s Pacific Century).

Ainsi, la RPC (République populaire de Chine) dont la tendance hégémonique s’est affirmée maladroitement depuis 2008 en Asie en général et plus particulière­ment en Asie du Sud Est est elle prévenue !

L’ASEAN espère donc bénéficier de la stabilité et de la paix assurées par la Pax Americana juste encore quelques temps afin de renforcer davantage ses structures encore trop fragiles pour parvenir dans les meilleurs délais possibles à faire de cette organisation un marché commun puis une authentique communauté à l’instar de l’Union Européenne.

Ce jour là, peut être lointain mais peut être pas si lointain, l’ASEAN et ses pays membres pourraient jouer leur rôle à plein pour apporter leur contribution à la paix et au progrès en Asie Pacifique et dans le monde, démentant de la sorte les perspec­tives sombres proposées pour l’Asie du Sud Est et la MCS-BD par M.R. Kaplan : « Mer de Chine du Sud-Biên Dông : mère des conflits du futur ! » (cf Foreign Policy Oct 2011 : The South China Sea is the Future of Conflict by R.Kaplan).

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