Par Ahmad Naghibzadeh,professeur de sciences politiques à l’Université de Téhéran. Ancien directeur du département de sciences po. Il est aussi l’auteur de 12 livres universitaires et traducteur de 10 livres du français vers lepersan :
Deuxième PANEL
Modérateur : Son Excellence Michel RAIMBAUD, ancien ambassadeur de France
COLLOQUE : LA SOCIÉTÉ CIVILE MOYEN ORIENTALE : UN REGARD EUROPÉEN
Actes du colloque
Le vendredi 15 janvier 2016
Organisation Internationale de la Francophonie
La société civile en sens moderne se réfère directement à la construction de l’Etat-Nation. L’Arabie saoudite malgré le revenu national est le seul pays qui se dirige avec des formations politiquesprécapitalistes se référant à la loi de Shariat qui se caractérise par le code monistene prévoyant aucune place pour la société civile. Dans cette situation lesformations séparées de gouvernance ne peuvent qu’être marginalisées etprimitives avec un sens religieux par le manque d’esprit libre. En vérité le régime politique en Arabie saoudite se trouve dans une impasse car dans l’ère de la mondialisation on ne peut se plier sur soi mais del’autre côté tout changement implique une redistribution des pouvoirs, ce que cerégime est incapable d’accepter.
L’Iran par contre connait depuis 1501, avec l’avènement de la dynastie Safavide,ce que l’on appelle la construction d’un centre unifié de pouvoir considéré comme lepoint de départ de l’Etat-Nation. Si on considère ladésignation de la religion chiite comme religion d’Etat à l’instar de l’abolition du décretde Nantes par Louis IVX, on peut dire que le processus de mise en marche de l’Etat-Nation a commencé en Iran en même temps qu’en Europe. Dès le départ lasociété civile iranienne a connu deux piliers principaux à savoir Bazar commel’incarnation du marché et Howzeh comme symbole de l’institution religieuse. Il yavait un troisième pilier d’ordre précapitaliste à savoir la société tribale commeune formation autonome.
Mais aujourd’hui le système politique se trouve devant une poussée des formations modernes telles que les partis politiques. Se trouvant ainsi à l’épreuve d’une poussée très forte pourl’ouverture, le système politique semi fermé que nous avons en croyant qu’il yaura un relai entre les formations libres à l’intérieures et les ingérencesétrangères, se voit obligé de s’appuyer sur ses force coercitives et sur lesgroupements fidèles aux idées de la révolution islamique ; sinon le terrain estfertile et tous les éléments nécessaires pour en faire une société civile forte etactive sont présents.