Monsieur Rastbeen a ensuite donné la parole à monsieurTroudi Mohamed, Chercheur en relations internationales et stratégiques, associé à l’Académie de Géopolitique de Paris, Pour parler » la politique de l’Arabie Saoudite au Moyen-Orient «
Partie 3; Actes du colloque : Où va l’Arabie saoudite?
Le 10 mars 2016
Assemblée nationale :
Académie de géopolitique de Paris
Mr. Troudi dit que depuis le remaniement dynastique en Arabie saoudite début 2015, le royaume saoudien mène une politique ouvertement plus interventionniste, elle se manifeste par une attitude très hostile envers l’Iran, par une intervention militaire meurtrière et illégale du point de vue du droit international au Yémen et un engagement de plus en plus visible dans la guerre par procuration menée en Syrie.
Le royaume se considère comme encerclé par des menaces aussi importantes les unes que les autres à ses frontières, le Yémen, l’Irak et la montée en puissance de l’Iran, notamment après l’apaisement dans les relations irano américaines depuis peu, consacrée par la signature d’un accord sur le nucléaire iranien, annonçant le grand retour de Téhéran sur la scène régionale et internationale, après avoir mis fin à des années d’ostracisme, touchant la république islamique.
Dans une politique de fuite en avant, épaulé par son allié turque et américain, le royaume mène une politique régionale agressive et belliqueuse. Au Liban le régime saoudien cherche à affaiblir la capacité militaire du Hezbollah libanais en entretenant une politique de déstabilisation de ce pays victime expiatoire des conflits qui secouent cette région si explosive, chemin faisant le Liban est brutalement pris en otage par l’Arabie saoudite, qui lui reproche sa trop grande complaisance avec l’Iran sur fond du conflit entre sunnites et chiites Le royaume saoudien est par conséquent une parfaite illustration de l’imbrication du politique et du religieux et que les conflits surgissant dans la région sont essentiellement voire exclusivement d’essence confessionnelle.
On retrouve cette même : volonté d’intervenir dans les affaires intérieures des États de la région, c’est le cas en Irak, les saoudiens cherchent à lutter autant que faire se peut contre l’influence iranienne dans ce pays depuis l’intervention américaine en Irak, intervention qui constitue depuis source de détérioration de ses relations avec son alliée stratégique les États Unis.
Depuis l’arrivée de la nouvelle administration saoudienne conduite par le roi Salman, on assiste à l’adoption d’une politique étrangère proactive , amenant la Turquie (qui a ses propres calculs) à rejoindre l’alliance sunnite avec l’imbrication de différents objectifs à la fois du royaume saoudien, de la Turquie et de l’Égypte, ce qui laisse supposer qu’on s’achemine vers un rapprochement de type gagnant turco saoudien. Les saoudiens ont peut-être simplement compris ou supposent qu’ils ne peuvent plus résoudre les nombreux problèmes de la région les concernant directement par des moyens traditionnels, mais via des alliances.
En ce qui est du Qatar, vue de loin, les deux pays ont davantage de points communs que de divergences, à voir de près ce ne sont que des cliché car non seulement les différences existent, mais ce sont parfois de profondes divergences qui opposent ces deux royaumes, depuis que le petit émirat du Qatar a décidé d’exister sur l’échiquier régional et par conséquent de rivaliser avec le deuxième plus grand pays arabe sunnite après l’Algérie à savoir l’Arabie saoudite.
En décidant de passer d’un statu de pétrolochimie insignifiante à celui d’un acteur important sur la scène régionale et internationale, le Qatar défie l’hégémonie de l’Arabie saoudite qui surveille de près son désormais rival et non moins allié du Conseil de Coopération du Golfe ou CCG.