LA BALTIQUE, UNE NOUVELLE POUDRIÈRE DU NORD ? DÉFIS GÉOPOLITIQUES ET MENACES SÉCURITAIRES

Jure Georges VUJIC : Diplomate et géopoliticien franco-croate, il est le directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb (Croatie) et chercheur à l’Académie de Géopolitique de Paris et membre de son conseil scientifique. Il est l’auteur de La pensée radicale. Introduction à la phénoménologie de la radicalité politique (Zagreb, Alpha, 2015), Les convergences liberticides. Essai sur les totalitarismes bienveillants (Paris, L’Harmattan, 2022) ou encore Le Géoconstructivisme. L’Art de faire et de défaire les États (Paris, éd. de l’Académie de Géopolitique de Paris, 2022).

Résumé : La guerre russo-ukrainienne entraîne une profonde reconfiguration géopolitique, et en particulier de la région autour de la mer Baltique, à tel point qu’on parle d’un nouveau « centre de gravité » balto-scandinave de l’Europe. Auparavant, l’ensemble Balto-scandien regroupait presque tous les pays baltes et ceux de l’Europe nordique dans un espace macro-régional post-hanséatique d’échanges et de coopération. Après l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, la configuration géopolitique de cette région est changée, puisqu’élevée au rang d’espace géostratégique et sécuritaire primordial, permettant de verrouiller l’expansion de la Russie vers cette « mer de l’Ouest ». Depuis cette adhésion à l’OTAN, le scénario d’une intervention militaire éclair ou hybride russe sur le passage de Suwałki (entre Pologne et Lituanie) est de moins en moins plausible. Mais toute escalade militaire dans cette région conduirait, par le jeu des alliances, à une mondialisation du conflit.

Mots-clés : Baltique, Russie, Ukraine, Suède, Finlande, Pologne, Pays baltes, Pays scandinaves, Lituanie, Île de Gotland, Îles Svalbard, Kaliningrad, Guerre, Conflit, Géopolitique, Géostratégie, OTAN, Europe, Union européenne, Espace balto-scandien, Définlandisation, Polonisation, ZEE, Arctique, Frontières, Maritime, Sécurité, Mare Nostrum, Gazoducs, Narratifs, Géohistoire, Axe Varègue, Intermarium ukrainien, Rus’ kiévienne, Initiative des Trois Mers, GUAM, Reconfiguration géopolitique.

THE BALTIC, A NEW NORTHERN POWDER KEG ?

GEOPOLITICAL CHALLENGES AND SECURITY THREATS

Abstract : The Russo-Ukrainian war leads to a profound geopolitical reconfiguration, and in particular of the region around the Baltic Sea, to such an extent that there is talk of a new Baltic-Scandinavian “center of gravity” of Europe. Previously, the Baltic-Scandian whole brought together almost all the Baltic countries and those of Nordic Europe in a post-Hanseatic macro-regional space of exchange and cooperation. After the accession of Sweden and Finland to NATO, the geopolitical configuration of this region was changed, since it was elevated to the rank of a primordial geostrategic and security space, making it possible to lock in Russia’s expansion towards this “Western Sea”. Since this joining of NATO, the scenario of a Russian flash or hybrid military intervention on the Suwałki crossing (between Poland and Lithuania) is less and less plausible. But any military escalation in this region would lead, through the game of  alliances, to a globalization of the conflict.

Key words : Baltic, Russia, Ukraine, Sweden, Finland, Poland, Baltic countries, Scandinavian countries, Lithuania, Gotland island, Svalbard islands, Kaliningrad, War, Conflict, Geopolitics, Geostrategy, NATO, Europe, European union, Baltoscandian space, Definlandization, Polonization, EEZ, Arctic, Borders, Maritime, Security, Mare Nostrum, Pipelines, Narratives, Geohistory, Varangian Axis, Ukrainian intermarium, Kievan Rus’, Three Seas Initiative, GUAM, Geopolitical reconfiguration.

LA BALTIQUE EST AU CŒUR DE LA RECONFIGURATION GÉOPOLITIQUE qu’a généré la déclinaison de la guerre russo-ukrainienne sur cette région, et à un tel point qu’on parle d’un nouveau « centre de gravité » balto-scandinave de l’Europe[1]. En effet, alors que l’ensemble « balto-scandien » (selon l’expression du professeur lituanien Kazys Pakštas[2]), regroupait la quasi-totalité des pays baltes et de l’Europe nordique dans un espace macro-régional post-hanséatique d’échanges et de coopération, l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN a changé sa configuration géopolitique en l’élevant au rang d’espace géostratégique et sécuritaire primordial, permettant de verrouiller la Baltique (grâce aux détroits danois) face à l’expansion de la Russie vers cette « mer de l’Ouest » (selon l’appellation estonienne) dont l’accès à la mer se limite toujours au fond du golfe de Finlande et à l’enclave dite « de Kaliningrad » (ancienne Königsberg).

Jusqu’à maintenant, la possibilité d’une intervention militaire éclair ou hybride russe sur le passage de Suwałki (entre Pologne et Lituanie) restait toujours envisageable en présentant ainsi une menace existentielle pour la défense des États baltes, mais depuis l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, ce scénario reste de moins en moins plausible et réel. Néanmoins, toute escalade militaire dans cette région où l’ensemble des pays riverains de la Baltique sont membres de l’OTAN aboutirait, par le jeu de l’article 5 du Traité de l’Alliance[3], à une mondialisation du conflit.

De la « définlandisation » à la « polonisation » de l’espace nordique ?

Après la guerre en Ukraine, la Finlande et la Suède ont décidé d’abandonner leur neutralité historique pour rejoindre l’OTAN. Une telle décision, qui modifie radicalement l’architecture géopolitique et sécuritaire de l’Europe, a généré une vague d’inquiétude   ainsi qu’une série de spéculations sur la possibilité d’une escalade en chaîne vers une nouvelle guerre mondiale. En effet, « L’agression latente russe contre l’Ukraine – et le reste de l’Europe nordique ainsi que l’Europe de l’Est et centrale – peut se transformer en une vraie guerre par erreur ou par intention. Dans les deux cas, l’escalade horizontale vers les pays baltes n’est pas à exclure.

Ainsi,  Henri Guaino dans le journal français Le Figaro[4] emprunte la métaphore des « Somnambules » au titre du livre de l’historien australien Christopher Clark sur les causes de la Première Guerre mondiale[5] et estime qu’un scénario similaire d’escalade en chaîne vers la guerre mondiale se déroule sous nos yeux comme celui de 1914. La Guerre froide n’a pas conduit à la Troisième Guerre mondiale, principalement parce qu’aucun de ses principaux acteurs n’a jamais tenté d’ « écraser l’autre dans un coin ». Selon Guaino, aujourd’hui, au contraire, « les États-Unis et leurs alliés veulent accaparer la Russie et l’affaiblir géopolitiquement ». En revanche, il estime que l’entrée de la Finlande, de la Suède, mais aussi de la Moldavie et de la Géorgie dans l’OTAN aux côtés de l’Ukraine va au contraire aggraver le sentiment d’« encerclement » de la Russie (le fameux complexe obsidional), l’incitant à des démarches aux effets irréversibles, qui pourrait comporter une guerre chimique ou même nucléaire.

D’un autre côté, de nombreux analystes estiment que l’Occident est en position de légitime défense, qu’il montre son unité et sa détermination en empêchant non seulement la réalisation des objectifs néo-impériaux de la Russie en Ukraine, mais aussi en empêchant de manière préventive la possibilité d’une nouvelle agression russe par exemple dans la région de la Baltique à l’avenir. Dans ce sens, en réponse à la thèse de Guaino, Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), dans l’article « Non, Henri Guaino, nos yeux sont grands ouverts vers la Russie »[6], estime que Guaino tire de fausses analogies historiques et de fausses leçons de la Guerre froide, qu’il comprend mal la stratégie américaine et qu’il établit une fausse symétrie entre aujourd’hui et les événements historiques du passé. Tertrais souligne que, contrairement à l’époque de la Première Guerre mondiale, l’enthousiasme pour la guerre n’existe plus en Occident, et que les leçons du siècle dernier ont été tirées, alors que selon lui Poutine comprend très bien qu’elle est la « ligne rouge » qu’il ne doit pas franchir. D’autre part, selon lui, l’article 5 du Traité de Washington, et le système d’alliance n’est plus le même, ni analogue à celui de 1914 où prédominaient les mécanismes d’automatisation en chaîne, et que la dynamique des modèles de mobilisation d’alors n’a plus de pertinence stratégique aujourd’hui. Il souligne en revanche que la Chine, deuxième puissance mondiale, prône la retenue plutôt que l’escalade. D’un autre côté, la décision de la Finlande et de la Suède d’abandonner leur neutralité historique pour rejoindre l’OTAN, qui a déclenché le processus de dé-finlandisation dans cette région du nord, a paradoxalement stimulé un processus parallèle de « re-finlandisation » au sein du nouveau triangle géopolitique : Baltique, Asie et Centre-Est. D’autre part, certains analystes comme Pascal Boniface parlent d’un risque de « polonisation » de la politique européenne[7], qui succédant á la dé-finlandisation de l’Europe scandinave pourrait correspondre à un durcissement de position antirusse (analogue à celui de la Pologne et des pays Baltes) et à une extension du conflit dans la région de la Baltique.

La déclinaison conflictuelle russo-ukrainienne dans la Baltique

L’extension du domaine conflictuel russo-ukrainien dans la région de la Baltique, centre industriel et commercial du continent européen, ancien espace hanséatique, mettait fin à une période de plus de 75 ans de paix. Le golfe de Finlande est l’une des zones géostratégiques d’entrée et de sortie pour la Russie. En revanche, la Baltique se termine à l’Est par une « impasse » : le golfe de Finlande, avec au fond la ville de Saint-Pétersbourg. La marine russe de Cronstadt, le principal port militaire de la capitale du nord, ne peut quitter cette baie que si la paix règne. De plus, un blocus naval commercial est toujours tactiquement possible et aurait pour effet de stopper la production dans le bassin industriel de Saint-Pétersbourg, ce qui serait un désastre économique pour Moscou.

Il faut garder à l’esprit que dans la région de la Baltique, depuis le XVIIIème siècle, la guerre a toujours constitué la norme, et la paix l’exception, et que l’ adhésion de la Finlande et de la Suède a l’OTAN, a transformé la mer Baltique et la mer du Nord en espace maritime à part entière de l’OTAN (sauf, bien sûr, une centaine de kilomètres de côtes autour de Saint-Pétersbourg et de la région de Kaliningrad (anciennement Königsberg à l’Est de la Prusse, aujourd’hui territoire entièrement russe enclavé entre la Pologne et la Lituanie). En ce sens, Dominique Moisi de l’Institut Montaigne français souligne que « jusqu’en 1991, la mer Baltique était pratiquement un ‘lac russe’. Grâce à Poutine, cette même mer est sur le point de devenir un lac atlantique de sécurité intérieure ». Il est clair que la réaction russe à l’adhésion de la Finlande et de la Suède à L’OTAN a ouvert la voie à une plus grande militarisation dans la région par ailleurs la plus militarisée du monde, avec des conséquences sécuritaires considérables pour la paix mondiale. D’autre part, l’entrée de la Finlande et de la Suède a transformé inévitablement la stratégie militaire de l’OTAN, passant d’une stratégie défensive à une stratégie plus offensive. Ainsi, un certain nombre d’analystes militaires estiment que le système de défense existant de l’OTAN dans la région de la Baltique est déjà suffisant et pleinement opérationnel en cas d’une éventuelle attaque de la Russie de Poutine sur la mer Baltique ou en Scandinavie. La démonstration de cette réalité de la capacité de défense s’est illustrée par les manœuvres dites « NATO Cold Response 2022 », dont le dernier exercice a réuni plus de 36 000 soldats en Norvège[8]. La pleine intégration dans l’OTAN de ces deux « producteurs de sécurité » (Security Providers) que sont la Finlande et la Suède ont modifié en profondeur les rapports de force en Baltique. Plus que jamais, Saint-Pétersbourg et les ports construits au cours des années 2000 (Vyborg et Oust-Louga), au fond du golfe de Finlande, seront comparables à une simple fenêtre sur la Baltique, complétée il est vrai par l’enclave sur-militarisée de Kaliningrad. Quant aux États baltes, ils seront désenclavés, la Suède et la Finlande leur conférant une réelle profondeur stratégique[9]. Il convient aussi de constater la dimension stratégique du port de Göteborg, essentiel pour le soutien aux États baltes et à la Finlande, ainsi que la position centrale en mer Baltique de l’île de Gotland.

L’extension et la mise sur pied d’une alliance militaire atlantiste entièrement intégrée dans la mer du Nord, la Baltique, la Scandinavie et l’extrême-nord jusqu’au pôle Nord permettrait le contrôle des routes maritimes et la mise en place d’un bouclier aérien et antimissile tactique et stratégique assez hermétique sur cette zone. De plus, la Russie serait pratiquement incapable d’exercer son contrôle militaire sur les zones maritimes qu’elle contrôle encore, comme la partie russe des îles Svalbard (la zone autour de la petite ville de Barentsburg, où la Russie a le droit d’exploiter une mine de charbon par le traité du Svalbard de 1920). Bref, la stratégie de l’OTAN en Europe du Nord pourrait à terme favoriser l’exclusion de la marine russe de la Baltique, de la mer du Nord et de l’océan Atlantique…  Ainsi, dans l’espace régional, si la Baltique se transformait en une « Mare Nostrum » occidentale, cela renforcerait alors l’Allemagne dans son rôle régional central géopolitique, car depuis la Confédération hanséatique à la fin du Moyen-Âge, l’Allemagne est l’axe politique et militaire de la Baltique. La base navale de Kiel pourrait devenir un nœud de sécurité et un centre pour les routes maritimes des deux mers (Baltique et Nord), entièrement couvertes par les zones économiques exclusives (ZEE) appartenant aux pays membres de l’OTAN.

Les enjeux géoéconomiques et sécuritaires de l’Arctique

La guerre en Ukraine ainsi que l’adhésion de la Finlande à l’OTAN ont également eu un fort impact sur les tensions géopolitiques et militaires dans l’Arctique entre la Russie et l’Occident. Au nord de la Finlande et de la Russie, l’Arctique est une ligne de front potentielle, notamment avec la fonte progressive des glaces due au réchauffement climatique. Chaque bloc se sent vulnérable des deux côtés et la présence militaire continue d’augmenter. La Russie a renforcé sa marine arctique et prévoit de déployer des missiles hypersoniques et des armes nucléaires dans la région. Pendant cinq ans, la Russie Poutinienne a multiplié les exercices militaires dans la région. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a organisé des manœuvres militaires baptisées « Cold Response » en mars 2022. La fonte des glaces augmente les risques et toutes les parties rivales se sentent plus vulnérables aux potentielles « attaques ennemies ». L’entrée de la Finlande dans l’OTAN implique mécaniquement un renforcement de la présence de l’Alliance atlantique dans l’extrême nord, et l’article 5 de l’OTAN pourrait donc être activé en cas d’attaque russe dans la zone arctique de la mer de Barents. D’autre part, il convient de ne pas ignorer les grands intérêts économiques de la région arctique. Le sous-sol arctique détient environ 25 % des ressources mondiales de combustibles fossiles, de grandes quantités de gaz, de pétrole et également de minéraux, et l’ouverture d’une route maritime du Nord, qui deviendra de loin la route la plus rapide entre l’Europe et l’Asie, stimulerait indéniablement les relations commerciales mondiales. Cependant, la tension géopolitique et militaire croissante entre l’Est et l’Ouest dans cette région compromettra certainement cet équilibre géoéconomique potentiel. En raison de la guerre en Ukraine, les travaux du Conseil de l’Arctique (qui réunit des pays côtiers : la Russie (qui possède la moitié de la côte arctique) et sept pays occidentaux : le Canada, les États-Unis d’Amérique, la Finlande, le Danemark, l’Islande, la Norvège, la Suède) a été suspendu en tant que mécanisme de règlement des différends, ce qui renforce encore la fragilité de la zone arctique.

Théoriquement, chaque État souverain a le droit de choisir les alliances qu’il fera, les accords qu’il signera, en appliquant le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principe contenu dans la Charte des Nations Unies et élément juridique fondamental du droit international. Cependant, la réalité géopolitique dépend de la position géopolitique et géographique d’un même État, qui doit souvent anticiper les éventuels mouvements « expansionnistes » d’un autre État du voisinage. Ainsi force est de constater que la finlandisation est souvent le résultat de l’établissement d’un équilibre de pouvoir entre les puissances néo-impériales et d’autres États voisins plus petits. Pour cette raison, le terme « finlandisation » peut également faire référence à d’autres relations internationales, comme la relation du Danemark avec l’Allemagne entre 1871 et 1940. les relations entre des pays comme Taïwan avec la Chine ou le Liban avec la Syrie, et finalement la finlandisation de l’Amérique du Sud, avec application de la « doctrine Monroe ».

La révision russe des frontières maritimes dans la Baltique

La Russie a publié le 21 mai dernier, un projet de décret du gouvernement russe qui indique que les autorités russes ont décidé unilatéralement de modifier les frontières maritimes avec la Lituanie et la Finlande dans la mer Baltique[10]. Vilnius et Helsinki ont répondu rapidement à cette initiative révisionniste. Le ministère des Affaires étrangères de Lituanie, qualifie cette démarche de provocation. Le document préparé par le ministère russe de la Défense indique que la Russie a l’intention de déclarer comme eaux intérieures une partie des eaux de la partie orientale du golfe de Finlande et la zone proche des villes de Baltiisk et Zelenogradsk, dans l’oblast de Kaliningrad. Moscou a décidé de modifier les coordonnées géographiques des points qui définissent les lignes de départ à partir desquelles sont mesurées la largeur de la mer territoriale russe et les zones adjacentes le long de la côte et des îles. Selon l’annexe de la résolution gouvernementale, la Russie a l’intention de réviser les zones situées le long de l’isthme de Courlande, du cap Taran et de l’isthme baltique, à la frontière avec la Lituanie. La Finlande et la Lettonie ont également réagi ainsi que d’autres pays nordiques et baltes afin de « clarifier la situation ». Ryhor Nizhnikau, chercheur principal au sein du programme Voisinage et Russie de l’Institut finlandais des relations internationales, a déclaré que, si elle était effectivement mise en œuvre, cette mesure conduirait à la création d’une nouvelle « zone grise » sur la frontière russo-occidentale. Frontière que la Russie pourrait potentiellement utiliser militairement pour diverses provocations et diversions, ce qui a terme pourrait constituer un casus belli pour l’OTAN.

L’importance géostratégique de l’Ile de Gotland

La confrontation globale qui oppose le camp occidental à la Russie à propos de la guerre en Ukraine, met en exergue l’importance stratégique de micros-espaces tels que les enclaves, exclaves, les isthmes, les rochers, les ilots, comme les « fragments » des ex-empires qui dans le cadre de scénarios bellicistes peuvent constituer de véritables enjeux stratégiques et militaires. C’est le cas de l’île suédoise de Gotland, au milieu de la mer Baltique, nouveau bastion stratégique, qui renforce sa défense depuis l’adhésion de la Suède à l’OTAN. Située à un peu moins de 300 kilomètres de l’enclave russe de Kaliningrad, elle voit un nombre toujours plus important de soldats venir garnir les rangs du régiment de l’île.  En effet le contrôle de Gotland au milieu de la mer Baltique, permet de mettre des systèmes et des capacités militaires sur cette île pour contrôler le survol et la navigation sur la mer Baltique… 

Selon Lars Wedin, « L’ile de Gotland faisant partie de la Suède, sa sécurité est évidemment importante. Plus stratégiquement, Gotland pourrait constituer le centre d’une zone A2/AD baltique grâce à des missiles à longue portée en conjonction avec les forces navales et aériennes suédoises – en coopération avec celles de la Finlande ». Pour l’OTAN, dans une crise balte, l’île pourrait constituer une base arrière importante ainsi qu’une base pour la protection de l’acheminement de ses forces[11].

Pour la Russie, Gotland aurait une grande valeur stratégique. Son emprise donnerait la possibilité d’empêcher son utilisation par l’OTAN. Gotland pourrait aussi devenir une base navale – mais vraisemblablement pas une base aérienne – utile pour ses opérations en mer Baltique car la flotte russe est actuellement coincée à Kaliningrad et Saint-Pétersbourg. Ici, le système antiaérien S-400 pourrait jouer un rôle pour la protection aérienne de ses forces navales au centre de la mer Baltique. Désormais, la Russie ne disposant plus que de deux étroites fenêtres sur la mer Baltique : Saint-Pétersbourg et l’enclave de Kaliningrad-Königsberg, entre Lituanie et Pologne, la Russie entend bien prendre les devants pour son désenclavement dans la région en initiant cette série de révisions sur le statut maritime dans la région. La Baltique semble redevenir une mer européenne, ouverte sur la mer du Nord et l’océan Atlantique. On comprend donc que la nouvelle agression russe sur l’Ukraine, le 24 février 2022, soit à l’origine d’une bifurcation historique dans la région nordico-baltique.

Le rôle des narratifs géo-historiques et géopolitiques

Le narratif sur la « Méditerranéisation de la Baltique du Nord » répondait lors de l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Union européenne, en 1995, à des impératifs et un contexte de coopération économique, de paix et de prospérité, même si la Baltique, loin d’être une méditerranée du Nord, n’a rien à voir avec les réalités du Bassin méditerranéen et de la plus grande Méditerranée « Braudellienne »[12]. Peu á peu, à l’ordre des équilibres nordiques pendant la Guerre froide, avec un espace hétérogène Est géopolitiquement partagé entre l’URSS et ses satellites (Pologne, RDA), les riverains membres de l’OTAN (RFA, Danemark) et les États neutres (Suède, Finlande) se concentrant sur le processus de finlandisation dans les régions,  succédera le dégel géopolitique[13] post-bipolaire à la fin de la guerre froide et de l’accession de l’indépendance des pays baltes et de la Pologne, accompagnée d’une forme de périphérisation et un enclavement de la Russie qui ne disposera depuis plus que de deux fenêtres étroites sur la mer Baltique : Saint-Pétersbourg et l’enclave de Kaliningrad/Königsberg, entre Lituanie et Pologne. Ce phénomène de marginalisation est amplifié par l’entrée des autres pays riverains de la Baltique dans l’Union européenne et dans l’OTAN. Suite à l’indépendance des États baltes, les autorités russes ont renforcé les infrastructures portuaires du golfe de Finlande, autour de Saint-Pétersbourg (terminaux pétroliers de Primorsk et Vyborg, alimentés depuis la Sibérie occidentale par le Baltic Pipeline System). Les flux au départ de ces infrastructures contournent les ports baltes et la Biélorussie ; ils assurent une liaison directe avec les grands importateurs énergétiques ouest-européens (l’Allemagne principalement). Inauguré en 2011, le gazoduc Nord Stream, de Vyborg (Russie) à Greifswald (Allemagne), s’inscrit dans la même logique…

La stratégie de contrôle de l’Axe Varègue et l’intermarium Ukrainien

Les dernières annonces de révisions territoriales de la Russie consistent pour la Russie à réactiver la stratégie de contrôle de l’Axe Varègue. Historiquement, la mer Baltique est activement pratiquée par les Varègues qui, depuis la Suède actuelle, ont établi position sur la rive opposée. Nombre d’entre eux traversant l’isthme Baltique-mer Noire (l’« axe Varègue »)  rejoignent l’isthme caucasien et au bassin de la Caspienne pour se louer comme mercenaires à Constantinople. Selon la thèse normaniste, certains de ces hommes du Nord seraient à l’origine de la Rus’ kiévienne[14]. Plus tardivement, la Baltique est dominée par la Hanse qui, de Londres à Novgorod, déploie ses réseaux commerciaux et constitue une puissance militaire. Au XVIème siècle, la Hanse s’efface devant la montée en puissance des États territoriaux. Durant la Guerre de Livonie s’oppose à la Russie une coalition formée du Danemark, de la Suède et de la Pologne (1558-1582). À la suite de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) la Suède de Gustave-Adolphe impose un temps sa suprématie, la mer Baltique faisant figure de « lac suédois ». À la tête de l’Empire russe, Pierre le Grand fonde en 1703 Saint-Pétersbourg et l’arsenal de Kronstadt, s’assurant ainsi une fenêtre sur la Baltique et l’Europe. À l’issue de la Grande Guerre du Nord qui, de 1720 à 1721, s’oppose à la Suède, la Russie devient la principale puissance en mer Baltique. C’est à partir de son unification, en 1871, que l’Allemagne impose sa prépondérance. Elle la conserve au long des deux guerres mondiales, la Baltique étant alors un « lac allemand ». Au fil de la Guerre froide, la mer Baltique est régie par les « équilibres nordiques » : cet espace hétérogène est géopolitiquement partagé entre l’URSS et ses satellites (Pologne, RDA), les riverains membres de l’OTAN (RFA, Danemark) et les États neutres (Suède, Finlande).  Dans ce nouveau contexte géopolitique, la neutralité de la Finlande est plus subie que choisie (cette option lui a évité la satellisation dans l’après-1945). Quant à la Suède, sa posture s’accommode d’une coopération discrète avec l’OTAN. Dans l’ensemble, la région est dominée par l’URSS. L’OTAN contrôle les détroits danois mais ses bâtiments ne pénètrent guère en Baltique.

Pour l’Ukraine l’ensemble régional Baltique-mer noire est d’une importance géostratégique majeure, d’autant plus qu’elle est au centre de la doctrine géopolitique ukrainienne élaborée par Stepan Rudnytsky et Yuri Lypa[15] dans les années 30 (tous deux liquidés par les autorités soviétiques). En effet, le centre de gravité géopolitique de l’Ukraine devait se construire non pas autour d’un axe Est-Ouest, mais autour d’un axe Nord-Sud Baltique-mer Noire, constituant « l’axe géopolitique le plus attractif dans l’espace compris entre la Baltique et l’Oural ». Ainsi, dans le cadre de la conception géopolitique historique ukrainienne, le contrôle de la rive de la Mer Noire et de la Crimée constitue une garantie de l’indépendance et de l’existence souveraine de l’État ukrainien. En effet, la région de la mer Noire est conçue comme système des fleuves ukrainiens du bassin de la mer Noire jusqu’à la Méditerranée, et la côte de la mer Noire et de la Mer d’Azov sont pensées en termes de grands couloirs stratégiques qui s’étendent de la côte Nord-Est de la mer Baltique. Cette thèse s’inscrit dans le prolongement de la géopolitique régionale de l’Intermarium qui constituerait un vaste ensemble régional qui va de la Mer Noire à la Baltique jusqu’à l’Adriatique, un espace de l’ « Entre-mers » qui n’a de cohérence géopolitique que s’il comprend l’Ukraine, la Biélorussie, la Lituanie et la Pologne, en tenant compte de toutes leurs différences actuelles.

L’Initiative des trois mers (ITM) trouve son origine dans le projet géopolitique Intermarium (polonais : Międzymorze) qui était un plan géopolitique d’après la Première Guerre mondiale conçu par Józef Piłsudski pour unir les anciennes terres du Grand-Duché Polono-Lituanien (du 16ème au 18eme siècle) au sein d’un seul ensemble. Le plan a connu plusieurs itérations, dont certaines prévoyaient également l’inclusion d’autres États voisins. Intermarium complétait l’autre vision géopolitique de Pilsudski, le prométhéisme, dont l’objectif était le démembrement de l’Empire russe et le désinvestissement de l’Empire de ses acquisitions territoriales. En effet, son but était d’affaiblir l’Empire russe et son État successeur, l’Union soviétique, en soutenant les mouvements nationalistes d’indépendance[16] parmi les principaux peuples non-russes qui vivaient à l’intérieur des frontières de la Russie et de l’Union soviétique. Parallèlement aux autres initiatives et structures régionales semblables telles que l’association régionale du GUAM (Organisation pour la démocratie et le développement),  conçue comme contrepoids à la CEI dominée par Moscou, elle comprend la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la Moldavie. En tant que forum informel culturel, économique, scientifique indépendant, l’Intermarium pouvait être conçu comme une vaste Europe médiane indépendante et souveraine entre Est et Ouest, avant qu’elle n’évolue dans un sens atlantiste en tant que zone tampon (sous la forme d’un glacis antirusse) entre l’Europe occidentale et l’Empire russe. n

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– Mongrenier Jean-Sylvestre, « La Baltique n’est pas une Méditerranée du Nord », Institut Thomas More (site internet), 1er juillet 2013, lien : https://institut-thomas-more.org/2013/07/01/la-baltique-nest-pas-une-mediterranee-du-nord/ (consulté le 30 mai 2024).

– Mongrenier Jean-Sylvestre, « La Baltique sera-t-elle le ‘centre de gravité’ de l’Europe ? », Desk Russie (site internet), 11 novembre 2023, lien : https://desk-russie.eu/2023/11/11/la-baltique-sera-t-elle-le-centre-de-gravite-de-leurope.html (consulté le 30 mai 2024).

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– Seibt Sébastien, « La Russie accentue sa pression maritime dans la Baltique », France 24 (site internet), 22 mai 2024, lien : https://www.france24.com/fr/europe/20240522-russie-accentue-sa-pression-maritime-dans-la-mer-baltique (consulté le 30 mai 2024).

– Tertrais Bruno, « Bruno Tertrais : ‘Non, Henri Guaino, face à la Russie, nous avons les yeux grands ouverts’ » (tribune), Le Figaro (site internet), 17 mai 2022, lien : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/bruno-tertrais-non-henri-guaino-face-a-la-russie-nous-avons-les-yeux-grands-ouverts-20220517 (consulté le 30 mai 2024).

– Vujic Jure Georges, « Année 2024 : le grand dégel géopolitique ? », Académie de Géopolitique de Paris (site internet), 24 janvier 2024, lien : https://academiedegeopolitiquedeparis.com/annee-2024-le-grand-degel-geopolitique/ (consulté le 30 mai 2024).

– Wedin Lars, « L’île de Gotland et la crise ukrainienne », dans Revue Défense Nationale (24-février-24-août 2022), 6 février 2022, lien : https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article-cahier.php?carticle=460&cidcahier=1290 (consulté le 30 mai 2024).


[1] Mongrenier Jean-Sylvestre, « La Baltique sera-t-elle le ‘centre de gravité’ de l’Europe ? », desk Russie (site internet), 11 novembre 2023, lien : https://desk-russie.eu/2023/11/11/la-baltique-sera-t-elle-le-centre-de-gravite-de-leurope.html (consulté le 30 mai 2024).

[2] Pakštas Kazys, The Baltoscandian Confederation, Academia Baltoscandia, Lithuanian Cultural Institute (Kaunas), 1994, 32 p., lien : http://misijalietuva100.lt/wp-content/uploads/2016/03/The-Baltoscandian-Confederation.pdf (consulté le 3à mai 2024). Voir aussi : « Baltoscandie », sur Wikipedia (site internet), lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Baltoscandie (consulté le 30 mai 2024).

[3] Le Traité de l’Atlantique Nord, OTAN (site internet), 4 avril 1949, 18 p., lien : https://www.nato.int/nato_static_fl2014/assets/pdf/stock_publications/20120822_nato_treaty_fr_light_2009.pdf (consulté le 30 mai 2024).

[4] Guaino Henri, « On marche vers la guerre comme des somnambules » (tribune), Le Figaro (site internet), 12 mai 2022, lien : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/henri-guaino-nous-marchons-vers-la-guerre-comme-des-somnambules-20220512 (consulté le 30 mai 2024).

[5] Clark Christopher, Les somnambules. Été 1914. Comment l’Europe a marché vers la guerre, Paris, Flammarion, 2015, 928 p. (trad. de l’anglais par Marie-Anne du Béru).

[6] Tertrais Bruno, « Bruno Tertrais : ‘Non, Henri Guaino, face à la Russie, nous avons les yeux grands ouverts’ » (tribune), Le Figaro (site internet), 17 mai 2022, lien : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/bruno-tertrais-non-henri-guaino-face-a-la-russie-nous-avons-les-yeux-grands-ouverts-20220517 (consulté le 30 mai 2024).

[7] Boniface Pascal, « Éviter la ‘polonisation’ de l’Europe », IRIS (site internet), 15 juillet 2022, lien : https://www.iris-france.org/168797-eviter-la-polinisation-de-leurope/ (consulté le 30 mai 2024).

[8] « Exercice Cold Response 2022 – Les forces des pays de l’OTAN et des pays partenaires à l’épreuve du froid en Norvège », OTAN (site internet), 7 mars 2022, lien : https://www.nato.int/cps/fr/natohq/news_192351.htm (consulté le 30 mai 2024).

[9] Mongrenier Jean-Sylvestre, « Histoire, géopolitique et perspectives de la mer Baltique », Institut Thomas More (site internet), 22 mai 2022, lien : https://institut-thomas-more.org/2022/05/27/histoire-geopolitique-et-perspectives-de-la-mer-baltique/ (consulté le 30 mai 2024).

[10] Lagneau Laurent, « La Russie a l’intention de modifier unilatéralement ses frontières maritimes avec la Finlande et la Lituanie », Zone Militaire (Opex360.com), 22 mai 2024, lien : https://www.opex360.com/2024/05/22/la-russie-a-lintention-de-modifier-unilateralement-ses-frontieres-maritimes-avec-la-finlande-et-la-lituanie/ (consulté le 30 mai 2024) ; Seibt Sébastien, « La Russie accentue sa pression maritime dans la Baltique », France 24 (site internet), 22 mai 2024, lien : https://www.france24.com/fr/europe/20240522-russie-accentue-sa-pression-maritime-dans-la-mer-baltique (consulté le 30 mai 2024).

[11] Wedin Lars, « L’île de Gotland et la crise ukrainienne », dans Revue Défense Nationale (24-février-24-août 2022), 6 février 2022, lien : https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article-cahier.php?carticle=460&cidcahier=1290 (consulté le 30 mai 2024).

[12] Braudel Fernand, La Méditerranée, Paris, Flammarion, 2017, 384 p.

[13] Vujic Jure Georges, « Année 2024 : le grand dégel géopolitique ? », Académie de Géopolitique de Paris (site internet), 24 janvier 2024, lien : https://academiedegeopolitiquedeparis.com/annee-2024-le-grand-degel-geopolitique/ (consulté le 30 mai 2024).

[14] La thèse normaniste relative aux origines Varègues de la Rus’ kiévienne fut l’objet d’une « dispute » historiographique dans la Russie du XVIIIe siècle. Cette question surgit à nouveau pendant la période soviétique.

[15] Kovalevska Olga, « La mer Noire, un débouché essentiel pour l’Ukraine », The Ukrainian Week (site internet), 27 juillet 2023, lien : https://tyzhden.fr/la-mer-noire-un-debouche-essentiel-pour-l-ukraine/ (consulté le 30 mai 2024).

[16] « Séparatisme », sur Wikipedia (site internet), lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9paratisme (consulté le 30 mai 2024).

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