Les religions et les minorités face à l’EI

L’Académie de Géopolitique de Paris, dans le cadre de ses rencontres sur les questions et les défis du monde d’aujourd’hui, a organisé ce séminaire le vendredi 07 novembre à la Sorbonne, en présence de l’ayatollah Sayed Riad al Hakeem et de chercheurs irakiens venus d’Irak, où le mouvement Daesh sévit. Ces derniers ont traité en profondeur la spectaculaire avancée de ce mouvement terroriste, ses répercussions sur les minorités des régions atteintes et la vision des institutions religieuses quant à ce dangereux phénomène.

 

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Le dialogue : lien  d’entente des cultures, par le Dr Ali Rastbeen, Président de l’AGP

Les religions qui ont été le berceau historique des civilisations démontrent aujourd’hui que, comme dans le passé, elles peuvent intervenir dans le destin des peuples. Les crises connues par le Moyen-Orient au cours de la seconde moitié du 20ème siècle, de nature nationaliste, ont aujourd’hui changé d’aspect et avancent sur le chemin d’appartenance religieuse.

De même qu’un nationalisme exagéré conduit à la guerre et à la destruction, le sectarisme religieux ne peut aboutir qu’à l’impasse de l’animosité, de la rancune et de la justification de violence sanglante.

Depuis des années, le Moyen-Orient est devenu le laboratoire de toutes les formes de sectarisme religieux, contradictoires et belliqueuses. Cependant, beaucoup de dignitaires et de dirigeants religieux ont pris leur distance de ces tentatives et tentent d’y remédier.

Bien que les guerres soient les conséquences des facteurs économiques et sociaux, elles sont cependant attisées par les sectarismes sous leurs différentes formes. Les efforts de paix ne peuvent être séparés de ceux consacrés à l’entente et à la mise en place de relations amicales entre les sociétés.

Plus que l’animosité individuelle, ethnique et religieuse, les êtres humains ont la capacité d’aimer et de nouer l’amitié. Le caractère belliqueux des êtres humains puise sa source dans la peur de l’étranger, la méconnaissance les uns des autres et dans l’absence d’une compréhension mutuelle.

Les dignitaires et savants religieux, architectes spirituels des sociétés, ont depuis longtemps ressentis leur responsabilité au sein de ce mouvement général. Depuis le siècle dernier, certains d’entre eux y ont réfléchi. Il y plusieurs années que dans les principaux centres théologiques des noyaux se sont constitués en vue de rechercher les possibilités d’entente en vue d’une coexistence pacifique.

Malgré tout les « conservateurs internationaux » ont décidé de lancer leur plan d’agression militaire contre le Moyen-Orient. Dans leur guerre contre l’Irak, ils ont utilisé l’arme de guerre religieuse et fait allusion aux « Croisades » !

Durant les Croisades, le Pape avait joué un rôle clé. De même que jusqu’au début du 20ème siècle, l’Eglise constituait une des assises des campagnes coloniales et d’extension territoriale de l’Occident dans les territoires de l’Afrique et de l’Asie. De même, elle a conquis le continent américain aux côtés des chefs de guerre européens. Or, cela datait de l’époque où la religion était un instrument entre les mains des puissances agressives et se trouvait au service de l’esclavagisme.

Au troisième millénaire, le monde a atteint un niveau où les principes de la civilisation s’expriment grâce à leur rôle créatif dans le destin de l’homme. L’existence de la religion dans toutes les sociétés humaines est reconnue en tant qu’une nécessité. La présence de la religion, si elle reste modérée, confère à l’individu une conception du monde et une connaissance collective toute en modelant ses attitudes individuelles et sociales.

Au moment où la concentration de la population mondiale se renforce, que les relations entre les hommes deviennent de plus en plus étroites, que les distances qui séparent les pays s’amenuisent grâce au miracle technologique, il est naturel que la question du rapprochement pacifique des pensées, dans le cadre du respect mutuel, revête une importance cruciale. Il faut que la raison l’emporte sur le fanatisme chez les dirigeants et les acteurs culturels des différentes religions, qu’ils soient amenés à prendre les mesures nécessaires et communes en vue de purifier l’esprit individuel et collectif des partisans des différentes religions. La tenue des conférences et des séminaires doit renforcer l’approche entre les diverses conceptions religieuses. Les dirigeants doivent utiliser leur influence en vue de brider les violences et les rancunes politiques et ne pas oublier que par définition, la science théologique vise à permettre la connaissance du soi, du monde et la corrélation entre l’un et l’autre.

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Les institutions religieuses et la situation actuelle en Irak, par ’Ayatollah Seyed Ryad al Hakeem

L’Ayatollah Sayed Ryad al Hakeem classifie les problèmes qui se produisent sur la scène mondiale en deux catégories :

1- Les problèmes qui affectent certains Etats et qui ne mettent pas en danger la sureté mondiale.

2- Les problèmes que suivent des pratiques qui peuvent être dangereuses pour la paix mondiale.

Parmi les raisons de cette deuxième catégorie de problèmes le facteur idéologique. Le danger c’est que l’idéologie  ne s’éteint pas à la fin du projet et le caractère général de l’idéologie est l’absence de raison.

Il site l’exemple de l’Afghanistan. En effet, qui pouvait croire que des troubles affectant un pays comme l’Afghanistan allait avoir des incidences sur la sécurité mondiale et fair tourner une page dans l’histoire de la sécurité mondiale et de la lutte anti-terroriste.

Et dans ce contexte, l’Ayatollah classifie Daesh dans cette deuxième catégorie.

Selon l’Ayatollah, il faut transcender les intérêts politiques actuels des uns et des autres et examiner les choses en profondeur. Il est naturel que les Etats aient des agendas que déterminent leurs intérêts, mais il y a des lignes rouges à ne pas dépasser car leur dépassement porterait atteinte à la sécurité mondiale et le projet Daesh s’insère dans ce cadre là.. D’autant plus qu’aujourd’hui avec Daesh, la zone de perturbation s’est élargie et de manière rapide ;.. Alors qu’il était dans le cercle du Moyen Orient et des pays musulmans, aujourd’hui il se répand en Occident, et la conséquence en est la poussée des cercles de violence parce que son moteur est un discours émotif et non raisonnable.

Par ailleurs, bien que l’apparence ou le titre de Daesh soit idéologique, ses racines sont politiques, l’idéologie y est employée comme agenda.

L’Ayatollah Sayed Ryad al Hakeem dit attendre de l’Europe une position ferme pour exercer une pression sur ces pays qui soutiennent Daesh, peu importe la manière dont il le font d’autant plus que Daesh massacre les Yezidis, les chrétiens, les alaouites….et même les sunnites.

Ce qui caractérise Daesh aussi c’est l’absence de projet politique concret. Il est un outil prêt à l’emploi pour tous ceux qui veulent bafouer la sécurité et l’exploiter comme agenda politique c’est pourquoi beaucoup d’Etats ont soutenu ce mouvement.

La position de la Merjeiya vis-à-vis de ce mouvement,

Malgré le fait que la population irakienne soit composée de 65% de chiites et malgré le fait qu’ils aient été persécutés sous le régime de Saddam, l’autorité religieuse chiite à Najaf dans un souci de patriotisme, à voulu mettre en place un régime civil et non religieux selon le modèle démocratique et où  chaque citoyen a droit au votre, peu importe sa religion. Plus que cela, l’autorité musulmane chiite à interdit à ses fidèle de commettre des actes de représailles contre leurs agresseurs.

D’un point de vue politique, l’autorité de Najaf a répondu aux inquiétudes des minorités telles que les chrétiens les sabéens et a appelé à la représentativité et à la participation politique de tous pour que ces dernières ne se sentent pas délaissées.

Même après la dernière opération de Daesh à Moussoul, bien que ces terroristes aient levé le drapeau de la persécution des chiites et aient massacré des milliers de chiites non armées, le discours de la marjeiya avait une dimension nationale ne se limitant pas aux chiites, ils se ont adressées a tous les irakiens sans exception :

Même si ses grandes victimes sont des chiites, Daesh menace toutes les composantes de la population irakienne.

La communication de la marjeiya n’emploie pas le terme de « jihad » étant donné sa profondeur religieuse ;  le terme de défense nationale y est privilégié pour que le discours soit nationaliste.

La marjeia tient à ce que les groupes populaires qui soutiennent les forces de l’armée coordonne nt leur effort avec ces dernières et soient dépendants du pouvoir officiel et non pas sous forme de milices.

L’ayatollah a ensuite souligné l’importance du principe du vivre ensemble pour la Merjaiya en citant son père le grand ayatollah Sayed Mohamed Saeed al Hakeem, lorsqu’on lui a posé la question du dialogue entre les religions il a répondu que le dialogue ne devrait pas se faire seulement entre les religions, mais se fait entre tous les humains qu’ils aient ou non une religion car cet univers est assez grand pour  tous ; il a terminé en rappelant que cette position de la marjeiya partait du principe de l’acceptation de l’autre prôné par l’Islam « Ô les hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle (Adam et Ève), et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous vous entre-connaissiez…. »

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Les minorités en Irak : Une carte ethnique, les défis actuels et les scénarios futurs, par Saad Saloom/ université al-Mostansiryah / Irak 

Monsieur Saloom a essayé dans son intervention de mettre la lumière sur le riche pluralisme en Irak: religieux, ethnique, linguistique, etc., auquel on a commencé à s’intéresser à partir de l’année 2003, après que la disparition de la dictature de Saddam ait ouvert la voie à la liberté d’exprimer ce pluralisme d’une manière sans précédent et qui peut être décrite d’ « éveil des identités ». Cela a, au même degré, permis le changement de la position de négociation sur le partage du pouvoir pour les grands groupes: les Kurdes, les chiites, les sunnites.

Mais le partage du pouvoir entre ces grands groupes n’a pas été accompli de façon décisive. Ont peut distinguer les traits du partage du pouvoir entre les trois grands groupes grâce à la distribution symbolique des trois présidences: la présidence pour les Kurdes, le Premier ministre chiite, la Présidence du Parlement pour les sunnites.

Les dissensions sur les formes et les limites de ce partage du pouvoir a causé un tourbillon de violence dans un pays en ruine, provoquant le plus grand exode des minorités dans l’histoire de l’Irak et sur le point de dessiner les frontières de la répartition démographique de ces grands groupes, avec les limites d’une géographie ethnique, devenue, peu à peu, en conformité avec l’autorité du compositeur et la culture des décideurs.

A partir de cette prémisse qui différencie entre les grands groupes en Irak dans une lutte pour le partage du pouvoir (les Kurdes, les chiites, les sunnites) et des groupes plus petits les «minorités» affectés par la nature de ce conflit et ses issues, monsieur Saloom a dessiné une carte sur la diversité religieuse, nationale et linguistique de la société irakienne comprennent: les chrétiens, les Kaka’is, les Mandéens, les Yézidis, les Kurdes Feyli, les Shabak, les Baha’is, les noires, les juifs, les Turkmènes.

Monsieur Saloom a traité la situation des minorités après 2003, y compris les défis auxquels elles font face, notamment la violence qui affecte leur existence et leur survie, avec une indication de la position de la constitution irakienne de ces minorités et une évaluation de la nature de sa participation politique, ainsi que de fournir une image de la lutte pour le pouvoir entre les principaux groupes et ses répercussions sur la situation des minorités (conflit kurde-arabe sur les zones contestées), et le degré d’impact sur l’identité de ces groupes et le degré de leur participation politique et la jouissance de leurs droits prévues par la Constitution.

Pour donner une vision futuriste du pluralisme en Irak, monsieur Saloom a tracé une feuille de route pour préserver le pluralisme et discuter d’une série de propositions avec des scénarios soumis à discussion sur l’avenir de ce pluralisme.

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La résistance des minorités en attente d’un geste public, par Anne Gayet,écrivaine et sémiologue

Si le dialogue est le lien d’entente entre les cultures et les religions différentes, à un moment où le dialogue n’est plus possible, il convient d’aider à sortir de la spirale de l’horreur ceux qui subissent  sur le terrain les assauts des enfants oubliés  de la crise, soudain soldats de « guerres révolutionnaires ».

Ces derniers en effet combinent un idéal de guerre de religion à l’accès potentiel à des technologies de destruction massive; à des instruments de propagande aussi ultrarapides, devenus armes de guerre, quand elles diffusent leurs images funestes dans le monde entier. Elles contribuent ainsi à l’inflation des images à travers media et réseaux sociaux internationaux.

Dans notre univers où la fabrique d’idoles ou de sacralités de pacotille est légion via les outils « intelligents » de la galaxie numérique, comment produire un geste public émanant d’un espace échappant à la cacophonie ambiante.

Déjà des Voix se sont élevées, celle du Pape François, celles de journalistes, celles de nombreuses O.N.G comme Caritas, le Secours catholique ou le Secours Musulman qui, non seulement agissent sur le terrain, mais relayent les informations et font leur métier de passeurs de messages solidaires auprès de ceux qui sans logis, ni biens, fuient la répression qui menace leur famille.

Une chanson de Jacques Brel:Mai 40, au message universel et tellement adapté à toute guerre moderne.

UN APPEL FORT COMME UN GESTE PUBLIC EN SURPLOMB

Pourquoi, en guise de geste compréhensible par le plus grand nombre, imaginer le recours- même utopique- à un APPEL ? Parce que, dans un univers livré à ce que l’on pourrait appeler la surenchère mimétique des images, la Voix peut correspondre à ce qui touchera le mieux les belligérants. Un Appel peut-être entendu, qui invite à la  réconciliation, comme l’Appel d’un Muezzin; il peut faire écho, être repris, et créé un moment de pause face à la violence des images démultipliées, et à leur flux accéléré. A la duplication de la violence subie par la violence intrusive des images.

Politique sous inspiration juridique, car c’est d’abord de respect des Lois dont il est question ici, ces lois que se disputent au Moyen Orient religieux, juristes et philosophes. Que le religieux s’invite au sein du politique, ce n’est pas une exception moyen-orientale, « In God we Trust » est bien la devise des Etats Unis d’Amérique, n’est-ce pas?

C’est bien de l’Union européenne que peut s’élever une Voix conciliant le Droit et la Laïcité,  fédérant ainsi les appels et les actions de tant d’associations caritatives oecuméniques et interreligieuses y compris agnostiques comme « Smile for Children » par exemple, « Xamogelo Tou Paidiou »,  elles-mêmes soutenues et encouragées par la Commission européenne.

Une Voix qui transcende certes les différentes fractures politiques, confessionnelles, religieuses et s’inscrive, comme celle du Pape, dans un contexte culturel plus proche, celle d’un Ayatollah artisan de paix par exemple, mais aussi celle de chefs religieux qui soient audibles, pour ce qui concerne les représentants religieux.

Un autre Appel est nécessaire, fort, fédérateur, rappelant, sans doute à la manière européenne des Lumières et des Droits de l’Homme, le contrat à renouveler à la Loi commune de la Cité, à la Démocratie qui dans ses principes de laïcité originelle, garantit le droit de confession.

« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. » Article 18 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948.

Seule une Organisation inter gouvernementale européenne, pour peu qu’elle soit claire et déterminée, peut peut-être avoir du poids, faire retentir un appel audible et qui se fasse entendre.

UNE EDUCATION A LA TOLÉRANCE SANS CESSE A RECOMMENCER

Comment faire partager les sources européennes par exemple de Kant dans son projet de Paix perpétuelle et aller chercher, pour les diffuser les écrits des penseurs de la tolérance en pays où sévit une nouvelle forme de barbarie fondamentaliste? Quelles Voix fortes peuvent parler sur le terrain, localement,  qu’elles émanent des écoles philosophiques ou théologiques, voire juridiques.  Afin d’inciter à  réapprendre à vivre ensemble, malgré la faim et le chômage, car ce sont bien des enfants de la crise économique, oubliés du capitalisme endettés et à la recherche d’un absolu, qui, soumis à la persuasion clandestine des images via les réseaux sociaux, viennent grossir les rangs des barbares, les fanatiques qui ne reconnaissent plus l’humanité de leur voisin.

Jeunes et donc capables de faire des choix extrêmes. Il faut une voix forte et qui se propage, en faisant écho, pour déstabiliser ceux qui ont fait le choix de la haine frénétique. S’interroger aussi sur le statut de celui qui vit en exode, pour s’établir à nouveau il lui faut retrouver un territoire à partager. Sacralité laïque à restaurer, à reformuler, à réformer, loin des stéréotypes actuels datant de la 2ème guerre mondiale. Sacralité veut dire qu’il y a des valeurs auxquelles on ne peut pas renoncer, pour lesquelles on risquerait sa vie.

Des appels locaux toujours renouvelés et un « Geste fort »  émanant d’un territoire institutionnel incontestable et fédérateur, qui pourrait être, et ce serait sa grandeur, celui de la Commission européenne, ou du Tribunal ou de la Cour de Justice. En surplomb à tous les enjeux politico-financiers, économiques et mercantiles.

OU bien une équipe de spationautes internationaux? Ou une Voix émanant d’une internationale de bonnes volontés artistiques ?

Car pour tout bon anthropologue: « Tout geste appelle une réponse »

C’est la loi humaine qui transcende les conflits et rappelle à tout individu sa condition humaine.

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Le terrorisme et ses dangers sur la diversité religieuse en Irak,  par Dr. al Karaishi Mohammed, université de kufa

Depuis 2003, la société irakienne traverse une série de transformations radicales dans tous les aspects de la vie (politiquement, économiquement et socialement). Ces changements ont été accompagnés par une faiblesse significative de la performance de l’Etat irakien et une lutte des pouvoirs nationaux et régionaux et internationaux sur ses terres.

Les plus importantes manifestations de cette faiblesse sont apparues dans les cas de corruption financière et administrative et la concurrence des entités qui composent le tissu national irakiennes et la propagation du phénomène du terrorisme qui a atteint sa limite maximale avec l’invasion extérieure par les gangs terroristes Daesh.

Les spécialistes de la situation en Irak s’accordent sur l’existence d’une activité d’Al-Qaïda en Irak depuis les premières années de la chute de l’ancien régime et l’exécution d’opérations terroristes ciblées visant certaines des composantes du tissu social irakien et ont conduit à l’assassinat, la torture et le déplacement d’un grand nombre de ces composants.

Les études menées avant et après l’attaque de Daesh sur Mossoul le 10 Juin 2014, indiquent des changements significatifs dans la réalité démographique de l’Irak, où le nombre de familles déplacées par la force a doublé après l’invasion Daesh. Des centaines de milliers de familles chiites on été contraintes de se déplacer des villes et villages du nord au point de nettoyage ethnique total comme au village de Tal Afar, où on a tué des milliers de ses habitants, en plus d’avoir violé et vendu ses femmes. Sont également inclus dans ces actes de génocide d’autres composants de la société comme les Yézidis, les chrétiens et les autres.

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Le modèle libanais face à l’extrémisme, par Dr Antoine CHEDID, Président RPL France 

Alors que les frappes aériennes de la coalition internationale et les forces syriennes, irakiennes et kurdes tentent de combattre les extrémistes en Syrie et en Irak, un front extrémiste « explosif » est en train d’émerger au Liban, le pays qui accueille déjà 1,5 million de réfugiés syriens et plusieurs milliers de djihadistes qui attaquent régulièrement l’armée libanaise à la fois dans les villes et à la frontière avec la Syrie.

La transgression répétée de la frontière libanaise par les djihadistes et l’exécution d’otages de l’armée libanaise ont créé des ondes de choc au pays du cèdre. Bien que l’EI n’ait pas encore occupé de territoires libanais, des bastions du front al-Nosra se mettent en place dans les montagnes à l’est du pays, ainsi que le recrutement de combattants dans les communautés limitrophes de la Syrie. En s’appuyant sur des cellules dormantes à Tripoli et à Akkar, l’EI espérait s’appuyer aussi sur certaines forces politiques pour atteindre leurs objectifs de s’emparer du Nord/Est du Liban avec un accès à la mer méditerranée mais la dernière bataille que l’armée a livré contre les terroristes dans la ville côtière du Liban nord Tripoli a prouvé le contraire puisque les djihadistes n’ont retrouvé aucun appui et ont été délogés de la ville par l’armée libanaise.

Malgré leurs angoisses, les libanais ne veulent pas que leur pays redevienne le territoire sur lequel les conflits régionaux se reflètent. Ils sont déterminés à le défendre et le préserver mais l’État islamique voit le Liban comme un « objectif à court et long terme ». Pourquoi ? C’est certainement parce que le modèle libanais est l’antithèse de l’EI qui est basé sur le salafisme, l’apostasie et sur la pensée unique qui ne respecte pas l’autre et ne tolère pas un pays multiculturel et multiconfessionnel comme le Liban où règne le dialogue et le vivre ensemble.

Durant la visite de Benoît XVI au Liban, le Pape avait remis aux responsables des communautés chrétiennes l’exhortation apostolique post-synodale pour le Moyen Orient. Parmi les points essentiels de ce document, fruit des réflexions, débats et propositions du synode : le dialogue islamo-chrétien, considéré comme le seul rempart aux dangers de l’islamisme dans la région. Ce dialogue fondé sur la vérité, soucieux du bien commun, promoteur de justice et de citoyenneté s’avère être particulièrement important au Liban, où chrétiens et musulmans partagent, de très longue date, une même histoire et un même destin, dans un pays aux multiples confessions religieuses : c’est ce que l’on a coutume d’appeler, « le modèle libanais ».

Dans ce modèle, les clivages politiques ne recoupent pas toujours l’appartenance confessionnelle. Les clivages ne sont jamais à l’origine communautaires, mais la logique du système politique libanais les enferme avec le temps dans cette logique. Aujourd’hui, au Liban comme dans toute la région, la situation dépasse les clivages communautaires, même si elle est présentée et interprétée dans une grille de lecture communautaire.

Le Liban représente, pour son entourage et pour le monde, une terre d’enracinement et de dépassement, une terre d’accueil et de brassage, de croyances, de cultures, de langues et de civilisations diverses, un concentré de contradictions mais aussi, et surtout, un espace où s’opèrent sans cesse, parfois avec tensions et violence, des synthèses fécondes et signifiantes. Les années de guerre de 1975 à 1990, guerres des autres au Liban dues aux influences étrangères, régionales et internationales, mais aussi aux déchirements et aux divisions engendrés par des cycles interminables de violences souvent absurdes, n’ont pas entamé l’enthousiasme des libanais et leur élan pour leur pays. Paradoxalement, la conscience des libanais de leur appartenance à une commune identité n’a pas été atteinte, ni d’ailleurs, le besoin du « vivre ensemble », qui demeure viscéralement ancré auprès des différentes composantes du Liban mais qui reste encore à parfaire.

Même si les libanais se montrent incapables de se mettre d’accord sur une nouvelle forme de gouvernance, ils continuent à proclamer, en dépit de toutes leurs mauvaises expériences dans le passé, leur attachement à leur pays et au vouloir vivre ensemble, écartant ainsi toutes les velléités de séparation et de partition du pays. Le Général Michel Aoun, premier ministre à l’époque, disait « Le Liban est trop grand pour être avalé et trop petit pour être divisé ». Cette devise adoptée par les libanais leur a fait comprendre que le « mystère de l’unité dans la diversité » est au cœur du drame et des atouts de l’aventure libanaise et constitue le défi permanent de ce pays et la richesse de son apport à lui-même, au Moyen Orient et au Monde.

Ce petit pays de la Méditerranée orientale constitue un carrefour des civilisations et constitué d’une mosaïque de religions où se croisait sur son territoire une grande variété de peuples, de cultures, de communautés et de religions, Il est une terre de refuge et espace de liberté pour les minorités persécutées en Orient, une démocratie évolutive, forcément consensuelle, dans une région tout à fait différente.

A un moment très critique de l’évolution politique dans l’ensemble des pays du Proche Orient, il est opportun de s’interroger sur les acquis, les enseignements et les perspectives du « modèle libanais », sur son attractivité pour le monde arabe actuellement secoué par la violence qui aspire à la liberté et à la démocratie. Ce modèle conserve une certaine utilité pour les parties prenantes régionales et internationales et doit être un exemple du vivre ensemble dans cette région du monde.

En attendant que la démocratie majoritaire à l’occidentale, sous laquelle n’existe aucune garantie légale pour les minorités, puisse fonctionner au Moyen-Orient, une solution consociative constituerait une solide base de réforme, mais elle nécessiterait une coopération régionale et internationale et surtout un vrai et un juste respect du partage de pouvoir entre toutes les composantes de cette région. Le Liban apparaît comme un modèle pour un Moyen Orient post état islamique car malgré ses défauts, le modèle constitutionnel libanais, le modèle consociatif de partage de pouvoir assurant une stabilité relative malgré une pléthore de minorités (chrétiens catholiques et orthodoxes, sunnites, chiites, druzes et autres), pourrait être considéré comme une solution réaliste au Moyen-Orient, une solution pouvant assurer une sorte d’équilibre entre minorités et majorités, et une stabilité inter-ethnique et politique relative dans la région.

Le Liban est plus qu’un pays, le Liban est un message, affirmait solennellement sa sainteté le Pape Jean Paul II lors de sa visite historique au pays du Cèdre en 1997. Cette affirmation se confirme car, actuellement, le Liban est plus que jamais une nécessité pour lui-même et pour la région. Son modèle pourrait ainsi limiter la menace terroriste à laquelle nous faisons tous face.

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Comme cela a été relaté, Abu Bakr al- Baghdadi al-Husseini al-Qurashi dont le nom de naissance est Ibrahim Awadh Ibrahim Ali Al Badri a annoncé le 29 juin 2014, premier jour de ramadan, le rétablissement du califat et se proclama unilatéralement Calife sous le nom d’Ibrahim. C’est l’État islamique en Irak et au Levant connu sous l’acronyme Daech, pour simplifier État Islamique tout court. C’est symbolique de choisir le mois de Ramadan, le mois du jeune, au cours duquel, le Coran a été révélé au Prophète Mohamed.

Mais groupuscule terroriste n’a pas du tout, les caractéristiques d’un État Islamique. D’ailleurs, Ayman al-Zaaouahiri émir d’Al-Qaïda réfute catégoriquement Daech et confirme que le Front An-Nosra demeure la seule branche d’Al- Qaïda en Syrie. Cependant, Al Baghdadi atteint de complexe de grandeur : sa jeunesse puisqu’il a 43 ans, il est né à Samarra en Irak en 1971. Grâce à ses études islamiques à l’université d’Adhamiyah, dans la banlieue de Bagdad il obtenait le grade de docteur. Sa force financière issue de la Zakate, d’une manne pétrolière, puits de pétrole, du pillage des banques et des fortunés parmi les chiites et les Chrétiens. Il a été responsable de multiples exactions, massacres, nettoyage ethnique et crimes contre l’humanité. Entre le 10 et le 13 juin 2014 massacre de 670 chiites de Badoush et 1700 chiites de l’armée irakienne à Tikrit. La liste des victimes civiles et militaires est très longue. Ce qui a été condamné par l’ONU, la Ligue arabe, l’Union européenne, l’Arabie Saoudite, la France, les Etats-Unis, Amnesty International et les Ligues des droits de l’homme…

Grâce aussi aux effectifs des Combattants Irakiens et étrangers qui dépassent 60 000 personnes. Ce ramassis de gens venus du monde arabe et musulman et d’occident aussi. Ils sont déçus, frustrés de la politique de leur gouvernement, des inégalités, du chômage, de la pauvreté et du mode de la vie matérielle. Ils aspirent au paradis, à la vie de l’au-delà, dans un monde supraterrestre après la mort !

Tous ces éléments de forces poussent Abou Bakr Al-Baghdadi a rejeté les déclarations de Zaouahiri, prétendant que l’État Islamique est souverain et n’a pas besoin de prêter allégeance à Al-Qaïda…

En conclusion cette stratégie globale ne peut réussir et relever les défis que par la solidarité nationale et internationale et notre amour pour la mère Patrie. Et je vous remercie pour votre écoute. durable. Restaurez la confiance générale, la solidarité et l’amour entre le peuple. Évitez la politique de deux poids deux mesures. Maintenir la diversité de la société irakienne comme richesse nationale où chacun trouvera sa place, son rôle à jouer, et sa chance pour une dans la dignité et la joie de vivre. Tous les Irakiens sont égaux en droit et les obligations. Le Calife Omar disait tous les hommes sont égaux comme les dents d’un peigne. Rééquilibrez le développement des régions à la recherche d’un bonheur partagé. Mettre un objectif pour atteindre la bonne gouvernance, la transparence, et combattre la corruption. Construire la démocratie et la société des droits de l’homme et citoyen.En conclusion cette stratégie globale ne peut réussir et relever les défis que par la solidarité nationale et internationale et notre amour pour la mère Patrie. Et je vous remercie pour votre écoute.

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En marge du colloque, l’Académie de Géopolitique de Paris a accompagné la délégation irakienne composée de l’Ayatollah Sayed Riyad al-Hakeem, Sayed Saleh al-Hakeem, le professeur Saad Saloom et le docteur Mohammad al Karaichi, pendant leur séjour en France. Elle a organisé des rencontres d’échange avec des personnalités politiques françaises, notamment avec le sénateur Aymeri de Montesquiou et le député Jacques Myard :

 

 

Monsieur Myard qualifie Daesh de problème international qui ne connaît pas de frontière, c’est une idéologie franchisée.

On pourrait considérer que certaines crises non réglées encore aggravent la crise Daesh, la première crise c’est le dossier du nucléaire et la deuxième c’est le conflit israélo palestinien.

Monsieur Myard est d’avis qu’il n’est pas envisageable de résoudre cette crise en profondeur si on n’y associe pas l’Iran.

Par ailleurs, il pense qu’une solution militaire avec l’appui international est la réponse face à cette organisation terroriste tout en faisant des pressions sous forme de consensus international aboutissant sur des mesures contre ces Etats qui continuent à jouer un double jeu et qui soutiennent ces groupes, tels la Turquie et le Qatar.

 

 

 

 

 

 

Le sénateur de Montesquiou après diverses visites effectuées en Irak, dénonce les massacres par Daesh contre les chiites et espère que la coalition internationale réussira à les éliminer. Il a parlé de l’importance de l’implication des Kurdes dans le combat contre Daesh et surtout de l’intégration de l’Iran dans le dialogue international parce que, selon lui, stabiliser le Moyen-Orient passe forcément par la participation de l’Iran.

Et répondant à la question de l’Ayatollah quant à la participation de l’Union européenne dans la lutte contre Daesh le sénateur a expliqué que l’Union Européenne est certes, un géant économique mais un nain militaire et que le rôle qu’elle pourrait jouer c’est d’exercer, aux cotés des américains, des pressions sur ces Etats qui soutiennent ou qui ont des sympathies pour Daesh comme, le Qatar, la Turquie ou encore l’Arabie saoudite.

Dans un esprit simplificateur le sénateur de Montesquiou résume le phénomène Daesh par une équation d’offre et de demande.

Pour l’offre, les américains et le gouvernement al Maleki ont commis des erreurs considérables en particulier en licenciant tous les officiers et les forces de l’ordre de l’ancien régime laissés sans argent mais avec leurs armes. De ce fait, Daesh a une offre à tous ces gens de les rassembler contre le gouvernement d’al Maleki.

Pour ce qui est de la demande, on estime à 50 000 les combattants de Daesh dont 10 000 occidentaux, leur demande se traduit par une demande identitaire, à savoir de la considération de la part des gouvernements occidentaux alors qu’ils se sentent aujourd’hui sans identité et ne trouvent pas dans le contexte occidental ce à quoi ils aspirent.

Le sénateur de Montesquiou considère qu’il n’y a aucune excuse à ce qu’ils commettent et qu’il n’y a aucun dialogue possible envisageable avec eux. Il faut donc les neutraliser car il ne pourrait y avoir d’autres réponses que la violence contre Daesh.

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