Jacques Myard, Député de la Nation, Président du Cercle Nation et République.
COLLOQUE : LAICITE & ISLAMS
Actes du colloque-Conference proceedings
Jeudi 04 juin 2015
Assemblée Nationale
National Assembly
La question des relations entre le politique et la religion soit au singulier ou mieux encore entre les politiques et les religions au fil de l’histoire de l’humanité s’est posée dans toutes les religions du monde. C’est une constante et pour exemple, il est intéressant de citer un roi de France qui a déjà inventé avant les républicains la Respublica c’est a dire la chose publique. Ce roi est Philippe IV le Bel dit le roi de Fer…Ses compatriotes de l’époque disait de lui qu’il était de marbre, car il avait du caractère. A la fin du XIII siècle et au début du XIVème siècle, il a eu un conflit qui est resté célèbre avec le Pape Boniface VIII. L’enjeu était de taille, puisqu’il s’agissait de la possibilité pour le Roi de France de taxer ou de ne pas taxer les biens de l’église dans son royaume. Boniface céda dans un premier temps et accepta après quelques remontrances, que le roi puisse taxer les biens de l’église. Puis, il s’est ressaisi et le 18 novembre 1302 il proclame dans une bulle qui s’intitule Unam Sanctam, la suprématie de l’Eglise sur l’Etat donc pour tout être humain l’obligation de se soumettre au pontife, c’est à dire au Pape. La réponse du roi fut directe, il avait pour conseiller ce qu’on appelait des légistes, des gens qui ont une conception de ce qui est l’Etat et de ce qui est l’intérêt général. Après avoir obtenu, sans doute avec un peu de pression, le soutien des évêques de France et surtout de l’Assemblée des bourgeois à Paris, le roi envoie son légiste Guillaume de Nogaret avec une petite armée en Italie pour s’emparer du Pontife à Anagni qui était sa résidence d’été. Il y a eu un incident relayé par les médias de l’époque. C’est tout de même le roi qui eut le dernier mot et taxa les biens de l’église.. Et depuis, la France a poursuivi la même logique, le pouvoir temporel ne saurait être primé par le pouvoir spirituel de la papoté. Bien sur, après la révolution, tout cela a été acté le 9 décembre 1905 dans cette fameuse loi de séparation des églises et de l’Etat. la France est en conséquence, aujourd’hui un État laïc et fier de l’être. Mais cela ne veut pas dire qu’elle ignore les religions. Cette loi de 1905 n’est pas une loi qui va rejeter les religions mais c’est une loi qui sacralise la liberté de conscience, c’est à dire la possibilité pour chacun d’entre nous de choisir sa religion, d’en changer s’il estime devoir le faire, ou de ne pas en avoir. C’est donc une loi de liberté pour chaque citoyen. Chaque citoyen étant libre de sa religion mais n’a pas à l’imposer à l’autre.
Chacun a sa religion, il ne l’impose pas aux autres, respecte celle des autres et exprime sa religion comme il l’entend. La loi 1905 n’a pas eu sur le fait que la loi de 1905 n’a pas eu pour effet de bannir les religions du paysage. Aucune église n’a été détruite avec la loi 1905, alors que sous la révolution c’était un peu plus violent. Aucune église, aucun temple ni synagogue n’a été détruite. La société et l’Etat vivent en symbiose avec ces religions ou l’absence de religion pour ceux qui le veulent.
Il est clair qu’elle pose un point central ; c’est que la loi républicaine n’est pas inspirée directement par une religion ou une autre, mais résulte du vote du parlement élu au suffrage universel. C’est donc un point majeur, c’est à dire que ce n’est pas comme dans d’autres Etats à chaque loi un rappel de la loi divine, voire même à chaque président qui est élu et intronisé, on jure sur une bible ou sur tout autre texte sacré.
L’arrivée importante de la religion musulmane constitue-elle un bouleversement, un changement des règles du vouloir vivre ensemble dont la laïcité est l’un des fondements, je ne le crois pas mais il y a une condition, il est évident que les lois de la république sont les lois de la république et que ce n’est pas à la république de s’adapter aux religions , mais c’est aux religions de s’adapter à la république. Quand je dis cela, je ne le dis pas par provocation ni par volonté de diktat. Je le dis cela comme beaucoup de concitoyens musulmans qui respectent la république et qui savent que les lois de la république les protègent et qu’ils doivent défendre ces lois de la république.
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