Les services de renseignements et de sécurité afghans : bref historique

Coline FERRO

Doctorant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, Institut français de presse -université Panthéon-Assas Paris II.

Trimestre 2010

L’AFGHANISTAN D’AUJOURD’HUI est le fruit de trois décennies de guerre, d’anarchie politique, d’absence d’État et d’ingérence étrangère. L’histoire tumul­tueuse de ce pays n’a pas été sans conséquences sur le fonctionnement et l’image de ses services de renseignements et de sécurité actuels.

Il faut en premier lieu prendre en considération la situation géographique de l’Afghanistan. En effet, le territoire afghan est entouré de six États : le Pakistan, l’Iran, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et la Chine. La plupart d’entre eux connaissent des troubles politiques internes, sont au cœur d’enjeux interna­tionaux ou de pressions diplomatiques fortes. Ils rencontrent donc des difficultés à assurer la sécurité de leur population. Plus encore, certains ont des visées hégé­moniques, politiquement ou économiquement parlant. De fait, les relations entre l’Afghanistan et ses voisins sont complexes.

Cette situation géopolitique impose à l’État afghan d’avoir des services de ren­seignements et de sécurité performants. Au cours de ces trente dernières années, le système de renseignements a d’ailleurs dû être réorganisé à plusieurs reprises.

Un renseignement sous contrôle de puissances étrangères

Une histoire tumultueuse

L’histoire de cet État a été très mouvementée, notamment ces trois dernières décennies. En effet, en septembre 1979, le chef d’État de l’Afghanistan, Babrak Karmal, est renversé lors d’un coup d’État mené par Hafizullah Amin. Ce dernier estimait que Babrak Karmal était incapable de contrer la guérilla communiste. Quelques semaines plus tard, les troupes soviétiques envahissaient l’Afghanistan afin de rétablir le président déchu, dont on sait les attaches communistes.

Dès lors, le Khedâmâr-é Ettelâhât-é Dawlatti (KhAD) remplaçait la police se­crète de la République démocratique d’Afghanistan (KAM) mise en place par le putschiste Hafizullah Amin. Mohammed Najibullah fut nommé à la tête de ce nouveau service de renseignements civils et militaires. Inutile de préciser que les relations entre le KGB et le KhAD ont été plus que formelles, tout comme entre le service de renseignements militaires soviétique (GRU) et le KhAD. Car si le KhAD était un service de l’État afghan, il est évident que le KGB le tenait fermement sous contrôle. Le service soviétique participa activement à la formation des agents du KhAD et orienta ses activités. Celles-ci consistaient, entre autres, en l’élimination des opposants politiques internes, la subversion contre la résistance armée, l’infil­tration des groupes d’opposants à l’étranger et le recueil de renseignements pour les forces armées. Par ailleurs, à l’instar du KGB en URSS, le KhAD disposait d’infor­mateurs et d’agents dans tous les domaines d’intervention de l’État, et en particulier ceux des zones urbaines. C’est ainsi, par exemple, que le service supervisait l’éduca­tion idéologique dans les écoles et les collèges.

Les agents recrutés par le KhAD étaient sélectionnés avec soin. Seuls les membres du Parti démocratique populaire d’Afghanistan (PDPA) et les personnes issues de familles qui avaient prouvé leur loyauté au gouvernement en place pouvaient être nommés officiers. L’entraînement était intensif et la loyauté des nouvelles recrues était mise à rude épreuve lors de leur « période d’essai ».

En 1986, le KhAD devint un ministère distinct : le Wâsârât-é Ettelâhât-é Dawlatti (WAD), ou ministère de la Sécurité d’État. Cette nouvelle structure fut confiée au colonel général Ghulam Faruq Yaqubi, étant donné que Mohammed Najibullah assurait désormais la présidence de l’État afghan. Bien qu’il n’y ait que peu d’informations sur l’organisation interne de ce service, nous savons que le WAD disposait d’un « service action », appelé le KhAD-e-Nezami. Par ailleurs, le WAD se composait a priori de trois directions générales : Sécurité, Militaire, Intérieur. La première était responsable de la sécurité interne du WAD. Une part considérable de son activité consistait en la mise sur écoute permanente des membres du personnel du WAD pour s’assurer de la fiabilité de chacun d’entre eux. La deuxième veillait à la protection des troupes. Comme la première, elle s’assurait de la loyauté de ses soldats, décourageait toute désertion et cherchait à déjouer les infiltrations des moudjahidine. Enfin, la troisième était chargée d’assurer la continuité du régime communiste et de lutter contre la menace des opposants politiques en Afghanistan et dans les pays voisins. La direction générale de l’Intérieur était également respon­sable de la propagande et de l’espionnage. En 1989, l’effectif du service afghan était estimé à 35 000 personnes.

Force est de constater que le bilan du KhAD/WAD montre que le service a été particulièrement actif pendant les années 1980. Ses agents ont notamment été efficaces en matière d’infiltrations des camps de réfugiés au Pakistan afin d’y mener des actions terroristes et d’anéantir toute opposition politique. « En 1987, 128 at­tentats pouvaient être attribués au WAD. Ce chiffre est tombé à 118 en 1988 et à 25 en 1989[1]. »

Le KhAD/WAD se retrouva également aux prises avec la Central Intelligence Agency (CIA) américaine. En effet, dans un contexte de guerre froide, les États-Unis avaient financé des groupes islamistes pour combattre le pouvoir communiste en place et saboter les ambitions hégémoniques de l’URSS.

En 1989, l’Union soviétique retira ses troupes d’Afghanistan. Débuta alors une guerre civile opposant le gouvernement communiste mis en place par les Soviétiques et les moudjahidine. Le 16 avril 1992, le président Mohammed Najibullah démis­sionna et entérina la chute du régime communiste. Ce même jour, le directeur du WAD, Ghulam Faruq Yaqubi, décédait. Il fut alors remplacé par Mohammed Fahim. Cet ancien membre de l’Alliance du Nord[2], un groupe armé musulman opposé au régime des talibans, assura ses fonctions à la tête du WAD durant la présidence intérimaire de Sibghatullah Mojaddedi puis sous la présidence de Burhanuddin Rabbani. Il est tout à fait intéressant de noter que Mohammed Fahim n’est autre que l’actuel premier vice-président[3]. Cette ascension de l’univers du ren­seignement vers l’élite politique est symptomatique de la culture russe. En effet, l’élite politique russe a le plus souvent fait ses classes au KGB, à l’instar de Mikhaïl Gorbatchev ou de Vladimir Poutine.

Le KhAD/WAD était un service de renseignements et de sécurité très redou­té. Les agents avaient gagné la réputation d’être brutaux et d’user de la torture sur les détenus. Il disposait de plusieurs centres d’interrogation et de détention à Kaboul et en province. Leur nombre exact reste cependant inconnu. KhAD and WAD agents were very inventive in their selection of methods of torture, indique le rap­port du Conseil de l’Union européenne intitulé « Security Services in Communist Afghanistan (1978-1992)[4] ».

Il semblerait que le service de renseignements afghan ait été dissous lorsque les talibans, après s’être emparés du pouvoir en 1996 sous la houlette du mollah Omar, furent renversés.

La nouvelle donne

La fin de l’année 2001 marqua un nouveau tournant pour l’Afghanistan. En effet, le 11 septembre 2001, les États-Unis furent victimes d’attentats meurtriers. Les Américains accusèrent Oussama Ben Laden, chef d’al-Qaida, d’être à l’origine de ces actes criminels, menés avec le soutien des autorités talibanes. En quelques mois, une coalisation internationale sous l’égide de l’OTAN renversait le régime taliban. Un nouveau service de renseignements et de sécurité fut alors créé. Placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, la toute nouvelle Direction nationale de la sécurité ou NationalDirectorate of Security (NDS) fut brièvement confiée au général Niamaullah Jalili.

En 2004, l’Afghanistan se dotait d’une nouvelle Constitution. Il devint une République islamique. Dans ce texte constitutionnel, la National Directorate of Security était citée à deux reprises. Il était notamment précisé qu’il revenait au pré­sident de l’Afghanistan de nommer le directeur de la NDS. En octobre 2004, les urnes reconduisirent Hamid Karzaï à la présidence de l’État.

Rares sont les informations sur l’organisation du service et sur ses ressources. Toutefois, il est avéré que la NDS fut dirigée entre 2001 et 2004 par Muhammed Arif Sarwari. Ce dernier avait été le chef du renseignement de l’Alliance du Nord sous Massoud et avait alors travaillé avec la CIA, notamment avec la Jawbreaker Team. Il fut nommé à la tête de la NDS malgré les critiques concernant son échec quant à la protection de Massoud, assassiné le 9 septembre 2001.

Accusé, entre autres choses, d’avoir abusé de ses pouvoirs, d’avoir travaillé contre le gouvernement et d’avoir laissé la NDS commettre des actes en violation du droit, Muhammed Arif Sarwari fut limogé par le président Hamid Karzaï en 2004. Il fut alors remplacé par Amrullah Saleh en février. Son arrivée devait ouvrir la voie de la modernisation des services de renseignements, avait alors indiqué un collabora­teur du président de l’Afghanistan. Amrullah Saleh était venu en aide à l’Alliance du Nord à la fin du mois d’octobre 2001 et était devenu l’assistant spécial aux renseignements de Mohammad Arif Sarwari. Lorsque ce dernier assuma la charge de directeur de la NDS, Amrullah Saleh était déjà à la tête du Département 1, res­ponsable de la liaison avec les militaires, les corps diplomatiques et les services de renseignements étrangers.

Les services afghans d’aujourd’hui

L’organisation du renseignement

La National Directorate of Security est aujourd’hui le principal service de rensei­gnements afghan, mais il n’est pas le seul. Le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Défense disposent également de services de renseignements. Il existe égale­ment une Financial Intelligence Unit.

Toutefois, le renseignement afghan ne comprend pas d’organe de coordination. Cela fait, semble-t-il, défaut à l’efficacité des services. Le chef de la NDS estimait d’ailleurs que la multiplicité des services « n’était pas positive », lors d’une interview accordée à Al-Jazeera en septembre 2008. S’il lui semblait évident qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul et unique service de renseignements, il était d’avis que la NDS occupe une position de leader pour assurer une certaine efficacité et une certaine performance des services.

Jusqu’en 2004, les directeurs des services de renseignements et de sécurité affi­chaient leur appartenance à un parti politique. La nouvelle Constitution a mis un terme à cela par son article 3 du chapitre 11 : Judges, attorneys, and officers ofthe Armed Forces and Police, and members ofthe National Security cannot be members of political parties during their terms of office.

Les méthodes

Héritière du KGB, la NDS a conservé plusieurs automatismes de l’époque soviétique. Force est de remarquer que, ces dernières années, la NDS a fait l’objet d’une attention particulière de la presse européenne et nord-américaine, du fait des allégations de violations des droits de l’homme commises sur les détenus capturés par les forces de l’OTAN et remis au service de renseignements afghan. À plusieurs reprises, des associations, telles qu’Amnesty International, ont accusé le service afghan d’avoir infligé de mauvais traitements à des détenus ou des suspects. Dans le même esprit, en avril 2010, le contenu d’un mémorandum confidentiel émanant du gouvernement canadien a été partiellement révélé par le réseau CBC et Radio Canada. Celui-ci fait état de pouvoirs d’arrestation et de détention des services de renseignements afghans plus grands que ceux de la plupart des agences de renseignements. « La possibilité que soient utilisées des méthodes inappropriées est considérable. » La NDS a également été accusée de diverses atteintes aux droits de l’homme, d’espionnage des citoyens et de servir les intérêts des factions plutôt que ceux du président et du pays.

Les opérations

Malgré une insécurité permanente sur l’ensemble du territoire afghan, la National Directorate of Security a inscrit plusieurs succès à son actif ces deux der­nières années. En juin 2008 à Kaboul, la NDS a démantelé un groupe de quatre criminels qui enlevaient des enfants pour les violer et vendaient des vidéos à carac­tère pédophile. En août 2008, la NDS a monté une opération pour libérer un otage germano-afghan et arrêter ses ravisseurs qui réclamaient trois millions de dollars. Fin 2008, la National Directorate of Security a contrecarré un projet d’évasion de nombreux détenus talibans de la prison de Pul-e-Charki[5] à Kaboul, avec la partici­pation de policiers corrompus.

En octobre 2009, la NDS aurait arrêté six Afghans soupçonnés d’être mêlés à une attaque suicide qui avait eu lieu quelques jours auparavant à Kaboul. L’attaque avait coûté la vie de cinq employés expatriés des Nations unies.

Si plusieurs opérations de la NDS se sont soldées par l’arrestation de criminels, les services de renseignements et de sécurité doivent toutefois faire face à de mul­tiples menaces.

Les menaces auxquels doivent faire face les services afghans

L’intervention de la coalisation internationale en 2001 a eu de lourdes conséquences sur le pays. Tout d’abord, les actions terroristes perdurent encore aujourd’hui et s’amplifient. Ensuite, la production de pavot, utilisé pour produire de l’opium et de l’héroïne, s’est hissée au premier rang mondial en seulement deux ans. Enfin, l’Afghanistan reste aujourd’hui politiquement instable. De fait, de nombreux services de renseignements étrangers sont présents sur le sol afghan afin non seulement de protéger leurs propres intérêts mais aussi de mener une politique d’influence efficace.

Le terrorisme

Le terrorisme est la première menace contre laquelle les services de renseigne­ments et de sécurité afghans doivent lutter. Depuis 2001, le pays compte ses morts et ses blessés au gré des sempiternels attentats perpétrés à Kaboul et sur l’ensemble du territoire afghan.

Ce sont les talibans, renversés en 2001 par l’armée étasunienne et les forces de l’OTAN, qui sont à l’origine de la plupart de ces attentats. Une grande partie des talibans ont trouvé refuge au Pakistan. Cet état de fait crée évidemment de vives tensions entre les deux voisins. Si bien que le chef de la NDS, Amrullah Saleh, n’hé­site pas à accuser, sans détours, le gouvernement pakistanais d’être magnanime avec les talibans, voire de soutenir leurs actions. Ainsi a-t-il déclaré dans une interview accordée à Al-Jazeera English, en septembre 2008 : « [Le gouvernement pakistanais] a autorisé une gigantesque propagande anti-afghane depuis leur territoire. […] Les leaders talibans vivent à Peshawar, même dans les quartiers de l’élite de Peshawar. Ils peuvent [.] arrêter ces leaders. »

Au début de l’année 2010, un énième attentat a plongé Kaboul dans le chaos. Cette opération menée par des terroristes, sans doute talibans, munis vraisembla­blement d’armes lourdes et d’explosifs, a visé le palais présidentiel, des ministères et un centre commercial au cœur de la capitale. Il faut rappeler ici que Kaboul est la seule zone du pays où la sécurité est assurée par les forces afghanes et non par l’International Security Assistance Force (ISAF). Cette nouvelle action terroriste a amené le président de l’Afghanistan Hamid Karzaï à ordonner la refonte complète du dispositif de sécurité dans la capitale.

Le narcotrafic

Le trafic de drogue préoccupe également les services de renseignements afghans. Cette préoccupation tient davantage aux liens existant entre les narcotrafiquants et les terroristes qu’à une politique de santé publique. En effet, les terroristes ont besoin d’argent pour financer leurs actions et leurs camps d’entraînement. Une de leurs ressources financières provient des taxes qu’ils imposent aux trafiquants de drogues et aux producteurs d’opium en échange de la protection de leurs convois.

L’ingérence des puissances étrangères

Il est évident que nombre de services de renseignements étrangers sont présents sur le sol afghan. D’une part, les forces armées engagées dans le pays disposent de leur propre service de renseignements militaires pour assurer la sécurité de leurs contingents militaires. L’International Security Assistance Force (ISAF) possède éga­lement un service de renseignements pour la protection des troupes.

D’autre part, les États-Unis (CIA) et les Russes (SVR et FSB) ont redéployé des officiers de renseignements sur le territoire afghan pour leurs intérêts politiques et économiques. Toutefois, ce ne sont pas les seuls. Les services de renseignements pakistanais (ISI) sont également présents en Afghanistan pour des raisons poli­tiques mais aussi pour des raisons de sécurité intérieure, puisque les attentats se sont multipliés ces derniers mois sur le territoire pakistanais. Il serait également logique que les services indiens, israéliens et iraniens ainsi que nombre de services de pays occidentaux soient présents en Afghanistan. Ceux-là peuvent représenter une me­nace pour les intérêts politiques et économiques afghans, et un risque d’ingérence.

Le contre-espionnage est du ressort de la NDS. Celle-ci se doit donc d’être particulièrement vigilante vis-à-vis des activités des services étrangers de renseigne­ments extérieurs.

Force est aussi de remarquer que les tensions indo-pakistanaises se déclinent sur le sol afghan. En effet, le gouvernement pakistanais estime primordial que le ré­gime afghan soit favorable à ses intérêts et redoute toute connivence entre l’Inde et l’Afghanistan. Outre cette considération politico-stratégique, le Pakistan constitue la base arrière des talibans.

Dans ce contexte de manipulation politique et de menace terroriste, les rela­tions entre les services pakistanais et afghans se sont considérablement détériorées ces dernières années. La coopération n’est donc guère approfondie.

La National Directorate of Security et les médias

Le service afghan cherche à contrôler les contenus médiatiques

Tout d’abord, les relations entre les médias et la NDS semblent assez tendues. Si le chef de la NDS transmet régulièrement des communiqués et accorde des inter­views aux médias locaux et étrangers, il n’en reste pas moins que le service cherche à contrôler ce que diffusent les médias. Plusieurs fois, la NDS a arrêté et interrogé des journalistes, comme en juillet 2008. Ce fut par exemple le cas de Nasser Fayez, animateur à la télévision. Il aurait été arrêté par la NDS et détenu pendant deux jours après avoir diffusé une série d’émissions très critiques à l’égard du gouverne­ment afghan[6].

Plus encore, en juin 2006, plusieurs responsables de médias afghans, comme Kabul Weekly, Kilid, Sibat ou Tolo TV, se sont vu remettre par le service de ren­seignements afghan un document qui liste une série d’interdits et de restrictions imposés aux professionnels de l’information. Ces « recommandations » étaient di­verses et variées : « ne pas mener d’interviews de chefs de haut rang et bien connus, de groupes terroristes qui ont participé au conflit armé contre le gouvernement », « ne pas lire de communiqués d’organisations armées », « ne pas démoraliser l’ar­mée », « ne pas publier de propos contraires à la politique étrangère du gouverne­ment », « ne pas utiliser des titres de respect, comme des guerriers, la résistance, les gardiens de la paix pour décrire les terroristes et les tueurs », etc.

Le service communique beaucoup

Le chef du service de renseignements et de sécurité afghan n’hésite pas à com­muniquer. Les communiqués de presse sont fréquents à la suite d’attentats meur­triers ou d’opérations menés à bien par les services afghans. Le directeur de la NDS a accordé plusieurs interviews télévisées ces dernières années. Lors d’une interview réalisée par Al-Jazeera English en septembre 2008, Amrullah Saleh explique le rôle de son service et critique vivement le manque de volonté du gouvernement pakis­tanais d’anéantir la menace talibane. Il réitère ces propos lors d’une interview à la BBC la même année.

Le service communique à plusieurs desseins. La NDS cherche sans doute à amé­liorer son image, altérée par les critiques répétées émanant d’associations de défense des droits de l’homme et de gouvernements étrangers. Les enquêtes menées par l’Afghan Independent Human Rights Commission constituent une mauvaise publicité

pour la NDS.

Ce n’est cependant pas la seule motivation d’Amrullah Saleh. Ces interviews sont également l’occasion de diffuser un message politique à l’attention non seule­ment des dirigeants étrangers, comme le gouvernement pakistanais, mais aussi des criminels faisant peser une menace sur l’Afghanistan. Ce discours, loin de toute di­plomatie, a sans nul doute vocation à affirmer la présence et l’efficacité des services afghans dans la lutte contre le terrorisme.

[1]Jacques Baud, Encyclopédie du renseignement et des services secrets, Lavauzelle, Panazole, 2002, p. 18.

[2]Appelée également Front uni islamique et national pour le salut de l’Afghanistan.

[3]Fonction assurée depuis novembre 2009.

[4]Rapport de la Délégation néerlandaise n° 7953/01, « Security Services in Communist Afghanistan (1978-1992) », remis le 26 avril 2001 au Conseil de l’Union européenne.

[5]Pul-e-Charki est la prison la plus importante du pays. Elle compte quelque 3 000 prisonniers, dont plus de 500 talibans.

[6]Jason Motlagh, « Risks Increase for Afghan War Reporters », in The Washington Times, 27 septembre 2008.

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