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Hanza Diman
Titulaire d’un doctorat en histoire africaine (École internationale supérieure d’études africaines de Bayreuth (BIGSAS) ; Université de Bayreuth) et diplômé de l’Institut français des affaires internationales et stratégiques. Fondateur d’Africa Politicum et cofondateur de Model African Union Bayreuth, il a été honoré de l’Ordre fédéral du mérite en 2022 par Frank-Walter Steinmeier, président de la République fédérale d’Allemagne, et a remporté le DAAD-Prix 2020. Ses thèmes de recherche se concentrent autour des dynamiques socio-politiques et économiques intra-africaines, aux relations politiques et économiques entre les pays francophones d’Afrique de l’Ouest et les États européens, la Chine, la Turquie, le Japon et les États-Unis.
Résumé : Le Sahara occidental constitue un enjeu sensible de stabilité et de sécurité dans le Maghreb, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest. Il existe des intérêts géopolitiques et géoéconomiques des grandes puissances détentrices du droit de veto au conseil de sécurité susceptibles d’entraver tout dénouement de la question du conflit du Sahara occidental par l’ONU. L’Union africaine (UA) et la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) doivent trouver des solutions durables pour résoudre ce conflit
Mots clefs : CEDEAO, Conflits, Grandes puissances, ONU, Sahara occidental, Union africaine
Abstract: The Western Sahara is a sensitive issue of stability and security in the Maghreb, the Sahel and West Africa. There are geopolitical and geoeconomic interests of the major powers holding the veto in the Security Council that could hinder any resolution of the Western Sahara conflict by the UN. The African Union (AU) and the Community of West African States (ECOWAS) must find lasting solutions to resolve this conflict
Keywords: African Union, Conflicts, ECOWAS, Great powers, UN, Western Sahara
Le 9 mai 1956, alors que la Côte-de-l’Or (actuel Ghana) était en marche inexorable pour l’indépendance qui aura lieu en 1957, la Grande-Bretagne, mandatée au lendemain de la Première Guerre mondiale pour administrer 35 % de la Deutsche Kolonie Togo (colonie allemande du Togo), décolonise ce territoire par le biais d’un référendum d’autodétermination sous le contrôle et la supervision de l’Organisation des Nations unies (ONU). Au terme de cette consultation, 63,9 % des personnes votantes se sont prononcées contre une appartenance au Togo sous administration française – 65 % de l’ex-colonie allemande du Togo – et donc pour un rattachement à la Côte-de-l’Or, qui deviendra le Ghana à la suite de l’indépendance proclamée le 6 mars 1957.
L’Espagne, de son côté, puissance coloniale mineure en Afrique, a d’abord fait de la côte saharienne de Boujdour et de Cap Blanc son protectorat, puis de Rio de Oro (province méridionale du Sahara occidental) une colonie espagnole, officiellement le 6 avril 1887. Cette officialisation inaugure le début de l’occupation espagnole du Sahara occidental jusqu’en 1975.
Contrairement à la Grande-Bretagne, le départ officiel des Espagnols de cette région en 1975 n’a pas donné lieu à un référendum d’autodétermination des populations sahraouies. Cela aurait pu permettre aux populations locales, comme à leurs homologues du Togo oriental sous administration britannique, de choisir entre une appartenance à un futur État du Sahara, revendiqué par les nationalistes rassemblés plus tard au sein du Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro (Front Polisario), et le Maroc, revendiquant historique de sa souveraineté indiscutable sur le territoire autrefois occupé par l’Espagne. En lieu et place d’un référendum démocratique ou autre forme moins crisogène de décolonisation, l’Espagne opte pour une « administration temporaire » du Sahara occidental consignée dans l’accord tripartite de Madrid du 14 novembre 1975.
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