Téléchargez l’article complet au format PDF
Abdoulahi Attayoub
Consultant en relations internationales, Président fondateur de l’association Survie Touarègue-TEMOUST (1991), Président de l’Organisation de la Diaspora Touarègue en Europe (ODTE)
Résumé : Victime des conséquences de la crise libyenne provoquée par l’extérieur, la région sahélienne révèle la fragilité de ses États, sa sous-administration et l’inadéquation de leur gouvernance à la diversité socioculturelle de leurs populations, la poussée djihadiste et la pression migratoire.
Mots clefs : Burkina-Faso, Conflits, État, Mali, Maures, Niger, Peuls, Sahel, Touaregs
Abstract: Victim of the consequences of the Libyan crisis provoked by the outside world, the Sahelian region reveals the fragility of its states, its under-administration and the inadequacy of their governance to the socio-cultural diversity of their populations, the jihadist push and the migratory pressure.
Keywords: Burkina-Faso, Conflicts, State, Mali, Moors, Niger, Fulani, Sahel, Tuareg
Depuis quelques années la région sahélienne fait l’objet d’un intérêt accru de la communauté internationale. Les conséquences de la crise libyenne ont très vite mis en évidence la fragilité des États comme le Mali et le Niger ainsi que leurs difficultés à affronter les contrecoups de cette crise. Ces évènements surviennent dans une région depuis toujours considérée comme un territoire sous-administré, dont le contrôle échappe largement aux États.
En effet, depuis la décolonisation au début des années 60, les États sahéliens n’ont pas réussi à asseoir des administrations adaptées à l’étendue des territoires et à la diversité socioculturelle de leurs populations. L’inadéquation de cette gouvernance a très tôt généré tensions et conflits entre les États et certaines communautés, dont les Touaregs, les Maures et les Peuls. À ces conflits, se sont ajoutés ces derrières années d’autre facteurs d’instabilité comme la poussée djihadiste et la pression migratoire qui constituent aujourd’hui les principales préoccupations de la Communauté internationale.
Depuis quelques années, la communauté internationale prend peu à peu conscience de la nécessité d’une approche rénovée de la gouvernance politique dans la bande sahélo-saharienne. Les dysfonctionnements de cette gouvernance sont à l’origine des conflits qui opposent depuis soixante ans certaines populations aux États centraux, notamment au Mali et au Niger. Longtemps ignoré par la communauté internationale, ce conflit a commencé à susciter un certain intérêt à la faveur de la guerre déclarée aux groupes djihadistes depuis 2012.
Depuis la création par l’administration coloniale française de ces nouveaux États, certaines communautés, notamment touarègue, arabe, peule et touboue, écartées des nouveaux schémas de gouvernance, n’ont cessé de revendiquer leur droit légitime à être pleinement associées à la gestion politique et économique des nouvelles entités. En effet, avant de partir, l’administration coloniale a laissé derrière elle des États à bâtir dont les populations n’avaient pas librement choisi de partager un projet national commun. L’échec patent des systèmes postcoloniaux commande aujourd’hui une nouvelle forme de gouvernance pour répondre à la situation explosive, que les élites, souvent en déphasage avec les sociétés qui composent ces États, n’ont pas été en mesure d’anticiper.
[…]