Jure Georges Vujic
Écrivain franco-coate et géopoliticien, Avocat au Barreau de Paris, il est diplômé de la Haute école de guerre des forces armées croates. Il dirige l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb (Croatie). Il est l’auteur de plusieurs livres dans les domaines de la géopolitique et de la politologie, parmi lesquels : Fragments de la pensée géopolitique (ITG, Zagreb), La Croatie et la Méditerrannée, aspects géopolitiques (éditions de l’Académie diplomatique du Ministère des Affaires étrangères et des Affaires européennes, Zagreb, 2006), Eurasie contre Atlantisme (éditions Minerve, 2012), La modernité face à l’image – Essai sur l’obsession visuelle de l’Occident, (Ed. L’Harmattan, Paris, mai 2012). Il collabore à la revue Géostratégiques de l’Académie de géopolitique de Paris.
Résumé :
Lorsqu’on prend acte des dispositions et des termes du plan de règlement du conflit israélo-palestinien nommé « Accord du siècle » la première question qui vient à l’esprit est celle de savoir s’ il s’agit d’un projet d’accord, d’un décret, d’un édit politico-religieux, ou d’un plan unilatéral à la carte“, à prendre ou à laisser ? Lorsqu’on saisit la teneur d’un tel document, dont la genèse remonte aux précédents unilatéraux du président Trump sur la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’ Israël et l’annexion du plateau de Golan, il serait de mauvaise foi ou naïf d’escompter un quelconque accord entre deux parties contractantes sur une base d’égalité et d’impartialité. Cette proposition d’accord qui a provoqué la protestation et le refus de négociation des autorités palestiniennes, serait alors tout bonnement nul et non avenu, un accord mort né. Néanmoins, cet édit politico-religieux qui n’est pas sans rappeler les édits de persécutions et de tolérance du haut Moyen-âge, pourrait constituer les bases d’un nouvel casus belli au Moyen Orient, a le mérite de clarifier la position étasunienne qui reflète le grand retour des enjeux religieux et le poids de l’influence des courants chrétiens sionistes sur la formulation des décisions et des orientations de la politique étrangère de l’administration Trump.
Summary
When taking note of the provisions and terms of the plan for the settlement of the Israeli-Palestinian conflict called « Deal of the century », the first question that comes to mind is whether it is a matter of agreement, a decree, a politico-religious edict, a unilateral “à la carte plan”, a take-it-or-leave-it deal? When analyzing such a document, which results from President Trump’s unilateral precedents on the recognition of Jerusalem as the capital of the State of Israel and the annexation of the Golan Heights, it would be a matter of bad faith or naive to expect any equal and impartial agreement between both parties. This proposed agreement, which provoked the protest and the refusal to negotiate by the Palestinian authorities, would then simply be null and void, a stillborn agreement. Nevertheless, this politico-religious edit, as it recalls the edicts of persecution and tolerance of the early Middle-Ages, could constitute the bases of a new casus belli in the Middle East, and could be credited for clarifying the US position. In fact, the American stand reflects the great return of religious issues and the influence of Christian zionism on the making of decisions and orientations of the US foreign policy.
Key words : Agreement, Israel, Palestine, America, Middle East, geopolitics
La genèse et les précédents de l’Accord
Pour bien comprendre la genèse et la teneur d’un tel projet d’accord , il convient de rappeler que depuis l’arrivée de Donald Trump à la présidence, ,des précédents diplomatiques et géopolitiques conditionnent et confirment un unilatéralisme pro-Israélien: la reconnaissance unilatérale , le 6 décembre 2017 de Jérusalem comme « capitale d’Israël » :en violation du droit international, alors que tous les présidents américains, avant Trump, avaient maintenu l’ambassade américaine à Tel Aviv. Le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien ; Le retrait de l’aide financière et le chantage financier à la Palestine . Washington a annoncé le 31 août 2018 la fin des aides financières américaines à l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA).Trump avait déclaré à ce sujet, le 6 septembre 2018, que cette aide sera interrompue jusqu’à ce que les Palestiniens acceptent de participer aux pourparlers de paix avec Israël, sous la médiation des Etats-Unis.Deux jours plus tard, une aide de plus de 20 millions de dollars aux hôpitaux palestiniens de Jérusalem-Est a également été annulée. Dans le même état d’esprit, le projet préparé par l’administration Trump pour une solution au conflit, appelé « Accord du siècle », place les aides financières au centre du projet pour faire fléchir les Palestiniens. La fermeture du Bureau de l’OLP. A la demande des autorités israéliennes, et pour sanctionner les Palestiniens qui refusent de discuter de « l’accord du Siècle », Donald Trump a décidé, le 10 septembre 2018, la fermeture du bureau de représentation de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Washington.;La reconnaissance de l’annexion du Golan :après le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, Trump a pris la décision de reconnaître l’annexion par Israël du Plateau du Golan, territoire syrien occupé illégalement depuis 1967. En effet, le droit international considère à la fois la Cisjordanie et Jérusalem-Est comme des territoires occupés et considère toute activité de construction de colonies juives comme illégale. Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, avait annoncé, que les colonies israéliennes en Cisjordanie ne seraient plus considérées comme illégales. Environ 400 000 Juifs israéliens vivent actuellement dans près de 250 colonies construites depuis 1967, en Cisjordanie occupée. Les Palestiniens revendiquent ces territoires, avec la Bande de Gaza, pour la création d’un futur État palestinien. Avec cette nouvelle décision, Washington ouvre la voie à une annexion de ces territoires occupés par Israël.
Complexe d’obsidionalité et impératif sécuritaire
Tout comme d’autres Etats enclavés qui souffrent d’une certaine claustrophobie géopolitique parfois paranoïaque, le complexe d’obsidionalité et le mythe de la cité assiégée, explique en majeure partie la politique sécuritaire d’Israël dans la région, mais aussi la fabrication de l’insécurité au Moyen Orient. Il existe plusieurs étapes et différentes logiques obsidionales depuis la création de l’Etat d’Israël. En effet, conjuguée à un manque de profondeur stratégique et à un isolement politique, la doctrine de sécurité d’Israël, fondée par Ben Gourion, se fonde sur deux principes : la protection d’une grande puissance et le dépassement de l’hostilité arabe. Ainsi, Israël développa des relations privilégiées avec la France en 1956 durant la crise de Suez. Leurs intérêts étant à l ‘époque convergents, on évoqua une « alliance tacite ». C’est avec les USA qu’Israël se rapprocha à partir de 1967, servant de fer de lance à la politique US dans un contexte de guerre froide dont le Moyen-Orient était l’un des terrains de jeux favoris des deux grandes puissances d’alors. Conscient très tôt de son environnement hostile Israël décidera de créer des alliances stratégiques fondées sur le principe de cercles concentriques autour d’Israël, dont l’Etat hébreu est le cœur entouré d’Etats Arabes hostiles. Ce principe cardinal de la politique étrangère israélienne conduit l’Etat hébreu à nouer des alliances avec des Etats non arabes plus périphériques (dépassant le premier cercle d’Etats voisins) comme la Turquie ou l’Iran à l’époque du Chah au nord et dans une moindre mesure avec l’Ethiopie, le Kenya et l’Ouganda au sud. Il s’agit dès lors de prendre les Etats arabes à revers. Cette stratégie impliquait donc une certaine ouverture territoriale.
Dans le cadre de cette nouvelle approche stratégique politico-religieuse pro-israélienne d’ autres stratégies pragmatiques ad hoc, de fragmentations / division ethno-religieuses (certains analystes parlent déjà de la nouvelle stratégie américano-saoudo-israélienne de balkanisation du Moyen-Orient en Syrie et au Liban) convergent vers l’incitation / répression des groupes islamistes, et des stratégies d’enclave / de désenclavement énergétique au Moyen Orient. Il convient de noter que le scénario géopolitique complexe d’aujourd’hui en Syrie, et au-delà au Moyen-Orient, découle considérablement de l’héritage des expériences libyenne et irakienne. Il convient également de noter que le document de stratégie officielle de l’administration néo-conservatrice de l’administration Bush appelé le plan Clean Break (qui a été expurgé en 1996 par un groupe de travail dirigé par Dick Cheney) prévoyait des scénarios de changement de régime politique en Irak, en Syrie, Liban et Iran: D’autre part il convient de rappeler que le conflit syrien est étroitement lié à la rivalité stratégique pour le contrôle de l’approvisionnement et du transport de gaz, entre l’axe Russie-Chine-Iran-Syrie (l’Iran, l’Irak et la Syrie en 2011 ont conclu un accord pour construire un pipeline sur la route Iran-Syrie via l’Irak ) et la coalition États-Unis-Europe-Turquie-Arabie saoudite-Qatar soutenant la construction d’un pipeline à travers la Syrie (après la chute du régime Assad) vers la Turquie. Dans une constellation géopolitique aussi complexe, à l’exception de l’industrie et du commerce de guerre en plein essor, personne ne peut dire avec certitude quel est le résultat final d’un jeu géopolitique Etatsunien à haut risque de «pyromane et pompier», car il y a toujours une dose d’imprévisibilité et de mauvaise appréciation lorsque l’incendie n’est pas maîtrisé. Cette stratégie de balkanisation du Moyen-Orient est conforme ā ce que le Plan Yinon prévoyait, ā savoir que l’intérêt de l’État hébreu est de favoriser la création, dans le monde arabe, de mini-États antagonistes trop faibles et trop divisés pour s’opposer efficacement à lui : « L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces États. […] Riche en pétrole, et en proie à des luttes intestines, l’Irak est dans la ligne de mire israélienne. Sa dissolution serait, pour nous, plus importante que celle de la Syrie, car c’est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace pour Israël. » , les idées défendues par Yinon auraient été en grande partie reprises par les gouvernements israéliens successifs depuis 1982. Elles auraient ainsi largement contribué à forger la doctrine géopolitique de l’État hébreu depuis les années 80. D’autre part le Plan Clean Break: A New Strategy for Securing the Realm, de l’administration Bush, suggérait « une coupure nette » avec la philosophie des accords d’Oslo, le renversement de Saddam Hussein et une guerre par procuration avec la Syrie.
Ventre mou moyen-oriental et arc chiite
Lorsque nous regardons la situation au Moyen-Orient, en Libye, en Irak, en Syrie, jusqu’au Liban, les choses semblent hors de contrôle à première vue, dans un chaos et un éffondrement complet, dans lesquels opèrent des coalitions colorées, parfois bizarres et contradictoires, des acteurs asymétriques étatiques et non étatiques. Salafistes sunnites, wahhabites, brigades chrétiennes, peshmergas kurdes, conseillers spéciaux, troupes privées – un scénario complexe dans lequel il est difficile d’identifier qui sont les principaux « cavaliers de l’apocalypse » dans la région et de découvrir qui tire les ficelles et qui profite d’une telle condition apocalyptique. Il est difficile de croire que derrière ce désordre géopolitique apparent se cache un puzzle géopolitique cohérent et réfléchi. Dans la guerre contre le terrorisme islamiste, les cercles militaires américains combinent souvent des termes tels que « guerre non conventionnelle », « guerre de quatrième génération », « coup d’État léger » ou « guerre irrégulière », expliquant les formes de guerre hybrides que les États-Unis appliquent aujourd’hui et expérimentent sur le terrain. Malgré la dynamique complexe des turbulences constantes et la délocalisation à court terme des alliances géopolitiques, il est important de garder à l’esprit que certaines constantes stratégiques subsistent: le célèbre «arc chiite» géopolitique s’étendant de Téhéran au sud du Liban via Bagdad et Damas (non seulement religieux mais et en tant qu’alliance géopolitique régionale), en fait, demeure une menace majeure pour les intérêts stratégiques des États-Unis, d’Israël et des pays du Golfe. De ce point de vue, il est parfois possible de retracer l’ambiguïté des jeux géopolitiques sur le terrain, ainsi qu’une compréhension fluide de la signification réelle du soi-disant. À cet égard, la création d’un «ventre mou» régional sunnite (sous ce terme Z. Brzezinski décrit les «nations non souveraines dans leur ensemble» et les zones volatiles de la région eurasienne plus large sous contrôle et contrôle américain) permettrait une destruction physique de l’axe chiite, ce qui affaiblirait corrélativement l’Iran, le Hezbollah et le Hamas palestinien. Dans une telle nouvelle reconfiguration, il est évident que l’expression « l’ennemi de votre ennemi est mon ami » explique l’alliance parfois contradictoire a priori contre nature entre Israël et l’Arabie saoudite, le pays modèle des États-Unis pour la démocratie et les droits de l’homme avec la monarchie saoudienne en tant que principale matrice idéologique wahhabite d’Al-Qaïda.
Les enjeux religieux de la politique Trumpienne
La reconnaissance unilatérale par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël s’inscrit tout droit dans une re-théologisation de la politique étrangère américaine, dans le sens des revendications des lobbys évangéliques et chrétiens sionistes. Selon les chrétiens sionistes une des mouvances radicales des évangéliques, le retour des juifs sur toute l’ancienne Palestine ainsi que le retour de Jerusalem au peuple au peuple juif , au de lā des réalités géopolitiques, sont censés instaurer la cité du peuple juif, celle d’un imaginaire et d’une mémoire messianique du retour sur le mont Sion (quand les Juifs disent «Sion», c’est à Jérusalem qu’ils pensent. ), conditions eschatologiques propres au retour du messie. L’administration de Trump a délibérément choisi deux pasteurs Jeffress et Hagee (Hagee est le fondateur de la principale organisation sioniste chrétienne américaine, Christians United for Israel (CUFI ) pour conseillers. Les pasteurs – et leurs disciples évangéliques blancs, qui constituent une partie importante de la base de Trump avec 81% d’entre eux ayant voté pour lui en 2016 – avaient fait pression sur le président pour que l’ambassade soit déplacée. Andrew Chesnut, professeur d’études religieuses à la Virginia Commonwealth University, affirme que le sionisme chrétien est maintenant la «théologie majoritaire» parmi les évangéliques blancs américains. Cet accent mis sur le soutien des Juifs américains à Israël montre à quel point le soutien américain à Israël est motivé par les intérêts géopolitiques états-uniens au Moyen-Orient, avec leur désir de longue date de maintenir le contrôle des ressources énergétiques de la région et leur poursuite de la «guerre contre le terrorisme». Le partenariat solide avec Israël s’inscrit dans ces deux objectifs. Les nominations de Pompeo et Bolton chrétiens évangéliques déclarés, d’autre part confirment une évolution vers une politique étrangère plus radicale , en particulier vis-à-vis de l’Iran : tous deux se sont en effet opposés à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien de juillet 2015, et ont recommandé une opération militaire en Iran. D’autre part, les bonnes relations qu’entretiennent les États-Unis de Donald Trump avec l’Arabie Saoudite, dont l’animosité envers l’Iran est bien connue, ne permettent pas d’exclure une nouvelle intervention militaire américaine dans la région avec un soutien aux Saoudiens. D’autre part il convient de souligner, que sous l’impulsion de Jared Kushner, son gendre d’origine juive, qui est aussi son conseiller, Donald Trump a accepté toutes les demandes d’Israël, sans se soucier des équilibres de la région.
Ce repositionnement politico-religieux de l’administration Trumpienne au Moyen Orient n’est pas une nouveauté, et participe au phénomène du « retour du religieux » dans le monde contemporain, dans la sphère sociale et politique. Ce phénomène est vérifiable au niveau global : intégrisme islamique, néoconfucianisme en Chine communiste, l’émergence des Asian Values et de l’Hinduistan en Inde et en Asie. La redécouverte du religieux comme facteur d’intégration individuelle et collective semble jouer un rôle supplétif parallèlement au déclin des idéologies politiques classiques et à la judiciarisation et la technicisation de la politique. Si l’on prend en compte la recrudescence du phénomène religieux en politique aux États-Unis où le fondamentalisme chrétien protestant a toujours fait bon ménage avec la politique et les signes d’une certaine « re-sacralisation » du politique en Russie et dans certains pays européens, on constate que le processus irréversible de la sécularisation du politique est loin d’être fini et l’on assiste paradoxalement à l’avènement d’une société « post-séculaire » caractérisée par un retour du fondamentalisme et d’une instrumentalisation du concept de conflit de civilisation. Cette religiosité politique a toujours était présente dans la tradition politique Américaine depuis lea Destinée Manifeste jusqu’à nos jours, et trouve son point d’ancrage dans le rêve unitariste atlantiste. L’idée atlantiste ou transatlantique trouve sa matrice originale ou pré-philosophique dans le corps mythologique anglo-saxon et américain. À savoir, afin de justifier le schisme du roi Henri VIII au XVIe siècle, une légende anglo-américaine fut instrumentalisée contre Rome et la papauté. Basé sur le modèle du « germanium », par l’historien romain Cornelius Tacitus (qui décrit dans l’ouvrage « Germania » la vie simple des Allemands, 1er siècle après J.C.), la période anglo-saxonne a été exaltée comme une matrice de libertés suprêmes, et un tel grand récit a nourri la littérature anglo-saxonne. Pendant des siècles, cette pensée mythique a inspiré les conceptions politiques de Jeffreson, Wilson, qui a glorifié les révolutions atlantistes. Dans les temps modernes, le concept de «Révolution atlantique» a été le plus développé par l’atlantiste Jacques Godechot dans son œuvre La grande nation. Le concept atlantique de l’empire mondial global et du gouvernement mondial découle de l’articulation des aspirations philosophiques avancées par W. Lippman, B. Mitrany et Kant. Walter Lippman, chroniqueur au Herald Tribune basé à New York en 1943, a décrit une vision géopolitique pour la création d’une communauté atlantique basée sur l’axe Londres-Washington, réunissant le Commonwealth, l’Europe occidentale et l’Amérique latine. Lippman insiste sur la mise en place d’un système de sécurité atlantique commun pour garantir le respect du droit international. La deuxième matrice philosophique de l’atlantisme est le fonctionnalisme de David Mitrany, qui soutient que les États seuls ne peuvent plus répondre aux besoins de l’humanité et qu’ils doivent céder la place à des organisations internationales supranationales qui ont des fonctions spécifiques. Une telle évolution devrait produire une intégration profonde du système international et la disparition de l’État-nation, et le processus se terminerait par l’émergence d’un organe supranational couvrant toutes les organisations transnationales, sous la forme d’un gouvernement mondial. La troisième matrice de l’atlantisme est dérivée du républicanisme de Kant, comme expliqué dans l’ouvrage Le projet de paix éternelle, dans lequel Kant prône l’idéal de l’idéal républicain comme produit de la volonté universelle. Un tel programme des Illuministes des Lumières soutient également que les droits des peuples devraient être fondés sur le fédéralisme des États libres, et la loi cosmopolite permettrait une hospitalité universelle. En outre, une telle fédération mondiale gérerait les questions de citoyenneté, de défense, de relations économiques, de monnaies et de communication. Dans un style kantien, Arnold Toynbee préconise la mise en place d’une « forme constitutionnelle de gouvernement mondial ». Bien qu’elle ait fluctué à travers l’histoire entre l’interventionnisme et l’isolationnisme, les racines de la politique étrangère de l’atlantisme se trouvent dans la vision géopolitique et religieuse-philosophique de la «République impériale» atlantique. L’Amérique puritaine, les descendants des Mayflowers, les premiers pionniers qui voulaient quitter l’Europe avec la conviction qu’elle les persécutait, pensaient également que la providence de Dieu leur avait confié une mission divine, afin qu’ils puissent réaliser au niveau du continent, une nouvelle Sion, une nouvelle Jérusalem. Une telle mission messianique résiste bien à la guerre américano-hispanique, à la crise à Cuba, mais aussi à la guerre du Vietnam. Pendant le conflit de 1898, les États-Unis ont réaffirmé, afin de justifier une intervention militaire, le droit à la légitime défense. Une telle vision est bien illustrée, par exemple, par le naufrage du navire de guerre américain du Maine dans le port cubain de La Havane, ainsi que par toutes les interventions américaines dans le monde, qui ont toujours une justification biblique. Outre les droits à la légitime défense, les États-Unis appliquent également une syntaxe pour combattre l’axe du mal. Aussi, dès le début, les États-Unis ont clairement affirmé la nécessité de défendre la liberté, le commerce et la libre navigation, comme en témoigne la démonstration de la puissance d’un navire de guerre par le commodore M.C. Perry à Tokyo en 1853, lorsqu’il a forcé le Japon à ouvrir ses ports aux étrangers. La croyance qu’ils forment un « peuple choisi » et un sentiment de supériorité sur les autres nations, et surtout les Européens, étaient profondément enracinés dans la culture américaine et le subconscient collectif, à travers les matrices historiques des Pèlerins des Pères fondateurs. D’autre part, le calviniste puritain, la doctrine de la prédestination puritaine a propagé dans l’histoire des États-Unis l’habitude de traiter leurs ennemis , européens ou non comme des incarnations du mal. En 1942, le politologue allemand Carl Schmitt a souligné que l’idéologie calviniste de la prédestination garantit l’immunité juridique à ses « élus » qui ont une « conscience supérieure » (en termes psychologiques: un complexe de supériorité) sur le reste du monde. L’histoire politique de l’Atlantisme et des États-Unis est en grande partie une histoire de l’expansion de ce complexe, illustrée au cours des siècles dans les phases de rejet ou d’affirmation et d’exportation (épisode historique Mayflower, politique isolationniste, doctrine Monroe), parfois avec conquête et extermination. des non-élus (guerre et génocide contre les Indiens, guerre civile, expansions coloniales à travers le Pacifique, guerres mondiales avec bombardements massifs de civils, etc.)
Bibliographie
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Articles consultés:
Article Mimi Kir, https://merip.org/2019/08/countering-christian-zionism-in-the-age-of-trump/
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https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/jerusalem-qui-sont-les-chretiens-sionistes-derriere-la-decision-de-trump_1966871.html
https://www.lepoint.fr/monde/accord-du-siecle-le-cadeau-de-trump-a-netanyahou-27-01-2020-2359830_24.php