Quels enjeux géopolitiques et religieux pour Jérusalem ?

Samedi 30 avril de 15h00 à 18h00

Ce colloque entreprend de passer en revue l’ensemble des thématiques politiques, culturelles, religieuses et historiques émergentes autour de cette ville historique aux multiples facettes.

La couverture médiatique quotidienne soulignant la permanence des enjeux de pouvoir liés au système de représentation tel que perçu par les acteurs en conflits, ne doit pas empêcher les spécialistes d’étudier et d’analyser sereinement les richesses propres à la ville, trois fois sainte et quatre fois millénaire. L’archéologique, l’histoire et les architectures qui lui sont propres ouvrent la voie à une meilleure appréhension de sa pertinence géopolitique. La centralité politique de Jérusalem s’explique également par la puissance d’évocation des facteurs identitaires croisés qui s’y sont enracinés.

L’Académie géopolitique de Paris reste fidèle à sa vocation d’animer librement des débats sur des thématiques qu’elle veut analyser de façon inédite et originale. Des spécialistes e ainsi que des praticiens des relations internationales confronteront leurs points de vue divers pour enrichir la connaissance scientifique.

Propos introductif

Ali RASTBEEN

Président de l’Académie de Géopolitique de Paris

Jérusalem est une ville, qui tient une place centrale dans les trois religions monothéistes juive, chrétienne et musulmane. Elle est aujourd’hui de facto la capitale d’Israël, et pour la partie Est la capitale proclamée de l’État de Palestine.

Dans la cosmologie juive, Jérusalem est considérée comme étant le « nombril du monde » ou encore la « prunelle de l’oeil » au centre de l’Univers.

Dans l’imaginaire chrétien : Jérusalem incarne à la fois la Cité biblique, l’Église, la Cité céleste, appelée « Ville Dieu » éternelle et vide de tout temple. C’est également la ville historique vers laquelle sont orientées les églises.

Enfin dans l’imaginaire musulman, dès les premiers siècles de l’Islam, l’image de Jérusalem s’enrichit de légendes populaires, de récits merveilleux et d’évocations mystiques.

Sous les Omeyyades, la ville est désignée « Bayt al Maqdis », (Maison de la Sainteté) ou « Al-Quds » (la Sainte). Elle est considérée traditionnellement comme le troisième lieu saint de l’Islam.

Dans le Judaïsme, Jérusalem est la première terre sainte créée par Dieu.

Toutes ces religions s’accordent à dire que Jérusalem sera le lieu de la « fin des temps ».

Sans sous-estimer la portée symbolique de cette dimension religieuse et de son avenir, Jérusalem revêt aujourd’hui une dimension incontestable.

C’est notamment à partir de la question des résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies que la question du statut de Jérusalem s’est posée.

En soulignant l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité.

Cela implique :
– Le Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés ;
– Le respect et la reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres

Affirme également la nécessité :
– De garantir la liberté de navigation sur les voies d’eau internationales de la région ;
– De réaliser le règlement du problème des réfugiés ;
– De garantir l’inviolabilité territoriale ;

De fait, Jérusalem constitue un enjeu politique majeur tant pour les pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens que le reste du monde. La problématique de Jérusalem réside dans son statut juridique.

L’Organisation des Nations unies à travers son Assemblée générale, en date du 29 novembre 1947, prônait l’internationalisation de Jérusalem tandis que son Conseil de tutelle devait définir ce futur statut. En vain, car la ville de Jérusalem reste sans statut ce qui crée un vide juridique qui dure toujours.

Jérusalem AL QODS entre présent et futur à l’aune des changements géopolitiques

Maître André CHAMY

Avocat au Barreau de Mulhouse

Le problème de la Palestine a accompagné notre mémoire collective depuis bientôt 75 ans, marqué par l’exode d’une population, les massacres, les destructions, et les drames humains.

Nous n’allons pas revenir sur les analyses et événements qui ont accompagné cette période écoulée avec son lot d’anathèmes contre ceux qui oseraient critiquer l’entité israélienne.

Le but de la présente intervention est d’analyser la situation actuelle qui semble être en faveur d’Israël, mais qui, examinée en profondeur, revêt une toute autre réalité.

Cet examen ne peut se faire sans aller en effet au-delà des apparences, notamment en ce qui concerne les alliances, et la normalisation avec certains pays de la région, mises en parallèle avec les capacités du « camp palestinien ».

La question de Jérusalem apparaissait jusqu’à maintenant pour certains comme une affaire de statut (international, division en deux parties, ou capitale d’un ou de deux Etats), mais en réalité, cette ville symbole n’est en définitive qu’une partie d’un conflit plus global qui s’est radicalisé alors que beaucoup croyaient pouvoir l’enterrer suite aux accords d’Oslo.

Dernièrement, la reconnaissance par D. TRUMP de cette ville comme étant la capitale d’Israël, et son activisme pour la normalisation des relations entre Israël et certains pays de la région, notamment à travers les accords d’Abraham (Israël – EAU et Israël – Bahrein) s’avèrent comme des péripéties politico-médiatiques qui n’ont pas eu les effets escomptés.

Ces actes symboliques interviennent dans une période de grands bouleversements à travers le monde notamment avec le printemps arabe qui devait in fine aboutir à la disparition de la Syrie, et en tout cas de son rôle de résistance contre l’entité israélienne ne serait-ce que pour récupérer le Golan occupé.

La naissance de mouvements de résistance tels que le Hezbollah au Liban, le Jihad Islamique, et le Hamas en Territoire palestinien, lesquels sont devenus des maîtres en guerres asymétriques, posent des questions existentielles à la société et aux gouvernements israéliens.

Dans ces évènements du Moyen-Orient, un acteur particulièrement actif sinon habile a pris de l’importance et pèse maintenant sur l’échiquier dans la région, en l’occurrence l’IRAN qui est devenu le premier défi à Israël et aux Etat Unis dans cette zone. Sa politique sinon sa stratégie concernant Jérusalem AL QODS est devenue sa marque de fabrique au point de créer un régiment au sein des gardiens de la révolution qui porte le même nom que cette ville sacrée, et dont le charismatique chef le Général Souleymlani a été assassiné par les américains en janvier 2019.

Enfin, l’émergence d’un multilatéralisme dans les rapports de forces à travers le monde sur les plans politique, économique, voire militaire change la donne et semble modifier la stratégie des Etats Unis dans la région, puisque cette grande puissance a compris qu’elle ne peut pas être par tout et se battre sur tous les fronts.

Ces paramètres nous font dire que la question de Jérusalem n’est pas une question de statut, mais une question d’existence pour un État, et probablement l’étincelle qui pourrait déclencher un conflit plus global et plus ravageur…

Introduction à la dimension géopolitique du pèlerinage russe à Jérusalem

Professeur Ilya PLATOV

Directeur du département Russe à l’INALCO

La renaissance du pèlerinage en Terre Sainte depuis la Russie au cours des dernières décennies s’accompagne de la volonté politique de retrouver l’héritage de l’Empire russe et de sa politique, et notamment celle du 19ème siècle.

En janvier 2011, lors d’une visite en Jordanie, le président russe Dmitri Medvedev s’est lavé dans le Jourdain au jour de la fête du Baptême, et a visité un hospice pour pèlerins russes nouvellement construit. En accomplissant ce geste, il a ainsi réaffirmé à la fois son identité de chrétien orthodoxe, l’importance géopolitique de la présence russe en Terre Sainte, et le soutien au pèlerinage russe, renouant ainsi avec l’héritage traditionnel de l’Empire russe. Il a également marché sur les traces de milliers pèlerins russes, car l’acte de « Baigner dans le Jourdain » (V Erdane reke iskupatisja) existe dans les bylines et le folklore russe depuis des siècles, et constitue une pratique dévotionnelle et populaire communément accomplie par les pèlerins.

La Palestine et Jérusalem sont ainsi devenus un « lieu de mémoire » russe. En effet, au 19ème siècle l’Eglise orthodoxe russe, avec le soutien de l’Etat, affirme progressivement sa présence en Terre Sainte vis-à-vis des Grecs, à travers l’encadrement du pèlerinage, l’achat des terrains et la construction d’hospices, d’églises et d’écoles, pour créer un lieu de mémoire russe qui se superpose aux Lieux Saints tels qu’ils ont été élaborés avant eux par d’autres chrétiens, principalement les orthodoxes grecs et les catholiques.

Déjà à cette époque, les visées géopolitiques se greffent sur une dynamique proprement religieuse : il existe dans la religion populaire russe une topographie symbolique dans laquelle Sainte Russie, Jérusalem et la Terre Sainte forment un seul bloc. La dynamique entre les attentes des pèlerins, leurs références scripturaires ou imprégnée de la culture orale, de ses légendes et pas toujours orthodoxes se confronte à un ensemble qui s’élabore progressivement par les représentants diplomatiques russes, les chefs de la Mission orthodoxe russe, ainsi que de la Société Impériale de Palestine.

Aujourd’hui l’Etat russe revendique à nouveau le rôle d’arbitre dans la région, une posture favorisée par le fait que les Lieux Saints sont partagés entre Israël et la Palestine.

Regard du Bouddhisme envers Jérusalem

Professeur Michel THAO CHAN, PhD, DBA

Secrétaire Général de Sino-Européen Développement, Formation et Culture (SED-FC)

Jérusalem, l’unique ville Sainte sur cette terre qui englobe les 3 religions monothéistes avec les sites spirituels, est dans la paume de la main de Dieu ; Convoitée, divisée, tiraillée Jérusalem est au cœur d’enjeux patrimoniaux complexes qui rejoignent des enjeux politiques d’une grande intensité.

Et pourtant les prières n’ont jamais cessé depuis la nuit des temps soulevant les cieux et la terre résonnant l’Espoir, l’Espérance, le Sacré de la Vie, la Paix à Jérusalem, la Paix dans le Monde.

Où est donc la Volonté de Dieu ? Quel est donc la Volonté de l’Humanité ?

Le regard du Bouddhisme envers Jérusalem est le regard de l’intérieur du lotus sans épines émanant des réflexions des textes sacrés des trois religions, pour comprendre :
– les enjeux politique, économique et spirituel
– l’origine et la cause de ces enjeux
– la cessation de ces enjeux : le jardin d’Éden sur cette terre
– les chemins et la volonté des Êtres

Jérusalem, les engagements internationaux

Colonel de Gendarmerie (hon.) Jean-André GALEYRAND

Vice-président du Cercle de Réflexion des Nations (CRN)

De l’Israël à l’État d’Israël, du rêve de Sion colline de Jérusalem au sionisme.

Des alyoth au Keren Kayemeth Leisraël et aux premiers achats de terre en Palestine.

De la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917 au Malcolm MacDonald White Paper du 17 mai 1939.

De la proclamation de l’État d’Israël à la résolution 181 de l’ONU du 29 novembre 1947.

Les engagements contenus dans ces trois documents ne furent pas honorés : la raison d’État, les intérêts en cause et le réalisme politique peuvent-ils l’expliquer ?

Cette situation pire que mille refus à laquelle s’ajoute une politique d’extension territoriale continue de l’État hébreu est à l’origine de la souffrance de deux peuples.

La rupture géopolitique introduite par les récents Accords Abraham reléguera-t-elle au second plan le règlement de la question palestinienne ?

La solution politique qui repose sur le respect et l’application du droit international doit également s’accompagner d’une évolution des règles de fonctionnement de l’ONU.

Jérusalem, Les règles internationales et l’impunité des grandes Puissances

Alain CORVEZ

Conseiller en stratégie internationale

À la fin de la deuxième guerre mondiale, les riches et puissantes organisations sionistes firent pression sur le Président américain Harry Truman qui avait besoin de leur appui pour sa prochaine réélection, pour faire modifier les votes des nations à l’ONU nouvellement créée qui s’opposaient majoritairement à la création d’un état pour les Juifs. Après plusieurs votes de refus, la résolution 181 de partition de la Palestine fut finalement votée le 29 novembre 1947, contre l’avis de la majorité des diplomates et militaires américains qui y voyaient une menace pour les intérêts des Etats-Unis au Moyen-Orient.

Dès sa création, le nouvel état d’Israël ne se contenta pas de ce que l’Onu lui avait concédé et s’engagea dans des guerres permanentes pour conquérir de nouveaux territoires au détriment des populations chrétiennes et musulmanes autochtones, pour s’agrandir et s’affirmer désormais comme un Etat juif.

Cet état brutal se permet depuis sa création les pires exactions à caractère raciste s’apparentant à un nouvel apartheid contre les populations palestiniennes, ignorant les centaines de résolutions des Nations Unies qui le condamnent, reproduisant contre elles les méthodes nazies qu’ils avaient subies pendant la guerre. Ceci grâce au soutien indéfectible des Etats-Unis depuis 74 ans qui vont jusqu’à détruire les pays qui s’opposent à leur stratégie, sous de faux prétextes vertueux.

Mais peu à peu la Résistance s’est structurée et organisée, au prix de sacrifices énormes et de nombreux martyrs, et porte désormais des coups mortels à l’entité sioniste qui ne pourra pas continuer sa négation des droits de la population palestinienne, et ses exactions de plus en plus ignobles contre elle.

Le résultat de l’opération russe en Ukraine marquera les nouveaux équilibres du monde, fondés sur le respect des nations et de la justice dans les échanges mondiaux, entraînant ipso facto la reconnaissance de la noble cause du peuple palestinien et l’établissement de sa souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire de la Palestine actuellement occupée par des sionistes-nazis.

En ce jour de la commémoration du Jour International d’Al Qods, tous les musulmans, les chrétiens et les juifs sincères du monde entier s’associent pour encourager les Palestiniens dans leur lutte contre l’occupation dont la victoire est désormais prochaine, s’inscrivant dans la réorganisation du monde opérée par la Russie : la fin de la suprématie des puissances maléfiques, les Etats-Unis devenant une puissance parmi les autres pour établir un monde de coopération et de justice débarrassé de l’extrémisme nazi ou takfiri, extrémismes qui ont finalement les mêmes fondements et les mêmes techniques.

Alors la Palestine souveraine assurera son développement en relation avec le reste du monde, offrant des garanties de sécurité à ses différentes composantes.

Comment la France a abandonné Jérusalem

Philippe Prévost

Essayiste

Héritière d’un riche passé au Proche-Orient, passé, il est vrai, écorné par l’anticléricalisme de la IIIe république, en 1914, la France avait encore une position très forte dans toute cette région, spécialement en Palestine.

L’entrée en guerre de l’empire ottoman aux cotés des empires centraux remit tout en question. Français et Anglais se mirent d’accord pour se partager la grande Syrie et pour « internationaliser » la Palestine.

Bien que les accords Sykes-Picot fussent secrets, les sionistes anglais en eurent bientôt connaissance. Profondément hostiles à la présence française, ils réussirent à obtenir du gouvernement anglais une déclaration d’apparence anodine qui allait ébranler tout le Proche-Orient, la « déclaration Balfour » ;

Encore fallait-il pour donner à celle-ci son plein effet amener la France à renoncer à ses droits. Ce fut chose faite avec Clémenceau.

En 1922, la SDN confiait à l’Angleterre le mandat sur la Palestine avec mission pour celle-ci de la judaïser.

C’était l’amorce de la politique du grand remplacement menée depuis un siècle en Terre sainte par les sionistes, spécialement à Jérusalem.

Conclusion

S.E.M. Salman El Herfi

Ancien ambassadeur de Palestine en France

Monsieur le président de l’Académie de Géopolitique de Paris,
Messieurs les intervenants,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très fier encore une fois d’être parmi vous notamment en compagnie de mes amis, des intervenants et tous ceux qui ont assisté à ce colloque, ce soir. Je vous remercie beaucoup pour votre solidarité avec la Palestine et avec le peuple Palestinien. Et je peux vous assurer que le peuple palestinien est fier aujourd’hui de votre solidarité dont nous avons actuellement besoin plus que jamais.

Car il y a un parti pris clair de certaines puissances occidentales d’avoir une attitude à deux poids deux mesures à l’égard de la cause palestinienne en voulant administrer le problème et non pas le résoudre.

Je tiens ici à reconfirmer l’unité du peuple palestinien, lorsque certaines forces coloniales ou régionales cherchent à le diviser. Il est uni autour de son leadership l’OLP, son seul représentant légitime reconnu internationalement.

Israël ainsi que certaines puissances internationales et régionales ont agi pour diviser le peuple palestinien pour en propager une image d’un peuple désagrégé et pour mettre en cause l’unité géographique et démographique du territoire palestinien occupé depuis le 4 juin 1967, soit la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem Est.

La multitude des partis politiques représente la diversité palestinienne. Nous respectons le pluralisme politique au sein du peuple palestinien, que ce soit au sein de l’OLP, seul représentant légitime du peuple palestinien, ou en dehors de celle-ci.

Notre objectif consiste en la libération de nos territoires occupés et en la création d’un État palestinien.

L’option de deux États n’a jamais été une option palestinienne, ni un choix palestinien, mais un consensus international que le peuple palestinien a été contraint d’accepter lors du Conseil National Palestinien, représentant toutes les forces politiques palestiniennes, réuni à Alger en 1988.

Nous avions alors accepté ce consensus international pour nous aligner à la demande de la communauté internationale et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, de celles de son Assemblée Générale et de ses agences spécialisées.

Le peuple palestinien a énormément souffert depuis 1948 subissant plusieurs tentatives de la part d’Israël et de ses alliés internationaux et régionaux de liquidation du peuple palestinien, de son identité ainsi que de sa cause. Ceci l’a mené à prendre son destin en main pour se protéger en créant l’OLP. Autrement, nous aurions été voués à l’oubli.

Nous avons ainsi repris la résistance contre l’occupation et ce sous toutes les formes autorisées par la charte des Nations Unis pour les peuples sous occupation tels la Palestine, afin de libérer notre peuple et notre terre de l’occupation israélienne. La résistance du peuple palestinien n’est pas du ressort de l’islam politique ni de ses instruments actuels et n’en est pas sa création. Ce dernier s’est toujours opposé, jusqu’à la première Intifada, à la lutte armée pour la libération de la Palestine. Cet islam politique, comme vous le savez tous, est une création britannique pour faire face à la montée anticolonialiste dans notre région.

Chers amis, vous n’êtes pas sans ignorer que notre problème n’est pas un problème religieux. C’est une lutte nationale anticoloniale contre l’occupation israélienne de notre pays, la Palestine. Nous n’avons donc jamais été contre les Juifs en tant que communauté religieuse, mais contre l’occupation Israélienne de notre pays.

Israël a été créé pour défendre les intérêts des puissances occidentales coloniales. A l’époque, il s’agissait de ceux de l’Angleterre ; aujourd’hui ce sont ceux des Etats-Unis.

Les Anglosaxons ont créé Israël malgré le refus européen. A cette époque, soit après la première guerre mondiale, l’Europe était affaiblie et donc contrainte de suivre la volonté anglosaxonne en ce sens.

Comme le disaient mes amis les colonel Jean-André GALEYRAND (Vice-Président du Cercle de Réflexion des Nations), et Alain CORVEZ (Conseiller en stratégie internationale), la France était obligée de renoncer à son rôle en Palestine, contrairement aux pourparlers franco-anglais qui avaient eu lieu après la Déclaration de Balfour en 1917. Je rajouterais à cela que la France n’a pas seulement renoncé à son rôle en Palestine mais a renoncé également au statut quo qui lui donne son rôle de protecteur des lieux saints chrétiens dans le Moyen-Orient.

Je tiens à vous rappeler ici les événements qui avaient eu lieu avec feu Monsieur le Président français Jacques Chirac ou encore avec l’actuel président Monsieur Emmanuel Macron lorsqu’ils visitaient Jérusalem occupée…

Je vous confirme ici que notre résistance continue. Une résistance populaire et pacifiste. Ceci est le défi que nous nous sommes donné.

Durant toute l’année, le peuple palestinien subit les crimes de guerre des forces israéliennes d’occupation. Il y répond par des manifestations populaires pacifiques. Nombre de civils palestiniens participant à ces manifestations ont été assassinés par les soldats israéliens et les colons et ont vu leurs maisons être démolies par les bulldozers israéliens faisant de Jérusalem une base arrière de l’armée israélienne.

L’année dernière, au mois de mai, en cette même période ramadanesque, les Israéliens ont célébré l’annexion de Jérusalem à Israël et à la judaïsation de la ville, fruit de la volonté imposée de Trump et Netanyahu.

Le peuple palestinien a dû faire face, seul, aux massacres de civils, en manifestant pacifiquement. Puis face à l’embarras causé par cette résistance populaire pacifiste, Netanyahu a alors fait appel aux extrémistes de toutes parts
afin de militariser la situation et absorber ainsi ces manifestations pacifiques. Cette manœuvre visait également à empêcher tout gouvernement israélien de se former l’année dernière et de laisser miroiter à ceux qui gouvernent Gaza qu’ils pouvaient étendre leur influence à la Cisjordanie. Les intérêts de ces deux clans extrémistes ont fait alors cause commune.

Mais le peuple palestinien garde le cap sur une seule et même direction : celle de la libération de sa terre. Le peuple palestinien est bien organisé. Les 300 000 personnes qui ont manifesté avant hier à Jérusalem ne sont pas des individus seuls, isolés, ou sans soutien.

S’il est possible que des informations erronées puissent circuler dans les médias et autres, il ne faut cependant pas douter de la capacité du peuple palestinien à lutter et de son expérience politique. Sa lutte n’a pas commencé en 2022. Cela fait plus de 120 ans que ce peuple fait face au sionisme et ce dès l’établissement des premières sur notre terre.

Notre politique est claire :

1/ Etablir un Etat palestinien sur les territoires occupés depuis le 4 juin 1967 en Cisjordanie, à Jérusalem Est et à la bande de Gaza, avec Jérusalem Est comme capital de notre Etat.

2/Respecter tous nos engagements qu’ils soient bilatéraux, régionaux ou internationaux.

3/ Réaffirmer notre position pour une solution juste et durable du problème des réfugiés palestiniens comme le stipule la résolution 194 des Nations Unis.

Or Israël rejette toutes les résolutions des Nations Unies ainsi que tous les accords qui ont été signés et impose sa politique de fait accompli basé sur la force d’occupation et de violations de toutes ces résolutions. Israël a refusé l’option d’un seul état et refuse celle de deux Etats et veut imposer la politique d’Apartheid sur le peuple palestinien. Nous refusons cette politique comme l’a refusé la communauté internationale.

Malgré toute la propagande israélienne portant sur la normalisation des relations avec les pays arabes ; malgré l’annexation de Jérusalem et la reconnaissance américaine comme capitale de l’Etat d’Israël, ce dernier est incapable de donner des garanties de paix ne serait-ce que pour son propre peuple. Le soldat israélien marche dans les rues de la Palestine occupée tout en étant effrayé. Contrairement aux jeunes palestiniens qui marchent sans peur car fiers de leur appartenance à cette terre.

Nous défendons nos églises, nous défendons nos mosquées et nous défendons notre terre. Et nous avons accepté la légalité internationale et ce pour éloigner tout prétexte de nous attaquer.

C’est pour toutes ces raisons que nous avons besoin de votre soutien. Nous avons besoin que des voix comme les vôtres se fassent entendre. On ne peut défendre les démocraties ou les libertés sans trouver le courage de faire avancer les décisions et les résolutions qui concernent la Palestine. Dès qu’il s’agit de la Palestine toutes les décisions, toutes les résolutions sont mises à l’arrêt.

Nous vous sommes très reconnaissants, à vous tous ici présents et à tous ceux qui apportent leur soutien à la cause palestinienne. Forts de notre juste cause, soyons sûrs que nous cheminons vers une victoire prochaine.

J’ai eu l’honneur de représenter la Palestine en France durant les six dernières années en tant qu’Ambassadeur. J’ai également eu le plaisir de nouer de belles amitiés durant ce mandat et notamment avec mon ami le Président de l’Académie de Géopolitique de Paris. A présent, je suis à la retraite mais pas en retrait de la lutte ! Et je consacre mon énergie à créer le dialogue et le lien avec la société civile israélienne.

Je vous renouvelle mes remerciements. Ce fut un réel honneur d’avoir assisté à ce colloque.

 

Questions du public

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