QUEL AVENIR POUR L’AFGHANISTAN ?

Compte-rendu du colloque du Mardi 22 avril 2025,

Co-organisé par l’Académie de Géopolitique de Paris (AGP) et Géopragma.

Le « tombeau des empires » afghan se trouve à une croisée cruciale des chemins géopolitiques. En collaboration avec Géopragma, l’Académie de Géopolitique de Paris a organisé le colloque « Quel avenir pour l’Afghanistan ? » mardi 22 avril 2025, dédié à analyser en profondeur les perspectives et les défis qui détermineront l’avenir de ce pays, internes (régime des Talibans, situation humanitaire, condition des femmes, instabilité…) comme externes (rivalités géostratégiques entre les puissances internationales et régionales, responsabilité des États-Unis, etc.).

Nous avons eu la chance d’accueillir parmi nous à cette occasion M. Amrullah Saleh, qui a apporté une perspective unique éclairée par sa significative expérience en tant qu’ex-chef du renseignement (2004-2010), ministre de l’Intérieur (2019) et vice-président de la République islamique d’Afghanistan (2020-août 2021) ainsi que président par intérim.

COMPTE-RENDU

Dr. Ali RASTBEEN, Président de l’Académie de Géopolitique de Paris (AGP),

« L’Afghanistan à l’épreuve du temps ».

Mesdames et Messieurs, Depuis août 2021, l’Afghanistan a basculé dans une nouvelle réalité. Le retour des Talibans au pouvoir n’a pas seulement changé de régime. Il a redéfini le quotidien de millions de personnes et plongé le pays dans une crise multidimensionnelle.

D’abord sur le plan politique.Les Talibans ont mis en place un régime autoritaire, sans élections, sans contre-pouvoirs, sans libertés fondamentales. Les femmes, les minorités ethniques ou religieuses, les opposants politiques sont exclus de la vie publique. Cette absence de légitimité démocratique rend très difficile toute stabilité durable.

Ensuite sur le plan diplomatique. La majorité des pays ne reconnaissent pas ce nouveau régime. Résultat : peu d’aides, peu d’investissements, peu d’échanges. Le pays se referme sur lui-même, et devient de plus en plus dépendant de quelques voisins comme le Pakistan, l’Iran ou la Chine, ce qui augmente les risques d’ingérence.

L’économie, elle aussi, s’est effondrée. Avant, l’aide internationale représentait près des trois quarts du budget de l’État. Aujourd’hui, l’Afghanistan fait face à une pauvreté généralisée, une insécurité alimentaire massive, des services publics quasiment à l’arrêt. Et pourtant, le pays possède des richesses minières énormes, et un potentiel agricole important. Mais sans sécurité, sans cadre juridique stable, rien ne peut être valorisé.

Le tissu social est lui aussi mis à rude épreuve.Les tensions ethniques restent fortes. Beaucoup de familles ont fui, à l’intérieur du pays ou à l’étranger. Le système éducatif est à l’arrêt, et la jeunesse — pourtant majoritaire dans la population — est privée d’espoir. Et il faut le dire clairement : la situation des femmes est dramatique. Plus d’école au-delà du primaire, plus d’emplois, plus de libertés. C’est une exclusion systémique, qui freine non seulement les droits humains, mais aussi tout développement.

Sur le plan sécuritaire, les Talibans contrôlent le territoire, mais pas tous les groupes armés. Le groupe État islamique au Khorasan, par exemple, reste actif. Les frontières sont poreuses, les trafics d’armes nombreux, et il n’y a pas d’armée nationale professionnelle. Cela crée une instabilité régionale constante.

Et pourtant, l’Afghanistan reste une pièce centrale dans le jeu régional. Sa position géographique, entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud, le place au cœur de projets d’envergure comme le gazoduc TAPI ou la Belt and Road Initiative chinoise. Mais pour que ces projets voient le jour, il faut d’abord des garanties de sécurité et de gouvernance.

Alors, quel avenir pour l’Afghanistan ?

Le pays fait face à des défis énormes. Mais il ne manque ni de ressources, ni de talents. Ce qu’il lui faut, c’est un État inclusif, où les femmes, les jeunes, les minorités aient toute leur place. C’est la seule voie vers une stabilité durable.

La communauté internationale, elle, doit jouer un rôle responsable. Cela veut dire : soutenir sans imposer, accompagner sans instrumentaliser. C’est en respectant la souveraineté du peuple afghan que l’on pourra construire, à long terme, un avenir plus juste et plus stable pour le pays, et pour toute la région. Je vous remercie

Mme. Caroline GALACTÉROS, Président de Géopragma, auditrice de l’IHEDN et géopolitologue spécialiste des Balkans, directrice du cabinet de conseil PLANETING,

« Introduction ».

Merci Monsieur le Président.

So, I will make a very short introduction in English. I am Caroline Galactéros, of course I’m co-chairing this meeting, and I am not a specialist in Afghan affairs and I’m sure around the table we have a lot of real experts who can go deeply in the issues we want to discuss. What I wanted to do is to welcome particularly Mr. Amrullah Saleh, who is our special guest today. And I think it’s very important, and we are very, very happy to welcome him. Probably all of you know this personality, former intelligence services chief, and then former interior minister, and then even VP, vice president of Afghanistan during a short but important period. So, I will just let everybody give their various speeches, and then we will have this discussion.

Thank you very much for being here with us. Even if it’s far away, we can see you, and we are very keen to listen to what you have to say. Because, of course, the Afghan file is very important. And personally, I would be very interested in getting your opinion about the foreign influences of different countries. Of course, I can think about the United States, but also Russia, or Pakistan and Iran, amongst others of course.

Mme. Patricia LALONDE, Ex-Députée européenne, Vice-Présidente de Géopragma

Hello, Mr. President., dear Amrullah, it’s a long time since we met. We were very close of Ahmed Chah Massoud, Afghanistan is always in our heart, especially women as we fought for women’s rights since a long time.

Since the brutal and chaotic U.S. departure in August 2021, the Taliban are now running the country and people, especially women, are suffering a lot. The world is facing a major geopolitical shift and the allies from one day will not be the same as the day later. U.S. help to the Taliban during the Russian invasion has unfortunately left undeniable repercussion on the future of Afghan politics.

Have the Taliban cut with terrorist groups like Al-Qaeda and ISIS? Which role neighboring countries could play? I mean Iran, Pakistan, Russia, and of course, central Asian countries like Uzbekistan, Kazakhstan, Turkmenistan etc. Some countries are already continuing to work with the Taliban. I mean China, Russia, Iran, of course, the U.S. is continuing to finance them. China is on the ground for mining. We recently heard that the Russian and Tajik forces have bombed mountains in Tajikistan to find the terrorist home. So, the Russian have now removed the Taliban from the terrorist organization. You are now part of the resistance against the Taliban in Afghanistan.

Could you tell what is, in your view, the future of Afghanistan? Do you think possible to have any contact or even some negotiation with the Taliban?

S.E.M. Eugène BERG, Essayiste, Ex-Ambassadeur de France en Namibie (1998-2002), au Botswana (1998-2001) et aux Fidji (2004-2006), spécialiste de la Russie, de l’Ukraine, du Pacifique, Ex-Consul de France à Leipzig (1994-1998),

« Un témoignage inédit : ce que m’a dit Mikhaïl Gorbatchev sur l’Afghanistan ».

Président, Merci de me donner la parole. C’est un jour important pour moi, pour vous et pour tout le monde d’avoir à vous livrer un témoignage qui m’est cher.

D’abord, j’ai un lien avec l’Afghanistan. Je n’ai pas eu le courage ou le temps d’aller dans votre beau pays. Si Allah ou Dieu me prête la vie, j’irai certainement. Je m’intéresse à l’Afghanistan depuis 1964, où en tant qu’étudiant, on avait préparé un voyage. Je suis allé à votre ambassade, 32, avenue Raphaël, et on m’a donné des papiers et j’ai encore les rues de Kaboul avec des belles jeunes filles en robe, belles, avec des choses comme ça, un monde bien avant.

Ensuite, quand je suis entré au Quai d’Orsay, à l’époque, on distribuait Le Monde encore aux débutants, j’arrive de mon déjeuner et qu’est-ce que je vois ? Le Monde posé sur ma table –voyez, j’ai une très bonne photographie –, 17 juillet 73, ça parlerait à tout le monde : « Daoud, le cousin du roi, coup d’État ». Donc déjà, je me dis, il y a quelque chose qui se passe. Et croyez-moi, il n’y a pas beaucoup de gens qui plaçaient l’Afghanistan.

Ensuite, je suis allé en Iran. J’ai vu dans le fameux jardin à Ispahan, à Faz et Shiraz. Vous connaissez mieux que moi, c’est là que j’ai commencé à faire du yoga, j’étais pris par l’Orient et il y avait de l’Afghanistan.

Bon, après, j’écourte 1979, tout le monde connaissant.

Et puis, je suis nommé consul général à Leipzig, capitale du livre en Europe, avec les fameux guides Baedeker, qui sont merveilleux, j’en ai certains, sur la région. Et M. Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev est invité par les Allemands parce qu’il est célébré comme celui qui a permis la réunification de l’Allemagne.

En tant que consul de France, je fais partie évidemment de la réception. Je suis présenté, je me souviens comme si c’était hier, à un homme. Raïssa, son épouse, était assise, était déjà malade, elle est morte – et vous savez que c’était un couple fusionnel. Il n’a pratiquement rien fait sans elle et il l’a longtemps consulté, ce qui est très rare pour un homme politique – et donc, je suis présenté à lui et je lui ai dit: Voilà, je suis consul de France et je suis d’origine russe. Il m’a pris le bras et il m’a serré. Il m’a regardé et il m’a dit: « Malheureusement, vous ne faites pas partie du déjeuner officiel. C’est réservé au ministre président allemand qui s’appelait Vogel, tout ça. Mais vous m’intéressez, et venez à mon hôtel quand le dîner sera terminé, nous allons discuter ». C’est une révélation que je fais. J’en parlerai dans un prochain livre, certainement. Et je suis arrivé à minuit et demie et je suis resté avec Gorbatchev jusqu’à 6h00 du matin.

Donc, on a parlé de beaucoup de choses. J’ai pris des notes que je suis en train de mettre en forme. Et là, parlons de l’Afghanistan, j’ai repris les notes qu’il m’avait dites sur l’Afghanistan. Donc là-aussi, je crois révéler quelque chose. J’ai eu une discussion avec lui sur beaucoup de sujets : sur la détente, sur l’est-ouest, sur vraiment le cœur de la politique internationale. Mais puisqu’on est là pour parler d’Afghanistan, permettez-moi de livrer des choses. Je ne sais pas si ce sont des secrets d’État, puisqu’il y a très peu de secrets finalement. Mais au moins, mon exposé n’est pas purement historique. Il va montrer le lien avec l’actualité. Parce que si je décrypte bien Gorbatchev qui est mort en août 2022 – je ne l’ai jamais rencontré depuis bien évidemment alors que je suis allé pas mal de fois en Russie – je crois comprendre que les erreurs qu’il a voulu qu’on évite lorsqu’il était ministre général ont été commises avant 2021. Et ça serait intéressant d’avoir votre point de vue.

Donc, qu’est-ce qu’il m’a dit ? D’abord, vous savez qu’il était responsable de l’agriculture en décembre 1978. Bon, le coup d’État du 28 avril 1978, vous le connaissez tous, mieux que moi, et je ne vais pas refaire l’histoire : saisie des terres, socialisation. Et lui, évidemment, il était contre. Il savait très bien que l’agriculture socialiste ça ne marchait pas, surtout de la manière dont elle s’est faite, brutale, sans ménagement, et vous savez comme moi et mieux que moi que les problèmes ont commencé à partir de, disons, septembre 1978-1979. Mais évidemment, il n’a pas eu son mot à dire. Il avait vraiment beaucoup à faire. Il était le junior, il était le secrétaire du comité central, entré au bureau politique, il était le protégé d’Andropov et donc il ne pouvait pas vraiment dire « on fait une imbécilité en Afghanistan ». Il avait trop à faire, il ne pesait pas encore, et j’ai senti en lui une espèce de dépit : « Voilà, je n’ai pas pu le faire, c’est dommage, on aurait pu faire quelque chose ». Vous savez, tellement d’hommes d’État regrettent ce qu’ils ont fait… Les livres ou les cimetières en sont pleins.

Deuxième chose, il m’a avoué – ce n’est pas un secret – qu’on ne l’a même pas prévenu de l’intervention soviétique en Afghanistan. Bon, vous le savez très bien, le bureau politique a discuté pendant une année, il ne voulait surtout pas y aller. On sait très bien que c’est Youri Andropov, le patron du KGB, l’ancien répresseur de 1956, Dmitri Oustinov et puis Mikhaïl Souslov – l’idéologue, le type à lunettes qui savait le marxisme – et donc, je le vois, tout de suite, on est assis-là, et je lui demande : « Qu’est-ce que vous auriez fait, vous ? ». Il a souri, et il m’a dit : « Devinez » mais, prudent, il ne m’a pas dit qu’il aurait voté contre. Il aurait peut-être perdu sa carrière. Vous voyez, tout cela ce sont des subtilités. J’ai compris qu’il était contre, mais il n’avait pas eu le courage à l’époque, en 1979, parce que c’était tellement serré, vous savez. Ça s’est joué… Andreï Gromyko pouvait dire qu’il était contre, parce que c’était un espèce de géant. Et d’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’il a succédé à la présidence. Mais j’ai senti qu’il y avait déjà une réticence chez lui.

Alors ensuite, le moment même où il a pris conscience qu’il devait sortir du guêpier, disons, c’est à peu près avec Tchernobyl, en avril 1986. Manifestement, il a fallu qu’il consolide son pouvoir, ça a mis un an, et il a très bien vu qu’il fallait arrêter ce bain de sang parce que, d’une part, la population commençait à perdre la confiance dans l’élite politique, c’est le fameux « cercueil », le rôles des femmes. Et là, voyez le parallèle avec l’Ukraine maintenant. On n’a pas la même situation. L’Ukraine, on ne va pas en parler, on a la fait, mais l’Afghanistan, c’était loin. Mais il m’a dit à plusieurs reprises que « si nous combattions en Afghanistan, c’est pour empêcher les islamistes de venir un jour chez nous par le Caucase, et tout. Nous ne défendons pas uniquement le socialisme, ce qu’on a fait à Prague en 1968. On sait très bien, on a des musulmans. Bon, à l’époque il y en avait moins de 20 millions. Il faut qu’on combatte là. C’est à la fois le statut de grande puissance, c’est notre statut dans une zone qui est le Caucase-Asie centrale, où on est depuis le Pamir de 1897, et on est là. Si on n’arrête pas… ».

Alors évidemment, à l’époque, tous les anxieux, disaient : « ils veulent accéder au golfe ». Tu parles, ça c’était la propagande. Ce n’était pas le golfe, c’était le fait de faire une digue là-dessus. Et ça, il a insisté dessus.

Ensuite, c’est intéressant parce qu’il m’a confirmé qu’après l’Afghanistan, l’Union soviétique ne pouvait plus intervenir ailleurs. Et souvenez-vous, le coup d’État du 12 au 13 décembre 1981, contre Solidarnosc. Les durs voulaient intervenir en Pologne. Et moi, je me souviens, j’étais, ok, on comptait même le nombre de morts, combien il fallait exfiltrer, etc. Et puis Rocard, il a dit, « on va envoyer la flotte française dans la Baltique ». Tu parles, fais-le ! Facile à dire. Donc, vous voyez, il savait très bien que le statut de la Russie était engagé là-dedans, la protection, et qu’il fallait partir.

Après on en est venu, effectivement, c’est connu, au processus de négociation. Et c’est là que je fais un parallèle – ayant vu mes notes a posteriori – avec la situation en 2021 et même avec l’Ukraine maintenant. Qu’est-ce que voulaient les États-Unis ? Alors évidemment, comme leur ennemi idéologique se retirait, c’était une victoire fantastique pour les États-Unis. Et donc, ils ont joué au maximum. Et pour les gens qui connaissent la théorie des jeux (« il faut faire le minimum des maximums »), quand vous vendez le maximum, l’adversaire veut le maximum et vous ne vous retrouvez avec rien. Il vaut mieux demander la deuxième chose. Et les Américains demandent toujours le maximum, on en retirera, et le maximum, ils l’ont là. C’est ce qui s’est passé le 15 août et ce qui s’est passé après. On verra, et là, bon, je ne fais aucun parallèle avec la situation actuelle, mais c’est intéressant sur le plan de la réflexion géopolitique et même géo-mathématique.

Donc la position des États-Unis, c’était le retrait mutuel de toutes les forces extérieures, c’est-à-dire à la fois l’Union soviétique et puis les forces étrangères. Et puis après, ils ont évolué. Comme ils voyaient qu’ils étaient en train de gagner, ils ont exigé plus. Et surtout – c’est là que je fais un parallèle, corrigez-moi – avec l’avant 15 août : ils ont refusé les élections libres en 1990 pour Najibullah, l’homme…, le taureau-là, le médecin qui était au pouvoir jusqu’en 1992. Justement, ils voulaient le maintenir. Alors évidemment, il était le nommé de l’Union soviétique, mais il voulait discuter avec les talibans modérés. Et là, on aurait fait une coalition et on aurait empêché l’écroulement total et la prise du pouvoir par les extrémistes. Je ne sais pas si vous me suivez là-dessus, mais ce serait intéressant de le voir.

Et manifestement, cette erreur, nous la faisons tous. Regardez, les Français ne voulaient pas discuter avec les, les djihadistes du Sahel, alors que les pouvoirs maliens, à chaque fois, ont fait ça. De même qu’avec le FLN, on ne voulait pas discuter. Eh bien, on a eu des durs et ainsi de suite. Je ne veux pas refaire toute l’Histoire. Je crois que ces leçons d’Histoire sont évidemment faciles à dire après, mais tout de même cela s’est répété dans les années 1990 et ensuite maintenant. Donc manifestement, les Soviétiques ont fini par accepter que l’administration Reagan continuerait à armer les factions les plus radicales des Moudjahidines par l’intermédiaire du Pakistan, qui a joué un double-jeu fantastique, qui n’a cessé de doubler le jeu en violation des accords de Genève. Et c’est là que c’est intéressant, c’est là où Poutine critique Gorbatchev : « tu n’aurais pas dû laisser ça ». Alors, évidemment c’est moi qui interprète après, Gorbatchev il a dit : « Voilà, je ne pouvais rien faire, j’avais le feu à la maison, j’avais l’Afghanistan, il fallait que je me retire, pour sauver à la fois mes meubles, parce que je savais que si je m’enlisais de plus en plus en Afghanistan, je ne pouvais pas mener la Perestroïka à bien, je ne pouvais pas réformer l’Union soviétique et ainsi de suite. Le temps m’était compté ». Mais alors c’est intéressant que la posthistoire vous montre les erreurs. Et c’est facile évidemment, pour nous de critiquer, mais le pauvre Gorbatchev, lui, il a cédé et évidemment ça lui est reproché par l’élite politique actuelle et justement ça explique une grande partie de la position certainement de Poutine vis-à-vis de l’Ukraine et d’autres problèmes. Ils ont tiré les leçons de l’Histoire.

Donc les Soviétiques partageaient l’objectif, m’a-t-il dit, d’un Afghanistan indépendant, mais il se méfiait particulièrement du pouvoir des fondamentalistes radicaux, ça il me l’a répété souvent. Et il m’a dit qu’il aurait voulu en quelque sorte qu’on s’allie à lui pour lutter contre les extrémistes radicaux, en disant « ce n’est pas tellement l’Union soviétique que je garde, mais c’est ça, c’est notre combat ». Et là, manifestement, déception, les faucons américains l’ont envoyé dans ses trucs en disant « c’est du baratin, tu veux préserver », vas-y et ainsi de suite. Et là, j’ai senti en lui une tristesse très grande. Alors évidemment, il m’a dit ça c’était puisque les talibans sont rentrés le 27 septembre 1996. Moi je l’ai rencontré quelques semaines après, début 1997, c’était facile pour lui. Mais notre conversation, c’est lié parce que justement – et comme je suivais, je vous ai un peu expliqué les affaires afghanes qui m’intéressaient, je lui ai posé la question, parmi d’autres, et manifestement, je l’ai senti, il était très au courant des choses, il suivait.

1996, il ne faut pas oublier que c’était son grand ennemi Eltsine, et donc tout ce que disait Eltsine il était contre, un peu comme dans tout ce que fait Trump par rapport à ses prédécesseurs, il est forcément contre, ce sont des imbéciles et il n’y a qu’eux qui sont intelligents et ainsi de suite… bon, ça c’est bien connu.

Donc manifestement, les accords de Genève, m’a-t-il dit, les parties ont accepté d’être en désaccord, et Becker, assez dur, a toujours insisté qu’ils n’étaient pas intéressés par des élections et il m’a cité – enfin, c’est moi qui l’ai revu après – l’ambassadeur Dobrynine dans ses Mémoires explique : « L’objectif stratégique et l’espoir de voir Gorbatchev était que l’Afghanistan serait neutre et que les États-Unis jouent un rôle utile avec nous dans le futur règlement. Ceci s’est avéré une illusion ». Et là, je crois que c’est un des grands tournants de l’Histoire, qu’on a perdu, et manifestement peut-être que certaines archives s’ouvriront, mais il faut encore 20, 30 ou 40 ans. Moi, je ne fais que livrer évidemment des choses orales. Tout historien regarde l’écrit, mais déjà l’oral m’a amené, m’a ouvert les yeux et m’a amené sur des pistes intéressantes, et c’est là ce que je veux vous livrer.

Alors ensuite, je vais être rapide, je vais montrer en quoi il a vu très vite que l’Afghanistan allait pourrir l’Union soviétique. Les cercueils qui reviendraient, la critique – c’est là qu’il a libéré évidemment Sakharov, tout ça. Il a vu très bien en quoi le « cancer » de l’Afghanistan allait rentrer dans le corps soviétique, et l’a empêché. Donc l’opinion publique s’est ouverte. Alors, ce qui est intéressant – ça, c’est évidemment post-discussion avec Gorbatchev – mais étant donné que j’ai connu, pas un adjoint, mais quelqu’un qui était dans l’entourage du fameux général Boris Gromov – l’homme qui a quitté sur le pont de l’Amitié le 15 février 1989, ensuite il était en Crimée pendant les événements de 2014 – je n’en dirais pas plus, c’est assez confidentiel – mais au moins c’est intéressant parce que lui, il a vécu ce retrait, et quand je l’ai revu après et je suis allé en Russie, juste après août 2021, il m’a dit : « Eugène, tu vois, nous, on est sorti dans la dignité, mais les Américains ça n’a pas été la même chose, ils nous ont tellement critiqué… » mais enfin, je fais juste une avancée au-delà.

Alors les vétérans, ce qui est intéressant, ils ont complètement été délaissés, des perdants, je dirais presque des pauvres types. Et c’est après des années qu’ils sont repris. Et quand Poutine est arrivé, là il y aurait toute une étude à faire – mais ça a été fait déjà – ils ont repris en quelque sorte de l’assurance, et une partie des vétérans d’Afghanistan ont fondé un parti uni – Iedinaïa Rossia (Russie unie) de Poutine – et ils ont joué un rôle.

Et un autre parallèle, regardez maintenant les vétérans de l’Ukraine : ils sont considérés comme une nouvelle élite, comme vraiment une nouvelle classe, ils voyagent en classe affaires et tout, ça crée évidemment des distorsions mais ça montre par raison – enfin comparaison n’est pas raison – combien ils ont été méprisés après l’Afghanistan qui a été une défaite mais, a posteriori, les quelques lumières qu’avait mis Gorbatchev là-dessus, ce sont à mon sens révélées en partie vraies.

Un, nous aurions dû discuter avec les Afghans modérés pour créer un pont ; deux, il a été déçu parce qu’il voulait coopérer, commencer à coopérer avec les Occidentaux. Ça, c’est une idée qui m’est propre, que j’ai mise dans mon Histoire de la guerre froide, vous savez la fameuse formule du général de Gaulle : « L’entente, la détente et la coopération ». L’entente, elle était faite. La détente était faite. Gorbatchev était un social-démocrate. Il me l’a dit. Ça, c’est hors Afghanistan, mais c’est le dernier message que je livre, et je le consignerai certainement. Il a été très déçu qu’on ne l’ait pas coopté. On ne lui a pas fait confiance. Et souvenez-vous, le dernier G7 à Londres en juillet 1991, juste avant le putsch, Bush père était prêt à donner 30 milliards pour sauver Gorbatchev. Et John Major a dit « non, non, il est foutu, on va le donner au successeur ».

Bon, c’est mon interprétation, on a fait une grande erreur. On aurait maintenu une espèce d’Union soviétique comme l’Union européenne avec une monnaie commune, mais là-dessus j’ai écrit un autre article il y a longtemps, il faudrait que je le ressorte – on n’aurait pas eu la guerre actuelle, on aurait eu effectivement une Union soviétique avec une monnaie commune, un élément exactement comme l’Europe, on aurait, au lieu de nous construire du bas vers le haut, on aurait démantelé vers le haut et on aurait eu une communauté soviétique politiquement interdépendante, chacun aurait eu un siège à l’ONU, mais on aurait eu une coordination des prix étrangers, une monnaie commune, comme nous, etc.

Malheureusement, le temps de l’Histoire est passé, c’est trop tard pour y revenir, mais Gorbatchev y croyait. Voyez, c’est là ce qui est intéressant, c’est qu’il a fait le lien entre tout ça. Mais évidemment, il a avoué qu’il a fait des erreurs, il a été dépassé, par la gauche, par la droite, et pensait que le temps, l’Histoire, allait peut-être le reconnaître, et si j’ai une petite contribution à faire, c’est justement pour animer cette flamme.

Malgré toutes les erreurs qu’il a faites – qui n’a pas fait d’erreur ? « Que celui qui n’a jamais pêché tire la première pierre », voilà en quelque sorte le message de Gorbatchev. Il faudrait évidemment que je relise toutes mes notes, mais je crois avoir vu un homme qui restait optimiste, qui était foi, il avait sa femme malade, c’était triste de voir cet homme encore vivant et tout, qui aimait profondément cette femme, qui savait qu’elle allait partir. Je crois que c’est un moment de la sainteté russe, c’est un moment de l’histoire européenne que j’ai eu le bonheur de vivre.

Et pour être sans livresque, pas notre entretien, mais la réunion qui a eu lieu entre Gorbatchev et les Allemands se passait à Iéna. Alors pour les gens qui aiment Iéna, c’est la fameuse victoire de Iéna, de Napoléon contre toutes les forces. Et c’est là que Napoléon a rencontré Goethe pour la première fois. Napoléon avait une quarantaine d’années et Goethe avait 60 ans. Et il y a une page dans les Mémoires de Goethe, et on voit Goethe qui rentre, et Napoléon est assis à la table, Goethe attend, il le demande, et c’est là que Napoléon a dit : « Voilà un homme ». Eh bien moi, je crois que j’ai rencontré un homme en Gorbatchev. C’est tout.

M. Amrullah SALEH, Ex-chef du renseignement (2004-2010), ministre de l’Intérieur (2019) et vice-président (2020-21) de la République islamique d’Afghanistan, Ex-Président par intérim.

Very good afternoon to everyone in Paris. I would like to thank Géopragma for arranging this event. I know these days (…) attention for the issue of Afghanistan. I would like to particularly extend my thanks to the organizers, to Dr. Caroline Galactéros, to Madam Patricia Lalonde, to Mr. Armen Sarkissian, to Gerard, to Colonel Alain, and Reza Jafari. I think these were the names that I was given for the speakers. I want to thank every and each one of you for being there to talk, to speak, to contribute or ask questions. Now, I was not given a topic. I was not given a theme for my presentation, so I was given the freedom to choose and the issue of Afghanistan is massive. I was navigating myself which topic to choose in order to be relevant to the interest of the participants in Paris, to our Western audience, and also to the greater general public of Afghanistan.

I thank you very much for giving the introduction about myself. I don’t want to go into those details. I have been a practitioner, I have been a policy maker, and also, I have been at the almost top of the pyramid of power for a while. I have been at the bottom of the pyramid, in the middle, and as I said, at the top. I do not want to take you back to the start of the turbulence which was 1979-1980, so I would like to focus specifically on the most interesting period which is post-Massoud era, the Western intervention, 9/11 and experience of us working with the Western alliance led by the United States of America.

So, my focus will be on the period post-9/11, post the killing of our leader, great Ahmad Shah Massoud, 2 August 2021, and how I see the situation now and how is our diagnosis and perspective of the future. I will be very short in order to make this evening more interactive. So, I will not go through a written speech which I don’t have anywhere, by the way.

First, the August 15th, 2021 was not only about the collapse of Afghanistan’s republic system only, I want to make it very bold and clear, it also marked the date signifying the collapse of the moral of the Western alliance. On August 15th, 2021, whatever moral standing the United States had in Afghanistan and in the region, it collapsed. It collapsed in front of the eyes of the world. In that day, the West led by the United States, let’s be very clear and simple, the United States of America smashed every commodity named morality and values, and pushed the good majority of the Afghan people into the cage of wolves, zombies and under the bus. Since that day, eight million Afghans have lost their homes. They are either internally displaced because they are chased by the Taliban or they have left the country. They have primarily gone to the neighboring countries, largely Islamic Republic of Iran, Pakistan, Türkiye, Central Asia, Russia, in the Middle East, and a very small number of them have been evacuated to the Western countries. The mainstream American media, since August 2021, has been trying to blame the Afghan people, the Afghan politicians, the Afghan culture, anything associated with Afghanistan, for this colossal failure. This media is like a flood, and at times washes away everything on its way, perhaps sometimes sparing lonely trees which have deep roots, and maybe I am one of them, and they have not been able to silence me.

August 15 is when the United States of America said no to morality, said no to values, said no to human relations, said no to emotions, said no to human sentiments, and preferred to take it as naked, largely anti-human interest. Let us say it as it is : since 2020, no American media has ever mentioned that there was a strategic partnership agreement with Afghanistan. No American media or politician is saying that there was a bilateral security agreement with the legal legitimate state of Afghanistan. No American media or politician is mentioning the number of bodies Afghanistan lost in that cause. What they are repeating is 2,000 to 2,500 American servicemen and women who lost their life while serving in Afghanistan. There are two types of deaths. The Afghan deaths, which are not counted, and the golden souls, which are the Western souls who have died in that cause. They have name, they have face, they have rank, they have family, they have memory. And tens of thousands of my countrymen, who believed in the promise and who trusted the word of the Western powers, specifically the words of the sole superpower of our time, they don’t exist. What we have inherited is tens of thousands of graves and hundreds of thousands of orphans and widows.

So, the lesson number one that I’m going to pass to the future generation of Afghans, and also to those who are still in the scene who have not given up, my number one takeaway from my very direct work with the CIA, with the Pentagon, with the State Department, with USAID, with US diplomatic mission in Afghanistan, with almost every Western intelligence service that rushed to Afghanistan post-911, is this: They come there, they exploit your poverty, they exploit your naivety, they exploit your sincerity, and then they switch off their contact numbers and go. It may not be an applicable lesson for all our foreign relations, but certainly this was the second time United States backstabbed the Afghan people.

They backstabbed us in the 90’s after the fall of the disintegration of the Soviet Union. They abandoned us. They stopped assisting us. They gave us ruins. They gave us distraction. And all of a sudden the alliance we had with them in the 80’s was forgot. They came back in 2001. I can go on with the names of individuals who came and promised. They said, « We will stay. We will assist you. We will not make the mistake of the past. We are ashamed of our past. This time, this is a long haul. We will not allow Afghanistan to become a black hole again. » What happened? They abandoned us again. Not only they abandoned us again, after abandoning the Afghan people, to this very moment that I am talking to you, they are providing tens of millions of dollars to Taliban. I want to repeat, they have provided over $18 billion to the Taliban since 2021. A noble American soul by the name of Lisa Curtis was yesterday quoted. She was a member of the Doha negotiating team. She was a senior staffer in the National Security Council of the United States. She said, quote, « We presented Afghanistan to the Taliban like a birthday cake. » End of quote. And let me make another quote from a person who I know very closely and I have featured in his book. Henry Crumpton, a very senior CIA officer who has written a book called Art of Intelligence. Quote, « We went to Afghanistan not to defeat the Taliban or ask them to surrender. We went to Afghanistan to secretly recruit the Taliban to help us. » End of quote.

So, ladies and gentlemen, the public narrative which was given to us from 2001 to August 2021, based on these testimonies, based on these papers that we get now, was deception. It is very easy to say Afghans were corrupt. It’s very easy to say Afghanistan is not fixable. It is very easy to say that we are a country of multiple tribes, etc. etc. But all these excuses, may they be true or untrue, do not wash the stinking black mark on the forehead of NATO in my country. They have created the biggest human catastrophe in the past three years in Afghanistan, and they are trying, by sponsoring media towards to belittle it. So that’s lesson number one I have learned as a practitioner, as a policymaker, and as a decision maker.

Lesson number two. Values and principles which were supposedly the foundation of the Western civilization, particularly the United States civilization, evaporated overnight in the event when immediately they saw no immediate material interest in Afghanistan. The Biden administration injected 17 billion dollars to the Taliban Afghanistan, to assist them consolidate the worst, most cruel and inhumane political dictatorship Afghanistan has ever experienced. Why? Because a system based on values had become more expensive and more difficult to sustain, and thus it was killed. It was sold. By the way, I may sound angry. Trust me, I am not. I am not a conformist to the frames of legacy media. I don’t want to be politically correct, and I don’t want to be in line with politically correct politicians as well. And I have no fear to express what is boiling in my chest. So, this is lesson number two.

You saw post 2021, statements from Blinken, from Tom West, from Karen Decker, from this and that. All they were trying to do was to shield themselves behind this excuse that they were doing everything good, and only a man in his late 70s by the name of Ashraf Ghani was guilty. Ashraf Ghani was not guilty. His only guilt was over-trusting the United States. He should not have trusted the United States. He should have received with open heart and welcome the offer of the regional countries. We paid a massive price for our alliance with NATO, and what is now the fate of Ashraf Ghani? Anyway, that’s lesson two, that there are no values, there are no principles. What is there is a very naked interest. That naked interest can be sometimes secured with alliance, through alliance with terrorists. It can be secured through alliance with dictatorships. It can be secured through alliance with religious fanatics. So, my advice to the Afghan people, particularly those who are fighting the Taliban, is we should also search for our own interests and we should not believe blindly in such promises and slogans.

Lesson three. None of our neighbors are bad. They are our neighbors. They exist here. They existed. They didn’t leave. For over 20 years, we were lectured on how our neighbors were bad. And then what happened? When the United States of America left, tens of thousands of American-trained Afghan forces, they found refuge where? In the very soil of our neighbors. And you know, some of these neighbors smile at us, jokingly. It’s a tragedy-comedy. They say, “where is the West?”, West has gone thousands and thousands of miles away from its promises, both physically, morally and politically. Every single word that Russian political commentators and experts have been saying about Afghanistan, especially post-2011, proved true. President Putin has been saying that “these people will backstab you. They will not stay. And when they leave, they will not say we are leaving. They will blame you for leaving”. He was right. Our other neighbors were right too. They were saying this is the same, but we said no. How can the mightiest military alliance defending the living civilization of our time can lie to a poor nation called Afghanistan? And they did. But that’s lesson three.

Lesson four, as far as this specific interest of the anti-Taliban block or the anti-Taliban constituency is concerned, we should have not given up our arms to the DDR (demobilize, disarm, reintegrate). We were demobilized, we were disarmed, we were never reintegrated. We were not reintegrated because it was not in the interest of the corporations, particularly the private security companies, particularly the private maintenance companies, particularly the private construction companies, to reintegrate us. They work with people of their own image. So, I give you an example. There was a company in Afghanistan operating by the name of (name of the company). They were charging the system up to $3 billion for maintenance of the vehicle fleet of the Afghan Security Forces. And in 2022, 2021, before the collapse of the republic, they came to us, they said, « We can do the same contract with you for less than $300 million. » We approached the Americans, we said, « This company which you were paying $3 billion a year is ready to do the same amount of work for us for $300 million. » They said, « We are not going to pay you the $300 million. » We asked (name of the company) why they are refusing to pay one tenth of what they were paying to you directly. And the reply was very simple. If they financed this contract for $300 million, then the question will be, where was the $2.7 billion going in the last 20 years or less? So why are they blaming us for corruption? Why? There is a very famous quote from Senator John McCain, a distinguished American. He met our ambassador, he met Syed Taqi Jawad. Syed Taqi Jawad told him, « Honorable senator, or congressman, from each dollar you gave to Afghanistan, $0.80 come back to Washington. » He says, « What’s wrong with that? It’s our own dollars. » Exactly. It was United States dollars. They have every right what to do with it. I’m requesting them to respect us as a nation, do not call us corrupt.

We were not corrupt. What we have inherited, as I say, the largest legacy we have is graves of our dear ones. It hurts. The backstabbing is one thing, but this poison of tongue is another thing which is hurting. Some of you may say, « Was it all about the United States? And where were the Afghan leaders? What were they doing? » It was a colossal failure. I am going to come to the responsibilities of the Afghan leaders, including myself. The Doha agreement was, in fact, a contract between Washington and the Taliban to recruit the Taliban as an instrument of foreign policy regardless of the cruelty or the cost to pursue geopolitical aims, with non-democratic, non-transparent tools and instruments. This weekly cash shipment, despite the rhetoric of the Trump White House, is continuing. I have evidence it is continuing. There is a simple question. Why they are giving between 45 to $60 million to the Taliban? We all know that such cash assessment does not alleviate the suffering of the Afghan people. It hasn’t stopped migration. It hasn’t created jobs. It has consolidated the religious-tribal dictatorship of the Taliban.

What is happening now? A myth is being created. A myth has been created that there is no alternative to the Taliban rule. This is a very harsh insult to human soul. Let me repeat it again. This is the harshest insult to the human soul. It is the most racist insult the legacy media, policymakers, commentators, diplomats, especially from the Western countries, are throwing at the people of Afghanistan. It’s like degrading Afghans and Afghanistan to a human zoo. When you are saying there is no alternative to the Taliban, you are literally telling us that your destiny after 20 years of our intervention is reduced to a human zoo. That’s what’s happening in Afghanistan in 2025. I quoted Lisa Curtis, « We did not fail. » The largest military alliance in the face of Earth presented my country like a “birthday cake” to the Taliban. So, that is the testimony of the American officials themselves. Doha was not a peace process. It was a conspiracy.

You know what? In 2021 to the date of the collapse, the American military did not assist us to do operations in the north, because the conspiracy was to allow the entire country fall at the hands of the Taliban. When we defied the code of partnership with them and we sent our commandos to the province unilaterally, 38 of our commandos were killed in less than one hour because General Miller refused to provide them air support.

I was, a month before the collapse of the republic, accompanying President Ashraf Ghani to the White House. Every single word that Biden said proved a lie. Every single word the CIA director said was a lie. Every single word Louis Austin told us was a lie. I asked him three questions.

Question number one, « Why every single logistical contract is coming to an end on September 1st, 2001 and you are not renewing? » They said, « We will answer this at the technical level, maybe back when you are in Afghanistan. » That’s number one.

I said, « Number two, Mr. President, every sign we see, the Doha Process is more of a process for regime change. It doesn’t seem like a peace process. » He said, « We are with you. We stand with you. Should the Taliban disregard their commitment that they have signed and not go ahead with intra-Afghan negotiations, we will defend the Afghan republic and we make sure there’s peace. Not unilateral takeover of the Taliban. » This was a lie.

I also asked Austin, when I was accompanying Dr. Abdullah Ashraf Ghani to the Pentagon, we said, « This is what the Taliban are doing. It doesn’t mean you have fees supporting the Afghan forces and actually you are assisting them in a steam”. He said “no, we are going to send a technical mission to Kabul and this technical mission will work with you the details and nuances to make sure the capital region is defended until an intra-Afghan settlement is reached”. This was a lie, because  in the secret annexes of the Doha agreement, actually the United States has committed that they will not assist the Afghan forces, they will not assist the ANDSF (Afghan National Defense and Security Forces) and they have also refused to say “ANDSF”: it is written “the forces of the other side”… That is the magnitude of the betrayal, and backstabbing.

What is the situation right now? The situation right now is a strategic ambiguity. It is a calculated strategic ambiguity. Lack of clearance. Major international stakeholders are deliberately reinforcing this ambiguity. Because the clarity is frightening. The clarity is what I am telling you, and it’s frightening. It’s dangerous. It involves risk. They know there is a snake in the kitchen, but they hope it will go away by itself. Ladies and gentlemen, we own that kitchen, and they have left the snake in our kitchen. Hope is not a plan. Hope is not a dream. Hope is not a strategy. That is why despite the odds, despite the risks, despite the risk of even talking, we have not given up, because we own the country, and we believe the Doha Conspiracy was designed to take it away from us for very maligned geopolitical aims.

If those geopolitical aims are not maligned, my question is repeated again : the Taliban receive up to $60 million a week for what? UNAMA (United Nations Assistance Mission in Afghanistan) has spent $700 million since August 2021 to achieve what? To reinforce the strategic ambiguity, to reinforce the clouds, to reinforce the lack of clearance. It’s not to bring clarity. What is the meaning of the clarity? The meaning of the clarity and the removal of the ambiguity will be the following.

Number one, Afghanistan cannot be dominated either by an outside power covertly or overtly, or it cannot be dominated by any single ethnic group in Afghanistan. Pashtuns are not Taliban. The overwhelming majority of the Pashtuns are not the Taliban. But the Taliban are Pashtuns, particularly from the south. And 93 % of the Taliban structure, regardless of where they are, is from one tribal group in Afghanistan. The United States doesn’t want you to know this. The architects of the Doha deal do not want you to know this. They never mention the name of Haibatullah in their statements. Why? If they have a problem with North Korea, they say, « Regime of Kim Jong-un, » whatever. Or if they have a problem with another country, they refer to that person in order to tell a society we have problem with this person. Why is Washington refraining from naming Haibatullah as the super evil of our time in Afghanistan? Why? Has Washington put in place any mechanism to make sure that part of these tens of millions of dollars do not reach Haibatullah every week? No, it hasn’t. Let’s remember, if ICC (International Criminal Court) has chased Haibatullah, at least on papers : ICC is a European entity. It doesn’t have the backing of Washington, and it has no teeth, even. So, clarity number one is: my country is dominated through a NATO-backed conspiracy by a religious-tribal group and it’s going to collapse. US is funding it right now, and we hope it will stop. It has not stopped to this date.

Two, the Taliban’s religious-tribal power structure relies on two facts; madrassa affiliation and rural tribal codes. Both of these codes are alien to the absolute majority of the Afghan people. It is unsustainable. UNAMA, despite the spending $700 million, despite having 51 foreign expatriates in its structure, has zero impact on the behavior of the Taliban. Remember, after the conference in Doha, Taliban brought about the PVP law (Prevention of Vice and Promotion of Virtue) exactly a day after Doha III. This was to tell UNAMA, « You are irrelevant. You are a show. » And when members of the Security Council extend the mandate of UNAMA, it’s a waste of resources, of every effort. It has no relevance in Afghanistan today.

The other part is, ladies and gentlemen, every ingredient of a massive civil war is in there. Our advice for foreign powers will be not to invest in the cheap Taliban crypto. I want to repeat. Do not fall for this cheap Taliban crypto. It will collapse, because it is alien to the very fabric of Afghanistan. It does not represent the ethnic groups. It does not represent the political diversity,  it has not come through a process. It has come through a conspiracy and a deal. Every ingredient is there for this entity to collapse and if it doesn’t go by itself, a civil war is on the way, whether you like it or not.

Give the Afghan people a face. Do not reduce our cause to women education only. I appreciate your sentiments, but the issue in Afghanistan is not education of women only. It is a massive human suffering regardless of the gender.

Now, as far as the region is concerned, the region must have the strategic courage to come up with its own formula and to get rid of this, this strategic ambiguity. The region should not wait for NATO version 2.0 to have a prescription. NATO has no prescription. The prescription of NATO is what we are seeing, ambiguity. It’s an ambiguity which is costing the Afghans dearly and massively and which is costing to the region in a lot of ways which I do not want to articulate. Some of our neighbors, despite our evidence, despite our requests, despite our decades-long plea not to assist with the Taliban, assisted the Taliban, gave them bases, gave them snipers, gave them bombs, gave them training. And you know what? The Taliban are now getting more assistance from Washington. They should ask themselves, « What has changed? » And still a few countries believe that the solution is with the Taliban. The solution is not with the Taliban.

As far as various regions of Afghanistan are concerned, today there is a notion that the fighting spirit has died in of Afghanistan. And the spirit for fighting is only alive with the Taliban. That is a myth which was reinforced by injection of billions of dollars and deliberate handover of Afghanistan. In the words of Lisa Curtis, as a “birthday cake” by NATO through (…) to this group. This is very unnatural and it is going to end. So, thank you for your attention. I would rather prefer to answer specific questions than going on with this type of takeaway that I have from events and developments of my country.

QUESTIONS DU PUBLIC (Première session)

Eugène BERG

Well, thank you for your very, very, well, deep and very important speech. We could spend all the night discussing it, though I have only two or three little questions.

First, do you agree that Afghanistan should have been neutral and that was a mistake between Soviet Union and the West, and now, every bloc wanted to have Afghanistan as member and probably that was the mistake ? Afghanistan should have been, as it was at the beginning, a buffer state ? On this very controversial question, we can argue a lot.

The second is more technical. I’ve just read, because I’m also a gas-oil man, that the TAPI, the famous pipeline (Turkmenistan-Afghanistan-Pakistan-India) which UNOCAL supported with Taliban, after 1996, that the part from Turkmenistan has ended in September last year. Now, Afghanistan should follow this pipeline to Pakistan or India. In that case, India and Pakistan will buy gas and the Taliban regime will receive 2 billion dollars or 800 million dollars a year of fee that will support the regime, though indirectly, even if India is a big loser compared with Pakistan, with the arrival of the Taliban regime. India will indirectly support the regime, give it some extra revenues to follow its murderous politics. What do you think about that?

M. Amrullah SALEH

As I said in the beginning of my presentation, the timeframe of my presentation is post-Massoud, post-9/11, through August 2021. But in regards to your question about the neutrality, it is a very attractive concept. Afghanistan was offered a chance. It was offered a hand of assistance, and the hand of assistance was called “Strategic Partnership Agreement”. The United States told us, « This agreement is not against your neighbors. It’s a legal framework which allows us to assist you. » We didn’t know that legal framework was actually a paper for deception. Nobody talks about it. In that document, there is a clause that if the United States wants to withdraw from Afghanistan, they should negotiate with the Afghan government. They negotiated with our enemies. Not only they negotiated but with our enemies. They directly threatened us not to hold elections. Remember the election? They directly threatened us not to hold elections. And when we did hold elections, they bribed our election commission not to count the votes. And when the votes were counted, they bribed the political class of Afghanistan to be fragmented, in order not to create a unified negotiating team. If the USAID papers from Afghanistan are inspected, today, you will find out that they have spent hundreds of millions of dollars for creating a fake superficial political class. They bypassed the Afghan government. Afghanistan was poor, is poor. And they used this money not to help us, but to divide us. So therefore, the fact that the republic did not have a strong negotiating table because the United States did not want us to have a strong negotiating team. Every time Khalilzad would come to Kabul, he would meet 4-5 politicians before coming to meet the president. And he would send his message indirectly through media, what he would like.

As I said, it is over-simplification to say that this enterprise, which started in 2001 after 9/11, was actually spoiled by Ashraf Ghani. If this is the judgment of the strategists, I am afraid to say, this is the most stupid judgment. This is the most foolish judgment to say that Ashraf Ghani spoiled the effort of NATO in Afghanistan and brought about the collapse. That’s a simplification. That’s for the masses, so that they digest a simple story. In fact, from 2018 onwards, effectively Khalilzad was negotiating with the Taliban to recruit them and hand Afghanistan over to this group for geopolitical purposes.

What are those geopolitical purposes? I’m not interested to speculate, but I have evidence it was for geopolitical purposes. If it is not for geopolitical purposes, if Afghanistan has no regime, no government, no law, no regulation, no judiciary, no parliament, no election, nothing, why are they giving it $60 million a week? why do they come out publicly almost twice a month saying, « We do not want to support the opposition of the Taliban. » Why? Why are they telling people there is no alternative to the Taliban rule, and they want to imply that this human zoo they have created in Afghanistan is an acceptable new normal.

So, neutrality was and is a good thing. The neutrality was not violated by Afghanistan, again. We trusted this offer. We signed the Strategic partnership agreement almost with every single Western nation. Where are those papers? Okay, we are weak. We cannot take you to any court. We are not loud enough to fly that back in the face of the Western nations, but is that how a leading civilization wants to get credibility? Of course not.

Now, on the issue of TAPI, Khalilzad was a lobbyist for Taliban in the 90’s. Khalilzad was a lobbyist for Taliban post-9/11. Khalilzad remains a Taliban loyalist today. Was his appointment as chief negotiator a coincidence, or part of a design? Or maybe both. But he never represented the United States the way it should have been represented. If we had a one-hour meeting with him, 20 minutes he would be a Pashtun internationalist, 20 minutes he would be a US ambassador, 20 minutes he would be an international mediator, etc. etc. He carried multiple hats. So, that is the reality.

As to what should be the future of Afghanistan, we have a score to settle with the Taliban. It’s too early now to say, « What should be our future? » We have to, first of all, get rid of them and free our land, free our people. You know, if you look at the composition of the Taliban and if you look at how many massacres they have done, if you look how many people they have killed, if you look what they do in cities and areas where they are not welcome, none of that is reflected in the Western media.

M. Brice LALONDE

Mr. Vice President, Dear Amrullah Saleh, thank you very much for these very blunt and harsh words. We understand your bitterness, of course. But the question is, also: you are one of the voices of the opposition, you are a leader, and as you said Afghan people need hope. So, what’s the next move? How can you trigger and move in the Taliban regime? How can we bring down the Taliban regime? How does it start? Is it from outside the country? Is it from inside the country? Are they divided? How can we push? So, we are also asking for a strategy. Do you have that sort of answer, Amrullah ?

M. Amrullah SALEH

Thank you. I think it is not a matter of bitterness or sweetness. It’s a matter of conformity with a lie, or of non-conformity with the prevalent narrative. The prevalent narrative is based on deception. It’s based on lies. It’s based on a Doha deal conspiracy. So, somebody has to break it up. Somebody has to open this body and expose it. And I’m glad that I’m exposing it.

Now, as to the strategy of what should be done to get rid of this situation, now let us split our tasks so that we understand who should do want, at least what I should do and what’s our expectations from the Western civilization.

Number one, we request the Western civilization, the Western press, the Western consciousness, to not put unnecessary blame on the Afghans, to stop it. That’s a big contribution to our cause.

Number two. What is terrorism? Is terrorism a guy, an angry person killing two Americans in the streets of New York, or – God forbid – in the streets of Paris? It’s too bad. It shouldn’t happen. But do you know that we are now ruled by terrorists? Why are you not mentioning it? I’m not talking to you as a person. So, the West is now dividing the human life into several categories. And if I want to quote, you know, there is this golden billion and the non-golden, the dirt remains. So, it has become a norm that if we die, we are not counted, and our sacrifices are not counted, and our commitment was not counted. Our wisdom is not counted. Our dedication is not counted. What is counted is if you go to most of these meetings and they say, « What is the threat from Afghanistan against us? » Nobody says we had commitment there. We had agreements with the Afghan people. We have lifted, okay? We do not go there, but at least we should have the dignity of saying, « It’s our fault. » That helps.

Number three, don’t whitewash the Taliban. Every time a Norwegian diplomat comes out and talks positive about the Taliban, I sweat. I sweat. I tell you, if Norway takes 20 Taliban to a hotel in their capital and leave them there for six months, there will be protests… Do not whitewash the Taliban. Explain them as they are. And this whitewashing is a sponsored whitewashing. It’s not genuine. It’s not authentic.

Number four, do not say you do not support the anti-Taliban. At least remain neutral. Give us the right to express ourselves in whatever form and way that is effective to liberate our country. When you ask the largest military and political and economic block in the world come out and say there is no alternative to the Taliban rule, do you know the psychological impact of that on the minds and life of 20 million Afghan women? No. You cannot even imagine. So that’s number four you should do.

Number five, use the United Nations as the most effective platform to mobilize the world opinion against this situation. Don’t be conformist.

Number six, give us political support. What you are doing today is political support. Give us more space. Conditionalize your humanitarian assistance. Do not go there and provide assistance without having access to the society. Western NGOs have no access to the society. They are injecting aid into the darkness. Why are you doing it? Stop it. You think you are alleviating the suffering of the Afghan people? No, you are not. You are NGOs, but you know, calculatedly or uncalculatedly those NGOs are assisting the Taliban. Stop it ! The human tragedy has already happened.

And lastly, what will bring us back to your attention? What will bring us back to your attention? Another tragedy? Another non-formal strike? Another bad behavior? Again, I am appealing to you as the West is still the most dominant block in the world. It is not taking its responsibility seriously. It’s bypassing its responsibility. And that bypassing of your responsibility is not only a disservice to the Western civilization, it is also a disservice to the rest of humanity. You dominate the global institutions and you are not using those institutions to raise awareness about the Afghan plight.

That’s what you can do. Leave the rest to us. There is enough domestic motivation to topple the Taliban. They are not natural to our life. They are not natural to our social fabric. They are not natural to our being. We will topple them. We want the West to remain neutral, not to side in one way or another with the Taliban.

M. Karel VEREYCKEN, Institut Schiller

Mr. Saleh, after, after 40 years of war, we would like to hear what you have to propose as a peace strategy, and not only a strategy for civil war and civil strife. I mean, we know enough of the world conflicts… If you want to win a war you need a peace strategy. If not, you lose the war. So, what is your peace strategy ? Thanks.

M. Amrullah SALEH

I think you have misunderstood my recommendations or my suggestions for going ahead. Fighting and killing women, exactly, that’s not our choice. Okay, let me simplify it.

We want to study what is good for us as people. There is one man with his militia. He thinks he knows more than any of us, and he decides what we should start. We would like to choose the color for our dress. He thinks we are incapable of choosing the color of our dress, and he has to choose it. We think on March 21 every year we should go to the nature and eat some dry fruits, and he thinks that’s against the Quran. We would like our daughters to be doctors, engineers, nurses, lawyers, economists, etc. etc. and he thinks that he is in communication with God, and he thinks our daughters and sisters are quarter of a human being, and they lack 75% dignity of a human being. So, we would like to live like normal human beings, and this man and his militia believe that the rest of the world is abnormal and what he is doing is normal.

We think Afghanistan is a multiethnic country and they should have a say in their destiny. He believes, except his tribe and from his tribe few people, rest of the Afghans lack the wisdom to have a say in their destiny. Brother, the list goes on, and on, and on. Can you put yourself in our shoes and find a way to negotiate with this man? And if he asks, « Through which way? » He has left us no option. And he has left us no option because he believes the West has consolidated his power and is still consolidating his power.

When Western diplomats come out and say, « There is no alternative to this cruelty and it is the best new normal for Afghanistan, » can you imagine the impact of that on the Afghan society and on the spirit of the Taliban? Of course not. It is not the Afghan people heading towards the civil war. They are being pushed to go towards the civil war. There is already a civil war going on, but it’s not intense. The intensity is very low, but there is a civil war going on. Ask the ICRC (International Committee of the Red Cross), a noble Western agency, to report to you who are these 14,000 and plus detainees in the Taliban jails. Who are they? Why in 2025, a young Afghan man gets four years of jail time just because liking an anti-Haibatullah Facebook post? Do you know?

I think you misunderstood us. Life under the Taliban has lost meaning for bulk of the Afghan people. They’re exploding, and that explosion is inevitably called the civil war. What is left for us as an option, as a peaceful option? Not much. Because the peaceful option was implementation of the peace process which had started in Doha, and it turned out that it was not a peace process. It was a scheme, a map for regime change backed by United States militarily, diplomatically, financially. Thank You.

Ismaël PAIENDA, Co-fondateur et membre du comité des dirigeants de l’Assemblée des Spécialistes et des Experts d’Afghanistan, consultant en Tourisme, Développement durable, Investissement et Relations internationales

En tenant en considération le fait qu’en 2021, avec 350 000 soldats et plus de 8 milliards de dollars d’armements sophistiqués, nous n’avons pas pu se défendre. Qu’est-ce qu’on attend, en tenant en considération les attentes stratégiques et économiques des pays voisins et d’autres puissances ? Qu’est-ce qu’on attend des Afghans ? Qu’est-ce qu’ils doivent faire eux-mêmes, pour eux-mêmes ? Et qu’attendons-nous de la communauté internationale pour arriver à une solution ? Merci.

M. Amrullah SALEH

I think I have already responded, partly, to this question, but I am glad to repeat myself. The answer evolves around human dignity and the meaning of life. If you are deprived of the very basics of life, very basics, like choosing the color of your choice, like choosing the field of your education, like creating a calendar of activity for yourself, like taking your wife for a walk in the street, like dreaming a future for your children, like simply being a human being and having a normal life. If that dream is taken away from you, then you ask a question to yourself, « What is the purpose of life? » You see, it is not us choosing to fight. We are left with no option.

The notion that the Taliban cannot be challenged militarily is a myth. It’s part of the Doha deal conspiracy. And you say they were not defeated initially. They were not. Americans did not come to Afghanistan to defeat them. This is not my word. Right on YouTube, Henry Crompton, CIA official, spoke to the war commission and the conducts. He said, « We were not there to defeat the Taliban. » It’s there. You read all the memoirs of other people. Obama said, « We want to defeat the Taliban, but if we can’t defeat them in one year, we go. » With all due respect for the wisdom of President Obama, for his intellect, militarily that is the most incorrect. And I’m sorry to say, that is the most foolish statement for a military strategy. “They are all my enemy. I’m only here for a year. If I cannot find you in that year, I will go”. And then his military commander on the ground, General McChrystal, what did he do? He amassed 20,000 troops to attack Marjah. What was in Marjah? Nothing. I told McChrystal, I said, « There is nothing in Marjah. You are going into the desert town with few 1000 people, there will be no Taliban”. The Taliban was not effectively challenged militarily. That is a myth. And if the world doesn’t want the Afghan people to rise up and fight, they should stand with the Afghan people and help them gain their rights, very basic rights, through peaceful means.

We are not demanding Jeffersonian democracy. We are not demanding liberal order. We are demanding the right to education. We are demanding the right to be able to walk into nature. We are demanding the right to choose the education fit for our children. That’s taken from us. So, you think we should accept it?

Mme. Imen CHAANBI, Analyste et consultante internationale en géostratégie et intelligence économique, spécialiste des régions Afrique et Moyen-Orient et de la Libye, directrice de 5WE Consulting et de STRATEGIK.IA, auditrice à l’IHEDN,

« Les droits des femmes et des minorités en Afghanistan : entre idéologie religieuse et autoritarisme des talibans. Perspective d’une gouvernance inclusive ? ».

Mesdames, Messieurs, bienvenue à cette conférence consacrée à l’Afghanistan. Pour commencer notre discussion, je voudrais partager avec vous les mots de l’écrivain afghan Atiq Rahimi : « Dans ce pays, même les pierres ont une histoire à raconter ». Cette citation nous rappelle la profondeur historique et la complexité de l’Afghanistan, un pays qui, malgré les défis, continue de porter en lui des récits millénaires et une résilience remarquable.

À la suite de l’annonce par les États-Unis du retrait de leurs troupes d’Afghanistan, les talibans ont lancé une offensive contre les forces nationales afghanes de défense et de sécurité du pays. Entre mai et août 2021, les talibans prennent rapidement le contrôle du pays dont 33 capitales de provinces[1]. Le 15 août 2021 marque la prise officielle de Kaboul et le départ du Président Ashraf Ghani. Après deux semaines de chaos à l’aéroport international de Kaboul, les forces internationales se retirent officiellement d’Afghanistan le 30 août 2021[2].

En septembre 2021, ils forment un gouvernement provisoire dirigé par Mohammad Hassan Akhund. Depuis leur accès au pouvoir, et malgré quelques divisions internes, le gouvernement autoproclamé cherche à asseoir sa légitimité tout en conservant le soutien de la communauté internationale[3]. La reprise du pouvoir par les Talibans en 2021 a précipité le pays dans une crise économique, sociale et humanitaire où la population afghane subit une répression extrême et de graves violations des droits humains.

Plus de 29 millions d’Afghans ont besoin d’aides aussi bien médicales qu’alimentaires. L’isolement sur le plan international et les différentes sanctions imposées au gouvernement ont conduit les Nations Unies à réduire leur programme d’aide humanitaire.

Les expulsions des réfugiés afghans par la Turquie, l’Iran et le Pakistan[4] ont accentué la crise actuelle. La détérioration de la situation des femmes et des jeunes filles en Afghanistan du fait de l’adoption récente de la loi sur « la préservation de la vertu et la prévention du vice » a entraîné une contestation unanime. Le gouvernement substituera le ministère de la condition féminine au profit du ministère de la propagation de la vertu et de la prévention du vice.

Malgré les condamnations de la communauté internationale, les talibans ont rejeté les critiques de l’ONU concernant leurs politiques. Ainsi ils interdirent l’entrée du rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, Richard Bennett[5].

La politique discriminatoire s’est par ailleurs étendue à certains groupes[6] ethniques représentés par les Tadjiks, Hazaras, Aïmaqs Ouzbeks, Brahouis ou Baloutches[7].  L’Afghanistan, symbole d’un multiculturalisme[8], reste fragilisé par une politique d’exclusion à l’égard des minorités religieuses, notamment chiites, hindouistes, chrétiennes et sikhs.

Les violations des droits et libertés s’étendent aussi aux personnes en raison de leur lien présumé avec une ONG ou des forces militaires étrangères.

Ces restrictions discriminatoires imposées par les talibans violent les garanties relatives aux droits humains contenus dans de nombreux traités internationaux dont l’Afghanistan est partie[9], tels Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ou la Convention relative aux droits de l’enfant.  En faisant de la Charia l’unique source de droit, les talibans ont étendu les pratiques traditionnelles et ancestrales au droit positif dénaturant ainsi les fondements mêmes des textes coraniques et des hadiths.

La pérennité de leur pouvoir est conditionnée à leurs capacités à répondre aux besoins urgents de leurs populations tout en respectant leurs droits et libertés. Ces aspects constituent une condition sine qua non pour toute reconnaissance par la communauté internationale. La mise en place d’une gouvernance inclusive relancera l’économie afghane par le retour des investissements étrangers. Cette ouverture favorisera le retour de l’Afghanistan sur la scène régionale, faisant ainsi du pays un partenaire clé.

  1. Le droit des femmes et des filles : entre violation des droits et privations des libertés
  1. Pourquoi les femmes sont-elles les premières victimes ?

L’histoire de la condition des femmes afghanes est le fruit d’avancées et de régressions.  Les traditions ancestrales et patriarcales restent ancrées en Afghanistan. Après quelques progrès obtenus sous le règne du dernier roi afghan, Mohammad Zaher Shah, puis avec la période d’occupation soviétique, la condition de vie des femmes se dégrade, dans un contexte de conflits militaires, de difficultés économiques et de l’application assez stricte de la loi islamique (charia) depuis 1992.

« L’arrivée des Talibans au pouvoir en 1996 renforce cette situation » / (« Condition des femmes en Afghanistan », Wikipédia). Après qu’ils ont été chassés en 2001, et durant 20 ans, de nouveaux progrès ont lieu, bien que limités (tant dans la forme – plus dans la théorie que dans sa mise en application – qu’au niveau géographique – se limitant essentiellement aux zones urbaines des grandes villes du pays). La reprise du pouvoir par les Talibans après le départ des troupes occidentales, en 2021, entraîne une nouvelle régression des droits des femmes, notamment par la publication d’une cinquantaine de décrets de l’Émir Ebatullah Akhundzadeh. Les talibans n’ont cessé d’introduire de nouvelles restrictions dans le but manifeste d’effacer complètement les femmes et les filles de l’espace public. Ces politiques ont renforcé l’oppression subie par les femmes et les filles dans presque tous les aspects de leur vie.

Législation répressive et exclusion de la vie politique : res humana ?

Lors de la mise en place du gouvernement provisoire, talibans ont évincé les femmes du processus de décision politique du pays[10]. Les talibans ont rejeté la Constitution afghane de 2004 qui proclamait à l’article 22 que les femmes et les hommes étaient égaux en droit. Le ministère des Affaires de la femme a été remplacé par le ministère de la promotion de la Vertu et de la Prévention du Vice [11]. À cela s’ajoute, le démantèlement du cadre institutionnel de soutien pour les survivantes de violences fondées sur le genre, établi en 2009 par la Loi relative à l’élimination des violences faites aux femme[12].

Atteinte au droit de circuler librement et à l’obligation d’être accompagné d’un Mahram

Depuis août 2021, les femmes sont limitées dans l’exercice de leur droit de circuler librement par un ensemble de décisions et de décrets des autorités talibanes. Les femmes ne peuvent pas être seules en public ou voyager sans chaperon masculin sur plus de 72 kilomètres – Mahram. Cette restriction varie considérablement selon les régions, mais est moins visible à Kaboul.

 Le 7 mai 2022, le ministère de la Vertu et du Vice a publié un décret imposant aux femmes de ne quitter leur domicile qu’en cas de nécessité et de couvrir leur visage en public. D’autres mesures spécifiques ont limité l’accès des femmes à tous les parcs publics d’Afghanistan. À ces restrictions viennent s’ajouter d’autres mesures adoptées au niveau local, dont notamment certaines restreignant l’accès des femmes aux gymnases, aux établissements de bain et aux cafés. Les moniteurs d’autoécole ont reçu pour consigne de cesser de proposer des leçons de conduite et l’examen du permis de conduire aux femmes.

Restriction vestimentaire : le port du Tchadri

Au lendemain de leur prise de pouvoir, les talibans ont lancé des campagnes publiques « recommandant » aux femmes de porter un hijab les couvrant de la tête aux pieds. Ces « recommandations » se sont progressivement transformées en un code vestimentaire officiel applicable de manière obligatoire dans l’espace public.

Le 7 mai 2022, le ministère de la Vertu et du Vice a publié un décret plus général imposant à toutes les femmes dans le pays de porter un hijab ou de couvrir intégralement leur corps, à l’exception de leurs yeux, pour apparaître en public. Selon ce décret, les femmes fonctionnaires refusant de se plier à la règle devaient être renvoyées.

Restriction en matière d’éducation

Les femmes et les filles ne sont pas autorisées à suivre les enseignements au-delà de l’école primaire[13]. Le 23 août 2021, la Commission de l’éducation des talibans a annoncé la fermeture de tous les établissements scolaires à la suite de la prise de pouvoir des talibans. Le 17 janvier 2022, les autorités centrales de facto ont annoncé que les filles pourraient retourner dans les établissements d’enseignement secondaire à compter du début du semestre de printemps, fin mars 2022.

 Le 23 mars 2022 au matin, cependant, le ministère de l’Éducation taliban est revenu sur cet engagement de manière abrupte, annonçant que les établissements d’enseignement secondaire resteraient interdits aux filles dans l’attente de l’élaboration d’un cadre éducatif pour les filles conforme à l’interprétation faite par les talibans de la Charia et des normes culturelles afghanes. Cela a entrainé la fermeture des établissements scolaires dans tout le pays ce qui exclue de facto les filles de l’enseignement secondaire.

Au niveau universitaire, Le 20 décembre 2022, les autorités ont donné pour consigne aux universités de ne pas inscrire les femmes dans leurs institutions. En décembre 2022, les talibans ont banni les femmes de l’enseignement supérieur[14].

Restriction en matière de travail

Il n’y a pas d’« interdiction de travailler » généralisée applicable aux femmes. Des mesures prises ont privé les femmes de pouvoir occuper un poste.  Les femmes n’ont pas accès aux emplois d’ONG ou à certains secteurs (sauf la santé). Les femmes fonctionnaires sont quant à elles priées de rester chez elles sauf si elles ne peuvent pas être remplacés par des hommes. Les talibans ont par ailleurs étendu « l’interdiction faite aux femmes de travailler hors de leur domicile aux emplois exercés auprès des Nations unies »[15]. La fermeture de 60 000 salons de beauté en avril 2023 a impacté les femmes qui subvenaient aux besoins de leurs familles. En février 2025, la radio éducative des femmes a été fermée. Sur les plateaux télévisés, les femmes ont dû couvrir leur visage totalement. D’autres ont renoncé à leur travail de journaliste car ciblés par des attaques terroristes en raison des critiques faites au gouvernement afghan.

Retour des arrestations, détentions arbitraires, tortures et châtiments corporels

La détention de femmes et de filles à la suite d’accusations de « délits moraux » tels que les relations sexuelles en dehors du mariage (zina) ou les femmes et les filles détenues pour avoir enfreint les restrictions liées à l’imposition d’un Mahram sont devenues fréquentes.

Parmi les châtiments corporels documentés figuraient des cas de flagellation, de lapidation, de mutilation et d’exécutions sommaires. À noter que Haibatullah Akhundzada a annoncé le retour de la lapidation des femmes sur la voie publique[16].

Autres discriminations 

Leur interprétation extrême de la charia a interdit, d’accéder aux soins de santé sans parent masculin, de chanter, de parler devant des hommes voire de regarder à travers la fenêtre (obstruction).

Selon le rapporteur spécial « les graves discriminations que subissent les femmes et les filles s’apparentaient au crime contre l’humanité de persécution pour des motifs d’ordre sexiste. Il a ajouté que l’objectif des talibans de dominer totalement les femmes et les filles en fondant leur régime sur une discrimination systémique pouvait être qualifié d’ « apartheid sexiste »[17].

  • Les jeunes filles :  mariages forcés et précoces

Le 3 décembre 2021, les autorités avaient adopté un décret spécial relatif aux droits des femmes qui dispose « qu’il appartient aux femmes d’accorder leur consentement pour tout projet de mariage les concernant et que nul ne doit forcer ou contraindre une femme à se marier, ni faire pression sur elle à cette fin[18] »

Le mariage sans le consentement reste une pratique courante. On note une augmentation du mariage précoce et forcé des jeunes filles âgées de 6-8 ans. Cette crise a conduit davantage de familles à offrir leurs filles en mariage en raison de la « dot » reçue.

Le pays fait face à une augmentation des mariages d’enfant et des mariages forcés voir précoces (non désirés), ainsi que des violences fondées sur le genre et des féminicides. Les talibans ont « dissous progressivement le cadre institutionnel d’aide aux victimes de violences fondées sur le genre qui était en vigueur sous le gouvernement précédent »[19].

Le taux de suicide a augmenté chez les femmes et jeunes filles.

  1. Les minorités afghanes : un régime d’exclusion institutionnalisé

Atteinte aux droits des minorités : vers une discrimination et exclusion de la vie politique et économique ?

Les individus des groupes ethniques hazara, ouzbek, turkmène et tadjik sont de plus en plus marginalisés.

Certains membres de ces communautés sont expulsés de force de leur logement et de leurs terres. Quant aux Baloutches, ces derniers sont persécutés aussi bien du côté Pakistanais qu’Afghan. Des détentions et disparitions forcées ont été répertoriés par Amnesty international.

À noter que dans le cadre différends juridiques liés aux exploitations agricoles, les talibans ont statué en faveur des Kuchis, nomades appartenant au groupe ethnique pachtoune. Ils ont par ailleurs, forcé des populations locales hazaras à verser une indemnisation dans des affaires de disparition de bétail remontant à plus de 20 ans. Des attaques de Kuchis contre des Hazaras ont été signalées à plusieurs reprises.

Plusieurs homicides d’hommes Hazaras ont été répertoriés. Ainsi des Hazaras ont été tués en août 2023 dans le district de Khas Uruzgan (province de l’Uruzgan)[20] ou dans la province de Hérat (dignitaires tués).

Minorités religieuses : attaques terroristes et discrimination

Les minorités religieuses, notamment les communautés chiites, sikhs, hindoues, chrétiennes, ahmadies et ismaéliennes, sont toujours en butte à la marginalisation, aux préjugés et à la discrimination[21].

Des restrictions ont été imposées à des fêtes et célébrations religieuses au nom de la sécurité. Elles ont concerné notamment la commémoration, au mois de juillet, de l’Achoura, fête célébrée principalement par les musulmans chiites. Le 28 juillet, dans la province de Ghazni, quatre Hazaras chiites, dont un enfant et une femme, ont été tués et six autres ont été blessés par les forces talibanes, qui ont tiré pour disperser des rassemblements organisés à cette occasion.

Les talibans ont exclu la jurisprudence chiite du système éducatif de sorte que l’enseignement religieux soit fondé exclusivement sur les préceptes de la branche sunnite de l’islam.

Le groupe armé État islamique-Province du Khorassan (EI-K)[22] a revendiqué plusieurs attentats dans une mosquée chiite hazara de la province de Baghlan. Ces attentats touchent aussi les sunnites.

Minorités LGBTQI+

Les personnes perçues comme ayant transgressé des normes morales et/ou sociétales, comme les personnes LGBTQI+ et les personnes suspectées d’occidentalisation sont victimes d’une exécution extrajudiciaire, d’actes de torture voire de flagellations publiques.

Le pouvoir afghan interdit toutes relations consenties entre personnes de même sexe. Cette infraction est passible de la peine de mort. Ils font l’objet de discrimination, de violences ciblées ou de détention arbitraire[23].

Activiste, membres d’ONG et anciens membres du gouvernement 

Les membres d’ONG, d’associations, des journalistes et tout activiste de la société civile sont considérés comme des cibles. À cela s’ajoute, les personnes considérées par les talibans comme des « collaborateurs » car ayant une association actuelle ou passée avec l’ancien gouvernement[24]  (membres des Forces nationales afghanes) et/ou les forces militaires internationales (interprètes). Enfin, les personnes perçues comme des membres ou des sympathisants de l’État Islamique (EI) /Daesh sont considérés comme des menaces par les autorités.

Une autre menace est constituée par des groupes de résistance anti-Talibans qui ont émergé depuis août 2021. Le groupe le plus important reste le Front national de résistance[25] (FNR), mené par le fils du commandant Massoud et basé dans la vallée du Panjshir.

  1. La gouvernance inclusive à l’épreuve de l’idéologie religieuse et l’autoritarisme des talibans

La gouvernance inclusive permet la participation de tous les citoyens dans les processus décisionnels, favorisant ainsi l’égalité, le respect de la diversité et la responsabilité des institutions envers les plus marginalisés. Elle constitue un enjeu majeur pour l’Emirat islamique qui devra réformer le droit afghan et partager le pouvoir avec d’autres acteurs de la société civile.

Le traditionalisme : vers une relecture des fondements islamiques

L’Islam n’a pu apporter des changements aux us et coutumes pratiqués en Afghanistan. Les pratiques dites musulmanes concernant la situation de la femme ne correspondent pas aux préceptes et valeurs de l’Islam.

En effet, L’Islam a toujours considéré les femmes comme l’égal des hommes car ils « jouissent de la même dignité humaine et assument les mêmes devoirs ». En corrigeant la déviation intellectuelle et comportementale, le Coran affirme la parité originelle entre la femme et l’homme. La femme est un « être doté d’une personnalité et d’une identité propre, un être qui a sa valeur morale et dont la dignité doit être préservée »[26]. Elle a le droit de disposer de ses biens et possède des droits à l’enseignement, l’éducation, la propriété, le mariage, l’héritage, le travail et un statut social. Mais la loi islamique impose à la société de dispenser éducation et instruction à l’homme comme à la femme. 

À travers l’histoire, les femmes musulmanes ont contribué au mouvement politique, scientifique et social. La femme musulmane a le droit de participer à toutes les activités de la société[27] :« la quête du savoir est une obligation pour tout musulman »[28]. Même si l’Islam ne fixe pas d’âge légal, la relation doit être consentie.

Les plus grands savants et oulémas ont fait évoluer les textes par une interprétation téléologique. Ainsi les représentants de l’institution sunnite Al-Azhar, basée au Caire, ont émis une fatwa[29] pour interdire le mariage des mineures[30]. L’accès au savoir, l’éducation, la maîtrise du corpus juridique du droit musulman et l’histoire sont des éléments à prendre en compte dans le changement des mentalités des talibans. L’Islam respecte et intègre les minorités religieuses (musulmanes ou non-musulmanes).

La spiritualité relève de la sphère privée. Il est du devoir des talibans de forcer les portes de l’Ijtihad en intégrant une certaine critique de la raison islamique. « L’Emir Abdelkader parlait des droits de l’humanité tout entière (Huqquq al-insaniyya) qui sont au-dessus de la loi y compris musulmane » [31]. Une application stricto sensu, et erronée de la Shari’a s’oppose au progrès et à la modernité.

Il est possible de reconnaitre l’Islam comme religion d’État tout en reconnaissant les minorités religieuses, et en garantissant les droits et libertés de toutes personnes qu’elles soient musulmanes ou non.

La gouvernance inclusive dans un émirat islamique : quel modus operandi ?

Dans le cadre de la mise en place d’une gouvernance inclusive, il est nécessaire de :

  • D’établir une Constitution pour garantir le respect des droits et libertés, ainsi que la séparation des pouvoirs, avec une référence aux préceptes de l’Islam, comme le fiqh hanafite[32], dans le préambule.
  • Décentraliser le pouvoir en accordant plus d’autonomie aux pouvoirs aux provinces afin de gérer leurs affaires ;
  • Mettre en place un dialogue national entre représentants de la société civile, politiques et religieux [33];
  • D’avoir une représentation de la diversité ethnique et religieuse au sein des instances décisionnelles et religieuses ;
  • D’inclure dans un cabinet des hommes et des femmes par une répartition équitable ;
  • D’améliorer la gouvernance et un système de bureaucratie (fonctionnaire).
  • Diversifier le Conseil religieux taliban en charge d’éclairer les décisions des politiques dans l’interprétation de la Charia et de l’adaptation des textes aux évolutions de la société ;
  • Réformer les madaris et le droit afghan[34] ;
  • De réintégrer les femmes le système politique, économique et social. Le développement de produits financier islamiques permettrait une meilleure intégration des femmes en développant des activités économiques et sociales[35].
  1. Perspectives d’une reconnaissance du gouvernement taliban par la communauté internationale : quelles conséquences ?

Situation économique et financière de l’Afghanistan

La prise du pouvoir par les talibans a engendré une série de sanctions économiques qui a conduit à l’effondrement du système bancaire du pays[36]. Le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté entre 30 % et 35 %[37]. L’ONU et les talibans ont permis de continuer à assurer les services de santé et d’assistance alimentaire, via des injections régulières d’argent en espèces[38]. Les ressources de l’État proviennent essentiellement de la collecte des taxes douanières et de l’impôt prélevé à titre de la Zakhat[39].

Même si le gouvernement a interdit la culture et la vente de drogues, des champs d’opium ont été détectés[40]. La corruption[41] et l’instabilité politique constituent des freins à tout investissement. Cependant le gouvernement a instauré un cadre juridique favorable pour les investisseurs étrangers[42] via la loi relative à l’investissement.

L’Afghanistan : un pays stratégique pour les investisseurs étrangers

A la jonction entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud et aux portes de l’Europe, l’Afghanistan peut servir de porte d’entrée aux investisseurs cherchant à pénétrer le marché régional. Le pays a une classe moyenne en expansion et 70% de la population a moins de 25 ans.

Avec plus de 1 400 gisements minéraux identifiés, l’Afghanistan est riche en charbon, pétrole, gaz naturel, or, cuivre. Le pays possède des terres fertiles[43] et des pierres précieuses[44].

Le charbon est exploité et exporté principalement au Pakistan. En 2023, le régime taliban a conclu son premier accord d’extraction d’énergie avec la société chinoise Xinjiang Central Asia Petroleum and Gas Company pour forer du pétrole dans le bassin de l’Amu Darya, dans le pays. Le gouvernement afghan a attribué un contrat minier à China Metallurgical Group pour le développement d’une mine de cuivre à Mes Aynak[45].

Une reconnaissance permettrait le dégel des fonds et une reprise des investissements. Les investissements auront un impact social et économique en intégrant les jeunes mais aussi les femmes. Une stabilité économique entrainera une stabilité sécuritaire via un programme de DDR (Démobilisation, Désarmement et Réintégration)[46].

En parallèle, on pourrait envisager une coopération sécuritaire avec les pays frontaliers (Iran, Pakistan, Inde et Turquie). À terme l’Afghanistan serait intégré dans un projet économique régionale qui le désenclavera grâce aux projets en cours – ex OBOR (One belt, one road), américain ou Iranien.

En 2015, le gouvernement chinois avait exprimé son intérêt à soutenir le développement de l’infrastructure ferroviaire et la construction d’une centrale hydroélectrique[47]. Inauguré en 2019, le réseau ferroviaire relie la Chine et l’Afghanistan. En décembre 2020, l’Iran a inauguré une nouvelle ligne ferroviaire avec l’Afghanistan, facilitant le transport de marchandises entre les deux nations[48]. Le programme d’infrastructure ferroviaire qui vise à relier le Turkménistan, le Tadjikistan et l’Afghanistan serait mis en œuvre.

Conclusion 

La mise en place d’une gouvernance inclusive permettra une reconnaissance du régime afghan par la communauté internationale ainsi qu’une normalisation avec l’Union Européenne. Il est primordial de garantir la participation réelle des femmes et minorités ethniques/religieuses aux instances institutionnelles et négociations internationales.

Les autorités de facto doivent « respecter, protéger, promouvoir et mettre en œuvre tous les droits humains des femmes, des filles et des minorités, notamment le droit à la non-discrimination et à une protection égale devant la loi, le droit à la liberté d’expression, d’association, de religion et de réunion pacifique, le droit à la vie privée, et le droit de participer aux affaires publiques »[49]. L’ouverture économique du pays aux investisseurs étrangers permettrait de lutter contre la crise humanitaire et sociale[50]. L’Afghanistan reprendra ainsi sa place sur la scène internationale.

La survie du régime taliban dépend de sa capacité à maintenir la sécurité intérieure tout en favorisant le respect des droits et des libertés de l’ensemble de la population afghane. « En contribuant à créer une société plus équitable et harmonieuse, où chaque personne est traitée avec justice et respect » (Prophète Mahomet), les talibans respecteront les préceptes de l’Islam.

Poète Saadi :

« Les hommes sont les membres d’un même corps.

Ils furent créés à partir de la même essence.

Si le destin venait à faire souffrir l’un d’eux.

Les autres membres ne connaitraient pas le repos.

Toi que le malheur des autres laisse indifférent.

Tu ne mérites pas d’être appelé Homme ».

M. le Recteur Gérard-François DUMONT, Géographe, économiste, démographe, Professeur à Sorbonne-Université, Président de Population & Avenir, Vice-Président de l’Académie de Géopolitique de Paris (AGP),

« La géographie du peuplement de l’Afghanistan ; quels enseignements géopolitiques ? ».

Merci beaucoup, Monsieur le Président. Merci, chers collègues. Je vous propose un peu dans la suite des questions qui ont été évoquées cet après-midi, en quelques minutes, de faire un point de la géopolitique des ethnies en Afghanistan.

Sachant que bien entendu, comme toute géopolitique, elle doit reposer normalement sur une connaissance géographique. Et comme il n’y a pas eu de recensement depuis quand même 1979, si ma mémoire est bonne, bien entendu est forcément imparfait ce que l’on peut dire. Sauf que les observateurs considèrent quand même que la géographie des ethnies en Afghanistan et leur poids démographique relatif au sein de l’Afghanistan n’a pas fondamentalement changé, ce qui n’est pas le cas d’autres pays comme par exemple le Liban. Donc, lorsqu’on étudie cette question, la première réponse qu’il faut essayer d’apporter, c’est de savoir s’il y a une ethnie majoritaire. On sait que, bien entendu, ce sont les Pachtounes qui sont les plus nombreux sur les territoires de l’Afghanistan, mais on considère en général qu’ils pèsent entre 38 et 42 % de la population, et donc qu’ils ne sont pas majoritaires, ni les autres ethnies, que ce soient les Tadjiks, les Hazaras, etc.

La deuxième question que l’on peut se poser, c’est de savoir dans quelle mesure les ethnies présentes en Afghanistan ont une certaine compacité de peuplement ou non. Il est clair qu’en ce qui concerne les Pachtounes, nous avons une forte compacité de peuplement dans la mesure où nous avons des régions de l’Afghanistan où il y a pratiquement 100 % de Pachtounes, ce qui leur donne évidemment une base solide, soit s’il y a des envies, comme on a vu dans le passé, de vouloir dominer d’autres territoires de l’Afghanistan, soit comme zone de repli dans des périodes différentes. Donc c’est quand même une grande particularité du peuplement pachtoune, parce que même si les Tadjiks ont un peuplement relativement important dans certaines régions de l’Afghanistan, ils sont plus dispersés dans d’autres régions, où ils sont d’ailleurs minoritaires. Donc ça, c’est la seconde question qu’il faut se poser.

La troisième question, et qui est à mon sens la grande originalité peut-être de la géographie ethnique dans cette région, c’est qu’en fait, la plupart de ces ethnies sont transfrontalières. Donc, elles ne sont pas, pour la plupart, purement afghanes. Donc, je ne vous reprends pas la liste. On pourrait peut-être considérer que les Hazaras sont une ethnie purement afghane, mais compte tenu de leurs liens religieux avec d’autres pays, on voit que là-aussi, on ne peut pas les considérer comme un isolat, en quelque sorte, au sein de l’Afghanistan.

Compte tenu de tous ces éléments, quels enseignements géopolitiques peut-on tirer ? Et c’est ce que je vous propose de préciser en conclusion de ce court propos.

Le premier enseignement, c’est que si l’on considère la façon dont le pouvoir peut être réparti, il est sûr qu’il n’y a que deux ethnies qui ont un poids démographique relatif qui justifie une place significative au sein du gouvernement afghan, donc c’est les Pachtounes et les Tadjiks. Et D’ailleurs, si on regarde l’histoire de l’Afghanistan, nous avons eu, ou des gouvernements dont les principaux dirigeants étaient des Pachtounes, ou des gouvernements dont les principaux dirigeants étaient des Tadjiks. Donc, manifestement, c’est un premier enseignement à tirer.

Le deuxième enseignement, c’est que s’il y a une ethnie qui parvient à s’emparer de la totalité du pouvoir, elle ne pourra se maintenir qu’en organisant un régime de terreur. Dans la mesure où elle est minoritaire, même s’il y a ce problème permanent dans la géopolitique qui est qu’au plan international on a tendance à considérer que celui qui tient la capitale politique tient le pays – ce qui évidemment est totalement faux, mais malheureusement c’est ce que l’on est bien obligé de constater dans les relations internationales. Autrement dit, aucune concorde durable n’est possible sans un apaisement interethnique.

Enfin, un troisième enseignement, c’est qu’on ne peut pas ignorer la géographie transfrontalière des différentes ethnies, ce qui signifie effectivement que la pacification, si je puis dire, de l’Afghanistan ne peut s’effectuer qu’à condition qu’il y ait aussi pacification dans les pays voisins, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Bon, on connaît la situation des Baloutches en Iran ou au Pakistan. Bien entendu, je ne vais pas tous les citer.

Donc, simplement, en conclusion, je voulais effectivement insister sur le fait qu’on ne peut pas considérer de la même façon un pays qui a cette géographie du peuplement de cette ethnie, que s’il y avait une ethnie unique qui dominait l’ensemble du pays et qui n’avait pas de relations transfrontalières. Merci de votre écoute.

M. Alain CORVEZ, Colonel (er) et conseiller en stratégie internationale (Cabinet Corvez),

« L’Afghanistan, carrefour des rivalités ».

Merci monsieur le Président. Je vais être très court parce que je suis loin d’être un spécialiste de l’Afghanistan, même si en tant qu’observateur de géopolitique, je suis très intéressé et même assez fasciné par le rôle de l’Afghanistan dans cette partie du monde.

La géographie, Monsieur le recteur Dumont vous l’avez très bien dit tout à l’heure, qu’elle soit démographique ou physique, tout simplement est fondamentale dans la géopolitique, et il suffit de regarder une carte pour voir que l’Afghanistan est stratégiquement placé, puisqu’il est placé au centre des grands empires qui se sont succédé dans l’Histoire et qui, aujourd’hui encore, jouent un rôle. Et comme Monsieur le recteur Dumont l’a également dit, les frontières de ce pays sont des frontières qui ne sont pas les frontières des populations. Donc, ces facteurs sont absolument fondamentaux et il faut les prendre en considération.

Alors, je pense que l’Occident s’est beaucoup trompé dans son observation de ces réalités ethniques en Afghanistan, bien sûr, mais également dans d’autres régions du monde et que, semble-t-il, il ne peut s’empêcher de donner des leçons de morale chaque fois qu’il contemple un pays quelconque. Ça, c’est une erreur dont il faut se garder.

Pour être court, je pense que l’avenir de l’Afghanistan est compliqué du fait de ces rivalités, nous avons entendu un chef de l’opposition, M. Amrullah Saleh, qui nous a dit des choses très intéressantes et effectivement, mais je crois que c’est monsieur Karel Vereycken qui a posé la question : « Est-ce que vous avez une stratégie de paix ? », et ça, c’est bien compliqué parce que si chacun propose une stratégie de guerre pour prendre le pouvoir à la place des Talibans, ça va être tragique encore plus que ça ne l’est peut-être aujourd’hui.

Et quant à Madame Imen Chaanbi, elle a fort bien expliqué que les Talibans sont ce qu’ils sont, mais ils sont là. Et il faut essayer de voir avec eux ce que l’on peut faire pour les aider, et pour aider l’ensemble des Afghans. Moi qui suis gaulliste, si on revient toujours à la notion qu’avait le général de Gaulle, il disait qu’il reconnaissait non pas les régimes, mais les États. Il a reconnu la Chine à une époque où tout le monde ouvrait des grands yeux, qu’il ait osé reconnaître la Chine, parce que c’était la Chine communiste. Ça ne voulait pas dire qu’il était devenu marxiste et qu’il soutenait le régime communiste. Mais il a dit : « C’est une réalité, eh bien il faut la prendre telle qu’elle est ». Et moi qui ai connu des grands barons du gaullisme, je sais que chaque fois qu’un ambassadeur était nommé dans un pays et qu’il allait voir le général de Gaulle avant de partir, De Gaulle lui disait – j’ai des réflexions très personnelles concernant certains pays – « vous allez à tel endroit. Bon, le Président c’est un tel. Eh bien, il faudra faire avec, parce que c’est lui le Président ». Sous-entendu : « il est un peu fantasque pour certains, mais bon, c’est le Président et il faut que vous traitiez avec lui ».

Je vais terminer là-dessus en disant quand même que – moi je sais qu’il y a des gens qui partagent cette idée-là – mais l’Occident a quand même échoué un peu partout dans le monde, partout où il est intervenu. J’ai entendu récemment Jeffrey Sachs – j’en parlais pendant notre déjeuner tout à l’heure – qui a dit dans une intervention : « Mais, si on veut essayer de marcher vers la paix, il faut que les Américains restent chez eux et qu’ils enlèvent toutes leurs bases dans le monde, parce que le fond du problème, c’est ça ». S’ils ne se mêlent pas des affaires des Talibans, des Tadjiks, des Pachtounes et autres, peut-être que ça ira mieux. On en voit l’exemple en Syrie où on a mis des terroristes au pouvoir, qui sont toujours terroristes même s’ils ont une belle cravate et un costume, et on les reçoit sur des tapis rouges à Bruxelles et à Paris…

La dernière chose que je voudrais dire, qui me paraît importante en tout cas, c’est que compte tenu de cette diversité ethnique, de ces frontières qui ne sont pas stables, des influences de tous les pays qui environnent l’Afghanistan, il y a deux puissances, peut-être trois même, très importantes, qui ont un impact sur l’Afghanistan, c’est la Russie, la Chine et l’Iran. Et je pense que ces trois pays, qui sont manifestement en train de se rapprocher, de multiplier les alliances, de multiplier les coopérations dans le domaine économique mais également militaire – on l’a vu avec les manœuvres sino-irano-chinoises dans, dans le Nord de l’océan Indien, près du golfe, près du détroit d’Ormuz –, c’est pour montrer aux Américains que leur domination du monde est terminée et qu’ils sont encore la puissance qui veut instaurer sa puissance complète dans le monde, mais que maintenant, elle est menacée, parce qu’il y a d’autres éléments qui se manifestent et qui indiquent que cette domination du monde se délite, et sans doute que le président Trump, qui est un homme original pour le moins, mais qui est, je crois, un réaliste, puisque c’est un homme d’affaires, il fait des contrats partout, et il est sans doute capable de s’apercevoir que l’intérêt des États-Unis c’est maintenant de constater qu’il y a un nouveau monde qui a émergé, et qu’il faut s’y adapter. Et, pour l’Afghanistan, je pense qu’Iran, Chine et Russie peuvent continuer, en particulier pour la Russie et l’Iran, qui dans leur histoire ont toujours eu une influence en l’Afghanistan, elles peuvent aider les Afghans et peut-être les Talibans à comprendre les réalités. En tout cas, aider les Afghans à avoir une stratégie de paix, pour répondre à M. Karel Vereycken.

QUESTIONS DU PUBLIC (deuxième session)

S.E.M. Azizullah OMAR, Ancien chargé d’affaires et Ambassadeur d’Afghanistan en Suisse et au Kazakhstan

Thank you very much. I first quickly thank the organizers for this very important event. I am asked to be very quick so that’s why I will just mention the points and raise 2-3 questions. But if there is some interest to discuss in detail maybe, in another opportunity, I will be at your disposal. I’ve been formerly the “Chargé d’Affaires” and Acting Ambassador in Switzerland and Kazakhstan and I was the first day of government of Islamic Republic of Afghanistan till the collapse, unfortunately or fortunately.

Well, I very quickly respond on the TAPI project, as I have been involved five years negotiating these regional projects. No regional energy project will be possible in the future without the agreement of big donors and the regional political agreement. It won’t be possible. And this income is not very important. The question is about the income of Taliban before coming to power. You need to think about income of opium, dragging of the weapons, and the human smuggling. These are the three main income of Taliban.

And Taliban is not about only education and woman issue. I was interviewed by the BBC in the first days of collapse of the government, and I mentioned there that this is not about this education, woman, and all this ethnicity groups, and all this. These are all the details of the challenge. But at the top of challenge, from my views in Afghan, is a starting battle of value between Eastern and Western countries, including Afghanistan. The starting point of the common value is that there are, some mono-party democratic countries, like China, Iran, Russia, and all others. And then, on the other side, we can divide the world with countries with democracy values. So, if all this is okay within Afghanistan, then I think it starts to be okay for everyone. Taliban even challenges OIC (Organization of Islamic Cooperation) member countries with their perception and understanding of Islam. It has been declared in many statements of OIC.

And also, the last issue I am asking you all about, is what is the future? It’s not only Afghan people. You can leave them there, 30 million, and it’s kind of democracy or freedom, whatever you call this, and you’re okay. I think I know that some Western countries and even regional countries are okay. Whatever happens within the geography of Afghanistan is fine… But it shouldn’t be exported to the region and the world. This is, I think, what all concern is. Whatever is going on is fine if it’s within the geography, but if it goes out, it’s not good… I think this is the main challenging point. We need to, every one of us, think about this. Whether we will leave it like this or if we need to be taking action before this, if this understanding, this view, is okay. As Vice President Saleh said, think about Haibatullah. He wants to challenge all values, Islamic, mono-democratic countries and Western countries. So, I think he needs to be taken care of because for the next generation, 15 to 20 years old, it’s not safe at all for those who are in Afghanistan, and for those who are in Europe, as we have seen many evidences in Germany this year. And it won’t be guaranteed that it will explore a lot.

M. Amrullah SALEH

The most recognizable, easily understandable peace plan is a national constitution. A national process for a constitutional order must be started and the West should back it. And they should mandate the UN (United Nations) to consult the Afghans on a constitutional process. The word constitution is universally accepted. The constitutional process is a universally recognized legitimate process. And it can lead us to a stability, it can lead Afghanistan to a domestic legitimacy, national legitimacy and reintegration of Afghanistan into the global fabric of order and governance.

I think we do not need a factionalist process, we do not need factional formulas. We need a national process to lead us to accepting each other, to respecting each other, to living under one umbrella, one ceiling. And the only ceiling which can bring us together is a constitution. Afghanistan has no constitution today. When I refer to the constitution, I do not necessarily ask for reinstitution of the republic constitution, although it was a very good constitution. We need a constitution.

And those who claim that the Taliban have majority acceptance, those who think the ethnic group of the Taliban are the majority, then fine. Why not to have a constitution? When you ask the Taliban for a constitution, they defer to you to the Sharia law. Sharia law is not a book. Go to the special intelligence, Google: there is no book called Sharia law. Sharia law is a series of references, of multiple sources, of enormous number of books. It depends on what each person’s understanding of Sharia law is. For example, you recently heard that the Taliban believe that the Salafi Sharia law, which has a big following in Eastern Afghanistan, is devious, is invalid. The Taliban believe that the Shia Sharia law is not Islam. And the Taliban believe that the Ismailis are nonbelievers. So, they worship the same Allah, they all accept the same prophet as the prophet, but in the eyes of the Taliban, they are nonbelievers. They have to be taxed more.

When it comes to the issue of minority vis-à-vis the majority, I think that, in 2025, subjecting a minority to the tribal code of a supposedly majority is not the way, although in Afghanistan, the statistics are not known. Who is majority? Who is minority? We don’t know. The last time Afghanistan had a scientific consensus was 1974 or 1975. I was probably 2-3 years old. Since then, we didn’t have a consensus.

Plus, as I said, if Taliban hold elections tomorrow in Jalalabad, they will lose. They will lose in Herat. Herat is a mix Pashtun and non-Pashtun city, they will lose. They will lose in districts of Herat. And trust me, they will lose in Kandahar. If not in the rural Kandahar and urban Kandahar, they will lose in the greater Paktia region. That is why they are anti-elections, why they are anti-Constitution.

Let’s not turn the situation as an accepted new normal for Afghanistan. It is a situation, but it is not accepted. As I said, why did 8 million persons leave their homes ? Why do people risk their lives ? Technocrats, educated Afghans, which have paid their life earnings to cross the Mediterranean to reach the shores of Europe, why ? Because there is no hope. Hope has been taken away from them. There is no prospect. It has been taken away from them.  

The engagement with Taliban is a dead-end engagement. Biden paid them $17 billion. Has that stopped migration? Has that stopped mass exodus of Afghan people? No. Has that brought any stability to the situation? No. Has that created any clarity? No. The more money you pump into Afghanistan… There is a great American saying: “whenever you cut your loss, it’s good. Cut your losses”. The injection of money into the Taliban system, hoping that it will reform, hoping that it will improve, hoping it will see women as human beings, it will not happen. It has not happened so far.

You see, I am deliberately not concentrating on terrorism. Terrorism is mostly Western, interests, agenda. We did integrate our agenda into counter-terrorism, and what happened at the end? The United States literally bribed the biggest terrorist group, delisted them from blacklist. It’s easy to say Russians removed the Taliban from the list of terrorists. The United States removed them from list of terrorists in 2011, practically. In 2011, Barnett Rubin reached out to the Taliban, immediately after the killing of Bin Laden, and they started negotiating in the back of the Afghan government. And let’s remember that the Taliban have headquarters in Quetta, Karachi, Waziristan, Peshawar. And yet, the United States was paying billions of dollars to Pakistanis. For what? For passing through their territory to reach Afghanistan for logistics. They never tackled the issue of sanctuaries in Pakistan. It’s easy to magnify the mistake of others and not be self-reflected and not to stand in front of the mirror. I can give you concrete examples of how European countries, in order to avoid terrorist attacks, used to pay bribe for the Taliban command. Pay them bribe. Governor Azizi is there. He’s now ambassador to a governor. He knows exactly in Shindand area which European country was paying which commander of Taliban just to avoid getting attacked. You know, these security companies were spending more than the Afghan Security Forces, and they were paying part of that for the Taliban to pass through their territory safely. Those who say “we fought the Taliban, but at the end military victory was not feasible”, this is nonsense. The Taliban were not fought, as far as the Afghan Army is concerned, until 2009. An Afghan army did not exist. Some battalions existed. The Afghan Army did not exist because it was not in the interest of these private security companies to allow an Afghan army to come up and assume responsibility. The counter-argument will be “it was our money, it was our decision”. Fine, but let’s put the facts as they are.

And as far as the access of the NGOs to the situation. So, the NGOs do not have access, they are going through the filter of the Taliban, and that is a massive violation of the principles of being an NGO. The NGOs employ up to 80,000 Afghans. All of them have been vetted by the Taliban. The independent Afghans cannot find employment in these NGOs. So, the, the money you are sending in the name of humanitarian assistance is consolidating the Taliban.

Now, some countries were hopeful that this new enterprise, the Taliban, will bring them benefits, security benefits, strategic benefits, economic benefits. Some have been disappointed, others have gained certain leverages. But anyway, the peace plan we are advocating is very simple; a constitutional process. All ethnic groups must be given a choice to have a say in what type of constitution they want.

Do we want a Talibanized constitution? If it comes through the vote of the people, why not? Do we want a, uh, certain type of state structure? If it comes through the voice of the people, why not? But if you say the Afghans lack wisdom to start the constitutional process, that’s another issue. Afghans have a tradition of having constitutions. In the past 100 years we had constitutions. We had constitution in the 20’s, 30’s, and 40’s, 50’s, 60’s, 70’s… 80’s although turbulent. Twice in our history we had no constitution. The first Taliban, and the second Taliban period. Why isn’t the world asking for a constitution? Why try to zigzag in this way to appease the Taliban instead of mentioning the word constitution ? Because major powers are not interested in a constitution. The victimization of Afghanistan or the (…) geopolitical purposes is still the game. That’s what we want to be ended, right away.

Is the Taliban a popular movement? Where? Where are they popular? Wherever they are popular, they should win the war. I’m not advocating for killing all the Taliban. I have never advocated for killing every Taliban. Find a single interview of me asking that every Taliban should be eliminated. I am saying if they are part of the Afghan society, then they should be part of the Afghan society, not the owner of the Afghan society. We should not be condemned as the subjects of the Taliban, which we will never accept, and we have not accepted it.

Now, about strength, if it is judged that we are not able to bomb civilians, and we are not able to bomb hotels, and we are not able to kidnap tourists, we are not able to kidnap NGOs, that is why people think we are weak, well this is a different way, a different criterion of judging strength… Is the West rewarding a group which can only kill tourists, NGOs, aid workers, doctors, civilians? Would you like us to choose that path in order to become relevant and recipient of more money? I hope not.

So therefore, we appeal that France – which as you know is a member of the Security Council – should say constitution. Europe has a massive political weight. Next time they attend the Doha Conference, the UNAMA created a very – to borrow a word from Trump – “stupid” term called (…). It’s how to engage the civil society, how to create, how to bring NGOs. Why not use a simple word which has meaning for every Afghan: “constitution”? Why are you shying away from pronouncing the word “constitution” ? That is the best peace plan.

Dr. Ali RASTBEEN

What is your message to Europe about Afghanistan ?

M. Amrullah SALEH

I think I did give a message for you. I am more than glad to give that message again. The European countries, for the stabilization of Afghanistan, they should use their political, financial, economic and geopolitical weight to ask for a constitutional process in Afghanistan. That is the best peace plan. The constitutional process doesn’t exclude anyone. It includes everyone. We need a constitution. The Afghan people deserve to have a constitutional order. As I have said, twice in our History we had no constitution. When the Taliban took over for the first time in 1996, and today as they came back due to Doha conspiracy. We need to have a constitution, that is a big plan by its very nature.

My other message to the European countries is : please, stop your NGOs working with the Taliban, because your NGOs have no access to the Afghan people. They are their money in the name of humanitarian assistance. Its consolidating the Taliban. The money is not reaching the Afghan people. That is my second message.

And my third message is : let us give a human face to the people of Afghanistan. The issue is not the education of women only. The issue is a massive human tragedy. And this tragedy is somehow sugarcoated, covered up by the Doha peace agreement between the Taliban and the United States. That peace agreement is now the root of the evil which is going on, post-2021. It has to be dismantled. A new process in which the constitution should be the central word has to start, and Europe can assist a lot. And I also request the European media not to be conformant. The European media have massive interest. They should dig into it. The Taliban did not win the war. The Afghan army did not lose. Something happened. What was it ? Why are they not telling you about it ? Why aren’t they asking Washington ? Why did they remove Haqqani from the terrorist list ? Why was he in the terrorist list ? Why did they arrest Bachar (…) and convicted him for lifetime in prison, and then they released him ? Why ? Why every Guantanamo detainee is having a senior position ? Was Guantanamo a training center or a jail? I do not see any sign of suffering in these people. They are in good health. What was going on there ?

M. Reza JAFARI, Président de l’Afghan Peace Dialogue et de l’ONG Enfants d’Afghanistan et d’Ailleurs, Directeur du centre culturel franco-afghan, Directeur général de Bina TV et membre de la Fédération pour la Paix Universelle (FPU)

Bonjour à tous. Je suis venu ici plusieurs fois en tant qu’intervenant et je pense que vous connaissez notre point de vue pour l’avenir de l’Afghanistan. Le mouvement Afghan Peace Dialogue a été créé après la chute de Kaboul.

Il est intéressant de raconter l’histoire du mouvement Afghan Peace Dialogue, puisqu’après la chute de Kaboul, nous avons créé un mouvement de résistance internationale, puisque nous étions dans l’émotion et que l’idée d’accepter que les talibans soient au pouvoir en Afghanistan, pas que pour moi et pour la communauté afghane en France, mais partout dans le monde, c’était inconcevable. Et du coup, nous avons réagi comme beaucoup d’autres par l’émotion et nous avons créé le mouvement de résistance international contre les Talibans.

Mais ensuite, au bout de quelques mois, nous avons perdu beaucoup de proches en Afghanistan, des membres de notre mouvement. Et très vite, nous avons essayé d’écouter les Afghans qui sont restés en Afghanistan, les femmes afghanes qui ont, dès les premiers jours, commencé à manifester contre les Talibans. Et nous sommes entrés en contact aussi avec les résistants et les résistantes en Afghanistan. Nous avons voulu les écouter et ne pas imposer notre vision depuis l’étranger. Malheureusement, en Afghanistan, nous avons parlé et beaucoup d’intervenants ont parlé. À chaque fois qu’il y avait une intervention étrangère, que ça soit politique, militaire, ça a échoué. Et du coup, notre initiative était d’écouter vraiment les Afghans et les Afghanes et ne pas faire les mêmes erreurs qu’ont commis, depuis à peu près 100 ans, les puissances étrangères.

Nous avons décidé de changer le nom et de nommer ce mouvement Afghan Peace Dialogue. Je pense que les Afghans ne se parlent pas assez. Il y a beaucoup de mouvements aujourd’hui. Nous avons le mouvement de résistance d’Ahmad Massoud, mais aussi le mouvement Azadî (Liberté) qui est dirigé par un autre militaire et aussi d’autres, comme le conseil militaire en Turquie qui est dirigé par les anciens chefs de guerre, qui sont aujourd’hui pour la plupart en Turquie, et vous avez aussi d’autres mouvements qui sont dans les pays voisins, ainsi que des dizaines et des dizaines de mouvements féministes qui essaient de s’opposer aux talibans.

Et grâce à ces mouvements, heureusement, jusqu’aujourd’hui les talibans ne sont reconnus par aucun pays, que ce soit des pays dans la région, ou en Occident, ils n’ont pas eu de reconnaissance. Mais au bout de 4 ans, aujourd’hui, malheureusement, on voit que toujours, dans différents mouvements afghans – et pourquoi aujourd’hui ? Parce qu’il y a eu beaucoup de pourquoi… Et je vais vous le dire très simplement, il y a un manque de clarté sur l’Afghanistan. Manque de clarté de la part de la communauté internationale, de clarté de la part des talibans qui sont à l’intérieur, de clarté de la part des mouvements afghans qui sont à l’extérieur. Personne n’est clair sur la situation en Afghanistan. Personne n’a une position claire et aussi un programme clair, une vision commune pour l’Afghanistan.

Et du coup, j’invite Monsieur Saleh et aussi les autres mouvements afghans afin que nous nous réunissions pour écrire une feuille de route pour l’Afghanistan. Et là, la partager avec la communauté internationale, et aussi avec les pays voisins. J’ai été dans les pays voisins. La plupart sont d’accord pour intervenir et même parfois sanctionner les talibans pour résoudre ce problème afghan.

Aujourd’hui, on parle des minorités majoritaires : l’Afghanistan est le pays des minorités, vous l’avez très bien dit. Quand on dit majorité, c’est peut-être parce qu’on compte souvent les Pachtounes de l’autre côté de la frontière, les Pachtounes du Pakistan, parce que malheureusement ces interventions étrangères… – la ligne imaginaire de Durand, depuis le problème avec le Pakistan – tant que ce problème ne sera pas réglé avec le Pakistan, on aura toujours ce problème.

Et la question de l’eau avec l’Iran, c’est un très grand problème. Et aussi avec les autres pays voisins… L’avenir de l’Afghanistan, c’est dans la région. Il faut parler avec les pays voisins, il faut parler avec la région, et arrêter de croire que la plupart des pays qui étaient en Afghanistan pour leurs intérêts sont nos alliés. En Afghanistan, on a eu des interventions occidentales plusieurs fois, et pendant ces 20 dernières années ils ont promis beaucoup de choses aux femmes afghanes, mais aussi à la population afghane. Et malheureusement, le peuple afghan a été abandonné par ses propres dirigeants, par ses propres politiques, mais aussi par la communauté internationale. Et du coup, je pense qu’aujourd’hui il est temps que les Afghans se mettent d’accord sur un programme commun. Et, juste une chose, tant que M. Haybatullah Akhundzada le guide suprême des Talibans sera là, il n’y a pas d’avenir pour l’Afghanistan, il n’y aura pas d’avenir pour les négociations afghanes, puisque dans ces négociations il n’y aura pas de femmes, et tant que les femmes et les minorités ne seront pas dans les négociations, il n’y aura pas de résultat à ces négociations.

Et c’est triste de dire cela, mais la seule solution aujourd’hui c’est d’éliminer les réseaux les plus radicaux d’Afghanistan. La guerre n’est pas une solution. Mais aujourd’hui, pour parvenir à une paix durable, pour trouver une vision commune, nous arrivons à parler avec Kaboul, avec les politiques d’ailleurs en Afghanistan, mais malheureusement jamais avec Kandahar. Jamais avec le conseil d’Haybatullah Akhundzada, qui l’entoure, dont les membres sont des extrémistes, des terroristes qui n’ont rien à faire en Afghanistan. La culture qu’ils représentent, ce n’est pas la culture de l’Afghanistan. L’Afghanistan a des milliers d’années d’Histoire et une culture très riche.

Pour conclure, je pense qu’il faut mettre nos différences de côté, et se réunir. Ce que moi j’ai essayé de faire l’année dernière ici, avec vous, d’inviter plus de la moitié d’anciens gouvernements d’Afghanistan en France, à l’Assemblée nationale, mais ici aussi, et les représentants du mouvement d’Ahmad Massoud étaient là, c’était un ancien sénateur et aussi un ancien ministre qui étaient là, et nous avons réussi à rédiger une résolution ensembles pour l’Afghanistan. Je pense qu’il faut le refaire à l’échelle nationale mais aussi internationale, avec des acteurs qui, comme notre amie Madame Lalonde, qui est une très bonne amie, de longue date, de l’Afghanistan, d’avoir aussi des personnes comme Madame Lalonde qui est très intéressée par l’Histoire de l’Afghanistan, mais qui voulait aider aussi, à décrire une vision commune, claire pour l’Afghanistan et de le partager. Et aussi inclure les femmes.

Ces 20 dernières années, les forces étrangères ont échoué. Les politiques afghanes, il faut l’admettre, ont échoué. Et aujourd’hui, ces 20 dernières années, le résultat, c’est une génération éduquée. En Afghanistan, aujourd’hui, une génération éduquée qui est prête demain à diriger l’Afghanistan de façon démocratique et inclusive. Il faut les consulter, il faut les inviter et il faut arrêter de faire les mêmes erreurs. En 2001, on a exclu les Talibans et ils sont revenus plus forts. L’Afghanistan, comme vous l’avez dit Monsieur Corvez tout à l’heure, c’est une réalité. C’est un groupe politique, c’est un groupe aussi armé, très fort, afghan. Ce sont des dizaines de milliers. On ne peut pas les exterminer, on ne peut pas les tuer. Il faut trouver une solution commune. Merci beaucoup.


[1] Prise de 33 capitales de province sur 34.

[2] Le 6 septembre 2021, après s’être emparés de la province du Panjshir, les talibans ont annoncé qu’ils contrôlaient l’ensemble du pays.

[3] En prenant le contrôle total de l’appareil administratif, ils commencent à étendre leur pouvoir dans toutes les sphères du pouvoir y compris judiciaire.

[4] Plus de 1,4 million d’Afghanes réfugiés au Pakistan risquaient d’être renvoyés de force dans leur pays. Selon les chiffres arrêtés en décembre, l’État pakistanais avait ainsi déjà renvoyé plus de 490 891 d’entre eux

[5]  Bennett a été nommé rapporteur spécial en mars 2023 pour suivre la situation des droits humains en Afghanistan. la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) doit s’acquitter pleinement de son mandat, conformément à la résolution n° 2679 du Conseil de sécurité des Nations unies, et notamment de ses activités liées à la protection des droits fondamentaux des femmes et des filles. A noter que son mandat n’a pas été renouvelé lors de la 54 -ème session ordinaire des Nations Unis

[6] Une minorité religieuse est un groupe de personnes qui, sur un territoire précis, a une religion qui n’est pas celle de la majorité de la population. Les Hératis sont les habitants de Hérat, principalement des Aïmaqs et des Tadjiks.

[7] Les Pachtounes sont concentrés dans le Sud et le Sud-Est mais présents dans l’ensemble du pays. Les Tadjiks sont situés dans e Nord et Nord-Est ainsi que dans la région de Kaboul. Les Hazaras sont localisés dans le Centre (Hazaradjat) et dans la région de Kaboul. Les Aïmaqs Farsiwan/Hératis sont vivent principalement dans l’Ouest et Sud de l’Afghanistan. Les Pachtounes : 45,4 %, Tadjiks : 22, %, Hazaras : 9,7 %, Ouzbeks : 8,4 %, Aïmaqs : 5,1 %, Hératis : 3,8 %, Turkmènes : 1,9 %, Brahuis : 1,2 %, Baloutches : 0,6% et Nouristanis :0,6%.

[8] Une population de plus de 42 millions. Le pays est à majorité sunnite.

[9] le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

[10] Le 7 Décembre 2021.

[11] Reuters, Taliban replaces women’s ministry with ministry of virtue and vice, 17 September 2021, https://www.reuters.com/world/asia-pacific/taliban-replaces-womens-ministry-with-ministry-virtue-vice-2021-09-17/

[12] Cette loi avait introduit 22 infractions relatives aux violences sexuelles et liées au genre, parmi lesquelles, notamment, le viol, les coups, ainsi que le mariage forcé et le mariage précoce. Elle érigeait en infraction des violations des droits des femmes telles que les violations des droits à l’éducation, au travail et à bénéficier de services de santé. À cela s’ajoute l’atteinte à la présomption d’innocence et le droit d’avoir un procès équitable (non-respect des règles procédurales selon le code en vigueur).

[13] Les talibans ont également introduit des restrictions sévères concernant l’éducation des femmes et des filles. L’accès aux écoles secondaires et aux universités a été interdit, laissant des milliers de jeunes femmes sans perspective éducative. Les écoles clandestines, où les filles continuent d’apprendre en secret, se multiplient malgré les risques énormes encourus.

[14] BBC News, Afghanistan: Taliban ban women from universities amid condemnation, 21 décembre 2022, https://www.bbc.com/news/world-asia-64045497

[15] Amnesty international- https://www.amnesty.fr/militants-femmes-afghanes.

[16] Avril 2024.

[17] À noter la résolution du Parlement européen du 19 septembre 2024 sur la détérioration de la situation des femmes en Afghanistan du fait de l’adoption récente de la loi sur «la promotion de la vertu et la prévention du vice » (2024/2803(RSP) dans lequel l’Union à soutenir la reconnaissance de l’apartheid sexiste en tant que crime contre l’humanité ;

[18] Décret du 3 décembre 2021 – la loi afghane selon laquelle sont considérées mineures pour le mariage les filles âgées de moins de 16 ans.

[19] Amnesty international.

[20] Deux Hazaras auraient été tués à la frontière entre les districts de Lal wa Srajangal et de Dawlat Yar, dans la province du Ghor- 2023.

[21] Afghanistan : la situation des droits humains Amnesty International.

[22] Entre août 2021 et septembre 2022, ce groupe a mené au moins seize attaques, ciblant principalement la minorité chiite, mais également les talibans.

[23] Le pouvoir afghan interdit toutes relations consenties entre personnes de même sexe. Cette infraction est passible de la peine de mort. Ils font l’objet de discrimination, de violences ciblées ou de détention arbitraire.

[24] Ceux qui ont travaillé avec e précédent gouvernement afghan, en particulier les anciens membres du personnel judiciaire (juges, procureurs, avocats), de la police et des forces de sécurité nationale et leurs familles

[25] Le groupe le plus important reste le Front national de résistance (FNR), mené par le fils du commandant Massoud et basé dans la vallée du Panjshir.

[26] Tous deux dirent : “Ô notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous-mêmes. Et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons très certainement du nombre des perdants- Sourate Al-Araf.

[27] Al imam al-Nawawi, dans son livre intitulé Tahdîb al asmâe wa loughât, Al Khatîb Al-Baghdâdi dans son livre Târîkh Baghdâd (L’histoire de Bagdad) et Al Sakhaoui dans son ouvrage Ad- daw’e allami’ li ahli al qarn attasi’ (Les lumières du ixe siècle) et Omar Réda Kahala, un auteur contemporain, dans son Mou’ajam a’alâm annisa’e (dictionnaire des célébrités féminines)- La femme en islam et son statut dans la société islamique | Cairn.info

[28] Hadith- « Seul un individu généreux se comporte généreusement avec une femme et seul un être ignoble est capable de les humilier «, « elles sont un vêtement pour vous et vous un vêtement pour elles » – Al-Baqara.

[29] Une fatwa est un avis juridique circonstancié et il n’y a aucune obligation de la respecter, ce n’est pas un Qada.

[30] Le mariage est basé sur le consentement, lequel exige que la jeune femme ait atteint l’âge de la maturité et la raison pour qu’il soit valablement donné », a déclaré Juin 2019.

[31] (“La tradition dans l’islam et son intérêt aujourd’hui – Cairn.info”).

[32] Le fiqh Hanafi tire ses lois principalement du Quran, des hadiths (enseignements et pratiques de Muhammad), du consensus (ijma) et du raisonnement analogique (qiyas). Il inclut également la discrétion juristique (istihsan) et les coutumes locales (urf).

[33] Les décisions finales reviennent au Amir al-Mominin Sheikh al-Hadith Hibatullah Akhundzada Sahib- Amir Ul-Mu’minin

[34] En se basant sur d’autres Fiqh autre qu’Hanéfite.

[35] Ouvrage de Alain Coppolani- « Si l’Afghanistan m’était conté »

Amazon.fr : alain coppolani

[36]  Le pays obtient des résultats très faibles dans le classement Doing Business de la Banque Mondiale à cause de ses lourdeurs administratives et de ses faibles infrastructures.

[37] Le produit intérieur brut annuel par habitant est de 368 dollars US. 

[38] Ces injections permettent également indirectement de soutenir la monnaie afghane et d’éviter un effondrement économique.

[39] Chaque année, les habitants remettent un cinquième de leurs revenus.

[40] Des champs de plus de 230 000 hectares ont été répertoriés.

[41] Selon l’index de perception de la corruption de Transparency International l’Afghanistan est classé 165e sur 180 pays.

[42] Conformément à la loi sur l’Investissement privé, qui a été adoptée en 2003 et amendée en 2006, l’Etat afghan s’est engagé à maximiser l’investissement privé et à créer un cadre juridique et une structure administrative pour encourager et protéger les investissements étrangers dans l’économie afghane. Cette loi garantie également le même traitement aux investisseurs étrangers qu’aux investisseurs locaux et elle leur permet d’obtenir des concessions de 50 ans sur des terrains (la propriété foncière n’est pas autorisée pour les étrangers). Les entreprises peuvent être totalement détenues par des étrangers. Les projets de plus de 3 millions de USD doivent être approuvés par le Haut Commission sur l’Investissement (HCI)- https://export.agence-adocc.com/fr/fiches-pays/afghanistan/investir2

[43] L’émirat islamique d’Afghanistan débute en 2022 la construction du canal de Qosh Tepa afin de cultiver une plus grande surface agricole.

[44] La valeur de ces ressources est estimée par les géologues et les experts du ministère américain de la Défense à environ 1 000 milliards de dollars US. Le pays possède l’émeraude, le jade, l’améthyste, l’albâtre, le béryl, le lapis-lazuli, la tourmaline, le rubis, le quartz et le saphir. (“Afghanistan : comment les talibans se financent depuis leur … – BBC”)

[45] Situé dans la province de Logar, cet accord a été conclu pour un bail de 30 ans pour un coût de 3 milliards de dollars. Il s’agit du plus gros investissement étranger en Afghanistan.

[46] e programme DDR (Démobilisation, Désarmement et Réintégration) est soutenu par l’ONU dans divers contextes, visant à réduire la violence, promouvoir la cohésion sociale et faciliter la réintégration des ex-combattants au sein des communautés, tout en s’adaptant aux spécificités locales et en intégrant des initiatives de réduction de la violence communautaire.

[47] La liaison ferroviaire entre la Chine et Hairatan, dans le nord de l’Afghanistan, a été établie en septembre 2016, ce qui permet de transporter des marchandises de l’est de la Chine vers l’Afghanistan en deux semaines, contre six mois par la route

[48] En février 2021, l’Afghanistan a convenu d’une feuille de route avec l’Ouzbékistan et le Pakistan pour un projet ferroviaire qui relierait les trois pays.

[49] Recommandations de la communauté internationale.

[50] Plus de 29 millions d’afghans ont besoin d’aides, 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition.

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