« MADAGASCAR ET LE DÉFI DÉMOCRATIQUE ? »

L’Académie de Géopolitique a organisé un colloque sur le sujet « MADAGASCAR ET LE DÉFI DÉMOCRATIQUE », mardi 25 juin 2024 au 5, rue Conté, 75003 Paris.

État indépendant situé dans une position stratégique – dans l’océan Indien mais proche de l’Afrique dont il est séparé par le canal de Mozambique –, Madagascar a pour ambition de disposer d’une diplomatie audacieuse et équilibrée, au cœur des enjeux régionaux et internationaux. Dans ce cadre, Tananarive sait jouer de l’interaction entre développement économique, social et politique – que permet son système démocratique de gouvernement et d’administration – et les relations extérieures, pour l’établissement de partenariats commerciaux et diplomatiques, notamment avec des grandes puissances (Chine, Inde, etc.), qui viennent enrichir les relations historiques avec la France et développer l’intégration de l’île dans les réseaux d’organisations internationales de coopération (Commission de l’Océan Indien, Association des États riverains de l’océan Indien, Organisation Internationale de la Francophonie, etc.).

Si la pratique démocratique a pu aider à l’insertion du pays dans le système de coopération global, cependant l’influence occidentale sur l’orientation et la nature du système démocratique appliqué pose la question de sa compatibilité avec la pratique locale, que celle-ci soit politique, économique ou culturelle, ainsi que la question de la capacité de la société malgache à accepter une dépossession culturelle pour prix du développement et de l’insertion de l’île dans les normes internationales, encore essentiellement occidentales, et alors que n’a pas encore été tenté un développement démocratique propre à l’identité malgache. Tous ces sujets ont nourri la réflexion et les débats des intervenants durant ce colloque.

Madame Rojontsoa T. RANAIVOARISOA, Chercheuse associée à l’Académie de Géopolitique de Paris et Vice-présidente du CLUB 1808, est intervenue sur le sujet : « La diplomatie et la démocratie au service de la République malgache ».

Dans son intervention, Madame Ranaivoarisoa a exploré les interconnexions essentielles entre une politique étrangère proactive et le renforcement des institutions démocratiques pour assurer la stabilité et le développement de Madagascar. Elle a notamment souligné l’importance d’une diplomatie efficace en vue d’attirer le soutien international, promouvoir les investissements étrangers et renforcer la position du pays sur la scène mondiale. Parallèlement, son intervention a mis en évidence des moyens de consolider la démocratie interne en améliorant la transparence, la participation citoyenne et la responsabilité des institutions publiques, afin de mettre en lumière les défis actuels tout en proposant des stratégies concrètes pour harmoniser les efforts diplomatiques et démocratiques et soutenir une république forte et prospère.

Madagascar avait déjà sa propre démocratie avant l’avènement de la démocratie occidentale. Dans ce cas, ce n’est pas la démocratie en sa forme qui n’est pas compatible avec la société malgache, mais la façon de l’instaurer et de l’imposer face à l’état d’esprit des citoyens. Là où la démocratie existe, la démocratie s’est construite par étapes successives et souvent difficiles. Elle a été marquée par des avancées et des reculs, ayant permis à des transformations d’ordre général (économiques, sociales, culturelles). Aussi, la démocratie est devenue un facteur fondamental pour le développement durable d’un pays, et représente la meilleure garantie contre l’instabilité économique, aussi bien au niveau national qu’international. L’État, par son gouvernement agit également dans cette direction, sous forme de contrat : aide ou adhésion d’un côté / démocratisation de l’autre, à l’égard de divers partenariats effectifs avec des organisations et acteurs internationaux. La diplomatie permet de remettre en marche les systèmes d’avancement et de rayonnement d’un pays, d’une Nation ; et la démocratie agit pour la constitution de la République.

Monsieur Philippe RAJAONA, Sociologue, Analyste politique et acteur de la diaspora malagasy, est intervenu sur le sujet : « Démocratie et République à Madagascar : entraves et perspectives ».

Cette intervention avait pour objet de développer les notions de République, de Démocratie, et leurs modes d’application à travers l’histoire récente de Madagascar, depuis l’indépendance. Comment les choix politique successifs se sont-ils éloignés des idéaux d’une Res Publica ou d’un Demos Kratos ? Comment la praxis politique favorisant une capture oligarchique de l’économie et du fonctionnement des institutions a rendu systémiques des entraves structurelles et culturelles ? Comment le citoyen, rural comme urbain, se retrouve extorqué de ses droits civiques et réduit à démissionner de ses devoirs ? Quelles seraient alors les perspectives pour une éducation citoyenne et un renversement de la tendance, afin que la Chose Publique ne fasse plus l’objet d’accaparation privée, pour qu’une gouvernance décentralisée s’émancipe du présidentialisme monocratique, pour que les institutions deviennent fortes et puissent exercer leur rôle de contre-pouvoir, pour que l’économie ne soit plus l’otage de la politique ? Tous ces éléments sont à mettre en perspective avec la culture et l’identité malagasy, elles- mêmes vectrices de blocages et de solutions intégrées. L’avenir et le rôle géopolitiques de Madagascar en dépendent.

Monsieur Misa RAZAFINDRAKOTO, Doctorant en Droit à l’Université Toulouse 1 Capitole, Magistrat Administratif, Commissaire de la loi au Conseil d’État de Madagascar et Ancien Secrétaire Général Adjoint du Gouvernement, s’est exprimé sur le sujet : « La gouvernance démocratique à Madagascar ».

Cette intervention avait pour but d’explorer les enjeux cruciaux et les opportunités liés à l’amélioration de la gouvernance démocratique à Madagascar. Monsieur Razafindrakoto a analysé les défis actuels, notamment la corruption, l’instabilité politique et les insuffisances institutionnelles entravant le fonctionnement efficace de la démocratie, et il a ensuite présenté les moyens de renforcer la transparence, la responsabilité et la participation citoyenne à Madagascar, en mettant en avant des réformes institutionnelles et des initiatives pour promouvoir une culture de gouvernance démocratique. L’intervenant a également exploré les rôles des différents acteurs, locaux et internationaux, dans le soutien aux efforts de gouvernance, insistant sur la nécessité d’une collaboration étroite en vue d’instaurer une démocratie stable, inclusive et durable à Madagascar.

DÉBAT / QUESTIONS DU PUBLIC

Monsieur Ali RASTBEEN, Président de l’Académie de Géopolitique de Paris

Merci beaucoup pour cette analyse fort pertinente. Avez-vous des questions ?

Monsieur Erick RAKOTOZAK

Oui, merci, M. Le président. Merci madame. J’ai une question pour madame. Vous avez parlé d’un piège, je n’ai pas trop compris, auquel nous étions…, contrairement à Philippe Rajaona, que je suis content de voir aujourd’hui, qui fait partie des acteurs, (…) des personnes qui sont dans la critique positive. Je pense que parler malgache (…) Que la langue malgache est une langue qui s’adresse à l’âme et au cœur, mais que la cœur n’est pas forcément malgache et on ne peut pas être insensible à ce que dit monsieur sur la déliquescence, sur la dégradation de ce qu’il se passe, et nous parlerons du régime, de la démocratie et de la République. Donc ma question pour madame, c’est pour reprécisjelbouer ce piège dans lequel Madagascar et peut-être d’autres pays sont entrés, puis cette relation qu’il y a entre l’Occident, pour ne pas dire les anciens colonisateurs, et ces nouveaux pays qui aspirent à au développement. Je ne terminerai pas autrement que par ce constat de déliquescence, et que peut-être il est temps – non pas qu’il est temps, mais que les malgaches en ont toujours parlé et Philippe Rajaona en a encore parlé tout à l’heure. On a beaucoup parlé d’inspiration personnes, Alexis de Tocqueville, le régime jusqu’à Barack Obama, et je pense qu’il est important que dans l’éducation des citoyens malgaches, on parle également de ne pas mettre en parallèle la monarchie et la dictature. S’il y a une dédicace actuellement de la démocratie et de la république à Madagascar, c’est peut-être aussi, et ça, je reprends ce que vous dites monsieur, c’est que la société malgache est marquée par la hiérarchie, la sacré, la religion, la croyance, le (…) et donc le malgache est profondément ancré dans son histoire, et il faudrait peut-être revenir sur une grande étape qui a été créé par (…).

Madame Rojontsoa T. RANAIVOARISOA

Effectivement, j’ai parlé tout à l’heure des pièges politiques que de Madagascar a vécu , avec sa coopération avec la France. J’ai pris l’exemple de la démocratisation, puisqu’on a parlé de plusieurs pièges politiques. Mais là, on a parlé de la démocratisation. Pourquoi la démocratisation est-elle considérée comme un piège politique pour les malgaches ? Je dirais bien que c’est un piège qui a entrainé un revirement dans la vie politique, vis—à-vis des influences des pays occidentaux, notamment la France. Je ne sais pas si j’ai pu répondre à votre question.

Madame Christine HOLZBAUER, Journaliste.

Oui, bonjour. Je ne m’étais pas présenté tout à l’heure, je suis journaliste, je suis dans le présent, mais j’ai vraiment écouté avec beaucoup d’intérêt vos présentations sur Madagascar. Alors moi, j’ai envie de vous poser la question à tous les trois, sur qu’est-ce que serait le régime idéal à Madagascar, en fonction de ce que vous avez exposé, chacun d’entre vous ? Est ce qu’il faudrait, comme faisait allusion monsieur mon prédécesseur, revenir à un régime plutôt fondé sur une monarchie, fut-elle constitutionnelle ? Ça existe dans le monde, alors est ce que Madagascar aurait ce modèle en boutique ? Ou bien autre chose ? Et j’attends vos réponses avec intérêt.

Philippe RAJAONA, Sociologue, Analyste politique, Acteur de la diaspora malgache

Merci pour cette question. Saura-t-on y répondre aujourd’hui ? Je ne sais pas, mais si je peux m’avancer, je dirais qu’en fait, la grande problématique, fondamentale, de Madagascar, c’est la maîtrise de l’économie, de la richesse, de la redistribution équitable de la richesse. On dit que Madagascar est riche, mais la population est pauvre. Donc il y a cette problématique. Après, en ce qui concerne le mode de gouvernance, je dirais, comme je disais tout à l’heure, que même si on a notre gouvernance actuelle, qu’on va dire, les gens vivent à leur faim, que la sécurité est là, que tous les besoins primaires (…) soient respectés, si le pays n’est pas enclavé – car actuellement nous avons des déserts démocratiques, des déserts médicaux, on a un enclavement partout. C’est parce que nous n’avons pas de richesses. Nous n’avons pas un système qui permettrait de créer de la richesse. Je parlais de chrématistique tout à l’heure, versus l’économie. Et moi je pense que les désirs de la population – on parle d’émotion et de cœur –, tous les slogans utilisés par les partis politiques, on parlait des partis politiques et des éducations, ils ont en fait un sens, mais qu’on pourrait améliorer. Par exemple, on dit (…) : c’est-à-dire « on lutte pour le pouvoir du petit peuple », mais on pourrait ajouter (…) : « … ». On dit : « c’est le travail qui est témoin ». Et on devrait ajouter « économique ». Et ainsi de suite. Il y a tellement de slogans chez nous, mais il n’y pas cette continuité, on est dans les idéaux, dans la philosophie, mais on n’est pas dans la maîtrise de l’économie. C’est pour ça que les grandes multinationales, comme il y a un vide, comme il y a même une course aux pourcentages dans les négociations des gros contrats, on préfère contrat de téléphérique qui est payé par le contribuable français, mais payé maintenant par le contribuable malgache, au lieu d’un projet structurant qui permette d’avoir une économie. Alors est-ce que le système existe ? Il existera plus on se rapproche des territoires. Donc là aussi, il y a la notion de décentralisation qui est très importante. Il y a une différence entre monarchie et monocratie : Monocratie, c’est quand quelqu’un s’accapare de tout, enfin son groupe tout autour, ses captures oligarchiques, c’est quand il n’y a pas d’interaction avec des contre-pouvoirs, et surtout quand tout est centralisé. Actuellement, tout est centralisé à Tananarive, la capitale. Et même si on parle de (…) c’est une oligarchie composée de côtiers et de (…) qui fait cette capture dans cette capitale et qui dirigent tous les pays, mais au détriment des avantages économiques de la population du territoire. Et moi, je pense que le meilleur système c’est de permettre aux gens de produire dans la sécurité, de créer de la richesse. Enrichissez-vous les malgaches, mais enrichissons-nous proprement. C’est peut-être ça, la solution. Alors comment faire ? La question est posée.

Madame Christine HOLZBAUER, Journaliste.

Alors, monarchie ou pas monarchie ?

Misa RAZAFINDRAKOTO, Doctorant en droit (Université Toulouse-1 Capitole), Magistrat administratif, Commissaire de la loi au Conseil d’État de Madagascar et ancien Secrétaire Général adjoint du gouvernement.

À mon sens, je suis une personne qui est déjà engagée et profondément convaincue dans la promotion des droits et des libertés fondamentaux. On peut dire que, d’une certaine façon, eu égard aux contraintes et puis aux tiraillements, que ces droits et ces libertés fondamentaux, au moins certains d’entre eux, ne reflètent pas la culture malgache, mais à l’allure où vont les choses – et d’ailleurs, l’histoire le reflète – c’est que la plupart de nos gouvernants, et tout comme l’aspiration de la population en général, tendent les deux, tendent les deux et convergent finalement vers des aspects de ces droits et de ces libertés fondamentaux. Je donne un exemple comme ça : Madagascar est un pays ou la majorité de la population vit de l’agriculture. Mais lorsqu’on parle de l’agriculture, il y a là une déclinaison de la philosophie des droits et des libertés fondamentaux, inhérents à la vie, la fondamentalité du sujet de droit, mais aussi à la dignité de la personne humaine, parce que le rapport de l’homme pour pouvoir vivre, eh bien il y a la terre, et l’ensemble des projets, des programmes sont, et cela me semble logique, si Madagascar est un pays à vocation agricole, que les politiques (moyennant par exemple les configurations de décentralisation), mais soutenue par une vision assez solide, fiable, dans les documents stratégiques de réduction de la pauvreté, et de croissance, il faut que les politiques convergent vers la promotion de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Donc finalement, est-ce que la culture malgache qui, soi-disant réfute comme n’étant pas de sa culture ces aspects des droits et des libertés fondamentaux, est ce que cette culture malgache est antinomique avec ce procédé finalement démocratique ? Donc moi, je pense que c’est vraiment dans ce sens de la de la promotion des droits et des libertés fondamentaux que l’ensemble des documents stratégiques, que les visions, doivent converger.  Ce qui a aussi un avantage, c’est que Madagascar est un pays qui, en raison du vide (il n’y a pas seulement les militaires, il n’y a pas seulement la religion), et en en raison du vide, Madagascar est naturellement amenée à suivre et à respecter les conditionnalités des institutions financières internationales. Mais qu’est-ce qu’il y a derrière ces institutions financières internationales, au-delà des enjeux de leur calendrier, parce qu’ils ont aussi ont des calendrier ? Eh bien, ce qu’il y a derrière ces institutions-là sont quand même des principes et des valeurs qui nous sont communs. C’est-à-dire que lorsqu’on parle des critères de promotion de la croissance, par exemple des critères de stabilisation de l’économie, on parle au travers de ces institutions-là, de l’agriculture de l’éducation, c’est à dire du renforcement du capital humain, des infrastructures, et quand je dis infrastructure, ce sont des infrastructures structurantes que je parle, comme le disait notre ancien président, qui disait qu’il faut investir dans les infrastructures, et les infrastructures ce n’est pas des stades. Pourquoi? Parce que ce sont des infrastructures, les stades, les téléphérique et autres, qui induisent un déficit insupportable pour les pays. Imaginez 152 millions d’euros à payer par les malgaches. Moi, je suis à Toulouse actuellement. Je vois bien le téléphérique de Toulouse, que c’est commencé. Il y a eu plusieurs dizaines de personnes qui peuvent aller dessus. L’investissement de l’État est assez faible, mais c’est surtout les territoires qui investissent dedans. Et à Madagascar avec un coup qui est beaucoup plus, car avec les coûts, les transactions et tout… Ici, l’investissement c’est, si je ne me trompe pas, de l’ordre de 80 ou un peu plus millions d’euros. À Madagascar maintenant, la dette c’est 152. Et je parle juste de ça parce que ça fait le buzz dans l’actualité, mais je pense qu’au moment de l’élaboration de ces documents, de stratégie de réduction de la pauvreté, de ces documents pluriannuels de programmation budgétaire et économique, il faut que les autorités intègrent les dépenses qui sont conformes à une vision d’investissement dans le sens de la croissance, mais l’ensemble convergeant vers le respect des droits et des libertés fondamentaux. Voilà ma vision.

Odile MOJON-CHEMINADE, Institut Schiller et candidate aux élections législatives 2024 (2ème circonscription des français de l’étranger)

Merci beaucoup, j’ai trouvé ça tout à fait passionnant. Je dois dire, oui, effectivement, je suis candidate pour la deuxième circonscription des français l’étranger. C’est une circonscription qui, je dois dire est tout à fait immense, vu qu’il y a 49 pays et dont Madagascar. Et, en réalité, j’ai choisi justement (ça regroupe un certain nombre de thèmes qui ont été abordés ici). Bien sûr, là il s’agit d’une édition qui concerne les français à l’étranger, on est bien d’accord, et donc effectivement je m’adresse à ces français, pour leur dire : vous, qui êtes à Madagascar, vous qui êtes dans ces 49 pays, qu’est ce qui peut vraiment changer ? Parce que si on regarde, je ne veux pas rentrer dans les détails de ce qui est dit dans ces élections mais il faut dire que généralement les élections pour les français à l’étranger, ça porte très souvent sur les conditions fiscales, sur les conditions administratives, sur les conditions, on pourra dire techniques, qui concernent les français de l’étranger et sont tout à fait légitimes, au demeurant, mais qui reviennent constamment sans que de toute façon il y ait de changement. Qu’est-ce que doit être la politique étrangère de la France ? Un vrai renouvellement de la politique étrangère de la France, et j’ai appelé d’ailleurs ma campagne « main dans la main avec le Sud planétaire » pour annoncer la couleur, parce que c’est ce qui est en train de se passer à l’heure actuelle, c’est à dire qu’il y a un changement je dirais tectonique qui est en train de s’opérer, et dont la France (parce qu’on a une classe politique qui est quand même assez largement faut reconnaître dans le déni de réalité), eh bien on fait l’impasse là-dessus pendant que le monde est en train de se bâtir, et qu’on est encore en train de discuter, et pas que, de choses qui ne sont pas en lien avec cette réalité, mais plus grave encore, la seule locomotive, si je puis dire, politique, à l’heure actuelle, et ce dont on entend parler, c’est plus toute la question de la guerre, comment on va avoir une économie de guerre. Donc si vous voulez, ce n’est pas un projet très porteur. Il faut quand même se rappeler qu’en 2022, lorsqu’il était au salon Eurosatory, Emmanuel Macron lui-même a dit que la France devait se préparer a être dans une économie de guerre. Donc quand on dit ça, ce n’est vraiment pas neutre, c’est quelque chose qui tout à fait énorme, c’est assez monstrueux, et pourtant, c’est quelque chose qui est passé largement inaperçu. Et aujourd’hui, on met beaucoup d’argent pour la défense, pour l’achat d’armes, l’achat d’armes au sol, soit-dit en passant pour l’Ukraine, et à côté de ça on a une politique étrangère qui est vraiment indigente, pour dire le moins. Et c’est grave parce que j’ai coutume de dire que la France manque au monde. Et je pense que là, c’est absolument le cas, quels que soient ses errements colonialistes et autres – parce qu’ils existent, c’est absolument incontestable – mais il y a malgré tout un certain capital sympathie qui existe et qui devrait être saisi dans les plus brefs délais avant qu’il ne soit trop tard. Je trouve Madagascar, et je vous en remercie parce que comme je l’ai dit c’est une circonscription énorme et c’est difficile, on ne peut pas vraiment être expert dans tous les pays qui sont là. Donc pour moi, ça m’ouvre beaucoup de compréhension sur le rôle que peut jouer Madagascar. Et j’aurais justement envie de vous poser une question par rapport à ça, parce qu’une des choses sur lesquelles j’insiste beaucoup quand je parle de « main dans la main avec le Sud planétaire, c’est justement d’avoir une coopération (mais vous direz, sur la coopération : on a ministère de la Coopération et ça n’est pas pour qu’on ne fasse rien, et vous l’avez fort bien décrit, mais entre faire des petits projets, distiller par ci, par là, quelques millions pour des projets qui n’ont aucun intérêt, et avoir une vraie politique autour de projets structurants, ça, c’est quelque chose de différent. Et c’est quelque chose qui pourrait justement mobiliser les français qui sont à l’étranger. Et donc la question que je voulais vous poser à tous les trois, parce que vous avez évoqué chacun à votre tour certains éléments dont j’approche. Monsieur Rajaona, vous avez fait référence à Xi Jinping, et le fait que Madagascar est sur la route du One Belt One Road (nouvelles routes de la soie chinoises). Donc je trouve cela très intéressant, et je voudrais savoir par rapport à ça, s’il y a, justement – parce que là il y a un projet structurant absolument extraordinaire dans lequel il y beaucoup de pays, et cinq nouveaux membres ont rejoint les BRICS en août dernier (Égypte, Éthiopie, Arabie Saoudite et Émirats arabes unis) et d’autres, mais en tout cas il y en a quatre nouveaux qui concernent ma circonscription. Et donc justement, je me posais la question : dans quelle mesure est-ce que Madagascar s’est tournée vers ce projet ? Ça, c’est la première question, et l’autre, c’est un autre volet mais c’est en réalité la même question : Celle des lien de Madagascar avec Afrique. Parce que là, vous avez bien décrit, madame, à quel point Madagascar est totalement liée avec l’économie française, qui occupe vraiment la place. Comment elle est aussi contrôlée, d’après ce que vous avez dit, par des intérêts financiers, en tout cas par une présence étrangère très forte. Oui, on pourra dire financière, je crois que c’est le mot que vous avez employé si je m’en souviens bien. Comment justement arriver à ce qu’il y ait quelque chose qui structure, un projet, et qu’est-ce qu’il en est justement des liens qu’il pourrait y avoir avec l’Afrique ? Est-ce qu’il y a déjà des choses qui existent, des partenariats avec les pays africains, et dans quelle mesure il y a des perspectives dans ce domaine-là ?

Madame Rojontsoa T. RANAIVOARISOA

J’aimerais bien répondre à la question : Quel est le lien entre Madagascar et l’Afrique ? Ne parlons pas de la position de Madagascar dans l’océan Indien, mais il y a aussi ce lien culturel, ce fort lien culturel qui lie Madagascar à l’Afrique et qui peut bien servir d’ouverture du rayonnement futur de Madagascar à l’international. Si on ne peut pas rayonner politiquement et économiquement, peut être que ce lien culturel entre le Grand continent et la quatrième plus grande île du monde, ça pourrait donner une grande évolution dans le développement des pays du grand sud. 

Misa RAZAFINDRAKOTO, Doctorant en droit (Université Toulouse-1 Capitole), Magistrat administratif, Commissaire de la loi au Conseil d’État de Madagascar et ancien Secrétaire Général adjoint du gouvernement.

Par rapport au partenariat bilatéral : effectivement, la France est le premier partenaire bilatéral de Madagascar. C’est peut-être sur cet angle-là que je vais parler. Le contexte, et pas seulement à Madagascar, c’est qu’un certain nombre des préoccupations des populations ne trouvent pas de réponse positive de la part des autorités. Et à Madagascar il y a, c’est quelque chose de naturel eu égard à l’histoire et peut-être aussi au traumatisme de cette histoire-là, je parle en termes de legs de l’histoire, d’ancienne colonie, et la population malgache essaie d’une certaine façon d’aller (…) vers, je ne sais pas si je peux dire, « 4ème indépendance ». La deuxième, j’en avais parlé tout à l’heure, c’était Françoise Blum. Mais la question, à mon sens, ce que moi je dis c’est qu’il n’y a pas lieu de déstructurer et de déconstruire. Il y a lieu de capitaliser les acquis afin de tirer des bénéfices dans un mode, un système gagnant-gagnant. Donc à mon sens, s’il y a des concertations dans un cadre diplomatique (je ne suis pas légitime à entrer dans ce domaine, mais là, les concertations, tout comme l’élaboration des documents stratégiques et des autres projets dans un cadre bilatéral), eh bien il faut à mon sens que les projets, les appuis en termes financiers et de prêts et autres, cadrent avec les besoins réels de la population de Madagascar, pour que ça ne soit pas imposé de l’extérieur au vu d’une rationalité qui répond plutôt aux préoccupations des partenaires. Et il y a beaucoup d’amalgames aussi, je ne sais pas si je peux parler aussi de cela, de la question de la nationalité, par exemple, de notre chef d’État actuellement. Il y beaucoup d’amalgames. Pourquoi ? Il y a de l’amalgame, et vous pouvez poser la question même, ou dire à la diaspora en France, mais personne, surtout les diasporas, les membres de la diaspora en France ne voudraient pas mettre fin à cette relation historique entre la France et Madagascar. Ce n’est pas possible ça. Et ce n’est pas ça l’objet. Le problème se pose juste dans une question de respect et de considération. Comme quoi, à Madagascar, la seule nation dans le monde ou l’incarnation de la souveraineté nationale, l’incarnation de l’indépendance nationale, où cette personne dispose de la nationalité d’un autre État. Et ça, ça crée de l’amalgame parce qu’après, lorsqu’on pousse les discussions au bout, ça devient de la xénophobie ou de la francophobie, ou du french bashing. Mais la question n’est pas là du tout. La question, à mon sens, elle est d’ailleurs même ailleurs : là, il y a l’agression de l’Ukraine par la Russie, regardez la position des autorités malgaches par rapport à ça. Ils se sont abstenus. Non seulement il y a des amalgames, mais des contradictions. Non seulement Madagascar est membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie, que la plupart des malgaches qui ont connu l’éducation sont francophones, il y a bien sûr l’ouverture sur le monde qui permet à Madagascar de rechercher ses intérêts, mais là où ces intérêts concordent avec cette rhétorique évoquée tout à l’heure, des droits et des libertés fondamentaux. Donc je suis peut-être un peu long mais moi, je le vois, la capitalisation des acquis il y a beaucoup de projets qui marchent déjà, et d’ailleurs, j’ai parlé tout à l’heure de l’agriculture, mais tout ce qui touche le domaine de l’agriculture, de la promotion de l’énergie verte, et tout cela ce sont des secteurs porteurs. Et il y a beaucoup à faire sur ces terrains-là. Il y a des organisations de la société civile qui essayent d’agir, non seulement dans la formation de la conscience citoyenne des habitants, mais aussi de la formation de la conscience politique des citoyens, et si je ne me trompe pas, il y a un partenariat assez solide au travers notamment de l’Agence française de développement. Donc il y a des structures et un lien assez fort qui gagneraient à être capitalisés.

Ali RASTBEEN

 Vous avez quelque chose à ajouter ?

Philippe RAJAONA, Sociologue, Analyste politique, Acteur de la diaspora malgache

Faire l’Histoire, ne pas la subir. On a entendu ça, certainement dans l’allocution du président Emmanuel Macron lors de la dissolution. Mais c’est un mot clé, dans le livre rouge dont j’ai parlé tout à l’heure, à Madagascar : faire l’histoire pour ne pas la subir. Et en fait, ce qu’il se passe actuellement, c’est qu’on a eu une époque où on parlait des affaires africaines et malgaches. l’Union africaine au tout début, ça s’appelait l’UAM (Union africaine et malgache). On a eu la période de l’OCAMM (Organisation commune africaine et malgache, et mauriciennes). Actuellement, si on parle des routes de la soie, Madagascar, si on regarde le projet du président actuel qui s’appelle l’IEM (Initiative pour l’émergence de Madagascar) on parle de l’ASEAN. Et jamais, on n’en parle dans la politique étrangère actuelle. Ce n’est même pas une volonté d’adhérer. On fait partie de la SADEC, on fait partie de la COMESA, on fait partie du COI, on appartient au libre-échange économique, mais à chaque fois qu’on est en interaction avec eux, l’Afrique est toute proche, c’est quand il y a une crise à Madagascar, où on applique le principe de subsidiarité, où c’est la SADEC qui gère le cas de Madagascar avant de monter au niveau Union Africaine, Union Européenne, etc. Mais c’est toujours la France qui est l’interlocuteur privilégié, adossé par les États-Unis. C’est comme ça que les choses se passent. Donc est-ce qu’il y a une politique ? Peut-être, mais on ne montre pas où on veut aller.

BEBOARIMISA, Ancien ministre, Président fondateur de l’ONG « bâtir la République »

Merci de m’avoir donné la parole, c’est vraiment intéressant, merci aussi aux intervenants. Pour ma part, j’ai remarqué qu’on a surtout parlé de systèmes et de structure, mais on n’a pas parlé assez des hommes. Et ça, je pense que c’est fondamental parce qu’on a besoin de bâtir la République mais on a besoin des bâtisseurs, sans qui rien ne sera bâti. Je trouve cela dommage qu’on disait tout à l’heure que la nature a horreur du vide et qu’on critique ce qu’il se passe aujourd’hui, mais c’est aussi en partie notre faute, parce qu’on ne s’engage pas, parce qu’on abandonne ça, et quand c’est les autres qui notre place, si je peux dire les choses ainsi. On parlait de statistiques, 25 % de participation, etc. on parlait d’engagement, mais je pense qu’il y a plutôt un désengagement, et que le monde se met dans une case qu’on appelle la majorité silencieuse. Ce n’est plus les militaires qu’on appelle maintenant grande muette, mais c’est plutôt les élites, qui se cachent bien, en se disant « ok, on est conservés, mais on ne s’engage pas ». Donc moi, ma préoccupation est d’abord, ce que je trouve formidable c’est qu’il y a des académie comme votre institution qui préparent quand même des sujets de formation fort intéressants. Je disais tout à l’heure qu’il y au moins 4000 étudiants qui viennent en France pour se former. Et j’ai envie de paraphraser un peu la citation de Barack Obama, quand il disait que nous n’avons pas besoin d’hommes forts, mais plutôt d’institutions fortes. Pour moi, c’est plutôt les besoins d’hommes et de femmes, pas forts mais formés, pour le pays, et qu’on puisse prendre nos responsabilités, s’engager vaillamment et que l’idée de (…) Mario, quand il a dit qu’il faut, dans un parti politique ou même peu importe l’organisation, avoir trois présidentiables, et dix premiers-ministrables, et 100 ministrables, et c’est vraiment l’enjeu. Quand on arrive à un poste donné, et ce n’est pas uniquement au niveau de la présidence (…).On est nommé ministre : rien que pour former son cabinet et trouver les personnes qu’il faut pour être directeur général ou directeur, je peux vous dire qu’il fallait le faire ! Soit les élites étaient placées au niveau des ONG internationales, etc. donc ils sont payés au tarif, au niveau international, et c’est difficile pour nous de les débaucher, de leur dire « venez dans l’administration », parce que déjà le cap au niveau du salaire déjà, c’est énorme. Donc moi ma préoccupation, c’est ça, c’est comment faire pour que nous, soi-disant les élites formées, qu’on prenne les engagements, qu’on ne laisse pas ça aux autres et qu’on essaie justement de rassembler, de faire en sorte que tous ceux qui ont ce feu en soi et qui ont envie de contribuer justement au développement du pays puissent au moins vraiment s’engager et aussi avoir ce sens du devoir. J’ai eu envie de rajouter cela parce que le pays en a besoin.

Ali RASTBEEN

Merci beaucoup pour votre remarque, monsieur le ministre.

Bertrand RAMAROSON, Consultant.

Merci. Dans le point du ministre, on m’a coupé la parole mais juste par rapport à ça je voulais voir votre analyse des choses peut-être, vous proposer une autre analyse des choses. Le problème ça n’est pas la nationalité (…) ça n’est pas l’incompétence. Le problème, c’est surtout une prise de conscience individuelle qui n’est pas là, la notion de bien commun n’est plus à l’ordre du jour. La notion d’intégrité n’est plus à l’ordre du jour. Donc c’est tout ça. La notion d’inclusion n’est plus à l’ordre du jour. Donc tout système qu’on peut avoir, monarchie, tout ce qu’on veut, n’a aucun sens si les hommes qui vont la faire vivre (…) si nous ne sommes pas conscients de ce bien commun-là. C’est ça qui manque actuellement à mon avis. Comment faire pour que tout cela revienne ? Il y a l’engagement, il y a les partis politiques, tout cet engagement-là qui est quand même complètement à côté actuellement, car évidemment comme on dit chez les malgaches quand l’affamé, l’exclu divague… Donc c’est ça. Donc il y a tout un ensemble de choses qui me semblent importantes avant de penser, parce qu’on a tous souvenir à l’époque de la première république, quand on a donné les pleins pouvoirs au général Ramanantsoa. À cette époque, on a dit : « le gouvernement des techniciens ». Ça n’a pas marché, je suis désolé. Tous les polytechniciens qui sont là, tous les X, toutes les écoles de commerce qui arrivent à Madagascar et qui sont là. Ça n’a pas marché, je suis désolé. Donc il y a vraiment un problème de prise de conscience. La comète n’est pas là quoi. On est plutôt dans le court-termisme, mais jamais dans bâtir une nation, bâtir un État. Voilà ce que je voulais ajouter.

Monsieur Mohamed Larbi HAOUAT, Chercheur-associé à l’Académie de Géopolitique de Paris & IPSE

Je pense que le problème de Madagascar n’est pas l’intégration dans les institutions internationales. Elle fait partie de l’union africaine. Elle fait partie de l’OIF. Elle fait partie de l’AUF, c’est-dire-dire l’agence universelle de la francophonie. Elle fait partie de l’AIMF, c’est-à-dire l’agence internationale des maires francophones. Mais le problème n’est pas là. Le problème est dans la matière première. La matière première est entre les mains des occidentaux. Voilà tout le problème. Et ces occidentaux prennent la richesse de Madagascar et ramènent tout en Occident, et rien pour les autochtones. Voilà tout le problème. Si on essaye, par le biais des impôts (il faut essayer de revoir le système des impôts), pour que ces firmes multinationales déversent un pourcentage… Sinon ils s’enrichissent, voilà un enrichissement sans cause. Voilà tout. Si on essaie de trouver le mécanisme pour réduire la richesse de ces multinationales… En plus c’est rentable même pour eux, des routes, pour l’eau, même pour leur familles. Mais eux, l’essentiel, c’est faire partir des richesses et s’enrichir sans cause.

Ali RASTBEEN

Merci beaucoup. Et pourquoi pas des nationalisations ?

Bruno RAKOTOARISOA, Retraité.

Moi, j’aurais voulu tout simplement parler un peu de l’actualité. Actuellement, malgré tous les vœux pieux et comme monsieur a parlé tout à l’heure d’une certaine authentification à Madagascar, et madame a soulevé des problèmes sur les nouvelles relations, etc. Mais actuellement, on a quelque chose qui se passe en France : les deux élections du 30 et du 7 juillet, dans lesquelles il y a un parti politique qui est très fort, qui peut prendre jusqu’à 250 places dans l’hémicycle, et je ne pense pas que ce parti politique résonne comme avant. Il y aura quelque chose qui va changer, qu’on le veuille ou non, ne serait-ce tout simplement qu’au niveau du droit du sol, de la double-nationalité. Ils ont parlé de ça. Et d’ailleurs, je vous ai titillé un peu par rapport à mon post l’autre jour, c’est qu’effectivement, vous, au sein du bureau de la diaspora… je ne dirais pas que vous ne vous occupez pas des malgaches, mais qu’il suffit simplement que vous preniez votre ordinateur, que vous regardiez ce que pensent les malgaches qui sont dans des situations très, très précaires sur le plan administratif ici. Il y a une crainte qui est là. Je donne un exemple : pas plus tard qu’il y a quelques jours, j’ai discuté avec un chauffeur-livreur et qui m’a dit : « tu sais, avec tout ce qu’il se passe là, tu crois qu’on va me régulariser le papier ? », parce qu’il a un papier temporaire de trois mois. Oui, il n’est pas le seul. Il y en a beaucoup comme ça. Je vais lire la charte que vous avez signée avec le MAE (Ministère des Affaires étrangères), où il est stipulé que vous avez, non pas l’obligation d’agir mais une obligation d’aider les malgaches qui sont là, dans leurs démarches et leur information de manière générale. Je pense que vous aurez beaucoup de boulot avec tout ce qu’il va se passer maintenant !

Philippe RAJAONA, Sociologue, Analyste politique, Acteur de la diaspora malgache

Je demande juste une précision. De quoi s’agit-il, un bureau de la diaspora ? (…) je ne fais pas partie (…) rôle de l’ambassade.

Bruno RAKOTOARISOA, Retraité.

Je m’en excuse. Mais qu’est-ce qui est marqué là ?

Philippe RAJAONA, Sociologue, Analyste politique, Acteur de la diaspora malgache

« Acteur de la diaspora malgache ». Acteur, c’est membre de la diaspora.

Bruno RAKOTOARISOA.

Ah, je m’en excuse alors.

Philippe RAJAONA, Sociologue, Analyste politique, Acteur de la diaspora malgache

Alors par contre, nous sommes d’accord que le corps consulaire, l’ambassade, ont des rôles par rapport au (…) qui ne sont peut-être pas encore à la hauteur des besoins.

Madame Christine HOLZBAUER, Journaliste.

Si vous me permettez de rebondir, je vais en profiter, puisque nous avons une élue.

Odile MOJON-CHEMINADE, Institut Schiller et candidate aux élections législatives 2024 (2ème circonscription des français de l’étranger)

Je ne suis pas élue, je suis candidate.

Madame Christine HOLZBAUER, Journaliste.

Future élue ! Je vous le souhaite, en tout cas. Pour une grosse reconstruction effectivement. Mais alors j’ai regardé Google, là, pendant que vous commenciez à parler, je vois que la communauté malgache est la plus importante communauté africaine de France, avec 140 000 âmes. Donc voilà, parlons d’âmes. C’est quand même assez énorme, et ça fait beaucoup de binationaux, si je ne m’abuse. C’est quand même, comment dirais-je, une « cible électorale » entre guillemets privilégiée pour vous. Alors vous en avez 49 de pays… mais par rapport à l’importance, la pertinence de cette communauté africaine en France, je crois qu’il y a là un vrai travail à faire au niveau de ce qu’on appelle de façon générale la diaspora.

Odile MOJON-CHEMINADE, Institut Schiller et candidate aux élections législatives 2024 (2ème circonscription des français de l’étranger)

Après, la diaspora qui est ici, si je veux voir les choses d’un point de vue actuellement électoraliste, la plupart des gens vont voter ici si ici s’ils habitent ici. Mais ça n’empêche, je pense que la question va quand même largement au-delà de ça, et de toute façon je serai très très, très étonnée d’être élue. Donc, le sens de ma campagne est évidemment très libre de considérations à court terme. Et je pense que ce qui est le plus important aujourd’hui, c’est vraiment le long terme. D’une part, le long terme c’est, pour Madagascar, comme pour les autres pays de la circonscription, et pour la France-elle-même car à l’heure actuelle la France est en train de rater son histoire d’une certaine manière et si elle continue comme cela, c’est ma conviction profonde, et c’est tout simplement ce que l’on peut voir dans les faits. Et justement il y a un problème. Jean Bodin disait qu’il n’y a de richesses que d’hommes. Et à un certain moment, il faudrait vraiment se souvenir de ça. Il n’y a vraiment de richesse que d’hommes. Et si on a évoqué le spectre de l’arrivée au pouvoir de Rassemblement National avec sa politique férocement anti immigration. Évidemment, si vous voyez l’autre comme étant un problème, une source de problèmes, vous aboutissez forcément à ce que l’on voit à l’heure actuelle, c’est-à-dire des politiques conflictuelles et des politiques avec lesquelles on se retrouve dans une impasse. Parce qu’est-ce que vous faites, à un moment…

Madame Christine HOLZBAUER, Journaliste.

Ça ne s’applique pas aux nationaux. Ils sont binationaux.

Odile MOJON-CHEMINADE, Institut Schiller et candidate aux élections législatives 2024 (2ème circonscription des français de l’étranger)

Ils sont binationaux. Comme monsieur a évoqué, c’est sûr qu’il y a un certain nombre de personnes qui risquent de se retrouver dans des conditions extrêmement difficiles. Comment est-ce qu’on peut sortir de ça ? On ne peut sortir de ce type de situation que par le haut. Et en ce sens-là, ça concerne la France, mais c’est vraiment une question internationale. À l’heure actuelle, on a deux dynamiques que l’on voit se dessiner très clairement. C’est une dynamique où on va faire une situation de conflit de guerre, et malheureusement, chez les pays Occidentaux, c’est un peu la rhétorique qu’on entend le plus. Ou alors il y a une dynamique, qu’on peut critiquer et dire plein de choses dessus (c’est un fait), mais vous avez un certain nombre de pays qui cherchent à se mettre ensemble et qui se demandent ce qu’on peut faire ensemble pour coopérer ? On a des besoins de développement qui sont absolument énormes. C’est le cas de Madagascar, tout particulièrement. Qu’est ce qui peut être fait pour créer des projets non seulement qui structurent mais qui transforment, qui qui changent la donne en réalité ? C’est en tout cas pour moi la chose la plus importante, et c’est la raison d’être de ma candidature.

Ali RASTBEEN

Bien, merci beaucoup de votre présence et de votre participation aussi active. Et on sait aujourd’hui que le monde appartient à la société, qui assume la responsabilité des droits et de la liberté, de la démocratie, des droits et libertés des syndicats, de pensée, aussi l’égalité entre les femmes et les hommes et, plus important encore, l’indépendance de la justice. En tout cas, je vous remercie de votre présence et à bientôt.

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