Alexandra FERLESCH
Mai 2007
APRÈS LA CHUTE DE SADDAM HUSSEIN EN IRAK, la question kurde est devenue de plus en plus importante pour les équilibres dans le Moyen Orient. On parle de créer un état fédéral où les Kurdes pourront bénéficier d’une grande autonomie, cependant la question kurde ne se limite pas à l’Irak, elle s’étende aussi à la Turquie, à l’Iran et à la Syrie. Surtout en Turquie le peuple kurde représente une des plus grandes minorités, qui continue à lutter pour obtenir la reconnaissance de ses droits, entre autre la diffusion de la langue kurde et la représentation de leurs intérêts au parlement turc. Les efforts pour atteindre ces objectifs sont soutenus non seulement par des municipalités et des partis politiques kurdes dans la région du Kurdistan, mais aussi par des Kurdes qui ont émigré en Europe, en espérant trouver un milieu plus ouvert à la démocratie et au respect des droits des minorités.
Les Kurdes constituent une grande communauté, où tout le monde est bien accepté et bien accueilli, même ceux qui se montrent dubitatifs à cause du Parti de Travailleurs Kurdes (PKK) repris dans la liste des organisations terroristes. La presse internationale s’est toujours concentrée sur les membres du PKK et sur leur lutte contre l’armée turque et des organisations parallèles (escadrons de la mort et les gardiens de village), sans montrer l’autre image du peuple kurde, celle de personnes qui partagent les même valeurs de toute société européenne comme la famille, l’amitié et l’hospitalité. Cette dernière est une valeur qui est en train de se perdre dans la société moderne, mais qui reste au premier plan dans la culture des peuples de l’Orient, cela prouve que les Kurdes sont un mélange de culture occidentale et orientale. Les Kurdes vivent aussi parmi nous, même si il est difficile de temps en temps de les remarquer. Il y a des Kurdes en Allemagne, en France, en Belgique, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Italie et aussi en Suède. Ils se sont organisés en établissant un réseau très vaste d’organisations non gouvernementales, qui visent à promouvoir la diffusion de la culture kurde en Europe et à donner un soutien aux Kurdes qui vivent au Kurdistan.
L’objectif de cette recherche est de donner un cadre plus clair à certaines ONG kurdes qui opèrent en Europe en donnant des détails sur leur identité, les activités réalisées dans ces trois dernières années, les objectifs atteints et les projets futurs. Même s’il y a de nombreuses organisations kurdes surtout dans le cœur de la vielle Europe, elles ne sont pas toujours visibles parce qu’elles ont rencontré des difficultés pour s’intégrer dans la société où elles se sont installées. Souvent elles restent invisibles dans la société, par manque de financement ou bien à cause du manque d’intérêt des Européens par leur culture. Pour cette raison, la recherche des informations s’est révélée difficile et a demandé du temps. On doit cependant souligner que certaines organisations, à qui on a proposé de participer à cette recherche pour leur donner plus de visibilité, ont préféré de ne pas révéler des détails sur leur organisation. Ça démontre que le milieu dans lequel plusieurs d’entre elles opèrent, se méfie d’elles et le manque de confiance a constitué un obstacle à la diffusion de leurs profils. Cependant, les organisations qui ont décidé de participer à cette enquête, l’ont fait avec enthousiasme et un certain espoir ; parmi elles il y a SARA Bokhandel (Kurdish Book Bank SARA), Kurdishinfo, Madhat Kakei, la Kurdistan Culture and Solidarity Association, l’Institut Kurde de Bruxelles et l’UIKI-ONLUS.
La première organisation dans cette liste s’appelle Sara Bokhandel, littéralement Banque de livres, néanmoins le nom peut tromper, parce qu’elle ne se limite pas à tenir un registre de livres kurdes. Elle a été fondée à Stockholm en Suède le 10 juin 1987 par M. Goran Candan (www.gorancandan.net). Grâce à l’aide d’un autre employé issu du Kurdistan irakien, ils ont crée un vaste réseau de relations avec de nombreuses maisons d’édition pour la plupart suédoises comme Serkland Fôrlag, Pelda Fôrlag, Solfôrlaget et Svart-vit, mais aussi avec The Kurdish Library and Museum de New York. Le succès de cette organisation est certainement dû à la capacité d’initiative de son fondateur, mais aussi aux revenus annuels fournis par des clients comme la Library of Congress, Harvard College Library, Columbia University, Lehman Library et d’autres bibliothèques en Suède qui ont acheté plusieurs œuvres de la littérature kurde. D’autres formes de financements irréguliers viennent de services de traduction que le président Candan offre à des chaînes suédoises et du soutien gouvernemental du Conseil National Suédois pour les Affaires Culturelles. Néanmoins ces revenus ne sont pas suffisants pour réaliser des projets de plus grande amplitude, c’est pour cette raison que l’organisation SARA Bokhandel est à la recherche d’autres contributions financières.
Les activités les plus importantes, développées par cette organisation sont les suivantes. La première est l’établissement de l’Agence pour l’édition et la distribution de la littérature kurde, qui a eu lieu en 1987. Elle offre une vaste gamme d’œuvres concernant la littérature kurde passée et contemporaine, en offrant plus de 50.000 œuvres comme des monographies kurdes, journaux, matériel audio et audiovisuel comme CD, DVD et VHS disponibles à Vasastan, dans la ville de Stockholm. Pour tous ceux qui sont intéressés à la culture, la langue, l’histoire et la littérature kurde, SARA a créé le site web suivant, www.kurdishbookbank.org, avec une base de données qui réunit toutes les œuvres disponibles. Pour la réalisation de cette œuvre, la participation des Kurdes du monde entier a été indispensable, mais aussi celle des étudiants, chercheurs et écrivains intéressés au milieu kurde et du Conseil National Suédois pour les Affaires Culturelles. Le coût de cette activité est de 40.000 euros par an et le service est offert en trois langues : kurde (kurmandji et sorani), suédois et anglais.
L’Agence kurde d’édition et de distribution en question a des relations avec plusieurs bibliothèques comme Library of Congress, Harvard Collge Library, Columbia University Lehman Library et d’autres bibliothèques dans le reste du monde, sauf celles des universités turques. En avril 2006 SARA a essayé à nouveau d’établir un contact avec la Turquie, en envoyant de nombreuses œuvres kurdes pour les enfants ainsi que pour les adultes à Diyarbakir, la capitale du Kurdistan turc. Malheureusement, l’effort n’a servi à rien, les livres ont été volés et les boites renvoyées à SARA. Le journal suédois Svenska Dagbladet a reconté l’événement en insistant sur la violence de la réaction contre tout essai de changement vers plus de
Une autre activité qui se développe est le Kurdish Archive & Knowledge Centre. Il vise à collectionner et préserver des œuvres kurdes rares. Il publie des recherches et des articles en suédois pour les revues suédoises sur la culture, la langue et l’histoire kurdes. La troisième activité développée par SARA est la Bibliothèque et le Centre d’archives établis à Stockholm en 1987. Les langues utilisées sont le kurde (kurmandji et sorani), le suédois, l’anglais et le turc. Le coût de gestion de ce centre est de 40.000 euros par an et le centre reçoit seulement le soutien de la population kurde et non des autorités gouvernementales.
Or c’est essentiel de mettre en évidence les résultats que SARA a atteint au cours de ces trois dernières années par rapport aux activités développées par elle. En premier lieu l’édition d’articles concernant la culture et l’histoire du peuple kurde, commencée en 2002, a permis de préserver et de développer les droits de l’homme en général et des Kurdes en particulier. Elle a surtout aidé à changer l’attitude des Suédois envers le peuple kurde et envers leur lutte pour la démocratie et le respect de leurs droits. Ce changement n’a pas concerné seulement les individus mais aussi les autres organisations et même le gouvernement. En outre la diffusion de la littérature kurde à l’étranger s’est intensifiée au cours des dernières années, malgré les difficultés financières et l’opposition du gouvernement d’Ankara. En 2004 on a atteint un autre objectif très important pour les Kurdes, la publication à Stockholm du discours de défense de Mehdî Zana, élu maire de Diyarbakir en 1977, tenu devant le tribunal militaire turc. Il a passé 18 ans en prison pour avoir soutenu la cause kurde. Cette publication a été seulement possible grâce au soutien du Conseil National Suédois pour les Affaires Culturelles et a permis aux organisations en Suède de comprendre la lutte du peuple kurde en Turquie pour une réforme démocratique de l’Etat.
Après avoir analysé le passé de SARA, il est essentiel de penser à son futur et donc à ses projets pour les prochaines années. Selon le directeur Goran Candan le premier point à l’agenda de son organisation est la modernisation du site web suivant : www.kurdishbookbank.org, pour garantir aux visiteurs un accès plus facile et plus rapide à la base de données des œuvres kurdes et aux informations les plus récentes sur les conditions de vie des kurdes. Le coût moyen est de 25.000 euros et SARA est en train de chercher d’autres sources de financement pour réaliser ce projet. Un autre objectif que SARA se propose d’atteindre est la digitalisation de plus de 1000 rares œuvres concernant la culture, la littérature et la culture kurdes qui sont conservées dans les archives de l’organisation. Le coût est très élevé, on a prévu un montant de 100.000 euros, mais la réalisation de ce projet permettra d’enrichir les sociétés culturelles européennes en promouvant bien sûr la culture kurde en Europe, mais aussi le principe de tolérance, qui devrait exister entre des cultures différentes. SARA a déjà commencé à digitaliser une partie des œuvres à sa disposition, parmi elles il y en a certaines en français, en italien et en anglais.
Cependant, un défi plus grand de SARA est l’établissement de la première bibliothèque kurde à Diyarbakir, dans le Kurdistan turc. Ce projet vise à soutenir en Turquie le projet d’une société moderne et démocratique, où les Kurdes et les Turcs puissent se rencontrer pacifiquement et apprendre à se connaître l’un de l’autre. La réalisation de cette bibliothèque est en encore plus importante, si on la considère dans le cadre d’un futur accès de la Turquie dans l’Union Européenne. Le respect des minorités, des valeurs démocratiques et la stabilité régionale seront alors indispensables pour qu’existe une Turquie vraiment intégrée dans l’Union européenne. Le coût de ce projet est de 3 millions d’euros et le temps prévu pour le réaliser est de 3 mois. Malheureusement les obstacles à cette initiative ne sont pas seulement financiers mais aussi politiques. C’est pour cette raison que le soutien d’autres organisations européennes intéressées à la promotion de la culture en général et celui des gouvernements de l’Union Européenne est fondamental pour transformer ce rêve en réalité. Ceux qui sont intéressés aux projets de SARA Bokhandel pourront visiter le site web mentionné plus haut ou participer aux célébrations du vingtième anniversaire de l’organisation, qui vont se faire au cours de cette année à Stockholm.
Toujours sur le plan de l’information sur le monde kurde, une des plus importantes sources de nouvelles, mise à disposition dans plusieurs langues est offerte par l’organisation Kurdishinfo dont le site web est le suivant : http://www.kurdishinfo. com/. Dans cette ONG travaillent des Kurdes, des Allemands et des Français. Elle est toujours en contact avec des autres organisations kurdes, comme le Centre kurde de Paris, le Kurd-CHR en Suisse, le InformationsstelleKurdistane en Allemagne et le UIKI-ONLUS en Italie. Les revenus sont principalement fournis par les annonces publicitaires dans Google.
L’activité principale de cette organisation est de rédiger des articles sur les Kurdes en Europe et au Kurdistan en six langues : anglais, français, allemand, italien, kurde (kurmandji et sorani) et turc. Au début de 2006 Kurdishinfo a organisé une campagne internationale pour soutenir ROJ TV, le centre principal de radiodiffusion et de télévision kurde, installé à Denderbeeuw en Belgique. Le gouvernement turc a souvent essayé d’interdire ROJ TV en exerçant des pressions sur les pays européens qui la soutiennent . Il s’est toujours opposé à des programmes télévisés en kurde, en les considérant comme des menaces pour l’intégrité de l’Etat turc. Une autre campagne en anglais et en turc a été lancée récemment par Kurdishinfo pour la libération du leader kurde, Abdullah Ocalan. Cette organisation est plutôt jeune, en tenant compte qu’elle a été créée seulement en 2004 en rassemblant des Kurdes français, allemands et italiens. Le plus grand avantage de Kurdishinfo est d’informer tous ceux qui sont intéressés au monde géopolitique kurde en leur communiquant son actualité en plusieurs langues.
Dans le monde culturel kurde on trouve une autre ONG, dont le nom est Kurdistan Association de Culture et Solidarité (www.kkh-ev.de), fondée à Berlin le premier janvier 1975. L’organisation, dirigée par le président Dr. Sùkri Gùler, compte 15 employés, 7 kurdes et 8 allemands. Elle a des relations avec d’autres institutions qui s’occupent du problème kurde, entre autres le Komkar (www.komkar-info.de) et le Conseil de Migration (Migrationsrat – www.migrationsrat.de). Le soutien financier vient des donations et des projets développés par l’organisation. Depuis sa création elle a joué un rôle très important dans la promotion de l’image du peuple kurde à l’étranger. Dans ce cadre, on doit citer les journées de culture kurde organisées à Berlin ces dernières années. Pendant ces journées les organisateurs aménagent de nombreux pavillons où on peut découvrir la musique, la littérature, l’art et le folklore kurdes. Cet événement attire environ 500 personnes, surtout grâce au support financiers des autorités du Sénat et de l’Office Fédéral pour l’immigration et les réfugiés, et aussi grâce à la publicité donnée à l’événement par la Radio Kurde à Berlin.
D’extrême importance pour les prochains mois est la préparation du Newroz, la Célébration du Nouvel An kurde, qui inaugure le printemps. La fête se déroule à Berlin et dure un jour, c’est essentiel d’y participer pour pouvoir saisir l’atmosphère unique de cet événement central dans la tradition kurde. La participation de la communauté kurde est très importante, on compte plusieurs milliers personnes : de kurdes émigrés en Allemagne et des Allemands charmés par ce peuple un peu mystérieux. Une expérience unique pour avoir une image du Kurdistan au centre de l’Europe.
Une autre activité qui est développée par cette association et qui se déroule pendant toute l’année concerne les cours de langue allemande, qui ne se limitent pas à l’enseignement des structures linguistiques, mais offrent aussi une vision plus ample de la société allemande. Si d’un côté, cette association offre aux Allemands la possibilité de rencontrer le monde kurde, de l’autre part, elle a pour but de promouvoir l’intégration dans le pays où elle s’est établie.
Lors de sa fondation, l’association a réussi à jouer un rôle déterminant dans l’arène politique de Berlin pour faire accepter la communauté kurde et à bien l’intégrer dans la société allemande. Les événements culturels comme ceux indiqués ci-dessus ont été importants, mais un grand effort a été fait aussi du côté social et politique, avec la conférence sur les horreurs de massacre au Kurdistan turc et en Allemagne, organisée en 2005, et la conférence sur le génocide arménien pendant la première guerre mondiale, tenue l’année dernière et qui a mis en évidence le rôle joué par les Kurdes dans ce massacre.
L’Allemagne est un pays qui a connu une forte immigration provenant surtout de la Turquie dès les année septante, pour cette raison l’action de cette association, qui vise à atteindre une intégration complète des Kurdes dans la société allemande, sans les forcer à renier leurs origines et leur culture, est importante. La cohabitation pacifique entre les Kurdes et les Turcs immigrés en Allemagne est un banc d’essai pour une future cohabitation des deux populations en Turquie.
Une autre ONG très particulière est celle de M. Madhat Kakei, un artiste qui a commencé sa carrière à Bagdad en 1970, plus tard à Madrid en 1976 et à Stockholm en 1984. L’organisation porte le même nom que son créateur et seul représentant, elle est dotée d’un site web www.madhatkakei.com. M. Kakei est un des artistes kurdes les plus connus et ses tableaux, expositions sont appréciés en Irak, sa terre d’origine, ainsi qu’en Europe, aux Etats-Unis et à Tokyo. Depuis 2004, il dirige une maison de culture pour les artistes kurdes dans le sud de Paris (Courtalain) où les langues utilisées sont en plus du kurde, l’anglais et l’espagnol. Les nombreuses expositions que M. Kakei a tenu dans les différents coins du monde lui ont donné la possibilité de faire connaître le monde kurde à travers les yeux de l’art, un moyen qui dans certains milieux réussit à envoyer des messages encore plus forts et directs que les mots.
Pour les passionnés d’art, il sera possible de voir les derniers tableaux de cet artiste kurde à Paris jusqu’au début mars, et après à Tokyo et Maibashi. Pour l’année prochaine au contraire, M. Kakei fondera un musée d’art kurde au Kurdistan irakien, un événement unique pour l’art et le peuple kurde, du monde entier.
La cinquième organisation examinée par cette enquête est le Koerdish Instituut (Institut kurde) de Bruxelles, dirigé par M. Derwich Ferho, qui l’a fondé en 1978. Les employés sont d’une part des Belges et de l’autre des Kurdes de Turquie naturalisés belges,, 6 au total dont une vacataire. L’Institut se trouve dans la commune de Saint-Josse, la plus petite de l’agglomération de Bruxelles habitée surtout par des immigrés. Grâce à l’esprit d’initiative du directeur et au soutien de ses collaborateurs, l’Institut a créé autour de lui un réseau de relations avec d’autres ONG belges comme le Vrede vzw (www.vrede.be) ; F.V.K. Rodenbachfonds ; le Forum van etnisch-culturele minderheden (le Forum des minorités ethniques et culturelles – www.minderhedenforum.be); la Fondation Info-Turk (www.info-turk.be) , le Uitpers (www.uitpers.be) ; l’Atelier du Soleil ; le FVV (femmes flamandes – www. vlaamsevrouwen.be) et le Coôrdinatie « Stop de oorlog tegen het Koerdische volk »
(Arrêter la guerre contre le peuple kurde). L’Institut a aussi des bons contacts avec d’autres associations kurdes à Bruxelles, le KNK (Conseil National du Kurdistan) et le DTP (Parti politique pour une Société Démocratique).
La plupart des financements viennent de la Communauté flamande (Vlaamse Gemeenschap – Culture), de VGC (Vlaamse Gemeenschapscommissie – Commission Communauté flamande) et de la Communauté francophone, COCOF (Commission de la Communauté française). Grâce surtout au soutien de la communauté flamande, l’Institut a pu réaliser en 2004 une conférence sur le projet d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne et sur la question kurde, à laquelle ont participé environ une centaine de personnes et qui s’est déroulée au Parlement Européen à Bruxelles. Une autre conférence, dont le titre était « Honour related violence in Kurdistan and Belgium » a eu lieu à Bruxelles en décembre 2005 en allemand, flamand et français, il a attiré l’attention de la presse nationale et a été complètement organisée par l’Institut.
Au contraire des ONG analysées auparavant, l’Institut kurde de Bruxelles s’intéresse aussi aux problèmes des autres minorités issues de l’Asie Mineure et présentes en Belgique, comme des Arméniens et des chrétiens assyriens. A cet égard, l’Institut a lancé une campagne pour la reconnaissance du génocide arménien et des chrétiens de langue araméenne. Les activités principales qui ont été mises en œuvre sont : des manifestations culturelles, des pétitions, la création d’un site web, des conférences, des débats et une délégation en Arménie. Le montant pour la réalisation de cette campagne a été de 4.500 euros, subsidiés en partie par la Communauté flamande. Une autre activité concernant les problèmes du Caucase a été réalisée en septembre 2005 sous la forme d’un programme d’échange des jeunes en Arménie et Géorgie, dont le titre était « Interrelation between minorities in Europe and the Caucasus ». Il concerne les jeunes kurdes de Belgique, Allemagne, Arménie et Géorgie et a reçu un co-financement de la Commission Européenne et celui de JINT, une organisation non gouvernementale belge qui s’occupe de nombreux projets culturels.
L’Institut est doté aussi d’un site web www.kurdishinstitute.be et d’une revue bimensuelle « De Koerden » (Les Kurdes) qui depuis plusieurs années est diffusée en Belgique et dans les Pays Bas. L’objectif de cette revue est d’informer les Belges de ce qui se passe au Kurdistan, mais aussi dans la région du Caucase. Le Journal « Les Kurdes » remplaçant « Les Kurdes dans l’actualité » depuis 2006 est édité en français et a les même objectifs que « De Koerden ».
L’Institut kurde de Bruxelles développe des activités sociales pour soutenir les Kurdes récemment arrivés, surtout quant aux différents problèmes d’intégration qu’ils rencontrent. Parmi celles-ci, il y a en français, une assistance offerte aux enfants kurdes et autres immigrés sur le plan scolaire et des cours de français sont donnés trois matinées par semaine. Ces cours ne s’adressent pas uniquement aux Kurdes mais à tous les primo-arrivants, qui le désirent. Ils ont pour but d’initier les élèves aux bases de la langue française afin de leur permettre un début d’intégration dans la société belge pluriculturelle. Les cours sont réalisés sous les auspices de la Communauté française de Belgique et sous la gestion de l’asbl « Lire et écrire ».
Chaque année, l’Institut kurde de Belgique publie des livres sur l’histoire et la culture kurdes et ce en français et en néerlandais, toujours grâce aux subsides de la Communauté flamande et de la Communauté française de Belgique. Il publie aussi des livres en langue kurde, principalement en kurmandji. L’Institut kurde réalise et publie chaque année des analyses historiques et culturelles sur des sujets divers qui concernent principalement le Proche- et Moyen Orient, l’Asie Mineure et l’Asie centrale. Il organise aussi des conférences-débats en français sur le même type de sujet. L’accès à ces conférences est gratuit. Tout cela est organisé dans un but d’ouverture aux autres cultures et pour faire lieux connaître les Kurdes dont les origines indo-européennes (groupe aryen) sont généralement peu connues. Une activité originale de l’Institut kurde est l’organisation régulière de « Tables d’hôtes » où se retrouvent des Belges (francophones et néerlandophones) et des Kurdes dans une atmosphère cordiale et festive.
Dans un futur proche, l’Institut kurde espère recevoir plus d’attention de la part de la presse nationale et internationale, pour obtenir une aide plus substantielle au lobbying politique. Il vise, en outre, à être de plus en plus engagé dans les activités au niveau européen et international à travers le développement des projets proposés par la Commission Européenne. En plus l’Institut prévoit d’organiser des délégations régulières au Kurdistan, en essayant d’obtenir la participation de politiciens, journalistes et d’autres organisations non gouvernementales intéressées par la question kurde.
Afin de compléter la carte des ONG kurdes en Europe, il est essentiel de donner le profil d’une autre organisation qui a été établie à Rome, en Italie en 1999, par Mr. Mehmet Yùksel. Le nom de cet institut est UIKI, un acronyme pour Ufficio d’Informazione del Kurdistan in Italia (Bureau d’information du Kurdistan en Italie). La composition du staff est variée avec trois employés issus du Sud-est de la Turquie, un italien et un danois, en plus le bureau est toujours ouvert aux collaborations externes, surtout avec les différentes organisations avec lesquelles elle travaille régulièrement, entre autres, il y a de nombreuses associations italiennes comme Associazione per la pace (Association pour la paix – www.assopace.org), Un Ponte Per (www.unponteper.it), le CISCACE (le Comité italien pour le développement et la coopération au Kurdistan) et le CIR (Conseil italien pour les réfugies – www.cir-onlus.org).
L’UIKI est engagée dans plusieurs activités comme la publication des bulletins informatifs et des revues en turc, kurde et italien, dont le coût est d’environ 5.000 euros , et la sauvegarde des droits humains par l’intermédiaire de juristes et d’avocats. En outre, l’organisation de M. Yùksel est en train d’organiser les célébrations pour le Newroz en Anatolie sud-orientale ainsi qu’en différentes régions de l’Italie pour une durée de 3 mois.
Pour conclure on constate que les organisations décrites dans cette analyse sont très différentes les unes des autres, il y en a quelques-unes qui sont plus engagées dans le journalisme, quelques autres dans les projets culturels ou bien dans le milieu politique. Cependant, elles partagent des objectifs communs, en premier lieu la diffusion de la culture kurde et la promotion des droits des Kurdes dans l’ensemble du Kurdistan, surtout en Turquie, où la population kurde ne jouit d’aucune autonomie.
Le monde kurde est très vaste et très complexe, en conséquence c’est impossible de le comprendre dans toutes ses expressions et facettes. Cette recherche vise à donner au moins aux lecteurs une image de la réalité kurde par l’intermédiaire des organisations kurdes en Europe, en analysant leurs activités, objectifs atteints et futurs. Pourtant, il s’agit d’une image incomplète à cause de la diversité qui caractérise les émigrés kurdes en Europe, néanmoins elle met en évidence les aspects fondamentaux de la société kurde et du niveau d’intégration entre les Kurdes et les populations locales en Europe. Aujourd’hui les barrières géographiques sont en train de perdre leur importance, et le concept de nation se renforce aux dépens de celui de l’Etat. Pourtant il y a des obstacles plus difficiles à abattre comme ceux des différences culturelles, car la culture détermine l’identité d’un peuple. Les Kurdes veulent défendre leur identité, dans le respect de la société où ils vivent, mais ils visent aussi à promouvoir leur culture à l’étranger, parce qu’ils sont convaincus que c’est seulement ainsi que si les peuples européens apprendront à les connaître, qu’ils pourront les accepter et que l’intégration pourra avoir un succès dans le respect des cultures différentes. Si les organisations non gouvernementales kurdes réussissent à atteindre cet objectif, il le sera grâce à leur détermination et leur esprit d’initiative, mais aussi grâce au soutien des acteurs sociaux et gouvernementaux européens, parce que sans la coordination et l’aide réciproque, ils resteront prisonniers de préjudices qui empêchent la diffusion des valeurs démocratiques propres à la société contemporaine.
* Diplômée en Etudes européennes de l’Université de Vrije Universiteit Brussel (VUB)-Belgique. Spécialiste des questions d’immigration et d’intégration. Auteur de plusieurs articles de géopolitique pour la revue en ligne Equilibri, et collaboratrice de l’Institut Kurde de Bruxelles.
Notes
Questionnaire élaboré par Mlle Alessandra Ferlesch, auquel les organisations suivantes ont répondu :
SARA Bokhandel, Suède (2006). Kurdishinfo, (2006).
Madhat Kakei, Suède (2006).
Kurdistan Culture and Solidarity Association, Allemagne (2006). Koerdish Instituut, Belgique (2006). UIKI-ONLUS, Italie (2007). www.gorancandan.net (visité en novembre 2006)
http://www.svd.se/dynamiskt/kultur/did_13576939.asp (visité en novembre 2006) www.kurdishbookbank.org (visité en novembre 2006) http://www.kurdishinfo.com/ (visité en décembre 2006) www.komkar-info.de (visité en décembre 2006) www.migrationsrat.de (visité en décembre 2006) www.madhatkakei.com (visité en janvier 2007) www.vrede.be (visité en janvier 2007) www.minderhedenforum.be (visité en janvier 2007)
www.uitpers.be (visité en janvier 2007) www.kurdishinstitute.be (visité en janvier 2007) www.assopace.org (visité en février 2007) www.unponteper.it (visité en février 2007) www.cir-onlus.org (visité en février 2007) http://www.kurdistan.it/ (visité en février 2007) www.info-turk.be (visité en février 2007)